Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Auge


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AUGE (Daniel d’), en latin Augentius, était de Villeneuve-l’Archevêque, au diocèse de Sens en Champagne [a]. Il a vécu au XVIe. siecle, et il se fit estimer par son savoir et ses écrits (A). On lui destina, dès l’an 1574 [b], la charge de professeur royal en langue grecque dans l’université de Paris, et il en prit possession l’an 1578. Elle était vacante par la mort de Louis le Roi [c]. Il avait été précepteur du fils de ce François Olivier qui fut chancelier de France. C’est ce que j’apprends de l’épître liminaire d’un livre qu’il dédia à Antoine Olivier, évêque de Lombès, et oncle de son disciple [d]. Elle est datée de Paris, le 1er. de mars 1555. Je ne sais pas bien le temps de sa mort, je sais seulement, que François Parent, son successeur dans la profession des lettres grecques, entra en charge l’an 1595 [e].

  1. La Croix du Maine, Biblioth. française, pag. 68.
  2. Du Breul, Antiquit. de Paris, page 566.
  3. Là même.
  4. C’est le poëme de Sannazar intitulé De Morte Christi Lamentatio. Dan. d’Auge le fit imprimer à Paris avec des notes de sa façon, l’an 1557, in-4o.
  5. Du Breul, Antiquit. de Paris, pag. 566.

(A) Il se fit estimer par ses écrits. ] Qui sont : Oraison consolatoire sur la mort de messire François Olivier, chancelier de France, imprimée à Paris en 1560 ; deux Dialogues de l’Invention poétique, de la vraie Cognaissance de l’Art oratoire, et de la fiction de la Fable, imprimés à Paris l’an 1560 : Discours sur l’arrêt donné au parlement de Dôle en Bourgogne, touchant un homme accusé et convaincu d’être loup-garou, imprimé [1] ; l’Institution d’un prince chrétien, traduite du grec de Synèse, évêque de Cyrène, avec une Oraison de la vraie Noblesse, traduite du grec de Philon juif, imprimée à Paris, l’an 1555 ; Quatre Homilies de saint Macaire Égyptien, imprimées à Paris, et depuis à Lyon, l’an 1559 ; Épître à noble et vertueux enfant Antoine Thelin, fils de noble Guillaume Thelin [2], auteur du livre intitulé Opuscules divins, en laquelle est traité du vrai patrimoine et succession que doivent laisser les pères à leurs enfans. Cette épître est imprimée au commencement desdits Opuscules divins, à Paris, l’an 1565. Il les revit et les corrigea. Il fit imprimer à Paris, l’an 1556, une Traduction française des plus belles sentences et manières de parler des Épîtres familières de Cicéron [3]. Voilà ce que je trouve dans la Croix du Maine et dans du Verdier. Je n’y ai point vu les Notes sur un poëme de Sannazar, desquelles j’ai parlé dans le corps de cet article.

[* 1] De tous les ouvrages de Daniel d’Auge celui qui me paraît le plus digne de curiosité est le Discours sur l’arrêt qui condamna le loup -garou. Bodin m’apprend que cet arrêt fut donné par le parlement de Dôle, le 18 de janvier 1583, contre Gilles Garnier Lyonnais, et qu’on l’imprima à Orléans et à Paris et à Sens. Il en rapporte les points principaux : « C’est à savoir que ledict Garnier le jour de sainct Michel, estant en forme de loup-garou, print une jeune fille de l’aage de dix ou douze ans près le bois de la Serre, en une vigne, au vignoble de Chastenoy près de Dôle un quart de lieuë, et illec l’avoit tuée et occise, tant avec ses mains semblans pattes, qu’avec ses dents, et mangé la chair des cuisses et bras d’icelle, et en avoit porté à sa femme. Et pour avoir en mesme forme un mois après pris une autre fille, et icelle tuée pour la manger, s’il n’eut esté empesché par trois personnes, comme il a confessé : et quinze jours après, avoit estranglé un jeune enfant de dix ans, au vignoble de Gredisans, et mangé la chair des cuisses, jambes, et ventre d’iceluy : et pour avoir depuis en forme d’homme, et non de loup, tué un autre garçon de l’aage de douze à treize ans, au bois du village de Pérouse, en intention de le manger, si on ne l’eust empesché, comme il confessa sans force ny contraincte ; il fut condamné d’estre bruslé tout vif, et l’arrest fut exécuté [4].

  1. * Dans l’édition de 1720 l’alinéa qui termine cette remarque est parmi les articles omis, à la page 3039, et l’on y dit de mettre cette addition après le corps de l’article. Je crois que c’est une erreur. Cet alinéa me paraît être la suite de la remarque. J’ai d’ailleurs pour le mettre ainsi l’autorité de l’édition de 1730 et des éditions postérieures.
  1. La Croix du Maine, Bibliothéque française, pag. 68.
  2. C’était un gentilhomme d’Auvergne.
  3. Du Verdier, Biblioth. française, pag. 248.
  4. Bodin, Démonomanie des sorciers, liv. II, chap. VI, pag. 208, 209, édition de Lyon, 1598, in-8o.

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