Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Moulin


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MOULIN (Pierre du), l’un des plus célèbres ministres que les réformés de France aient jamais eus, naquit [* 1]........................ Il est à remarquer qu’il ne croyait point l’histoire de la papesse Jeanne (A).

  1. * Cet article est un de ceux que Bayle n’avait que commencés, et qui ne parurent que dans l’édition de 1720. Bayle eût certainement parlé de quelques-uns des 75 ouvrages de du Moulin dont on trouve la liste dans l’ouvrage intitulé : Tous les Synodes des églises réformées de France, tom II, pag. 273.

(A) Il ne croyait point l’histoire de la papesse Jeanne. ] M. Sarrau nous l’apprend dans un passage que j’ai rapporté ailleurs [1], et qui contient une preuve tirée de ce que M. du Moulin, qui était si propre à plaisanter, n’avait jamais fait mention de sa papesse, quoique ce fût une matière qui aurait pu lui fournir bien des railleries. Apportons une autre preuve. Le jésuite Pétra Sancta [* 1] publia en 1634 quelques notes sur une lettre de du Moulin à Balzac, et y joignit la réfutation de certaines choses que ce ministre lui avait dites touchant le cérémonial de Rome, par rapport à l’installation du pape. Il m’avait pas oublié la chaire percée. Le jésuite se servit de cette occasion pour réfuter en peu de mots l’histoire de la papesse. Du Moulin lui répliqua [2], et consacra tout un chapitre [3] à justifier ce qu’il avait dit touchant les cérémonies de l’installation du pape ; mais il ne dit pas un mot, ni de la chaire percée, ni de la papesse. Ce qui prouve manifestement qu’il n’en croyait rien ; car pour un homme qui eût cru la chose, c’était une occasion indispensable de disputer là-dessus. Rivet, partisan de la tradition de la papesse, n’oublia pas de rompre une lance en répondant à ce même écrit de Pétra Sancta [4] [* 2].

  1. * Ce jésuite, dit Joly, se nommait Silvester Pétra Sancta.
  2. * Joly dit que l’on peut consulter le nouveau Recueil des Lettres de G. Patin, lettre du 16 mai 1636 ; ainsi que deux lettres de Chapelain à Balzac, des 8 décembre 1632, et 25 janvier 1633, qu’on trouve dans les Mélanges de Chapelain. Il existe une Relation des dernières heures de M. du Moulin, décédé à Sedan, le 10 mars 1658, Sedan, 1658, in-8o. Joly, qui ne connaissait pas cette édition, dit que la Relation fait partie du Récit des dernières heures de MM.  du Plessis Mornai, Rivet, du Moulin, Genève, 1666, in-12. Quant au livre intitulé : La Légende dorée de P. du Moulin, contenant l’histoire de sa vie et de ses écrits, c’est une diatribe dont on ignore l’auteur. Du Moulin a placé dans le Theatrum de Fréher, si souvent cité par Bayle ; et un anonyme a écrit sa Vie, imprimée dans les Vitæ selectorum aliquot Virorum, recueillies par Guillaume Bates (en latin Batesius), Londres, 1681, in-4o.
  1. Dans la remarque (I) de l’article Blondel (David), à la fin, tom. III, pag. 473.
  2. Son livre est intitulé : Hyperaspistes sive Defensor veritatis adversùs calummias, etc. : il est imprime à Genève, 1636, in-8°.
  3. C’est le XXIIe. du Ier. livre.
  4. Voyez le IIIs. tome de ses Œuvres, pag. 587.

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