Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Ziegler


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ZIEGLER (Jacques), professeur en théologie, mathématicien et cosmographe, a fleuri au XVIe. siècle. Il était né à Landshut dans la Bavière (A). On dit qu’il fut professeur en mathématiques dans l’académie d’Upsal [a]. Paul Jove l’a cru Suédois [* 1], et il se fondait apparemment sur quelques ouvrages de Ziegler qui concernent ce pays-là (B). Mais cette preuve serait à peine suffisante à ceux qui auraient dit simplement qu’il y a fait quelque séjour ; car il dit lui-même qu’il a composé son ouvrage de la Scandinavie sur les Mémoires qui lui avaient été communiqués pendant qu’il était à Rome (C). L’évêque de Passau [b], prélat de beaucoup d’érudition, fut son Mécène, et lui fit faire un tombeau dans sa ville épiscopale [c]. Ziegler s’était retiré chez ce prélat lorsque la terreur des armées ottomanes l’avait obligé de sortir de Vienne, où il avait enseigné long-temps [d]. Il mourut au mois d’août 1549, et non pas 1559, comme on le débite dans le Moréri. La lecture de quelques-uns de ses ouvrages a été absolument interdite par l’inquisition ; celle des autres n’a été permise qu’à condition que l’on y corrigerait certaines choses, et que l’on apposerait toujours au mot Ziegler la note d’auteur condamné [e]. Il y a des écrivains protestans qui le reconnaissent pour leur frère [f]. Il avait dès l’an 1523 beaucoup de dispositions à se réformer. Cela paraît par un ouvrage qu’il fit à Rome en faveur d’Érasme, contre Jacques Stunica (D), et qui fut imprimé à Bâle par Jean Froben cette année-là [* 2]. Ce qu’il fit sur l’astronomie n’est pas mauvais (E). Il y a plusieurs auteurs qui se nomment Ziegler : vous en trouverez quelques-uns dans M. Konig, mais non pas Jérôme Ziegler, professeur en poétique à Ingolstad, au XVIe. siècle. Il fit imprimer les Annales d’Aventin, comme on l’a dit ci-dessus [g] ; et il composa plusieurs pièces de théâtre qui ont été publiées [h].

  1. (*) Lindaw, car Paul Jove avait apparemment lu Lindavium, est en Souabe, proche le lac de Constance. Ainsi sa méprise touchant la patrie de Jacques Ziegler, étant proprement d’avoir mis Suecus pour Suevus, est moins une méprise qu’une distraction d’esprit. Rem. crit.
  2. * Ziegler était à Strasbourg en 1531. Voyez une lettre de lui dans celles de Camérarius, 1568, in-16, feuille P.
  1. Schefferus, in Sueciâ Litteratâ, pag. m. 273. Il cite Messenius in Sueopentap., c. 6.
  2. Il s’appelait Wolfgang, et était de la maison des comtes de Salm.
  3. Gaspar Bruschius, de Laureacâ et Patavio Germanico, lib. II, pag. 273, 274, et in Epitaphio Jacobi Ziegleri, ibid., pag. 322.
  4. Thuan., lib. VI, pag. m. 118.
  5. Voyez l’Index Librorum prohibitorum, à la page 546 de l’édition de 1667.
  6. Voyez Molierus, Hypomn, ad Sueciam Litteratam, pag. 441.
  7. Rem. (C) de l’article Aventin, tom. II.
  8. Voyez l’Épitome de la Bibliothéque de Gesner, pag. m. 355.

(A) Il était né à Landshut dans la Bavière. ] Et non pas à Landau, comme on l’assure dans la traduction française de M. de Thou, rapportée par M. Teissier [1]. On assure la même chose, et avec une nouvelle méprise, dans le Dictionnaire de Moréri ; car on y marque que Jacques Ziegler était natif de Landau, dans la Basse-Alsace. Les éditions de Hollande et celle de Paris [2] ont gâté cela au lieu de le corriger ; elles ont ôté dans la Basse-Alsace, et mis dans la Basse-Allemagne. M. de Thou s’était servi du mot Lindavus [3], qui signifie plutôt que Jacques Ziegler était de Lindau, que non pas qu’il fût de Landau. Quoi qu’il en soit nous devons croire que quand Gesner [4] et plusieurs autres le qualifient Landavum Bavarum, ils entendent qu’il était né à Landshut. Paul Jove se trompe de le faire Suédois. On verra ses paroles dans la remarque suivante. Son erreur a été suivie par quelques auteurs, comme M. Mollérus l’a observé dans ses additions au Suecia litterata de Jean Scheffer, page 441. Le docte M. Schurtzfleisch [5] n’est pas du nombre de ces sectateurs de Paul Jove ; mais il débite qu’originairement notre Ziegler était Suédois. Je ne sais, non plus que M. Mollérus, si cela est véritable.

(B) Paul Jove l’a cru Suédois, et il se fondait apparemment sur quelque ouvrages qui concernent ce pays-là. ] Il allègue avec de grands éloges ce que Ziegler composa sur la cruauté du roi Christiern II. Quis eò latinas litteras, quò romana arma penetrare nequierint, pervenisse non miretur ? Hic enim in terrâ gothicâ natus, ac educatus, adeò exactè, puriter et facundè, Christierni Daniæ atque Norvegiæ regis immanitatem, neque ipsi sanguinario tyranno diù lætam, neque demùm diis ultoribus neglectam perscripsit, ut eruditis gentibus pudori esse possit ; quòd latinæ facundiæ fruges, sub Cimmerio cœlo penè feliciùs ac uberiùs, quàm sub hâc benigniore, ac temperatiore plagâ proveniant [6] Schefférus observe que cet ouvrage de Ziegler fut imprimé à Strasbourg, chez Wendelin Rhiel, l’an 1536 [7]. Gesner le dit aussi ; mais il remarque qu’on l’imprima avec quelques autres livres du même auteur, et avec une description que Wolffgang de Weissembourg avait faite de la Terre-Sainte : Terræ Sanctæ, quam Palestinam nominant, Syriæ, Arabiæ, Ægypti, et Schondiæ doctissima descriptio, unà cum singulis tabulis earundem regionum topographicis. Item, Holmiæ planè regiæ urbis calamitosissima clades ab eodem descripta : cujus libri et hic titulus est : Christierni secundi regis Danmarchiæ Crudelitas perpetrata in proceres Sueciæ et populum Holmensem. Volumen impressum Argentorati, apud Wend. Rihelium, 1536, in-folio, cum aliâ Descriptione Terræ juxta ordinem alphabeti, ad Scripturam proximè directâ, authore Wolffgango Weissenburgio [8] Cette histoire de la cruauté de Christiern se trouve au IIe. tome Scriptorum Historiæ Germanicæ, imprimé à Bâle par les soins de Schardius, l’an 1574. Elle fut jointe par Jean Wolfius, avec la Scandinavie de Ziegler, à l’Historia Regnorum septentrionalium d’Albert Krantz, dans l’édition de Francfort 1583. L’index Librorum prohibitorum [9] m’apprend que la Description de la Terre-Sainte, etc., avait été imprimée à Strasbourg apud Petrum Olipionem, dès l’an 1532. Gesner n’a point connu cette édition-là.

(C) Il dit.... qu’il a composé son ouvrage de la Scandinavie sur les Mémoires qui lui avaient été communiqués pendant qu’il était à Rome. ] Voici un morceau de sa préface : je le tire de la Bibliothéque de Gesner au feuillet 368. Ego qui de locis septentrionalibus, veteri historiæ incognitis, commentarium editurus sum, atque ita ut illa loca rebus his, undè regiones beatæ dicuntur, affluentia sim ostensurus, ut hæc planâ fide apud auditorem reponam, necessariò quoque præfabor quibus auctoribus constet susceptum opus. Romæ dùm essem, fuerunt in urbe continuo tempore duo archiepiscopi Nidrosienses regni Norduegiæ, prior quidem gente Danus, etc. Post hujus mortem substitutus ei Olavus Romam venit, quem frequenter conveni, et didici reliqua Norduegiæ, quanta tradi ab nn potuerunt. Gotham verò, Sueciamque, et Finlandiam, supraque has ad Boream laponiam extensam, sed etiam Gronlandiæ Chersonesum et insulam Tylen accepi à reverendis episcopis, Johanne magno Upsaliensi, et Petro Aorosiensi Gothis, tunc in urbe privatis amicis, et mecum conjunctissimè conversatis. Et quidem Upsaliensis in commentario Schondiæ scribendæ anteà fuerat, permiseratque id censuræ nostræ, etc.

(D) Un ouvrage qu’il fit à Rome en faveur d’Érasme, contre Stunica. ] Il a pour titre : Libellus Jacobi Ziegleri Landavi Bavari adversùs Jacobi Stunicæ maledicentiam, pro Germaniâ. L’imprimeur Frobénius en dit ceci : Commodum à Româ missus est libellus Jacobi Ziegleri Landavi Bavari, quo promittit perpetuam rerum gestarum seriem ex quatuor Evangeliis contextam, et obiter Stunicam pro ipsius dignitate tractat... Videtur hic Landavus homo multæ reconditæque lectionis, ingenio festivo, magno judicio, stilo non neglecto, denique toto pectore Germanam spirans indolem.

(E) Ce qu’il fit sur l’astronomie n’est pas mauvais. ] On publia à Bâle, en 1536, in-4o, son livre de Constructione solidæ Sphæræ, cum scholiis in opusculum Procli de Sphærâ, et de canonicâ per Sphæram Operatione, et de hemicyclio Berosi memorato à Vitruvio[10]. Adjunctis Arati phænomenis Græcis, cum Commentariis Theonis. Son Commentaire sur le second livre de Pline, quo difficultates Plinianæ, præsertim astronomicæ, omnes tolluntur : item organum quo catholica siderum, ut apud Plinium est, mirâ arte docetur, fut imprimé à Bâle l’an 1531. Jacques Milichius en parla honorablement dans la préface d’un livre qu’il fit imprimer sur ce sujet l’an 1534, in-4o.[11]. Extant, dit-il[12], in hunc librum (secundum Plinii) Cigleri, hominis docti, Commentarii, eruditè et subtiliter scripti, sed neque integrum librum interpretantur, et à scholarum consuetudine nonnihil recedunt. Quare spero eum boni consulturum esse, quòd amicis morem gessi, qui mihi autores fuerunt, ut hæc ad utilitatem juventutis collecta ederem. Adeò enim nihil de ipsius existimatione detraho, ut libenter profitear, me ab ipso sæpè adjutum esse.

  1. Teissier, Addit. aux Éloges, tome I, page 20, édition de 1696.
  2. De l’an 1699.
  3. Thuan., lib. VI, pag. 118, edit. Francof., 1625.
  4. Gesner., in Biblioth., folio 367.
  5. À la page 34 de sa Dissertation de Rebus Sueo-Gothicis, apud Mollerum Hypomn., ad Sueciam litteratam, page 441.
  6. Paulus Jovius, Elog., cap. CXXXVIII, pag. m. 281.
  7. Scheffer., in Sueciâ litteratâ, pag. 273, edit. 1699.
  8. Gesner., in Biblioth., folio 367, verso.
  9. À la page 546 de l’édition de 1667.
  10. Lib. IX, cap. IX.
  11. Le père Hardouin, Præf. in Plinium, marque cette édition : je ne l’ai point vue, ni celle de 1538, Halæ Suevorum, in-4°., marquée par Gesner ; mais j’ai vu celle de Francfort, 1543, in-4°., et celle de Leipsic typis Wœgelianis, 1573, in-4°.
  12. Jacobus Milichius, Præfat Commentarii in II librum Plinii, folio A, quintâ editione, Lips., 1573.

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