Dictionnaire historique d’argot /Édition Dentu/1881/Supplément, G

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GABARI (passer au) : Perdre au Jeu. Jargon des ouvriers de fer. (Rigaud.) — Et aussi des soldats employés au fascinage qui rognent toutes les branches inutiles, dépassant leur gabari ou modèle de gabion. On comprend l’allusion,

GABATINE : Raillerie. (Delvau.) — Du vieux mot gabe. — Donner de la gabatine : railler.

GÂCHER DU GROS : Faire ses nécessités. Argot du peuple. (Id.) — Allusion de mortier.

GÂCHER SERRÉ : Travailler activement. (Rigaud.) — Même origine.

GADIN : Vieux chapeau, soulier. (Id.)

GAFFE : Bouche, langue. (Delvau.) — La bouche et la langue donnent des coups de croc, comme la gaffe, — la première pour manger, et la seconde pour médire,

* GAFFE À GAIL : Garde à cheval, gendarme. (Michel.)

GAFFE DES MACHABÉES : Gardien de cimetière. (Rigaud.) — Selon Delvau, on dit gaffe tout simplement.

GAFFE DE SORGUE : Gardien de nuit. (Id.)

GAFFER LA MIRETTE : Ouvrir l’œil. (Id.) — Mot à mot : surveiller de l’œil.

GALBEUX : Qui a du galbe. — « Je suis galbeux autant qu’un autre et je ne vois pas pourquoi je resterais dans mon fiacre. » (Durandeau, 78.)

GALERIE (pour la) : Dans le but unique et plus ou moins dissimulé de faire de l’effet sur le public. — Allusion théâtrale.

GALETTE : Mauvais soulier. (Rigaud.)

GALETTE (boulotter de la) : Faire de l’argent. — « Boulottes-tu toujours de la galette avec le grand Simon. » (Cavaillé.)

GALFÂTRE : Goulu. — « Ça lui crevait le cœur de porter ses six francs à ce galfâtre qui n’en avait pas besoin pour se tenir le gosier frais. » (Zola.) — C’est évidemment une forme abrégée du galioufard provençal. Voyez ci-dessous Galifard.

GALIFARD : Apprenti. (Rigaud.) — Cordonnier. (Delvau.) En provençal, galioufard veut dire goinfre.

GALIFARDE : Fille de boutique. (Id.)

* GALOP : Réprimande. Mot fort ancien. On trouve dans une farce du xve siècle citée par E. Du Méril (Dict. de patois normand, 1849), au mot Galop : — « Puisque pour toy suis ainssy galopée, de Dieu soys tu mauldit. »

GALOPER : Envahir au galop. Très expressif et toujours pris au figuré. — « Voilà la peur qui me galope. Qu’est-ce que je pourrai dire ? » (E. Sue.)

GALOPER : « Travailler à la hâte, bousiller un ouvrage. » (1808, Dhautel.)

GALOUBET : Voix. (Delvau.) — Se dit exclusivement de la voix du chanteur. Comparaison à l’instrument du même nom. — Il a du galoubet : il a une belle voix.

GALUPE : Femme.

Les galup’s qu’a des ducatons
Nous rinç’nt la dent.
(Richepin.)

* GALVAUDER : Signifie en patois normand travailler vite et mal. (Duméril, 49.)

* GAMBILLER : Le vieux français a ce verbe avec le sens de « remuer les jambes de côté et d’autre » qui s’applique exactement au cancan.

GAMBILLER (se la) : S’en aller. — « Il serait temps de voir à se la gambiller. » (Huysmans, 79.)

GAMBILLEUR : Danseur (Delvau), sauteur politique. (Rigaud.)

GAMBRIADE : Cancan, danse. Argot de voleurs. (Delvau.) — Dérivé de gambiller (danser), mais dans le sens de dame élégante que j’ai donné d’après Rabasse (p. 187), c’est un dérivé de combrieu (chapeau), mot à mot : femme à chapeau, — nom dont on qualifiait les femmes bien mises.

* GAME : En patois normand signifie écume venant à la gueule d’un animal ; en patois vendéen, game est un accès de rage. — Le verbe gamer : empoigner, saisir vivement, est encore usité dans nos patois du Centre. La rage fait tout empoigner, tout mordre.

GAMELER : Dénoncer. — Mot à mot : manger dans la gamelle. C’est une variante de manger le morceau qui aura paru sans doute trop vieux. L’argot a ses modes comme les chapeaux. On le voit par cet exemple tiré d’une lettre du prévenu E. Chevallier, détenu à Mazas ; elle est datée du 30 mai 1876 : — « Ma chère petite femme, j’ai appris que les idées à Marie Loudevig étaient changées à l’égard de Jean Keipp, mais si Marie l’a gamelé, je te dirai aussi qu’il nous a attaché un bidon le jour que je t’ai vue à l’instruction, pour aller avec Henri Chevet, il nous a quittés réellement comme un petit muffe… Je te prierai de croire qu’il ne boira plus à notre table à l’avenir, ou bien, s’il y boit, ce sera vraiment dans la grande tasse. »

GANACHE : « On dit d’un homme âgé et radoteur : C’est une vieille ganache. » (Dhautel, 08.) — Du vieux mot ganache : grosse mâchoire. On dit de même c’est une vieille mâchoire pour c’est une ganache. — « Quoique certaines ganaches ne parlent que la langue du xviiie siècle. » (Revue de Paris, 1834.)

« Il déblatérait contre les ganaches de la Chambre. » (G. Sand.)

« Le père ganache ou le père dindon, ou bien encore le compère, c’est le nom d’un emploi dans lequel le père Brunet et Lepeintre jeune ont excellé. Ce type du vieillard imbécile et crédule est une création de Térence. » (Duflot.)

Déjà on trouve ganache comme synonyme de sot dans une poésie du xvie sièclee, la seille aux bourriers.

Que vous serez réputé lasche,
Couard, poltron, sot et ganache
Des dames, si vous n’auez l’or.

GANACHE : Fauteuil de forme basse. — « Puis s’étant blottie dans une ganache, elle tendit ses jambes. » (Achard.)

* GANDIN (hisser un) : Tromper. (Rigaud.) — Vient du vieux mot gande : feinte tromperie. Dans le Midi on dit ganda. Dans le Berri, on dit « tu nous contes des gandoises » pour : « tu nous contes des mensonges. »

GARDE-MANGER: Water-closet. (Delvau.)

GARDE NATIONAL : Paquet de couenne. Argot des faubourgs. (Id.) — National doit être au féminin. Pour comprendre ce terme, voyez sa contre-partie Paquet de couennes.

GARDE NATIONALE (être de la) : Un des nombreux synonymes de en être, pour le sexe féminin seulement.

GARDIEN : Excrément. (Delvau.) — Même sens et allusion que factionnaire (p. 163).

GARGARISME : Petit verre. (Rigaud.) — Allusion à la gorgée d’eau-de-vie.

GARGOTER : Cuisiner mal, travailler mal. (Delvau.)

* GARNAFE, GARNAFLE : Ferme. (Vidocq.)

* GARNAFIER : Fermier (Id.)

GARNO : Garni. (Rigaud.) — Changement de finale.

GASPARD : Chat, rat. Argot de chiffonnier. (Id.) — Jeu de mots sur gat.

GAT : Chat. (Colombey.) — Vieux mot provençal.

GATEAU FEUILLETÉ : Chaussure mauvaise. (Delvau.) — Allusion aux semelles qui s’effeuillent.

GÂTER LA TAILLE : Rendre enceinte. (Id.)

GAUDISSART : Plaisant, homme jovial. (Id.) — En ce sens, le vieux français a le mot gaudisserie : plaisanterie, propos joyeux.

GAULES DE SCHTARD : Barreaux de prison. (Rigaud.) — Gaule est une ironie, Schtard est une forme de jettard (V. p. 212).

GAVIOLÉ : Ivrogne. (Id.) — De gaver : gorger.

GAVIOT : Gosier. (Delvau.) — On disait au moyen âge gaviou (de gave : gorge).

* GAVOT : Se trouve au mot gaveau dans le dict. de Littré.

GAZ : Eau-de-vie. — Elle allume. (Rigaud.)

GAZ (allumer son) : Regarder attentivement. (Delvau.) — Mot à mot : éclairer sa vue.

* GAZON : Se prend pour chevelure vraie dans cette image de l’argot faubourien : il n’a plus de gazon sur la terrasse, pour désigner un chauve. — Se ratisser le gazon : Se peigner.

GAZOUILLER : Puer. — De gaz pris dans le sens de puanteur. — « Oh là là ! ça gazouille, dit Clémence en se bouchant le nez. » (Zola.)

GENDARME : Moisissure. (Delvau.) — Mot de patois berrichon.

GENDARME : Grande femme revêche. (Id.)

GENDARME : Hareng saur. (Rigaud.) — Est-ce parce que son aspect jaunâtre rappelle les buffleteries jaunes de la gendarmerie, ou parce que sa tête avec les ouïes relevées a un air de chapeau à cornes ? On a, par contre, appelé harengs les gendarmes

GENDARME : Cigare d’un sou. (Id.)

GENDARME : Breuvage de vin blanc, de sirop de gomme et d’eau. (Id.)

GENDARME : Fer à repasser. — Il porte la marque de la maison Gendarme. (Id.)

GENS DE LETTRES (faire partie de la Société des) : Faire chanter par lettres. (Michel.) — Ce mot, reproduit comme contemporain, est de 1787 et n’a eu jamais cours qu’en ce temps-là, non à Paris, mais en Auvergne. M. Fr. Michel le prouve.

GENTLEMAN : « On ne dit plus de lui qu’il est un homme distingué, un homme du monde, un véritable gentilhomme, mais un gentleman. » — Cette anglomanie, — peu intelligente, — est si bien maîtresse de nous, que nous ne voyons plus de gentilshommes en France. En revanche, nous voyons des gentlemen partout. Je cite, d’après un journal : « On demandait à un Serbe s’il y avait des nobles dans son pays : « Tout Serbe est noble ! » répondit-il. « Chaque Serbe est un gentleman ! » (J. Améro.)

L’auteur de l’Anglomanie dans le Français, que je viens de citer, poursuit en ces termes : « Notre gentleman français vit plus ou moins à l’anglaise, et on dit de lui ou bien il dit lui-même qu’il a de « l’humour », aime les « beefsteaks, » ne dédaigne pas un petit « lunch » entre ses repas, fréquente la « high life, » se rend aux « meetings » de n’importe quoi, évite les « pickpockets, » redoute les « questions » politiques des « reporters, » et quand il prend le « railway, » ne manque pas de demander un « ticket. »

Ce sont là autant de termes anglais qui n’ont que faire dans le français, par cette raison bien simple, mais qui nous semble péremptoire malgré sa simplicité, que, pour chacun d’eux, nous avons au moins deux ou trois vocables correspondants. »

* GENTLEMEN-RIDERS : « Reçoivent cette qualification et peuvent seuls monter dans les courses de gentlemen-riders : 1° les membres du Jockey-Club et des principaux cercles de Paris ; 2° les officiers de l’armée française, en activité de service ; 3° les personnes admises, sur leur demande, après examen et ballottage par le comité des courses. » (Carnet des courses, 77.)

GEO : Géométrie. Argot des écoles.

GERBEMENT : Jugement. (Michel.) — Voyez ci-dessous Gerber.

* GERBER : Étymologie. Je crois que gerbement et gerber font allusion à l’action de gerber, c’est-à-dire de lier, de réunir et d’empiler les gerbes. Seulement cette action est prise au figuré. Juger n’est-ce pas réunir en une seule gerbe, en un seul faisceau (comme on dit dans la langue officielle) les éléments accusateurs.

GERBIERRES : Fausses clefs. (Rigaud.)

GESSEUR : Grimacier, prétentieux. (Delvau.)

GET : Jonc (Michel.) — C’est pour jet qui se dit régulièrement,

GIBELOTTE DE GOUTTIÈRE : Chat. (Delvau.) — Le chat se mange pour du lapin.

GICLER : Jaillir. (Rigaud.) — C’est un vieux mot encore usité dans nos patois. On y retrouve le jaculare latin.

GIGOT : Cuisse (Delvau) ; mains larges. (Rigaud.)

GIGUE : Jambe, femme longue et maigre. (Delvau.) — Vieux mot conservé par nos patois et donné par le dict. de Littré.

* GILBOCQUE : (Transposition.) — Voyez p. 191, après Giberne.

GILQUIN : Coup de poing. (Rigaud.)

* GIRONDE : Fille perdue. (Halbert.)

GIRONDIN : Dupe. — Argot de camelots. (Rigaud.)

GIRONDINE : Femme très gentille. (Delvau.)

GÎTE (dans le) : Ce qu’il y a de mieux. — Allusion au gîte à la noix qui passe pour la meilleure partie du bœuf. (Rigaud.)

GIVERNER : Vagabonder de nuit. (Delvau.)

GLACE (passer devant la) : Voir une fille de maison sans payer, parce qu’on est son amant. (De Goncourt.) — Perdre des consommations au jeu dans un café. (Rigaud.)

GLAIVE : Guillotine. — GLAIVER : Guillotiner. (Id.)

GLOCHETTE : Poche. (A. Pierre.) — Est-ce en souvenir de la clochette attachée jadis à la poche sur laquelle les tireurs apprentis se faisaient la main ?

GLOUSSER : Parler. (Delvau.) — Animalisme.

GLUANT : Enfant à la mamelle. (Id.)

GLUAU : Crachat. (Rigaud.)

GLUAU (poser un) : Arrêter.

* GNIAF : C’est, à proprement parler, l’ouvrier cordonnier. Voyez Pignouf, p. 280. Gnaf se trouve dans les dictionnaires du patois normand de Du Méril, et des patois du Centre de Jaubert.

GNON : Meurtrissure, blessure. (Delvau.) — S’écrivait nion dans le compte rendu d’un procès de parricide (mars 1879).

GOBAGE : Amour. (Rigaud.)

GOBELIN : Gobelet, dé à coudre.

GOBE-PRUNE : Tailleur. (Michel.) — Ce vieux mot confirme notre étymologie de pique-prune (p. 282). C’est bien une comparaison de mouvement.

GOBELOT : Ciboire. (Id.)

GOBER SON BŒUF : Être furieux. (Delvau.) — Mot à mot : être comme un bœuf enragé.

GOBET : Vaurien (Id.) ; quartier de bœuf. (Rigaud.)

GOBIN : bossu. (Id.) — Vieux mot qui se dit encore en patois picard. Brantôme rapporte qu’un duc de Mantoue était appelé le gobin, à cause de sa bosse.

* GODARD : Forme de. gaudard qui devait être un dérivé du vieux verbe se gaudir : se réjouir, qui a fait gaudissard. Nos exemples confirment ce sens. V. p. 194.

* GODILLER Exemple : « Plus on est de gentilshommes, plus on godille… Vous trouverez dans mes salons les plus beaux noms… en femmes. Depuis la marquise de Fumeterre jusqu’à la baronne de Lune rousse. » (Faillet.)

* GODILLOT : Conscrit. (Rigaud.)

* GODILLOT : Soulier. « J’ai attendu que le carreleur ait raccommodé un de mes godillots. » (Tam-Tam, 76.)

* GOFFEUR : De goff : forgeron. (Bretagne.)

* GOGO : Semble être à proprement parler celui dont on se moque, qu’on goguenarde. Je ne crois pas que gogo ait ce sens dans l’exemple de Villon.

GOGOTTE : Faible, mou, niais. (Delvau.) — C’est un dérivé de gogo. V. p. 195.

GOGOTTE : Mauvais yeux. (Id.) — Corruption du mot cocotte qui a dû désigner d’abord des yeux gonflés, dits à la coque.

GOLGOTHER : Poser en martyr. Allusion au Golgotha biblique. (Delvau.)

GOMBERGER : Compter. (Id.) — C’est une forme de comberger.

* GOMMEUX : Joli. C’est le substantif pris adjectivement dans le sens de à la mode. — « Quand il trouve une chose à son goût, il ne dit plus : elle est jolie, il dit : elle est gommeuse. » (Hennique.)

GONDOLÉ : Tordu, recroquevillé, faussé. Se dit d’un homme comme d’un chapeau, — « Quéq’qu’t’as donc fait hier, t’as l’air tout gondolé. » (Le Sublime, 72.) En patois poitevin, on dit : il est en gondole d’un objet courbé par la chaleur. En Limousin, un chapel de gondola est un vieux et mauvais chapeau.

* GONZESSE : Femme, amante. (Delvau.)

GORET : Premier ouvrier cordonnier. (Id.) — Animalisme.

GORGE : Étui. Jargon des voleurs. (Id.) — La gorge a, par le fait, la forme d’un étui.

GORGNIAT : Homme malpropre. (Id.)

GOSSEUR : Conteur de gosses. V. p. 196.

GOUGNOTTAGE, GOUGNOTTER : Acte de gougnotte, agir en gougnotte. (Rigaud.) V. ce mot p. 197.

GOUILLE (envoyer à la) : Envoyer promener. (Delvau.) — Gouille se dit en patois pour mare, bourbe (Centre).

GOUILLON : Gamin. (W.)

GOUJON : Dupe. — Elle mord à l’hameçon de ceux qui l’exploitent. (Id.)

GOUJON : Souteneur. (Rigaud.) — Variante de poisson. V. p. 288.

GOUJON (lâcher son) : Vomir. (Id.)

GOUJONNER : Duper. (Delvau.) — Allusion de pêche.

GOUR : Pot. (Halbert )

* GOURBI : Ce mot n’est pas si arabe qu’il en a l’air quand on voit gourbin signifier clayonnage en patois briançonnais, et panier en Provence. Et un gourbi n’est qu’une hutte clayonnée.

GOURD : Friponnerie. Argot de voleur. (Michel.) — Pour goure. C’est l’action de gourer : tromper, V. p. 197.

GOURGOUSSER : Se plaindre, récriminer. (Boutmy.) — C’est un équivalent du provençal gourgoulhar, gourgoutar : murmurer (en parlant d’un liquide) qui répond au gargouiller français.

GOURGOUSSEUR : Grognon. (Boutmy.)

GOURRER, GOURREUR. (Michel.) — Voyez, Gourer, Goureur, p. 197.

GOUSPINER : Vagabonder. (Id.)

GOUSSER : Manger. (Id.)

GOÛT DU PAIN (faire passer le) : Tuer. On trouve Perdre le goût du pain : mourir, dans le Dictionnaire comique de Leroux (18e s.) — « Tous les jean-f… qui voulaient faire perdre le goût du pain aux braves montagnards. » (1793, Hébert.) — « V’là la guillotine qui se met à jouer. On enlève le goût du pain au monde. » (H. Monnier.)

GOUTTE (donner la) : Donner à téter. (Rigaud.)

GOUTTE MILITAIRE : Ancienne gonorrhée. (Id.)

GOUTTIÈRE (lapin de) : Chat. (Id.) — Voyez Gibelotte.

GOUVERNEMENT : Épée à l’École polytechnique. (Delvau.) — C’est l’État qui la donne.

GRAFFAGNADE : Mauvais tableau, commerce de mauvais tableaux. (Rigaud.)

GRAFIN : Chiffonnier. (Id.) — Il grafigne (gratte) avec son crochet.

GRAILLONNEUSE : Blanchisseuse par occasion. (Delvau.)

* GRAIN : Pièce de dix sous. (Id.)

* GRAIN : Émotion produite par un extra de boisson. — « Un petit grain de temps en temps, ça vous remet. » (Le Sublime.)

GRAISSER LES ROUES : Boire. (Rigaud.) — Cela fait marcher la voix et permet la roulade.

GRAISSER LE TRAIN DE DERRIÈRE : Donner le pied au cul. (Id.) — Cela fait marcher plus vite, comme le graissage des roues fait rouler une voiture.

GRAISSEUR : Grec. — De graisse (Grèce, monde des Grecs). V. Bédouin.

GRAND MECQUE : Président. (A. Pierre.) — Mot à mot : grand maître.

GRAOUDJEM : Charcutier. (Rigaud.)

GRAS (avoir son) : Être tué. « Si j’ai mon gras, je ne veux pas qu’un de ces pouilleux-là me chaparde ma croix… » (A. Bouvier, 60.)

GRASSE : Coffre-fort. Argot de voleur. (Rigaud.) — Elle renferme le gras (argent). V. page 198.

GRATE : Abréviation de gratification. (Boutmy.)

GRATIS : Crédit. Jargon de marchand. (Rigaud.)

GRATON : Rasoir. (Delvau.)

GRATOUILLE : Gale. (Id.)

GRAVEUR EN CUIR : Savetier. (Rigaud.)

GRELOT : Voix sonore. — Il va toujours comme le cheval de poste faisant tinter son grelot. — « Chaud là ! En triomphe l’orateur ! Quel grelot ! » (Le Sublime.)

GRENOUILLARD : Grand baigneur, buveur d’eau. (Rigaud, Delvau.)

GRENOUILLER : Boire de l’eau. (Delvau.) — Mot à mot : faire comme les grenouilles.

GRÉS : Cheval. (Michel.)

GRIBLAGE : Plainte. (Delvau.) — C’est une forme de criblage.

GRIFFARDE : Plume. (Rigaud.) — Elle sert à griffonner.

GRIFFER : Voler. (Delvau.)

GRIGNON : Juge. Argot de voleur. (Rigaud.)

GRILLEUSE DE BLANC : Repasseuse. (Delvau.) — Allusion au fer chaud et au linge.

* GRIMÉ : Arrêté. (Halbert.) — GRIMER : Arrêter. (A. Pierre.)

GRIMOIRE : Code pénal. (Delvau.) — M. Rigaud dit grimoire mouchique.

GRINGUE : Pain. Jargon du peuple. (Rigaud.) — Forme intervertie de grigne. Le pain se grignotte.

GRISAILLE, GRISE : Sœur de charité. (Delvau.) — Allusion à sa robe.

GRONDIN : Porc. (Michel.)

GROS LÉGUME : Officier supérieur. (Rigaud.) — Allusion à la graine d’épinard.

GROS LOT : Mal de Naples. (Delvau.)

GROSSE CAVALERIE : « C’est ainsi que s’appellent les scélérats les plus déterminés du bagne. » (Sers, 45.) — Acception figurée. Cette grosse cavalerie est cuirassée contre le remords et la crainte.

GROSSE CULOTTE : Ivrogne beau parleur. V. Sublime.

GROULE, GROULASSE : Apprentie, petit souillon. (Rigaud.) — Du mot provençal groula qui a le même sens.

GROUPER : Arrêter, saisir. (Michel.) — Abrév. d’agripper.

GUANO : Excrément quelconque. (Delvau.) — Allusion au guano chilien.

GUELTER : V. Guelte, page 202.

GUENON : Patronne. (Rigaud.) — Pendant du singe.

GUETTE : Gardien. (Delvau.) — Vieux mot.

GUEULARDE : Poche. (Halbert.)

* GUEULE (faire sa) : « Dis donc, Marie, bon bec, ne fais pas ta gueule. » (Zola.)

GUEULE DE BOIS : Ivresse. (Delvau.)

GUEULE D’EMPEIGNE : Palais habitué aux liqueurs fortes. (Id.) — Mot à mot : gueule de cuir.

GUEULE DE RAIE : Vilain visage. (Rigaud.) — La raie est un poisson d’aspect repoussant.

GUEULÉE : Repas, hurlement. (Delvau.)

GUIBONNE : Jambe. — Dérivé de guibon. — « J’ sais tirer la savate avec mes guibonnes. » (Richepin, 77.)

GUICHE : Cheveux, rouflaquettes.

Quand j’ veux tromper mes guiches,
J’ m’en vas faire une pleine eau.
(Richepin.)

GUIMBARDE : Porte. (Rigaud.)

* GUINAL : Marchand de chiffons en gros. — Grand Guinal : Mont-de-piété. (Id.) Mot à mot : juif et grand juif.

GUINALISER : Faire l’usure. (Id.) — Mot à mot : faire acte de juif. Voyez Guinal, p. 203.

GUINCHE : Bal de barrière. — Halbert donne guinche avec le sens généralisé de barrière. — GUINCHEUR : Habitué de bal (Delvau.)

GUINCHER : Danser. (Id.) — Dans les patois du Centre, guincher veut dire baisser la tête, se mettre de travers, ce qui équivaut à cancaner et ce qui a fait guinche (bal, sauterie). — Dans le Berri, on dit encore qu’on va aux assemblées, fêtes de villages pour guinguer : danser.

GUINGUETTE : Grisette. (Delvau.) — Elle guingue volontiers. Voyez Guincher.