Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Éternité

Henri Plon (p. 252).

Éternité. Boëce définit l’éternité : l’entière, parfaite et complète possession d’une manière d’exister, sans commencement, sans fin, sans aucune succession. Le latin est plus rapide : Interminabilis vitæ tota simul et perfecta possessio. L’éternité n’a point de parties qui se succèdent ; elle ne va point par le présent du passé au futur, comme fait le temps ; elle est un présent continuel. Voilà pourquoi, comme le remarquent les théologiens, Dieu dit en parlant de lui-même : Ego sum qui sum. L’éternité n’appartient qu’à Dieu ; elle ne peut être communiquée à aucune créature, puisque ce qui est créé a un commencement. Mais pourtant on dit l’éternité, pour désigner la vie future des intelligences créées, vie qui n’aura point de fin. Dans ce sens il y aura dans le ciel l’éternité de bonheur pour les justes et dans l’enfer l’éternité de peines pour les réprouvés. C’est un dogme que les cerveaux impies ont combattu, mais qu’ils n’ont pu ébranler ; et saint Thomas d’Aquin en a démontré la nécessité équitable.