Dictionnaire des proverbes (Quitard)/dénicheur

dénicheur. — À d’autres, dénicheur de merles.

Expression dont on se sert pour faire entendre à une personne qu’on pénètre sa malice déguisée, et qu’on ne s’y laissera pas prendre. Elle a tiré son origine de l’historiette suivante, racontée par Boursault dans ses Lettres à Babet. Un jeune manant de vingt-deux ou vingt-trois ans, étant à confesse, s’accusa d’avoir rompu la haie de son voisin pour aller reconnaître un nid de merles. Le prêtre lui demanda si les merles étaient pris. — Non, lui répondit-il ; je ne les trouve pas assez forts, et je n’irai les dénicher que samedi au soir. Il y alla en effet ce jour-là ; mais il trouva la place vide, et il ne douta point que son confesseur n’eût enlevé les oiseaux. Cependant il n’osa lui en rien dire. Quelques mois après, un jubilé l’ayant obligé de retourner à confesse, il s’accusa d’aimer une jeune villageoise, et d’en être assez aimé pour obtenir ses faveurs. Quel âge a-t-elle ? dit le prêtre. — Dix-sept ans. — Elle est sans doute jolie ? — Oui, très jolie, la plus jolie de tout le village. — Et dans quelle rue demeure-t-elle ? ajouta promptement le confesseur. — À d’autres, dénicheur de merles, lui répliqua tout aussi promptement le jeune homme ; je ne me laisse pas attraper deux fois.