Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Avant-propos


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AVANT-PROPOS.

Ce n’est qu’avec le dernier volume que je pourrai livrer un Discours préliminaire, qui n’a pas été promis par le Prospectus, mais que je ne dois pas moins, puisqu’il est nécessaire. Tout le monde sait qu’un discours préliminaire ne peut être fait qu’après le travail entièrement achevé. Je suis aussi obligé d’attendre jusqu’à la fin de l’entreprise pour pouvoir mentionner toutes les personnes qui m’auront aidé dans mes travaux, et qui consentiront à être nommées.

Mais, s’il m’est impossible de leur donner dès à présent un témoignage authentique de ma reconnaissance, il est nécessaire de donner quelques explications sur mon travail.

Je dois beaucoup de remerciemens aux journalistes qui ont annoncé mon Prospectus : leur bienveillance pour moi a été extrême ; mais à l’un d’eux il a échappé une petite inexactitude. Il donne à entendre que je reproduirai toutes les variantes. Je ne les ai pas promises, et je n’en relèverai que quelques-unes.

Le Prospectus annonce que cette réimpression de Bayle sera enrichie de notes extraites de Chaufepié, Joly, la Monnoie, L.-J. Leclerc, Leduchat, Prosper Marchand, etc. Ces auteurs sont très-connus. Je crois cependant devoir indiquer précisément quels sont ceux de leurs ouvrages que j’ai mis à contribution : ce sera faciliter à mes lecteurs le moyen de remonter aux sources. Ces renseignemens sont superflus pour le plus grand nombre, je le sais ; mais c’est pour tous que je travaille ; et, quelque petit que soit le nombre de ceux qui en auront besoin, ces indications n’auront pas été tout-à-fait inutiles. Je suivrai ici l’ordre alphabétique, qui est celui dans lequel j’ai énuméré les auteurs ou les ouvrages.

BIBLIOTHÉQUE FRANÇAISE. Il ne s’agit point ici de l’ouvrage de l’abbé Goujet, Paris, 1740-1756, dix-huit volumes in-12 ; mais du journal publié à Amsterdam sous le titre de Bibliothéque française, ou Histoire littéraire de la France, 1723-1746, quarante-deux volumes in-12. Un anonyme a fait imprimer dans le tome XXIX, pages 185-202, et dans le tome XXX, pages 1-25, des' Observations critiques sur le Dictionnaire historique et critique de M. Bayle. Un partisan du philosophe de Rotterdam prit sa défense par un article inséré dans le tome XXXIII, pages 327-351, etc. J’avais cru, pendant un temps, que l’auteur des Observations était l’abbé Joly. Je fondais ma conjecture sur la ressemblance que je trouvais entre des phrases de ces Observations et quelques-unes des Remarques de l’abbé Joly sur les mêmes articles. Je présumais (V. ma note dans la Biographie universelle, tome XXI, page 605, colonne 2) que l’auteur seul d’un article pouvait le copier sans le citer. J’étais dans l’erreur. Joly ne fait pas tant de façons : au moyen d’une mention faite dans sa préface, il s’est cru permis de passer sous silence, le plus souvent, les auteurs véritables des observations qu’il reproduit dans ses deux volumes. Or, comme son livre n’est guère lu de suite, mais seulement consulté, il est d’autant plus naturel de faire honneur à Joly de tout ce qu’il n’indique pas comme étant d’autrui, que quelquefois il lui arrive de citer la Bibliothèque française, et les autres critiques ses devanciers.

CHAUFEPIÉ. Cet auteur est surtout connu par son Nouveau Dictionnaire historique et critique pour servir de supplément ou de continuation au Dictionnaire historique de Pierre Bayle, 1750-1756, quatre volumes in-folio. C’est une traduction (avec corrections et additions) d’articles ajoutés par les traducteurs anglais du Dictionnaire de Bayle.

GUIB (Jean-Fréd.), docteur en droit à Orange, au commencement du XVIIIe. siècle, a fait insérer dans le Mercure de novembre 1722, tome II, page 23-29), des Remarques critiques sur quelques articles de Bayle. Il est évident que Joly n’a pas eu connaissance de cet auteur ; car il ne l’a ni cité, ni dépouillé.

JOLY fit imprimer, en 1748, des Remarques critiques sur le Dictionnaire de Bayle, en deux parties, formant un volume in-folio. En tête de l’ouvrage il y a quelques pages consacrées à des corrections et additions. Joly n’a guère fait que copier ses devanciers, et il ne l’a pas toujours dit. Il a fallu un travail comme celui dont je me suis chargé pour faire cette découverte. On ne doit donc pas être étonné de voir Joly cité rarement. J’ai eu l’attention, presque toujours, d’indiquer l’auteur primitif de chaque remarque. Si j’ai un reproche à me faire, c’est peut-être d’avoir laissé le nom de Joly à quelques notes qui, originairement, ne sont pas de lui. Ces observations, au reste, ne diminuent en rien le mérite du volume publié par Joly ; mais ce n’est pas à Joly qu’en est le mérite.

JOURNAL DE TRÉVOUX. On distingue ordinairement sous ce titre les Mémoires pour servir à l’Histoire des Sciences et des Beaux-Arts, rédigés par des jésuites, et imprimés d’abord à Trévoux, puis continués à Paris. Le père Merlin y a fait insérer quelques articles sur Bayle en décembre 1785, juillet 1736, avril, mai, août et novembre 1738.

JUGEMENS SUR QUELQUES OUVRAGES NOUVEAUX, par l’abbé Desfontaines, de Mirault, Fréron et Destrées. Cet ouvrage a onze volumes qui ont paru en 1745 et 1746.

LA MONNOIE. Les Remarques de cet auteur sur Bayle se trouvent dans trois ouvrages : 1.o le Menagiana, 1715, quatre volumes in-12, et ses réimpressions ; 2.o les Jugemens des Savans, par Baillet, édition de 1722, huit volumes in-4o, ou 1725, dix sept parties in-12 ; 3.o la réimpression donnée en 1772 par Rigoley des Juvigny, des Bibliothéques françaises de la Croix du Maine et Duverdier. J’indique dans lequel de ces trois ouvrages se trouvent les observations de la Monnoie que je citerai.

LECLERC (Laurent-Josse) n’est pas l’auteur de la Bibliothéque universelle, de la Bibliothéque choisie, de la Bibliothéque ancienne et moderne. Ce dernier s’appelait Jean. Il était contemporain de Bayle, et l’a plusieurs fois attaqué dans ses Bibliothéques. Jean Leclerc sera cité quelquefois ; mais l’attention que j’aurai de faire toujours précéder son nom de l’initiale de son prénom préviendra toute confusion.

Laurent-Josse Leclerc, que le plus souvent je n’appellerai que Leclerc, donna en 1732 une Lettre critique sur le Dictionnaire de Bayle, un volume in-12. Ses observations sont lourdes, diffuses, présentées sans aucun ordre, et ne portent que sur un très-petit nombre d’articles. Mais il a, depuis, revu, corrigé, augmenté son travail ; il a rangé ses notes par ordre alphabétique ; et elles ont ainsi été réimprimées à la suite de chacun des cinq volumes de l’édition faite en 1734, à Trévoux (sous le titre d’Amsterdam), du' Dictionnaire de Bayle. L’auteur s’y montre ultramontain ; ce qui ne fait pas grand’chose ici. La nouvelle forme qu’il a donnée à ses notes en a fait un ouvrage curieux et instructif. Aussi est-ce Leclerc qui a fourni à Joly la plus grande partie de ce qui compose ses Remarques.

LEDUCHAT. Ses Remarques sur le Dictionnaire de Bayle sont aux pages 145-217 du tome Ier du Ducatiana, 1738, deux volumes in-12.

MARCHAND (Prosper) a consigné un très-petit nombre de critiques de Bayle dans son Dictionnaire historique, qui fut publié en 1758 par Allamand, deux parties in-folio. Il paraît d’abord singulier de voir l’ouvrage d’un homme aussi savant que Prosper Marchand fournir si peu d’observations sur Bayle. La surprise cesse quand on se rappelle que Prosper Marchand, éditeur du Bayle de 1720, consigna à la fin du quatrième volume des Remarques critiques dont quelques-unes peuvent lui avoir été communiquées, mais dont la majeure partie doit lui appartenir.

REM. CRIT. Les notes à la fin desquelles on trouvera ces abréviations sont celles que Prosper Marchand avait, comme je viens de le dire, ajoutées à l’édition de 1720, et que les éditeurs subséquens mes prédécesseurs ont avec raison reportées auprès des passages qu’elles concernent. J’ai à l’occasion de ces remarques une observation à faire. Ce sont les éditeurs de 1730 qui, les premiers, les ont transposées et mises à la place que je leur ai conservée ; mais, je ne sais comment, ils ont oublié de rapporter la remarque critique qui concerne J. Adam ; et, ne s’étant pas aperçus de cette faute, ils ne l’ont pas corrigée ; de sorte que cette remarque critique est totalement omise dans leur édition. Il en est de même de la Remarque (C) de l’article de M. Bérault, etc. ; faute d’autant plus grave, que ce morceau est de Bayle. Pour quelques autres remarques critiques qu’ils avaient oubliées, ils ont eu la ressource de les mettre par forme d’errata à la fin du second volume. Les éditeurs de 1740 ont fait les mêmes fautes et omissions, avec l’erratum à la fin du second volume, d’où l’on peut conclure, ce me semble, que cette édition de 1740 est une réimpression faite au jour le jour, et sans aucun travail préliminaire, ou du moins sans révision et confrontation avec les éditions antérieures.

Les notes que j’ai ajoutées seront faciles à distinguer. J’ai laissé les lettrines pour les notes du texte, les chiffres arabes pour les notes des remarques ; les notes qui, dans les éditions antérieures avaient des étoiles, des croix ou autres signes aujourd’hui inusités, ont des étoiles entre parenthèses, avec des chiffres supérieurs lorsqu’il y en a plusieurs dans la même colonne.

C’est par des étoiles sans parenthèses, et avec chiffres arabes supérieurs lorsqu’il y en a plusieurs dans la même colonne, que j’ai indiqué les notes nouvelles ; lorsque les notes à ajouter portent sur des notes, elles sont tout simplement ajoutées à la suite, entre deux crochets. Je n’ai pas, je ne saurais trop le dire, la prétention de corriger Bayle, ni de le suppléer ; je me suis borné à extraire des différens auteurs les remarques qui en valaient la peine. Il n’y a guère de moi que la rédaction de ces notes, que j’ai faites les plus courtes qu’il m’a été possible.

J’ai respecté l’ordre et l’orthographe adoptés par Bayle pour les noms propres de ses articles : ainsi Ajax précède Aiguillon, et Ayrault vient avant Aitzema ; Amyot, Amyraut et Amyrutzes sont mis à la place qu’ils ne devraient occuper qu’étant écrits par un i. J’insiste sur les mots qui ont un y, parce qu’on pourrait ne pas apercevoir au premier coup d’œil cette disposition inusitée.

Le Prospectus promet la réimpression de toutes les pièces préliminaires, et cependant le premier volume distribué aujourd’hui ne les contient pas. Deux raisons en sont cause : 1.o l’impatience des souscripteurs ; 2.o l’impossibilité expliquée plus haut de donner dès à présent le Discours préliminaire après lequel les pièces promises doivent être immédiatement placées. Ne connaissant pas l’étendue qu’aura le Discours préliminaire, il est impossible de garder le nombre de pages qu’il remplira, et il serait ridicule de voir dans le même volume deux numérotages en chiffres romains. Peu importe d’avoir un peu plus tôt ou un peu plus tard ces pièces préliminaires, dont aucune n’a besoin d’être lue avant le Dictionnaire. Les acquéreurs ne doivent avoir aucune inquiétude à cet égard. L’engagement a été pris de ne pas leur faire payer les volumes au delà de seize, si l’on dépassait ce nombre ; et cet engagement sera tenu. Mais je donnerai au moins aujourd’hui, sauf à les reproduire en temps et lieu, les dix-neuf vers, peu connus, de Limiers, sur le système de Law.

BEUCHOT.