Dictionnaire des proverbes (Quitard)/avarice

avarice. — Quand tous vices sont vieux, avarice est encore jeune.

L’âge et les réflexions, dit Massillon, guérissent d’ordinaire les autres passions, au lieu que l’avarice semble se ranimer et prendre de nouvelles forces dans la vieillesse. Ainsi l’âge rajeunit, pour ainsi dire, cette indigne passion. Elle se nourrit et s’enflamme par les remèdes mêmes qui guérissent et éteignent toutes les autres. Plus la mort approche, plus on couve des yeux son misérable trésor.

Avarice passe nature.

L’avare se prive des commodités de la vie ; il est mal logé, mal vêtu, mal nourri ; il souffre du froid et du chaud, et il endure la faim pour satisfaire une passion plus forte en lui que la nature, une passion qui lui fait jeter ses entrailles hors de lui, selon l’expression énergique de l’Ecclésiaste.

Un proverbe anglais compare l’avare au chien placé dans la roue d’un tourne-broche : A covetous man like a dog in a wheol, roasts meal for others.

L’avarice est comme le feu, plus on y met de bois, plus il brûle.

Cette comparaison proverbiale se trouve dans le Traité des Bienfaits, par Sénèque (liv. ii, ch. 27) : Multo concitatior est avaritia in magnarum opum congestu collocata, ut flammæ acrior vis est quo ex majore incendio emicuit. Il en est de l’avarice comme du feu, dont la violence augmente en proportion des matières combustibles qui lui servent d’aliment.

Ovide, avant Sénèque, avait également comparé au feu la faim dévorante d’Erisichton, symbole frappant de l’avarice. (Métamorph., liv. viii, fab. 11)

Avarice de temps seule est louable.

Proverbe tiré de Sénèque, qui a dit, en parlant du temps : Cujus solius honesta est avaritia.