Dictionnaire des proverbes (Quitard)/intention

intention. — C’est l’intention qui fait l’action.

C’est l’intention, ou la fin qu’on se propose en agissant, qui apprécie et détermine le degré de bonté ou de méchanceté de l’action. — On dit aussi : L’intention vaut le fait, en présumant que celui qui a voulu l’action en a voulu toutes les suites.

La bonne intention doit être réputée pour le fait.

C’est-à-dire qu’après s’être montré bien intentionné à l’égard de quelqu’un, on mérite sa reconnaissance pour le bien qu’on a voulu lui faire, comme si on le lui avait fait. — Ce proverbe ne doit s’employer que dans un sens restreint et déterminé par une juste appréciation des faits. Il serait absurde de l’appliquer à de bonnes intentions exécutées avec une imprudence impardonnable et suivies d’un effet nuisible. Il ne faut pas qu’un sot puisse le prendre pour excuse, et prétendre qu’on doive lui être obligé, lorsqu’il aura compromis ou desservi quelqu’un par ses sottises avec les meilleures intentions du monde, lorsqu’il se sera conduit comme l’ours émoucheur qui casse la tête à son maître avec un pavé, pour le délivrer de l’importunité d’une mouche.

Les bonnes intentions sont trop souvent alléguées pour justifier des fautes, et elles ont trop souvent de mauvais effets peu différents du mal fait à dessein, pour mériter d’être prises en considération. Aussi, est-ce avec raison qu’un proverbe, usité en Portugal, en Espagne et en France, dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ce que Bossuet s’est rappelé peut-être lorsque, tonnant contre les vices déguisés en vertus, il s’est écrié avec une admirable énergie : Toutes ces vertus dont l’enfer est rempli.