Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Fin du monde

Henri Plon (p. 274).

Fin du monde. Hérodote a prédit que le monde durerait 10, 800 ans ; Dion, qu’il durerait 13, 984 ans ; Orphée, 120, 000 ; Cassander, 1, 800, 000. Il serait peut-être mieux de croire à ces gens-là, dont les prédictions ne sont pas encore démenties, qu’à une foule de prophètes, maintenant réputés sots dans les annales astrologiques. Tels furent Aristarque, qui prédisait la débâcle générale du genre humain en l’an du monde 3384 ; Darétès en l’an 5552 ; Arnauld de Villeneuve, en l’an de Notre-Seigneur 1395 ; Jean Hilten, Allemand, en 1651. L’Anglais Wistons, explicateur de l’Apocalypse, qu’il voulait éclaircir par la géométrie et l’algèbre, avait conclu, après bien des supputations, que le jugement dernier aurait lieu en 1715, ou au plus tard en 1716. On nous a donné depuis bien d’autres frayeurs. Le 18 juillet 1816 devait être le dernier jour. M. de Krudener l’avait remis à 1819, M. de Libenstein à 1823, M. de Sallmard-Montfort à 1836, et d’autres prophètes, sans plus de succès, au 6 janvier 1840. Attendons ; mais si nous sommes sages, tenons-nous prêts.

Non loin d’Avignon et, village qui est auprès de Villefranche en Languedoc, est un petit monticule situé au milieu d’une des plus fertiles plaines de l’Europe ; au haut de ce monticule sont placées les pierres de Naurause, c’est-à-dire deux énormes blocs de granit qui doivent avoir été transportés là du temps des druides. Or, il faut que vous sachiez (tous les gens du pays vous le diront) que quand ces deux pierres viendront à se baiser, ce sera le signal de la fin du monde. Les vieilles gens disent que depuis un siècle elles se sont tellement rapprochées qu’un gros homme a tout au plus entre elles le passage libre, tandis qu’il y a cent ans un homme à cheval y passait sans difficulté. Voy. Bernard de Thuringe, Felgenhaver, Éclipses, etc.