Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Sapho


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SAPHO, a été une des plus renommées femmes de toute l’antiquité par ses vers et par ses amours[* 1]. Elle était de Mitylène dans l’ile de Lesbos[a], et vivait du temps d’Alcée, son compatriote, et du temps de Stésichore, c’est-à-dire en la 42e. olympiade (A), six cent dix ans avant Jésus-Christ. Elle avait composé un grand nombre d’odes, d’épigrammes, d’élégies[b], d’épithames, etc.[c]. Tous ses vers roulaient sur l’amour (B), et avaient des grâces si naturelles et si touchantes, qu’il ne faut point s’étonner qu’on l’ait appelée la dixième muse[d]. Strabon la considérait comme une merveille [e], et disait que jamais aucune femme n’avait pu suivre que de fort loin celle-là en matière de poésie. Il ne nous reste de tant de vers qu’elle fit que certains petits morceaux que les anciens scoliastes en ont cités, et qu’une hymne à Vénus, et une ode à l’une de ses maîtresses (C) ; car il faut savoir que sa passion amoureuse s’étendait sur les personnes mêmes de son sexe (D), et c’est ce qui l’a le plus décriée. Suidas nous a conservé le nom de trois amies[f] de Sapho, qui la perdirent de réputation, et qui se diffamèrent elles-mêmes par l’étrange singularité que l’on imputait à leur commerce. Il nous l’a conservé aussi le nom de trois écolières de Sapho, qu’elle ne manqua pas apparemment d’initier à ses mystères. Comme Lucien [g] ne remarque pas que les femmes de l’ile de Lesbos, qu’il dit avoir été fort sujettes à cette passion, l’eussent apprise de Sapho, il vaut mieux s’imaginer qu’elle la trouva tout établie dans son pays, que de l’en faire l’inventrice. Quoi qu’il en soit, Sapho a passé pour une insigne tribade, et quelques-uns pensent que c’est pour cela qu’on lui a donné le surnom d’Hommesse[h] (E). Si elle avait eu pour but de se passer de l’autre moitié du genre humain, elle se trouva frustrée de son attente ; car elle devint éperdument amoureuse de Phaon, et fit en vain tout ce qu’elle put pour s’en faire aimer. Le jeune homme la méprisa, et la contraignit par ses froideurs à se jeter du haut en bas d’une roche (F), pour mettre fin à sa flamme dévorante. Quelle dureté (G) ! Il y avait déjà bien du temps qu’elle était veuve d’un des plus riches hommes de l’île d’Andros, nommé Cercala, duquel elle eut une fille nommée Cléis[i]. C’est ainsi que s’appelait la mère de Sapho. Pour son père, je ne dirai point quel était son nom, puisqu’il me le faudrait choisir entre huit[j] ; car il y a tout autant d’hommes dont elle a passé pour la fille[k]. Elle avait trois frères, dont l’un nommé Charaxus trafiquait de vin de Lesbos en Égypte[l], et y devint amoureux d’une fameuse courtisane, que quelques-uns nomment Rhodope ; mais Sapho l’a nommée Doricha. Elle gronda fort son frère sur ce vilain engagement (H). On dit que les Mityléniens lui firent l’honneur, après sa mort, de faire graver son image sur leur monnaie (I). Quelques auteurs ont fait mention d’une autre Sapho (K).

M. Moréri n’en a trouvé une dans Martial que par une extrême inadvertance[m]. Nous lisons dans Aristote la preuve dont Sapho s’était servie pour faire voir que le mourir est un mal. Les dieux, disait-elle[n], en ont jugé de la sorte, car autrement ils mourraient. Il y avait dans le prytanée de Syracuse une très-belle statue de Sapho ; voyez ce que Cicéron en dit lorsqu’il reproche à Verrès de l’avoir volée [o]. C’était un ouvrage de Silanion, et apparemment le même que celui dont Tatien a parlé en reprochant aux gentils les honneurs qu’ils avaient rendus à de malhonnêtes femmes. Voyez la citation (59) des remarques de cet article.

  1. * Leclerc trouve que Bayle est ici fort différent de ce qu’il a la mine d’être dans l’article Sanchez.
  1. Strabo, lib. XIII, pag. 425, Suidas, in Σαπϕώ.
  2. Suidas, in Σαπϕώ.
  3. Servius in Virgil. Dionys. Halicarn.
  4. Antholog., lib. I, cap. LXVII, epigramm. XXXII.
  5. Θαυμαςόν τι χρῆμα, admirandum quid, Strabo, lib. XIII, pag. 424.
  6. Ovide en nomme deux autres, Epistola Sapph. ad Phaon. Voyez la rem. (D).
  7. Dialog. Meretric., tome II, page 714.
  8. Mascula Sappho. Hor. Epist. XIX, v. 28. lib. I, Ausonius, Cupid. Crucif.
  9. Suidas, in Σαπϕώ.
  10. Idem, ibidem.
  11. Conférez la remarq. (K) de l’article d’Anacréon, tom. II, pag. 17.
  12. Strabo, lib. XVII, pag. 556. Athen., lib. XIII, pag. 596.
  13. Voyez la remarque (K) vers la fin.
  14. Ἢὥσπερ Σαπϕὼ ὅτι τὸ ἀποθνήσκειν κακόν· οἱ θεοὶ γὰρ οὕτω κεκρίκασιν· απεθνησκον γὰρ ἄν. Aut quemadmodùm Sapho, mori malum esse, Dei enim sic judicârunt : alioqui mortui essent, Arist. Rhetor. lib. II, cap. XXIII, pag. m. 445, E.
  15. Cicero in Verrem, orat. VI, folio m. 78.

(A) Elle vivait... en la 42e. olympiade. ] Cela réfute pleinement le conte qu’on a débité des amours d’Anacréon et de Sapho : car encore qu’il ne faille pas mettre entre eux l’intervalle de cent ou de six-vingts ans, que mademoiselle le Fèvre y a mis[1], il est pourtant vrai que leurs âges ne s’accordent pas assez pour un commerce de galanterie. On peut fort bien supposer qu’en la 52e. olympiade Anacréon était capable de se sentir ; mais puisque les chronologues mettent Sapho dans la 42e. olympiade, il en faut conclure qu’elle était alors dans sa principale réputation, et qu’elle pouvait avoir quelque trente ans. Or, quand elle se précipita, elle était fort amoureuse d’un jeune homme qu’elle s’était crue capable de regagner : il n’y a donc aucune apparence qu’elle n’ait vécu jusques au temps qu’Anacréon vint au monde, et l’on peut être très-assuré qu’il n’a pu la voir ni en devenir amoureux. C’est donc pour donner carrière à son esprit qu’Hermésianax supposa qu’elle fut aimée d’Anacréon. Ἐν τούτοις ὁ Ἑρμησιάναξ σϕάλλεται συγχρονεῖν οἰόμενος Σαπϕὼ καὶ Ἀνακρέοντα τὸν μὲν κατὰ Κῦρον καὶ Πολυκράτην γενόμενον, τὴν δὲ κατ᾽ Ἁλυάττην τὸν Κροίσου πατέρα...... Ἡγοῦμαι παίζειν τὸν Ἑρμησιάνακτα περὶ τούτου τοῦ ἔρωτος. In his fallitur Hermesianax, qui Sapho coævam Anacreonti fuisse putat, cùm ea sub Alyatte Crœsi patre vixerit, Anacreon verò sub Cyro et Polycrate...... Hermesianactem per lusum de Anacreontis amore id scripsisse arbitror [2]. D’autres[3], par la même licence poétique, firent courir certains vers où Anacréon faisait le galant de Sapho, et où celle-ci lui répondait. Diphilus[4], poëte comique, donna pour galans à Sapho, dans l’une de ses comédie Archilochus et Hipponax. C’est encore le même jeu d’esprit. Mademoiselle de Scudéri n’a donc point mis en usage l’anachronisme sans des exemples qui sont dans le cas, et pour ainsi dire les mêmes en nombre, lorsqu’elle a supposé[5] qu’Anacréon fit l’amour à Sapho. Sapho eût été telle qu’elle paraît dans le grand Cyrus, c’aurait la personne la plus achevée de son siècle. La demoiselle qui l’a rendue un si grand modèle de perfection, a porté long-temps le nom de Sapho dans les ouvrages d’esprit où l’on parlait d’elle : c’était faire beaucoup d’honneur à l’ancienne Sapho, puisque l’on donnait son nom à une fille qui écrivait parfaitement bien et en vers et en prose, et dont la vertu était admirée [6]. Au reste, il y a lieu de penser que si Anacréon et Sapho se fussent vus dans leurs jeunes ans, ils se seraient fait l’amour, et que nous saurions des nouvelles plus certaines des bonnes fortunes du galant, que nous n’en savons de celles d’Alcée[7]. Peut-être même se seraient-ils mariés ensemble ; mais je ne sais si la concorde aurait pu régner entre eux : ils aimaient trop pour cela chacun son semblable. Je ne sais point où M. le Fèvre[8] a trouvé que Diphilus ait fait mention de leurs amours : ce devrait être dans Athénée, qui néanmoins ne le dit pas. J’ai dit que mademoiselle le Fèvre a mis entre eux deux un intervalle de cent ou de six-vingts ans ; mais j’ajoute que cela ne s’accorde point avec ce qu’elle pose d’abord en fait, qu’Anacréon a été contemporain de Solon, d’Ésope, de Cyrus, de Crésus, et de Pisistrate. Ces deux dernières remarques sont également contre le père[9] et contre la fille.

(B) Tous ses vers roulaient sur l’amour. ] Pausanias remarque qu’Anacréon fut le premier qui, après Sapho, n’écrivit presque que des vers d’amour [10], et que Sapho écrivit quantité de choses sur cette matière, qui ne s’accordaient point ensemble[11]. Cela veut dire qu’elle tourna ce sujet en tant de façons, qu’elle en parlait tantôt d’une manière, tantôt d’une l’autre. Le jeu lui plaisait. Entre autres choses elle avait fait le calcul des signes à quoi l’on pouvait connaître une personne amoureuse, et elle y avait si bien réussi, que le médecin Érasistrate reconnut à ces enseignes la maladie d’Antiochus[12]. Tout le monde sait que ce jeune prince brûlait d’amour pour Stratonice sa belle-mère, et que, n’osant pas le déclarer, il fit le malade ; et que, la cause de son mal ayant été reconnue, il devint l’époux de Stratonice, par la démission de son père : mais toutes les fois qu’on parle de cette aventure, on ne remonte pas, comme l’on devrait, jusques à Sapho, qui fournit au médecin les expédiens qui lui étaient nécessaires. quand on voulait désigner les poésies de cette femme par leur véritable caractère, on les appelait ses feux et ses amours,

......... Spirat adhuc amor
Virumque commissi calores
Æoliæ fidibus puellæ [13].


Plutarque l’a comparée à ce Cacus, fils de Vulcain, de qui les Romains avaient écrit qu’il jetait feu et flamme par la bouche : c’est une composition de feu, dit-il[14], que ce qu’elle chante ; ses vers sont une expulsion de la flamme qu’elle a dans le cœur.

(C) Il ne nous reste... que certains petits morceaux… une hymne à Vénus, et une ode à une maîtresse. ] L’hymne à Vénus a ’été conservé par le moyen de Denys d’Halicarnasse [15], qui l’allégua pour un exemple d’une perfection qu’il voulait caractériser. Par une semblable vue, Longin [16] nous a conservé l’ode à une maîtresse. Catulle a traduit une partie de cette ode[17]. Toutes ces circonstances sont une preuve de l’estime singulière qu’on faisait des vers de Sapho.

M. le Fèvre avait résolu de publier des observations sur cette ode-là ; mais il s’en abstint à cause de quelques affaires très-chagrinantes qu’il avait eues pour certaines choses qu’il avait mises dans son édition d’Anacréon [18]. Ut ne tandem bonâ fide άπρσ.… fiam, dit-il[19], quod sanè haud necesse est, decrevi nil quidquam ad hoc admirabile odarium dicere. Fuit olim, fateor, cùm Sapphonem amabam ; sed ex quo illa me perditissima fœmina penè miserum perdidit cum sceleratissimo suo congerrone (Anacreontem dico, si nescis, lector), noli sperare quidquam à me dictum iri, undè aut ipsa, aut ipsius opera (queis tamen olim in Græciâ nil elegantius, nil magis tersum aut venustum quidquam extitit), probari videantur. Itaque quando mihi imposita fibula est, hic lacuna esto. Le morceau qu’il cite[20] de ses notes sur Anacréon fait voir qu’il était persuadé que Sapho écrivit cette ode pour une femme dont elle était amoureuse. Nous verrons dans la remarque suivante que mademoiselle sa fille ne le suivit pas dans ce sentiment, et que néanmoins c’est un sentiment très-vraisemblable. Au reste, si l’on n’a point de meilleures preuves que le passage latin de cet écrivain[21] pour prétendre qu’il avait cessé d’estimer Sapho[22], on s’appuie sur un mauvais fondement.

(D) Sa passion amoureuse s’étendait sur les personnes mêmes de son sexe. ] On ne saurait blâmer la charité de mademoiselle le Fèvre[23], qui a tâché, pour l’honneur de Sapho, de rendre le fait incertain ; mais je la crois trop raisonnable pour se fâcher que nous en croyions nos propres yeux. L’ode que Longin a rapportée n’est point du style d’une amie qui écrit à son amie ; tout y sent l’amour de concupiscence : sans cela Longin, cet habile connaisseur, ne l’eût pas donnée comme un modèle de l’art avec lequel les grands maîtres peignent choses : il n’eût pas, dis-je, donné comme un exemple de cet art la manière dont on ramasse dans cet ode les symptômes de la fureur amoureuse, Τὰ συμβαίνοντα ταῖς ἐρωτικαῖς μανίαις παλήματα ; et Plutarque n’aurait point allégué cette même ode, afin de prouver que l’amour est une fureur divine qui cause des enthousiasmes plus violens que ne l’étaient ceux de la prêtresse de Delphes, ceux des bacchantes, et ceux des prêtres de Cybèle. Τί τοσοῦτον ἡ Πυθία πέπονθεν ἁψαμένη τοῦ τρίποδος ; τίνα τῶν ἐνθεαζομένων οὕτως ὁ αὐλὸς καὶ τὰ μητρῷα καὶ τὸ τύμπανον ἐξιςᾶσιν[24] ; la traduction poétique de cela se trouve dans ces vers d’Horace, si au lieu de iræ, vous mettez amor :

Non Dindymene, non adytis quatis
Mentem sacerdotum incola Pythius,
Non liber æquè, non acuta
Sic geminant Corybantes æra,
Tristes ut iræ[25].........


On était si persuadé au temps d’Ovide que Sapho avait aimé les femmes comme les hommes les aiment qu’il ne fait point difficulté de l’introduire faisant à Phaon un sacrifice de ses compagnes de débauche.

Nec me Pyrrhiades Methymniadesve puellæ,
Nec me Lesbiadum cetera turba juvant.
Vilis Anactone, vilis mihi candida Cydno :
Non oculis grata est Atthis, ut antè meis.
Atque aliæ centum quas non sine crimine amavi
Improbè, multarum quod fuit, unus habes.
........................
Lesbides infamem quæ me fecistis amatæ,
Desinite ad citharas turba venire meas[26].


Horace est un autre témoin contre elle, dans les plaintes qu’il suppose qu’elle faisait des filles de Lesbos :

....................Et

Æoliis fidibus querentem
Sappho puellis de popularibus[27] ;


car si elle avait eu à se plaindre de ce que les dames de son pays portaient envie à son mérite, elle m’aurait pas choisi les jeunes filles pour le sujet de ses plaintes ; mais parce qu’elle leur avait parlé d’amour, et que la plupart avaient été ou trop simples, ou pour mieux dire trop habiles pour s’y laisser attraper, et que celles qui avaient répondu à sa passion l’avaient couverte d’opprobre, voilà pourquoi elle s’est plainte des jeunes filles. Ce vers d’Ovide

Desinite ad citharas turba venire meas,


montre que les femmes de Lesbos rendaient justice à Sapho sur ses beaux vers. Au reste, je laisse à décider à quelque nouveau père Sanchez, si une femme mariée qui aurait répondu à la passion de Sapho aurait commis adultère, et enrôlé son époux dans la grande confrérie proprement parlant. Je ne sais point si cette question a pu échapper à l’inépuisable curiosité des casuistes sur les causes matrimoniales.

Fortifions tout ceci par le témoignage d’un bel esprit, qui n’a point cru que la complaisance pour mademoiselle le Fèvre dût aller jusques à l’approbation de la peine qu’elle a prise en faveur de Sapho. Après la mort de son mari, dit-il[28], quoique jeune, Sapho renonça au mariage, mais non pas au plaisir d’aimer. Elle avait l’âme trop passionnée pour s’en pouvoir passer ; ce qu’on peut aisément juger par la tendresse qui est répandue dans ses poésies, et qui l’a mise sans contredit au-dessus de tous les poëtes en ce point. Aussi se sentant trop faible pour vaincre un penchant aussi violent que celui-là, elle s’y abandonna toute entière, et aima de toutes les manières dont on peut aimer, allant même fort au delà des bornes que la modestie et la pudeur prescrivent naturellement à son sexe. En vain prétendrait-on la justifier là-dessus : on ne le peut qu’aux dépens de la vérité ; et ni son aversion pour l’amour honteux de Charaxus, ni tous les honneurs qu’elle a reçus des Lesbiens, ne la peuvent laver d’une tache que tous ceux qui ont parlé d’elle n’ont pu déguiser, les éloges qu’ils lui ont donnés, et que ses ouvrages avouent encore bien plus clairement. On compte plusieurs belles personnes au nombre de ses tendres amies.

(E) On lui a donné le surnom d’Hommesse. ] Il n’est pas aussi aisé que l’on pense de savoir au vrai ce qu’Horace a voulu dire avec son mascula Sappho ; mais, s’il a prétendu lui reprocher ses amours contre nature, il est aisé de connaître qu’il a fort mal pris son temps. L’épithète serait bien froide, et amenée de trop loin sans aucune nécessité. Il y a néanmoins des gens doctes qui ne l’entendent pas autrement. Chabot[29] met entre ceux-là l’interprète de Juvénal, et Porphyrion, ancien scoliaste d’Horace ; et nous donne Domitius pour son garant à l’égard de ce dernier. Il entend sans doute Domitius Caldérinus, dont je n’ai point le commentaire sur Martial[30] ; mais, selon Chabot, on y trouve que Porphyrion a interprété le mot mascula, et selon le propre et selon le figuré, vel quia Sapho in poëtico studio versata est in quo sæpius enituit, vel quia tribas diffamata fuit. Cruquius, qui a publié les vieux scoliastes d’Horace, n’a point publié ces paroles de Porphyrion. Pour ce qui est de l’interprète de Juvénal, cité par Chabot, la raison veut que nous le prenions pour le scoliaste de ce poëte ; or je ne trouve point qu’il dise ce qu’on lui impute : c’est Britannicus qui le dit sur le 47e. vers de la IIe. satire[31]. Quoi qu’il en soit des anciens commentateurs, il est certain que les modernes rapportent ordinairement trois opinions sur le sens de mascula Sappho. 1°. Que ce mot veut dire que Sapho avait été une tribade ; 2°. qu’il désigne l’attachement qu’elle avait eu pour les sciences, au lieu de manier le fuseau et la quenouille ; 3°. qu’il signifie le courage qu’elle eut de faire le saut de Leucade. Ce dernier sentiment est celui de Scaliger[32] et de Turnébe[33], et se confirme puissament par ces vers d’Ausone[34] :

Et de nimboso saltum Leucate minatur,
Mascula Lesbiacis Sappho peritura sagittis.


Voyez l’article Leucade, et la remarque suivante.

Thevet rejette le premier sens du mascula Sappho, et suit le second et le troisième, mais non pas sans s’y brouiller puérilement. Horace et Ausone, dit-il[35], quand ils ont donné à cette Lesbienne le nom de mâle, n’ont voulu signifier autre chose, sinon qu’elle faisait ce qui était séant à un homme ; en composant de si excellens vers, ou bien parce qu’elle avait entrepris d’entrer en ces beaux lieux de Leucade, desquels les hommes n’osaient s’approcher. Quelle absurdité que de donner le nom de beaux lieux à un précipice effroyable où l’on n’allait que par désespoir ! C’est donc faire tort à notre Sapho, continue-t-il[36], de la calomnier si mal à propos ; sans due et légitime occasion, puisque le divin philosophe Platon a eu en singulière admiration, tant la dextérité et vivacité d’esprit dont elle était douée, que la profonde sagesse qui la faisait éclater tant par-dessus le reste des femmes que des hommes, quelque habiles qu’ils fussent. Je ne doute nullement que Thevet ne se porte ici pour faux témoin ; je ne crois pas que Platon ait jamais parlé de cette profonde sagesse de notre Sapho ; et quand même il lui eût donné l’éloge de sage, il ne faudrait point entendre ce mot au sens de Thevet, mais au sens qu’on lui donne encore parmi les Wallons, et qu’on lui donnait autrefois en France. Les accoucheuses étaient surnommées sages, non pas à cause de leur vertu, mais à cause qu’elles savaient beaucoup de choses inconnues aux antres femmes. On les nomme encore les femmes sages en Guienne et en Languedoc, mais dans les provinces où la langue française est plus exacte on use de transposition afin d’ôter l’équivoque, et on les nomme sages-femmes. Dites aujourd’hui à un Wallon qu’il est heureux en enfans, que ses filles sont bien sages, il vous répondra que c’est se moquer d’elles, qu’elles ne le sont point ; que cela ne convient pas à leur sexe ; qu’il suffit à une fille d’avoir la crainte de Dieu, et d’entendre le ménage. Cela signifie qu’il entend par être sage, être savant, savoir le latin, etc : le mot grec σοϕὸς signifiait quelquefois habile, et c’est en ce sens que Platon l’a pris quelquefois, et nommément lors qu’il a parlé d’Anacréon. C’est ce qu’un très-bon critique a remarqué [37]. On devrait entendre de la même manière ce mot-là, si Platon l’avait employé en louant Sapho. Concluons par ces paroles d’un commentateur de M. le Fèvre[38] : « Il est trop connu pourquoi Horace et Ausone l’ont appelée mascula, non pour son courage, mais dans le même sens que γυνὴ ἀνδρικὴ dans Lucien, où une femme impudente s’explique, disant : ἡ ἐπιθυμία ἀνδρός ἐςι μοὶ, et τὸ πὰν ἀνήρ εἰμὶ. »

(F) Phaon.... la contraignit par ses froideurs à se jeter du haut en bas d’une roche. ] Mademoiselle le Fèvre rapporte que Sapho ne put s’empêcher de suivre Phaon dans la Sicile, où il s’était retiré pour ne la plus voir, et que pendant son séjour dans cette île, elle fit les plus beaux vers du monde ; et même, selon toutes les apparences, l’hymne à Vénus, que l’on a encore, où elle demande si ardemment le secours de cette déesse. Ses prières, comme il y parut, ne furent pas exaucées ; les vers doux et tendres qu’elle composa si souvent sur ce sujet[39] ne lui servirent de rien : Phaon fut cruel à toute outrance. La malheureuse Sapho se vit contrainte à faire le saut périlleux ; c’est ainsi que je puis nommer à juste titre le remède où elle eut recours ; qui fut de s’en aller sur le promontoire de Leucade, et de s’élancer dans la mer. On croyait alors que c’était le vrai moyen de faire cesser les peines que l’on souffrait en aimant, et l’on appelait ce lieu-là le saut des amoureux. Quelques-uns[40] ont voulu dire que Sapho fut la première qui essaya cette méthode de guérir : d’autres aiment mieux dire qu’elle fut la première femme qui fit ce saut ; mais qu’avant elle quelques hommes l’avaient fait[41]. Plusieurs poëtes ont parlé de ce désespoir de Sapho. L’un d’eux[42], ayant épuisé tous les conseils qu’il pouvait donner à un amant malheureux, et le renvoyant enfin au grand remède de tous les maux, se sert de cette expression :

Quod sibi suaserunt Phædra et Elissa, dabunt
Quod Canace, Phyllisque, et fastidita Phaoni.


Et voici ce que dit Stace :

Stesichorusque ferox, saltusque ingressa viriles
Non formidatâ temeraria Leucade Sappho[43].

Pline nous apprend un conte touchant la cause de l’amour de Sapho pour Phaon. On disait que les qualités occultes d’une certaine herbe avaient excité cette passion. Voici les paroles de Pline. Ex his, il parle des différentes espèces de l’éryngium ou du chardon roland, candidam nostri centum capita vocant...... Portentosum est quod de eâ traditur ; radicem ejus alterutrius sexûs similitudinem referre raram inventu : sed si viris contigerit mas, amabiles fieri. Ob hoc et Phaonem Lesbium dilectum à Sapho. Multæ circa hoc non magorum solùm vanitates, sed etiam pythagoricorum[44]. C’est-à-dire, selon la version de Pinet, les Latins appellent l’éryngium blanc centum capita...... Et certes c’est grand cas, si ce qu’on dit de cette racine est vrai. Car il y en a qui disent que la racine de l’éryngium blanc (qui est fort rare) est faite à mode de la nature d’un homme ou d’une femme : et tient-on que si un homme en rencontre une qui soit faite à mode du membre de l’homme, il sera bien aimé des femmes : et a-t-on opinion que cela seul induisit la jeune Sappho à porter amitié à Phaon Lesbien. Et certes, non-seulement les magiciens Mais aussi les sectateurs de Pythagoras disent monts et merveilles de cette racine. Ce sont tous contes de vieille. Le tempérament de Sapho était assez combustible sans les qualités occultes d’aucune plante.

(G) ....... Quelle dureté ! ] La cruauté de Phaon ne nous surprendra pas tant, si nous faisons réflexion que Sapho n’était qu’une veuve sur le retour qui n’avait jamais été belle, qui avait fait mal parler d’elle durant sa viduité, et qui ne gardait nulles mesures à témoigner la violence de son amour. Un homme qui est tant soit peu délicat ne demande point qu’on le recherche avec si peu de bienséance ; il en tire de mauvais augures. Ajoutez à cela que Sapho ne pouvait avoir la grâce de la nouveauté ; chose qui peut réparer quelquefois, même auprès des gens délicats, le défaut de la beauté et de la fleur de la jeunesse. Phaon savait tout ce de quoi elle était capable : les arbres et les gazons en avaient été les confidens : et peut-être que sa fuite venait plutôt d’épuisement que d’indifférence. Pesez bien ce qu’elle lui écrit elle-même par la plume d’Ovide :

Hé quoque laudabas, omnique à parte placebam,
Sed tum præcipuè cùm fit amorit opus.
Tunc te plus solito lascivia nostra juvabat,
Crebraque mobilitas, aptaque verba joco ;
Quique, ubi jam amborum fuerat confusa voluptas,
Plurimus in lasso corpore languor erat,
........................
Invenio silvam quæ sæpè cubilia nobis
Præbuit, et multâ texit opaca comâ,
Agnovi pressas noti mihi cespitis herbas ;
De nostro curvum pondere gramen erat.
Incubui tetigique locum quâ parte fuisti.


Elle n’était point alors capable d’entendre raison, comme quand elle représenta à un jeune homme qui la recherchait en mariage, qu’étant plus âgée que lui elle ne le voulait point épouser[45]. Plus Phaon eût été jeune, plus l’aurait-elle trouvé son fait. Si j’ai dit qu’elle n’avait jamais été belle, c’est parce que j’ai cru préférable à l’autorité de Platon, qui l’a nommée La belle Sapho[46], l’autorité d’Ovide qui la fait parler ainsi :

Si mihi difficilis formam natura negavit,
Ingenio formæ damna rependo meæ.
Sum brevis. At nomen quod terras impleat omnes
Est mihi : mensuram nominis ipse fero.
Candida si non sum : placuit Cepheïa Perseo.

Mademoiselle le Fèvre m’avait donné

l’exemple de ne m’en point fier à Platon ni à Athénée ; car elle a dit que Sapho n’était pas belle ; qu’elle n’était ni grande ni petite ; qu’elle avait le teint fort brun, et les yeux extrêmement vifs et brillans. Que dirai-je de Maxime de Tyr[47], qui prétend comme elle était noire et petite Socrate[48] ne l’a nommée belle qu’à cause de la beauté de ses vers ?

(H) Elle gronda fort son frère sur ce vilain engagement. ] Voici comment Ovide nous apprend cette particularité.

Arsit inops frater victus meretricis amore,
Mistaque cum turpi damna pudore tulit.
Factus inops agili peragit freta cærula remo,
Quasque malè amisis, mine malè quærit opes.
Me quoque, quod monui benè multa fideliter, odit ;
Hoc mihi libertas, hoc pia lingua dedit.


Jugez de quelles représailles il pouvait user, et de quel poids pouvaient être les remontrances d’une telle sœur. Athénée remarque que les invectives contre la courtisane de Naucratis étaient fondées sur les sommes excessives qu’elle s’était fait donner[49]. Hérodote donne le nom de Rhodopis à la courtisane, et dit que Charaxus, qui dépensa une grosse somme pour la racheter, fut fort maltraité par les invectives de Sapho sa sœur[50].

(I) On dit que les Mityléniens firent graver son image sur leur monnaie. ] Je remarquerai à ce sujet que Lambin, pour n’avoir pas entendu un passage de Pausanias[51], a dit faussement qu’il y avait dans la forteresse d’Athènes une statue de Sapho. Anacreontis Teii, dit-il[52], qui majore ex parte res amatorias scripsit, statua in arce Atheniensium prima post Sapphonem locata est. Voici le grec. Τοῦ δε τοῦ Ξανθίππου πλησίον ἕςηκεν Ἀνακρέων ὁ Τήϊος, πρῶτος μετὰ Σαπϕὼ τὴν Λεσβίαν τὰ πολλὰ ὧν ἔγραψεν ἐρωτικὰ ποιήσας. Il est évident que ces mots grecs ne veulent dire autre chose, sinon que la statue d’Anacréon a été mise auprès de celle de Xanthippe ; la statue, dis-je, d’Anacréon, qui est le premier après Sapho qui ait consacré à des matières d’amour la plupart des choses qu’il a écrites.

Je voudrais bien savoir si Thevet se trompe lorsqu’il assure que les Romains érigèrent en la mémoire de Sapho une statue de porphyre richement ouvrée[53]. C’est M. le Fèvre qui a remarqué que les Mityléniens firent graver l’image de cette héroïne sur leur monnaie ; et la traitèrent par-là de souveraine après sa mort [54]. Il ne cite personne, mais M. Reland, qui a fait des notes sur cet ouvrage de M. le Fèvre[55] a rapporté ce passage de Julius Pollux, οἱ Μυτιληναῖοι μὲν Σαπϕὼ τῷ νομίσματι ἐνεχάραττον, et il a observé que l’on a encore des médailles de Sapho qui portent le nom des Mityléniens ΜΥΤΙΛΕΝΑΙΩΝ. Thevet raconte qu’il a tiré le portrait de Sapho d’une médaille antique qu’il avait rapportée de l’île de Lesbos, dont la pareille fut donnée avec plusieurs autres au baron de la Garde, lors ambassadeur. de France à Constantinople, par le premier médecin du sultan Soliman [56]. Aristote observe que les Mityléniens avaient rendu des honneurs à Sapho ; mais il ne dit point en quoi consistèrent ces honneurs[57]. Tatien reproche aux Grecs la statue de la courtisane Sapho, faite par Silanion ; de cette courtisane, dit-il, qui a chanté elle-même sa lubricité, el qui était amoureuse jusqu’à la rage [58]. Καὶ ἡ μὲν Σαπϕὼ γύναιον πορνικὸν ἐρωτομανὲς καὶ τὴν ἑαυτῆς ἀσέλγειαν ᾄδει, et quidem Sapho meretricia muliercula insano amore capta suam ipsa lasciviam cantat[59]. Pline parle d’un peintre, nommé Léon, qui avait fait le portrait de Sapho[60].

(K) Quelques auteurs font mention d’une autre Sapho. ] M. Moréri dit qu’il y a des gens qui mettent une seconde fille de ce nom, d’Érithrée, qui faisait des vers, et que c’est le sentiment d’Athénée, lib. XIII. Athénée ne dit pas que cette autre Sapho fût poëte, ni qu’elle fût d’Érithrée : il dit qu’elle était d’Érèse[61], courtisane de son métier, et qu’elle fut amoureuse de Phaon. Selon ce sentiment, la grande Sapho, la Sapho de Mitylène, qui faisait de si beaux vers, pourrait être réhabilitée sans beaucoup de peine dans une bonne réputation ; on n’aurait qu’à transporter sa mauvaise renommée sur autre Sapho. Le mal est qu’un passage mutilé d’Athénée, secondé tant qu’on voudra du témoignage d’Élien [62], ne doit pas nous servir de guide préférablement à mille autorités qui le combattent. M. Lloyd et M. Hofman nous avertissent de bien distinguer deux Saphos ; l’une d’Éréthrie, et l’autre qui fut aimée de Phaon, comme on le voit, disent-ils, dans Athénée au livre XIII. Cela est copié de Vossius[63], et n’en est pas plus vrai ; car Athénée ne parle là que d’une Sapho native d’Érèse, qui fut fort amoureuse de Phaon ; si elle en fut aimée ou non, c’est ce qu’il ne nous apprend point. Suidas pourrait nous jeter dans l’incertitude s’il n’y avait pas de l’apparence qu’il a divisé ce qui devait demeurer uni. Il nous donne deux Saphos : ce qu’il dit de la première appartient incontestablement à celle qui a tant excellé dans la poésie lyrique : ce qu’il dit de la seconde, savoir qu’elle était de Mitylène dans l’île de Lesbos ; qu’elle se précipita du promontoire de Leucade dans la mer, à cause qu’elle aimait Phaon ; qu’elle savait jouer des instrumens ; qu’elle avait composé des vers lyriques, ne convient pas moins certainement à la première. Ainsi je ne vois nulle raison fort valable pour admettre deux femmes de ce nom-là, principalement s’il fallait les distinguer l’une de l’autre par les qualités dont Suidas et Charles Étienne les partagent.

Voici une faute bien absurde.[64] Canius, poëte latin, natif de Cadix [65], et ami de Martial..... épousa deux femmes, Théophile, savante, mais un peu trop libre, et Sapho moins éclairée, mais plus retenue.... Martial rapporte ce que j’écris au liv. III., épigr. LXIII ; et liv. VII., ép. LXVIII.

Castior hæc et non doctior illa fuit, etc.


Voilà ce qu’on lit dans le Dictionnaire de Moréri. Mais si l’on consulte Martial, on trouve[66] qu’il ne fait mention que d’une femme de Canius, et qu’il dit qu’elle se nommait Théophila ; qu’elle était savante, et qu’elle faisait des vers que Sapho pourrait louer ; que celle-ci n’était pas plus docte que Théophila, mais que Théophila était plus chaste que Sapho. Le vers que M. Moréri rapporte est le dernier de l’épigramme. Il ne fallait donc pas y ajouter un et cætera. Ceci n’est qu’une vétille en comparaison de la bévue d’avoir donné à Canius une femme nommée Sapho, moins éclairée et plus modeste que Théophila. Je ne dis rien de deux autres fautes qui sont dans l’article de Canius, au Dictionnaire de Moréri. On marque la XIXe. épigramme du IIIe. livre de Martial, au lieu de la XXe. ; et l’on met æmulator au lieu de æmulatur.

  1. Préface d’Anacréon.
  2. Athenæus, lib. XIII, pag. 599.
  3. Chameæleon, apud Athen. lib. XIII, pag. 599.
  4. Apud eundem, ibid.
  5. Dans le grand Cyrus.
  6. Et de qui on pouvait dire :

    Castior hœc et non doctior illa fuit.
    Martial., epigr. LXVIII, lib. VII.

  7. Voyez l’article d’Alcée, tom. I, p. 373.
  8. Vie des Poëtes grecs, p. m. 49, Mademoiselle le Fèvre le dit aussi dans la Vie d’Anacréon.
  9. M. le Fèvre, dans sa Vie des Poëtes grecs, met Anacréon à la 72e. olympiade ; et dans ses notes latines sur Anacréon, il le fait contemporain de Solon, d’Ésope, de Créus, de Pisistrate, etc.
  10. Pausanias, lib. I, pag. 23.
  11. Idem, lib. IX, pag. 302.
  12. Plutarch., in Demetrio, pag. 907.
  13. Horat, od, IX, lib. IV.
  14. Αὕτη δὲ ἀληθῶς μεμιγμένα πυρὶ ϕθέγγεται, καὶ διὰ τῶν μελῶν ἀναϕέρει τὴν ἀπὸ τῆς καρδίας θερμότητα. Ipsa autem verò igni mixta loquitur, et per carmina calorem corde conceptum emittit. Plutarchus, de Amore, pag. 762.
  15. De Colloc. verborum, cap. LXXXI.
  16. Περὶ ὒψης, cap. IX.
  17. Voyez, dans le Commentaire d’Isaac Vossius sur Catulle, pag. 113, ces deux pièces de Sapho corrigées.
  18. Voyez, tom. III, pag. 166, la remarque (D) de l’article du premier Bathyllus.
  19. Tanaq. Faber, not. in Longinum, p. 292.
  20. Idem, ibidem, pag. 293.
  21. Cité ci-dessus, citation (19).
  22. Voyez les Notes sur les Poëtes grecs, de M. le Fèvre.
  23. Dans la Vie de Sapho.
  24. Plut., de Amore, pag. 763. Voyez la version de Xylander : Quid tale aut tantum accidit Pythiæ cum tripodem attigit ? Quemnam orgia agentium tibia et magnæ matris carmina atque tympanum sic animo abalienaverunt ?
  25. Horat., od. XVI, lib. I.
  26. Ovidius, epist, Sapph. ad Phaon.
  27. Horat., od. XIII, lib. II, et ibid. Lambinus, Cruquius, M. Dacier, etc.
  28. Longepierre, Vie de Sapho, au-devant de la traduction en vers français des Poésies de Sapho.
  29. In Horat., epist. XIX, lib. I.
  30. Chabot le cite in epigr. ad Philænim, l. 7.
  31. Tale monstrum libidinis dicitur Sappho excogitâsse, undè mascula est appellata ab Horat. in epistolis. Voyez Vinet, sur Ausone, Cupid. crucif., vs. 25.
  32. In Auson., Cupid crucif., et in Virgil. Cirin.
  33. Adversar., lib. X, cap. II.
  34. Cupid. crucif.
  35. Thevet, Éloges des savans Hommes, tom. I, pag. 226.
  36. Là même, pag. 227.
  37. Voyez M. Leclerc, au Ier. tome de son Ars critica, pag. 194, 195.
  38. Reland, Remarques sur les Vies des Poëtes grecs, folio G 4.
  39. Οὖτος ὁ Φάων ἑςὶν ἐϕ᾽ ᾧ τὸν ἔρωτα αὐτῆς ἡ Σαπϕὼ πολλάκις ἇσμα ἐποίηρε. Hic ille Phaon est in cujus amorem Sappho sæpè carmen cecinit, Palæphatus de Incredibilit. cap. XLIX, pag. m. 231. Phasianinus ayant lu αἶμα au lieu de ᾆσμα a fait une version ridicule.
  40. Menander, apud Strabon, lib. X, p. 311.
  41. Scaliger in Ausonium, Cupid. crucif.
  42. Auson., epigr, XCII.
  43. Stat., lib. V. Silv. III, vs. 154.
  44. Plinus, lib. XXII, cap. VIII, pag. m. 183.
  45. Fragment de lettre rapporté par Mad. le Fèvre.
  46. In Phædro, pag. m. 1214. Athénée la nomme aussi la belle Sapho, lib. XIII, pag. 596, et Plutarque aussi, de Amore, pag. 763, et Julien l’apostat, epist. ad Alypium Cæsar.
  47. Orat. VIII, pag. m. 86.
  48. Id est Plato, in Phædro, pag. 1214.
  49. Ἥν ἡ καλὴ Σαπϕὼ ἐρωμένην γενομένην Χαράξου του ἀδελϕοῦ αὐτῆς, κατ᾽ ἐμπορίαν εἰς τὴν Ναύκρατιν ἀπαίροντος, διὰ τῆς ποιήσεως διαϐάλλει ὡς πολλὰ τοῦ Χαράξου νοσϕισαμένην. Quàm pulchra Sappho, Charaxi fratri suo mercaturæ gratiâ Naucratim profectò nave dilectam versibus suis proscindit, quòd multà illum pecunia emunxisset. Athens., lib. XIII, cap. VII, pag. 596.
  50. Herod., lib. II, cap. CXXXV.
  51. Ex lib. I, pag. 23.
  52. Lambin., in Horar, od. XVII, lib. I.
  53. Thevet, Éloges des savans Hommes, tom. I, pag. 223 ; édition de 1671, in-12.
  54. Le Fèvre, Vie des Poëtes grecs, pag. m. 23
  55. Voyez les Nouvelles de la République des Lettres, oct. 1700, pag. 461.
  56. Thevet, Élog., tom. I, pag. 224.
  57. Aristot., Rhetor., lib. II, cap. XXIII, pag. 445. M. Reland, dans ses Remarques sur M. le Fèvre, cite les paroles d’Aristote.
  58. Tatian., Orat. contra Græcos, pag. m. 168, B.
  59. Id., ibid.
  60. Plin., lib. XXXV, cap. XI, p. m. 235.
  61. Fille de l’île de Lesbos.
  62. Ælian., lib. XII, cap. XIX : Var. Historiar.
  63. Vossius, de Poët. græc., pag. 17.
  64. Moréri, au mot Canius.
  65. Cela paraît par l’épigramme LXII du Ier. livre de Martial, laquelle M. Moréri ne cite pas.
  66. Martial. epigr. LXVIII, lib. VII.

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