Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Alruy

Henri Plon (p. 23).
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Alruy (David), imposteur juif qui, en 1199, se prétendant de la race de David, se vanta d’être le Messie destiné à ramener les Juifs dans Jérusalem. Le roi de Perse le fit mettre en prison ; mais on voit dans Benjamin de Tudèle, qui le cite, qu’il s’échappa en se rendant invisible. Il ne daigna se remontrer qu’aux bords de la mer. Là, il étendit son écharpe sur l’eau, planta ses pieds dessus et passa la mer avec une légèreté incroyable, sans que ceux qu’on envoya avec des bateaux à sa poursuite le pussent arrêter. — Cela le mit en vogue comme grand magicien. Mais enfin le scheik Aladin, prince turc, sujet du roi de Perse, fit tant à force d’argent, avec le beau-père de David Alruy ou Alroy, lequel beau-père était peu délicat, que le prétendu Messie fut poignardé dans son lit. « C’est toujours la fin de telles gens, dit Leloyer ; et les magiciens juifs n’en ont pas meilleur marché que les autres magiciens, quoi que leur persuadent leurs talmudistes, qu’ils sont obéis de l’esprit malin. Car c’est encore une menterie du Talmud des Juifs, qu’il n’est rien de difficile aux sages, maîtres et savants en leurs lois, que les esprits d’enfer et célestes leur cèdent, et que Dieu même (ô blasphème !) ne leur peut résister[1]… » — Ce magicien est appelé encore dans de vieux récits Alogricus. Il est enterré dans une île mystérieuse de l’Inde[2].


  1. Leloyer, Discours des spectres, liv. IV, ch. iv.
  2. Voyez Corbeau. L’histoire d’Alruy est plus étendue dans les Légendes de l’Ancien Testament.