Dictionnaire de théologie catholique/VINCENT DE LÉRINS (Saint)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 758-763).

VINCENT DE LÉRINS (Saint), prêtre et écrivain ecclésiastique du ve siècle.

I. Vie et œuvres. — La vie de saint Vincent de Lé-’rins ne nous est pas connue. Gennade, dans la notice qu’il lui consacre, De vir. illustr., 64, nous apprend seulement qu’il était d’origine gauloise, qu’il fut prêtre au monastère de Lérins et qu’il mourut sous le règne de Théodose et de Valentinien, c’est-à-dire avant 450 et peut-être beaucoup plus tôt. Au moment de sa mort, il devait être parvenu à un âge avancé, puisqu’il attribue aux défaillances de sa mémoire la nécessité OÙ il s’est vu de rédiger une sorte de mémento de ce qu’il avait appris en lisant les Pères. F.ucher de Lyon parle encore de lui avec éloge et nous apprend qu’il a été, de concert avec Salvien, l’éducateur de ses fils Salonius et Veranus, Instruct., i, priejal. Si nous ajoutons que, selon Gennade, il était fort instruit dans les Écritures et assez versé dans la connaissance des dogmes ecclésiastiques, nous avons dit à peu près tout ce que l’histoire nous apprend de son existence.

Ses ouvrages semblent avoir été peu nombreux et peu (tendus. Gennade ne connaît de lui qu’un écrit ™ deux livres : Composuil ad evitanda tuerelicorum collecta, nitido salis et aperto sermonc. uaUdistimam disputalionem. Encore Vincent aurait-il perdu la plus grande partie du deuxième livre qui lui aurait été volée avant d’être éditée, si bien qu’il se serait enn t’iité d’en récrire un bref résumé et qu’il aurait

publié le premier livre ainsi complété de manière à présenter au public un seul livre. Nous verrons ce qu’il faut penser de cette affirmation.

On lui attribue aujourd’hui deux autres ouvrages. Le premier est connu sous le nom d’Objectiones Vincentianse. Le texte en est perdu, mais nous en savons le contenu par un livre de Prosper d’Aquitaine, Pro Augustino responsiones ad capitula objectionum V incentianarum, P. L., t. li, col. 177-186 ; et ces objections présentent avec le Commonitorium une parenté tellement étroite qu’on ne saurait avoir aucun doute sur leur véritable auteur. Comme la réfutation de Prosper a suivi de très près la mort de saint Augustin, on peut croire que les Objectiones du moine de Lérins doivent dater des environs de 430. Cf. H. Koch, Vinzenz von Lerin und Gennadius, ein Beitrag zur Literaturgeschichte des Semipelagianismus, dans Texte und Untersuchungen, t. xxxi, 2 b, Leipzig, 1907.

Le second de ces ouvrages, Excerpta sancta ? mémorise Vincenlii Lirinensis insulie presbyleri ex universo beatæ recordationis Augustini episcopi in unum collecta, ne nous était connu jusqu’ici que par la mention qu’en avait faite un théologien anonyme du ixe siècle. Cf. P. Lehmann, Ein mittelalterliches Kompendium der Inslilutiones divinarum litterarum, dans Philologus, t. lxxiii, 1914-1916, p. 268. Il a été retrouvé récemment par J. Madoz, dans la bibliothèque de Ripoll, en Espagne. Comme l’indique le titre, il s’agit d’un florilège fait de morceaux empruntés à l’œuvre entier de saint Augustin. Seules, la préface et la conclusion sont l’œuvre personnelle de Vincent ; elles suffisent malgré leur brièveté à révéler l’auteur du recueil et à montrer l’admiration profonde que le moine de Lérins éprouvait pour le grand docteur, du moins pour ses enseignements sur la Trinité et l’incarnation. Cf. J. Madoz, Un tratado desconocido di San Vincente de Lérins, dans Gregorianum, t. xxi, p. 75-94 ; J. Lebreton, Saint Vincent de Lérins et saint Augustin, dans Recherches de science religieuse, t. xxx, 1940, p. 368-369.

IL Le Commonitorium. — Des trois écrits que nous venons de citer, le plus important, celui qui a suffi à assurer la gloire de Vincent de Lérins, est celui que signale Gennade et qui porte le titre de Commonitorium ou aide-mémoire. À vrai dire, le Moyen Age a peu connu ce livre que ne cite aucun des grands scolastiques et dont on possède deux manuscrits du xe siècle ou du xi c et un du xiii : mais le x VIe siècle lui fit un succès prodigieux : 35 éditions et 22 traductions au xvie siècle, 23 éditions et 12 traductions au xviie, 12 éditions et 12 traductions au xviii, 15 éditions et 21 traductions au XIXe. Maintenant encore l’intérêt de l’ouvrage n’est pas épuisé. Historiens et théologiens discutent toujours sur sa valeur et sur sa véritable portée.

Le Commonitorium se présente à nous sous la forme d’un résumé, qui doit permettre de discerner sans peine la vérité et l’erreur. Contre des hérésies multiformes et sans cesse renaissantes, l’auteur veut proposer un critère à la fois simple et assuré. Ce critère s’exprime dans la formule bien connue : In ipsa item catholica Ecclesia magnopere cwandum est, ut id leneamus quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est. n. L’universalité, l’antiquité, l’unanimité d’une croyance, voilà quelles sont les garanties de sa valeur. Vincent illustre cette règle par des exemples ; puis n explique comment des hommes, éminents d’ailleurs par leur science et par leur vertu, tels qu’Origène et Tertullien, ont pu enseigner des

nouveautés dangereuses. Il ajoute que, malgré tout, l’Église ne se contente pas de répéter Indéfiniment la même Chose et que le progrès religieux n’est pas 304 7

VINCENT DE LÉRINS

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exclu par la règle formulée. D’où une seconde règle, non moins importante que la première : Crescal igitur oportet et multum vehemenlerque proficiat tam singulorum quam omnium, tam unius hominis quam totius Ecclesise, œtatum ac sœculorum gradibus, intelligenlia, scienlia, sapientia, sed in suo dumlaxal génère, in eodem scilicet dogmate, eodem sensu eademque sententia. xxiii. L’application de cette nouvelle formule doit permettre de distinguer les progrès légitimes des nouveautés profanes : l’accord des Pères qui ont vécu et enseigné dans l'Église catholique en prouve la bienfaisance et la fécondité.

Vincent doit naturellement éclairer sa doctrine par des exemples, à tout le moins par un exemple décisif et il l’annonce en ces termes : « Le moment est venu de donner l’exemple promis et de montrer où et comment l’on a réuni les avis des saints Pères, afin de fixer d’après eux la règle de foi, conformément aux décrets et à l’autorité du concile. Pour plus de commodité, terminons ici ce Commonitorium et prenons un autre début pour ce qui va suivre. » xxviii. A prendre ces mots à la lettre, nous avons ici la fin du premier Commonitorium mentionné par Gennade ; et dans tous nos mss., nous trouvons, en effet, la note suivante, due au copiste de l’archétype. « Le second Commonitorium est tombé ; il n’en est plus resté que la dernière partie, c’est-à-dire une simple récapitulation que voici. » Vincent lui-même s’exprime ainsi : « Le moment est donc venu de récapituler, à la fin de ce second Commonitorium, ce qui a été dit dans le premier et dans celui-ci. » xxix. Nous n’avons pas de raison pour suspecter ces formules. Le second Commonitorium a été rédigé par Vincent de Lérins, comme un achèvement du premier qu’il devait illustrer par un exemple bien choisi, celui du concile d'Éphèse, tenu trois ans plus tôt, xxix, et de ce second commonitorium, nous ne possédons plus que le résumé qui en formait la conclusion. Quand l’ouvrage a-t-il été perdu ? De très bonne heure, assurément ; car Gennade, qui rédigeait son catalogue vers 467-469 ne le connaissait déjà plus et racontait que le brouillon (ex schedulis) en avait été volé à l’auteur. Un tel vol n’a rien que de fort vraisemblable. Ce qui l’est moins c’est l’affirmation de Gennade que le résumé conservé aurait été rédigé pour suppléer au dommage causé par ce larcin. Notre récapitulation semble bien faire partie de la première rédaction, elle achève normalement l’ouvrage et les mots par lesquels elle se termine et qui font allusion à la mémoire défaillante de l’auteur rejoignent aussi bien que possible la formule parallèle de l’introduction. Inutile de supposer, comme le dit Gennade, que le résumé en question est une pièce de remplacement : il n’a pas été volé avec le reste et s’est seul conservé de l’ouvrage disparu. Inutile aussi, et à plus forte raison, de supposer avec A.. d' Aies que l’auteur lui-même a délibérément sacrifié une grande partie de son travail. De tels sacrifices sont à peu près inouïs dans l’histoire littéraire et il est imprudent de les imaginer sans preuves.

A lire le début et la fin du Commonitorium, on dirait que le moine de Lérins n’a écrit que pour luimême, sans aucune intention de publier son ouvrage : « Il me suffira, dit-il, de rédiger pour moi-même, ce Commonitorium, afin de suppléer à mes souvenirs ou plutôt à mes oublis. Je m’efforcerai toutefois, en méditant à nouveau sur ce que je sais, de le corriger et de le compléter peu à peu chaque jour avec l’aide de Dieu. » Prsejat. « Mon but a été… de rafraîchir ma mémoire, pour le soutien de laquelle j’ai écrit mon opuscule, sans toutefois l’accabler par une prolixité fastidieuse. » xxxiii. Comment croire cependant qu’un écrivain, quel qu’il soit, ne pense qu'à

lui au moment où il rédige ce qu’il a dans l’esprit ? Vincent lui-même ne peut pas s’empêcher de parler de ses lecteurs éventuels : « Si l’ouvrage venait à tomber entre les mains de quelques saints personnages, qu’ils ne se hâtent pas trop d’y reprendre certains passages et qu’au contraire ils retiennent l’engagement que je prends de le retoucher. » Pree/at. Il y a plus : l’auteur se dissimule sous le nom de Pérégrinus, nom d’humilité sans doute qui convient éminemment à un moine dégagé de tous les soucis du siècle, mais pseudonyme destiné à voiler sa vraie personnalité : pour qui aurait-il agi de la sorte, s’il n’avait pas destiné, tout comme les autres écrivains, son ouvrage à la publicité?

L’emploi d’un pseudonyme nous oriente même vers un autre problème. À côté du but avoué que poursuit Vincent et qui est la recherche d’un critère pour le discernement de la vraie doctrine, ne peut-on pas trouver à son ouvrage un autre but, celui de condamner, sous prétexte de nouveauté dangereuse, les opinions d’un personnage en vue, voire d’une autorité reconnue par un grand nombre de ses contemporains ? On a, depuis longtemps, remarqué la vivacité avec laquelle le moine de Lérins poursuit les erreurs et surtout certaines d’entre elles : pourquoi, se demande-t-il, Dieu permet-il que des personnages éminents, occupant un rang dans l'Église, annoncent aux catholiques des doctrines nouvelles ? x. Là-dessus, il parle d’Origène et de Tertullien ; mais on sent que sa pensée est ailleurs et atteint, par de la ces vieux maîtres, un contemporain. Ailleurs, il va plus loin : « Tout ce que tel aura pensé en dehors de l’opinion générale ou même contre elle, quelque saint et savant qu’il soit, fût-il évêque, fût-il confesseur et martyr, doit être relégué parmi les menues opinions personnelles secrètes et privées, dépourvues de l’autorité qui s’attache à une opinion commune, publique et générale. N’allons pas, pour le plus grand péril de notre salut éternel, agir selon l’habitude sacrilège des hérétiques et des schismatiques et renoncer à l’antique vérité d’un dogme universel pour suivre l’erreur nouvelle d’un seul homme. » xxviii. Ce n’est pas en vain qu’il écrit le mot d'évêque, car c’est bien à un évêque qu’il en a et nous n’avons pas de peine à découvrir l’adversaire qu’il veut atteindre lorsque nous lisons : « , Voici par quelles promesses 'les hérétiques ont l’habitude de duper étrangement ceux qui ne se tiennent pas sur leurs gardes. Ils osent promettre et enseigner que, dans leur Église, c’est-à-dire dans le conventicule de leur communion, on trouve une grâce divine considérable, spéciale, tout à fait personnelle ; en sorte que, sans aucun travail, sans aucun effort, sans aucune peine, et quand bien même ils ne demanderaient, ni ne chercheraient, ni ne frapperaient, tous ceux qui sont des leurs reçoivent de Dieu une telle assistance que, soutenus par la main des anges, autrement dit, couverts de la protection des anges ; ils ne peuvent jamais heurter du pied contre une pierre, c’est-à-dire être jamais victimes d’un scandale. » xxvi. C’est saint Augustin lui-même qui est ici visé et nous reconnaissons, dans les formules de Vincent, non seulement les expressions employées par Prosper d’Aquitaine pour exprimer la doctrine imputée à l'évêque d’Hippone par les adversaires gaulois de la prédestination, mais les expressions de saint Augustin luimême dans le De dono perseverantiæ, xxiii, 64. D’autres remarques conduisent à la même conclusion : « Il y a une bien frappante analogie entre le Commonitorium, xxiv, 11, et les cinquième et sixième de ces Objectiones Vincentianæ, P. L., t. xlv, col. 1843-1850, dirigées contre la doctrine augustinienne sur la prédestination et que nous connaissons par la

réfutation qu’en a faite saint Prosper : quia peccalorum nostrorum auctor sit Deus, eo quod malam facial voluntatem hominum, plasmel substantiam quæ naturali motu nihil possit nisi peccare. C’est le texte de la 5e objection. Vincent aurait-il eu l’arrière-pensée d’atteindre saint Augustin, sous couleur de dénoncer la doctrine impie de Simon et de ses disciples ?… Prosper et Hilaire avaient obtenu du pape Gélestin une lettre très élogieuse pour saint Augustin et très dure pour ses adversaires gaulois. Vincent fait allusion à la lettre de Célestin (xxxii, 4-7) ; il en cite même un passage, mais en soulignant si habilement un certain si ita res est, qu’il insinue à petit bruit que le pape a bien pu être trompé par les rapports de Prosper et d’Hilaire, et que, de sa lettre, ne subsiste en somme que la proscription portée contre les nouveautés. » P. de Labriolle, Saint Vincent de Lérins, Paris, 1906, p. lxxxiii.

Il est difficile d’échapper à la conclusion que, derrière les hérétiques anciens, saint Vincent cherche à atteindre un enseignement actuel dont il se défie et qu’il poursuit au nom de la tradition unanime : c’est la doctrine de la prédestination, telle que l’a formulée saint Augustin qu’il condamne de la sorte ; et, ce faisant, il montre son attachement à l’école semi-pélagienne qui exerçait dans le midi de la Gaule une influence alors prépondérante. Sans doute, comme ses compatriotes, le moine de Lérins admire l’évêque d’Hippone et partage ses vues sur la Trinité et sur l’incarnation ; c’est ce qui lui permet de composer le florilège dont nous avons parlé. Mais, lorsqu’il s’agit de la grâce, il ne peut pas s’empêcher de se dresser contre lui. S’il dénonce Pelage, Célestius, Julien d’Éclane, il suit en cela l’exemple de tous les orthodoxes : nul n’a plus le droit, après les solennelles condamnations dont ces personnages ont été l’objet, de ne pas proclamer leurs erreurs. Il n’ose pas nommer, parmi les hérétiques, un homme tel que saint Augustin et personne ne songe à le faire, même parmi les adversaires les plus fougueux de la prédestination ; il tient cependant à rappeler que le point de vue personnel du grand docteur demeure privata opiniuncuta, incapable de prévaloir contre l’enseignement antique et universel de l’Église. Voir l’article Semi-PÉLAGIENS, t. xiv, col. 1819 sq.

III. La doctrine.

La question du but poursuivi par Vincent en rédigeant le Commonitorium reste secondaire malgré son intérêt. Si les théologiens, à partir du xvie siècle, se sont attachés au petit livre de Vincent, c’est presque exclusivement à cause du double canon qu’il formule sur la tradition et sur le progrès du dogme. Que faut-il penser de ce double canon ?

La tradition.

Nous avons déjà cité les expressions

de Vincent : quod ubique, quod semper, quod ab omnibus. L’ordre indiqué par lui est celui dans lequel doit se poursuivre le travail de recherche. Il est facile d’examiner d’abord si un dogme est cru par tout le monde, s’il ne soulève pas de contradiction actuelle, s’il n’est pas combattu ou nié par des hérétiques, si l’universalité du consentement est réalisée, il est inutile d’aller plus loin. Selon l’expression de saint Augustin : SecurvLS judicat orbis terrarum. De fuit, il est d’ailleurs difficile, peut-être impossible de trouver une telle unanimité. Presque Ions les dogmes sont l’objet de contradictions. Au temps où /Trit Vincent, les ariena méconnaissent la Trinité, les nestoriens combattent le Verbe incarné, les pélagiens nient la grâce divine ; bien d’autres hérésies s’attaquent encore aux enseignements essentiels de l’Église. Bien plus, on a pu voir un temps où, selon l’énergique affirmation de saint Jérôme, Adv. Lucifer., 19, le monde s’est étonné d’être arien. L’an DICT. DB TU l ::oi.. CATHOL.

tiquité d’une doctrine est donc un meilleur critérium que son universalité. Ici, le Lérinien retrouve les voies tracées avant lui par saint Irénée et par Tertullien et l’on a justement mis en relief tout ce qu’il doit au traité de ce dernier Sur la prescription. L’argument de Tertullien est plus soigneusement développé : exprimé par un homme qui connaît toutes les ressources du droit romain, il revêt une forme plus rigoureuse. Vincent affirme plus qu’il ne démontre et les exemples qu’il cite pourraient être contestés. Du reste, l’antiquité à elle seule demeure insuffisante, car on peut trouver chez des maîtres d’autrefois, fussent-ils aussi savants qu’Origène et Tertullien, des erreurs graves. Il faut qu’elle soit confirmée par la consensio, c’est-à-dire par l’accord des magistri probabiles. Cet accord n’a pourtant pas besoin d’être unanime : saint Vincent rappelle que le concile d’Éphèse a cité le témoignage de dix d’entre eux : Pierre d’Alexandrie, Athanase, Théophile d’Alexandrie, Grégoire de Nazianze, Basile de Césarée, Grégoire de Nysse, Félix et Jules de Rome, Cyprien de Carthage, Ambroise de Milan. Mais ces dix suffisent parce qu’ils représentent l’ensemble du monde catholique, l’Orient et l’Occident, le Nord et le Midi, unis pour exprimer une foi commune et traditionnelle. Qu’importe, après cela, que tel ou tel, même parmi les plus grands, se soit trompé ? Son avis ne saurait prévaloir contre celui de la consensio.

A première vue, la règle du Lérinien semble de nature à satisfaire les esprits les plus exigeants. Dès qu’il s’agit de l’appliquer, par contre, elle se découvre fertile en pièges de toute sorte. À quels signes reconnaître l’unanimité d’un enseignement ? Les donatistes se condamnaient eux-mêmes en limitant leurs horizons à l’Afrique et, s’ils essayaient de les élargir, ils ne pouvaient entrer en communion qu’avec des ariens ou installer à Rome qu’un évêque sans autres fidèles que des Africains. Saint Augustin peut donc les réfuter en leur opposant la catholicité de l’Église. Mais les ariens avaient eu pour eux, à un moment donné, la presque unanimité des évêques d’Orient et d’Occident : ils n’en étaient pas moins hérétiques. L’apostolicité d’une doctrine ou d’une pratique n’est pas moins difficile à constater ou à vérifier dans les cas difficiles. Aux pélagiens qui niaient le péché originel, saint Augustin répond en rappelant que la pratique du baptême des enfants suppose manifestement cette doctrine et que, de tout temps, elle a été suivie sans qu’on puisse en découvrir l’origine. Cela est vrai et la preuve est solide. Reste cependant qu’elle laisse après elle une impression mélangée. I^Jous voudrions bien, malgré.tout, savoir d’où vient cet usage. On l’attribue aux apôtres : s’agit-il de l’un des Douze ? ou bien le collège des Douze a-t-il pris quelque jour une décision solennelle et irréformable ? N’est-il pas plus vraisemblable que la coutume s’est introduite d’abord dans une Église particulière et qu’elle a rayonné de là, sans qu’on ait réfléchi profondément sur sa signification ? À mesure que le temps passe, que les siècles s’écoulent, il devient plus difficile de savoir avec certitude ce qu’ont dit, ce qu’ont fait les apôtres et leurs successeurs immédiats. Les documents font défaut et, quand ils existent, ils sont parfois d’une interprétation délicate. Les Pères anténicéens ont-ils enseigné à propos de la Trinité exactement la même doctrine que le concile de Nicée ? S’ils emploient des expressions troublantes, faut-il les entendre dans leur sens obvie ou bien s’efforcer de les accorder vaille que vaille avec les formules plus autorisées, niai 1 - aussi pins récentes, des maîtres postérieurs ? À cela s’ajoutent

des problèmes d’authenticité qui relèvent de la com pétence des érudits : ni saint Vincent « le Lérins. ni

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le concile d’Éphèse ne se sont aperçus que les témoignages de saint Félix et de saint Jules, apportés pour représenter la contribution de l’Église romaine au consensus, étaient des faux apollinaristes ; nous le savons aujourd’hui et des faits de ce genre nous rendent un peu défiants à l’égard des textes accumulés sans critique. Nous sommes ainsi amenés, non pas certes à rejeter le critérium de l’antiquité, mais à trouver que son emploi est d’un maniement moins simple que ne l’imaginait le moine de Lérins. Comme lui, nous sommes disposés à condamner les nouveautés et, d’un bout à l’autre, le Commonitorium retentit des anathèmes portés contre les novateurs de toute espèce qui vicient l’enseignement traditionnel. Mais nous nous demandons si nous avons un moyen assuré de discerner les nouveautés, en dehors de celui sur lequel justement n’insiste pas saint Vincent, à savoir l’autorité de l’Église. De ce point de vue, saint Irénée de Lyon, qui a si justement insisté sur l’apostolicité de la vraie doctrine, se montre beaucoup plus eompréhensif et plus profond : c’est à l’Église, héritière de la succession apostolique, qu’il appartient, dit-il, de fixer et de définir la tradition authentique, en dehors de laquelle il ne saurait y avoir que des erreurs. Faute d’accorder au magistère ecclésiastique la place qui lui revient de droit, Vincent semble laisser chaque individu libre de chercher quels sont les dogmes admis partout, toujours, de tous. S’il y avait une évidence en pareille matière, la question ne se poserait pas. Comme l’évidence fait défaut et que, presque dans tous les cas importants, une discussion est possible, il ne faut pas laisser à l’arbitraire individuel le droit de juger en dernier ressort. Lorsque le concile du Vatican a voulu définir l’infaillibilité pontificale, on a vu des théologiens comme Dôllinger mettre en avant le canon de Vincent et déclarer qu’il manque à cette infaillibilité les trois caractères indiqués par le moine de Lérins et que, par suite, elle ne pouvait pas être regardée comme une vérité révélée. Que pouvait-on répondre à Dôllinger, dont la science historique était d’ailleurs incontestable et qui n’avait pas de mal à signaler et à souligner les faits susceptibles d’être interprétés contre la doctrine proposée à l’adhésion des fidèles ? Rien, sinon que seule l’Église a mission de garder et de maintenir le dépôt de la vérité et que seule, par conséquent, elle peut en déterminer le contenu. Franzelin a mis en relief le sens dans lequel il convient d’interpréter le canon de saint Vincent, si l’on veut s’en servir légitimement. Le canon, dit-il, est vrai sensu affirmante : Sine dubio, (alis consensus antiquitqtis, et splendidissime consensus universalis omnium sclatum demonstrat traditionem divinam. Quod ergo ubique, semper, ab omnibus tradilum est, non potest non esse revelatum et divinitus traditum. Mais il n’est pas vrai sensu excludente : Potest aliquod doctrinæ caput contineri in objectiva revelalione, et potest etiam successu temporis, facta sufficiente explicatione et proposilione, pertinere ad veritates fide catholica necessario credendas, quod licel semper contentum in deposito revelationis, non tamen semper, ubique et ab omnibus explicite erat creditum aut necessario credendum. Quamvis ergo characteres in canone enumerati si adsint, evidenler demonstrent doctrinam cui competunt esse dogma fidei catholicse ; non tamen si desint, ex ipso jam constat doctrinam non contineri in deposito fidei, aut doctrinam, hoc ipso quod aliquo tempore ob defectum sufficientis propositionis non erat explicite credenda, nullo tempore esse credendam. Canon ergo verus est sensu affirmante, non tamen potest admitti sensu ne gante et excludente. Franzelin, De divina Tradilione et Scriptura, Rome, 1875, p. 295-296.

Le progrès.

Entendu au sens strict, le canon

de saint Vincent semble interdire d’une manière absolue toute nouveauté et même tout progrès dans la pensée de l’Église. Il rejoint, mais en appuyant avec plus de force encore, la règle posée jadis par le pape saint Etienne, à propos du baptême des hérétiques : Nihil innovetur nisi quod traditum est, et nous avons rappelé que c’est surtout afin de s’opposer aux nouveautés dont saint Augustin se serait rendu coupable dans les questions relatives à la prédestination, que le moine de Lérins affirme avec tant de force le quod semper, quod ubique, quod ab omnibus. Cependant, Vincent ne peut pas tellement fermer les yeux à la lumière qu’il ne soit obligé de reconnaître l’existence d’un véritable progrès dans l’enseignement formulé par l’Église. Ce progrès, il en admet la légitimité dans des limites qu’il essaie de marquer :

1. Progrès dans la formule.

< Taille les pierres précieuses du dogme divin, sertis-les fidèlement, orneles sagement ; ajoutes-y de l’éclat, de la grâce, de la beauté ; que par tes explications, on comprenne plus clairement ce qui, auparavant, était cru plus obscurément. Intellegatur, te exponente, illustrius, quod antea obscurius credebatur. Que grâce à toi la postérité se félicite d’avoir compris ce que l’antiquité vénérait sans le comprendre. Mais enseigne les mêmes choses que tu as apprises, dis les choses d’une manière nouvelle sans dire pourtant des choses nouvelles. » xxii, 6-7.

2. Progrès dans la ferveur de la foi et de la prédication. — « Quel but l’Église s’est-elle efforcée d’atteindre dans les décrets des conciles, sinon de proposer à une croyance plus réfléchie ce qui était cru auparavant en toute simplicité ; de prêcher avec plus d’insistance les vérités prêchées jusque-là d’une façon plus molle, de faire honorer plus diligemment ce qu’auparavant on honorait avec une plus tranquille sécurité ? Voilà ce que, provoquée par les nouveautés des hérétiques, l’Église catholique a toujours fait par les décrets de ses conciles, et rien de plus : ce qu’elle avait reçu des ancêtres par l’intermédiaire de la seule tradition, elle a voulu le remettre aussi, en des documents écrits, à la postérité ; elle a résumé en quelques mots quantité de choses et, le plus souvent pour en éclaircir l’intelligence, elle a caractérisé par des termes nouveaux et appropriés tel article de foi qui n’avait rien de nouveau, et plerumque propler intelligentise lucem non novum fidei sensum novse appellationis proprietate signando. » xxiii, 18-19.

3. Progrès analogue à la croissance de l’enfant ou de la plante. — « Qu’il en soit de la religion des âmes comme du développement des corps. Ceux-ci déploient et étendent leurs proportions avec les années et pourtant ils restent constamment les mêmes. Quelque différence qu’il y ait entre l’enfance dans sa fleur et la vieillesse en son arrière-saison, c’est un même homme qui a été adolescent et qui devient vieillard ; c’est un seul et même homme dont la taille et l’extérieur se modifient, tandis que subsiste en lui une seule et même nature, une seule et même personne. Les membres des enfants à la mamelle sont petits, ceux des jeunes gens sont grands ; ce sont pourtant les mêmes… Ces lois de progrès doivent s’appliquer également au dogme chrétien : que les années le consolident, que le temps le développe, que l’âge le rende plus auguste ; mais qu’il demeure pourtant sans corruption et inentamé, qu’il soit complet et parfait dans toutes les dimensions de ses parties et, pour ainsi parler, dans tous les membres et dans tous les sens qui lui sont propres ; car il n’admet après coup aucune altération, aucun déchet de ses caractères spécifiques, aucune variation dans ce qu’il a de défini. » xxiii, 4-5, 9.

4. Progrès dans le poli et le fini de l’expression.

« Il est légitime que ces anciens dogmes de la philosophie céleste se dégrossissent, se liment, se polissent avec le développement des temps : ce qui est criminel, c’est de les altérer, de les tronquer, de les mutiler. Ils peuvent recevoir plus d’évidence, plus de lumière et de précision, oui ; mais il est indispensable qu’ils gardent leur plénitude, leur intégrité, leur sens propre… Dans sa fidélité sage à l’égard des doctrines anciennes, l’Église met tout son zèle à ce seul point : perfectionner et polir ce qui, dès l’antiquité, a reçu sa première forme et sa première ébauche ; consolider, affermir ce qui a déjà son relief et son évidence ; garder ce qui a été déjà confirmé et défini. Omni industria hoc unum studet ut vetera fideliler sapienterque tractando, si qua sunt illa antiquitus informata et inchoata, accuret et poliat ; si qua jam expressa et enucleata, consolidet et ftrmet ; si qua jam confirmala et definita, instituât. » xxiii, 17. Tous ces textes ont été minutieusement étudiés, surtout depuis que s’est posée, avec une précision jusqu’alors inconnue, la question du développement des dogmes, et l’on sait que le concile du Vatican a fait sienne, en l’introduisant dans la constitution Dei Filius, une des formules du Lérinien : Crescat igitur oportet et mullum vehementerque proficiat, tam singulorum quam omnium, tam unius hominis quam lotius Ecclesiæ, pclatum ac sseculorum gradibus intelligentia, scientia. sapientia : sed in suo dumtaxal génère, in eodem scilicet dogmate, eodem sensu, eademque sententia. xxiii, 2. Nous n’avons pas évidemment à étudier ici un problème qui a été, à plusieurs reprises, envisagé en d’autres articles. La seule question qui se pose pour nous est de savoir en quel sens le moine de Lérins a admis la légitimité du progrès dont nous venons de relever les formules. Pour s’en rendre compte, il est indispensable de replacer ces formules dans leur contexte et de tenir compte des circonstances dans lesquelles elles ont été rédigées. Rien ne serait plus dangereux et plus opposé à la véritable pensée du I.érinien que de les isoler et les disséquer, pour creuser, s’il en était besoin, le sens de chaque mot ou de chaque métaphore. La netteté des formules, vigoureusement frappées, ne doit pas, en effet, nous faire illusion : Vincent n’emploie guère ici, pour traduire sa pensée, que des images : le corps humain qui se développe, la plante qui grandit, le meta] qu’on polit, l’ébauche qu’on achève de sculpter, la médaille dont on grave plus profondément l’empreinte, le souvenir qu’on met par écrit, afin d’en assurer la pérennité. Qu’y a-t-il derrière toutes ces images ?

Tout le Commnnitorinm, il ne faut pas l’oublier, Ht dirigé contre les nouveautés de l’erreur et les thèses’qu’il se plaît à développer sont celles qui remplissaient déjà le De pnrscriptione hærelicorum de Tertullien. Ce n’est qu’en passant, pour répondre à une question pressante qui ne doit pas être simplement supposée, mais qui a pu être réellement soulevée autour de lui. que Vincent est amené à consacrer quelques pages a la loi du progrès. Encore, au milieu de ses explications sur le progrès, il tient à revenir BV « insistance sur la loi d’immutabilité : « Si l’on tolérait une seule fois cette licence de l’erreur impie (c’est-à-dire la nouveauté), je tremble de dire toute l’étendue des dangers qui en résulteraient et qui n’iraient à rien de moins qu’à détruire, à anéantir, a abolir la religion. Silôt qu’on aura cédé sur un point quelconque du dogme catholique, un autre suivra, puis un autre encore, puis d’autres et d’autres encore. Ces abdications deviendraient en quelque

COUtumièreS et licites. De plus, si les parties sont ainsi rejetées une à une, qu’arrivera-t-il à la fin ? Le tout sera rejeté de même. Or si, d’autre part,

on commence à mêler le nouveau et l’ancien, les idées étrangères et les idées domestiques, le profane et le sacré, nécessairement cette habitude se propagera au point de tout envahir. » xxiii, 14-15. On ne peut qu’être d’accord avec Vincent lorsqu’il formule ces mises en garde. Ne rien ajouter, ne rien retrancher, telle est la loi fondamentale du dépôt. Mais alors on se demande pourquoi ces réserves sévères interviennent au milieu des passages où sont précisées les conditions du développement légitime ? Saint Vincent ne redoute rien tant que la nouveauté et le changement : et lorsqu’il pense aux théories augustiniennes de la prédestination — ce qui lui arrive tout le temps au moment où il rédige le Commonitorium — il n’est pas loin d’y voir un cas privilégié de ces abominables nouveautés, susceptibles de ruiner à jamais l’édifice de la foi catholique. Aussi restreint-il tant qu’il peut les possibilités d’un développement doctrinal. À certains égards, on peut regarder comme fondamentale, bien plus que la phrase retenue par le concile du Vatican, celle où il marque clairement les trois étapes du travail que doit accomplir l’Église en la matière : 1. perfectionner et polir ce qui, dès l’antiquité, a reçu sa première forme et sa première ébauche. Nous avons ici l’image du sculpteur ou du graveur qui achève la statue ébauchée, qui polit la médaille encore rugueuse. — 2. Consolider et affermir ce qui a déjà son relief et son évidence. Ce qui est un travail de conservation, à rencontre des nouveautés hérétiques, capables d’ébranler l’édifice et de ruiner ses fondements. La maison est bâtie ; la vérité est crue ; mais les novateurs travaillent à la miner et les croyants eux-mêmes se montrent hésitants : que l’Église affirme, qu’elle définisse la vérité et qu’elle condamne expressément l’erreur ; — 3. Enfin, garder ce qui a été consolidé et affermi. Tout cela constitue une acquisition définitive, xrrjji.’x eEç àeî, sur laquelle il n’y a plus jamais à revenir. L’Église se doit seulement de protéger et de défendre son trésor. Reste malgré tout, et ceci est pour nous l’essentiel, que saint Vincent de Lérins admet la possibilité et la réalité d’un vrai progrès dans la connaissance d’une part, dans la formulation d’autre part d’une vérité dogmatique. Le dogme certes n’est pas changé ; le dépôt reste intact, sans addition ni soustraction ; mais l’Église en connaît mieux le contenu et elle en exprime la richesse avec plus de précision et de clarté. D’autres, sans doute, l’avaient déjà dit avant le moine de Lérins. Ce qui a fait, à partir du xvie siècle, la fortune de ses expressions, c’est la vigueur et la netteté de leur frappe. Parce qu’il a su trouver des formules claires, puissantes, simples et fortes à la fois, le Lérinien s’est assuré une place de choix dans l’histoire de la théologie.

Nous avons déjà rappelé que le Cnmmnnilorium a été, depuis le xvt’siècle, l’objet d’éditions, de traductions, d’étoiles presque innombrables. Une des meilleures éditions anciennes est celle d’Êt. Baluze, publiée en appendice à son édition de Salvicn de Marseille, Paris, 1603, 16*1 ; réimprimée dans la P. L., t. i„ col. 637-086. Parmi les éditions récentes, on peut signaler celles de A. JOlicher, Fribotirg-en-Kr., 189. r > : de G. Hausehen (Flortleg. patrisl., B)i Bonn, 1906 ; de. S. Moxon, Cambridge, 1915, Parmi les traductions, en français : F. Brunetière et p. de Labrlolle, Saint Vincent de Lérins, Paris, P.106 ; en allemand : G. Rauschen, dans Blbllothek <lrr Ktrchen niilrr, Kemplen, PMI ; en castillan : J. Madoz, Madrid, 1935. Éditions et traductions sont généralement précédées d’introductions et accompagnées de notes plus ou

moins abondantes.

Naguère H.-M.-l. Poirel s’est efforcé de démontrer que lainl Vincent de Lérins n’est.uitre que MartUS Mercator, le disciple de saint Augustin, et cpie le deuxième C.ummonitortum se retrouve dans les œuvres de Marins Mercator.

Cf. H.-M.-.i. Poirel, De utroqut Commonttorlo Ltrtnenit,  : i <>.-)-)

VINCENT DE LERINS (SAINT)

VI NT RAS (MICHEL)

3056

Nancꝟ. 1895 ; du même, Vincenlis Peregrini seu alin nomine Marii Mercaloris Lirinensis C.ommoniloria duo, Nancꝟ. 1898. Cette thèse paradoxale n’a obtenu aucun succès. Elle a été bien réfutée par II. Koch, Vinceiitius von Lerinum und Marins Mercalor, dans Theolotj. Quartalschr. . 1. i.xxxi, 1899, p. 396-434.

On verra encore sur saint Vincent de Lérins : J.-II. Newnian, An essay on the development oj Christian doctrine, Londres, 1843, §§ 8, 9, 13, 15, 19 ; U. I. Reilly, Quod ubique, quod scmper, quod ab omnibus. Étude sur lu règle de foi de saint Vincent île Lérins, Tours, 1903 ;.1. Lortz, lier Kanon des Vincentius von Lerins, dans Der Katholik, 1913, t. ii, p. 245-255 ;.1. Madoz, El concepto de la Tradicion en S. Vincente de Lerins, estudio liistorico-critico del Commonitorio, Rome, 1933 ; A. d’Alès, La fortune du Commonitorium, dans Recherches de science religieuse, t. xxvi, 1936, p. 334-356.

G. Bardv.