Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Prestiges

Henri Plon (p. 558-559).

Prestiges. « Il y a eu de nos jours, dit Gaspard Peucer, en ses commentaires De divinatione, une vierge bateleuse à Bologne, laquelle, pour l’excellence de son art, était fort renommée par toute l’Italie ; néanmoins elle ne sut, avec toute sa science, si bien prolonger sa vie, qu’enfin, surprise de maladie, elle ne mourût. Quelque autre magicien, qui l’avait toujours accompagnée, sachant le profit qu’elle retirait de son art pendant sa vie, lui mit, par le secours des esprits, quelque charme ou poison sous les aisselles : de sorte qu’il semblait qu’elle eût vie ; et elle commença à se retrouver aux assemblées, jouant de la guitare, chantant, sautant et dansant, comme


elle avait accoutumé : de sorte qu’elle ne différait d’une personne vivante que par la couleur, qui était excessivement pâle. Peu de jours après, il se trouva à Bologne un autre magicien, lequel, averti de l’excellence de l’art de cette fille, la voulut voir jouer comme les autres. Mais à peine l’eut-il vue, qu’il s’écria : Que faites-vous ici, messieurs ? celle que vous voyez devant vos yeux, qui fait de si jolis soubresauts, n’est autre qu’une charogne morte. Et à l’instant elle tomba morte à terre : au moyen de quoi le prestige et l’enchanteur furent découverts. »

Une jeune femme de la ville de Laon vit le diable sous la forme de son grand-père, puis sous celles d’une bête velue, d’un chat, d’un escarbot, d’une guêpe et d’une jeune fille[1]. Ce sont plutôt des hallucinations que des prestiges. Voy. Apparitions, Enchantements, Sicidites, Métamorphoses, Charmes, etc.

  1. Cornelii gemmœ cosmocriticœ, lib. II, cap. ii.