Dictionnaire de théologie catholique/VACANT Jean-Michel-Alfred

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 459-466).

VACANT Jean-Michel-Alfred, théologien français, fondateur et premier directeur de ce dictionnaire (1852-1901).

I. Vie. — Il naquit à Morfontaine (alors département de la Moselle), le 23 février 1852, d’une famille de cultivateurs aisés et profondément chrétiens. Dès son enfance se révéla chez lui une vive curiosité intellectuelle que favorisait quelque peu une enfance maladive. En octobre 1862, il entrait en huitième au petit séminaire de Montigny-lez-Metz, où il devait faire toutes ses études classiques. Il se plaça dès l’abord parmi les bons élèves de sa classe et ne se laissa jamais évincer. C’est à Montigny qu’il fit sa première communion et qu’il se prépara à la carrière ecclésiastique, sans que rien de saillant vînt troubler ces années de travail et de recueillement. En août 1870 il sortait de rhétorique et se préparait à entrer au grand séminaire. Les événements politiques et militaires retardèrent cette rentrée jusqu’en avril 1871. C’est à cette date qu’A. Vacant est admis au séminaire de Metz, alors tenu par les sulpiciens. Il y suivit des cours d’une philosophie très éclectique ; élève docile, il reflétait aisément l’enseignement de ses maîtres. Mais ces deux années, d’ailleurs incomplètes, de philosophie ne semblent pas l’avoir marqué profondément. Le diocèse de Metz disposait au séminaire Saint-Sulpice de Paris d’un certain nombre de places, le jeune Vacant y fut envoyé au sortir de la philosophie, octobre 1872, il y passera d’abord les trois années scolaires 1872-1875, au cours desquelles il reçut les diverses ordinations : sous-diacre, le 30 mai 1874, diacre à Noël de la même année. Cependant les circonscriptions diocésaines respectives des diocèses de Metz et de Nancy venaient d’être remaniées pour être mises d’accord avec les nouvelles frontières politiques. Le pays d’origine d’A. Vacant faisait désormais partie du département de Meurthe-et-Moselle et du diocèse de Nancy. Le jeune clerc avait le droit d’opter entre son ancien et son nouveau diocèse. Aux vacances de 1875, il se décidait pour Nancy. Comme ses études ecclésiastiques élémentaires étaient terminées, la nouvelle administration diocésaine lui offrit d’entrer à la maison des Hautes-Études de Nancy, récemment fondée, où il aurait préparé ses grades littéraires. A. Vacant préféra demeurer une année encore à Saint-Sulpice, où il suivait ce que l’on appelait le « grand cours », réservé aux clercs ayant terminé leurs études ecclésiastiques et désireux de parfaire leurs connaissances théologiques. Cette année complémentaire, où il semble avoir subi assez profondément l’influence de M. Brugère (cf. ici t. ii, col. 1143), paraît l’avoir orienté dans le sens de la théologie scolastique, qu’il avait jusque-là un peu négligée : le traité de la foi de de Lugo fut pour lui une révélation et il reviendra souvent aux multiples questions qui y sont soulevées. Il est vrai que le jeune diacre était fort pris également par les exercices catéchistiques, très en honneur à Saint-Sulpice. Le 10 juin 1876, il recevait des mains du cardinal Guibert l’ordination sacerdotale.

Nancy le réclama aussitôt et le nomma vicaire à la paroisse Saint-Jacques de Lunéville. A. Vacant ne le demeurerait que quelques semaines ; dès septembre 1876, il était nommé professeur au grand séminaire de Nancy, où on lui confia l’enseignement de la théologie fondamentale. Il occupera cette chaire de 1876 à 1890, joignant d’ailleurs en 1888-1889 à cet enseignement celui de la morale générale. Le départ de L. Chevallier, cf. ici, t. ii, col. 2362, obligé par son état de santé d’abandonner son activité professorale, fit passer A. Vacant en 1890 à la chaire de théologie dogmatique, qu’il gardera jusqu’à sa mort. Ainsi l’enseignement lui donna l’occasion de passer en revue la plupart des problèmes généraux et particuliers que pose la théologie spéculative. Un peu en méfiance contre les « cours dictés », où les élèves moyens risquent bien souvent de se perdre, il en était resté à la méthode sulpicienne, où l’explication d’un manuel est l’essentiel de la tâche du professeur. Donner au moins doué de ses auditeurs l’intelligence exacte du texte de l’auteur, lui en faire saisir toutes les articulations, ne rien laisser dans l’ombre des questions que soulève cette lecture, rectifier au besoin par une petite note dictée telle affirmation trop absolue, c’était à quoi devait se borner, à l’estimation d’A. Vacant, la besogne du professeur, du moins dans les séminaires ordinaires. Il ne cachait pas ses préférences pour cette méthode, qui ne satisfaisait pas tout le monde. À la fin de sa carrière professorale, il écrivait : « De trois manuels que j’ai successivement enseignés assez longtemps, j’ai reconnu par expérience que l’un était détestable, tandis que les deux autres étaient passables. Mais il est vrai qu’un professeur habile peut donner au texte qu’il explique une valeur qu’il n’a point par lui-même. » Rev. du clergé fr., 15 mai 1900, p. 578. Semblablement, il s’efforçait d’éviter, soit dans son enseignement, soit dans les exercices scolaires, tels que les argumentations en forme dont il avait généralisé l’usage, l’emploi des vocabulaires trop techniques : « Les jeunes gens s’imaginent facilement qu’il sont d’autant plus forts en théologie qu’ils savent répéter plus de distinctions techniques. Ils s’habitueraient facilement à se payer de mots. » Ibid., p. 579. On comprend que, dans ces conditions, l’enseignement scolaire d’A. Vacant ait laissé, même à des élèves brillants, l’impression d’une doctrine solide, substantielle, très orthodoxe, très précise et très claire. Peut-être seulement aurait-on souhaité qu’elle ouvrît aux intelligences mieux préparées des aperçus nouveaux, des points de vue que ne signalent pas toujours les meilleurs manuels. Les entretiens particuliers du jeune maître avec ses élèves ont pu. dans certains cas, satisfaire ces desiderata. Ils étaient malheureusement assez rares, non certes que le professeur s’y dérobât le moins du monde, mais on se faisait scrupule d’empiéter sur le temps d’un homme que l’on savait par ailleurs extraordinairement occupé.

Aussi bien ce n’était un mystère pour personne que le travail considérable fourni par A. Vacant, en dépit d’une santé qui ne fut jamais extrêmement robuste, dans les divers domaines de la science ecclésiastique. Ses premières années de professorat avaient été accaparées par la préparation de ses examens théologiques. Sans avoir le fétichisme des grades, il était persuadé que la recherche des diplômes est un singulier stimulant à l’acquisition d’une science précise, de bon aloi, sans trop de lacunes, ayant subi le contrôle de gens qualifiés. Il encourageait volontiers les autres dans ce sens ; pour son compte, il entendait donner l’exemple. A peine nommé à Nancy, il demandait à son évêque l’autorisation d’aller prendre à Rome ses grades théologiques. Mgr Foulon — et ce fut heureux — l’engagea à ne pas chercher si loin ce qu’il pouvait trouver en France. A défaut des facultés de théologie d’État, qui achevaient de mourir, on commençait à poursuivre, de divers côtés, l’érection de facultés canoniques, habilitées à conférer les grades. Mgr Pie avait, depuis quelque temps déjà, obtenu de Rome le droit, pour son séminaire qu’il eût voulu faire considérer comme une faculté, de donner, à certaines conditions, d’ailleurs assez onéreuses, les diplômes théologiques. Ce fut à Poitiers qu’A. Vacant s’adressa donc, en 1877, pour obtenir le baccalauréat de théologie et celui de droit canonique. L’année suivante, il venait demander au même institut la licence en théologie, qu’il conquérait brillamment avec une thèse latine : De certitudine judicii quo assentitur existentiæ revelationis (publiée à Nancy, 1878, in-8°, 147 p.) : il y comparait l’attitude des apologistes modernes qui font ressortir surtout la certitude que l’on doit avoir du fait de la révélation et celle des théologiens du xviie siècle, de Lugo en particulier, qui mettent au contraire en bonne lumière la liberté de l’acte de foi, correspondant au reliquat d’inévidence que laisse toujours l’entassement des preuves tendant à démontrer « que Dieu a parlé ». Sur ce sujet il reviendra longuement un jour dans ses Études théologiques sur le concile du Vatican. En même temps que cette thèse dogmatique, le candidat avait dû défendre oralement une thèse d’Écriture sainte sur « l’autorité doctrinale du grand-prêtre juif ». Les positions en sont résumées à la suite de la dissertation dogmatique. Deux ans après la conquête de la licence, c’était à la faculté libre de théologie de Lille qu’A. Vacant allait chercher le couronnement suprême de ses études scolaires et le bonnet de docteur. Il était le premier à demander à une faculté canonique française cette consécration et il eut besoin, pour subir cette épreuve, d’obtenir une dispense d’âge, étant encore assez loin des trente ans réglementaires, quand il se présenta le 5 août 1879. Sa thèse principale : De nostra naturali cognitione Dei (publiée à Nancy, 1879, in-8°, 334 p.), étudiait les théories diverses inspirées par l’aristotélisme, plus ou moins christianisé, en fait de théodicée et cherchait à concilier les notions de naturel et de surnaturel adoptées respectivement par saint Thomas d’Aquin et Duns Scot. Encore qu’un peu trop vaste et interdisant par son ampleur même les recherches en profondeur, ce travail s’inspirait déjà d’une exacte compréhension des exigences de la méthode historique. Il se complétait par une série de vingt-deux thèses destinées à être défendues oralement. La soutenance fut très brillante et permit de faire les meilleurs augures sur l’avenir réservé au jeune docteur. Celui-ci néanmoins aspirait encore à parfaire ses connaissances générales. A Nancy, depuis longtemps déjà, les relations étaient courtoises entre le monde universitaire et le monde ecclésiastique. Nulle paît on n’estimait davantage, parmi les gens d’Église, le surcroît de force que donne a la pensée l’humanisme de l’expression. Aux grades théologiques A. Vacant voulut joindre les diplômes universitaires. Inscrit à la faculté des lettres de Nancy pendant les années 1882-1884, il passait avec succès la licence de lettres-philosophie en avril 1884, ce qui lui permettait de retenir un sujet de doctorat ès-lettres pour la Sorbonne. Ce projet d’ailleurs n’alla pas plus loin.

Aussi bien l’inlassable activité du jeune professeur avait commencé à s’épancher au dehors en de multiples publications qui se succèdent avec une continuité remarquable. Les principales revues catholiques françaises de cette époque demandaient sa collaboration : la Revue des sciences ecclésiastiques de Lille, les Annales de philosophie chrétienne, la Bibliographie catholique, la Science catholique et le prêtre, l’Université catholique, un peu plus tard la Revue du clergé français. De même aussi les grandes publications telles que le Dictionnaire apologétique de l’abbé Jaugey, et le Dictionnaire de la Bible de F. Vigouroux. Aux deux congrès scientifiques internationaux des catholiques de 1891 et de 1897, il fournit deux études remarquées. Rien d’étonnant que ces multiples contributions aux branches les plus diverses des sciences ecclésiastiques aient fait connaître avantageusement, dans les milieux catholiques français et même étrangers, le professeur de Nancy. Quand, en 1897, on lui demandera de prendre à son tour la direction du Dictionnaire de théologie catholique, il saura, en très peu de temps, réunir une brillante équipe de collaborateurs. L’empressement que, de toutes parts, on mit à répondre à son appel, montre bien la confiance qu’inspirait, malgré sa jeunesse relative, le nouveau directeur. Dans les divers domaines, il avait pu donner la mesure de sa compétence.

De modestes honneurs étaient venus, entre temps, le signaler à l’attention de ses compatriotes. En mai 1893, l’Académie Stanislas de Nancy l’accueillait en son sein ; son discours de réception sur le cardinal Lavigerie fut remarqué ; de cette compagnie il serait élu président en 1896. Quelques années plus tôt, en mars 1890, l’administration diocésaine lui avait conféré le camail de chanoine honoraire. Le 7 août 1900 il était nommé directeur du séminaire de Nancy.

Mais à ce moment déjà ses forces avaient commencé à décliner. Sans avoir jamais joui d’une robuste santé, A. Vacant n’avait jamais été sérieusement arrêté par la maladie, jusqu’au printemps de 1898, où le surcroît de travail que lui avait causé la mise en route du Dictionnaire de théologie détermina chez lui une crise très grave. Suppléé d’abord pour son enseignement par ses confrères, il eut, à partir d’octobre 1898, un suppléant pour le cours de dogme. Un séjour à Rome pendant l’hiver 1899-1900 sembla lui rendre quelques forces ; rentré à Nancy, il put partager avec son remplaçant une partie des cours. L’hiver de 1900-1901 devait lui être fatal. En mars 1901, une grippe infectieuse prit très vite une allure fort maligne. Il ne devait pas s’en relever ; le 29 mars, son évêque, Mgr Turinaz. qui avait pour lui une singulière estime, tenait à lui administrer les derniers sacrements. Il mourait le mardi saint qui suivit, 2 avril 1901 ; il n’avait que quarante-neuf ans. Il fut enterré à Morfontaine, son pays natal, le lendemain mercredi saint. A. Vacant laissait la réputation d’un ecclésiastique de grand savoir, mais ses contemporains et ses élèves ont été non moins sensibles à ses grandes qualités de prêtre. D’une piété solide, éclairée et néanmoins très profonde, sévère à lui-même jusqu’à l’austérité, poussant jusqu’au scrupule la régularité de sa vie ecclésiastique, il a donné, jusqu’au bout, l’exemple de l’union intime d’un labeur opiniâtre au service de la vérité et d’une religion très intense et très pure.

II. Travaux. — Nous étudierons d’abord les œuvres diverses ; nous consacrerons ensuite un développement à la conception et à la mise en marche du Dictionnaire de théologie.

Œuvres diverses. — Comme nous l’avons déjà fait remarquer la grande masse des publications d’A. Vacant se trouve dispersée dans des articles de revues ou de dictionnaires. En fait d’écrits publiés séparément et ayant couru leur fortune propre, nous ne voyons à citer que les deux thèses de licence et de doctorat mentionnées ci-dessus ; Le magistère ordinaire de l’Église et ses organes, in-16 de 116 p. (rédigé pour un concours de la faculté de théologie de Lyon et qui obtint le prix), Paris et Lyon, 1887 ; les Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, auxquelles nous nous arrêterons plus longuement, enfin des Études comparées sur la philosophie de saint Thomas d’Aquin et sur celle de Duns Scot, parues d’abord dans les Annales de philosophie chrétienne (1888-1890), réunies en un volume de 207 p., Paris, 1891, qui d’ailleurs, pour des raisons que nous ignorons, n’a pas été mis dans le commerce.

1. Philosophie. — Ce sont les problèmes d’histoire de la philosophie qui ont d’abord retenu l’attention d’A. Vacant. Dès 1881, il donnait dans la Revue des sciences ecclésiastiques, une étude sur Le mouvement et la preuve de l’existence de Dieu par la nécessité d’un premier moteur d’après les docteurs scolastiques. En 1885, dans la même revue : Les versions latines de la Morale à Nicomaque antérieures au xve siècle. A la même veine se rattache la comparaison entre les philosophies de saint Thomas et de Scot signalée plus haut, qu’il faut compléter par une communication faite au congrès scientifique international des catholiques de Fribourg (1897) : D’où vient que Duns Scot ne conçoit pas la volonté comme saint Thomas d’Aquin (reproduite dans Rev. du clergé franç., 15 octobre 1897, p. 289-305). Plus dogmatique une autre communication faite au congrès de Paris (1891) : Part de nos facultés sensitives dans la préparation des concepts et des jugements de notre entendement (Congrès, 3e sect. : sciences philosophiques, p. 176-185). De plus d’envergure sont les articles donnés au Dictionnaire apologétique de Jaugey sur Dieu, l’âme, la liberté, la vie future, les fondements de la morale, le miracle, etc. En définitive, néanmoins, dans toutes ces productions, A. Vacard n’a guère dépassé le niveau d’une honnête et très claire vulgarisation… Il voyait nettement les problèmes posés, discutait avec précision les solutions apportées de part et d’autre, mais évitait le plus ordinairement de conclure ou de donner une réponse personnelle. Il est heureux que son enseignement théologique l’ait amené à soulever d’autres questions.

2. Érudition ecclésiastique. — A plusieurs reprises la curiosité d’A. Vacant fut attirée par quelques menus problèmes que nous ne ferons que signaler. En 1882, il donne à la Revue des sciences ecclésiastiques des Notes sur de prétendus ouvrages inédits de Bossuet conservés au monastère de la Visitation de Nancy ; dans la même revue il s’attaquait, en 1890, à un problème d’histoire ecclésiastique autrement intéressant : Renseignements inédits sur l’auteur du problème ecclésiastique publié en 1698 contre M. de Noailles archevêque de Paris (sur ce « problème » voir ici t. xi, col. 679). Avec beaucoup de sûreté, A. Vacant indiquait comme auteur de ce pamphlet, qui passionna l’opinion ecclésiastique aux dernières années du xviie siècle, le bénédictin dom Hilarion Monnier ; cf. ici t. x, col. 2216. Le travail sur La bibliothèque du grand séminaire de Nancy, qui fournit un catalogue raisonné des manuscrits et incunables de ce dépôt, parut en grande partie dans les Annales de l’Est, 1897. Chargé depuis 1890 de la conservation de ce dépôt, qui avait une certaine importance, A. Vacant ne s’était pas contenté d’en faire un instrument de travail très au point, il tenait à se rendre compte des richesses dont il avait la garde et à mettre celles-ci à la disposition du public lettré.

3. Théologie fondamentale. — Une partie des articles donnés au Dictionnaire apologétique de Jaugey — nous en avons énuméré quelques-uns ci-dessus — rentrent tout aussi bien dans la théologie fondamentale que dans la philosophie. C’est au même domaine que se rattache l’étude sur le magistère ordinaire de l’Église signalée plus haut, elle touche à un point qui sera repris avec beaucoup plus d’ampleur dans les Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican d’après le texte du concile. Rédigées d’abord pour le Prêtre, revue fondée en 1890 par l’abbé Jaugey, ces études réunies, revues et complétées finirent, par donner deux gros volumes in-8° de 734 et 569 p., Paris, 1895. Ces deux volumes ne traitaient que de la constitution Dei Filius. La deuxième constitution dogmatique du Vatican, Pastor æternus, aurait dû être traité de la même manière ; le début seul en fut commenté dans la même revue.

Les Études théologiques sur la constitution Dei Filius forment l’œuvre maîtresse d’A. Vacant avant le Dictionnaire de théologie ; se sont elles surtout qui ont fondé sa réputation de théologien solide, également éloigné de la tentation de majorer les doctrines officielles et de celle de les minimiser. Depuis la publication de la constitution Dei Filius, on avait fait bien peu pour en faire comprendre la portée. Aussi bien l’attention du grand public et même des théologiens avait-elle été plutôt accaparée par la constitution Pastor æternus relative au rôle du pape dans l’Église. Pourtant les enseignements officiels du concile sur Dieu, la création, la révélation et ses sources, la foi considérée soit en elle-même soit dans ses rapports avec la raison renouvelaient en grande partie les problèmes généraux de la théologie fondamentale. Il était urgent de préciser la position adoptée par l’Église devant une foule de questions posées à une époque toute récente ; autour de plusieurs d’entre elles, l’émoi ne s’était pas encore définitivement calmé. Il importait de « dire le droit » sur tous ces points et non pas en polémiste qui prend à partie des opinions adverses et cherche avant tout à avoir raison, mais en juriste qui pèse très exactement le sens des décisions prises par l’Église après mûre délibération. Il s’agissait d’abord de pénétrer la pensée des Pères ; après seulement il serait loisible « d’examiner si leurs définitions et leurs déclarations n’entraînent point des conséquences qu’ils n’ont pas formulées. Les conclusions de cet examen, continuait Vacant, seront presque toujours négatives ; nous suivrons bien rarement des théologiens contemporains qui ont essayé de trancher les controverses d’école par les principes que les Pères ont promulgués contre les rationalistes ». T. i, p. 45.

Pour cette exégèse des textes conciliaires, A. Vacant ne disposait malheureusement pas encore de l’admirable édition du concile publiée depuis par Mgr Petit. Voir ci-dessous art. Vatican (Concile du), bibliographie. Il en était réduit aux pièces assez capricieusement éditées par Granderath, au t. vii de la Collectio Lacensis. Ce recueil lui donnait bien, encore que dispersés à plaisir, les principaux travaux des commissions (députations) conciliaires. Il ne lui fournissait pas les discours prononcés par les membres du concile dans les « congrégations générales », discours qui seuls expliquent la portée de certains amendements, retenus ou repoussés par la députation de la foi. De ce chef l’exposition d’A. Vacant risque de prendre, à de certains moments, un caractère un peu trop officiel et ne rend pas suffisamment compte de la liberté d’esprit qui s’est parfois manifestée dans les délibérations conciliaires. En dépit de cette critique, il faut reconnaître que notre théologien a su tirer le meilleur parti des textes mis à sa disposition et qu’il les a interprétés, d’ordinaire, avec un sens exact des nuances. Peut-être certaines de ses conclusions nous sembleraient-elles aujourd’hui un peu tutioristes, celles par exemple qui concernent la création du premier homme, cf. t. i, p. 229 sq., plus encore celles qui se rapportent à l’inspiration et à l’inerrance bibliques. Encore que le concile du Vatican fût très sobre sur la matière, A. Vacant crut devoir prolonger ses enseignements en commentant avec abondance l’encyclique Providentissimus, récemment parue. Sur les questions scripturaires, il n’était malheureusement pas spécialiste. Son passage à Saint-Sulpice de Paris, à une époque où F. Vigouroux y représentait le summum de l’enseignement exégétique, lui avait laissé sur les problèmes bibliques un apaisement complet. Le « concordisme » de son maître, — en prenant ce mot dans la plus large acception —, lui semblait répondre à toutes les difficultés : l’accord de la Science et de la Bible était complet, non seulement négatif, mais positif. Des problèmes que posait la critique littéraire des Écritures, il ne semble pas qu’il eût jamais entendu parler. Tout ceci explique l’allure qui nous paraît aujourd’hui un peu raide, des longs développements consacrés, dans les Études théologiques, à l’Écriture sainte, développements où l’esprit géométrique a plus de part, semble-t-il, que l’esprit de finesse. Disons d’ailleurs que ces pages reflètent au mieux l’état d’esprit qui était pour lors commun dans les milieux catholiques les plus ouverts. Elles paraissent modérées quand on les compare à tels développements de certains publicistes de la même date.

De bien meilleur aloi sont les dissertations consacrées, au t. ii, aux divers problèmes posés par les définitions du concile relatives à la foi et à ses rapports avec la raison. Les amples développements sur le magistère ordinaire de l’Église qui reprennent et mettent au point des questions déjà touchées dans un mémoire spécial, représentent une des meilleures synthèses qui aient été écrites sur le sujet. Le texte conciliaire ne consacrait qu’un mot au « magistère ordinaire et universel » de l’Église. Les Études lui accordent une volumineuse dissertation : En quoi consiste-t-il ? Quels sont ses instruments ? Comment s’exprime-t-il ? A quels signes se reconnaissent les doctrines qu’il impose ? Peut-il créer de nouvelles obligations en matière de doctrine ? A cette dernière question, A. Vacant répondait avec sa prudence coutumière : « Le magistère ordinaire peut élucider un sentiment d’abord obscur, douteux et libre et le rendre certain et obligatoire, au point que la proposition contraire méritera toutes les notes inférieures à celle d’hérésie ; mais jusqu’ici il ne paraît pas avoir transformé aucune doctrine, même certaine, en dogme de foi et il lui serait difficile de le faire. » Visiblement c’est à la doctrine de l’immaculée conception de Marie qu’A. Vacant pensait dans tout ce développement. Seul l’acte définitif du magistère extraordinaire avait pu conférer à la croyance, depuis si longtemps tenue par l’Église, le caractère contraignant qu’elle a revêtu depuis 1854.

Il y a dans ce deuxième volume des Études théologiques bien d’autres questions qui mériteraient de retenir l’attention. Celle du caractère surnaturel et de la liberté de la foi avait retenu l’attention d’A. Vacant à ses débuts ; il y revenait avec une expérience plus approfondie, moins livresque, des façons dont Dieu besogne dans les âmes. Une étude assez fouillée des conditions psychologiques où se trouvent croyants et incroyants aboutissait à cette conclusion : « C’est surtout dans les luttes de certaines âmes, dont la foi semble toujours en question, alors même qu’elles ne doutent jamais, que se révèlent les secrets de la liberté de la foi et qu’on peut étudier l’application des théories théologiques que nous avons résumées. » T. ii, p. 82. Pour être un peu plus « géométriques » dans leur expression, les idées de l’auteur sur l’accord de la foi et de la science, sur les devoirs de l’apologétique méritent d’être relevées : « En prétendant, écrit-il, trouver la confirmation indiscutable de certains récits bibliques ou de certaines thèses théologiques dans des hypothèses éphémères, l’apologiste ferait croire que la saine doctrine n’a pas d’autres bases que ces appuis fragiles, il préparerait pour un avenir prochain le discrédit de l’apologétique et de la religion. » Il conseillait encore à l’apologiste de veiller à ne point amoindrir la science alors même qu’on la lui oppose : « Il aurait tort de mépriser les véritables découvertes de l’esprit humain ou de rendre la véritable science responsable des conclusions prématurées et parfois insensées qu’on lui prête. » T. ii, p. 252.

Malgré tout les Études théologiques portent la marque de l’époque à laquelle elles ont été rédigées. On n’y sent encore passer aucun des souilles qui, dans les dernières années du xixe siècle, annoncent un incontestable renouveau des disciplines ecclésiastiques, de l’exégèse d’une part, de la théologie historique de l’autre. A. Vacant prévoyait-il dès ce moment les profondes transformations qui se préparaient et qui, avec une rapidité déconcertante, allaient poser tant et de si nouveaux problèmes ? A le lire, il ne semblerait pas. Ses chapitres, articles, paragraphes, divisions, sous-divisions continuent à s’aligner dans l’ordre impeccable d’un honnête manuel sans que, nulle part, on ne voie fuser, ne serait-ce que dans une modeste note, l’idée qu’une puissance nouvelle est à l’œuvre, dans le domaine théologique, comme ailleurs, et qui ne tardera pas à contraindre les spécialistes à modifier tout ce bel arrangement. La critique en général, la critique historique en particulier ne semble encore ni prévue, ni annoncée. Qu’il le voulût ou non, A. Vacant serait bien amené à y sacrifier un jour.

4. Théologie dogmatique. — En fait les Études théologiques résumaient tout l’enseignement donné par A. Vacant dans le cours de théologie fondamentale qu’il professa quinze années durant. Son accession à la chaire de théologie dogmatique allait l’amener à

« reconsidérer » un certain nombre de problèmes plus

spéciaux et qui sont plus impliqués que d’autres dans la complexité de l’histoire. Si elle veut enfin sortir des répétitions stériles et de la sempiternelle mise en équation de problèmes périmés, la dogmatique se doit de revenir sur ses origines ; elle n’étudiera pas seulement les formules ecclésiastiques qui l’expriment dans leur rédaction finale et ne varietur, elle se doit de suivre celles-ci dans leur progressive évolution, de montrer par quelles approximations successives, commandées le plus souvent par des circonstances historiques, faciles à reconstituer, ces textes ont fini par prendre leurs contours définitifs. Pour l’exégèse de ces formules, la dialectique se révèle comme un instrument un peu Insuffisant ; l’histoire, au contraire. donnera l’intelligence de bien des nuances qui risquent d’échapper au dialecticien le plus averti. Si la dogmatique est essentiellement — et qui donc le contesterait ? — la science des dogmes et de leur expression par l’Église, il lui est absolument impossible de ne pas faire, de la manière la plus approfondie, l’histoire des dogmes.

Ces idées, A. Vacant n’y arriva pas dès la première heure. Pourtant en 1900, il les exposait d’une manière très exacte dans un remarquable article de la Revue du clergé français (15 mai 1900, p. 561-589). Faisant état de l’encyclique adressée, le 8 septembre 1899, au clergé de France par Léon XIII, une série de collaborateurs avait étudié la situation de ce clergé suivant les divers points de vue énumérés par l’encyclique. A. Vacant était chargé de poser la question de l’accord entre les méthodes théologiques suivies en France et celles que préconisait le document pontifical. Léon XIII, tout en prônant l’étude de la théologie scolastique, recommandait à côté d’elle la théologie positive et faisait spécialement l’éloge de nos théologiens positifs français : Petau, Thomassin, Mabillon et Bossuet. Ceci amena notre auteur à préciser le concept de théologie positive. Celle-ci, répondait-il, étudie les documents ecclésiastiques en tenant compte du lieu et du temps où ils ont été rédigés ; elle en établit l’authenticité ou le caractère apocryphe ; elle en détermine le sens d’après les documents similaires. D’abord apologétique et se proposant pour but d’établir que les dogmes ne sont pas des innovations, elle a pris allure d’une histoire des doctrines et est devenue une discipline indépendante. Et à cette question : Faisons-nous dans notre enseignement la place nécessaire à cette discipline ? il répondait : « Oui, nous faisons de la théologie positive, nos « preuves » d’Écriture sainte et de tradition en sont ; mais il faut bien avouer qu’elles ne répondent pas toujours aux exigences d’une juste critique. Parmi nos preuves de tradition, que de textes apocryphes et connus comme tels depuis longtemps, telles les Fausses Décrétales ou les Statuta Ecclesiæ antiqua d’Arles, donnés comme le IVe concile de Cartilage. En fait les preuves de tradition constituent la partie la moins soignée de nos manuels. Il serait temps d’ajouter en tête de nos traités ou de leurs principales parties une histoire de la doctrine qui y est étudiée. » Et il ajoutait : « Ces études sur l’histoire des points particuliers supposent une histoire ecclésiastique bien au point. » Parmi les manuels qui lui semblaient répondre à ces desiderata, il indiquait les adaptations françaises des ouvrages de Kraus ou de Funk, introduits depuis quelque temps au séminaire de Nancy.

Le même article signalait en outre un aspect du problème théologique dont peu de personnes s’étaient jusqu’alors souciées. La fréquentation par les jeunes clercs des facultés de l’État amenait ceux-ci à prendre conscience non seulement des méthodes de la critique soit textuelle, soit littéraire, soit historique, mais encore des solutions plus ou moins radicales données, dans certains milieux universitaires, à des problèmes exégétiques ou dogmatiques, solutions qui ne s’accordaient pas toujours avec les réponses jusque-là fournies par l’enseignement ecclésiastique. « Parallèlement à notre enseignement théologique, il se donne parmi nous un enseignement que j’appellerais laïque de la religion. Il n’y a peut-être pas conflit entre les deux parce qu’ils semblent s’ignorer. Mais les problèmes ne se posent pas moins dans l’esprit de ceux qui réfléchissent. Il convient donc de travailler sérieusement ces matières de théologie historique. » Ibid., p. 584-585.

Au moment où il écrivait ces lignes, A. Vacant était arrivé par le travail même du Dictionnaire de théologie à une conception de plus en plus exacte des devoirs de la théologie historique. Combien il est regrettable qu’après s’être appliqué lui-même à voir clair dans tous les problèmes que soulève cette discipline, il n’ait pas eu le temps d’en fixer d’une manière synthétique les grandes lignes !

Dès 1894, d’ailleurs, une Histoire de la conception du sacrifice de la messe dans l’Église latine, publiée dans l’Université catholique (tiré à part de 60 p.), avait montré l’application de ces mêmes idées à un point de la dogmatique. A. Vacant avait remarqué combien factices étaient les essais faits au xviie siècle par les néo-scolastiques pour donner une théorie satisfaisante du sacrifice de la messe. Des prodiges d’ingéniosité avaient été dépensés pour un résultat bien minime. Tous souffraient de la même tare ; aucune de ces théories ne tenait compte de la pensée des siècles passés et ne semblait se préoccuper de l’état de choses antérieur à la Réforme. Pour un peu, l’on eût dit que le xvie siècleavait le premier « réalisé » le grand mystère de l’immolation du Christ sur l’autel. L’étude attentive de l’antiquité et du Moyen Age révélait au contraire qu’à bien des reprises Pères de l’Église et docteurs scolastiques avaient rencontré ce problème. Sans doute, les soixante pages de la brochure en question étaient loin d’approfondir ledit problème comme devaient le faire les belles études parues ultérieurement, soit ici même, soit dans des ouvrages indépendants. Elles contribuaient du moins à orienter les recherches dans une direction qui devait être celle de l’avenir. En 1896, la Revue du clergé français du 1er  mai donnait, dans un ordre d’idées analogue, une étude sur la confession : Le précepte divin de la confession a-t-il été connu et observé par les premiers chrétiens ? C’était l’époque où les premières études indépendantes sur la confession auriculaire avaient quelque peu ému les milieux catholiques, même les plus ouverts. Voir ici l’art. Pénitence, t. xii, col. 844. Avec une prudence, teintée de quelque concordisme, A. Vacant s’efforçait de montrer que, fussent-ils admis, les résultats auxquels aboutissait la critique indépendante ne mettaient pas en échec la donnée ecclésiastique sur l’obligation de soumettre aux chefs de l’Église les fautes mortelles dont on veut obtenir le pardon. Encore qu’assez superficiel, l’article avait au moins le mérite de ne soulever contre les faits bien attestés aucune de ces exclusives violentes et a priori dont étaient pour lors si prodigues bon nombre de publicistes catholiques.

Le Dictionnaire de théologie. — Les travaux divers que nous avons signalés avaient donné à l’abbé Vacant, dans le monde théologique français, une solide réputation. Elle l’était d’autant plus, que jamais son activité ne s’était dépensée dans ces polémiques stériles qui étaient pour lors trop fréquentes dans les milieux intellectuels catholiques. Par tempérament, A. Vacant n’aimait pas ces discussions qui, en général, ne font guère avancer les questions et prouvent seulement la fécondité dialectique des adversaires. Il se contentait d’exposer son point de vue avec sobriété, clarté et fermeté, sans donner jamais l’impression qu’il cherchait à l’imposer de vive force.

Cette autorité reconnue de tous allait lui faciliter l’élaboration et la mise en marche du Dictionnaire de théologie catholique. Disons tout de suite que, si intimement qu’il se soit identifié à l’œuvre dès le début, l’initiative ne vint pas de lui, mais de la maison Letouzey et Ané, qui venait de lancer, quelques années auparavant, selon une formule un peu nouvelle, un Dictionnaire de la Bible dont la direction avait été confiée à F. Vigouroux. A côté de cet instrument de travail, il y avait place pour un répertoire consacré aux sciences proprement théologiques, que pourraient ultérieurement prolonger des répertoires analogues consacrés aux autres sciences sacrées : archéologie, liturgie, droit canonique, histoire. Pour ce qui était de la théologie proprement dite, on en était resté en France aux vieux dictionnaires publiés en série par Migne, cf. ici, t. x, col. 1728. Un peu plus au courant se trouvait être la traduction que l’abbé Göschler avait donnée de la 1re  édition du Kirchenlexikon de Wetzer et Welte. L’ensemble n’était guère satisfaisant, il fallait vraiment faire du neuf. En cette fin du xixe siècle, la science catholique française s’éveillait d’un long sommeil, il était temps de montrer qu’elle pouvait aller son chemin toute seule, sans se traîner à la remorque de publications allemandes de mérite assez inégal. De conversations avec les milieux intellectuels parisiens, les éditeurs emportèrent l’impression que l’abbé Vacant était, des savants français, le plus capable de mettre à pied d’œuvre une entreprise de ce genre. Le 28 septembre 1897 une lettre très brève des éditeurs mettait l’abbé Vacant au courant des espérances que l’on fondait sur lui. Celui-ci avait-il été mis, par ailleurs, au fait de cette question, il faut le croire, car sa réponse ne tarda guère. Dès le 3 octobre 1897, il répondait : « Après avoir étudié la question pendant ces trois jours, je me suis fait un plan qui, à mon avis, rendrait le dictionnaire supérieur à tout ce qui a été fait, si, comme je l’espère, j’obtiens la collaboration des auteurs auxquels je pense. » Il subordonnait toutefois son acceptation définitive à l’assentiment de Mgr Turinaz, son évêque. Très rassuré sur l’orthodoxie d’A. Vacant, fort aussi de la compétence et de la puissance de travail du professeur de dogmatique de son séminaire, celui-ci ne pouvait qu’encourager une entreprise qui était tout à l’honneur du diocèse de Nancy.

Le plus urgent était d’arrêter, de manière au moins provisoire, l’idée directrice et le plan de la nouvelle publication-, de fixer le tout dans un prospectus à soumettre aux collaborateurs éventuels et à diverses personnalités ecclésiastiques. Plusieurs conceptions étaient possibles : l’une représentée par le Kirchenlexicon catholique de Wetzer et Welte, dont la 2e édition était en voie d’achèvement, l’autre par la Realencyclopädie für protestantische Theologie und Kirche, publiée par J.-J. Herzog au milieu du xixe siècle et dont A. Hauck entreprenait depuis 1896 une troisième édition. Le premier recueil se donnait surtout comme une encyclopédie ecclésiastique où se trouvaient traitées non seulement les questions théologiques mais les objets les plus divers du savoir ecclésiastique, jusques et y compris les questions d’art religieux. C’est la formule qui a été reprise récemment par le Lexikon für Thrologie und Kirche de Mgr Buchberger. Appliquée avec beaucoup d’acribie, elle fait de ce dernier répertoire un manuel surtout bibliographique qui permet, sur tel point donné, de théologie, de droit canonique, d’histoire et de géographie ecclésiastiques, de liturgie, d’archéologie, de rassembler immédiatement la « littérature » de première nécessité. Dans un pareil plan les questions proprement théologiques se trouvent noyées au milieu des autres et ne peuvent recevoir les développements nécessaires. La Realencyclopädie protestante était beaucoup plus strictement théologique. Non seulement les divers points de la dogmatique y étaient traités avec abondance et surtout en fonction de l’histoire, mais chacun des grands théologiens des diverses Églises protestantes y avait une notice, souvent introuvable ailleurs et permettant de fixer son rôle dans le développement des idées. À la vérité, la Realencyclopädie n’évitait pas complètement le caractère d’encyclopédie à l’usage des ecclésiastiques, qu’avait si net tentent la publication catholique. Des articles, dont quelques uns considérables, étaient consacrés aux questions de géographie ecclésiastique. On les justifiait, tant bien que mal, en les présentant surtout comme une contribution à l’histoire de la Réforme dans les divers pays,

Des deux conceptions ainsi représentées par le Kirchenlexikon et par la Realencyclopädie ce fut de prime abord la seconde qui eut la préférence d’A. Vacant. Il voyait dans le Dictionnaire avant tout un instrument de travail à l’usage des théologiens, ne fournissant pas seulement à ceux-ci les renseignements bibliographiques les plus indispensables, mais encore les données acquises de la science des dogmes, l’essentiel des preuves, l’agencement de celles-ci en une synthèse déjà élaborée. Nous avons dit plus haut comment, au fur et à mesure qu’il avançait en âge, A. Vacant se préoccupait de l’histoire de la théologie. À son estimation — et sa pensée à ce sujet s’exprime avec une lucidité parfaite dans sa correspondance — le Dictionnaire serait le moyen non pas seulement de faire connaître les résultats déjà acquis dans ce domaine, mais de faire progresser cette discipline qui, parmi les catholiques, en était encore sur trop de points à ses premiers balbutiements. Pour se lancer résolument dans cette direction il n’avait nul besoin des exhortations que, plus d’une fois, l’éditeur, se faisant l’écho de diverses personnalités ecclésiastiques parisiennes, lui faisait parvenir. Sa conception s’était mûrie depuis plusieurs années, elle allait maintenant prendre corps dans et par le Dictionnaire. Celui-ci serait, comme le porta dès l’abord son titre, l’exposé des doctrines de la théologie catholique, de leurs preuves et de leur histoire.

L’histoire de la théologie tant dogmatique que morale est encore l’histoire de tous ceux qui ont contribué à la faire, depuis les premiers Pères de l’Église jusqu’aux auteurs contemporains. Il fallait donc réserver une place non seulement aux grands noms de la théologie, mais à toute une série de dii minores, quitte à tirer, ceux-ci de l’oubli plus ou moins mérité où ils dormaient. En faire le dénombrement exact et consacrer à chacun une notice, si courte fût-elle, paraissait impossible : à relever les milliers de noms que la patience de Hurter avait catalogués dans le Nomenclator literarius, on eût perdu bien du temps et de la place. L’essentiel était que ne fût omis aucun nom de l’antiquité, du Moyen Age, des temps modernes et contemporains qui eût droit à une mention même fugitive. Pour préparer cette liste, A. Vacant usa d’un procédé tout empirique. Il avait sous la main le bref Dictionnaire des sciences ecclésiastiques de l’abbé Glaire qui lui fournissait une liste abondante de théologiens de toute valeur. Examinant sommairement chacun des vocables il retint ceux qui, à son estimation, le méritaient. Complété par d’autres recoupements, ce répertoire avait l’avantage de donner un premier squelette du Dictionnaire.

La question de la place à faire aux questions scripturaires était plus délicate à résoudre. Puisque la même maison d’édition avait commencé un Dictionnaire de la Bible, n’était-il pas indiqué d’abandonner résolument à celui-ci tout ce qui concernait l’Écriture sainte ? Mais il est des questions ressortissant aux sciences bibliques qui sont au premier chef théologiques : celles par exemple de l’inspiration de l’Écriture, de son interprétation, de son exacte délimitation (canon de l’Écriture) ; leur omission eût été inexplicable. Les divers livres de l’Écriture, d’autre part, ne devaient-ils pas être étudiés eux aussi, chacun pour soi ? Nombre d’entre eux renferment des preuves à l’appui du dogme catholique qu’un théologien ne peut ignorer ; plusieurs énoncent des prophéties messianiques importantes, qu’il convient d’étudier avec quelque détail, l’ont ceci A. Vacant le sentait avec acuité. Peut-être était-il moins sensible à un autre aspect des problèmes scripturaires. C’est à peine si, dans les milieux catholiques de son temps, on prononçait le nom de « théologie biblique », du moins ne le prononçait-on pas sans méfiance. L’idée qu’il peut y avoir une théologie de l’Ancien Testament distincte de celle du Nouveau, une théologie spéciale de chacun des livres bibliques et par exemple une théologie des Synoptiques distincte de celle de l’évangile johannique, paraissait au moins aventureuse à de bons esprits. En tout état de cause, le Dictionnaire de la Bible, si riche pour tout ce qui concernait les questions qui se posent autour de la Bible, semblait ignorer ce genre de problèmes. Ce fut une heureuse chose qu’A. Vacant se soit avisé de faire une place dans son répertoire aux divers livres du canon scripturaire ; il se ménageait ainsi la possibilité d’y donner un jour accueil à ce genre de problèmes.

Le droit canonique constitue dans l’Église une discipline indépendante, qui a ses méthodes, ses manuels, ses répertoires. Toutefois, il est une de ses parties, celle qui regarde l’administration des sacrements, qui se trouve tellement impliquée dans les questions de théologie morale, qu’elle fait pour ainsi dire corps avec cette dernière. Dans l’enseignement courant des séminaires, on ne les sépare guère que nominalement : les censures ecclésiastiques, les empêchements de mariage, etc., doivent être connus du théologien autant que du canoniste. Un Dictionnaire de théologie catholique ne peut les passer sous silence. Le tout est qu’il n’en traite pas de façon exhaustive, mais réserve aux spécialistes tout ce qui est sur ce point histoire, discussion, interprétation, solutions aberrantes, etc. Autant faut-il en dire du droit constitutionnel. Le Traité de l’Église incorpore tout une série de notions proprement canoniques sur l’organisation des pouvoirs dans la société ecclésiastique, qu’il est impossible de ne pas traiter en théologie. Tout cela finit par laisser au droit canonique une place assez grande dans un répertoire de théologie.

Quant à l’histoire ecclésiastique proprement dite, il est impossible de ne pas lui faire une place. L’histoire des papes, tout d’abord, a droit à une spéciale attention. Beaucoup d’entre ceux-ci ont été amenés à prononcer dans des questions théologiques ou même dogmatiques des jugements plus ou moins définitifs. Chacune de ces constitutions pontificales méritait une étude spéciale. Le plus simple n’était-il pas — et on se conformerait par là aux exemples du Kirchenlexikon et de la Realencyclopädie — de consacrer à chacun des papes une notice, plus ou moins longue, selon l’importance du pontificat. Pour les mêmes raisons, l’histoire des conciles avait sa place marquée, étant bien entendu que la partie proprement historique ne recevrait pas de longs développements et que l’attention serait surtout consacrée à l’exégèse des textes conciliaires dogmatiques ou de portée morale qui forment l’armature principale de la théologie historique. L’histoire des hérésies et des schismes enfin était un complément indispensable à tous égards, de la discipline en question. Par le fait le Dictionnaire de théologie s’annexait des parties considérables de l’histoire ecclésiastique. Le tout était que les collaborateurs auxquelles on s’adresserait acceptassent, sans trop de regret, les amputations nécessaires.

Restaient les questions de géographie ecclésiastique sur lesquelles il était bien difficile de se faire une religion. Les deux répertoires allemands les traitaient, à des points de vue d’ailleurs assez divers. L’on n’arriva pas aisément à prendre ici une décision. Aussi bien, la question se présentait sous deux aspects assez différents : celui des Églises séparées et celui de la répartition géographique de l’Église romaine. A. Vacant avait trop le sens catholique pour mettre sur le même pied les Églises protestantes, dont il ne pouvait être question que tout à fait en passant, et les Églises orientales de toutes dénominations, séparées de l’Église romaine par des malentendus séculaires, mais ayant conservé la succession apostolique. Chacune de ces Églises (et même chacun des grands théologiens produits par elles) devrait avoir sa notice. Si sobre fût-elle, celle-ci devait tenir compte de la répartition géographique des fidèles s’y rattachant. Voici, par cette porte, tout un chapitre de géographie qui rentrait dans le Dictionnaire. Il était plus difficile de justifier une description des divers États du monde ou des diverses parties de l’Ancien et du Nouveau Continent ; l’on ne voit guère, ce qu’a de commun avec la théologie la situation ecclésiastique des États, y compris les données statistiques et historiques qui l’appuient. Toutefois il était un point de vue qui n’était pas absolument étranger au théologien : celui des ressources fournies par chaque État à l’étude des sciences sacrées, plus spécialement des disciplines théologiques : il ne saurait être tout à fait indifférent à un théologien de savoir quelles ont été, dans le passé, les grandes institutions d’enseignement ecclésiastique d’un pays, quelles elles sont aujourd’hui encore, quelles publications y ont paru ou y paraissent, quels grands théologiens y ont travaillé et y travaillent encore. C’est exclusivement à ce point de vue que se justifiait l’insertion au Dictionnaire de ces questions d’ordre géographique. Mais les collaborateurs entreraient-ils, sur ce point, aussi complètement qu’il le faudrait, dans la pensée du directeur ?

Si toutes ces spécialités sont ainsi arrivées à se faire une place plus ou moins justifiée, plus ou moins discrète dans la trame du Dictionnaire, par contre il est une partie considérable de la théologie proprement dite qui ne devait pas recevoir les développements auxquels elle semblait avoir un droit strict. Aux dernières années du xixe siècle — et c’est un signe des temps — c’est à peine si l’on prononçait le nom de théologie ascétique et mystique. Les questions qui relèvent de cette discipline étaient, à l’estimation générale, du domaine de la morale ; il ne venait guère à la pensée de personne de faire rentrer dans la théologie tous les problèmes concernant l’action de Dieu dans les âmes et la réaction des âmes sous l’influence de Dieu. Il est heureux, d’ailleurs, que l’attention du fondateur de ce Dictionnaire n’ait pas été attirée spécialement de ce côté. Cela a facilité ultérieurement l’apparition d’un Dictionnaire spécial d’ascétique et de mystique qui s’est constitué comme le répertoire d’une science à part, ayant son objet bien déterminé, ses méthodes propres et ses travailleurs spéciaux.

Tous ces problèmes de plan et de dosage ont dû être résolus fort rapidement par A. Vacant. Cette rapidité même n’a pas été sans amener un peu de confusion dans les idées et il est bien certain que l’œuvre eût gagné en cohésion et en unité si, dès le principe, les grandes lignes en avaient été tracées avec plus de fermeté. Mais les éditeurs pressaient le directeur ; ils craignaient qu’une entreprise rivale ne surgît — on parlait d’une adaptation du vieux Göschler, d’une traduction possible du nouveau Kirchenlexikon, etc. Il fallait gagner de vitesse les entreprises concurrentes possibles, rédiger dès l’abord un prospectus renseignant le grand public sur ce que l’on voulait faire, un autre destiné aux collaborateurs éventuels expliquant ce que devrait être la tâche de chacun. C’est ce travail un peu fiévreux qui, mené sans répit dans les derniers mois de 1897 et les premières semaines de 1898, altéra gravement la santé d’A. Vacant et détermina chez lui une première crise dont, au fait, il ne devait jamais se remettre. L’énorme correspondance qu’il entretint pour lors, soit avec les éditeurs, soit avec les collaborateurs éventuels, eût suffi à une activité ordinaire. En même temps, il commençait néanmoins, la rédaction des premiers articles de théologie sur lesquels le grand public jugerait de ce que serait le Dictionnaire. La correspondance avec les éditeurs donna à l’abbé Vacant l’occasion de préciser au moins mal les principes suivant lesquels se développerait le Dictionnaire. C’est à elle que nous avons emprunté les développements ci-dessus relatifs aux diverses matières à faire entrer dans la publication. Cette énumération ne laissait pas d’effrayer un peu la prudence des éditeurs. Ils se demandaient si les dimensions du répertoire projeté ne dépasseraient pas, et de beaucoup, les limites qu’ils essayaient de se fixer et que, dans les prospectus destinés au grand public, on avait indiquées comme un maximum à ne pas dépasser. Le Dictionnaire de la Bible semblait devoir requérir cinq gros volumes de 2500 à 3000 colonnes ; ils auraient bien voulu ne pas dépasser très sensiblement ce chiffre pour la nouvelle publication, mais le plan même que l’abbé Vacant mettait sur pied ne contraindrait-il pas à donner à l’œuvre une ampleur beaucoup plus considérable ? Les éditeurs se sont bien rendu compte, dès le début, que la réalisation des idées du directeur les entraînerait à donner au Dictionnaire de théologie catholique des dimensions qui risquaient d’en rendre l’acquisition difficile à l’ensemble des ecclésiastiques. De sérieuses discussions s’engagèrent entre eux et A. Vacant, qui n’entendait sacrifier ni des parties importantes de son plan, ni la manière abondante avec laquelle seraient traitées les questions de théologie historique. L’apparition des tout premiers fascicules où se trouvaient développés avec quelque ampleur d’importants problèmes d’histoire augmenta leurs appréhensions. A. Vacant ne voulut rien céder ; il avait raison sans doute, mais c’étaient les éditeurs qui, somme toute, voyaient juste quand ils redoutaient les dimensions qu’atteindrait finalement l’œuvre. Elle serait triple de ce que l’on avait envisage précédemment ! Était-ce un mal d’ailleurs ? Telle qu’elle achève de se réaliser en ce moment la grande encyclopédie théologique ne dépasse pas très sensiblement les limites où s’est enfermée la Realencyclopädie protestante.

Nous insisterons moins sur le recrutement des collaborateurs de la première heure qui fut aussi une des grosses préoccupations d’A. Vacant. Il suffit de se reporter à la table des collaborateurs du t. ier pour se rendre compte du choix des ouvriers de la première heure. Ils viennent de tous les points de l’horizon théologique ; les divers ordres religieux y sont représentés tout comme le clergé séculier, les diverses facultés théologiques de France tout comme les bons séminaires et quelques grands scolasticats établis à l’étranger. Au début les éditeurs insistaient pour que fût demandée la collaboration de quelques théologiens romains. Les quelques-uns qui furent sollicités se récusèrent, entre autres le P. Billot, qui était alors la grande lumière du Collège romain. Les bollandistes eux aussi déclinèrent l’offre, mais en exprimant toute leur sympathie ; aussi bien les matières proprement dites du Dictionnaire n’entraient pas dans le domaine de leur compétence. Le cardinal Mercier, après avoir donné une adhésion de principe, se récusa pour des motifs analogues : philosophe avant tout, il craignait de s’égarer dans les questions strictement théologiques. L’ensemble de cette correspondance avec les divers collaborateurs est du plus vif intérêt. Elle montre d’abord l’accord à peu près unanime avec lequel les milieux ecclésiastiques français saluèrent l’apparition d’un instrument de travail qui fût vraiment de chez nous, la docilité avec laquelle fut acceptée la direction de l’abbé Vacant, la minutie avec laquelle celui-ci s’intéressait à la composition des articles demandés. la sagesse des directives qu’il imprimait, la fermeté avec laquelle il s’efforçait de maintenir chacun des travailleurs dans le sens exact qui lui avait été d’abord tracé.

C’est en ces travaux préparatoires que se passèrent l’année 1898 et la première moitié de 1899. Le premier fascicule parut enfin aux derniers jours de juin de cette même année. Plusieurs articles de théologie scripturaire, Aaron, Abel, Abraham, étaient signés de E. Mangenot ; P. Batiffol avait rédigé l’art. Abercius ; les divers aspects de l’Absolution des péchés étaient étudiés par E. Vacandard et par A. Vacant lui-même, qui avait essayé, sans d’ailleurs y parvenir complètement, de débrouiller la question si complexe des effets de l’absolution chez les scolastiques. Cette série d’articles sur l’absolution donnait la note propre du dictionnaire. Elle fut très remarquée et l’accueil fait à la nouvelle publication soit en France, soit à l’étranger, s’en ressentit. Il fut chaleureux en beaucoup de milieux, dans l’ensemble au moins sympathique. Cette bonne impression se confirma à l’apparition du fascicule 2, aux premiers jours de 1900. Celui-ci contenait entre autres un long article sur l’Adultère et le lien du mariage dont la plus grande partie était due à A. Vacant et qui tirait au clair la question, si débattue entre l’Église romaine et l’Église grecque (suivie par les protestants), de l’effet de l’adultère sur le mariage. La question, A. Vacant le reconnaissait, aurait pu être traitée sous un autre vocable, par exemple au mot Divorce ou à Indissolubilité du mariage. Il avait tenu à la traiter dès le début du Dictionnaire pour donner un spécimen de ce que l’on entendait réaliser, au point de vue de l’histoire des doctrines dans la nouvelle publication. En fait la partie rédigée par A. Vacant est un modèle de travail consciencieux, où rien n’est sacrifié au désir de faire triompher une thèse aux dépens de l’autre. Cet article, l’un des derniers rédigés par lui, donne la mesure de la compréhension exacte à laquelle il était arrivé des devoirs et des droits de la théologie historique. Moins fortement documenté et surtout trop en l’air l’art. Agnoètes qui parut au fasc. 3 (septembre 1900) ; l’art. Alexandre de Halès, au même fascicule, exigeait une compétence très spéciale que l’auteur ne pouvait improviser. Rien de particulier à signaler au point de vue qui nous occupe dans les fascicules 4 (novembre 1900) et 5 (mars 1901), sauf en ce dernier une série d’articles sur L’histoire de l’angélologie qui sont d’une belle facture.

Ce devait être la dernière contribution d’A. Vacant au Dictionnaire. Quelques jours après l’apparition de ce fascicule 5, qui se terminait sur le vocable Animation, Dieu l’appelait à recevoir la récompense du travail acharné qu’il avait fourni toute sa vie au service de la vérité catholique. Passé sous la direction d’E. Mangenot (voir son article), un des premiers élèves et des premiers collaborateurs d’A. Vacant, le Dictionnaire a persévéré depuis, et aussi après la mort de son second directeur, dans les principes qu’avait posés son fondateur. Si les circonstances surtout politiques — deux longues guerres en particulier ! — ne lui ont pas permis d’atteindre encore la fin, la publication espère, toujours fidèle à l’esprit du fondateur, mettre enfin le point final à l’œuvre que A. Vacant élaborait voici bien près de cinquante ans.

É. Amann.