Dictionnaire des proverbes (Quitard)/chouette

chouette. — Larron comme une chouette.

La chouette dont il est ici question est une espèce de corneille, le petit choucas, que les Latins nommaient monedula, parce que cet oiseau aime beaucoup à prendre et à cacher les pièces d’argent et d’or qu’il peut trouver. Monedula, dit Vossius, quasi monetula a surripiendis monetis. — On dit aussi : Larron comme une pie, et l’histoire de la pie voleuse est bien connue.

Faire la chouette.

C’est jouer seul contre plusieurs qui jouent alternativement.

Être la chouette d’une société.

C’est être l’objet ordinaire des railleries de cette société.

Ces expressions sont des métaphores empruntées de la chasse à la pipée. Cette chasse est due à l’antipathie naturelle qu’ont les oiseaux de jour pour les oiseaux de nuit. Le pipeur, caché dans une loge de feuillage, au pied d’un arbre qu’il a couvert de petits tuyaux de paille enduits de glu, imite le cri de la chouette ou fait crier une chouette qu’il a avec lui. À ce cri, les oiseaux irrités accourent pour se jeter sur l’ennemi nocturne qui ose se montrer en plein jour. Le plus petit roitelet, n’écoutant que sa haine et son courage, arrive comme les autres, impatient de donner aussi son coup de bec. Ils se posent sur l’arbre fatal, ils voltigent de branche en branche afin de découvrir la chouette. La glu s’attache à leurs ailes, arrête leurs pieds délicats et les livre au chasseur qui s’applaudit du succès de la ruse. — Le mot pipée est une onomatopée du cri, ou, comme dit Nicod, du pippis des petits oiseaux, parce que dans cette chasse on imite aussi le cri de ces petits oiseaux, ou l’on en fait crier un qu’on a pris, afin d’attirer les autres.