Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Thespésius

Henri Plon (p. 659).

Thespésius, citoyen de Cilicie, connu de Plutarque. C’était un mauvais sujet qui exerçait toutes sortes de friponneries, et se ruinait de jour en jour de fortune et de réputation. L’oracle lui avait prédit que ses affaires n’iraient bien qu’après sa mort. En conséquence, il tomba du haut de sa maison, se cassa le cou et mourut. Trois jours après, lorsqu’on allait faire ses funérailles, il revint à la vie, et fut dès lors le plus juste, le plus pieux et le plus homme de bien de la Cilicie. Comme on lui demandait la raison d’un tel changement, il disait qu’au moment de sa chute son âme s’était élevée jusqu’aux étoiles, dont il avait admiré la grandeur immense et l’éclat surprenant ; qu’il avait vu dans l’air un

 
Vision de Thespésius
Vision de Thespésius
 
grand nombre d’âmes, les unes enfermées dans des tourbillons enflammés, les autres pirouettant en tous sens ; celles-ci très-embarrassées et poussant des gémissements douloureux ; celles-là, moins nombreuses, s’élevant en haut avec rapidité et se réjouissant avec leurs semblables. Il racontait tous les supplices des scélérats dans l’autre vie, et il ajoutait que, pour lui, une âme de sa connaissance lui avait dit qu’il n’était pas encore mort, mais que, par la permission des dieux, son âme était venue faire ce petit voyage de faveur ; et qu’après cela il était rentré dans son corps, poussé par un souffle impétueux[1]. Mais vous, lecteur, croyez-moi, n’attendez pas la mort pour bien vivre.


  1. Voyez ce récit tout entier dans les Légendes de l’autre monde.