Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Dante 1


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Index par tome


DANTE, l’un des premiers poëtes d’Italie, naquit à Florence le 27 de mai[a] 1265[b]. Il était de bonne maison (A), et il fut élevé aux belles-lettres avec un grand soin[c]. Il eut entre autres maîtres le fameux Brunetti [d], qui était l’un des plus habiles hommes de ce temps-là. Il fit bientôt éclater l’inclination que la nature lui avait donnée pour la poésie[e] ; et comme il devint amoureux dès que l’âge le lui permit (B), il versifia beaucoup dans sa jeunesse. Ce fut à des vers d’amour qu’il consacra les premiers fruits de sa muse[f] ; mais ensuite il entreprit un ouvrage plus sérieux. Il le commença en vers latins, et l’acheva en vers italiens. La cause de ce changement fut qu’il sentait trop de lenteur dans les mouvemens de sa veine poétique quand il employait la langue de l’ancienne Rome. Il fit bien de se tourner vers sa langue maternelle, puisqu’il excella dans la poésie toscane[g]. Il aurait été plus heureux, s’il ne s’était mêlé d’autre chose ; car ayant eu de l’ambition, et étant même parvenu aux plus belles charges de la république, il fut accablé sous les ruines de la faction qu’il embrassa. La ville de Florence divisée en deux factions, l’une nommée les Blancs, l’autre nommée les Noirs, se trouva réduite à un état si tumultueux, que le pape Boniface VIII y envoya Charles de Valois[h] l’an 1301, pour y remettre la tranquillité. On ne trouva pas de meilleur moyen de pacifier la ville, que d’en chasser la faction des Blancs. Voilà pourquoi notre Dante, qui l’avait favorisée, fut envoyé en exil (C). J’ai dit ailleurs[i] que cela fut cause qu’il débita un mensonge ridicule sur l’extraction de Hugues-Capet[* 1]. Il ne supporta point constamment cette disgrâce : son ressentiment fut extrême ; il tâcha de se venger aux dépens de sa patrie, et il ne tint pas à lui qu’elle ne fût exposée à une guerre sanglante (D). Tous les efforts qu’il fit pour y être rétabli furent inutiles : il ne put jamais y rentrer ; il mourut dans son exil, au mois de juillet 1321. Il eut la force de composer son épitaphe en vers latins un peu avant que d’expirer (E). Souvenons-nous qu’il s’appliqua diligemment à l’étude pendant son bannissement, et qu’il composa des livres où il fit entrer plus de feu et plus de force qu’il n’y en eût mis s’il avait joui d’une condition plus tranquille (F). On croit que l’indignation contre sa patrie donna une nouvelle vigueur à sa plume et à son esprit. Quelques-uns doutent un peu de ce qu’on assure qu’il fut étudier à Paris quand il se vit exilé[j]. Le plus considérable de ses ouvrages est le poëme que l’on nomme Comédie de l’enfer, du purgatoire et du paradis[* 2]. Il a servi de texte à quelques commentateurs (G), et il a fourni une matière de guerre à plusieurs critiques (H). Il contient certaines choses qui ne plaisent point aux amis des papes, et qui semblent signifier que Rome est le siége de l’antechrist [k]. Un autre livre de Dante a fort déplu à la cour de Rome, et l’a fait passer pour hérétique (I). N’oublions pas que ce grand poëte trouva des patrons illustres dans sa disgrâce, mais qu’il ne sut pas toujours se conserver leur affection (K), car, quoiqu’il fût assez taciturne, il donnait à sa langue en quelques rencontres un peu trop de liberté[l]. Il laissa des enfans [m]. On conte une chose singulière de son attention à la lecture (L).

(A) Il était de bonne maison. ] On prétend que Cacciaguida son trisaïeul [1] était fils ou petit-fils[2] d’Élisée Frangipani, et qu’il épousa une demoiselle Ferraraise de la famille Aligheri. On ajoute que le fils de Cacciaguida et de cette demoiselle prit le nom et les armes de sa mère, et que de là vint que la famille de Dante eut le surnom d’Aligheri[3]. Notez que Cacciaguida naquit à Florence l’an 1160[4]. Les ancêtres de Dante, fort attachés au parti des Guelphes[5], furent chassés deux fois de Florence par les Gibelins. Quelques-uns prétendent qu’il faut lui donner les noms de Dante d’Alighieri del Bello, et qu’Alighieri était le nom de son père, et Bello le nom de sa famille. Voyez les preuves qu’en donne Vincent Buonanni [6]. Au reste, le nom de notre poëte était Durantes, dont par abréviation on fit Dantes pendant qu’il était enfant[7]. Grangier se trompe visiblement dans le passage que je vais citer. Il sert de commentaire à quelques vers où Cacciaguida déclare [8] qu’il vaut mieux qu’il ne dise rien de ses ancêtres, ni du lieu qu’ils quittèrent pour se retirer à Florence, que d’en parler. Ce qu’il dit par modestie, ce sont les paroles de Grangier[9], plustost qu’il ne sceust autre plus ancienne origine des siens, ou que par dessus Cacciaguida leur famille aye esté de peu d’estoffe, obscure, et sans noblesse. Car Dante semble désigner en l’Enfer que ses ancestres soient descendus des anciens Romains, qui bastirent Florence, après avoir quitté la colonie de Fiezola ; au XVe. chant, se plaignant de son exil et du tort que luy faisoient les Florentins, il fait ainsi parler ser Brunetto Latini :

Faccian le bestie Fiezolane strame
Di lor medesme, et non tocchin la pianta,
S’alcuna surge ancor nel lor lettame,
lo cui riviva la sementa santa
Di que i Romao, chi vi rimaser quando
Fù fatto il nido di malitia tanta.


Il est sûr que Dante ne veut rien dire de particulier à la louange de ses ancêtres, et qu’il marque uniquement qu’il y avait dans Florence quelques familles qui descendaient des anciens Romains. Combien y a-t-il de villes parmi celles qui ont été des colonies romaines, où de simples artisans issus de personnes de la lie du peuple depuis vingt générations ne mentiraient pas s’ils disaient à tout hasard qu’ils descendent des anciens Romains ? de quoi servirait cela pour prouver que leur famille est illustre, et d’une noblesse relevée ?

(B) Il devint amoureux dès que l’âge le lui permit. ] Voilà comment il me semble que j’ai pu traduire ces paroles de Volaterran, amavit in adolescentiâ Beatricem[10]. Cette Béatrix était fille de Folco Portinaria[11] : quelques-uns prétendent que notre poëte l’aima fort honnêtement, mais que lorsqu’elle fut morte, il se dérégla beaucoup, en s’abandonnant à amour lascif[12]. D’autres disent que l’amour pudicque qu’il lui portoit, fut cause qu’après sa mort il mit la chose vraye à une fantaisie poétique, feignant que Béatrix est la théologie [13]. Ceux qui ont lu son poëme savent que Béatrix y moralise beaucoup, et qu’elle y soutient le personnage d’un docteur grave. Lisez ce qui suit, vous y trouverez d’ailleurs qu’elle ne fut que la seconde maîtresse ; mais défiez-vous de cela. « On remarque qu’il eut deux maîtresses en son jeune âge, l’une nommé Gentucca, de laquelle il devint amoureux étant en la ville de Lucques ; l’autre Béatrix Portinaria, fille de Folco Portinaria, qu’il aima d’une ardente, mais pudique affection. Comme cet amour se mêlait souvent parmi les sublimes conceptions de son esprit, il la voulut éterniser par ses vers, en voilant la théologie sous le beau nom de Béatrix ; et, désirant de suivre les traces de Virgile dans la descente de son Énée aux enfers, il introduit cette fille de l’empyrée, qui vient lui donner ce prince des poëtes latins pour conducteur en des routes si obscures et si malaisées[14]. Il est sûr que cette Gentucca ne fut point la première maîtresse de Dante : il ne l’aima qu’après avoir été exilé ; il l’aima pendant le séjour qu’il fit à Lucques depuis son bannissement[15]. Notez que le nom de ses maîtresses s’est mieux conservé que celui de ses trois femmes. Papyre Masson avoue qu’il ne sait point comment ces trois femmes s’appelaient. Uxores tres habuisse dicitur, quarum incertum est nomen et mihi prorsùs obscurum[16]. Il ajoute que Dante laissa un fils qui fut avocat, et qui s’établit à Vérone, et dont la postérité a été illustre. Il marque entre ses descendans un Pierre Dante, à qui l’on dit que Philelphe adressa la Vie de notre poëte ; et un Dante troisième du nom, qui fut exhorté par les Florentins à revenir à Florence l’an 1495, et qui rejeta leur exhortation. Ils dirent aussi qu’ils quittèrent tous le nom Aligheri, et ne prirent que celui de Dante, et qu’en cela ils témoignèrent que la gloire de leur famille ne venait que de ce grand poëte[17]. Apparemment il ne savait pas ce que Pierius Valerianus nous a appris touchant ce troisième Dante. C’est qu’il mourut dans la dernière misère. Il était docte, et savait faire de bons vers latins. Lorsqu’il commençait à mettre en ordre ses compositions, afin de les publier comme un viatique de son immortalité[18], les ennemis que Jules II avait suscités aux Vénitiens prirent Vérone[19]. Dante, qui s’était sauvé à Mantoue avec sa femme et ses enfans, s’y trouva réduit à l’indigence ; et comme sa vieillesse le rendait moins propre à résister aux duretés d’un si triste état, il tomba malade, et mourut misérablement dans cet exil, après de longues douleurs[20]. Gyraldi a fait mention d’un Dante, que l’on comptait pour le cinquième : Fuêre ex eâdem familiâ, dit-il [21], et ali, in quibus Veronæ natus Danthis et ipse nomine qui, ut audivi, quintus ab illo est, et latinâ et vernaculâ linguâ non sine laude versus scribit.

(C) Votre Dante… fut envoyé en exil. ] La présence de Charles de Valois, bien loin d’assoupir les troubles dont la ville était agitée, ne servit qu’à les augmenter. La faction des Noirs, se sentant favorisée par ce prince, commit mille violences, elle chassa ceux de la faction contraire, elle brûla ou abattit leurs maisons, et cela ne se fit point sans le meurtre de plusieurs personnes. Notre Dante, qui était alors du conseil des huit[22], et l’un des chefs de la ville qui étaient nommés prieurs, avait été député au pape pour négocier une paix. En son absence, il fut condamné au bannissement, sa maison fut abattue, et toutes ses terres furent pillées[23].

(D) Il ne tint pas à lui que sa patrie ne fût exposée à une guerre sanglante. ] Il anima Can de la Scale prince de Vérone à faire la guerre aux Florentins[24], et il mena l’empereur au siége de Florence[25]. On parle d’une lettre qu’il écrivit à ce prince pendant le siége de Bresce[26]. Je m’imagine qu’il y fit une description passionnée des injustices qu’il avait souffertes dans sa patrie, et qu’il exhorta l’empereur à la châtier.

(E) Il mourut dans son exil……… Il eut la force de composer son épitaphe……. un peu avant que d’expirer. ] Ce fut dans Ravenne qu’il mourut, et l’on croit que le chagrin lui causa la mort. Il jouissait d’une retraite honorable auprès de Guy Polentan prince de Ravenne, quand la république de Venise se prépara à la guerre contre ce prince[27]. Celui-ci le dépêcha à Venise, pour y traiter de la paix. Les Vénitiens firent les fiers ; ils ne voulurent ni recevoir Dante, ni l’écouter. Il retourna donc à Ravenne, sans aucun fruit de son voyage, et il tomba peu après dans la maladie dont il mourut, et dont le chagrin passa pour la cause. Revertens itaque Ravennam rebus infectis paulò post morbo contracto, uti existimatur, ex animi dolore extinctus est[28]. Papyre Masson a parlé de cette ambassade, sans rien dire du mauvais succès : il insinue au contraire que Dante fut bien reçu ; car il prétend qu’on lui fit voir l’arsenal, et que Dante même raconte cela[29]. Il n’y a rien de plus faux que ce dernier fait : et peut-être que l’autre n’est pas plus vrai. Pour ce qui concerne l’épitaphe, voici mon auteur[30]. Obiit adeò mentis compos, quòd sex versus in extremo vitæ suæ edidit, postmodùm in proprio tumulo incisos ; et sunt hi,

Jura monarchiæ, Superos, Phlegetonta, Lacusque
Lustrando cecini, voluerunt fata quousque :
Sed quia pars cessit melioribus hospita castris,
Auctoremque suum petiit felicior astris,
Hic claudor Danthes, patriis extorris ab oris,
Quem genuit parvi Florentia maler amoris.


M. Moréri ne devait pas oublier la circonstance de temps, lorsqu’il a dit que Dante s’était lui-même composé cette épitaphe. Il ajoute qu’au commencement du XVIe. siècle, Bernard Bembo fit refaire le tombeau. Cela ne s’accorde point avec le Poccianti, qui marque que cette réparation fut faite l’an 1433[31] ; mais il y a tant de fautes d’impression dans le livre de cet Italien, que je me garderais bien de garantir la justesse de cette date.

(F) Il fit entrer plus de feu et plus de force dans quelques-uns de ses livres qu’il n’y en eût mis s’il avait jour d’une condition plus tranquille. ] Cette observation est de Paul Jove. Sed exilium, dit-il[32], vel toto Etruriæ principatu ei majus et gloriosius fuit, quùm illam sub amarâ cogitatione excitatam, occulti, divinique ingenii vim exacuerit, et inflammârit. Enata si quidem est in exilio Comædia triplex Platonicæ eruditionis lumine perillustris, ut, abdicatâ patriâ, totius Italiæ civitate donaretur. Latomus explique la même pensée dans les six vers qu’il a faits sur Dante, et que vous pourrez trouver dans Paul Jove [33]. La question est si le souvenir de son exil n’excitait pas trop de colère ; car il arrive souvent que ceux qui écrivent en cet état outrent la satire. Rapportons la paraphrase de M. Bullart [34] : Il médita de prendre des auteurs de son exil cette vengeance signalée que l’on voit éclater dans son triple poëme du Paradis, du Purgatoire et de l’Enfer. Il détrempa sa plume dans le fiel de sa colère, autant que dans les sources vives de l’Hélicon : il joignit l’aigreur de son âme à la douceur de sa poésie : il fut animée en un même temps de sa docte muse, et de son ressentiment. Les partialités des grands, avec la corruption des mœurs, fournissant à son esprit toute la matière qu’il pouvait désirer pour un semblable sujet, il déploya aux yeux de toute l’Italie cette satire merveilleuse, qui portant ses traits jusqu’aux trônes des souverains pontifes, des empereurs, et des rois de la terre, découvre leurs actions privées avec une licence qui semble ne redouter ni leur puissance, ni leur indignation. Il noircit particulièrement la réputation du pape Boniface VIII, parce qu’il avait appuyé le parti de ses persécuteurs. Il déshonore par ses vers la mémoire et la race de Charles de Valois, le principal instrument de son exil ; disant que Hugues Capet était fils d’un boucher........ Dante pousse encore dans ce poëme son indignation contre la ville de Florence, la comparant à une retraite des brigands, et à une fille prostituée ; en ce qu’elle mettait toutes les charges publiques en vente, et changeait continuellement de magistrats, de monnaie, et de coutumes, pour supporter avec moins de peines les incommodités de son gouvernement. Il aurait fallu ajouter qu’il la décrie comme une ville où les femmes s’abandonnaient aux désordres de l’impureté. Il introduit Forèse [35], qui admire dans le purgatoire que sa veuve vive chastement au milieu de tant d’impudiques. Je rapporte ses paroles, selon la version de Grangier :

A Dieu tant plus est chère, et tant plus agréable
Ma veſve, que beaucoup au monde j’ay aymé,
Que plus seule à bien faire elle est par trop louable.
Pour ce que le pays de Sardaigne estimé
Barbare, est bien plus chaste en ce qui est des femmes,
Que là où je la laisse au milieu des infâmes.
O frère bon et doux, que veux-tu que je dye ?
Desjà le temps futur m’est au-devant des yeux,
Qui suivra non de loing l’heure qui nous manie.
Lors l’on interdira pour adviser au mieux
En la chaire publicque aux dames florentines
De monstrer leurs tétins et leurs molles poitrines[36].


Rapportons la paraphrase du traducteur [37] : « Le temps viendra bientôt (dit-il), que l’ire de Dieu se débondera d’une telle façon au grand malheur de la république de Florence, pour les impudicités et vilainies des dames Florentines, que, si l’on veut apaiser son ire, les prédicateurs seront contraints de défendre publiquement qu’elles ne portent plus leurs gorges et poitrines ouvertes. C’est ce qu’il veut dire, Nel qual sarà in Pergamo (il nomme ainsi la chaire de vérité) interdetto a le sfaciate donne Fiorentine, proprement eshontées, L’andar monstrando con le poppe il petto, c’est-à-dire, d’aller par la ville la gorge découverte pour montrer leurs grosses mamelles et l’estomac bien relevé. » Un écrivain français du XVIe. siècle a exprimé plus fortement cette espèce de nudité dont il blâmait les Françaises. Quant à nos femmes, dit-il [38], elles ont appris la manière des soldats du temps présent, qui font parade de monstrer leurs poitrinals dorez, et reluisans, quand ils vont faire leurs monstres ; car alant à leurs messes gagner les pardons, ou soit qu’elles aillent en ville visiter les vergiers, ou jardins, ou autres lieux secrets, qu’il n’est séant à dire, et pour cause, elles font leurs monstres de leurs poitrines ouvertes, monstrans leurs seins, diaphragmes, le cœur, les poulmons, et autres parties pectorales qui ont un perpétuel mouvement, que ces bonnes dames font aller par compas, ou mesure, comme un horologe, ou pour mieux dire comme les soufflets des mareschaux, lesquels allument le feu pour servir à leur forge : ainsi de mesme vont nos damoiselles lesquelles par les soufflets ou respirations de leurs poulmons, allument le feu du cœur des Héliogabalistes de nostre cour, lesquels ne sont desjà que par trop effeminez et eschauffez en leurs concupiscences ; mais pour les mieux inflammer ou brusler du tout, nos Médées de cour inventent tous les artifices que nature a peu produire, pour aider au genre humain à bon usage, afin de les convertir en choses lascives, infämes, et sordides. L’abus ne fut pas si grand quelques années après[39].

Les protestans ont bien fait valoir les invectives de Dante contre les abus de la cour de Rome[40]. Voyez ci-dessous la remarque (I).

(G) Son poëme de l’Enfer, etc., a servi de texte à quelques commentateurs. ] Voyez l’édition qui fut faite de ses poésies italiennes à Venise, l’an 1564, in-folio, par les soins de François Sansovin[41] : vous y trouverez les notes de Christophle Landinus, et celles d’Alexandre Vellutelli. Celles de Vincenzo Buonanni sur l’Enfer de ce poëte me sont tombées depuis peu entre les mains : elles furent imprimées à Florence, in-4°. l’an 1572, et dédiées à François de Médicis prince de Toscane[42]. L’auteur promettait un semblable commentaire sur le Purgatoire et le Paradis de Dante : je ne sais point s’il a tenu sa parole ; mais je sais que Bernardino Daniello a commenté tous ces trois poëmes, et que longtemps avant lui Benvenuto d’Imola avait fait la même chose avec beaucoup d’esprit et d’érudition. Benevenutus, summus philosophus et poëta comædiarum Dantis interpres, quâ in re cum excellenti ingenio doctrinam quoque summam ostendit[43]. Grangier, conseiller et aumônier du roi, et abbé de Saint-Barthélemi de Noyon, les a mis en rime française, et commentés. Son ouvrage fut imprimé à Paris, l’an 1597, en trois volumes in-12. M. Baillet[44] vous instruira des jugemens que les critiques ont faits de ces poëmes. Il dit qu’au sentiment de Castelvetro ils doivent passer pour un poëme épique, quoique les italiens leur aient donné le titre de comédie. Il faut noter que l’auteur même le leur donna[45]. Au reste ceux qui, pour prouver qu’il y travaillait avant son bannissement, nous viendraient dire que le chant XXI de son Enfer fut composé l’an 1300, nous allégueraient une faible preuve ; car il s’est joué des dates à sa fantaisie. N’introduit-il pas des gens qui lui prédisent ce qui lui était déjà arrivé[46] ? Il se transporte donc en un temps antérieur à celui où il faisait son poëme.

(H) ...... Et a fourni une matière de guerre à plusieurs critiques. ] Les uns ont censuré Dante, et les autres ont écrit son apologie. Jacques Mazzoni passe pour l’un des plus doctes de ses défenseurs. Il publia deux volumes contre un certain Castravilla, qui avait critiqué Dante[47]. Un savant homme de Sienne, nommé Bellisaire Bulgarini, fit des notes contre cet ouvrage de Mazzoni, à la prière d’Horace Capponi évêque de Carpentras. Quelqu’un les lui déroba, et les publia sous son nom, et sous le titre de Brevis atque ingeniosa contra Dantis opus disputatio. On le convainquit si fortement de son vol, qu’il fut obligé de chanter la palinodie. Il la rendit publique conjointement avec un ouvrage où il répondait aux objections de Bulgarini contre Dante. Un savant homme de Bologne, nommé Jérome Zobbius, prit part à cette querelle, et publia un ouvrage l’an 1583, qu’il intitula, Dantes et Petrarcha ab Hieronymo Zobbio defensi. Bulgarini profitant de cette occasion de manifester plus sensiblement la fraude de son plagiaire, fit voir le jour à un nouveau livre où il réfutait ce que Capponi avait opposé aux quatre premières parties de ses remarques contre Mazzoni. Il en publia deux autres, l’un contre celui de Zobbius, l’autre contre la palinodie et l’apologie du plagiaire. Voilà déjà quatre ouvrages de Bulgarini. Il en publia un autre en italien, où il réfuta ce que Zobbius avait écrit pour la défense de Dante, touchant les particules poétiques. Son sixième ouvrage a pour titre : Bellisarii Bulgarini, Aperti, academici inthronati, notæ ad primam Dantis defensi partem Jacobi Mazzoni. Enfin, il fit imprimer un livre contre un manuscrit qu’on attribuait faussement à Spéron Spérone, et qui soutenait la cause de Dante[48]. On prétend qu’il sortit victorieux de ce long combat, et que la force de ses raisons fit établir que la comédie de Dante n’appartenait à aucune espèce de poëme, vu qu’elle était éloignée des préceptes d’Aristote. Ne multis morer, finis fuit ejusmodi, ut Bulgarinus certaminis victor discederet, cùm, certissimis validissimisque rationibus, adversariorum copias, pro Dante propugnantes, profligâsset, obtinuissetque, illius comædiam, veram poëmatis cujuspiam rationem non habere, quod ab Aristotelis præceptis longissimè aberraret[49]. L’Ugurgieri nous apprend que la comédie de Dante excita parmi les doctes et les virtuosi d’Italie une des plus mémorables guerres que l’on ait vues en ce genre-là[50]. Il ajoute que l’ouvrage de Mazzoni attisa ce feu, et que l’écrit qu’on vola à Bulgarini, et que le plagiaire fit imprimer sous son nom, fut la pierre de scandale. Bulgarini réclama son bien en publiant cet écrit, et en y mettant son nom : il fut réfuté par le plagiaire ; mais il revint à la charge, et se prévalut de la confession du vol. Sa réplique fut imprimée à Sienne, l’an 1588 : j’en rapporte le titre, afin de faire connaître le nom de ce plagiaire, qui n’a point encore paru dans les listes de cette sorte de voleurs. Il Bolgarino avvantaggiatosi nella causa per la confessione del furto rispose all’ avversario con un libro stampato per Luca Bonetti in Siena l’anno 1588, che fu intitolato : Difese in risposta dell’ Apologia e Palinodia di monsignor Alessandro Cariero Padovano in proposito della commedia di Dante[51]. Lilius Gyraldus parle d’un religieux augustin qui avait eu dès sa jeunesse une grande prévention pour Dante, et qui réfutait en toutes rencontres les critiques de ce poëte. Certè in eo (Danthe) poëticam dispositionem majoremque diligentiam plerosque desiderare video, ejusque linguæ nitorem : quos Joannes Stephanus eremita, et amicus carissimus, et municeps noster, quâ est eruditione, et quo à teneris erga Danthem fuit studio, mirabiliter solitus est refellere [52]. Je ne trouve point ce Jean Stéphanus dans l’Apparato de gli Huomini illustri della città di Ferrara, publié l’an 1620 par Agostino Superbi da Ferrara, teologo e predicatore de’ minori conventali. Gyraldus ajoute que les moines olivetains conservaient comme un trésor, la version latine en vers hexamètres, qu’un d’eux avait faite des poésies de Dante : Vidi qui latinum Danthem fecerat carmine hexametro, ex olivetanis videlicet sodalibus Pistoriensem quendam eorum temporum : quem librum (proh summe optime Deus, quantâ custodiâ asservatum in olivetano cœnobio ! ) ipsi non sine ambitione mihi, tanquam rem sacram aliquam, ostenderant [53].

(I)... Un autre livre... l’a fait passer pour héretique. ] C’est celui de Monarchiâ : il y soutient que l’autorité des empereurs ne doit point dépendre de celle des papes. Voilà son herésie[54] : Scripsit præter hæc opusculum de monarchiâ, ubi ejus fuit opinio quòd imperium ab ecclesiâ minimè dependeret. Cujus rei gratiâ tanquam hæreticus post ejus exitum damnatus est, cùm aliorum, tùm Bartoli jurisperiti sententiâ super lege i. c. præsules. lib. digestorum de inquirendis reis [55]. M. de Sponde, évêque français, se montre ici tout-à-fait ultramontain ; car il rapporte cette remarque de Volaterran sans y joindre nul correctif [56]. Il en use de la même manière en citant saint Antonin, qui a réfuté amplement, dit-il, l’erreur la plus capitale qu’il ait trouvée dans les écrits de ce poëte ; c’est d’avoir diminué le pouvoir des papes sur le temporel des rois. Quem (Danthem) egregias animi dotes ac scientiæ laudem et præclara scripta, tum aliis erroribus maculâsse observavit sanctus Antoninus [* 3] ; tum eo maxime, quo tertiâ parte tractatus sui de monarchiâ conatus est deprimere auctoritatem romani pontificis supra imperatores, seu reges Romanorum in temporalibus, quem idem Antoninus pluribus confutat[57]. Un véritable disciple de la Sorbonne, et un vrai enfant de l’église gallicane, n’auraient point parlé de la sorte. Notez que cet annaliste n’ose point spécifier les autres erreurs que saint Antonin a observées dans notre poëte. Le Poccianti n’a pas été si discret : car il nous apprend que saint Antonin a censuré Dante d’avoir publié le limbe des petits enfans, et d’avoir considéré comme une bassesse d’âme l’abdication volontaire du pape Célestin [58]. Il ajoute qu’en cela, et dans le dogme de l’indépendance des empereurs, ce grand poëte mérite d’être blâmé. In his culpandus venit vates iste pergloriosissimus[59]. Il est assez simple pour assurer que les saintes lettres, et que les lettres humaines expliquent partout combien l’opinion de l’indépendance est erronée ; car, dit-il, comme la lune est illuminée par le soleil, ainsi la puissance temporelle est illuminée par la puissance spirituelle. Voici ses paroles ; il est bon de les rapporter, afin qu’aucun lecteur ne me soupçonne de supercherie. Cæterùm in tertiâ parte Monarchiæ affirmat romanos imperatores nullam dependentiam habere à papâ, sed à solo Deo, nisi in spectantibus ad forum animarum, non autem in rebus temporalibus : quod quam erroneum si, ubique locorum in humanis et divinis literis explicatur ; sicut namque luna illuminatur à sole, ita potestas temporalis à spirituali[60].

M. du Plessis Mornai rapporte plusieurs opinions de Dante, qui ne sont guère conformes au papisme[61] : « Il fit un traité intitulé Monarchie, où il prouve que le pape n’est point au-dessus de l’empereur, et n’a aucun droit sur l’empire ; directement contre la Clémentine pastoralis, qui prétend l’un et l’autre, en vient mesmes jusques à dire en son Purgatoire :

Di hoggi mai che la Chiesa di Roma
Per confonder in se due reggimenti
Cade nel fango et se bruta et la soma.

Di maintenant que l’église de Rome,
Qui fond en un les deux gouvernemens,
Tombe en la fange, et se gaste, et la somme.


Se perd-elle mesme et la charge qui lui est commise. Réfute aussi la donation de Constantin, qu’il maintient n’estre de fait, et n’avoir peu de droict ; et pour ce fut par aucuns condamné d’hérésie. Que les decretistes, gens ignorans de toute bonne theologie et philosophie, afferment, que les traditions de l’église sont le fondement de la foy ; chose execrable, veu qu’on ne peut douter que ceux qui devant les traditions de l’eglise ont creu au Christ fils de Dieu, soit à venir, soit venu souffrir pour nous, et esperans, ont esté fervens en charité, ne soient ses coheritiers en la vie éternelle. En son poëme du Paradis en italien, se plaint, que le pape de pasteur est devenu loup et a fait desvoier les brebis ; que pour ce l’Évangile et les docteurs sont délaissés et ne s’estudient qu’aux decretales ; qu’à cela sont attentifs le pape et les cardinaux ; ne vont point leurs pensées à Nazareth, où l’ange Gabriel ouvrit ses aisles, mais au Vatican et autres lieux choisis de Rome, qui ont esté le cemetiere à la milice qui suivit sainct Pierre, et en ont proprement à Rome enseveli la doctrine ; que jadis on faisoit la guerre à l’église par glaives, mais que maintenant on la fait en lui ostant le pain, que Dieu lui donne, et qu’il ne desnie à personne, sçavoir la prédication de sa parole. Mais toi, dit-il, adressant sa parole au pape, qui n’escris que pour effacer, ou par un chancelier, pense que Pierre et Paul, qui moururent pour la vigne du Seigneur que tu gastes, vivent encor ; mais tu ne connois ni l’un ni l’autre. En un autre lieu, que c’est chose indigne, que l’escriture divine soit du tout mise en arriere, ou violentée ou torse ; qu’on ne considere point combien de sang elle a cousté à semer au monde ; combien elle est agreable à qui s’en accoste avec humilité ; qu’au contraire, chacun tasche à se faire valoir par ses inventions, et l’Évangile se taist ; les questions vaines, les fables retentissent sur la chaire toute l’année, et s’en retournent les povres brebis repeues du vent ; et plusieurs autres lieux s’en pourroient tirer contre les pardons et indulgences du pape, et autres abus de l’eglise romaine, qu’il nous dépeint de sorte qu’il est aisé de voir qu’il avoit bien remarqué la paillarde de l’Apocalypse [* 4]. » Coëffeteau, répondant à ce passage[62], observe, 1°. que Dante était Gibelin[63], et plein de ressentiment des maux que lui avait faits la faction contraire ; 2°. que Dante avoue et la donation et la cause qu’on allègue de la donation, à savoir la guérison de la lèpre de Constantin. Bien est-il vrai qu’en ce livre de la monarchie [* 5], il tâche de prouver que Constantin ne l’a pu faire, d’autant que c’était démembrer l’empire : mais un poëte n’est pas juge de cette matière d’état ; 3°. qu’en ce qu’il a dit des traditions, il n’y a point de mal, moyennant qu’il soit sainement entendu ; 4°. qu’il ne blâme que les papes de son temps, qu’il traite comme ennemis et persécuteurs de sa faction ; 5°. que quand il parle de ces pontifes, il proteste de révérer leur dignité, encore qu’il blâme leurs personnes ; 6°. qu’il n’a condamné que les imposteurs qui prêchaient de fausses indulgences, ou faisaient un sordide trafic des vraies. Voici quelques vers du Dante rapportés par Coëffeteau comme une preuve d’orthodoxie à l’égard de la soumission qui est due au pape.

Siate, Christiani, a movervi più tardi[64] ;
Non siate come penne ad ogni vento,
E non crediate ch’ogni acqua vi lavi :
Havete il Vecchio, e’l Novo Testamento,
E’l pastor de la chiesa, che vi guida :
Questo vi basti a vostro salvamento[* 6].

Rivet répond à cela[65] que l’auteur du livret italien intitulé Aviso piacevole dato a la bella Italia, avait recueilli les principales pièces, sur lesquelles Bellarmin a fourni de défenses à Coëffeteau ; qu’il faut donc que le lecteur, qui voudra entrer en examen de ces choses, confère à Bellarmin les animadversions du docte Junius, esquelles il trouvera de solides confirmations contre toutes ces illusions et élusions, et verra clairement que cet homme voyait l’Antechrist en un siége respecté par lui, mais duquel il déplorait la profanation, enfin l’homme de péché qu’il détestait, au temple de Dieu qu’il révérait. Rivet exhorte les adversaires à prendre garde à ces vers de Dante :

Di voi pastor s’accorse l’Uvangelista,
Quando colei chi siede sopra l’acque
Puttanggiar co’ i regi a lui fu vista
Quella che con le sette teste nacque,
E da le dieci corna hebbe argumento
Fin che virtute al suo marito piacque[* 7].

Là certes, poursuit ce ministre[66], il reconnaît que saint Jean au XVIIe. de l’Apoc. a parlé du pape, sous le nom de la paillarde assise sur les eaux, et de la bête à sept têtes et dix cornes, quoi que d’ailleurs il die du siége et de la puissance des clefs. Il n’y a personne qui nie que ces choses considérées en elles, en toute église ne soient recommandables. Mais si elles sont usurpées par un tyran, rien n’empêche aussi qu’on ne le décrive tel qu’il est..... Quant au fait de la donation de Constantin, qui y prendra bien garde trouvera qu’il en a rapporté l’opinion commune et reçue de son temps[67], par forme de concession, non sa créance, laquelle n’a jamais consenti à une telle absurdité. Pour ce qui concerne les six vers rapportés par Coëffeteau, voici comment son antagoniste les traduit. Soyez, ô chrétiens, plus tardifs à vous émouvoir : ne soyez comme plumes à tout vent, et ne croyez que toute eau vous lave : vous avez le Vieux et le Nouveau Testament, le pasteur de l’église qui vous conduit. Celui-là suffit à votre salut. Après quoi il parle ainsi : « Coëffeteau voudrait-il bien conseiller à tous chrétiens, pour s’affermir contre la légèreté en créance, de prendre le Vieux et le Nouveau Testament ? Il s’en gardera bien. Mais il n’a point de honte d’attribuer au pape, qu’il est le pasteur qui nous suffit à salut ; et voudrait bien que Dante eût ainsi blasphémé, qui sans doute a parlé du vrai Sauveur qui nous guide par le Vieil et le Nouveau Testament. » Nous avons ici un illustre exemple des illusions où l’on peut tomber, quand on s’arrête au premier sens que les expressions d’un homme offrent à l’esprit. Ceux qui lisent ces six vers de Dante, et qui les prennent in sensu obvio quem ipsamet propositionum verba præ se ferunt[68] ; qui les entendent, dis-je, de la manière qu’Innocent XI veut que l’on entende les cinq propositions de Jansénius, croyaient que ce poëte a voulu dire qu’il ne faut, pour être sauvé, que se conformer au Vieux et Nouveau Testament, et suivre la voie que le pape comme pasteur de l’église nous montre. Mais peut-être n’est-ce point là le vrai sens de Dante : peut-être a-t-il voulu dire ce que Rivet lui attribue. Apprenons de là qu’un auteur, qui veut éviter que des siècles à venir n’interprètent de plusieurs façons contraires ce qu’il a dit, souhaite une chose presque impossible. Si l’on prévoyait les controverses qui s’élèveront dans trois ou quatre cents ans, on s’exprimerait d’une manière plus précise ; mais je ne sais si les langues fourniraient autant de termes qu’il en faudrait pour ôter les équivoques, et pour obvier aux chicanes.

Prenez garde à une chose, c’est que Dante fournit des preuves, et à ceux qui disent qu’il était bon catholique, et à ceux qui disent qu’il ne l’était pas. L’auteur de l’Aviso a la bella Italia à recueilli les dernières : Bellarmin a recueilli les premières ; et d’ailleurs il a éludé le mieux qu’il a pu tous les passages de cet Aviso. Gretser nous renvoie à ce cardinal ; et c’est presque toute la réponse qu’il a faite au passage de M. du Plessis. In Dante, dit-il[69], luculentissima testimonia pro pontificis romani auctoritate, proque omnibus illis capitibus, quæ Plessæus et Illyricus attingunt, inveniuntur. Quâ de re operæ pretium erit legere Bellarminum in libello proprio contra Italum quendam calumniatorem, qui ex Dante potissimùm, Romani pontificis majestatem labefactare nitebatur : ad omnia enim profani hominis objecta respondit illustrissimus Bellarminus : et cap. 19 plurima loca ex Dante producit, quæ cum Plessæi et Illyrici delirationibus non magis consonant, quàm dies cum nocte, æther cum Tartaro.

(K) Il trouva des patrons illustres dans sa disgrâce, mais il ne sut pas toujours conserver leur affection. ] Je trouve quelque désordre dans les récits qui concernent ses voyages après son bannissement. Quelques auteurs disent que, se voyant exilé, il sentit croître en son âme le désir de l’érudition, et qu’il s’en alla premièrement à Bologne, pour s’y appliquer aux sciences les plus relevées, et puis à Paris. Exulem ubi se vidit, tum verò magis incensus est studio liberalium artium, ac Bononiæ primùm dedit operam gravioribus scientiis, indèque Lutetiam Parisiorum profectus est. C’est ce que Papyre Masson assure [70]. M. Bullart spécifie qu’il passa de Bologne à Paris, pour y apprendre la philosophie et les principes de la théologie [71]. Naudé débite[72] que Boccace nous a laissé par écrit que Dante, étant chassé de Florence par la violence des factions noire et blanche [73], se retira à Paris, et fréquentait fort en l’université[* 8], ubi sæpissimé adversùs quoscumque circa quamcumque facultatem volentes responsionibus aut positionibus objicere disputans intravit Gymnasium : et lui-même fait grande estime, au Xe. chant de son Paradis, d’un Séguier, excellent philosophe et dialecticien, qui lisait de son temps aux grandes écoles de la rue aux Fouerres, la doctrine duquel ne fut, comme il dit, sans envie.

Questi, ond’a me ritorna il tu’ rigardo
E il lume d’uno spirto che’n pensieri
Gravi a morire, gli parv’ esser tardo.
Essa è la luce eterna di Siggieri
Che leggendo nel vico de li strami
Sillogizzo invidiosi veri.

Pour savoir si les paroles de Boccace prouvent invinciblement que notre poëte ait étudié à Paris, depuis son exil, il est nécessaire de considérer ce qui les précède. Boccace venait de dire, Fuit inter cives suos egregiâ nobilitate verendus : et quantumcumque tenues essent illi substantiæ, et à curâ familiari, et postremò à longo exilio angeretur, semper tamen physicis atque theologicis imbutus vacavit studiis, et adhuc Julia fatetur Parisius, in eddem sæpissimè adersùs quoscunque, etc.[74]. Il est clair que ce passage témoigne que Dante exilé disputait souvent à toute outrance dans les colléges de Paris. Néanmoins, je connais quelques personnes qui s’imaginent que Boccace s’est trompé au temps : ils ne sauraient se persuader que Dante, qui avait été l’un des principaux gouverneurs des Florentins, et qui était animé d’une envie extrême de rétablir sa faction, se soit amusé à ergotiser dans les colléges à l’âge de plus de trente-cinq ans[75]. Ils croient donc qu’il ne fit paraître cette humeur si disputeuse dans les écoles de Paris, que lorsqu’il était un jeune écolier, et qu’avant d’être promu au conseil des huit. Ils disent qu’il fut disciple de Brunettus à Paris, et que cet homme mourut avant que Dante fût exilé. Ils le prouvent par le chant Xe. de l’Enfer[76]. Il est sûr que l’on y trouve que notre Dante avait été le disciple de défunt Brunetto Latinus.

Se fosse tutto pieno il mio domando,
Rispos’ io lui, voi non sareste anchora
Dell’ humana natura posto in bando,
Che’n la mente m’e fitta, ed hor m’accora
La cara, buona imagine paterna
Di voi, quande nel mondo ad hora ad hora
Mi mostravate, come l’huom s’eterna,
E quant’io l’habbia in grado mentre vivo
Convien, che nclla mia lingua si scerna[77].

Mais on n’y trouve point quelle est la ville où il l’eut pour maître. Quoi qu’il en soit, rapportons la note de Grangier sur ces parole de Dante, siete voi quì ser Brunetto, « Messire Brunetto Latin fut de Florence, un notaire ou secrétaire beaucoup estimé et versé en son art, mais d’une conscience assez mauvaise, dont étant accusé d’avoir commis plusieurs faussetés, il s’en alla demeurer à Paris, là où lisant publiquement la physique, il fut maître de Dante, et comme mathématicien ou astrologue lui prédit qu’il devait être l’un des plus doctes de son temps. Pour le vice de Sodomie notre poëte feint qu’il le trouve en ce lieu damné avec les sodomites[78]. » Joignez à cela que Dante suppose[79] que le professeur Séguier était mort. Il y a donc de l’apparence qu’il l’avait ouï et connu avant le temps où il feint qu’il fut conduit au paradis. Or ce temps devance son bannissement. Enfin, on peut observer que bien des auteurs, qui parlent de ce qu’il fit depuis sa disgrâce, ne font mention que des retraites qu’il alla chercher chez des princes d’Italie.

Selon Volaterran[80], il se retira d’abord avec ceux de sa faction chez Martel de Malespine : il alla ensuite à Vérone, auprès de Can de l’Escale ; et enfin à Ravenne, auprès de Guy Polentan, quatre ans après son exil. L’ordre, ni les temps, n’ont pas été bien observés dans ce récit. Nous apprenons de Dante même, qu’il se retira premièrement à Vérone, chez un seigneur de l’Escale[81] :

Il primo tuo rifuggio, e’l primo hostello
Sarà la cortesia del gran Lombardo,

Che’n su la scala porta il santo uccello :
C’havra ia te si benigno riguardo,
Che del far e del chieder tra voi due
Fia prima quel, che tra gli altri è pit tardo[82] ;


et qu’il y avait près de six ans qu’on l’avait banni[83], lorsqu’il se réfugia chez le marquis Malespine. Le sieur Freher conte qu’il fut d’abord à Paris, et qu’il en sortit pour aller trouver le roi d’Aragon qui l’appelait, et qui le combla de bienfaits ; et qu’ensuite il fut attiré par Can de l’Escale, qui se plaisait beaucoup à l’entretien de savans, et qui lui donna de belles marques de sa libéralité[84]. Ce récit n’est pas meilleur que celui de Volaterran. J’avoue que Boccace observe que Dante fut fort aimé de Fridéric d’Aragon, roi de Sicile[85].

Pour achever mon commentaire, il me reste à dire, que Dante n’eut pas le bonheur de plaire long-temps à son patron de Vérone. On ne lui cacha pas qu’on se dégoûtait de lui. Le grand Can de l’Escale lui dit un jour, c’est une chose étonnante qu’un tel qui est fou nous plaise à tous, et se fasse aimer de tout le monde, ce que vous qui passez pour sage ne pouvez faire. Il n’y a point là de quoi s’étonner, répondit Dante : vous n’admireriez pas une telle chose, si vous saviez combien la conformité des esprits est la source de l’amitié. Chacun voit que cette réponse était trop choquante, pour n’achever pas de ruiner ce poëte auprès du prince de Vérone. Vous allez lire ce fait en latin, et un peu plus étendu. Dantes Aligherius, ces paroles sont de Pétrarque[86], et ipse concivis nuper meus, vir vulgari eloquio clarissimus fuit, sed moribus parùm per contumaciam, et oratione liberior quàm delicatis ac studiosis ætatis nostræ principum auribus atque oculis acceptum foret. Is igitur exul patriâ, cùm apud Canem magnum, commune tunc afflictorum solamen ac profugium, versaretur, primo quidem in honore habitus, deindè pedetentim retrocedere cœperat, minùsque in dies domino placere. Erant in eodem convictu histriones ac nebulones omnis generis, ut mos est, quorum unus procacissimus obscænis verbis ac gestibus, multùm apud omnes loci ac gratiæ tenebat. Quod molestè ferre Dantem suspicatus Canis, producto illo in medium, et magnis laudibus concelebrato, versus in Dantem : miror, inquit, quid causæ subsit, cur hic cùm sit demens, nobis tamen omnibus placere novit, et ab omnibus diligitur, quod tu qui sapiens diceris non potes ? Ille autem : Minimè, inquit, mirareris, si nôsses quòd morum paritas et similitudo animorum amicitiæ causa est.

(L) On conte une chose singulière de son attention à la lecture. ] Il entra un jour chez un libraire, dont la boutique donnait sur la grande place de la ville. Son dessein était de voir quelques jeux publics qui se devaient célébrer ; mais ayant rencontré un livre qu’il avait envie de consulter, il s’appliqua à le lire de telle sorte que s’en retournant chez lui, il protesta avec serment qu’il n’avait rien vu ni ouï de tout ce qui s’était fait, et qui s’était dit pendant la célébration des jeux. Dantem Florentinum ferunt ad spectacula ductum apud bibliopolam, quòd ex ejus tabernâ in forum prospectus esset, consedisse, librumque, cujus fuisset cupidus, invenisse, quem tam avidè attentèque legerit, ut domum rediens juramento testatus sit, nihil se vidisse aut audiisse ex iis, quæ in foro dicta factaque essent, quemadmodum de eo scribit Æneas Sylvius[87].

  1. * V. la remarque (A) de l’article Capet, tom. IV, pag. 398.
  2. * Leclerc note que le père Hardouin, dans les Mémoires de Trévoux, août 1727, a tâché de prouver que ce poëme n’était point du Dante, mais d’un poëte postérieur d’un siècle. Joly, à l’article Capet, analyse la dissertation d’Hardouin qu’il réduit à huit objections, lesquelles il réfute successivement d’après l’abbé Goujet, Bibl. franc., VII. 292.
  3. (*) Anton., tit. 21, cap. 5 ; § 2.
  4. (*) Dante, del Paradiso, c. 9 et 29 ; et del Purgatorio, c. 32.
  5. (*) Dantes Alig., lib. 3 de Monarch., cap. ultim.
  6. (*) Cant. V del Paradiso,
  7. (*) Canto XIX del Inferno.
  8. (*) Lib. 15 Genealog., cap. 6.
  1. Reusner., in Diario, pag. 81.
  2. Volaterranus, Commentar. Urbanor., lib. XXI, pag. m. 770.
  3. Idem, ibidem.
  4. Michael Pocciant., de Scriptor. Florentinis, pag. 33 et 44. Voyez la remarque (K).
  5. Volaterranus, Comment., lib. XXI pag. 771.
  6. Papyr. Masso, Elogior. tom. II, pag. 28.
  7. Idem, ibidem.
  8. Frère de Philippe-le-Bel, roi de France,
  9. Dans l’article Capet, tome IV.
  10. Voyez la remarque (K).
  11. Voyez la remarque (I).
  12. Erat morosissimus et philosophorum instar, ut qui tristitiam præ se ferre videretur, nec facilè loqui et brevissimè conceptiones animi exprimere solebat. Papyr. Masso, Elogiorum tom. II, pag. 28.
  13. Voyez la remarque (B).
  1. Il se dit le père du bisaïeul de Dante, dans le chant XV du Paradis de ce poëte, pag. m. 331.
  2. Vel nepos vel filius. Papyr. Masso, in Elog. tom. II, pag. 16. Bullart. Académie des Sciences, pag. 306, ne devait pas dire le neveu.
  3. Voyez le Paradis de Dante, chant. XVI, pag. m. 339.
  4. Dante, au chant. XVI du Paradis, pag. m. 350.
  5. Le même, au chant X de l’Enfer.
  6. Dans son Discorso sopra l’Inferno de Dante, pag. 2, 3 et 184.
  7. Volaterranus, lib. XXI, pag. 770.
  8. Dans le chant XVI du Paradis.
  9. Grangier, Commentaire sur le Paradis de Dante, pag. 251, 253.
  10. Volater., Comm. Urban, lib. XXI, pag. 771.
  11. Grangier, sur le chant XXX du Purgat. de Dante, pag. 520.
  12. Vincenzio Buonanni, Discorso sopra l’Inferno de Dante, pag. 15.
  13. Grangier, sur le chant XXX du Purgat., pag. 512.
  14. Bull., Académie des Sciences, tom. II, pag. 308.
  15. Voyez son Purgat., au chant XXIV, pag. m. 416.
  16. Papyr. Masso, Elogior. tom. II, pag. 27.
  17. Idem, ibid.
  18. Scripta sua cœperat in classes instruere, et immortalitati suæ viaticum comparare. Pierus Valer., de Litterat. infelicitate, pag. 37.
  19. C’était la patrie du troisième Dante.
  20. Ex Pierio Valeriano de Litterator. infelicit., pag. 37.
  21. Lilius Gyrald., de Poët. hist., dial. V, pag. 308.
  22. Octovirali supremæ potestutis magistratu insignem. Paulus Jovius, Elogior. cap. IV, pag. m. 19.
  23. Voyez Sponde, Annal. eccles., ad ann. 1301, num. 3 et 4. Il cite Villani, lib. VIII, cap. XLVIII.
  24. Volater., Comm. Urbanor., lib. XXI, pag. 751.
  25. C’est ainsi que Volaterran s’exprime : Etiam Henricum sextum ad Florentiæ obsidionem ducendo. Idem, ibid. Il fallait dire septimum et non pas sextum.
  26. Voyez le Poccianti, de Script. Florent, pag. 45 ; et Papyr. Masson, Elogior. tom. II, pag. 19.
  27. Volaterranus, Comment. Urban., lib. XXI, pag. 771.
  28. Idem, ibidem.
  29. Lustravitque navalem apparatum urbis et armentarium sumptu atque opere visendum, ut primis statim verbis Cantici vigesimi primi Inferorum indicat. Papyr. Masso, Elogior. tom. II, pag. 21.
  30. Pocciantius, de Script. Florent., pag. 45. 46. Voyez aussi Paul Jove, Elogior. cap. IV, pag. 9. Je corrige les fautes d’impression qui sont aux vers de l’épitaphe dans le Poccianti.
  31. Poccianti, ibid., pag. 46.
  32. Jovius, Elogiorum cap. IV, pag. 19.
  33. Ibidem, pag. 20.
  34. Bullart, Académie des Sciences, tom. II, pag. 307.
  35. Il était oncle paternel du jurisconsulte François Accurse. Grangier, Comment. sur le Purgatoire de Dante, pag. 401.
  36. Dante, chant XXIII du Purgatoire, pag. m. 396.
  37. Grangier, Commentaire sur le Purgatoire de Dante, pag. 404.
  38. Nicolas de Montand, Miroir des Français, liv. I, pag. 17, 18, édit. de 1581.
  39. Voyez dans la remarque (B) de l’article Dempster, le scandale des Parisiens.
  40. Voyez entre autres Flacius Illyricus, in Catalogo testium Veritatis ; et Wolfius, au Ier. volume Lectionum memorabilium, et reconditarum, pag. m. 612. :
  41. J’ai vu une édition de Venise faite (je crois) sur celle-là, en 1578, in-folio, dédiée le 10 juin 1578, par. Gio. Ant. Rampazetto, à Guillaume de Gonzague duc de Mantoue.
  42. Et non pas au grand-duc Cosme, comme Michel Poccianti, de Scriptor. Florent., pag. 169, l’assure.
  43. Leand. Albert., in Descript. ltal., pag. 493.
  44. Au commencement de la IIIe. partie des Jugemens sur les Poëtes.
  45. Voyez le chant XVI et le XXIe. de l’Enfer.
  46. Voyez ci-dessous, citation (76).
  47. Nicius Erithræus, Pinacoth. I, pag. 68.
  48. Tiré de Nicius Erythræus, Pinac. II, pag. 72, 73.
  49. Idem, ibid., pag. 73.
  50. Ugurgieri, nelle Pompe Sanesi, apud Lorenzo Crasso, Istoria de’ Poëti greci, pag. 85, 86.
  51. Idem, ibid., apud eundem Crasso, pag. 86.
  52. Lilius Gyrardus, Hist. poëtar., dial. V, sub fin., pag. m. 308.
  53. Idem, ibid.
  54. Raphael Volaterranus, lib. XXI, pag. 771.
  55. M. Moréri cite mal ici ; car il cite Bartoli, lib. I, de Iniquit reis. Ce sont trois fautes : 1°. On se croit renvoyé, non pas au jurisconsulte Barthole, mais au jésuite Bartoli. 2°. Il fallait citer lege i, et non pas libro i. La 3e. faute est de n’avoir pas dit inquir. reis, mais iniquit. reis [ Il faut de requirendis reis, comme ce titre est cité d’après Barthole même par Jean Névisau, l. i, n. 132 de sa Forêt nuptiale. C’est le titre 17 du 48e. livre du Digeste, ou il est conçu en ces termes : de requirendis, vel absentibus damnandis. De inquirendis reis est proprement le titre 40 du 9e. livre du Code. Rem. crit. ]
  56. Spondanus, ad ann. 1321, num. 7. Il cite le Ier. livre de l’Anthropologie de Volaterran. Cette citation, copiée par Moréri, ne vaut rien ; car cette Anthropologie n’est point divisée en livres particuliers : elle s’étend depuis le XIIIe. livre des Commentaires de l’auteur inclusivement, jusques au XXIVe. exclusivement. Ce que M. de Sponde allègue est un livre XXI.
  57. Spond., ad ann. 1321, num. 7.
  58. Pocciantius, de Script. Flor., pag. m. 45.
  59. Idem, ibidem.
  60. Pocciantius, de Scriptor. Flor., pag. 45.
  61. Du Plessis, Mystère d’iniquité, pag. 419, 420.
  62. Coëffeteau, Réponse au Mystère d’iniquité, pag. 1032, 1033.
  63. Les Gibelins étaient le parti opposé aux papes.
  64. Grangier traduit ainsi ce premier vers :

    Pour les vœux, ô chrétiens, soyez d’un cœur plus grave.

    Le poëte venait de parler des vœux téméraires.

  65. Rivet, Remarques sur la Réponse au Mystère d’iniquité, IIe. part., pag. 494 et suiv.
  66. Rivet, Remarques sur la Réponse au Mystère d’iniquité, IIe. partie, pag. 495.
  67. Voyez le chant XIX de l’Enfer, pag. m. 236.
  68. Ces paroles sont tirées d’un bref d’Innocent XII aux évêques du Pays-Bas, daté du 6 de février 1694.
  69. Gretserus, Exam. Mysterii Plessæani, pag. 463.
  70. Papyr. Masso, Elog., tom. II, pag. 18.
  71. Bullart, Académie des Sciences, tom. II, pag. 307.
  72. Naudé, Additions à l’Histoire de Louis XI, pag. 175, 176.
  73. Il n’en fut chassé que par la faction des Noirs.
  74. Boccatius, de Geneal. Deor., lib. XV, cap. VI ; apud Papyr. Masson., Elogior. tom. II, pag. 213.
  75. Selon Buonanni, qui met sa naissance à l’an 1260, il en eût eu plus de quarante un. Voyez son Discours sur le chant XXI de l’Enfer, pag. 137.
  76. Dante suppose qu’il le trouva dans l’enfer ; or, il supporte que son voyage en enfer se fit l’an 1300, et il ne fut banni qu’en 1301.
  77. Dante, canto XV de l’Inferoo, pag. m. 116.
  78. Grangier, sur le XVe. chant de l’Enfer de Dante, pag. 166, 167.
  79. Au Xe. chant du Paradis, pag. m. 230.
  80. Volaterran., Comment. Urbau., lib. XXI, pag. 771.
  81. Grangier, sur cet endroit de Dante, l’appelle Albouin, et le fait frère aîné de Can le Grand.
  82. Dante, au chant XVII du Paradis, pag. m. 445.
  83. Voyez le chant VIII du Purgatoire, pag. 138.
  84. Paulus Freher., in Theatro, pag. 1422. Il cite les cinquante Vies de Boissard.
  85. Boccat., Genealog. Deorum, lib. XIV, cap. XI, apud Papyr. Masson., Elogior. tom. II, pag. 214.
  86. Petrarcha, Rerum memorandarum lib. IV, apud Papyr. Masson., ibid., pag. 22, 23.
  87. Philippus Carolus, Animadv. in Aul. Gellium, pag. 592.

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