Dictionnaire de théologie catholique/UTRECHT (ÉGLISE D') II. Invasion du protestantisme et suppression de la domination espagnole en Hollande

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 431).

II. Invasion du protestantisme et suppression DE LA DOMINATION ESPAGNOLE EN HOLLANDE.

En 1566, éclata la célèbre conjuration des Gueux ou Mendiants : ce fut le signal de la révolte contre la domination espagnole qui coïncida avec le développement de la Béforme dans les Provinces-Unies. Les griefs contre la domination espagnole ne manquaient pas ; ils furent habilement exploités. Guillaume le Taciturne, chef de la révolte, fut quelque temps tenu en échec par le duc d’Albe, mais il finit par triompher : beaucoup de catholiques se joignirent à lui et marchèrent avec les protestants, contre les Espagnols, pour défendre les intérêts nationaux qui leur étaient communs. Les griefs politiques contre l’Espagne étaient aussi forts que les antipathies religieuses contre les protestants. Mais bientôt la division se mit parmi les rebelles : il y eut des troubles, des

révoltes, des profanations à la suite du changement de gouvernement et du changement de religion. Les protestants prirent la tête du mouvement antiespagnol. Le culte catholique fut interdit et le calvinisme devint la religion dominante ; l’édifice hiérarchique, fondé par Paul IV et achevé par Lie IV, fut renversé ; Les églises furent dépouillées de leurs biens et les chapitres privés de leurs revenus. La mort violente, l’exil, l’apostasie anéantirent le clergé ; les biens ecclésiastiques passèrent aux protestants, qui prirent le titre de chanoines et reconstituèrent les chapitres.

La pacification de Gand en 1576 et l’union d’L T trecht, signée le 23 janvier 1579, en donnant aux catholiques la liberté de conscience, auraient pu pacifier les esprits, mais les conventions faites ne furent jamais bien observées ; les violences continuèrent et les apostasies se multiplièrent même dans le clergé, de sorte qu’en certaines régions, spécialement dans le nord des Pays-Bas, il n’y eut plus guère que des protestants et l’exercice public du culte catholique devint impossible.

Schenck mourut le 25 août 1580. Il fut le seul archevêque d’Utrecht uni à Borne, jusqu’au rétablissement de la hiérarchie en 1853. Le roi d’Espagne, déchu de sa souveraineté dans les Provinces-Unies, n’avait plus le droit de nommer les évêques, et les nouveaux souverains étant protestants ne pouvaient exercer un pareil droit. De plus, les chapitres qui, d’ailleurs depuis 1559, n’avaient plus le droit d’élire les évêques, étaient dispersés. Beaucoup de leurs membres avaient abandonné leurs bénéfices et quelques-uns même avaient embrassé la Béforme. Au milieu de ces désordres, en face du protestantisme et de l’intolérance civile, les papes jugèrent nécessaire d’intervenir dans ces contrées : le diocèse d’L’trecht et les diocèses suffragants furent réduits à l’état de mission, comme les pays infidèles. La mission hollandaise se trouva placée sous la dépendance immédiate du Saint Siège, qui la gouverna par des vicaires apostoliques, munis des pouvoirs nécessaires. D’après les historiens jansénistes, ce furent les jésuites qui demandèrent et obtinrent du pape cette décision, qui, disent-ils. fut une usurpation du Saint-Siège.