Dictionnaire de théologie catholique/ORDRE. ORDINATION I. Institution du sacerdoce par Jésus-Christ

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 11.2 : ORDÉRIC VITAL - PAUL (Saint)p. 30-37).

ORDRE. ORDINATION.

On étudiera successivement :
I. L’institution du sacerdoce par Jésus-Christ,
II. L’origine et le développement de la hiérarchie, col. 1207.
III. Le rite sacré de l’ordination, col. 1235.
IV. Les premiers essais de spéculation théologique, depuis les Pères du ive siècle jusqu’au concile de Florence, col. 1275.
V. Le décret d’Eugène IV et l’essence du sacrement de l’ordre, col. 1315.
VI. La réaction protestante et l'œuvre doctrinale du concile de Trente, col. 1333.
VII. La théologie moderne, col. 1365.
VIII. La théologie orientale orthodoxe du sacrement de l’ordre, col. 1391.
IX. Les dispositions canoniques les plus importantes concernant le sacrement de l’ordre, col. 1400.

I. Institution du sacerdoce par Jésus-Christ. —

L’institution du sacerdoce est renfermée dans l’institution même de l'Église. C’est donc parallèlement à l’enseignement de Jésus sur l'Église qu’il faut découvrir, dans l'Évangile, son enseignement sur le nouveau sacerdoce, par lui institué. Or, précisément, cet enseignement est contesté. Certaines conceptions éliminent de la pensée du Christ le dessein rie fonder un nouveau sacerdoce. Il convient donc, tout d’abord, de montrer la fausseté de telles conceptions ; ensuite, de mettre en relief la véritable pensée de Jésus-Christ.

I. FAUSSES CONCEPTIONS DE L'ŒUVRE DU CHRIST ÉLIMINANT L’INSTITUTION D’UN SACERDOCE NOUVEAU. — Jésus-Christ se faisait-il de son œuvre future une idée excluant ou impliquant l’institution d’un sacerdoce nouveau, d’une hiérarchie sacrée ? Toute la question de l’institution divine du sacrement de l’ordre dépend de la-réponse apportée à ce problème historique.

Jésus-Christ, prétend-on, n’aurait jamais eu l’idée d’un sacerdoce futur, établissant dans l'Église une hiérarchie sacrée. Telle est la réponse qu’apportent les protestants libéraux, les modernistes et même les protestants orthodoxes, en l’appuyant d’ailleurs sur des arguments bien différents.

1° Pour les protestants libéraux, le Christ eut en en vue simplement l'établissement d’un royaume intérieur purement spirituel, qui n’est autre qu’une vie nouvelle de l'âme, dans l’ordre religieux et moral. Le fondement de cette doctrine se trouve dans le sensisme religieux (Schleiermarcher et Ritschl), d’après lequel tout acte religieux se rapporte à une faculté spéciale et indépendante, le « sens religieux ». De ce sens religieux procède toute religion, et même toute révélation, puisque la révélation n’est pas autre chose que ce sens religieux apparaissant dans la conscience et Dieu lui-même s’y manifestant confusément. Au fond, c’est la doctrine de 1' « expérience religieuse », au sens protestant du mot, que nous trouvons à la base de ce système. Voir Expérience religieuse, t. v, col. 1787. Les principaux représen tants de cette école sont Harnack, Das Wesen des Christenturns, Leipzig, 1902, trad. franc. : L’essence du christianisme, Paris, 1907, et Auguste Sabatier, Esquisse d’une philosophie de la religion, Paris, 1897 ; Les religions d’autorité et la religion de l’esprit, Paris, 1904. Le Christ, ayant éprouvé en lui-même un sens religieux plus aiguisé, a pu servir de maître et d’exemple aux autres. Il n’a pu être l’objet de sa prédication ; cet objet, c’est le règne du Père dans l'âme du croyant ; c’est l’expérience intime de la paternité de Dieu. Le Christ a été, sur ce point, pour les hommes, « la voie vers le Père » ; et le royaume de Dieu annoncé par le Christ « est la domination du Dieu saint dans chacune des âmes ; c’est Dieu lui-même avec sa puissance. » Dans ce royaume, il ne saurait être question d’autre chose que « d’un bien purement intérieur, d’une simple relation entre Dieu et l'âme, entre l'âme et son Dieu. » Ainsi donc, le royaume prêché par Jésus est « une sorte de puissance, toute spirituelle, plongeant à l’intime même de l’homme et ne pouvant être saisie que par ce qui est intime dans l’homme. » Das Wesen…, p. 36-40, passim.

Aussi le Christ n’a-t-il pu songer à instituer une société visible, extérieure, organisée. Toutes les sectes religieuses, se réclamant du nom du Christ, ne doivent être considérées que comme des institutions humaines, faites à l’image de l'Église catholique. Ibid., p. 179, 184. L'Évangile « est chose si simple et si divine, et partant si humaine, qu’on le reconnaît immédiatement dès lors qu’on lui donne la liberté ; et dans chacune des âmes humaines, il crée nécessairement des expériences et des croyances essentiellement les mêmes. » Ibid., p. 172. L’essence du royaume de Dieu, c’est donc le sentiment tout intérieur et tout intime que l’homme éprouve, par l’expérience religieuse, à l'égard de Dieu, son Père. Ce sentiment a existé d’une façon supérieure en Jésus ; mais il peut, à l’exemple de Jésus, exister en tout homme qu’anime l’esprit de l'évangile. /6/d., p.36. « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à être remarqué ; et on ne dira point : il est ici ou il est là. Car voici que le royaume de Dieu est au-dedans de vous. » Luc, xvii, 20-21.

Sans doute, le Christ a tenu pour légitime, selon la tradition juive, une autorité enseignante et une législation rituelle. Mais tout cela est fort accessoire et secondaire dans la conception évangélique du royaume de Dieu. C’est l’inévitable emprunt aux conditions de temps et de milieu dans lesquelles il vivait ; cf. Sabatier, Esquisse d’une philosophie, p. 204-207, et Les religions d’autorité…, p. 458-461. Bien plus, ne seraiton pas autorisé, à bien considérer l’attitude de Jésus-Christ, que le Christ a été bien loin d’accorder quelque importance à ces institutions ? Telle est la thèse récente de M. Wilfrid Monod. Si le Christ a été assidu à la synagogue, présent dans le temple aux fêtes sacrées, fidèle à payer l’impôt du sanctuaire ou à pratiquer les rites, c’est « avec un parfait détachement intérieur à l'égard de ce qu’il considérait comme désuet ou absurde. » Jésus a pu « se plier aux coutumes de la dévotion traditionnelle, en conservant pleine indépendance à leur égard. Sans les dédaigner, il restait distant. » En réalité « on est stupéfait du nombre de passages (évangéliques) qui montrent le Messie en conflit avec les lois cérémonielles, ou morales, imposées parles chefs religieux du peuple… ». Pour Jésus, au-dessus des cultes, il y a l'âme, et « les formes cultuelles et les institutions ecclésiastiques sont les moyens que l’Esprit emploie pour agir, mais qu’il est libre, aussi, d’abandonner ou rie briser. » En définitive, être chrétien, au sens où Jésus a voulu qu’on le soit, c’est croire en JésusChrist ; non pas croire quelque chose sur lui, ni J 195

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répéter quelque chose après lui ; mais c’est prendre quelque chose de lui, s’unir à lui, communier avec lui dans un élan de consécration intérieure, en réponse à l’appel qui rayonne de l’Esprit que Jésus incarnait, que Jésus était. L'Église est née de cette expérience ineffable. Elle n’a pas d’autre origine. « La vraie foi en Jésus-Christ peut donc se concilier avec les différentes organisations ecclésiastiques ; elle ne suppose aucune Église particulière. » Ainsi donc, « être chrétien, tout court, sans épithète, c’est aimer JésusChrist, lui donner sa foi, et être animé de son esprit ; cette expérience, d’ordre surnaturel, assure l’appartenance à l'Église invisible et universelle, corps mystique dont le Seigneur vivant est la tête, le chef. Subsidiairement, ou éventuellement, le chrétien se réclame d’une église historique (grecque, romaine, anglicane, protestante). Mais cette adhésion n’est pas indispensable au salut. » Du protestantisme, Paris, 1929, p. 60-61, 91-95, 98-99. Finalement, on le voit, M.Monod rejoint Sabatier et Harnack.

2° Les modernistes, avec nombre de critiques protestants, pensent que le royaume prêché par JésusChrist avait un caractère essentiellement social et collectif, et que, par conséquent, la conception d’un royaume spirituel et intérieur ne saurait être retenue. Mais ce royaume collectif et social est étranger aux conditions de la vie présente. Le royaume messianique prêché par le Christ est le règne final et définitif de Dieu après la fin du monde que Jésus croyait imminente. De l’illusion ou de l’erreur du Christ touchant la proximité de la fin du monde est née, en opposition avec l’idée et l’intention du Christ, non seulement la religion chrétienne, mais même l'Église qui en est la forme naturelle et nécessaire. En Allemagne, cette conception eschatologique du royaume a été retenue par nombre d’auteurs. Citons spécialement : W. Baldensperger, Das Selbstbeivusstsein Jesu im Lichte der messianischen Hoffrmngen seincr Zeit, Strasbourg, 1903 ; I. Weiss, Die Predigt Jesu vom Reiche Gotles, Gcettingue, 1900 ; A. Schweitzer, Das Abendmahl im Zusammenhang mit dem Leben Jesu und der Geschichte des Urchristentums. n. Das Messianitàtsund Leidensgeheimnis, Tubingue et Leipzig, 1901 ; Geschichte der Leben-Jesu-Forschunij, Tubingue, 1913 ; I. Schnitzer, i. Hat Jésus das Papsttum gestiftet ? n. Das Pasptlum eine Stiftung Jesu ? Augsbourg, 1910. Pour expliquer l’erreur de Jésus touchant la proximité du royaume eschatologique, Schweitzer distingue trois « personnes » en Jésus-Christ, une, normale, qui partage les joies de la nature, des enfants ; l’autre, pessimiste, qui voit le jugement de Dieu comme imminent ; la troisième, enfin, prophétique, qui considère le royaume de Dieu comme déjà présent et agissant, Geschichte der LebenJesu-Forschung, p. 135, 144-145, 90, 95.

Chez les Français, le représentant de cette opinion est A. Loisy, dont le système eschatologique se trouve esquissé à plusieurs reprises dans les ouvrages suivants : L'Évangile et l'Église, Paris, 1902, p. 24-26, 67, 86, 90-92, 110-113, 180-184 ; Autour d’un petit livre, Paris, 1903, p. 66-70, 156-162, 170-173, 175-177 ; Les évangiles synoptiques, t. i, Celïonds, 1907, p. 225253 ; Simples réflexions sur le décret « Lamentabili » et sur l’encyclique « Pascendi », Ceffonds, 1908, p. 75-77, 98, 107, 127 ; Quelques lettres sur des questions actuelles et sur des événements récents, Ceffonds, 1908, p. 112113, 123-124, 164-165, 236-237. (Références indiquées par Y. de La Brière, art. Église, Dict. apol. de la foi cath., t. i, col. 1222.)

Pour A. Loisy, « tout l’enseignement moral du Christ est conçu en vue de l’avènement du règne de Dieu, avènement qui n’est pas censé devoir se faire attendre indéfiniment, ou se produire par une lente

transformation de l’humanité, mais qui est supposé prochain, ou plutôt imminent. » Synoptiques, t. i, p. 236. On sait comment, d’après l'école eschatologique, il faut savoir distinguer dans la rédaction des évangiles ce qui appartient en propre aux vues eschatologiques du Christ, et ce qui y a été ajouté par une sorte de « réinterprétation » de la conscience chrétienne de l'âge apostolique, obligée de mettre l'évangile en harmonie avec le développement de l'Église naissante. Mais cette Église n’a été ni prévue ni constituée par le Christ, lequel « n’a fait autre chose, jusqu'à la fin de son ministère, qu’annoncer l’avènement prochain du royaume des cieux ». Quelques lettres, p. 237. L'Église est le résultat logique, mais inattendu de l'Évangile. Ne cherchons donc pas en Jésus un dessein arrêté d'établir son Église sur une hiérarchie et un sacerdoce : il n’y songea point. Voir Décret Lamentabili, prop. 40, 49, 50, 52. On retien dra particulièrement les propositions 49 et 50 :

49. Cena christiana paulatim indolem actionis liturgies ; assumente, lii qui cenie pneesse consueverant, characterem sacerdotalem acquisiverunt,

50. Seniores, qui in christianorum cœtibus invigilandi munere fungebantur, institut i sunt abapostolis presbyteri aut episcopi ad providendum necessariæ crescentium communitatum ordinationi, non proprie ad perpetuandam missionem et potestatem apostolicam.

La cène chrétienne prenant peu à peu le caractère d’une fonction liturgique, ceux qui avaient l’habitude d’y présider ont par là même acquis le caractère sacerdotal.

Les anciens qui étaient chargés de surveiller les réunions des chrétiens ont été institués par les apôtres piètres ou évêques afin de pourvoir au bon ordre nécessaire dans les communautés toujours croissantes, mais non pas à proprement parler afin de perpétuer la mission et le pouvoir apostoliques.

3° Les protestants orthodoxes admettent, avec les catholiques, que_ l'Église a été voulue et instituée par Jésus-Christ, société visible et permanente ici-bas des chrétiens. Mais « ils rejettent la notion d’une hiérarchie perpétuelle, établie de droit divin positif par Jésus-Christ lui-même, hiérarchie qui possède juridiction gouvernante, magistère enseignant, sacerdoce sacrificateur. Pour les protestants, Jésus-Christ n’a rien organisé de semblable ; il n’a pas créé d’intermédiaires obligatoires entre la conscience et Dieu. Sans doute, l'Évangile réclame que les fidèles soient groupés en société permanente : pour prier en commun, pour lire et commenter la parole de Dieu, pour célébrer le baptême et la cène, pour pratiquer la charité fraternelle. Mais il ne s’agit pas d’obéir à une hié rarchie, en tant que dépositaire de l’autorité même du Christ et organe authentique de la vérité chrétienne. Sans doute encore, le bien social de l'Église elle-même exigera une organisation hiérarchique ; car nulle société humaine, visible et permanente, ne peut vivre sans une autorité qui la gouverne. Mais l’organisation hiérarchique dans l'Église n’a pas été constituée, une fois pour toutes, par Jésus-Christ luimême. La raison d'être de cette hiérarchie est. exclusivement, une nécessité pratique du bien commun. Le caractère de la hiérarchie spirituelle dans l'Église ne fut pas, quant à son origine, essentiellement différent du caractère de la hiérarchie temporelle dans l'État. De part et d’autre, le principe fondamental pourra être de droit divin, comme répondant à l’intention manifeste du Créateur. Mais, de part el d’autre aussi, la forme extérieure, la détermination concrète, seront de droit humain ; elles résulteront des conditions particulières de chaque milieu ; elles varieront avec les circonstances historiques de chaque époque… La controverse entre catholiques et protes119 ;

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tants orthodoxes, à propos de l'Église, porte donc sur l’existence d’une hiérarchie perpétuelle. Oui ou non, Jésus-Christ a-t-il confié à l’apôtre Pierre et au Collège apostolique le pouvoir exclusif et perpétuellement transmissible de gouverner l'Église, d’enseigner l'Église ; et enfin de célébrer, dans l'Église, le sacrifice de la Nouvelle Alliance ? Juridiction, magistère, sacerdoce, tels sont, en effet, dans la doctrine catholique, les attributs essentiels de la hiérarchie ecclésiastique. Tous trois sont révoqués en doute par la théorie protestante. » Y. de La Brière, art. cit.. col. 1224-1225 ; cf. P. -F. Jalaguier, De l'Église, Paris, 1899, passim ; Th. Zahn, Das Evangelium des Matthàus, Leipzig, 1905, p. 547, qui établissent la thèse de l'Église démocratique, héritière dans sa collectivité de l’autorité donnée par le Christ aux apôtres pris collectivement, et s’organisant elle-même selon les exigences des circonstances. On retrouve cette thèse à peine différemment formulée chez Edwin Hatch, The organisation of the early Christian Church, Londres, 1895. Tout aussitôt après Jésus-Christ, il y eut bien des chefs dans les communautés chrétiennes, et ces chefs étaient le clergé, chargé de remplir les fonctions liturgiques — prêcher, baptiser, célébrer l’eucharistie — et de veiller à l’observation de la discipline. Mais au fond, tous les chrétiens se considéraient comme prêtres et pouvaient, au besoin, remplir toutes ces fonctions. Voir plus loin.

Fausses explications de la hiérarchie.

Quand il s’agit de reconstruire positivement l'édifice de la hiérarchie, en dehors de toute institution du Christ, ces diverses théories — libérale, moderniste, protestante orthodoxe — se groupent en un certain nombre d’opinions qu’il est relativement commode de répartir en trois classes distinctes. » La première catégorie, dit M. J. Coppens, L’imposition des mains et les rites connexes, Paris, 1925. p. 112, comprend toutes les opinions qui affirment l’existence d'étroites relations entre le christianisme primitif et les juiveries de la dispersion, et qui rapprochent par conséquent les ordres ecclésiastiques des institutions synagogales répandues dans la diaspora à l'époque du Seigneur. » Cette ancienne thèse de Vitringa, De. synagoga vetere, Franeker, 1696, a été reprise par H. J. Holtzmann tout particulièrement. « A l’extrême opposé de ce premier groupe, une classe plus nombreuse d’historiens estiment, en s’appuyant sur les travaux philologiques de Weingarten et de Foucart et en s’inspirant du programme tracé par Edwin Hatch, qu’il existe des rapports de dépendance entre les diacres-épiscopes chrétiens et les divers fonctionnaires établis dans les thiases ou collèges religieux de l'époque impériale. » Hypothèse déjà insinuée par Renan et développée par Weingarten et Hatch ; reprise sous une forme amendée par Harnack, Die Gesellschaftsverfassung der christlichen Kirchen im Altertum, Gicssen, 1883. A ces deux premiers groupes d’opinions se rattachent toutes les hypothèses qui combinent dans des proportions variées les influences juives et helléniques, et qui admettent pour autant que l’organisation ecclésiastique définitive a été le résultat de la jonction de deux types primitifs, le type judéo-chrétien originaire de Jérusalem et le type ethnico-chrétien introduit d’abord à Antioche de Syrie. Toutefois, Lcening distingue trois types primitifs d’organisation ecclésiastique. Die Gemeindevcrfassung des Urchristentums, Halle, 1889. « Enfin, aux hypothèses précédentes s’opposent les explications qui écartent toute influence étrangère au christianisme primitif, et qui expliquent l’origine des divers ordres ecclésiastiques soit par l’initiative du collège apostolique intervenant, dès

les débuts de la prédication chrétienne, soit par le libre jeu des lois sociales qui tendent à organiser tout groupement quelque peu stable en société dûment constituée. » Ainsi, K. Weizsæcker, Apostolisches Zeitalter, Fribourg-en-B., 1892 ; H. Sohîn, Kirchenrecht, t. i, Die geschichtlichen Grundlagen, Munich, 1923 ; cf. J. Brys, Ephemerides theologicee Lovanienses, 1925, t. ii, p. 150-168. D’après cette dernière conception, la hiérarchie primitive, l’exercice des différents pouvoirs auraient pour point de départ les charismes qui se manifestèrent à l'époque apostolique ; cf. I Cor., xii, 28 ; Eph., iv, 11. Aucune organisation se référant à l’institution du Christ ; mais la première ébauche d’organisation issue de l’influence de l’Esprit. Sous ce double aspect, la chrétienté primitive doit être dite une « anarchie pneumatique », anarchie, parce que le Christ n’en a ni prévu ni voulu l’organisation ; pneumatique, parce que, sous l’intervention du Saint-Esprit, cette organisation s’est faite, en attendant l’organisation juridique, issue des décisions prises par la communauté chrétienne elle-même, instruite et guidée par les événements. C’est le système développé par Sohm.dans l’ouvrage cité, et dans Wesen und Ursprung des Kalholizismus, Leipzig, 1913 ; Dasaltkatholische Kirchenrecht und dus Dekrct Gratians, .Munich, 1918.

La portée de toutes ces doctrines hétérodoxes dépasse la question de l’origine du sacerdoce catholique, et l’on ne saurait ici les réfuter dans tous les détails qu’elles comportent. Une telle discussion relève surtout de l’ecclésiologie. Voir les traités De Ecclesia, et notamment. M. d’Herbigny, Theologica de Ecclesia, 1, th. in et iv ; Hermann Dieckmann, De Ecclesia, tractatus historicn-dogmalici, t. i, Fribourg-en-B., 1925, assert. 4, 5, 11 ; voir aussi Yves de La Brière, art. cit., et surtout P. Batiffol, L'Église naissante et le catholicisme, Paris, 1911, passim, mais principalement Excursus b, p. 172-193. Il convenait néanmoins de signaler brièvement ces erreurs afin de préciser les points où notre reconstruction positive de l’institution de la hiérarchie et des ordres sacrés par le Christ peut les atteindre efficacement.

II. LE FAIT HISTORIQUE T)Ë L’INSTITUTION DE

L’ORDRE par le christ. — - Notre point de dé art sera purement historique. Les données certaines de l'Évangile nous permettent d’affirmer, à l’encontre des thèses libérales, modernistes et protestantes, que le Christ a vraiment institué un sacerdoce nouveau, d’où résulte dans l'Église une hiérarchie de droit divin, dont l’origine ne saurait être attribuée aux seules circonstances humaines.

Préparation éloignée.

1. A l’exemple de JeanBapliste et des autres maîtres en Israël, le Christ a eu de bonne heure ses disciples qu’il a appelés tout spécialement à le suivre, dans un but spirituel. Matth., iv, 18-26 ; Joa., i, 35-50. Ces disciples doivent être soigneusement distingués de la foule qui suit et écoute le Maître. Matth., xv, 10, 12. A eux, en effet, est réservé un enseignement spécial. Matth., xiii, 1<> ; cf. Marc, iv, 10 ; Luc, viii, 10. Jésus se les attache personnellement. tout d’abord pour certaines œuvres de miséricorde temporelles et spirituelles. Luc, ix, 49 ; Marc, ix, 37. Ils sont sa famille, Matth., xii, 49, qu’il défend contre les attaques des pharisiens. Matth., ix, 15 ; xii, 1 ; cf. Marc, n. 18, 23 ; Luc, v. 33 ; vi, 1.

2. Parmi ces disciples, le Maître en choisit plus spécialement douze, qu’il appelle les apôtres. Matth., iv, 18 sq. ; Marc, i, 16 ; Luc, v. 2. Leur élection est rapportée explicitement par Marc, ni, 13 sq. et par Luc, vi, 12-13 ; leur liste est donnée par Matth., x, 2-4 ; voir aussi Joa., vi, 68, 71 ; xv, 16. L’appellation « les Douze » devient pour ainsi dire consacrée.

Matth., x, 1, 2, 5 ; xi, 1 ; xix, 28 ; xx, 17 ; xxvi, 14,

20, 47 ; Marc iii, 1-1 ; IV, 10 ; vi, 7 ; ix. ;  ;  : > ; x, 32 ; xi, 11 ; xiv, 10, 17, 20, 43 ; Luc, ix, 12 ; xviii, 31 ; xxii, 3, 47 ; Joa., xx, 24. Après la défection de Judas, ce sont « les Onze >. Matth., xxviii, 16 ; Marc., xvi, 14 ; Luc, xxiv, 9, 33 ; Act., i, '26 ; ii, 14. Il s’agit donc bien d’un groupe choisi de disciples et connu comme tel.

3. L'élection des apôtres lut faite en vue de leur conférer des pouvoirs spéciaux : non seulement pour accomplir des œuvres de miséricorde spirituelle et temporelle, Matth., x, 1, 8 ; Marc, iii, 15 ; Luc, ix, 1, mais encore pour prêcher la vérité touchant le règne de Dieu à venir, Matth., x, 7 ; Luc, ix, 2, 6, et pour remplir un ministère de salut auprès des hommes. Matth., iv, 19 ; Marc, i, 17 ; Luc, v, 10. Sans doute, les soixante-douze disciples reçoivent de Jésus une mission analogue, Luc, x, 1 sq., mais cette mission, purement de prédication et de préparation à la visite du Sauveur, est strictement temporaire, tandis que les perspectives du ministère apostolique dépassent certainement l’avenir immédiat, la prédication dont les apôtres sont chargés étant l’enseignement même de la vérité inspirée par l’EspritSaint et devant durer jusqu'à la fin du monde. Matth., x, 14 sq. ; cf. Luc, xii, Il sq. ; Marc, xiii, 9 sq.

4. En vue de ce ministère, Jésus établit entre lui et les apôtres une très grande intimité. Il en fait un groupe tout à fait à part de compagnons fidèles et d’aides habituels. Les apôtres l’accompagnent même dans ses retraites loin de la foule ; cf. Matth., xiv, 13 ; Marc, vi, 41 ; Luc., ix, 10 ; Joa., vi, 1. Il leur révèle particulièrement ce qui doit lui arriver, notamment sa passion douloureuse. Marc, x, 32 ; Luc. xviii, 31. Déjà Jésus leur laisse entrevoir leur rôle de juges du monde. Matth., xx, 28. Ils seront admis à l’intimité suprême de la Pâque célébrée avec le Sauveur. Matth., xxvi, 20 ; Marc, xiv, 17 ; Luc, xxii, 14.

5. Mais tout cela n’est encore qu’une préparation éloignée. Les pouvoirs de guérison ou de prédication ne supposent pas encore nécessairement un caractère sacré en qui les exerce. L' institution d’une hiérarchie parmi les apôtres eux-mêmes comporte une

ndication déjà plus nette et plus précise. Cette hiérarchie apostolique est marquée par la primauté de Pierre, primauté promise, Matth., xvi, 18, et conférée. Luc, xxii, 31 ; Joa., xxi, 15. La hiérarchie, en effet, suppose déjà un pouvoir religieux qui s’exerce sous la direction d’un chef suprême.

2° Préparation prochaine : substitution des apôtres et de leurs successeurs éventuels à la personne de Jésus dans l'œuvre de la sanctification des hommes. — 1. La prière sacerdotale du Christ est très expressive à cet égard. Jésus annonce aux apôtres que bientôt il disparaîtra de la scène de ce monde. Joa., xvi, 10. Il leur parle alors plus ouvertement : « Je suis sorti de mon Père et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde, et je vais à mon Père. » Id., ꝟ. 28. Puis, levant les yeux au ciel : « Mon Père, elle est venue, l’heure : glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie…, afin que, quant à tous ceux que vous lui avez donnés, il leur donne la vie éternelle. » Id., xvii, 1-2. La vie éternelle communiquée aux hommes, voilà le but suprême de la mission du Sauveur, et nous savons que cette vie éternelle, « c’est qu’ils vous connaissent, vous, seul vrai Dieu et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. » Id., ꝟ. 3. J ésus confesse alors avoir glorifié son Père et manifesté le nom du Père aux hommes que le Père lui avait donnés, ꝟ. 4-5. Ces hommes ont gardé ses enseignements, y. f> ; ils ont reconnu la vérité de la mission du Christ, ꝟ. 7-8. Maintenant, le Christ, qui déjà n’est plus dans le monde, ꝟ. 11, prie pour eux qui sont

encore dans le monde. Et ici il s’agit bien des apôtres, car Jésus précise : « Ceux que vous m’avez donnés, je les ai gardés, et pas un d’eux n’a péri, hors le fils de la perdition, afin que l'Écriture fût accomplie, » ꝟ. 12. Ces apôtres, « sanctifiez-les dans la vérité… Comme vous m’avez envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde, » ꝟ. 17-18. Et plus loin, Jésus s’adressant directement aux apôtres, ne leur dira-t-il pas : « Comme le Père m’a envoyé, moi, je vous envoie, » xx, 21? L'œuvre des apôtres est donc bien la continuation de celle de Jésus-Christ, et cette œuvre se perpétuera par de la les apôtres eux-mêmes : « Je ne prie pas pour eux seulement, mais encore pour tous ceux qui, par leur parole, croiront en moi ; afin qu’ils soient tous une seule chose, comme vous, Père, êtes en moi et moi en vous ; qu’ils soient de même une seule chose en nous et qu’ainsi le monde croie que c’est vous qui m’avez envoyé. » ꝟ. 20-21. D’ailleurs le dogme de la perpétuité de l'Église implique que la mission confiée aux apôtres n’aura de terme qu'à la fin du monde. Voir Églisk, t. iv, col. 2117. On le voit, c’est toujours la mission du Christ qui doit être réalisée par les apôtres et par leurs successeurs jusqu'à la fin du monde. Et, pour arriver à conduire les hommes à la vie éternelle, Jésus déclare expressément à son Père avoir donné aux hommes « la gloire que vous m’avez donnée (c’est-à-dire la grâce sanctifiante, principe de la gloire future), afin qu’ils soient un, comme nous sommes un. »

2. Cette unité de Jésus avec ceux qui continueront sa mission sur terre, (sans parler de l’unité qui s'étend à tout le corps mystique), comporte la substitution totale des membres de la hiérarchie sacrée à l’activité de leur chef désormais invisible et n’agissant plus que par ses mandataires et ministres. Verbe de Dieu, Jésus-Christ transmettra, par les apôtres et par leurs successeurs, à toutes les générations à venir la vérité et la parole qu’il a apportées en ce monde : « Je leur ai donné les paroles que vous m’avez données ; il les ont reçues. » Joa., xvii, 8. « Tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » Id., xv, 15. La vérité que les apôtres auront reçue du Christ dans le secret, ils devront la prêcher publiquement. Matth., x, 27. Et, puisque leur instruction n’est pas suffisante pour leur donner la possibilité d’accomplir cette mission, l’Esprit-Saint interviendra : « Le Paraclet, l’Esprit-Saint que mon Père enverra en mon nom vous enseignera toute chose et vous rappellera tout ce que j’ai dit. » Joa., xiv, 26. Pour bien marquer que c’est toujours la mission divine s’originant au Père, qui par le Fils est transmise aux apôtres, cf. Joa., xvii, 18, Jésus-Christ déclare expressément que le Paraclet qu’il enverra du Père est un esprit de vérité qui rendra témoignage de lui et permettra aux apôtres de rendre, eux aussi, témoignage à Jésus. Joa., xv, 20. Bien plus, « quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; car il ne parlera point de lui-même, mais tout ce qu’il aura entendu, il le dira, et ce qui doit arriver, il vous l’annoncera. Il me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi et il vous l’annoncera. » Joa., xvi, 13, 14.

3. Ainsi donc, les apôtres seront substitués à JésusChrist dans son œuvre et l’Esprit-Saint leur fournira sa divine assistance afin qu’ils puissent effectivement remplir leur fonction. Cette fonction ne connaîtra de limites, ni dans l’espace, puisqu’il s’agit d’instruire tous les peuples et de prêcher dans l’univers l'Évangile à toutes créatures, Matth., xxviii, 19 ; Marc, xvi, 15, ni dans le temps, puisque le Christ est avec ses apôtres « tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles ». Matth., xxviii, 20. Elle est la fonction même de Jésus-Christ se perpétuant

jusqu'à la lia du monde : « Qui vous écoute, m'écoute ; qui vous méprise, me méprise ; mais qui me méprise, méprise celui qui m’a envoyé. » Luc., x, 16 ; cf. Matth., . Il » ; Joa., xiii, 20. « Ainsi, le Christ donne à son Église, représentée par les apôtres, une mission semblable à la sienne, une même autorité suprême, une fin identique qui est la gloire de Dieu par le salut des hommes. » J. Anger, La doctrine du corps mystique de Jésus-Christ, Paris, 1929, p. 247.

3o Institution d’un pouvoir sacerdotal dans l'Église. — La mission de l'Église s’exerce grâce au triple pouvoir que Jésus-Christ lui a conféré, pouvoir d’ordre ou de sanctification des âmes, pouvoir de gouvernement, pouvoir d’enseignement. Voir Église, t iv, col. 2175 sq. Du pouvoir de gouvernement et du pouvoir d’enseignement, nous n’avons pas à nous occuper ici. Le pouvoir d’ordre ou de sanctification retient seul notre attention, parce qu’il suppose expressément, en ceux qui l’exercent au nom du Christ, une participation au sacerdoce du Sauveur. Sur le sacerdoce de Jésus-Christ, voir Jésus-Christ, t. viii, col. 1335.

1. A priori, on pourrait inférer que Jésus-Christ a institué un pouvoir sacerdotal en son Église. Si l'Église doit continuer sur terre la mission du Christ ; si Jésus, dans l'œuvre de sanctification des âmes, s’est substitué à lui-même les apôtres et leurs successeurs, il est évident que ceux-ci ont dû recevoir en participation le pouvoir sacerdotal dont le Christ fut orné, et qui est essentiel à l’activité surnaturelle du Rédempteur des hommes. Bien plus, toute l'œuvre de l’incarnation et de la rédemption se rattache au sacerdoce du Christ comme à son centre actif et vivifiant. On lira, sur ce point, le pénétrant ouvrage du P. Héris, Le mystère du Christ, Paris, 1928.

D’autres considérations appuient ce motif a priori. Le pouvoir de gouvernement et d’enseignement n’atteint par lui-même et dans son exercice normal que l’extérieur de l’homme. Sans doute, la justification intérieure peut suivre la prédication de la vérité et l’obéissance aux lois, quand les dispositions de l'âme sont assez parfaites pour l’engendrer ex opère operantis. Mais il est plus convenable et plus conforme à l’infirmité humaine que Dieu supplée à l’insuffisance fréquente de ces dispositions par l’exercice d’un pouvoir sacré qui atteint l’intime de l'âme sous des conditions librement prescrites par lui. Sur ces considérations, voir saint. Thomas, Sum. theol., III a, q. lxi, a. 1, 3 ; q. lxiv, a. 1, 2. De plus, il n’est pas vraisemblable que Dieu se soit réservé ce pouvoir de sanctification pour l’exercer toujours personnellement et immédiatement comme il le fit au jour de la Pentecôte : le miracle est chose exceptionnelle dans l’ordre providentiel. Du côté de l’homme, une sanctification immédiate par Dieu présenterait de graves inconvénients, supprimant dans l’ordre religieux les relations sociales et favorisant ainsi l'égoïsme et l’orgueil. Du côté de l'Église, quel amoindrissement ! Sans pouvoir de sanctifier les âmes, l'Église serait une institution presque superflue, et certainement, indigne d'être appelée le corps mystique du Christ. Voir, sur ces divers points, M. d’Herbigny, Theologica de Ecclesia, t. i, n. 143.

Mais ces arguments de convenance et a priori trouvent une confirmation dans le fait que JésusChrist a vraiment doté son Église d’un pouvoir de sanctification par rapport aux âmes.

2. L’institution de ce pouvoir est amorcée par la manière de faire du Christ. Jésus, en effet, a voulu que les hommes fussent sanctifiés par des rites extérieurs. Ces rites extérieurs de sanctification existaient avant lui : cérémonies prévues par la Loi, consécration à Jahvé des hommes et des choses,

purifications, expiations, sacrifices de tous genres. Saint Thomas, Sum. theol., b^-II 33, q. on, a. 5, pense que dans l’Ancienne Loi il existait au moins quatre sacrements qui correspondaient, au baptême, à l’eucharistie, à la pénitence, à l’ordre (voir Sacrf.ments). Et même, avant la Loi, les rites extérieurs, sanctificateurs des âmes, ne faisaient point défaut ; il y avait des sacrements propres à la loi de nature. Quoi qu’il soit, Dieu semble avoir spécialement ordonné à l’accomplissement des rites sanctificateurs le sacerdoce antique, la hiérarchie lévitique, avec ses prêtres et ses pontifes : Dieu ne se charge-t-il pas de châtier ceux qui attaquent cette hiérarchie : Coré, Dathan, Abiron, les rois impies ; ceux qui en usurpent les fonctions : les mauvais prêtres et les lévites coupables du temps d’Héli jusqu’aux prévaricateurs condamnés par Isaïe et par les prophètes ? Ces rites sacrés, destinés par Dieu à la sanctification des hommes, Jésus-Christ en consacre la valeur. Il distingue entre les rites institués par Dieu et les rites d’origine purement humaine : ceux-ci seuls sont répréhensibles, parce que surajoutés par les scribes. Marc, vii, 3, 5, 8, 9, 13 ; cf. Matth., xv, 2-6. En outre, il condamne l’hypocrisie qui se contente d’honorer Dieu extérieurement et du bout des lèvres, et non pas intérieurement, Matth., xxiii, en entier. Les malédictions qu’ici Jésus prononce contre l’hypocrisie des scribes et des pharisiens ne sauraient rejaillir, quoi qu’en pensent certains exégètes et théologiens protestants, contre tous les rites extérieurs. La conclusion à attribuer au Christ serait bien plutôt celle-ci : si les apôtres de Jésus-Christ enseignent des rites nouveaux et les appliquent aux hommes, il faut admettre, -étant donnée l’attitude du Christ, que ces rites procèdent vraiment de Dieu. L'Évangile, en elïet, d’une part ne condamne que les rites d’origine purement humaine et qu’on impose aux hommes à l'égal des rites institués par Dieu, et, d’autre part ; nous fait voir que Dieu manifeste son action sancti ficatrice par le moyen de signes extérieurs : sanctification de Jean-Baptiste, manifestation de l’Esprit sur Jésus baptisé au Jourdain, transformation spirituelle des apôtres au jour de la Pentecôte, conversion de Corneille et de ses compagnons, etc.

Cette déduction est spécialement corroborée par l’attitude observée par Jésus, en ce qui le concerne personnellement, à l'égard des rites prescrits par la loi mosaïque ou admis par la piété populaire. Enfant, il est circoncis, présenté au temple, où il vient plus tard célébrer la Pàque à l'âge indiqué par la Loi. Adulte, il est publiquement baptisé par Jean, il mange l’agneau pascal avec ses disciples ; il ordonne d’observer les prescriptions que rappellent les scribes, Matth., xxiii, 2 ; il recommande d’accomplir les préceptes plus graves de la Loi, qu’omettent les pharisiens, sans délaisser les moins importants, id., xxiii, 23. Et nous avons enfin un signe non équivoque du respect professé par Jésus pour les rites mosaïques, dans le fait qu’après sa mort, les apôtres ont encore retenu pour les judéo-chrétiens l’usage de ces rites, jusqu'à ce que Dieu lui-même ait manifesté la nécessité de les abroger, soit en les rendant impossible par la destruction du temple, soit en en montrant l’inanité, en tant qu’ils s’opposent à la mission du Christ dans ce monde.

Il est donc tout naturel que le Christ ait voulu qu’après lui la sanctification des âmes fût procurée par des rites extérieurs, qu’il proclame par là même utiles et nécessaires. Exemples : Le baptême : « Si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. > Joa., ut, 5. La condition est ici explicitement posée : où Sûvxrai. Et un juif instruit comme Nicodème ne pouvait se faire

illusion sur le sens de ex aqua. Dans tout l’Orient existait la pratique des ablutions spirituelles pour l’expiation des péchés, et cette pratique était courante chez les juifs. Voir Baptême, t. ii, col. t68. Jésus lui-même confère le baptême, Joa., m 22. 26. Et il déclare l’ellicacité du rite baptismal pour sanctifier l'âme : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné. » Marc, xvi, 16. L’eucharistie : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’aufez pas la vie en vous. » Joa.. vi, 53. Il s’agit ici d’un rite extérieur, que les Juifs interprétèrent même dans le sens d’une manducation matérielle, puisqu’ils en furent scandalisés. On pourrait aussi trouver d’autres exemples relatifs à quelques autres sacrements. Ces remarques nous amènent à concevoir que JésusChrist ait dû instituer le sacerdoce de la Nouvelle Loi comme devant procéder d’un rite sacré, lequel, à l’instar du baptême et de l’eucharistie, aurait, dans l'Église, rang de sacrement.

3. L’institution de ce pouvoir est réalisée en fait par Jésus-Christ. — a) Les prophéties annoncent l’abolilion du sacerdoce lévitique en faveur d’un nouveau sacerdoce. — Dans l’Ancienne Loi. les ordres des lévites et des prêtres sont distingués de la foule du peuple ; à eux seuls est réservé le sacrifice et la célébration du culte. Or, le Nouveau Testament abroge complètement le particularisme d’Israël et. dans Israël, de la tribu de Lévi quant au choix des prêtres du vrai Dieu. Ce sacerdoce, en effet, fera place à un autre sacerdoce à venir, bien supérieur, dont les fonctions sacrées seront totalement différentes, mais qui, par rapport à l'Église tout entière, seront dans le même rapport que le sacerdoce lévitique par rapport à la nation juive ; cf. Is., lxvi. 21. Et le sacrifice répondant à cet autre sacerdoce sera l’oblation pure dont parle Malachie. i, 11 : iii, 3. D’ailleurs, en montrant la réalisation de ce nouveau sacerdoce, voir plus loin, l'épître aux Hébreux, vii, 1 sq., a bien mis en relief l’existence et la supériorité du sacerdoce de la Loi Nouvelle, selon l’ordre de Melchisédech, par rapport au sacerdoce lévitique, selon l’ordre d’Aaron. Melchisédech est représenté comme le type du sacerdoce nouveau, non seulement à cause de la signi lication de son nom (roi de justice), mais parce que, sans père, sans mère, sans aïeux, n’ayant ni commencement ni fin de vie, il est semblable à Jésus-Christ, Fils de Dieu, prêtre éternel. La supériorité du sacerdoce de Jésus-Christ est figurée en Melchisédech, qui offrit à Dieu le pain et le vin. symboles de l’eucharistie. Gen., xiv. 18.

h) La mission du Christ comportait ce nouveau sacer doce, ordonné au sacrifice de la Nouvelle Loi. — Toute la vie du Christ, vouée à l’anéantissement, Phi]., ii, 7, manifeste que le Christ n’eut d’autre but que de se livrer lui-même, pour nous « en oblation à Dieu, et en hostie de suave odeur ». Eph., v. 2. (.'est ainsi qu’il se sanctifie (le terme grec âyiâÇw indique toute la force de cette consécration sanctifiante), afin de sanctifier les autres en vérité. Joa., xvii, 19. II est venu donner sa vie pour la rédemption de tous. Matth., xx, 28 ; Marc, x, 45. Ce nouveau sacerdoce, instauré par la vie même de Jés is, est bien mis en relief par l'épître aux Hébreux. Nous ne ferons que résumer ici une doctrine déjà exposée ailleurs. Voir Hébreux (Épître aux), t. vi. col. 2105 ; JésusChrist, t. viii. col. 1335. et Messe, t. x, col. 821. L'épître rappelle que « tout grand prêtre, pris d’entre les hommes, est établi pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin d’offrir des oblations et des sacrifices pour les péchés. » Heb.. v, 1. Or. Jésus-Christ a pris la race d’Abraham, pour « être semblable en tout à ses frères, afin de devenir auprès

de Dieu un pontife miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple ». n. l(i-17. Et ainsi,

nous avons un pontife qui peut compatir à nos infirmités, ayant éprouvé comme nous toutes sortes de tentations, hormis le péché ». iv, 15. « Établi poulies hommes en ce qui regarde Dieu, » il a dû être établi par Dieu lui-même, car nul ne doit s’arroger la dignité du sacerdoce ; « il faut y être appelé de Dieu, comme Aaron ». Ainsi, ce n’est pas le Christ qui s’est glorifié lui-même pour devenir pontife, mais c’est celui qui a dit : « Vous êtes mon Fils ; c’est moi qui aujourd’hui vous ai engendré » ; comme aussi dans un autre endroit, il dit : « Vous êtes prêtre pour l'éternité, selon l’ordre de Melchisédech. » v, 4-6. Sur la supériorité de l’ordre de Melchisédech, voir ci-dessus. Jésus a rempli les fonctions de son sacerdoce, car, devant offrir des oblations et des sacrifices pour les péchés, v. 1, il n’avait pas besoin, comme les autres prêtres, d’offrir des victimes, d’abord pour ses propres péchés, ensuite, pour ceux du peuple, vii, 27. Mais il a offert son sacrifice, une fois pour toutes, en s’offrant lui-même, vii, 28. Et l’auteur inspiré insiste sur cette pensée : « Il a paru une seule fois, à la consommation des temps, pour détruire le péché, en se faisant lui-même victime. » ix, 26. « Ainsi, le Christ s’est offert une fois pour effacer les péchés d’un grand nombre. » ix, 28. C’est parce que Dieu rejetait les sacrifices de l’Ancienne Loi, comme incapables de satisfaire à sa justice, que le Christ est venu, grandprêtre de la Loi Nouvelle, offrir le second sacrifice pour abolir le premier et, par là, instituer un nouveau sacerdoce, comparable à celui de Melchisédech, et supérieur à l’ancien ; cf. Heb., x, 5-10 : vi, 20-vn. 20. Cette abolition de l’ancien sacerdoce par le sacerdoce de Jésus-Christ est une des doctrines fondamentales de l'épître aux Hébreux. Le concile de Trente en a retenu expressément l’affirmation. Sess. xxiii, cap. i, Denz.-Bannw., n. 957.

En fait, la substitution d’un sacrifice à l’autre s’est opérée à la Cène et à la Croix, quand Jésus offrit son propre sacrifice. La Cène, en effet, telle qu’elle est rapportée par saint Paul, I Cor., xi. 23 sq. ; saint Matthieu, xxvi, 2(3 sq. : saint Marc, xiv, 22 sq. ; saint Luc. xxii, 15 sq., est un véritable sacrifice. Voir Messe, t. x, col. 804 sq. Le sacrifice du Calvaire, lui aussi, est un sacrifice véritable ; il est même le sacrifice qui fonde la Loi Nouvelle. Voir Rédemption. Mais, comme seul le sacrifice de l’eucharistie doit être réitéré dans l'Église, en tant que sacrifice de l’Eglise même, unie à son chef, c’est à lui seul qu’est ordonné le sacerdoce de ceux qui, jusqu'à la fin du monde, doivent continuer ici-bas l'œuvre du Christ : cf. M. de la Taille, Mijsterium fidei, elucid. xvi-xvii.

1. Communication par Jésus-Christ aux Apôtres d’un pouvoir sacerdotal. — a) Ce pouvoir concerne la réitération du sacrifice eucharistique. — Sacerdoce et sacrifice, dans l'économie providentielle, sont deux institutions qui s’appellent mutuellement. Si donc Jésus-Christ a institué un nouveau sacrifice qui doit être réitéré jusqu'à la fin du monde, il faut qu'à ce sacrifice corresponde un sacerdoce qui se perpétue également. Or, à la Cène, les apôtres reçurent de Jésus-Christ l’ordre de réitérer le sacrifice du corps et du sang du Sauveur jusqu'à la fin des temps. Voir Messe, col. 825. Cet ordre est contenu dans les paroles : « Faites ceci en mémoire de moi », Luc, xxii, 19 ; I Cor., xi, 24-25. lia été démontré que le silence de saint Matthieu et de saint Marc relativement à cet ordre n’en infirme pas l’existence. Pareillement, saint Luc ne s’est cru obligé de relater qu’une fois, c’est-à-dire après la consécration du pain, l’ordre (tonné par Jésus-Christ. A elle seule cependant l’autorité de saint Paul suffirait à établir l’au

thenticité du toûto Ttoteïts. Elle représente, en etïet, une tradition antérieure à la rédaction définitive des premiers évangiles. Voir Eucharistie, col. 1090-1094.

Par ces paroles, Jésus-Christ fait tout d’abord du sacrifice eucharistique qu’il vient d'établir, une institution permanente et obligatoire. La thèse protestante, qu’après Luther, De captivitate babylonien, édit. de Weimar, t. vi, p. 563, ont soutenue Strauss, Kaiser. Stephani, — à savoir que ces mots : /ailes eeei en mémoire de moi contenaient, non un ordre, mais une simple permission ou autorisation est incompa tible avec le sens obvie du texte. Le déterminatif quotiescumque bibetis (1 Cor., xi, 25), n’infirme pas l’impératif : fæite ; il ne pose pas une condition, réalisable ou non au gré des apôtres ; il indique seulement le moment où doit être reproduit le sacrifice du Christ. C’est quand il faudra manger le corps du Sauveur et boire son sang qu’il faudra également répéter le geste du Christ. Ainsi donc, sans donner expressément à 7ïoi£Ïv le sens précis de sacrifier, on doit retenir néanmoins que, dans l'Église fondée par Jésus, le sacrifice visible de la Cène devra être réitéré et qu’ainsi jusqu'à la fin des siècles, les fidèles pourront participer au corps donné, au sang répandu.

Corrélativement, par ces paroles, Jésus donne aux apôtres le pouvoir de réitérer ce sacrifice. Sans communication de ce pouvoir, comment les apôtres pourraient-ils offrir de nouveau l’eucharistie ? Et, puisque cette offrande de l’eucharistie doit se renouveler jusqu'à la fin du monde, il faut aussi que se perpétue jusqu'à la fin du monde le sacerdoce ordonné à ce sacrifice. Ainsi, « à l’institution d’un sacrifice visible et permanent correspondait l’institution d’un sacerdoce visible et également permanent ; et puisque Jésus allait remonter vers son Père, il établissait, pour tenir sa place sur la terre, des prêtres visibles. » 'fixeront, L’ordre et les ordinations, p. 31. Cette interprétation des paroles. Faites ceci en mémoire de moi, commune dans la tradition catholique, a été officiellement consacrée par le concile de Trente, sess. xxii, c. i et can. 2, Denz.-Bannw., n. 938, 949.

b) Ce pouvoir concerne également la sancti fication des âmes par des rites sacrés. — Pierre, tout d’abord, Matth.. xvi, 19, puis tous les apôtres collectivement, id., xviii, 18, ont entendu Jésus-Christ leur promettre le pouvoir de « lier et de délier ». Sur la signification ample de cette promesse, voir Église, t. iv, col. 2200 sq. Remarquons toutefois que ce sens général se trouve précisé sur un point particulier qui comporte l’exercice d’un pouvoir vraiment sacerdotal, la rémission des péchés au nom de Dieu. Après sa résurrection, Jésus communique en fait ce redoutable pouvoir : < Comme mon Père m’a envoyé, moi je vous envoie. Lorsqu’il eut dit ces mots, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez le Saint-Esprit. Les « péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, « et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. » Joa., xx. 21-23 ; cf. Luc, xxiv, 49. Les interprètes catholiques font remarquer ici, contre l’exégèse protestante, qu’il s’agit bien dans l’esprit de Jésus, de communiquer aux apôtres un véritable pouvoir de remettre, d’effacer les péchés. Les apôtres ne pardonneront pas, comme un homme pardonne à son ennemi, sans effacer la faute morale commise à son égard ; ils ne déclareront pas les péchés remis et pardonnes ; ils remettront, ils effaceront, ils pardonneront eux-mêmes ; et, ce faisant, ils sont les juges de ce qu’ils feront. S’ils jugent bon de remettre, ils remettront, &v àcpîJTc … àcpécjvrai ; mais s’ils jugent bon de retenir, ils retiendront. Il y a ici un véritable pouvoir sacerdotal, qui constitue les apôtres et leurs successeurs jusqu'à la fin du monde, les représentants

de Dieu auprès des hommes pour leur appliquer les fruits de la rédemption. Cette interprétation est, elle aussi, sanctionnée par le concile de Trente, sess. xiv, c. i, et can. 3, Denz.-Bannw., n. 894, 913 ; cf. sess. xxiii, c. i et can. t, id.. n. 957, 961.

Un mode particulier de rémission des péchés, c’est le baptême, rite sacré, confié lui aussi, au pouvoir sacerdotal des apôtres. Déjà, dans saint.Marc, le Christ leur avait dit : « Allez dans tout l’univers, et prêchez l'Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné. > xvi, 15-16. Après la résurrection, saint Matthieu nous rapporte les termes exprès par lesquels Jésus confie cette mission et confirme ce pouvoir : « S’approchant, Jésus parla (aux Onze), disant : « Toute puissance m’a été donnée dans le « ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les « nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et « du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce « que je vous ai commandé. Et voici que je suis « avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles. » Matth., xxviii, 19-20. Le mot « donc » qui suit « allez » est ici sûrement authentique ; il montre clairement (ce qui déjà résulte du contexte) que la mission des apôtres dérive de la puissance du Christ. Le pouvoir sacerdotal relatif au baptême et aux autres choses que Jésus confie à la garde de ses successeurs visibles est donc bien dérivé du pouvoir sacerdotal du Christ Lui-même.

Nous avons souligné l’allusion du Christ aux autres choses, marquant par là que la liste des rites sacrés par lesquels s’exercera le nouveau sacerdoce n’est pas close avec le baptême, l’eucharistie et la rémission des péchés.

5. La communication du pouvoir sacerdotal aux apôtres a-t-elle impliqué, de la part de Jésus-Christ, un rite sacré spécial ? — Rien, dans le texte inspiré, ne nous autorise à le penser. Les paroles par lesquelles le Sauveur donne à ses apôtres, à la dernière Cène, le pouvoir de renouveler le sacrifice eucharistique, et, après la résurrection, le pouvoir de remettre les péchés, ne constituent pas nécessairement un rite sacramentel. D’ailleurs, la question est de minime importance. Les théologiens catholiques ont toujours considéré qu’en raison de sa puissance d’excellence par rapport aux sacrements, le Christ n'était pas lié par les rites sacramentels. Il pouvait conférer les sacrements en la manière qu’il lui plaisait. Ad excellentiam potestatis Christi pertinel quod ipse potuil efjectum sacramentorum sine cvteriori sacramento con/erre, S. Thomas, Sum. theol., III a, q. lxiv, a. 3.

Le Christ pouvait donc instituer l’ordre simplement en le voulant et en exprimant sa volonté par rapport à ceux qu’il revêtait ainsi du caractère sacré. Il est donc parfaitement oiseux de supposer, comme Bellarmin le fait, De sacramento ordinis, c. n. que ïe Christ a pu ordonner ses apôtres par le rite de l’imposition des mains. Si les Écritures n’en font pas mention, écrit le grand controversiste, cependant elles ne nous affirment pas le contraire, et JésusChrist a fait beaucoup de choses qui ne sont point écrites.

Si donc nous voulons savoir ce qu'était primitivement le rite sacré par lequel fut conféré l’ordre, c’est aux apôtres et à la primitive Église qu’il le faut demander. Ce rite a certainement été employé conformément à la volonté de Jésus-Christ qui, avant de remonter au ciel, l’aura indiqué tout au moins d’une manière générale.

P. Batifîol, L'Église naissante, c. n ; Ch. Pesch, S..1., Prœlectiones dogmaticiv, 1. 1, Fribourg-en-Br., 1905, n.261318 ; I. (Jttiger, S. J., Theologia fundamentalis, Fribourgen-B., t. ii, 1901, llièses i et n ; M. d’Herbigny, S. J.,

Theoloçjica de Ecclesia, 1. 1, n. 94 sq. ; H. Dieckmann, S. J., De Ecclesia, tract. II, q. in ;.1. de Guibert, S. J., De Christi Ecclesia, Rome, 1928, n. 62-67 ; A. Médebielle, Apostolat, dans le Supplément du Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 533 sq.