Dictionnaire des proverbes (Quitard)/vaisseaux

vaisseaux. — Brûler ses vaisseaux.

S’interdire, s’ôter les moyens de revenir sur une résolution, de renoncer à une entreprise ; se mettre dans l’impossibilité de reculer.

Allusion à la conduite de quelques grands capitaines que l’histoire nous représente incendiant les vaisseaux qui les avaient portés sur des bords ennemis, afin que leurs soldats, privés de tout espoir de retraite, fussent déterminés à vaincre ou à mourir. Agathocle, tyran de Syracuse, donna sur la côte d’Afrique le premier exemple de cette heureuse hardiesse. Asclépiotade, envoyé par Dioclétien contre l’usurpateur de la Grande-Bretagne, agit comme Agathocle et fut victorieux comme lui. L’empereur Julien mit le feu à ses magasins et à ses onze cents navires qui mouillaient dans le Tigre, lorsqu’il fit son expédition contre Sapor. Guillaume-le-Conquérant, abordant en Angleterre en 1066, eut recours au même moyen, qui fut suivi de la victoire d’Hastings. Robert Guiscard, dans le péril pressant où il se trouvait avec sa petite armée devant les troupes nombreuses d’Alexis Comnène, brûla aussi sa flotte et ses bagages, comme s’il eût dû combattre sur le lieu de sa naissance et de sa sépulture, et il gagna la bataille de Durazzo, le 13 octobre 1081. Enfin, c’est ainsi que Fernand Cortez, débarqué sur la côte du Mexique, préluda à la conquête de cette contrée.