Dictionnaire des proverbes (Quitard)/bonhomme

bonhomme. — Petit bonhomme vit encore.

Il existait autrefois une superstition qui avait lieu à la naissance des enfants, et qui consistait à allumer plusieurs lampes auxquelles on imposait des noms divers d’anges ou de saints, afin de transporter ensuite au nouveau-né comme gage de longue vie le nom de celle qui avait été le plus longtemps à s’éteindre. Cette superstition, dont saint Chrysostôme (tome x de ses œuvres, p. 107) avait déjà signalé la présence au quatrième siècle, durait encore au quatorzième, où elle était pratiquée aussi pour guérir les malades à l’agonie, ainsi que nous l’apprend saint Bernard de Sienne[1]. Après s’être maintenue pendant mille ans, elle ne pouvait pas disparaître sans laisser quelque trace. Il nous en est resté l’expression métaphorique Petit bonhomme vit encore, devenue la formule d’un jeu qu’on croit dérivé de l’usage antique observé, à la fête des lampadromies, par les jeunes Athéniens qui couraient dans la lice en se donnant de main en main un flambeau, emblème de la propagation de la vie.

  1. Saint Bernard de Sienne, chap. 7, dit qu’en ce cas on allumait douze cierges représentant les douze apôtres, dans l’idée que l’agonisant serait rappelé à la vie par le simple changement de son nom en celui de l’apôtre dont le cierge brûlait plus longtemps.