Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Caméléon

Henri Plon (p. 132).
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Caméléon. Démocrite, au rapport de Pline, avait fait un livre spécial sur les superstitions auxquelles le caméléon a donné lieu. Un plaideur était sûr de gagner son procès s’il portait avec lui la langue d’un caméléon arrachée à l’animal pendant qu’il vivait. On faisait tonner et pleuvoir en brûlant la tête et le gosier d’un caméléon sur un feu de bois de chêne, ou bien en rôtissant son foie sur une tuile rouge. Boguet n’a pas manqué de remarquer cette merveille dans le chapitre xxiii de ses Discours des sorciers. L’œil droit d’un caméléon vivant arraché et mis dans du lait de chèvre formait un cataplasme qui faisait tomber les taies des yeux. Sa queue arrêtait le cours des rivières. On se guérissait de toute frayeur en portant sur soi sa mâchoire, etc.

Des curieux assurent encore que cette espèce de lézard ne se nourrit que de vent. Mais il est constant qu’il mange des insectes ; et comment aurait-il un estomac et tous les organes de la digestion, s’il n’avait pas besoin de digérer ? Comment encore, s’il ne mange pas, produit-il des excréments, dont les anciens faisaient un onguent magique pour nuire à leurs ennemis ? La couleur du caméléon paraît varier continuellement, selon la réflexion des rayons du soleil et la position où l’animal se trouve par rapport à ceux qui le regardent : c’est ce qui l’a fait comparer à l’homme de cour. — Delancre dit, d’un autre côté, que le caméléon est l’emblème des sorciers, et qu’on en trouve toujours dans les lieux où s’est tenu le sabbat.