Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Cambions

Henri Plon (p. 132).
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Cambions, enfants des démons. Delancre et Bodin pensent que les démons incubes peuvent s’unir aux démons succubes, et qu’il naît de leur commerce des enfants hideux qu’on nomme cambions, lesquels sont beaucoup plus pesants que les autres, avalent tout sans être plus gras, et tariraient trois nourrices qu’ils n’en profiteraient pas mieux[1]. Luther, qui était très-superstitieux, dit dans ses Colloques que ces enfants-là ne vivent que sept ans ; il raconte qu’il en vit un qui criait dès qu’on le touchait, et qui ne riait que quand il arrivait dans la maison quelque chose de sinistre.

Maïole rapporte qu’un mendiant galicien excitait la pitié publique avec un cambion ; qu’un jour un cavalier, voyant ce gueux très-embarrassé pour passer un fleuve, prit, par compassion, le petit enfant sur son cheval, mais qu’il était si lourd que le cheval pliait sous le poids. Peu de temps après, le mendiant étant pris, avoua que c’était un petit démon qu’il portait ainsi, et que cet affreux marmot, depuis qu’il le traînait avec lui, avait toujours agi de telle sorte que personne ne lui refusait l’aumône[2].

  1. 3 Delancre, Tableau de l’inconstance des démons, liv. III, à la fin. Bodin, Démonomanie, liv. II, ch. vii.
  2. Boguet, Discours des sorciers, ch. xiv.