Dictionnaire des proverbes (Quitard)/morion

morion. — Donner le morion.

Sorte de punition qu’on infligeait autrefois à un soldat, en le frappant sur le derrière avec la hampe d’une hallebarde ou la crosse d’un mousquet, pendant qu’on lui fesait tenir une pique au bout de laquelle était placée une armure de tête appelée morion. Voici comment M. A. A. Monteil raconte la chose d’après l’Alphabet militaire. « Quand un soldat est condamné aux honneurs du morion, il est d’abord obligé de se choisir parmi ses camarades un parrain. Aussitôt le parrain le désarme, lui place le chapeau sur la pointe d’une pique, qu’il lui donne à tenir, et le fait mettre dans la position de quelqu’un à qui l’on va donner le fouet sur les chausses, et véritablement le lui donne avec le bois d’une arquebuse. On compte les coups de cette manière : on lui demande s’il est gentilhomme ; il doit répondre qu’il l’est, puisqu’il est soldat : on lui dit alors qu’un gentilhomme doit avoir tant de pages, tant de valets, tant de chiens, tant de faucons ; et autant de pages, autant de valets, autant de chiens, autant de faucons, autant de coups. On lui demande combien de tours il y a à son château : s’il répond qu’il ne s’en souvient pas, on répond pour lui ; autant de tours, autant de coups. On lui demande ensuite quels sont les princes de la famille royale : il les nomme ou on les nomme pour lui ; autant de princes, autant de coups. On passe aux maréchaux de France, aux officiers du régiment : il les nomme ou on les nomme ; autant de maréchaux, autant d’officiers, autant de coups. De temps en temps le parrain ajoute : Honneur à Dieu ! service au roi. Tout pour toi, rien pour moi.

Le tambour avait battu un ban au commencement, il en bat un autre à la fin. »