Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Dausquéius


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DAUSQUÉIUS, ou DAUSQUIUS, ou D’AUSQUÉIUS [a] (Claude), chanoine de Tournai, naquit à Saint-Omer, le 5 de décembre 1566 [b]. Il se fit jésuite je ne sais quand, et il quitta la société je ne sais quand non plus, ni pour quel sujet [* 1]. Il y était encore lorsque le père Scribanius publia son Amphitheatrum honoris, l’an 1607. Il fut loué dans cet ouvrage comme l’un des plus savans hommes de son siècle [c]. Il est certain qu’il était docte et en grec et en latin, et dans tout ce qu’on appelle littérature ; mais il n’écrivait pas bien : son style est trop affecté, trop obscur, trop rempli de vieilles phrases. On le loue d’avoir été bon prédicateur [d]. Robert Dausquéius, son père, quatrième fils d’Antoine Dausquéius, bailli de Saint Omer fut tué au service du roi d’Espagne pendant la guerre que le duc d’Alençon excita dans le Pays-Bas [e]. Nous parlerons des écrits du chanoine de Tournai (A), et n’oublierons pas l’imposture d’un libraire de Paris (B).

  1. * Leclerc dit que Dausquéius était encore jésuite en 1618, et que Valère André semble parler de lui comme d’un homme encore vivans en 1643.
  1. Il a latinisé son nom (qui était d’Ausque, dit Swert, Athen. Belg., pag. 178), en ces 3 manières.
  2. Valer. Andreas, Biblioth. Belgicæ, pag. 140.
  3. Amphitheatrum honoris, lib. II, cap. XIII.
  4. Valer. Andreas, Biblioth. Belgicæ, pag. 140.
  5. Claud. Dausquéius, in S. Josephi Sanctificatione, pag. 228, 229.

(A) Nous parlerons des écrits de Claude Dausquéius. ] Il fit une traduction latine des quarante homélies de saint Basile de Séleucie, et la publia avec des notes l’an 1604, in-8o. Elle n’est point bonne, si l’on s’en rapporte au jugement du dominicain Combefis [1]. Il fit imprimer des notes sur Quintus Calaber l’an 1614, et Silius Italicus avec un grand commentaire l’an 1618, in-4o. Son Scutum D. Mariæ Aspricollis, et son Justi Lipsii scutum adversùs Agricolæ Thracii satyricas petitiones, furent imprimés à Douai, l’an 1616, in 8o. L’approbation de ces deux livres et l’épître dédicatoire étant datées de l’an 1616, je ne saurais me persuader qu’il n’y avait point une faute dans l’endroit où Alegambe [2] et Valère André Dessélius [3] assurent qu’on les imprima l’an 1610. Ils se trompent en disant qu’on les composa adversùs Agricolam Thracium. Cet Agricola Thracius n’est autre que Georges Thomson, Écossais, qui publia un livre à Londres, l’an 1606, contre Juste Lipse. Voilà l’écrit que Dauquéius réfuta. Il eut une querelle avec quelques cordeliers qui soutenaient que saint Paul et saint Joseph avaient été saints dans le ventre de leurs mères. C’est là-dessus qu’il publia son Sancti Pauli sanctitudo in utero, extra, in solo, et in cœlo, à Paris, 1627, in-8o. ; et son Sancti Josephi sanctificatio extra uterum, seu binoctium adversùs F. Marchantii minoritæ exprovincialis inanias, item Aplysiarum F. Minorum Audomaropolitanorum Spongia, à Lyon, 1631, in-8o. Ses deux meilleurs livres sont ceux dont je parlerai dans la remarque suivante.

(B) ... et nous n’oublierons pas l’imposture d’un libraire de Paris. ] M. Chevillier va nous apprendre en quoi elle consiste. « On se donne trop de liberté, et on se joue comme on veut des ouvrages d’imprimerie, sans garder la sincérité. Quoi que dise le libraire qui vend depuis l’année 1677 le livre de Dausquius, intitulé Antiqui novique Latii Orthographica [4] il n’a point dû supprimer la belle estampe où sont gravés dix personnages auteurs de la latinité, et où on lit que c’est à Tournai où le livre a été imprimé par Adrian Quinqué, l’année 1632 : il n’a point dû encore retrancher d’autres feuillets où l’on pouvait apprendre le temps de l’impression. Et ce n’est point une bonne raison de dire que le roi ayant pris Tournay, le Dausquius qu’on y gardait était devenu Français : De Hispano factus jam Gallus. Il se donne par là le droit de substituer une première feuille où il met son chiffre et son enseigne, avec cette souscription, Parisiis apud, etc., 1677. Comme si la victoire exerçait aussi son empire sur la différence des temps et sur la distance des lieux ; ou qu’elle eût le pouvoir de faire que l’année 1632 fût celle de 1677, et la ville de Tournai dans le comté de Flandres, fût celle de Paris dans l’Île-de-France. Je défie ceux qui ont acheté son Dausquius, et n’ont vu que cet exemplaire, de dire qui en est l’imprimeur, et de quelle imprimerie il est sorti. C’est pourtant ce que nos rois veulent qu’on sache [* 1]. Ce sont les termes de leurs ordonnances ; en manière que les acheteurs puissent connaître en quelle officine les livres ont été imprimés. Tout ce qu’il pouvait faire, étant devenu le maître des copies qui restaient de cet auteur, était de les débiter avec un feuillet chargé de ces paroles, Veneunt Parisiis, apud etc., mais sans rien changer ni retrancher du livre, laissant voir au lecteur qu’il était imprimé à Tournai, par Adrian Quinqué, l’année 1632. Les plus habiles bibliothécaires ont de la peine à se démêler de toutes ces finesses des libraires : il est difficile de n’y pas être trompé. Celui de M. l’archevêque de Reims ne s’est pas laissé surprendre au Dausquius : il en écrit la date dans son catalogue imprimé, en ces termes qui sont un reproche à ce libraire : Parisiis 1677, vel potiùs Tornaci, 1632, in-folio [5]. » Je pense qu’on usa de la même supercherie à l’égard d’un autre ouvrage que Dausquéius fit imprimer à Tournai in-4o., l’an 1633, sous le titre, Terra et aqua seu terræ fluctuantes ; car le Journal des savans parle de ce livre [6], et de l’Antiqui novique Latii Orthographica [7], comme s’ils eussent été nouvellement imprimées. Notons que Saumaise trouvait digne d’être lu cette Antiqui novique Latii Orthographica. Voyez ce qu’il en écrit à Vossius, dans sa lettre LXVIe. Voyez aussi la louange que Vossius a donnée au même livre [8], et consultez M. Baillet, qui a cru que cet ouvrage avait été réimprimé l’an 1676 [9].

  1. (*) Édits de François Ier, de Fontainebleau de 28 décembre 1541, et de Charles IX, de Gaillon, au mois de mai 1571, rapportés aux Ordonnances de Fontano, pag. 468 et 474, tome IV, édition de 1611.
  1. Voyez Baillet, Jugemens des Savans, tom. IV, pag. 493.
  2. Alegambe, Biblioth Societ. Jesu, pag. 81.
  3. Valer. Andreas, Biblioth. belgicæ, pag. 140.
  4. C’est un ouvrage en deux volumes in-folio.
  5. Chevillier, Origine de l’Imprimerie de Paris, pag. 210.
  6. Journal des Savans du 2 d’août 1677, pag. 233, édition de Hollande.
  7. Journal des Savans du 15 de février 1677, pag. 55.
  8. Vossius, de Philologiâ, pag. 29.
  9. Baillet, Jugemens des Savans, tom. IV, pag. 12 et 13.

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