Dictionnaire des antiquités grecques et romaines/ACETABULUM


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ACETABULUM (Όξίζ, Όξύβαφον). — l. Petit vase destiné à contenir du vinaigre [acetum] 1[1], ou d’autres condiments en usage dans les repas. L’origine du nom, tirée de son emploi, ne peut être mise en doute, mais ce nom ne resta pas exclusivement appliqué aux vases à vinaigre, il désigna également d’autres vases semblables, quel qu’en fût le contenu, comme le dit expressément Quintilien 2[2]. On trouve des acetabula d’argent mentionnés au Digeste, parmi les vases qui composent la vaisselle de la maison 3[3]. Il y en avait sans doute de toute matière, aussi bien que des vases appelés oxis et oxyraphon : le mot latin est la traduction exacte de ces mots grecs. C’est aussi en les rapprochant et en tenant compte de quelques autres acceptions du mot acetabulum, que l’on peut arriver à déterminer la forme du vase de ce nom. D’après Athénée 4[4], il ressemblait à une kylix petite et évasée (είδοζ κύλικοζ μεκράζ) ; d’autre part, nous voyons qu’on appelait acetabulum la cavité d’un os qui emboîte la tête d’un autre os 5[5] ; de même celle qui reçoit le moyeu d’une roue 6[6], et enfin les suçoirs ou ventouses dont sont pourvus les bras de certains polypes. Il s’agit donc d’un vase rond, petit, peu profond et bien ouvert. Nous en trouvons qui répondent à
Fig. 43. Vases pour les assaisonnements.
cette description dans des peintures 7[7] découvertes à Rome en 1783, représentant de jeunes esclaves portant dans des plats ou bassins des mets de diverses sortes. L’un de ces plats est ici reproduit (fig. 43). On y voit avec un cochon de lait deux de ces petits vases qui sont évidemment destinés à l’assaisonnement ; sur un autre, sont des raiforts,
Fig. 44. Esclave préparant le repas.
et, au milieu du plat, un seul petit vase pareil à ceux qu’on voit ici. Dans une peinture étrusque, découverte récemment près d’Orvieto 8[8], des esclaves sont occupés des préparatifs d’un repas ; l’un d’eux (fig. 44) tient dans sa main droite un vase à peu près semblable, trop petit pour servir à verser ou à boire, et qui vraisemblablement fait l’office d’acetabulum.

II. Les escamoteurs (circulatores, praestigiatores) faisaient leurs tours à l’aide de gobelets de forme analogue et qui s’appelaient acetabula 9[9]. Tel est celui qu’on voit aux pieds d’un jongleur figuré sur une lampe en terre cuite 10[10] (fig. 45).

Fig. 45. Jongleur.

III. Il s’appliquait encore à un instrument de percussion consistant en une cymbale de terre cuite, d’airain, d’argent ou d’autre matière, que l’on frappait contre une autre cymbale ou au moyen d’une baguette 11[11].

IV. L’acetabulum était aussi une mesure de capacité pour les matières sèches ou liquides 12[12], équivalant pour les li-


quides à 1 1/2 cynthus, ou 1/2 quartarius, 1/4 d’hemina, 1/8 du sextarius, 1/48 du congius, 1/384 de l’amphora ; pour les substances sèches, à 1/2 quartarius, 1/4 de l’hemina, 1/8 du sextarius, 1/128 du modius ; soit, d’après les mesures actuelles, 0, 0684 de litre. [Voir les tableaux des poids et mesures à la fin de cet ouvrage.] E. Saglio.

  1. ACETABULUM. 1 Isid. Orig. XX, 4, 12 ; Apic. VI, 6 ; VIII, 7.
  2. 2 VIII, 6.
  3. 3 Ulp. XXXIV, 2, 19, § 9.
  4. 4 P. 494 c ; ibid. e.
  5. 5 Plin. Hist. Nat. XX VIII, II. 49.
  6. 6 Scalig. ad Varr. De Te rust. 5.
  7. 7 Cassini, Pitture antiche trov. al Laterano, Rome, 1783. pl. 2 et 5.
  8. 8 Golini, Pitture scoperte presso Orviéto. Firenze, 1865, tav. 5.
  9. 9 Sénec. Epist. XI. V, 7 ; Alciphron. Ep. III. 20.
  10. 10 Bartoli, Lucern. véter, tav. 17.
  11. 11 Isid. III, 21, 11 ; Suid. s. v.
  12. 12 Plin. Hist. Nat. XXI, 34, 185 ; Isid. XVI, 26, 5 ; Priscian. V, 76.