Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Déjotarus


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DÉJOTARUS, l’un des tétrarques de Galatie, s’agrandit peu à peu de telle sorte, qu’il empiéta presque tous les droits des autres tétrarques, et qu’il obtint du sénat romain le titre de roi, et la petite Arménie [a]. Il fut enfin le seul tétrarque [b]. Il rendit de bons services aux Romains dans toutes leurs guerres d’Asie (A) ; et ne doutant pas que le parti de Pompée ne fût celui du peuple romain, et que le parti de César ne fût le parti rebelle, il se déclara pour Pompée (B) et lui amena de bonnes troupes. Il en fut censuré rudement quelque temps après, lorsque César revenant d’Égypte pour aller combattre Pharnace, roi du Pont, s’approcha de la Galatie. Déjotarus, voulant lui faire oublier son attachement pour Pompée et se procurer un appui contre les autres tétrarques, lui avait fourni beaucoup d’argent [c], et avait donné des quartiers dans ses états aux troupes de Domitius Calvinus [d]. Cela ne fut point inutile ; car, après avoir essuyé quelques fortes réprimandes, il trouva grâce devant César (C). Il lui avait demandé pardon ; et pour le faire avec plus d’humilité, il avait mis bas les habits royaux. César les lui fit reprendre, lui pardonna le passé [e], et lui confirma et à lui et à son fils le titre de roi [f] ; mais il le mena à la guerre contre Pharnace [g] ; et puis il lui ôta l’Arménie, et une partie de la Galatie [h]. Quelque temps après, Déjotarus eut à Rome une très-fâcheuse affaire. Il y fut accusé d’attentat sur la vie de César : on soutint que, lorsque César logea chez Déjatorus, celui-ci eut dessein de le tuer. Castor, fils du gendre de Déjotarus, poussa cette accusation, et suborna le médecin [i] de son aïeul maternel, pour déposer contre son maître. Cicéron plaida la cause de l’accusé [j], et réussit admirablement ; néanmoins, il n’obtint pas gain de cause : César ne prononça rien ni pour ni contre (D), il aima mieux laisser cela indécis : ceux qui affirment le contraire se trompent (E). Quelques mois après on l’assassina. Déjotarus n’en eut pas plus tôt reçu la nouvelle, qu’il reprit tout ce que César lui avait ôté [k]. Son grand âge ne l’empêcha point de se joindre à Brutus dans l’Asie [l], et il confirma par cette démarche les promesses de ses bons desseins que l’on avait faites au sénat [m]. Il n’était point aussi débonnaire que son orateur le représente (F) : il fit mourir sa fille et son gendre, et démolit la forteresse où ils demeuraient. Il y a beaucoup d’apparence que Castor lui échappa (G), et que c’est lui qui obtint en l’année 714 de Rome, les pays que Déjotarus et Attalus laissèrent vacans dans la Galatie par leur mort. Déjotarus eut un autre gendre contre lequel il entreprit une guerre de religion (H) ; car comme il était le patron du temple et des prêtres de la déesse Cybèle, il ne put souffrir que Brogitarus son beau-fils profanât ce lieu sacré : il arma donc contre lui et l’en chassa. Il était entêté de superstitions pour les augures autant qu’homme du monde (I). Cicéron a fait sur cela de fort bonnes réflexions (K). On ne démêle pas bien en quel temps Brutus plaida fortement auprès de César la cause de Déjotarus (L). Si l’on pouvait comparer les femmes du Vieux Testament avec celles du paganisme, on mettrait en parallèle Sara, femme d’Abraham, avec Stratonice, femme de Déjotarus (M). Ce dernier répondit habilement à la raillerie de Crassus touchant sa vieillesse (N). M. Moréri n’a donné ici qu’un petit article : la matière était pourtant bien fertile ; il n’y avait qu’à prendre la peine de la rassembler. Sa brièveté n’empêche pas qu’il n’ait fait de grosses fautes (O). On les trouvera ci-dessous dans la dernière remarque.

  1. Hirtius, de Bello Alexandr., cap. LXVII.
  2. Strabo, lib. XII, pag. 390.
  3. Cicero, Orat. pro Dejotaro, cap. V.
  4. Il était lieutenant de Jules César en Asie.
  5. Hirtius, de Bello Alexandrino, cap. LXVIII.
  6. Cicero, Orat. pro Dejotaro, cap. III.
  7. Hirtius, de Bello Alexandrino, cap. LXVIII.
  8. Cicero, de Divinat., lib. II, cap. VIII et XXXVI ; et Philipp. II, cap. XXXVII.
  9. Il était venu à Rome avec les ambassadeurs de Déjotarus.
  10. Vide Orationem Ciceronis pro rege Dejotaro passim.
  11. Cicero, Philipp. II.
  12. Dio, lib. XLVII, pag. 388.
  13. Cicero, Philipp. XI, cap. XII.

(A) Il rendit de bons services aux Romains dans toutes leurs guerres d’Asie. ] Cicéron en parle magnifiquement ; voici ses paroles [1] : Quid de patre (Dejotaro) dicam ? cujus benevolentia in populum Romanum est ipsius æqualis ætati : qui non solùm socius imperatorum nostrorum fuit in bellis, verùm etiam dux copiarum suarum. Quæ de illo viro Sulla, quæ Murena, quæ Servilius, quæ Lucullus ? quàm ornatè, quàm honorificè, quàm graviter sæpè in senatu prædicaverunt ? Quid de Cn. Pompeio loquar ? qui unum Dejotarum in toto orbe terrarum ex animo amicum, verèque benevolum, unum, fidelem populo R. judicavit. Fuimus imperatores ego, et M. Bibulus in propinquis finitimisque provinciis : ab eodem rege adjuti sumus, et equitatu, et pedestribus copiis. Voyez aussi ce qu’il écrivit pendant qu’il commandait dans la Cilicie [2].

(B) Déjotarus se déclara pour Pompée. ] Immédiatement après le latin que l’on vient de lire, Cicéron continue de cette manière : Secutum est hoc acerbissimum et calamitosissimum civile bellum : in quo quid faciendum Dejotaro ? quid omninò rectius fuerit, dicere non est necesse, præsertim cùm contra, ac Dejotarus sensit, victoria belli judicârit. Quo in bello si fuit error, communis ei fuit cum senatu : sin recta sententia, victa quidem caussa vituperanda est. Ces paroles nous apprennent que Déjotarus avait cru que Pompée triompherait : il s’était donc engagé à ce parti tant par des raisons de politique, que par des raisons de justice. Nous verrons dans les remarques suivantes qu’il crut toujours s’être déclaré pour la bonne cause, mais qu’il se garda bien de parler selon ses pensées devant César.

(C) Après avoir essuyé quelques fortes réprimandes, il trouva grâce devant César. ] Il demanda pardon à César d’avoir combattu contre lui à la journée de Pharsale : il lui représenta la situation de son pays, qui l’avait mis hors d’état d’être maintenu par les troupes de César : il ajouta que ce n’était point à lui de se rendre juge des différens du peuple romain, mais d’obéir en toutes rencontres à ceux qui étaient en possession du commandement. Dans le vrai c’étaient de fausses excuses ; car il avait été fortement persuadé que la cause de Pompée était celle de la patrie, et que César était un sujet rebelle. Il s’était donc porté pour juge des différens du peuple romain. On ne doit pourtant pas trouver étrange qu’il ait caché ses pensées ; car il n’y a guère que des saints du plus haut étage, ou des philosophes pleins de mépris pour les biens du monde, qui puissent avoir l’ingénuité qu’il n’eut pas. Toutes ses excuses furent rejetées : on lui dit que son imprudence était visible, et qu’il n’avait pu ignorer que César était le maître de Rome, c’est-à-dire du siége du sénat, et du centre de l’autorité du peuple romain. Ceci soit dit en faveur de ceux qui n’entendent pas le latin ; car ceux qui l’entendent aimeront mieux que je leur cite les paroles d’Hirtius. Les voici donc [3] : Cùm propius Pontum finesque Gallogræciæ accessisset (Cæsar), Dejotarus, Tetrarches Gallogræciæ tunc quidem penè totius, quod ei neque legibus neque moribus concessum esse cæteri Tetrarchæ contendebant, sine dubio autem rex Armeniæ minoris à senatu appellatus, depositis regiis insignibus, neque tantum privato vestitu, sed etiam reorum habitu supplex ad Cæsarem venit oratum, ut sibi ignosceret, quòd in eâ parte positus terrarum, quæ nulla præsidia Cæsaris habuisset, exercitibus imperiisque in Cn. Pompeii castris affuisset. Neque enim se debuisse judicem esse controversiarum populi Romani, sed parere præsentibus imperiis. Contra quem Cæsar, cùm plurima sua commemorâsset officia, quæ consul ei decretis publicis tribuisset, cùmque defensionem ejus nullam posse excusationem imprudentiæ recipere coarguisset, quòd homo tantæ pradentiæ ac diligentiæ scire potuisset quis urbem Italiamque teneret, ubi senatus populusque romanus, ubi respublica esset, quis deindè post L. Lentulum et M. Marcellum consul esset : tamen se concedere id factum superioribus suis beneficiis, veteri hospitio et amicitiæ, ac dignitati ætatique hominis, precibus eorum qui frequentes concurrissent hospites atque amici Dejotari ad deprecandum. De controversiis Tetrarcharum posteà se cogniturum esse dixit : regium vestitum ei restituit. Legionem autem unam, quam ex genere civium suorum Dejotarus naturâ disciplinâque nostrâ constitutam habebat, equitatumque omnem ad bellum gerendum adducere jussit.

(D) Il fut accusé d’attentat sur la vie de César... César ne prononça rien ni pour ni contre. ] Je ne puis citer sur ce sujet que le père Abram : Videtur Cæsar, dit-il [4], sententiam distulisse, dum ut statuerat primo quoque tempore proficisceretur in Orientem : certè non fuit absolutus, ut constat è II Philippicâ. Je mets en note les paroles qu’il a citées de la IIe. Philippique [5]. Elles me font souvenir d’une chose que j’ai remarquée ailleurs [6], qui est que les avocats sont fort sujets à se contredire, parce qu’ils se servent d’un même fait, ou d’une même raison, tantôt en un sens, tantôt en un autre, selon le besoin des causes qu’ils ont en main. Lorsque Cicéron réfuta les accusateurs de Déjotarus, il dit qu’il n’était nullement croyable que ce prince, qui venait de recevoir tant de bienfaits de Jules César, eût songé à le faire mourir. Quæ quidem à te in eam partem accepta sunt C. Cæsar, ut eum amplissimo regis honore et nomine affeceris. Is igitur non modò à te periculo liberatus, sed etiam honore amplissimo ornatus arguitur domi te suæ interficere voluisse, quod tu, nisi eum furiosissimum judicas, suspicari profectò non potes. Ut enim omittam, cujus... tam inhumani et ingrati anni à quo rex appellatus esset in eum tyrannum inveniri [7]. Mais lorqu’au bout de quelques mois il voulut s’inscrire en faux contre un décret qu’on débita sous le nom de Jules César, il raisonna de cette manière : Ce décret est favorable à Déjotarus ; donc César n’en est point l’auteur, lui qui a toujours été contraire à Déjotarus, et qui ne lui a jamais accordé, ni aucune grâce, ni aucune justice : et là-dessus il allégua nommément tout ce que César avait eu de duretés pour Déjotarus au milieu même de la Galatie, c’est-à-dire où et quand Déjotarus avait voulu le faire périr, à ce que disaient les accusateurs. Compellârat hospitem præsens, computârat, pecuniam imperârat, in ejus Tetrarchiâ unum ex Græcis comitibus suis collocârat : Armeniam abstulerat à senatu datam [8]. Ainsi, la conduite de César à l’égard de Déjotarus servit au pour et au contre entre les mains de Cicéron. Quand on eut besoin de prouver que Déjotarus avait de grandes obligations à César, on la proposa comme une conduite bienfaisante : mais lorsqu’on eut besoin de prouver que Déjotarus n’avait jamais eu de part à l’amitié de César, on la proposa comme une conduite malfaisante. Ce qu’elle avait eu de favorable pour Déjotarus servit de preuve contre les accusateurs : ce qu’elle avait eu de contraire à ce même prince, servit de preuve contre Marc Antoine. Je voudrais savoir ce que Cicéron aurait répondu à un homme qui lui serait venu dire : J’ai appris par votre seconde Philippique, que lorsque César passa par la Galatie, il traita fort durement Déjotarus : il est donc probable que Déjotarus pour se venger conspira contre César : effacez donc du plaidoyer pour Déjotarus la preuve que vous avez employée contre ses accusateurs, tirée de la gratitude que lui inspiraient les grands bienfaits de Jules César.

Si l’on ne connaissait pas les ruses des politiques, on s’étonnerait de voir que César ne prononça pas un arrêt d’absolution dans la cause de Déjotarus ; car, à juger de l’accusation par la réponse de l’accusé, il n’y eut jamais de calomnie plus grossièrement forgée que celle des accusateurs de Déjotarus. Outre que l’un des ambassadeurs de ce roi offrit à César de se constituer prisonnier, et répondait corps pour corps de l’innocence de son maître : Hieras quidem caussam omnem suscipit, et criminibus illis pro rege se supponit reum [9]. Ce qu’ils dirent de plus vraisemblable est, ce me semble, que Déjotarus, pendant la guerre d’Afrique, fut extrêmement alerte sur les nouvelles de ce pays-là, et avide d’en apprendre de mauvaises touchant César [10] : il lui importait de ne le plus craindre, il n’y avait que cette crainte qui l’empêchât de reprendre la possession de ce qu’il avait perdu. César n’en doutait point ; et c’est pourquoi il fut bien aise de ne point l’absoudre : il le tint en bride par ce moyen, et il encouragea les espions et les délateurs. Il était de son intérêt que la punition de la calomnie en cette rencontre ne tirât point ses ennemis de l’appréhension où ils pouvaient être qu’on ne les calomniât. Cette inquiétude est bonne à entretenir quand on occupe des postes tels que celui de César. Ce que Cicéron représenta est très-beau : si l’on permet de suborner des domestiques afin qu’ils déposent contre leurs maîtres, et si l’on ne punit pas ces faux délateurs, on déclare la guerre à tous les chefs de famille, personne ne sera en sûreté dans son logis, et, par une étrange métamorphose, les maîtres seront les esclaves de leurs valets, et ceux-ci deviendront tyrans de leurs maîtres. Servum sollicitare verbis, spe, præmiisque corrumpere, abducere domum, contra dominum armare, hoc est non uni propinquo, sed omnibus familiis bellum nefarium indicere. Nam ista corruptela servi, si non modò impunita fuerit, sed etiam à tantâ autoritate approbata, nulli parietes nostram salutem, nullæ leges, nulla jura custodient : ubi enim id quod intùs est atque nostrum impunè evolare potest, contraque nos pugnare, fit in dominatu servitus, in servitute dominatus. Ô tempora, ô mores [11] ! Cicéron ne prenait pas garde que le funeste désordre qu’il représentait sera toujours ce que les tyrans, ce que les usurpateurs chercheront. Ils voudraient que l’on eût à craindre que les murailles et les planchers de nos chambres ne s’érigeassent en témoins. Remarquez que de tout temps les espions et les délateurs ont pris garde à la manière dont on raisonne sur les nouvelles. C’est un des crimes qu’ils objectèrent à Déjotarus.

(E) ..... Ceux qui affirment le contraire se trompent. ] Un discours politique, imprimé l’an 1660, où sont montrées des raisons d’une des chambres de comptes de France à ratifier les lettres de naturalité des étrangers, quoique religionnaires, contient ces paroles [12] : Si vous aviez lu ces livrets, peut-être que l’avis que vous avez apporté de vos logis vous tomberait aussi facilement que fit l’étui de condamnation de César contre Déjotarus, après qu’il eut entendu si éloquemment et fortement le grand Cicéron parler à sa décharge. On prend l’un pour l’autre dans ce passage : Déjotarus pour Ligarius. Voyez l’article Ligarius, remarque (A).

(F) Il n’était point aussi débonnaire que Cicéron le représente. ] On reprochait à Déjotarus d’avoir appliqué un vers à deux nouvelles qu’il avait reçues en même temps, l’une bonne, l’autre mauvaise ; l’une que Domitius, son ami, avait fait naufrage ; l’autre que César était assiégé dans un château. Cicéron, voulant montrer que c’était une calomnie, dit, entre autres choses, que Déjotarus est un homme débonnaire, et que le vers dont il s’agit est le plus barbare du monde. Périssent nos amis, pourvu que nos ennemis périssent aussi. C’est le sens de ce vers-là. Quùm esset ei nuntiatum Domitium naufragio periisse, te in castello circumsideri, de Domitio dixit versum græcum eâdem sententiâ quâ etiam nos habemus latinum, Pereant amici, dum unà inimici intercidant. Quod ille si esset tibi inimicissimus nunquàm tamen dixisset : ipse enim mansuetus, versus immanis [13]. Plutarque a représenté Déjotarus sous une toute autre idée. Selon Chrysippe, dit-il, Dieu ressemble à Déjotarus, roi des Galates, qui ayant plusieurs enfans les tua tous, excepté celui auquel il voulait laisser son royaume. Pour bien entendre ceci, il faut voir un peu au long et ce qui précède et ce qui suit. Comme les villes et citez, quand elles sont trop pleines de peuples, en ostent ou envoyent des colonies au loin, et commencent des guerres contre quelques-uns : aussi Dieu, selon Chrysippe, envoye les commencemens de quelque mortalité, et cite pour tesmoin Euripides, et les autres qui disent que la guerre de Troye fut envoyée par les dieux pour espuiser la trop grande multitude du peuple... Considerez comment Chrysippe donne à Dieu tousjours les plus beaux noms, et les plus humaines appellations du monde, et au contraire les effets sauvages, cruels, barbares, et Galactiques ; car à ses colonies que les citez envoyent dehors ne ressemblent point proprement ces grandes mortalitez et pertes d’hommes, comme celle qu’amena la guerre de Troye ou celle des Medes, ou la Peloponnesiaque ; si ce n’est que ces gens-ci sachent qu’il y a quelque ville qui se fonde et se peuple dessous la terre aux enfers. Mais Chrysippus fait Dieu semblable à Dejotarus, le roi de Galatie, lequel ayant plusieurs enfans, et voulant laisser son estat et royaume à l’un d’iceux seul, il tua lui-mesme tous les autres, comme s’il eust coupé et taillé les branches d’un cep de vigne, afin que celle qui demeure en devienne plus grande et plus forte [14], combien que le vigneron le face lorsque les branches sont encore petites et foibles. Et nous quand les petits chiens sont encore si jeunes qu’ils ne voyent goute, pour espargner la chienne, nous lui en ostons plusieurs : là où Jupiter ne laisse pas tellement croistre et venir en aage parfait les hommes, ains lui-mesme les faisant naistre, et leur donnant croissance, les tourmente puis après en leur préparant occasions de corruption et de mort, là où il faloit plustost ne leur donner point de causes et de principes de naissance [15]. Ces paroles de Plutarque contiennent une comparaison qui me fait souvenir d’une sottise de Vanini, que j’ai lue dans la Doctrine curieuse du père Garasse, à la page 815. « Pour les hommes, disait-il, faudroit faire comme les buscherons font tous les ans dans les grandes forests : ils y entrent pour les visiter, pour recognoistre le mort bois ou le bois vert, et effemesler la forest, retrenchant tout ce qui est inutile et superflu, ou dommageable, pour retenir seulement les bons arbres, ou les jeunes baliveaux d’esperance. Tout de mesme, disoit ce meschant athéiste, il faudroit tous les ans faire une rigoureuse visite de tous les habitans des grandes et populeuses villes, et mettre à mort tout ce qui est inutile, et qui empesche de vivre le reste, comme sont les personnes qui n’ont aucun mestier profitable au public, les vieillards caduques, les vagabonds et feneans : il faudroit effemesler la nature, esclaircir les villes, mettre à mort tous les ans un million de personnes, qui sont comme les ronses ou les orties des autres, pour les empescher de croistre. » L’action que Plutarque impute à Déjotarus ne paraît pas trop certaine, quand on la compare avec les louanges que Cicéron a données à ce roi de Galatie, et avec le silence des accusateurs par rapport à une telle inhumanité. Aurait-on osé appeler Déjotarus un très-bon père de famille, optimus paterfamilias [16], si Castor, son petit-fils, avait pu lui reprocher le meurtre de ses enfans ? Aurait-on osé dire que sa probité, reconnue de tout le monde, réfutait assez pleinement la calomnie ? Hoc loco Dejotarum non tam ingenio et prudentiâ, quàm fide et religione vitæ defendendum puto. Nota tibi est, C. Cæsar, hominis probitas, not mores, nota constantia : cui porrò, qui modo populi Romani nomen audivit, Dejotari probitas, integritas, gravitas, virtus, fides non sit audita [17] ? Remarquez bien qu’au temps de l’accusation, Déjotarus n’avait qu’un fils. Il est même vrai qu’il n’en avait qu’un quand César logea chez lui [18]. On me dira que Strabon [19] rapporte une chose qui favorise Plutarque : c’est que Déjotarus s’étant emparé de la ville capitale de Saocondarius, son gendre, l’y fit massacrer, traita de même sa fille, femme de Saocondarius, démolit la forteresse et saccagea presque toutes les maisons. Je répondrai que cela diffère beaucoup de la narration de Plutarque. On fit cela sans doute pour se venger de la noire trahison de ce gendre, qui apparemment avait été le principal directeur de l’accusation de Déjotarus.

Disons en passant que la ville capitale de Saocondarius s’appelait Gorbéius ; mais comme Strabon, peu de pages auparavant [20], nomme Morzéus la capitale du petit-fils de Saocondarius, il y a quelque apparence que ces noms-là ne sont point dans leur état naturel. Casaubon le conjecture. On peut conjecturer la même chose touchant la ville capitale de Déjotarus ; elle s’appelait Blucium [21], suivant quelques manuscrits, et Blubium, suivant quelques autres. Qui doute qu’il n’y ait là une faute, puisque Cicéron [22] nomme Castellum Lucceium [23] le château où Déjotarus devait recevoir César ?

(G) Il y a beaucoup d’apparence que Castor lui échappa. ] Castor fut à Rome le promoteur de l’accusation, et y suborna le médecin de Déjotarus, pour le faire déposer contre son maître [24]. Jugez si Déjotarus, qui n’épargna point sa fille, aurait épargné un tel petit-fils ? Il faut donc croire que Castor ne lui tomba pas entre les mains. Je ne sais ce que devint le fils de Déjotarus ; il ne succéda point à son père : il avait obtenu du sénat [25], et puis de César [26], le titre de roi, et il devait épouser une fille d’Artavasde, roi d’Arménie [27]. Cicéron le loue beaucoup [28]. Le successeur de Déjotarus s’appelait Amyntas, si l’on en croit Strabon [29]. Or, cet Amyntas avait été secrétaire de Déjotarus [30], et puis général de ses troupes dans l’armée de Brutus [31] : il abandonna le parti de Brutus, et passa au camp d’Antoine. Ce fut sans doute ce qui obligea Antoine à lui donner la Pisidie, en 714 [32], et la Galatie, la Lycaonie et la Pamphylie, en 718 [33]. Or, parce que Dion assure qu’en 714 les triumvirs donnèrent à Castor les états de Déjotarus, décédé dans la Galatie, et ceux d’Attalus, décédé au même pays [34], je croirais facilement que Strabon se trompe lorsqu’il donne Amyntas pour successeur immédiat à Déjotarus. Il me semble qu’il vaut mieux dire avec Dion que Castor succéda à Déjotarus, et nous donnerons ensuite Amyntas pour le successeur de Castor. Le père Noris a beau prouver par quelques exemples que Dion est accoutumé de donner au fils le nom du père, il ne me persuadera point que cela soit arrivé par rapport à Castor : et quand même cela serait arrivé, le père Noris ne laisserait pas d’avoir commis une faute [35] ; car en ce cas-là Dion n’aurait pas pu prendre Castor pour Déjotarus, puisque Castor n’était pas le fils de Déjotarus, mais seulement le fils de sa fille. Castor, qui accusa son aïeul, à Rome, d’avoir attenté à la vie de César, est apparemment celui dont Dion a fait mention comme de celui qui succéda à Déjotarus. Pour ce qui regarde Déjotarus Philadelphe, roi de Paphlagonie, fils de Castor [36], j’avoue que je ne sais d’où tirer son extraction. Je ne sais point si son père est le même Castor qui accusa son aïeul ; cela pourrait être : je sais seulement qu’il abandonna Marc-Antoine dans la guerre d’Actium pour se joindre à Octavius [37], et qu’il fut le dernier roi de Paphlagonie [38].

Je ne finirai point cette remarque sans avertir mon lecteur que, quand j’ai parlé de Saocondanius, gendre de Déjotarus, j’ai pris les paroles de Strabon autrement qu’on n’a coutume de les prendre. Τὀ τοῦ Κάςορος βασίλειον τοῦ Σαωκονδαρίου, ἐν ᾧ γαμϐρὸν ὄντα τοῦτον ἀπέσϕαξε Δηϊόταρος, καὶ τὴν θυγατέρα τὴν ἑαυτοῦ. Voilà les paroles de Strabon [39] : elles peuvent signifier : La capitale de Castor Saocondarius, dans laquelle Déjotarus, son beau-père, le fit mourir, lui et sa femme ; ou bien, La capitale de Castor, fils de Saocondarius, dans laquelle ce dernier fut mis à mort avec sa femme par Déjotarus, son beau-père. Cette dernière traduction [40] m’a semblé meilleure que l’autre, parce que je suis certain que Castor était fils de la fille de Déjotarus, et que, ne sachant point comment s’appelait son père, il m’est aussi permis de l’appeler Saocondarius que de lui donner un autre nom. Remarquez en passant un avantage de notre langue sur la langue grecque. Celle-ci ne condamnait pas un arrangement de mots où l’on pouvait prendre un terme aussitôt pour le surnom que pour le père d’un homme.

On m’alléguera peut-être Suidas, qui a donné au gendre de Déjotarus le nom de Castor ; mais l’autorité de Suidas est ici tout-à-fait nulle. Il suppose que Déjotarus fut accusé par son gendre auprès de César. C’est un grand défaut d’exactitude. Cicéron, l’avocat de l’accusé, et par conséquent plus croyable que cent mille Suidas, déclare nettement et formellement, en plusieurs endroits de son plaidoyer, que Castor, petit-fils de Déjotarus, fut l’accusateur, et ne parle que faiblement, et en termes indirects, de la part que le père de ce Castor pouvait avoir au complot. Je ne doute pas que le fils n’ait eu l’agrément de son père, ni que Déjotarus n’ait pris cela pour prétexte de la barbarie dont il usa envers son gendre ; mais, après tout, l’exactitude demande que l’on suive ici le témoignage de Cicéron. De plus, le bon Suidas n’a-t-il pas dit que Déjotarus était sénateur romain ? N’est-ce pas une ignorance si crasse qu’elle le rend tout-à-fait indigne d’être cru sur cet article ? Nous verrons ci-dessous si le gendre de Déjotarus a été savant, et auteur de plusieurs livres.

(H) Il eut un... gendre, contre lequel il entreprit une guerre de religion. ] L’abominable Clodius ayant trouvé un homme dans la Phrygie prêt à donner une bonne somme d’argent, à condition qu’on l’investît du pontificat de Pessinunte, lui en expédia les provisions. Cet homme était marié à une fille de Déjotarus, et s’appelait Brogitarus. On le mit en possession du temple, et l’on en chassa les prêtres. Mais Déjotarus, plein de zèle pour le culte de Cybèle, chassa cet usurpateur, qui profanait toutes ces saintes cérémonies. Voyez un peu comment l’éloquence de Cicéron se déploya sur cette aventure. Sed quid ego id admiror ? il s’adresse à Clodius [41], qui acceptâ pecuniâ Pessinuntem ipsam, sedem, domiciliumque Matris Deorum vastaris, et Brogitaro [42] gallo-græco impuro homini ac nefario totum illum locum fanumque vendideris : sacerdotem ab ipsis aris pulvinaribusque detraxeris : omnia illa quæ vetustas, quæ Persæ, que Syri, quæ reges omnes, qui Europam Asiamque tenuerunt, semper summâ religione coluerunt, perverteris ? quæ denique nostri majores, etc. Quod quùm Dejotarus religione suâ castissimè tueretur, quem unum habemus in orbe terrarum fidelissimum huic imperio atque amantissimum nostri nominis, Brogitaro, ut antè dixi, addictum pecuniâ tradidisti....... Quùm multa regia sunt in Dejotaro, tum illa maximè, quòd tibi nullum munus dedit : quòd eam partem legis tuæ, quæ congruebat cum judicio senatûs, ut ipse rex esset, non repudiavit : quòd Pessinuntem per scelus à te violatum, et sacerdote sacrisque spoliatum recuperavit, ut in pristinâ religione servaret : quòd ceremonias ab omni vetustate acceptas, à Brogitaro pollui non sinit, mavultque generum suum munere tuo, quàm illud fanum antiquitate religionis carere.

(I) Déjotarus était entêté de superstition pour les augures autant qu’homme du monde. ] Il n’entreprenait rien sans consulter le vol des oiseaux, et il se conduisait tellement par cette sorte d’auspices, qu’il discontinua ses voyages, et s’en retourna chez lui, ayant déjà fait plusieurs journées. Il n’avait point d’autres raisons d’en user ainsi que les présages qu’il découvrait en chemin. Le vol d’un aigle fut une fois cause qu’il interrompit son voyage, et bien lui en prit ; car, s’il l’eût continué, il aurait été écrasé sous les ruines de la chambre qui lui était destinée. Elle tomba la nuit suivante. Comme il était fort habile sur ces matières, il était lui-même son prophète et son devin. Il n’avait pas oublié de se pourvoir de la qualité la plus nécessaire dans la profession : c’est de ne demeurer jamais court, de n’avouer jamais qu’on se soit trompé, et d’avoir toujours quelque subterfuge dans la manche. Il en trouva un qui était rempli de moralité, lorsqu’il eut perdu la plupart de ses états, et une grosse somme d’argent pour avoir porté les armes contre César. Il mena ses troupes à Pompée : la marche fut longue, et il n’eut jamais dans sa marche que de bons présages ; aussi s’était-il flatté que César serait battu. Les choses prirent toute une autre face ; César triompha, et fit sentir son ressentiment à Déjotarus d’une manière très-incommode. Que fit Déjotarus ? Eut-il assez de bonne foi pour reconnaître que sa science était trompeuse ? témoigna-t-il quelque regret, quelque repentir de sa trop grande crédulité ? Point du tout : il se retrancha dans les plus belles maximes de la morale ; il dit que les augures qui l’avaient poussé à continuer son voyage au camp de Pompée, étaient réellement de bons augures, puisque sous leur direction il avait suivi le parti de la justice. Il est vrai qu’il lui en coûtait la plupart de ses états ; mais, disait-il, la gloire d’avoir rempli mes devoirs m’est plus précieuse que tous les biens de la terre. De peur qu’on ne me soupçonne de sophistiquer ce passage de Cicéron, je le mets tout entier en note [43]. Remarquez que cet homme, qui respectait avec tant de religion les ordres de la providence par rapport à la doctrine des augures, ne fit point difficulté d’usurper les états de ses voisins, et de faire mourir son gendre et sa fille pour des querelles que sans doute ambition avait fait naître. Apparemment il n’aurait pas fait plus de quartier à son père dans une semblable occurrence.

(K) ........ Cicéron a fait sur cela de fort bonnes réflexions. ] Il observe que les principes des Romains dans la science des augures étaient étrangement différens de ceux de Déjotarus, et qu’en certaines choses l’opposition arrivait jusqu’à la contrariété. Cette remarque est très-forte contre la doctrine des présages ; car puisqu’il n’y a que Dieu qui connaisse l’avenir, c’est Dieu seul qui les envoie. Or, Dieu ne se contredit point lui-même, il ne fait donc pas servir les mêmes choses à présager le bien et le mal. Solebat ex me Dejotarus percontari nostri augurii disciplinam, et ego ex illo sui. O dii immortales quantùm differebat, ut quædam essent etiam contraria [44] ! Voici une considération de plus grand poids. Que pouvait-on dire de plus frivole que de soutenir qu’on ne se repentait pas d’avoir suivi les auspices que le ciel avait présentés pendant qu’on allait joindre Pompée : qu’on ne s’en repentait point, dis-je, puisqu’on avait toujours préféré la gloire à la possession d’un royaume ? Que fait cela pour les auspices ? Ne saviez-vous pas, avant qu’ils vous fussent présentés, ce que vous deviez à l’amitié du peuple romain ; ce que la fidélité, ce que la justice exigeaient de vous ? N’étiez-vous pas trés-persuadé que la gloire, que l’honneur, que la vertu, sont préférables à une couronne ? Ce n’est donc pas pour vous apprendre ces vérités qu’une corneille a chanté sur votre chemin. Vous le saviez déjà tout comme présentement. Les augures n’apprennent point les doctrines de morale, mais les bons ou les mauvais événemens : s’ils vous ont promis un bon succès, ils vous ont trompé ; vous avez fui avec Pompée, et vous avez été dépouillé de vos états par le vainqueur. Nam illud admodùm ridiculum, quod negas Dejotarum, auspiciorum quæ sibi ad Pompeium proficiscenti facta sunt, non pœnitere, quòd fidem secutus amicitiamque Po. Ro. functus sit officio. Antiquiorem enim sibi fuisse laudem et gloriam quàm regnum et possessiones suas. Credo id quidem, sed hoc nihil ad auspicia. Nec enim ei cornix canere poterat rectè eum facere, quod Po. Ro. libertatem deffendere pararet : ipse hoc sentiebat sicuti sensit. Aves eventus significant aut adversos, aut secundos. Virtutis auspiciiis video esse usum Dejotarum, quæ vetat spectare fortunam, dum præstetur fides. Aves verò si prosperos eventus ostenderunt, certè fefellerunt. Fugit à prælio cum Pompeio, grave tempus : discessit ab eo, luctuosa res : Cæsarem eodem tempore et hostem et hospitem vidit, etc. [45]. Il est très-certain que Déjotarus n’avait point examiné les auspices afin d’apprendre si en se joignant à Pompée il embrasserait la bonne cause, mais afin d’apprendre si son voyage serait suivi d’un heureux succès. Il ne consultait, il n’étudiait les augures que pour savoir s’il agissait prudemment : il était persuadé de reste qu’il agissait justement ; car puisqu’après avoir vu l’entière ruine du pari républicain, il demeurait fermement persuadé que le parti de Pompée avait été le parti de la justice, il n’avait garde d’en douter pendant que Pompée était bien dans ses affaires. C’était donc la mauvaise foi, la mauvaise honte, qui le faisait recourir à cette chicane : les augures ne m’ont point trompé, puisque j’aime mieux avoir agi en homme de bien et d’honneur que d’avoir gagné un royaume. Cela me fait souvenir d’une échappatoire fort commune à ceux qui, dans les guerres de religion, prêchent à leurs gens que Dieu leur promet un bon succès, que tous les présages sont favorables, etc. : il arrive assez souvent que toutes ces belles promesses sont suivies de la perte d’une bataille. Le prédicateur n’en est pas déconcerté : il trouve cent admirables ressources : si l’on avait vaincu, on se serait trop confié au bras de la chair, on aurait trop encensé à ses rets : une défaite nous apprend que nous n’étions pas assez humbles ; le doigt de Dieu sera désormais plus sensible : ainsi dans le fond les présages étaient heureux, puisque la victoire deviendra funeste au vainqueur, et que le parti vaincu apprendra mieux à se confier en celui qui est le rocher des siècles.

(L) On ne démêle pas bien en quel temps Brutus plaida fortement.... la cause de Déjotarus. ] Cicéron en parle de cette manière : Erat à me mentio facta causam Dejotari fidelissimi atque optimi ornatissimè et copiosissimè à Bruto me audîsse esse defensam [46]. On ne doute point que le livre où il parle ainsi n’ait été fait avant la mort de Caton d’Utique [47] : il faut donc dire que Brutus ne plaida point pour Déjotarus dans l’accusation de Castor ; car ce fut au retour d’Espagne, et après la guerre d’Afrique, que César examina cette accusation. On peut même être assuré que Brutus ne plaida point pour Déjotarus à Rome, mais à Nicée [48] : et ainsi il y a lieu de croire qu’il ne justifia Déjotarus que d’avoir porté les armes contre César dans l’armée de Pompée. Cette harangue de Brutus est moins louée par l’auteur du dialogue de caussis corruptæ eloquentiæ, que par Cicéron. La mémoire de Plutarque s’est ici un peu brouillée ; il nous parle d’un roi de Libye dont Brutus soutint vivement les intérêts. Il ne put le justifier ; les crimes étaient trop grands et trop évidens ; mais à force d’intercessions il lui conserva une partie du royaume [49]. Cela ne regarde pas un roi de Libye, mais Déjotarus.

(M) On mettrait en parallèle Sara femme d’Abraham, avec Stratonice femme de Déjotarus. ] Stratonice, femme de Déjotarus, était stérile ; et bien informée que son mari souhaitait avec passion d’avoir des enfans qui pussent être les héritiers de son royaume, elle lui conseilla de se servir d’une autre femme, et lui promit de reconnaître pour siens les enfans qu’il en aurait. Il admira ce conseil, et lui déclara qu’il en passerait partout où elle voudrait. Là-dessus elle choisit entre les captives une fille de grande beauté [50], l’ajusta, l’orna, et la mit entre les mains de Déjotarus. Elle reconnut pour siens tous les enfans qui naquirent de ce commerce, et les éleva tendrement et pompeusement [51]. Plutarque en un autre endroit donne le nom de Bérénice, Βεῤῥονίκη, à la femme de Déjotarus. Il en dit une chose dont les pyrrhoniens se servent. Il dit qu’une femme de Lacédémone s’étant approchée de Bérénice, il arriva que ces deux femmes détournèrent la tête tout aussitôt et en même temps ; Bérénice, parce qu’elle ne pouvait souffrir l’odeur du beurre ; et l’autre, parce qu’elle ne pouvait souffrir l’odeur des onguens. Πρὸς δὲ Βεῤῥονίκην τὴν Δηϊοτάρου τῶν Λακεδαιμονίων τινὰ γυναικῶν ἀϕικέσθαι λέγουσιν· ὡς δὲ ἐγγὺς ἀλλήλων προσῆλθον, εὐθὺς ἀποςραϕῆναι, τὴν μὲν τὸ μύρον, ὡς ἔοικε, τὴν δὲ τὸ βούτυρον δυσχεράνωσαν. Et ferunt Spartanam quandam mulierem accessisse ad Berenicem Dejotari uxorem, cùmque invicem appropinquâssent, aversas fuisse, quòd unguentum altera, altera butyrum olfaciens aversaretur [52]. La terminaison grecque de Stratonice et de Bérénice brouilla peut-être les idées de Plutarque, jusques à faire qu’il donnât à la même reine tantôt le premier de ces deux noms, tantôt le dernier. Peut-être aussi que Déjotarus eut deux femmes, l’une nommée Stratonice, l’autre nommée Bérénice.

(N) Il répondit habilement à la raillerie de Crassus touchant sa vieillesse. ] Ce capitaine romain passa par la Galatie, lors de son expédition contre les Parthes, et y trouva le roi Dejotarus qui estoit fort vieil, je me sers de la version d’Amyot, et néanmoins bastissoit une nouvelle ville. Si lui dit, en se moquant : il me semble, sire roi, que tu commences bien tard à bastir, de t’y estre mis à la derniere heure du jour. Ce roi des Galates lui répondit sur le champ : Aussi n’es-tu pas toi mesme parti gueres matin, à ce que je voi, seigneur capitaine, pour aller faire la guerre aux Parthes. Car Crassus avoit ja passé soixante ans, et si le montroit son visage encore plus vieil qu’il n’estoit [53]. Il fallait que Déjotarus fût alors bien vieux, car Cicéron, en parlant d’un temps fort voisin de celui-là, dit qu’on s’étonnait que ce prince eût la force de se tenir à cheval, après que plusieurs personnes l’y avaient mis. Dejotarum quùm plures in equum sustulissent, quòd hærere in eo senex posset, admirari solebamus [54]. C’était au temps que Cicéron commandait dans la Cilicie l’an 702. Crassus avait été défait deux années auparavant. Cicéron lia une amitié fort étroite avec le roi Déjotarus pendant qu’il fut dans la Cilicie, et en reçut toutes sortes d’assistances [55]. Il donna son fils et son neveu à Déjotarus le fils, qui les emmena dans la Galatie [56]. J’ai une autre preuve de la vieillesse de Déjotarus. Il était déjà fort âgé lorsque Pompée faisait la guerre à Mithridate. Il recommanda ses enfans et sa maison à Caton d’Utique [57]. Nous avons vu ci-dessus [58] qu’il n’avait qu’un fils au temps de la guerre de Pharnace.

(I) M. Moréri a fait de grosses fautes. ] Il n’est pas vrai, comme il assure, 1o. que Déjotarus fut accusé d’avoir fait mourir sa fille et son gendre Castor ; 2o. et que cela donna sujet à Cicéron de prononcer pour sa défense cette admirable oraison que nous avons encore. On a pu voir dans le texte de cet article le véritable sujet de l’accusation et du plaidoyer ; 3°. il y a très-peu d’apparence que Castor l’historien soit fils du gendre de Déjotarus. Pourquoi donc M. Moréri donne-t-il cela pour un fait certain ?

Scaliger [59], Vossius [60], le père Hardouin [61], et plusieurs autres grands hommes, estiment que Castor, surnommé le chronographe par Josephe [62], est le gendre de Déjotarus. Trois raisons m’empêchent d’adopter ce sentiment. La première est que ce Castor, comme ils l’avouent, a fait un livre qui a pour titre χρονικὰ ἀγνοήματα, les ignorances chronologiques. Or cet ouvrage a été cité par Apollodore [63] qui florissait sous Ptolemée Evergète II du nom [64] : il faut donc que Castor ait fleuri pour le plus tard sous le même règne. Comment donc pourrait-il être le gendre de Déjotarus ? car ce gendre vivait encore lorsque Cicéron plaida pour Déjotarus [65], c’est-à-dire l’an de Rome 709 ou environ. Un homme qui aurait fleuri sous le règne d’Evergète, lequel s’étend depuis l’an de Rome 608 jusques à l’année 636, pourrait-il être encore en vie l’an 709 ? Je tire ma deuxième raison de ce que Castor le chronographe avait composé beaucoup de livres, sur des matières qui demandaient tout un homme. Il faut qu’un auteur comme lui ait extrêmement étudié, et n’ait fait presque autre chose. Cela ne convient point au beau-fils de Déjotarus. On en parle comme d’un homme qui s’intrigua avec chaleur dans le parti de Pompée, de sorte que son fils par complaisance pour lui ne voulait point désarmer après la déroute de Pharsale, quelque peine que Cicéron se donnât pour le lui persuader. Hic verò adolescens.... cùm in illo nostro exercitu equitaret cum suis delectis equitibus, quos unà cum eo ad Pompeium pater miserat, quos concursus facere solebat ? quàm se jactare ? quàm se ostentare ? quàm nemini in illâ caussâ studio et cupiditate concedere ? Cùm verò, exercitu amisso, ego, qui pacis auctor semper, post Pharsalicum prælium, suasor fuissem armorum non deponendorum, sed abjiciendorum, hunc ad meam auctoritatem non potui adducere, quòd et ipse ardebat studio ipsius belli, et patri satisfaciendum esse arbitrabatur [66]. Ajoutez à cela que Cicéron, dans son plaidoyer pour Déjotarus, ne dit pas un mot qui insinue que le beau-fils de ce prince fut homme de lettres. Il n’aurait pu honnêtement garder ce silence, si ce beau-fils eût été aussi illustre par ses livres que l’a été le chronographe Castor. On me dira que ce silence a été une des adresses de la rhétorique de Cicéron : il a craint que la doctrine du père ne fût une présomption favorable pour le fils qui était l’accusateur de Déjotarus ; mais cette objection est sans force. Cicéron aurait pu aggraver en cent manières la faute du fils, et même celle du père, par la considération de la science de ce dernier. C’est peut-être, me dira-t-on, que le gendre de Déjotarus n’avait pas encore publié ses livres. Mais d’où vient donc qu’il est cité par Apollodore ? et quand est-ce donc qu’il les aurait mis au jour ? Déjotarus, qui ne survécut que de trois ou quatre années tout au plus au procès qu’il eut à Rome, ne le fit-il pas tuer [67] ? Outre cela, je remarque que Cicéron pose en fait que le gendre de Déjotarus ne fut connu dans le monde, que par l’honneur que lui fit Déjotarus de lui accorder sa fille. Avant cela, il rampait dans les ténèbres. On ne parle point ainsi d’un grand auteur. L’énorme, la prodigieuse distance qui se trouve entre lui et les souverains, ne fait pas qu’on puisse dire qu’il est inconnu, qu’il vit dans l’obscurité ; et rien ne me persuaderait davantage qu’il avait acquis une extrême réputation, que de voir qu’un prince le choisirait pour son gendre. Je crois donc que si le savant Castor avait épousé la fille de Déjotarus, il serait parvenu à cet honneur par l’éclat de son savoir ; et par conséquent, que Cicéron n’aurait osé dire de lui ce qu’il en a dit : Rex Dejoturus vestram familiam abjectam et obscuram de tenebris in lucem vocavit : quis tuum patrem anteà qui esset, quàm cujus gener esset, audivit [68] ? Ma troisième raison est qu’y ayant plusieurs anciens écrivains qui ont cité Castor, aucun ne le qualifie de gendre de Déjotarus. Cependant, on n’oublie guère ces sortes de qualités ; car comme elles sont fort rares parmi les auteurs, et que le lustre qu’elles communiquent à celui qui les possède, se répand en quelque façon sur toute la république de lettres, on se plaît à dire quand on le peut, que l’auteur qu’on cite est fils ou beau-fils de roi. Si jamais on a dû se souvenir de cette rare circonstance, c’est lorsque le roi beau-père a été aussi connu des gens doctes, que l’a été Déjotarus depuis la harangue de Cicéron. D’où viendrait donc que le gendre de Déjotarus ne serait jamais cité sous ce titre ? Varron [69], Josephe, Plutarque, Justin Martyr, Tatien, Eusèbe, saint Cyrille, Ausone, Étienne de Byzance, ont cité Castor, et aucun d’eux ne s’est avisé de le nommer gendre de Déjotarus. Si je ne me trompe, il n’y a que Suidas qui l’a fait. Mais où sont les gens qui ignorent la confusion prodigieuse de son Dictionnaire ? Presque tout s’y trouve à bâtons rompus : combien de fois y divise-t-on ce qui devait être réuni, et y joint-on ce qui devait être séparé ? On a déjà vu que Suidas prend Déjotarus pour un sénateur romain.

Ce que j’ai dit concernant l’application continuelle avec quoi Castor a dû étudier, paraîtra très-vraisemblable à tous ceux qui pèseront la nature de ses ouvrages. Il paraît qu’il travailla à réformer la chronologie, et à marquer les erreurs des anciens historiens. On le cite [70] touchant les royaumes de Sicyone, d’Argos et d’Athènes, et touchant la monarchie des Assyriens. Il avait fait un ouvrage concernant la ville de Babylone : il avait écrit touchant les peuples qui avaient été successivement maîtres de la mer [71]. Il avait fait un traité du Nil ; un autre où il comparait les coutumes des Romains avec celles de la secte de Pythagore [72]. Je ne parle point des ouvrages de rhétorique que Suidas lui attribue ; car ils sont peut-être d’un autre Castor. Les connaisseurs m’avoueront très-facilement, que de toutes les productions de plume, il n’y en a point qui demandent plus de temps, plus d’application, et plus de patience, que celles où l’on se propose de rectifier la chronologie, et de critiquer les historiens. C’est à quoi Castor s’occupa : témoin son Errata des chronologues, χρονικὰ ἀγνοήματα, et le livre dont Ausone a voulu parler [73].

Rien ne m’a surpris davantage que de voir qu’on ait confondu l’Antonius Castor de Pline avec le gendre de Déjotarus. C’est ce qu’a fait le père Hardouin [74], n’ayant pas pris garde qu’Antonius Castor a vécu au siècle de Pline, et plus de cent ans. C’était un excellent botaniste, qui cultivait dans son jardin un très-grand nombre de plantes, et qui en parlait savamment. Il n’avait jamais été malade, et après avoir vécu plus d’un siècle il avait encore la mémoire bonne, et le corps bien vigoureux. Pline avait vu ce jardin, et tiré beaucoup de lumières de ce botaniste. Nobis certè, exceptis admodum paucis, contigit reliquas contemplari scientiâ Antonii Castoris, cui summa auctoritas erat in eâ arte nostro ævo, visendo hortulo ejus, in quo plurimas alebat ; centesimum ætatis annum excedens, nullum corporis malum expertus, ac ne ætate quidem memoriâ aut vigore concussis [75]. Cela peut il convenir au gendre de Déjotarus ? Ne fut-il point tué avec sa femme par son beau-père avant l’an 714 de Rome, plus de cinquante ans avant la naissance de Pline [76] ? Lorsque le père Hardouin, se fondant sur un passage de Pline, conjecture qu’Antoine Castor composa quelques volumes touchant les plantes, il a beaucoup plus de raison : néanmoins, il se pourrait faire que les paroles de Pline [77] signifiassent seulement que Castor avait montré dans son jardin la plante dont il s’agit, ou qu’il en avait fait la description aux curieux qui l’allaient voir. Ce qui me tient en suspens sur la conjecture de cet habile commentateur est qu’il me semble que si Castor avait publié des livres de botanique, Pline en aurait touché un mot lorsqu’il parle du jardin et de la science de cet homme [78]. Quoi qu’il en soit, le père Hardouin a mieux rencontré que Vossius : il applique à Antoine Castor le passage du XXe. livre de Pline ; mais Vossius l’a entendu de Castor le chronographe cité par Apollodore.

  1. Philippica XI, cap. XIII.
  2. Idem, epist. IV libri XV ad Famil.
  3. Hirtius, de Bello Alexandrino, c. LXVII.
  4. Abram., in Cicer. Oratione, tom. II, pag. 467.
  5. Quis enim cuiquam inimicior quam Dejotaro Cæsar ? … à quo vivo nec absens quicquam æqui bonive impetravit.… at ille nunquam (semper enim absenti affui Dejotaro) quicquam sibi quod nos pro illo postularemus, æquum dixit videri. Cicero. II Philipp., cap. XXXVII.
  6. Tome II, pag. 135, dans les remarques (B) et (C) de l’article Antoine (Marc) l’orateur.
  7. Cicero, pro Dejotaro, cap. V.
  8. Idem, Philipp. II, cap. XXXVII.
  9. Cicero, pro Dejotaro, sub fin.
  10. Reliqua pars accusationis duplex fuit : una regem semper in speculis fuisse... sequutum est bellum Africanum, graves de te rumores qui etiam furiosum illum Cœlium excitaverunt… Eo, inquit, tempore ipso Nicæam, Ephesumque mittebat qui rumores Africanos exciperent, et celeriter ad se referrent. Cicero, pro Dejotaro, cap. VIII.
  11. Cicero, pro Dejotaro, cap. XI.
  12. Au feuillet A 5 verso.
  13. Cicero, pro Dejotaro, cap. IX.
  14. Τῷ Γαλάτῃ Δηϊοτάρῳ ποιεῖ Χρύσιππος ὅμοιον τὸν Θεὸν, ὅς, πλειόνων αὐτῷ παίδων γεγονότων, ἐνὶ βουλόμενος τὴν ἀρχὴν ἀπολιπεῖν καὶ τὸν οἶκον, ἀπαντας ἐκείνους ἀπέσϕαξεν, ὥσπερ αμπέλου βλαςοὺς άποτεμὼν καὶ κολούσας, ἵνα εἷς ὁ λειϕθείς ἰσχυρὸς γένηται καὶ μέγας. Dejotaro Galatæ similem Deum Chrysippus facit. Qui cùm haberet complures filios, cum vellet uni regnum domumque relinquere, cæteros omnes necavit : tanquam vitis palmites si præcideret, ut unus aliquis superstes validus magnusque fieret. Plutarch., de Stoïc. Repugn., pag. 1049, C.
  15. Plut., de Stoïc. Repugn., pag. 1049, C, version d’Amyot.
  16. Cicéron l’appelle ainsi, pro Dejotaro, cap. IX.
  17. Ibidem, cap. VI.
  18. Ibidem, cap. III.
  19. Strabo, lib. XII, pag. 391.
  20. Ibidem, pag. 387.
  21. Ibidem, pag. 390.
  22. Pro Dejotaro, cap. VII.
  23. D’autres lisent Luceium.
  24. Cicero, pro Dejotaro, cap. VI.
  25. Idem, ad Attic., epist. XVII, lib. V.
  26. Idem, pro Dejotaro, cap. III.
  27. Idem, epist. XXI ad Attic., lib. V.
  28. Idem, Philipp. XI, cap. VIII et XXXVI.
  29. Strabo, lib. XII, pag. 390.
  30. Dio, lib. XLIX, pag. 469.
  31. Philippic. XI, ubi sup.
  32. Appian., de Bell. civil., lib. V, pag. 715.
  33. Dio, lib. XLIX, pag. 469.
  34. Idem, lib. XLVIII, pag. 430.
  35. Post pugnam Philippensem scribit Dio lib. 48. Castori etiam cuidam Attali et Dejotari in Gallogræciâ defunctorum ditio tradita est. A. V. 714, debuit dicere Dejotaro, non Castori. Dio non semel filios alieno nomine, videlicet patrum eorundem, appellat. Noris, Cenotaph. Pis., pag. 209.
  36. Strabo, lib. XII, pag. 387.
  37. Dio, lib. L, pag. 488.
  38. Strabo, ibidem.
  39. Lib. XII, pag. 391.
  40. Le père Abram la suit constamment dans son Commentaire sur l’oraison de Cicéron pour Déjotarus.
  41. Cicero, Orat. de Haruspicum responsis, cap. XIII.
  42. Joignez à ceci cet endroit de l’oraison pour Sextius, cap. XXVI. Lege tribunitiâ matris magnæ Pessinuntius ille sacerdos expulsus, et spoliatus sacerdotio est ; fanumque sanctissimarum, atque antiquissimarum religionum venditum pecuniâ grandi Brogitaro, impuro homini, atque indigno illâ religione, præsertim cùm ea sibi ille non colendi, sed violandi caussa appetivisset.
  43. Quid ego hospitem nostrum clarissimum atque optimum virum Dejotarum commemorem, qui nihil unquàm nisi auspicato gerit ? qui quùm ex itinere quodam proposito, et constituto revertisset, aquilæ admonitus volatu, conclave illud ubi erat mansurus si ire perrexisset, proximâ nocte corruit. Itaque ut ex ipso audiebam, persæpè revertit ex itinere, quùm jam progressus esset multorum dierum viam. Cujus quidem hoc præclarissimum est, quod posteà quàm à Cæsare tetrarchiæ regno, pecuniâque mulctatus est, negat se tamen eorum auspiciorum, quæ sibi ad Pompeium proficiscenti secunda evenerunt, pœnitere. Senatus enim autoritatem et P. R. libertatem atque imperii dignitatem, suis armis esse defensam, sibique eas aves, quibus autoribus officium et fidem secutus esset, benè consuluisse : antiquiorem enim sibi fuisse possessionibus suis gloriam. Cicero, de Divinat., lib. I, cap. XV.
  44. Ibidem, lib. II, cap. VIII et XXXVI.
  45. lbidem, ad. ll.
  46. Cicer., in Bruto, cap. V.
  47. Voyez Fabricus, dans la Vie de Cicéron, à l’ann. 707.
  48. De (Bruto) Cæsarem solitum dicere, magni refert hic quid velit : sed quidquid volt, valdè volt ; idque animadvertisse, cum pro Dejotaro Niceæ dixrerit, valdè vehementer eum visum et liberè dicere. Cicero ad Allicum, epist. I, lib. XIV.
  49. Plut., in Bruto, pag. 986.
  50. Elle s’appelait Electra.
  51. Tiré de Plutarque, au Traité de Virtutibus Mulierum, pag. 258.
  52. Plut., adversus Colotem, pag. 1109, B.
  53. Idem, in Vità Crassi, pag. 553.
  54. Cicer., pro Dejot., cap. X.
  55. Voyez la IVe. lettre du XVe. livre ad Familiares ; et l’Oraison pro Dejotaro, cap. XIII.
  56. Epist. XVII et XVI libri V ad Atticum.
  57. Plut., in Catone minore, pag. 765, E. Il se sert du pluriel παῖδας.
  58. Dans la remarque (F), citation (18).
  59. Animadv., in Euseb., pag. 16 et 56.
  60. Vossius, de Hist. græc., pag. 159.
  61. In Indice Auctorum Plinii.
  62. In Apion., lib. II.
  63. Bibl., lib. II, pag. m. 75.
  64. Vossius, de Hist. græc., pag. 132.
  65. Cicer., pro Dejotaro, cap. X, où, s’adressant à Castor, il insinue clairement que son père était complice de l’accusation. Peu auparavant il avait dit que Castor, après la bataille de Pharsale, continua dans le parti de Pompée, pour faire plaisir à son père. Vous verrez cela dans la citation suivante.
  66. Cicer., pro Dejotaro, ibid.
  67. Strab., lib. XII, pag. 391.
  68. Cicer., pro Dejotaro, cap. XI.
  69. In libris de Vitâ populi roman. On trouvera dans Vossius, de Histor. græcis, pag. 158, 159, en quels lieux les autres auteurs que je nomme citent Castor.
  70. Eusebius, in Chron.
  71. Περὶ θαλασσοκρατούντων.
  72. Plutarque, in Quæstionibus Romanis, le cite.
  73. Quod Castor cunctis de regibus ambiguis.

    Ausonius, in Professor., Burdig., epigramm. XXIII, vs. 7.

  74. In Indice Auct Plinii.
  75. Plinius, lib. XXV, cap. II, Moréri cite le premier chapitre du livre 15.
  76. Il naquit l’an 774 de Rome, et mourut âgé de cinquante-six ans, plus ou moins, l’an 831.
  77. Elles sont au commencement du chapitre XVII du XXe. livre.
  78. Au IIe. chapitre du XXVe. livre.

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