Dictionnaire des proverbes (Quitard)/buisson

buisson. — Il n’y a si petit buisson qui n’ait son ombre.

Ce proverbe s’emploie dans deux sens opposés, pour dire qu’il n’y a rien de si petit qui ne puisse être avantageux ou préjudiciable. C’est ainsi que les Latins disaient : Etiam unus cupillus habet umbrant suam, un cheveu, même a son ombre. On prétend que l’ombre du buisson est devenue proverbiale à cause de cet apologue de la Bible : — « Les arbres voulurent se choisir un roi. Ils s’adressèrent d’abord à l’olivier et lui dirent : Règne. L’olivier répondit : Je ne quitterai pas le soin de mon huile pour régner sur vous. Le figuier dit qu’il aimait mieux ses figues que l’embarras du pouvoir suprême. La vigne donna la préférence à ses raisins. Enfin les arbres s’adressèrent au buisson, et le buisson répondit : Je vous offre mon ombre. » On sent tout ce qu’il y a de hardi dans cette idée, mais elle est dans la Bible. Ce ne sont pas les philosophes, dit Chamfort, c’est le Saint-Esprit à qui elle appartient.

Trouver buisson creux.

C’est ne pas trouver ce qu’on s’attendait à trouver. Les chasseurs appellent buisson creux, un buisson dans lequel il n’y a point de gibier.

Il a battu les buissons et un autre a pris les oisillons.

Il s’est donné des peines dont un autre a profité. Moisant de Brieux explique ainsi ce proverbe : « On fait en hiver une petite chasse aux flambeaux et entre deux haies : un valet porte un bouleau ou autre arbrisseau plein de glu ; d’autres valets battent de côté et d’autre les buissons, d’où les oiseaux sortant vont donner à la lumière et dans le bouleau où ils demeurent pris. Nous appelons cela aller au bouleau. »

Ce proverbe a une célébrité historique. Le duc de Bedfort, régent de France pour Henri VI roi d’Angleterre, en fit une application imprudente, en répondant à Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, qui demandait à garder en dépôt la ville d’Orléans ; et cette réponse, dont le prince bourguignon fut offensé, le détermina à se séparer des Anglais, dans un temps où ces derniers avaient le plus grand besoin d’un si puissant allié pour résister aux efforts de Charles VII.