Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Aurispa


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AURISPA (Jean), natif de Noto en Sicile[a], a été l’un des doctes personnages du XVe. siècle. Il entendait la langue grecque et la langue latine, il était bon orateur, et il écrivait très-bien pour ce temps-là en prose et en vers. On dit qu’il fut honoré de la couronne poétique en Italie. Il fut secrétaire du pape Nicolas V, qui lui donna de fortes preuves de sa considération, en le gratifiant de deux bonnes abbayes (A). Il entretint un long commerce de lettres avec Philelphe, et l’on trouve son nom avec éloge dans Laurent Valle, dans Antoine Panormita, et dans plusieurs autres auteurs illustres. Il se retira à Ferrare, et y vécut jusqu’à une grande vieillesse, honoré de l’estime des seigneurs de ce pays-là (B) : je dis d’une estime avantageuse en toutes manières, car il reçut de leur libéralité, non-seulement de quoi vivre, mais aussi de quoi être riche[b]. Ce qu’il composa est présentement très-malaisé à trouver (C).

  1. Cette ville se nomme Netum, en latin.
  2. Tiré des Elogia Siculorum qui Literis floruerunt, composés par le jésuite Hiérôme Raguza, pag. 147 et suiv.

(A) Nicolas V.... le gratifia de deux bonnes abbayes. ] Il lui donna celle de Saint-Philippe de Grandi[1], le 31 de mai 1449, et celle de Sainte-Marie de la Roccade[2], l’an 1451, Aurispa eut un procès pour ce dernier bénéfice avec un homme qui en avait été pourvu par Alfonse, roi de Naples. Voyez Rocchus Pirrus, à la page 225 de sa notice de l’église de Syracuse[3].

(B) Il se retira à Ferrare, et y vécut.... honoré de l’estime des seigneurs de ce pays-là. ] Je prouve tout ceci par un passage de Gyraldi. Joannes Aurispa, Siculus, dit-il[4], orator in aliquo poëtarum ordine reponi potest, quippè qui græcè et latinè probè doctus esset, carmina tamen ejus quæ ipse legi, nescio quid Sicularum gerrarum habere videntur : fuit enim eo tempore quo nondum exquisitæ litteræ in lucem redierant. Vixit autem Ferrariæ ad summam senectutem, in pretio habitus à nostris Principibus, qui et eum locupletem reddiderunt. Ab hoc ferunt Cistarellam familiam originem duxisse.

(C) Ce qu’il composa est... malaisé à trouver. ] Voici les livres qu’on lui attribue : une Traduction d’Archimède, la Version du Commentaire d’Hiéroclès sur les vers dorés de Pythagoras, et celle d’un traité de Consolation de Philiscus à Cicéron. L’Epitomé de Gesner fait mention de ces trois ouvrages, sans marquer s’ils avaient été imprimés. On sait que l’Hiéroclès d’Aurispa fut imprimé à Bâle, chez Henri-Pierre, in-8°., l’an 1543[5]. Gesner rapporte un morceau de la Préface, par où il paraît qu’elle fut faite lorsque l’auteur avait déjà quatre-vingts ans[6]. Il y avait dans la bibliothéque de Gabriel Naudé un manuscrit qui avait ce titre, Comparatio de Præsidentiâ Hannibalis Carthaginensis, Alexandri magni, et Scipionis majoris romani, apud inferos, ex græco in latinum conversa ab Aurispâ oratore ad Baptistam senatorii et equestris ordinis civem romanum [7].

  1. Elle est à Messine.
  2. Elle est à Lentini, en Sicile.
  3. Tiré de Jérôme Raguza, pag. 148, 149, Elogiorum Siculorum.
  4. Lilius Gregor., Gyrald., de Poët. suor. temporum, Dial. I, pag. 531. Voyez aussi Gesner in Biblioth., folio 386, verso.
  5. Voyez Gesner, Biblioth., folio 231 verso.
  6. Gesner., Biblioth., folio 231 verso.
  7. Labbe, Nova Biblioth. mss. Librorum, pag. 231, edit. an. 1653.
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