Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Lettre W

Henri Plon (p. 698-702).
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W

Waeter-Elves  • Wakeman  • Walhalla  • Walkiries  • Wall  • Walter  • Walter-Scott  • Wattier  • Wechselbalg  • Welz  • Wenham  • Wesley  • Wiclef  • Wierus (Wier)  • Wilis  • Wiulmeroz  • Wivre  • Woden  • Wolotys  • Woodward  • Wortigern  • Wulson de la Colombière

Waeter-Elves (fées des eaux). On les trouve dans les récits des marins, qui croient se les rendre favorables en leur sifflant des airs monotones.

Wakeman (Rhoda), illuminée qui a fait grand bruit à New-Haven, il y a quelques années. Elle se disait envoyée de Dieu sur la terre pour annoncer la venue prochaine du Christ, et y ouvrir le Millenium. Elle se vantait de recevoir quelquefois la visite du Saint-Esprit, et d’être honorée de temps en temps des révélations de Dieu, Ces prétentions, disent les journaux qui nous guident, ne lui ont encore attiré, quoiqu’elle prêche en Amérique, que dix à douze disciples, mais quels disciples !… Suivons maintenant les feuilles publiques :

 
Voyages des sorcières.
Voyages des sorcières.
Voyages des sorcières.
 

« La petite congrégation a l’habitude de se réunir pour prier et pour divaguer chez la prophétesse Wakeman. Mathews était un des adeptes les plus fervents de cette église ; toutefois, on avait remarqué que, depuis quelque temps, il était moins assidu aux réunions, et la femme Wakeman lui avait persuadé qu’il était possédé de l’esprit malin, du vieil homme dont parle l’Écriture. Cet esprit, disait-elle, agissait aussi sur elle-même, la tourmentait, lui faisait éprouver de vives douleurs, et il était en même temps un obstacle au commencement immédiat du Millenium. Il était à craindre qu’il la fît mourir…, ce qui amènerait de suite le jugement dernier, sans aucune espèce de Millenium !

» Voilà la folie ; voici comment elle a pu s’exalter jusqu’au crime.

» On est parvenu à persuader à Mathews qu’il fallait, par tous les moyens possibles, faire sortir, ce malin esprit de son corps. Il se rendit donc un dimanche soir chez la vieille Wakeman, afin de se soumettre à tout ce que pourraient tenter les adeptes de cette singulière croyance. Il y arriva vers onze heures et y trouva, qui attendaient son arrivée, d’abord la vieille prophétesse, puis les époux Sanford, qui sont son beau-frère et sa sœur ; Julia Davis, sœur de Sanford ; Abigail-Sables ; un homme de couleur nommé Josiah Jackson, Hersey, Wooding et Samuel Sly, frère utérin de la femme Wakeman. Ils étaient tous en prières quand il arriva.

» Sa sœur, la femme Sanford, vint au-devant de lui et le conduisit dans une autre chambre dans laquelle on avait préparé du feu pour le recevoir. Il s’assit, ôta ses bottes pour se chauffer, et une longue conversation s’engagea entre lui et sa sœur sur l’objet de sa visite ; il exprima un ardent désir d’être débarrasse de l’esprit malin qui l’obsédait et qui agissait sur les autres, et notamment sur la digne mistress Wakeman. Il se laissa bander les yeux avec un mouchoir, et attacher les mains derrière le dos avec une petite corde. Cette double opération fut faite par sa sœur, qui lui dit que c’était afin d’avoir plus de pouvoir sur l’esprit et d’empêcher Mathews d’opérer des enchantements par les yeux. On le laissa dans cette situation jusque vers deux heures du matin, et pendant ce temps il reçut la visite de plusieurs de ses coreligionnaires, qui venaient le supplier de faire déguerpir l’esprit malin.

» De temps en temps on lui criait de la chambre du haut, ou se tenait le cénacle, que l’esprit obsédait la femme Wakeman, qu’il la frappait, et que, s’il ne le chassait pas, l’esprit allait la tuer. On lui disait aussi qu’il vaudrait mieux qu’il mourut, si l’on ne pouvait en venir à bout d’une autre manière, et s’il n’y avait que ce moyen de conjurer la mort de la femme Wakeman et la venue immédiate du jugement dernier. Quelques témoins ont déclaré que Mathews aurait dit qu’il consentait volontiers à faire le sacrifice de sa vie.

» Les prières se continuèrent encore pendant une heure. Sanford et sa femme visitèrent encore une fois Mathews ; Wooding et Sly étaient avec eux. À ce moment, Jackson cria du haut de l’escalier que si l’on n’emmenait pas Mathews l’esprit malin allait certainement tuer la femme Wakeman. Les quatre visiteurs quittèrent aussitôt la chambre, Sanford et sa femme remontant l’escalier pour prendre leurs effets, dans l’intention de redescendre pour ramener Mathews chez lui, Wooding et Sly entrant dans une chambre contiguë à celle où était resté Mathews.

» Il s’était à peine écoulé quelques minutes, quand on entendit en haut des cris et le bruit d’une lutte partant de la chambre du bas. Sanford, sa femme et mistress Davis se précipitèrent vers cette chambre, dont ils trouvèrent la porte fermée à l’intérieur ; ils tentèrent de l’enfoncer et ne purent y réussir. À ce moment Wooding et Sly ne furent vus par personne en dehors de cette chambre.

» Sanford partit de suite pour Hamden, résidence de la famille Mathews, et il revint le matin avec le fils de ce malheureux fanatique. Ils pénétrèrent dans la chambre, sans difficulté cette fois, ils y trouvèrent Mathews étendu, sur le parquet, le cou horriblement coupé, déchiqueté par cinq ou six blessures béantes, et le ventre percé de douze autres blessures qui paraissaient avoir été faites avec une fourchette qu’on retrouva sur la table. Une large mare de sang couvrait le milieu de la chambre, dont la porte principale était encore fermée à l’aide de coins de bois placés dans le loquet.

» La police fut immédiatement avertie, et tous les habitants de cette funeste maison furent arrêtés.

» Voici le résumé des aveux qui ont été faits par Sly devant le jury d’enquête.

» Il a commencé par déclarer qu’il était seul coupable du meurtre de Mathews. Cependant, vers la fin de ses déclarations, il a semblé désigner Jackson et miss Hersey comme l’ayant assisté et s’étant rendus ses complices.

» Il raconte que sa sœur, la femme Wakeman, souffrait tellement de l’esprit ou du pouvoir qui était en Mathews, qu’il a pensé, lui, qu’il y avait quelque chose à faire pour l’en délivrer. À cet égard, il s’est consulté avec Jackson sur l’effet probable que produirait sur Mathews, un bâton de coudrier, et il s’en était procuré un depuis quelques jours, dans la prévision qu’une opération de ce genre deviendrait nécessaire. Il pensait dissiper l’enchantement en combinant ce moyen avec une infusion d’écorce de coudrier et d’aune dans du thé. Le bâton qu’il s’est procuré a un pouce de diamètre et un pied et demi de longueur. Il l’avait placé dans la chambre voisine de celle où était Mathews. Jackson et miss Hersey étaient là quand il est venu prendre cette arme.

» Quand il a compris que Sanford et sa femme se disposaient à emmener Mathews, il est rentré dans la chambre, dont il a fermé la porte. Il s’est approché de Mathews, qui avait toujours les yeux bandés et les mains liées, et lui a porté sur la tempe droite un coup de bâton si violent qu’il l’a renversé de sa chaise sur le parquet. Il a continué à le frapper ; puis, tirant son couteau de sa poche, il lui a fait les blessures du cou. Mathews a crié, mais il n’a pas prononcé une parole après le premier coup porté. Sly, prenant alors la fourchette dont il a été parlé, lui a fait ensuite les blessures constatées au ventre. Il dit qu’il n’avait d’abord l’intention d’user que de son bâton, mais qu’ensuite il a été poussé par une influence qu’il ignore à se servir de son couteau et de la fourchette.

» Il est resté là, renfermé pendant une demi-heure, après laquelle il est rentré dans l’autre chambre, où était miss Hersey ; il tenait d’une main son bâton sanglant, et une lumière de l’autre main. C’est devant elle qu’il a lavé ses mains et qu’il a arraché et brûlé les manches de sa chemise, qui étaient ensanglantées. Il a ensuite brisé en trois morceaux le bâton dont il s’était servi et il a jeté ces morceaux, avec son couteau, dans les lieux d’aisances. »

Nous ne savons pas quel jugement a couronné cette procédure.

Walhalla, Paradis des guerriers chez les anciens Scandinaves. Pour y entrer, il fallait être mort en combattant. On y buvait de la bière forte dans une coupe qui ne se vidait jamais. On y mangeait des grillades d’un sanglier vivant, qui se prêtait à la chose et qui était toujours entier.

Walkiries, fées des Scandinaves. Elles ont, comme la mythologie dont elles dépendent, un caractère très-sauvage. Voy. Vade.

Wall, grand et puissant duc du sombre empire ; il a la forme d’un dromadaire haut et terrible ; s’il prend figure humaine, il parle Égyptien ; il connaît le présent, le passé et l’avenir ; il était de l’ordre des puissances. Trente-six légions sont sous ses ordres.

Walter. Jacques Ier, roi d’Écosse, fut massacré de nuit, dans son lit, par son oncle Walter, que les historiens français ont appelé Gauthier, et qui voulait monter sur le trône. Mais ce traître reçut à Édimbourg le prix de son crime ; car il fut exposé sur un pilier, et là, devant tout le monde, on lui mit sur la tête une couronne de fer qu’on avait fait rougir dans un grand feu, avec cette inscription : Le roi des traîtres. Un astrologue lui avait promis qu’il serait couronné publiquement, dans une grande assemblée de peuple…

Walter-Scott. L’illustre romancier a publié sur la démonologie et les sorciers un recueil de lettres qui expliquent et qui éclaircissent certaines particularités mystérieuses, croyances et traditions populaires dont il a fait usage si souvent et si heureusement dans ses romans célèbres. Il est fâcheux que les opinions religieuses de l’auteur anticatholique aient déteint dans son esprit un peu trop de scepticisme. Il est trop enclin à ne voir dans les matières qui font le sujet de ses lettres que les aspects poétiques ; et s’il est agréable de le suivre dans des recherches piquantes, il faut recommander de le lire, avec toute réserve ; car il est là, comme dans ses romans, opposé en toute occasion à l’Église romaine.

 
Wall
Wall
Wall.
 

Dans la première lettre, il établit que le dogme incontestable d’une âme immatérielle a suffi pour accréditer la croyance aux apparitions.

Dans la deuxième, il s’arrête à la tradition du péché originel ; il y trouve la source des communications de l’homme avec les esprits. Il reconnaît que les sorciers et magiciens, condamnés par la loi de Moïse, méritaient la mort, comme imposteurs, comme empoisonneurs, comme apostats ; et il remarque avec raison qu’on ne voyait pas chez les Juifs et chez les anciens, dans ce qu’on appelait un magicien ou un devin, ce que nous voyons dans les sorciers du moyen âge, sur lesquels, au reste, nous ne sommes encore qu’à demi éclairés.

La troisième lettre est consacrée à l’étude de la démonologie et des sorciers chez les Romains, chez les Celtes et chez les différents peuples du Nord. Les superstitions des anciens Celtes subsistent encore en divers lieux, dit l’auteur, et les campagnards les observent sans songer à leur origine.

La quatrième et la cinquième lettre sont consacrées aux fées.

La sixième lettre traite principalement des esprits familiers, dont le plus illustre était le célèbre Puck ou Robin Goodfellow, qui chez les sylphes jouait en quelque sorte le rôle de fou ou de bouffon de la compagnie. Ses plaisanteries étaient du comique à la fois le plus simple et le plus saugrenu : égarer un paysan qui se rendait chez lui, prendre la forme d’un singe afin de faire tomber une vieille commère sur son derrière, lorsqu’elle croyait s’asseoir sur une chaise, étaient ses principales jouissances. S’il se prêtait à faire quelque travail pour les gens de la maison pendant leur sommeil, c’était à condition qu’on lui donnerait un déjeuner délicat.

La septième, la huitième et la neuvième lettre s’occupent des sorciers et de la sorcellerie. La dernière est consacrée aux devins et aux revenants. Tout ce dictionnaire est parsemé de faits et de documents pour lesquels nous avons puisé et cité en leur lieu tout ce qui, dans ce livre de démonologie, peut intéresser le lecteur.

Wattier (Pierre). Il a publié, au dix-septième siècle, la Doctrine et interprétation des songes, comme traduite de l’arabe de Gabdorrhaman, fils de Nosar ; in-12, Paris, 1664.

Wechselbalg. La wechselbalg est, dans l’île de Man, une fée ou un lutin qui mange tout ce qui se trouve sous sa main dans les maisons qu’il ou qu’elle hante.

Welz (André), bourgeois de Dottingen, dont la maison, en 1689, fut hantée par un esprit frappeur. Il se montra une fois en oiseau gris, une autre fois en vieille femme laide, une autre fois en chat et fit divers tours.

Wenham (Jane), Anglaise qui se tuait à se faire passer pour sorcière au commencement du dix-huitième siècle. On l’amena au juge Powel, qui était un homme éclairé. Des témoins étaient là qui juraient l’avoir vue voler en l’air. Jeanne se gardait bien de les démentir. Le juge lui demanda s’il était vrai qu’elle eût ce pouvoir, et la pauvre femme en convint naïvement. — Eh bien, dit Powel, je ne vois rien dans la loi qui vous empêche de vous donner ce plaisir. Allez-vous-en à vos affaires ; et Jeanne Wenham se retira triste de voir tomber sa réputation de sorcière.

Wesley, fondateur de la secte des méthodistes. Sa maison fut visitée aussi par un esprit frappeur. Il se montra un jour sous la forme d’un basset, un autre jour sous celle d’un petit lapin, qui disparut lorsqu’on voulut le toucher avec des pincettes.

Wiclef. On croit qu’il fut étranglé par le diable.

Wierus ou Wier (Jean), célèbre démonographe brabançon, élève d’Agrippa, qu’il a défendu dans ses écrits. On lui doit les cinq livres Des prestiges des démons, traduits en français sous ce titre : Cinq livres de l’imposture et tromperie des diables, des enchantements et sorcelleries, pris du latin de Jean Wier, médecin du duc de Clèves, et faits français par Jacques Grevin, de Clermont. Paris, in-8o, 1569.

L’ouvrage de Wierus est plein de crédulité, d’idées bizarres, de contes populaires, d’imaginations, et riche de connaissances. C’est ce même écrivain qui a publié un traité curieux des lamies et l’inventaire de la fausse monarchie de Satan (Pseudomonarchia Dæmonum), où nous avons trouvé de bonnes désignations sur presque tous les esprits de ténèbres cités dans ce dictionnaire.

Wilis. Dans quelques contrées de l’Allemagne, toute fiancée qui meurt avant le mariage, « pour peu que de son vivant elle ait un peu trop aimé la danse, devient après sa mort une wili, c’est-à-dire un fantôme blanc et diaphane, qui s’abandonne chaque nuit à la danse d’outre-tombe.

 
Wilis
Wilis
 
Cette danse des morts ne ressemble en rien à la danse terrestre : elle est calme, grave, silencieuse ; le pied effleure à peine la fleur chargée de rosée. La lune éclaire de son pâle rayon ces ébats solennels : tant que la nuit est au ciel et sur la terre, la ronde poursuit son chemin dans les bois, sur les montagnes, sur le bord des lacs bleus. Avez-vous rencontré, à la fin d’une pénible journée de voyage, quand vous allez au hasard loin des chemins tracés, ces flammes isolées qui s’en vont ça et là à travers les joncs des marécages ? Malheureux voyageur, prenez garde ! ce sont les wilis qui dansent, c’est la ronde infernale qui vous provoque de ses fascinations puissantes. Prenez garde, n’allez pas plus loin, ou vous êtes perdu. Les wilis, ajoute Jules Janin, que nous copions ici, sautent jusqu’à l’extinction complète de leur partner mortel. » Voy. Courils.

Wiulmeroz (Guillaume), sorcier en Franche-Comté, vers l’an 1600. Son fils, âgé de douze ans, lui reprocha d’avoir été au sabbat et de l’y avoir mené. Le père, indigné, s’écria : « Tu nous perds tous les deux !… » Il protesta qu’il n’avait jamais été au sabbat. Néanmoins, on prononça son arrêt, parce qu’il y avait cinq personnes qui le chargeaient ; que d’ailleurs sa mère avait été suspecte, ainsi que son frère, et que beaucoup de méfaits avaient été commis par lui.

Comme il fut démontré que l’enfant ne participait pas à la sorcellerie, il fut élargi[1].

Wivre, monstre du moyen âge, à qui on a donné des formes fantastiques.

« Sur le plateau de Haute-Pierre, dans la Franche-Comté, on a vu quelquefois passer une autre Mélusine, un être moitié femme et moitié serpent. C’est la wivre ; elle n’a point d’yeux, mais elle porte au front une escarboucle qui la guide comme un rayon lumineux le jour et la nuit. Lorsqu’elle va se baigner dans les rivières, elle est obligée de déposer cette escarboucle à terre, et si l’on pouvait s’en emparer, on commanderait à tous les génies ; on pourrait se faire apporter tous les trésors enfouis dans les flancs des montagnes. Mais il n’est pas prudent de tenter l’aventure ; car, au moindre bruit, la wivre s’élance au dehors de la rivière, et malheur à celui qu’elle rencontre ! Un pauvre homme de Moustier, qui l’avait suivie un jour de très-loin, et qui l’avait vue déposer son escarboucle au bord de la Loue et plonger ses écailles de serpent dans la rivière, s’approcha avec précaution du bienheureux talisman ; mais à l’instant où il étendait déjà la main pour le saisir, la wivre, qui l’avait entendu, s’élance sur lui, le jette par terre, lui déchire le sein avec ses ongles, lui serre la gorge pour l’étouffer ; et si ce n’était que le malheureux avait reçu le matin même la communion à l’église de Lods, il serait infailliblement mort, sous les coups de cette méchante wivre ; mais il rentra chez lui le visage et le corps tout meurtris, se promettant bien de ne plus courir après l’escarboucle[2]. »

Woden, dieu suprême des anciens Germains, le même qu’Odin. On laissait dans les moissons des épis pour ses chevaux, et dans les bois du gibier pour sa chasse. Les chercheurs ont trouvé que Woden, dont les races germaniques ont fait God, en se convertissant au christianisme, a de l’analogie avec le Bouddha des Indiens[3].

Wolotys, monstres épouvantables qui, selon le récit de Lomonosoff, étaient chez les Slavons comme les géants chez les Grecs.

Woodward. Un médecin empirique, James Woodward, surnommé le Docteur noir à cause de son teint, est mort en 1844 à Cincinnati, laissant une fortune considérable. On a été surpris de trouver chez lui, dans une grande armoire vitrée, une immense quantité de petites fioles de diverses dimensions, les unes pleines et les autres vides, et portant sur leurs étiquettes les noms et demeures de personnages-habitant les différents États de l’Union. Il y en avait aussi du Canada, des Antilles et du Mexique. Voici quel en était l’usage : le Docteur noir se vantail de découvrir le diagnostic de toutes les maladies par des émanations des consultants, à quelque distance qu’ils fussent de lui. Le malade devait tremper son doigt pendant une heure dans Une fiole remplie de l’eau la plus pure, et lui envoyer ensuite cette fiole soigneusement bouchée. L’eau, se trouvant ainsi imprégnée des sueurs du malade, était soumise à une analyse chimique. Le Docteur noir, sans autre indication, répondait au malade qu’il était attaqué ou menacé de phthisie, de péripneumonie, de goutte, de rhumatisme, etc., et il faisait ses prescriptions en conséquence. Quand il rencontrait juste, on était émerveillé de sa science profonde, et l’on demandait une consultation nouvelle, payée plus cher que la première. Les registres du docteur ont constaté-qu’il avait répondu avec les plus grands détails à un grand nombre de ses malades, sans prendre la peine d’analyser leurs émanations, car les fioles étaient encore hermétiquement fermées.

Wortigern, roi d’Angleterre. Voy. Merlin.

Wulson de la Colombière (Marc). On lui doit le Palais des curieux, où, entre autres sujets, il est question des songes, avec un traité de la physionomie. Orléans, 1660.



  1. M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 464.
  2. Xavier Marmier, Souvenirs de voyages et traditions populaires, p. 72.
  3. Voyez M. Ozanam, Recherches sur l’établissement du christianisme en Allemagne.