Dictionnaire de théologie catholique/VERMIGLI Pierre (Martyr)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 582-585).

VERMIGLI Pierre. — Plus connu sous le nom de Pierre Martyr, l’un des personnages marquants de la Réforme protestante. I. Vie. II. Doctrine.

I. Vie.

Pierre Vermigli naquit à Florence, le 8 septembre 1500. Son surnom de Pierre Martyr lui vient de ce que ses parents l’avalent fait baptiser sous le nom de Pierre de Vérone, martyr en 1252. Il eut une enfance pieuse et entra, à l’âge de seize ans, chez les chanoines réguliers de Saint-Augustin, à I-’iesole. Ses supérieurs l’envoyèrent, en 1519, à Padoue, pour y suivre les cours de l’université. Il y conquit le gracie de docteur en théologie et y poursuivi ! l’étude du grec et de l’hébreu. Dès 1526, il commençait à se faire connaître comme prédicateur. C’était l’époque où l’Église retentissait du tumulte révolutionnaire déchaîné par Luther en Allemagne et Zwingli en Suisse. Un mouvement réformiste s’était produit, des avant la rébellion de Luther, au sein de l’Église catholique : en Espagne, avec le grand Ximénès ; en France avec Paulin. Standnnck et un

peu plus tard, Lefèvre d’Étaples ; en Italie, avec

l’Oratoire du divin amour, la fondation des théatlns, celle des capucins qu’allai en 1 suivre de près les barnabites, les somasques. les insulines et les jésuites.

Pierre Martyr appartenait, lui aussi, à la phalange des apôtres de la réforme. Nommé abbé du grand couvent de Spolète, il s’efforça, de 1530 à 1533, de rétablir dans son monastère l’observance régulière. Il exerça d’autre part une bienfaisante influence dans la cité que déchiraient des querelles de familles. Sa renommée ne cessait de grandir. Il fut choisi, en

1533, pour devenir abbé du couvent de Saint-Pierread-Aram, à Naples. Le royaume de Naples était alors aux mains des Espagnols. Vermigli rencontra, dans cette ville, un humaniste très porté aux innovations étrangères, Juan Valdès. Autour de ce personnage se groupaient tous ceux qui, dans Naples, avaient le goût des études bibliques nouvelles, de la littérature patristique, des langues anciennes. Au premier rang de ceux-là se trouvait, à partir de 1536, un autre prédicateur de très grand renom et de zèle impétueux, le franciscain Bernardino Ochino, passé, en

1534, dans la branche des capucins. Voir son article, t. xi, col. 916. Ochino avait treize ans de plus que Vermigli. Il exerça, ainsi que Juan Valdès, une profonde influence sur lui. Dans le petit cercle formé autour d’eux, on lisait et commentait beaucoup les Écritures, mais on se délectait aussi dans les œuvres de Bucer et de Zwingli. Le problème de la réforme de l’Église était discuté avec passion. On concluait, semble-t-il, que, pour réformer, il ne faut pas d’abord s’exclure. Ainsi s’explique la conduite de Vermigli et d’Ochino, qui, tout en adhérant dès cette époque aux doctrines hétérodoxes, se bornaient à prêcher le renouvellement de la piété par une foi intense, par la pénitence et la sainte communion. Leur langage, toujours ardent et pressant, restait dans une imprécision volontaire ou une abstention calculée en ce qui concernait les controverses de leur temps. Même le dogme de la justification par la foi seule était en effet susceptible d’une interprétation catholique. Ochino, en dépit de ses idées déjà suspectes, n’en fut pas moins élu vicaire général de son ordre, en 1539. Vermigli était son émule en zèle et en réputation. Pourtant, du couvent fondé par les théatins et dirigé par saint Gaétan de Tienne, partaient des observations qui n’étaient que trop justifiées. À la suite d’un sermon de Vermigli, sur le passage I Cor., iii, 13, où il est question de l’épreuve du feu. de vives protestations s’élevèrent contre le prédicateur qui avait combattu avec force l’opinion qui voit dans ce passage une preuve de l’existence du purgatoire. Vermigli reçut l’ordre de ne plus prêcher. Mais il trouva aide et protection auprès des cardinaux réformistes de Rome, Contarini, Bembo, Reginald Pôle, Gonzaguc. La défense fut levée. Il dut cependant quitter Naples, après la mort de Valdès (1541), non pas du reste en disgrâce, mais bien parce qu’il avait été élu comme visiteur-général de son ordre, avec résidence a I. laques, en Toscane. Il y poursuivit ses prédications avec un succès grandissant, s’entoura de professeurs instruits pour la formation de ses novices, mais garda, en les accentuant de plus en plus, ses convictions favorables à l’hérésie. De leur côté, les réformistes catholiques ne perdaient pas de vue les prédicateurs suspects. Pierre Martyr et Bernardino Ochino furent cités à comparaître, au cours de 1542, devanl le tribunal de l’Inquisition. Ils jugèrent plus prudent de prendre le large et passèrent en Suisse, chacun de son côté. Pierre Martyr, accompagné de plusieurs disciples, dont le plus Adèle était.Iules

Santerenzlano, se réfugia d’abord à Zurich (octobre 1542), puis à Strasbourg, où on lui offrait une

chaire professorale sur l’Ancien Testament, Il v resta Cinq ans, très goûté el considéré comme un émule de Bucer. Ce fut là qu’il épousa une ancienne religieuse, originaire de MetI. Catherine Dampmartin. 2695

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Mais voici que de grands changements se préparent en Angleterre, où le roi Henri VIII vient de mourir, le 27 janvier 1547. Le primat de Cantorbéry, Cranmer, se hâte de « réformer » son pays. Il lance, pour cela, des invitations et des offres alléchantes aux plus illustres professeurs du protestantisme. Pierre Martyr et Ochino sont parmi les premiers qui répondent à son appel. Vermigli, que suit toujours l’inévitable Santerenziano, reçoit le titre envié de professeur royal de théologie à l’université d’Oxford, tandis que Bernardin Ochino revêtait la même dignité à l’université rivale de Cambridge. Bucer et Paul Fagius les rejoignaient, deux ans plus tard, à la suite de l’Intérim d’Augsbourg, qui les chassait d’Allemagne. Entre ces « réformateurs » et les tenants de la tradition anglocatholique, la lutte fut tout de suite très vive. Elle fut marquée par des émeutes et des injures graves. Mais les novateurs étaient fortement soutenus par Cranmer et par le gouvernement royal. L’épisode le plus marquant fut la dispute d’Oxford de 1549, à propos de l’eucharistie. Nous verrons, dans la seconde partie de cet article, les arguments présentés contre la doctrine catholique par Pierre Martyr et ses amis. Ces arguments eurent la plus grande influence sur la rédaction du Prayer-Book de 1549. Pierre Martyr et ses partisans ne trouvèrent cependant pas les concessions qui leur étaient faites au sujet de la messe et de la présence réelle suffisantes pour leurs prétentions. Ils firent tant que le Prayer-Book fut changé en 1552. Pierre Martyr eut la plus grande part, avec Bucer, à la rédaction des formules qui l’intéressaient si particulièrement. Lorsque plus tard les 42 articles de 1552 devinrent les 39 articles de 1571, aucune modification appréciable ne fut faite à cette rédaction, si bien que J. Trésal a pu écrire : « L’Église anglicane a gardé jusqu’à nos jours, pour la célébration de la cène, les prescriptions de 1552. » Les Origines du schisme anglican, Paris, 1908, p. 282.

Dès 1553, cependant, Pierre Martyr vit son œuvre menacée. Edouard VI était mort. Marie Tudor accéda à la couronne. Elle était catholique et consacra toutes ses énergies à la restauration de l’ancienne religion en Angleterre. Pierre Martyr et Ochino quittèrent le pays. Bucer et Fagius y étaient morts, mais leurs restes furent arrachés au tombeau, ainsi que ceux de la première femme de Pierre Martyr, et brûlés par le bourreau sur un bûcher.

Vermigli redevint, en 1554, professeur de théologie à Strasbourg, d’où il passa, en 1556, à Zurich. Il était devenu l’une des plus hautes autorités de la Béforme et l’un des oracles du protestantisme, surtout en Italie et en Angleterre. Il entretenait une correspondance très active avec ses nombreux consultants et admirateurs. Il faut voir une preuve de sa grande notoriété dans le fait qu’il accompagnait Théodore de Bèze au Colloque de Poissy, convoqué par Catherine de Médicis, du 9 septembre au 13 octobre 1561. Pierre Martyr essaya en vain d’user de son prestige auprès de la reine Catherine de Médicis, qui était de Florence, comme lui-même. Il eut avec elle de longs entretiens, dans leur commune langue maternelle. Mais tous ses efforts furent vains. Théodore de Bèze et lui avaient trouvé un adversaire redoutable dans le P. Laynez, qui eut de sévères paroles pour rappeler l’apostasie de l’ancien chanoine régulier de Saint-Augustin de Fiesole. Pierre Martyr mourut, un an plus tard, à Zurich, le 12 décembre 1562.

IL Doctrine. — Pierre Martyr ne peut être considéré, au point de vue doctrinal, que comme un épigone. Il n’a pas eu, à proprement parler, de doctrine à lui. Il est purement et simplement zwinglien et, par suite, très hostile à la fois au luthéranisme et au

catholicisme. Dans son dernier écrit, daté d’avril 1562, répondant à une consultation de la communauté calviniste française de Francfort, au sujet du baptême des enfants par des ministres luthériens, en raison de l’impossibilité pour la communauté d’avoir ses ministres à elle, il répond catégoriquement : « Plutôt pas de baptême du tout que le baptême luthérien ! Et il ajoute : « En aucun cas, un second baptême. » Ce qui veut dire sans doute que, si des enfants de la communauté en question avaient été baptisés par des luthériens, il n’y avait en aucun cas à renouveler le baptême. Et il donne comme raison générale de son sentiment que « le baptême n’est pas nécessaire au salut ». Il considérait, en effet, à la suite de Zwingli, les sacrements (dont le nombre était réduit à deux, baptême et cène) comme de purs symboles d’union chrétienne.

Mais Pierre Martyr était regardé comme un spécialiste des questions eucharistiques. Si l’on en croit Pierre de la Place, dans son Commentaire de l’estat de la religion et république (1. VII), l’un des principaux orateurs catholiques au Colloque de Poissy, en 1561, le docteur en Sorbonne Claude d’Espence « donna cette louange audict Martyr, qu’il n’y avoit eu homme de ce temps qui si amplement et avec telle érudition eust escript du faict du Sacrement que lui. » Il est vrai (pue Pierre de la Place, qui devait être assassiné comme huguenot notoire, à la Saint-Barthélémy, éprouvait pour les défenseurs de la cause huguenotte une sympathie particulière. Il a pu prendre pour une vérité reconnue une simple formule de courtoisie. Quoi qu’il en soit, nous ne retiendrons de la doctrine de Pierre Martyr que les arguments développés, sous son patronage, à la Dispute d’Oxford, de 1549 (voir plus haut), contre l’enseignement catholique, au sujet de l’eucharistie. Ces arguments furent les suivants :

1° À la Cène, quand Jésus prononça ces mots : Ceci est mon corps, il était impossible que le pain fût confondu avec son corps, que les apôtres voyaient de leurs yeux. Jésus parlait donc en figure.

2° On ne pouvait pas davantage confondre son sang avec ce qu’il appelait « le fruit de la vigne ».

3° Saint Paul, parlant de l’une et de l’autre espèce, dit : Le pain que nous rompons et la coupe que nous bénissons. Et quand il en parle après la bénédiction, il dit encore : ce pain et cette coupe. I Cor., x, 17. C’est donc encore du pain et du viii, même après la consécration.

4° Les apôtres étaient des Juifs, accoutumés aux cérémonies de la Loi. Ils ne pouvaient donc manquer de prendre les paroles de Jésus-Christ dans le même sens que celles de Moïse, au sujet de l’agneau pascal, qui était appelé la « Pâque de l’Éternel ». Or l’agneau n’était pas littéralement la Pâque, mais seulement un souvenir de cette Pâque ou passage de l’ange exterminateur de Jahveh." De même, Jésus-Christ, en remplaçant l’agneau pascal par l’eucharistie, appelle le sacrement son corps, dans le même sens que l’agneau avait été appelé la Pâque.

5° Au surplus, ces manières de parler sont fréquentes dans l’Écriture. Elle dit des néophytes qu’ils sont « baptisés du Saint-Esprit et du feu », et ailleurs qu’ils sont « revêtus de Jésus-Christ ». Dans le même sens, la coupe eucharistique est appelée « le nouveau Testament au sang de Jésus-Christ », ce qui est évidemment une figure, dans toute son étendue.

6° L’eucharistie a été instituée en mémoire de Notre-Seigneur, donc il ne peut y être présent, car on ne célèbre le souvenir que d’un absent.

7° Le sacrement du pain et du vin n’est pas dit simplement corps et sang de Jésus-Christ, mais le pain est son corps rompu, le vin est son sang répandu, 269’VEHMIGLI (PIERRE MARTYR)

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c’est-à-dire mourant sur la croix, donc le pain et le vin ne peuvent être ni le corps et le sang de Jésus-Christ, tel qu’il était à la Cène, ni davantage tel qu’il est dans a gloire du ciel. S’il était réellement dans l’eucharistie, il ne pourrait y être que comme attaché à la croix, ce qui n’a jamais été réalisé puisque l’eucharistie ne fut pas célébrée pendant que Jésus était en croix.

8° Tous les passages de l’Écriture, où il est dit que Jésus-Christ « est au ciel et qu’il y demeurera jusqu’à la consommation du monde », attestent qu’il n’est plus sur la terre, par son corps.

9° S’il est dit, dans saint Jean, qu’il est nécessaire de manger la chair et de boire le sang du Christ pour avoir la vie, cela ne peut pas être entendu de la manducation de Jésus-Christ dans le sacrement, puisque quantité de pécheurs reçoivent la communion sans avoir la vie éternelle dans leurs cœurs. Cela ne peut donc être entendu que de ceux qui communient avec une foi vive. Et c’est ce que Jésus-Christ lui-même a proclamé en disant : « Mes paroles sont esprit et vie… La chair ne sert de rien : c’est l’esprit qui vivifie. » Ainsi avaient fait les prophètes, en se servant d’images et notamment de celle du boire et du manger pour traduire l’acquiescement par la foi. Jésus-Christ venait justement de nourrir les foules par la multiplication des pains. Tout naturellement, l’image de la manducation pour exprimer la foi devait venir à son esprit. Enfin ; il ne pouvait avoir en vue l’eucharistie, en parlant de cette manducation, puisqu’elle n’existait pas encore.

10° Jésus-Christ a sans cesse fait appel au témoignage des sens, pour faire admettre ses miracles et surtout sa résurrection, Le témoignage des sens est donc irréfutable. Or, ils disent ici qu’il n’y a que du pain et du vin.

11° Un corps ne peut être en divers lieux à la fois. Un corps ne peut exister à la manière d’un esprit. I.a substance entière d’un corps parfait ne saurait être contenue dans une miette de pain ni dans une goutte de vin.

12° Ce qui prouve qu’il n’y a bien que du pain et du vin dans l’eucharistie, c’est que ces éléments se comportent comme du pain et du vin ordinaires : ils nourrissent le corps, ils peuvent se corrompre, on lient les empoisonner, etc.

13° Ces anciens docteurs de l’Église parlant du sacrement l’ont maintes fois appelé le sacrement du pain et du vin. Justin Martyr dit que le sacrement nourrit le corps. Origène a soutenu que l’eucharistie se digère dans l’estomac et qu’elle est rejetée au dehors a la manière des aliments. Tcrtullien et saint Augustin l’appellent la figure du corps de Notre-Seigneur. D’autres Pères ont attribué aux espèces la qualité de types » et de i signes ». Toutes les anciennes liturgies, Ions les Pères grecs en sont la preuve, l.e Symbole des apôtres ne parle de Jésus-Christ cpie comme assis à la droite de son père. Si l’on dit cpie les sens nous trompent, on repeindra cpie

les anciens Pères invoquaient le témoignage des sens contre les marcionites et les autres hérétiques qui niaient la réalité du corps de Jésus-Christ (docètes

en général).

14° Saint Augustin a donné coin nie règle que « quand le sens littéral est impossible, il faut avoir recours à la figure. Et ce doc leur a appliqué cela a la manducation du corps et du sanu de Jésus Christ.

15e Dans la querelle monophysite, les hérétiques eutychiens disaient que comme dans l’eucharistie.

cpii est appelée le corps et le sang de Jésus Christ, la présence du Sauveur change la substance du pain et du vin en la substance de-sa chair et de son sang, ainsi la divinité a absorbé l’humanité en la changeant

DIC1. Dl l m ni., c i moi..

en elle-même ». À quoi, le pape Gélase, Théodoret et les plus illustres Pères du temps répondirent nettement que « la substance du pain et du vin de la communion demeure la même qu’auparavant, soit dans sa nature, soit dans sa forme extérieure ». Puis, rétorquant la comparaison des eutychiens, ils soutenaient que « les deux natures peuvent subsister, en la personne du Fils de Dieu, sans aucun changement de l’une en l’autre, tout comme le corps de Jésus-Christ subsiste, avec les espèces de l’eucharistie, sans en changer la nature ».

16° Pierre Martyr tirait aussi argument de la copie d’une lettre de Jean Chrysostome, qu’il disait avoir trouvée manuscrite à Florence et qui établissait la même chose et par les mêmes raisonnements. Il en concluait que tous les passages où ce Père semble affirmer la réelle présence de Jésus-Christ au sacrement de l’autel, dans ses sermons et ses commentaires de l’Écriture, doivent être considérés comme des « embellissements de rhétorique » pour rendre l’eucharistie plus auguste. Il faut en dire tout autant des autres Pères. Il est sûr en tout cas que les Pères qui ont parlé avec le plus de révérence de l’eucharistie n’ont jamais songé ni à la transsubstantiation ni à rien de tel. Plus tard, quand les ténèbres eurent offusqué l’Église et que les peuples ignorants et crédules se trouvèrent disposés à croire les choses les moins vraisemblables, quand d’autre part le clergé, oublieux des études scripturaires, s’entêta dans l’idée de la présence réelle, le dogme de cette présence fut admis universellement. Cela se produisit environ aux xie et xiie siècles. Le pape Innocent III fit reconnaître cette "présence réelle au IVe concile du Latran, en 1215. Au début l’opinion la plus commune était qu’un pain entier se changeait au corps entier de Notre-Seigneur, de sorte que, dans la distribution, l’un des communiants avait un cril, le nez ou bien une oreille, l’autre une dent et un doigt du pied ou de la main. L’Église romaine demeura environ trois cents ans dans cette erreur. Mais les scolastiques polirent et raffinèrent extrêmement les sentiments de leur Église. Comprenant combien il était contraire à la révérence due à Jésus-Christ, de déchirer son corps de la sorte et de le manger par lambeaux, ils enseignèrent alors que le corps de Jésus-Christ est dans l’hostie de telle manière qu’il soit tout entier dans chacune de ses parties. Dans le même temps, on cessa de se servir de pain ordinaire et de viii, de peur cpie le peuple ne crût qu’il y avait là du pain et du vin d’usage courant. On se servit d’oubliés comme s’il eût fallu une ombre de pain pour représenter des accidents sans sujet.

Tels furent, résumés par l’historien anglican Gilbert Burnet, dont la partialité en faveur du protestantisme est évidente, les arguments en vertu desquels Pierre Martyr introduisit dans le Prayer-Bnok la doctrine eucharistique cpie l’on y trouve encore. (Voir sur cette doctrine, l’article Reforme.) Ilislory of the Reformation nf ihr Church of England, Londres. 1678-1714, IF liait., 1. I.

Sources. — La plupart des enivres de Vermtgli furent publiera à Londres, en 1575, sons le-litre général de Locl communes. Une partie a été reproduite dans Hiblioleen

délia Riforma ilaliana, Florence, 1 s.s : î et sep Les Actes de la Dispute d’Oxford, comprenant une Tractalio de sacramento eucharisties et la Dlsputallo’< eodem snemmento furent publiés à Londres, en 1549, traduction anglaise, en 1562. Pierre Martyr avait public’- aussi divers commentaires bibliques. Nous comptons également parmi les sources s : i première biographie par Simler, son succès

seur a Zurich, OratiO de l’Un ri obtlli I). Pétri Murluris,

Zurich, i : > ;  : >.

2° Littérature. Schmidt, Peter » Marii/r Vermtgli Leben und euugewtUilte Sehriften, Elberfeld, 1858 ; Cesare Conta,

T.

. S5. 2699 VERMIGL1 (PIERRE MARTYR) VERSIONS DE LA BIBLE 2700

Gli eretici d’Italia, t. ii, Turin, 1867 ; Burnet, History of the Reformation of the Church of England, Londres, 1678-1714 ; Fouqueray, Histoire de la Compagnie de Jésus en France, t. i, contient le discours en italien du P. Laynez au Colloque de Poissy, contre Pierre Martyr.

L. Cristiani.