Dictionnaire de théologie catholique/NESTORIENNE (Eglise) XIV. Liturgie des Eglises nestorienne et chaldéenne

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 11.1 : NAASSÉNIENS - ORDALIESp. 164-169).

XIII. La liturgie des Églises nestorienne et chaldéenne. —

L'évangélisation de la Perse s’est faite en partant d'Édesse, ville qui appartenait au patriarcat d’Antioche. Les formules liturgiques, dont se servent aujourd’hui nestoriens et chaldéens, devraient donc dépendre en quelque façon du rit antiochien, mais le développement s’en est fait d’une façon tellement indépendante qu’il n’y a plus grand’chose de commun, au point de vue liturgique, entre les deux branches de l'Église de langue syriaque, jacobite et nestorienne. Laissant de côté tout ce qui concerne la liturgie de la messe, voir Orientale (messe), nous donnerons un aperçu des usages spéciaux aux nesto

riens, la définition des livres liturgiques et l’indication des textes imprimes.

Usages liturgiques des nesloriens.

Les nestoriens ne confèrent plus les sacrements de confirmation et d’extrême-onction ; ils ne pratiquent plus la

confession auriculaire depuis le xvie siècle. Le baptême n’est conféré habituellement qu’une fois l’an, à la fête de la Croix (14 septembre). Dans certaines localités cependant, il est administré aux principales fêtes. Il n’est pas rare que des enfants attendent plusieurs années avant d'être baptisés. On n’administre jamais le baptême en dehors de l'église, même en danger de mort. Les nestoriens regardent comme invalide le baptême administré en dehors de l'église ou par un autre que le prêtre. Les parents sont considérés comme coupables, si leurs enfants meurent sans baptême par leur faute, et doivent jeûner quarante jours comme pénitence. Si l’omission du baptême est due à la négligence du prêtre, celui-ci est puni par la suspense a divinis.

Bien que la confession auriculaire soit tombée en désuétude, les nestoriens ne la blâment pas et en reconnaissent l’utilité ; ils attribuent la remise des péchés à une formule d’absolution générale que le prêtre récite sur le peuple, avant la communion pendant le saint sacrifice de la messe.

Les nestoriens n’attachent pas d’importance à la récitation par le prêtre des paroles de l’institution de l’eucharistie, qu’ils omettent habituellement dans la liturgie commune, dite des apôtres Addaï et Mari. Ils croient à la présence réelle, dont ils attendent la réalisation au moment où le prêtre invoque le Saint-Esprit. L’attitude des fidèles qui reçoivent la sainte communion démontre leur foi en la présence réelle. Les adultes reçoivent la communion sous les deux espèces, les enfants au-dessous de douze ans sous l’espèce du pain seulement. Les enfants reçoivent du prêtre une parcelle d’hostie sur la langue, mais les adultes reçoivent la parcelle dans la main droite et se communient eux-mêmes. Un missionnaire dominicain de Mossoul décrit ainsi la distribution de l’eucharistie à Achita. où les usages anciens se sont particulièrement bien conservés : « Tout d’abord, un prêtre lut pendant la messe une formule d’absolution générale sur le peuple ; pendant ce temps, les assistants se tenaient à genoux en se frappant la poitrine. Le moment de la communion étant arrivé, le célébrant s’avança sur le seuil du sanctuaire avec le diacre et le sous-diacre, le premier tenant un plateau sur lequel se trouvait un grand nombre de parcelles d’hosties, le second tenant un vaste calice contenant le Précieux Sang avec une serviette sur le bras. En même temps commencèrent a s’avancer les communiants par le côté de l'épître, les uns derrière les autres, d’abord les prêtres et les cheminas (diacres) non ofiieiants, puis les simples fidèles. Les prêtres et les cheminas ont les reins ceints d’un cordon de laine sur leurs habits ordinaires. Tous s’avancent gravement et d’un air recueilli. A la porte du sanctuaire, du côté de l'épître, est un encensoir fumant. Chaque communiant, en passant devant, s’y parfume les mains, le visage et la poitrine ; puis arrivant devant le piètre et restant debout, il lui baise la main et lui présente sa main droite étendue et croisée sur la gauche. Le prêtre y dépose une parcelle d’hostie que le communiant absorbe aussitôt en léchant sa main, qu’il passe aussitôt sur son front pour l’essuyer ; après quoi il va devant le sous-diacre, baise la manche de son aube, boit au calice, s’essuie la bouche à la serviette et se retire par le côté de l'évangile, tenant sa main sur ses lèvres. Les femmes sont communiées de la même manière, mais à la fin de la messe, après que les 1k mines se sont retirés. Je fus frappé de l’ordre et du recueillement que je vis régner dans cette cérémonie. ».Mémoire manuscrit écrit entre 1890 et 1894, conservé chez les dominicains de Mossoul.

Les hosties de la messe sont préparées par les piètres et les diacres, revêtus des ornements liturgi ques, dans un local attenant à l'église. Le pain est fait de farine de pur froment, délayée dans de l’eau avec du levain, du sel et un peu d’huile d’olive. On y ajoute un peu de malkà ou jermentum, qui est un pain d’autel composé de la même manière que le pain eucharistique ordinaire, mais par l'évêque le Jeudi saint. Chaque église du diocèse reçoit un petit morceau de ce pain, dont il est fait usage pendant toute l’année. Les nestoriens prétendent qu’une hostie ne renfermant aucune parcelle de malkà ne peut être consacrée, et en concluent que le sacrifice des catholiques est incomplet. La communion ne se distribue qu'à l'église, d’où suppression de la communion des malades en viatique.

Les nestoriens tiennent à communier pour Pâques et Noël. S’ils se trouvent un de ces jours dans une paroisse qui n’ait point de prêtres, ils se rendent à l'église, à jeun, prennent de la poussière du sol, s’en frottent le visage, en mangent un peu, puis rentrent chez eux pour rompre le jeune. En général, les prêtres célèbrent rarement ; la messe n’est célébrée chaque dimanche que dans les villages assez considérables, où il y a plusieurs prêtres, chacun célébrant à tour de rôle. Les assistants communient, à jeun, même si la messe est célébrée à l’heure de vêpres. Les prêtres gardent la continence deux ou trois nuits avant de célébrer, de même que les fidèles, avant de communier. Ils réprouvent l’usage, qui s’est introduit parmi les prêtres chaldéens catholiques mariés, de célébrer chaque jour.

Les nestoriens reconnaissent dans l’ordre quatre degrés, lecteur, sous-diacre, diacre et prêtre. Les trois premiers degrés sont généralement conférés ensemble, parfois dans la même cérémonie que la prêtrise. Non seulement le diaconat et la prêtrise se donnent à des he mines mariés, mais il est permis aux prêtres et aux diacres de se marier et de se remarier, jusqu'à six fois et demie, dit ur.e formule par laquelle on entend que diacre et prêtre, atteints par la viduité. peuvent épouser successivement six vierges et ur.e veuve. Nous voilà loin de Yunius uxoris vir ! Les évêques sont souvent consacrés très jeunes, à 14 ou 15 ans, étant choisis suivant le principe héréditaire que Simon IV Basidi instaura pour la succession des catholicos. Le nouvel évêque doit n’avoir jamais mangé de viande ; il devra toute sa vie garder le célibat et s’abstenir de viande.

Le mariage des nestoriens se célèbre toujours à l'église ; le consentement des parties n’est pas considéré, mais bien plus celui de leurs parents. La cérémonie du mariage est accomplie parfois sur des enfants en bas âge, que les parents réunissent ensuite sans cérémonie, après qu’ils ont atteint la puberté. Après la cérémonie du mariage, les jeunes époux restent séparés pendant sept jours, avant d'être conduits au lit nuptial. La célébration des noces est interdite pendant l’avent, pendant le carême, sauf le premier dimanche et le jour des Rameaux, de Pâques à la Pentecôte, sauf le premier dimanche après Pâques.

Ceci dit sur les usages des nestoriens contemporains en matière de sacrements, il y aurait à étudier l’histoire de ces usages. Les deux sources les plus importantes seraient YExpositio officiorum Ecclesia', édit. R. H. Gonnolly, dans Corpus script, christ, orient., scriptores syri. sér. II, t. xci, xcii. et le traité inédit de Timothée II, De septem causis sacramentorum. analysé par J. S. Assémani, Bibliotheca oi ientalis…, t. m a, p. 572-580.

L’année ecclésiastique des nestoriens et des chaldéens commence au premier dimanche de l’avent ou annonciation. qui est le dimanche le plus voisin du 1er décembre. Le cycle liturgique se continue par des

séries de sept dimanches, dont on omet suivant les années l’un ou l’autre : sept dimanches après l’Epiphanie, sept de carême, sept du temps pascal, y compris Pâques, sept des apôtres, y compris le dimanche de la Pentecôte, suivis de la solennité des apôtres Pierre et Paul, sept dimanches d'été, sept dimanches d'Élie, dont les quatre derniers s’appellent aussi de l’Invention de la croix, sept dimanches de Moyse et sept de la dédicace des églises. Les fêtes de NotreSeigneur sont peu nombreuses, ainsi que les commémoraisons de la sainte Vierge et des saints, qui se font toujours le vendredi.

Les jeûnes des nestoriens sont : l’avent, 25 jours ; les rogations de Ninive, 3 jours (20 jours avant le carême) ; le grand jeûne ou carême, pendant les sept semaines qui précèdent Pâques ; le jeûne des apôtres, pendant les sept semaines qui précèdent la fête des saints Pierre et Paul ; le jeûne de la sainte Vierge, pendant 15 jours avant l’Assomption ; le jeûne des saints Addaï et Mari, 3 jours ; le jeûne des vierges, 3 jours. Il y a encore d’autres jeûnes qui ne sont pas généraux, ceux de Mar Zéia, Péthion et saint Jean, chacun de trois jours. Pendant le grand jeûne, non seulement on s’abstient de toute nourriture d’origine animale, mais on mange pour la première fois de la journée à l’heure de vêpres, une heure et demie avant le coucher du soleil. Beaucoup gardent la continence pendant tout le grand jeûne. L’abstinence, sans le jeûne, est observée tous les mercredis et vendredis de l’année.

Sur les usages sacramentaires, consulter G. P. Badger, The Resterions and Iheir riluals, t. ii, p. 148-162 ; sur les jeunes, p. 187 sq. ; sur l’ensemble de ce paragraphe, A. J. Maclean, The catholicos of the Easl…, p. 328-352 ; sur le calendrier, M. Nilles, Kalendarium matinale utriusque Ecclesiæ orientalis et occidentalis…, t. ii, Inspruck, 1897, p. 678-688.

2° Textes liturgiques des nestoriens et des chaldéens. — Les chaldéens catholiques se servent, en principe, des mêmes textes liturgiques que les nestoriens, après y avoir corrigé ou supprimé les passages, où sont professées les erreurs nestoriennes et les mentions des docteurs nestoriens. Joseph II cependant introduisit plusieurs cérémonies, rites, fêtes et usages empruntés à l'Église romaine. J. Tfinkdji, L'Église chaldéenne catholique, extrait, p. 11. Il est vraisemblable que le nombre des latinismes a augmenté depuis cette époque.

1. Êvangéliaire.

Ce livre contient les péricopes des quatre évangiles à lire pendant la liturgie eucharistique et à la fin des vêpres. Au début, on se contentait sans doute de noter, dans les marges d’un manuscrit des évangiles, les indications nécessaires pour l’usage liturgique. L’usage de copier à part les leçons remonte au moins à Iso’yahb III : ce catholicos avait offert au monastère de Beit 'Abë un êvangéliaire richement orné d’or et de pierreries, qui fut volé par un de ses successeurs Slibâ-zkâ. E. A. W. Budge, The book of Governors, trad., p. 228-230. Nous avons dit, col. 265. qu’on a trouvé au Tourfan des fragments d’un êvangéliaire en sogdien remontant au plus tard au xe siècle. Liste des leçons pour les dimanches, fêtes et commémoraisons de toute l’année d’après le manuscrit de Cambridge, Additionnai 1975 (de 1586). dans W. Wright et S. A. Cook, A catalogue of the syriac manuscripts preserved in the library of the university of Cambridge, t. i, Cambridge, 1901, p. 5880. Liste d’après les tableaux imprimés par la mission anglicane d’Ourmiah, A. J. Maclean, Easl Syrian daily offices, Londres, 1894, p. 264-281.

. 2. Lectionnaire des épîtres de saint Paul. — Le sëlihâyâ ne contient que les leçons pauliniennes ; on les trouve parfois mêlées à celles des évangiles, par exemple, dans le manuscrit de Cambridge Oo. 1. 17,

cf. W. Wright et A. S. Cook, op. cit., p. 1063-1078. Système actuel dans Maclean, toc. cil. Le système des leçons jusqu'à l’an 1000 a été étudié par A. Baumstark, Xichtevangelische syrische Perikopenordnunyen des ersten Jahrtausends, dans Lilurgiegeschichtliche Forschungen, fasc. 3, Munster-cn-W., 1921, p. 8-77. G. Graf a donné la suite des leçons d’après le luxueux manuscrit Vatican arabe 29 (de 1341) qui contient la traduction arabe des leçons en usage dans l'Église nestorienne. Ein nestorioaiisch.es Pauluslektionar, dans Jahrbuch fur Liturgiewissenschaft, t. VI, 1926, p. 237242.

3. Lectionnaire des Actes des apôtres et de l’Ancien Testament. — Le qaryânâ contient les deux premières leçons de l’office, qui sont chantées ou récitées par le lecteur, la première étant toujours tirée de l’Ancien Testament, la deuxième soit de l’Ancien Testament, soit plus généralement des Actes. Liste des leçons dans Maclean, loc. cit. ; leçons du premier millénaire dans A. Baumstark, loc. cil.

4. Turgâmê.

Les turgâmê sont des hymnes attirant l’attention des assistants sur les leçons du Nouveau Testament, qui doivent être chantées avant l'évangile par les diacres officiants. La collection des turgâmê des dimanches, fêtes et commémoraisons, est attribuée à Ébedjésus ; description d’un manuscrit de turgâmê (Cambridge Additionnai 1977, de 1728) dans W. Wright et A. S. Cook, op. cit., p. 107-116.

5. Missel.

Les trois liturgies en usage dans l'Église nestorienne, celle d’Addaï et Mari, dite des apôtres, et celles de Théodore et de Nestorius, se trouvent habituellement dans les manuscrits du manuel sacerdotal.

6. Rituel.

Les formules du baptême et de la réconciliation des pécheurs, les bénédictions qui ne sont pas réservées à l'évêque, la consécration d’un autel sans huile se trouvent généralement réunies dans les manuels sacerdotaux, qui contiennent encore, en plus des liturgies, les prières fériales (partie cemmune) de matines et de vêpres. Cf. A. Baumstark, Geschichle der syrischen Literatur, p. 199. L’ordo baptismi ou taksâ d’amâdâ est parfois isolé, de même aussi généralement le rituel du mariage ou ktâbâ d’burâkâ, et le rituel des obsèques, qui contient les prières pour les funérailles des prêtres et celles des laïcs.

7. Pontifical.

Le ms. de Cambridge Additionnai 1988, du xvie siècle, est un des meilleurs recueils des cérémonies pontificales, qui nous soient parvenus. Il commence par les ordinations des degrés ordinaires (ktâbâ d’siyâmidâ « livre de la chirotonie » ) avec une formule spéciale pour l’ordination d’un diacre ou d’un prêtre aveugle ; on y trouve ensuite l’absolution d’un prêtre ou d’un laïc excommuniés ; l’ordo, de la réception des moines, de la vêture et de la tonsure des moines, de la rasure des moniales ; la bénédiction d’un abbé, d’une abbesse, d’un chorévêque, d’un archidiacre, de l’archidiacre du catholicos ; la consécration épiscopale, le complément de consécration donné par le catholicos à un évêque qui a été consacré par quelqu’un d’autre que lui, les cérémonies pour la translation d’un évêque à un autre siège, la consécration d’un métropolite par le catholicos, la consécration du catholicos ; les chants pour les diverses ordinations ; la consécration d’un calice ; la préparation du fermentum ; la préparation de mixtures où entrent de la poussière des sanctuaires vénérés ou des parcelles de reliques (hënânâ ou laybutâ) ; la préparation de l’eau lustrale ; la bénédiction d’une eau impure ; l’absolution d’un pénitent (rite composé par Iso’yahb III) ; la réception d’un jacobite, melkite, ou autre chrétien dans la confession nestorienne ; de nombreuses bénédictions, les formules de bénédiction que l'évêque doit prononcer dans diverses circonstances W, Wright et A. S. Cook, op. cit., p. 316-360.

8. Psautier.

Le premier des livres servant à la récitation de l’office est le psautier ou Dawidâ ; il est divisé chez les nestoriens en 20 parties ou hulâle « louanges », auxquelles on ajoute une vingt et unième section contenant les deux cantiques de Moïse et le premier d’Isaïe. Cf. F. E. C. Diettrich, De psalterii usu publico et divisione in Ecclesia syriaca, Marbourg, 1862, corrigé par P. Martin, Saint Pierre et saint Paul dans l’Eglise neslorienne, extrait de la Revue des sciences ecclésiastiques, Paris, 1875, p. xxiv, n. 1. Les hulâlê sont divisées en marmitâ, dont le nombre varie de deux à quatre, chacune contenant en général deux psaumes, dont chacun est précédé de son argument, qui ne se récite pas, et suivi d’une ou de deux antiennes (qanunà). En tête de chaque marmitâ se trouve une courte oraison, qui est à proprement parler la marmitâ « jaculatoire ». Ces oraisons passent pour avoir été composées par le catholicos Élie III Abu Haliin, mais il a inséré dans la collection un certain nombre de pièces anciennes. Lorsqu’un psaume est suivi de deux antiennes, la première sert habituellement, tandis que la seconde est réservée pour certaines occasions.

9. Le hudrâ « cycle » contient l’office, antiennes, hymnes et oraisons, des 58 dimanches formant le cycle de l’année liturgique ; il indique en outre les fêtes du Seigneur et les commmioraisons des saints, mais sans en donner l’office complet. Il a été composé par Iso’yahb III, qui en avait commencé la compilation lorsqu’il était encore métropolite d’Arbèles, avec la collaboration de’Enaniso’, le traducteur du Paradis des Pères. A Baumstark, Geschichte der syrischen Literatur, p. 198 ; description d’un hudrâ dans W. Wright et A. S. Cook, op. cit., p. 168-184.

10. Le gazzâ « trésor » contient les offices des fêtes de Notre-Seigneur ne tombant pas le dimanche et des c miTiémoraisons des saints. Les offices qui s’y trouvent sont : Nativité de N.-D., commémoraisons de la sainte Vierge, Epiphanie, commémoraisons de saint Jean-Baptiste, des saints Pierre et Paul, des quatre évangélistes, de saint Etienne, d’un saint quelconque (office commun), des confesseurs, de saint Georges, de la mire des sept Machabées, Ascension, saint Thomas, saint Cyriaque, Transfiguration, Invention de la croix. Lorsque l’une ou l’autre de ces commémoraisons se répète dans l’année, c’est avec répétition du même office. P. Martin, op. cit., p. xxi.

1 1. Le kaskul contient le propre des fériés de l’année aux nocturnes et à vêpres ; il est assez souvent incorporé au hudrâ.

12. Le ktâbâ daqdam wa-d’batar est ainsi appelé « livre du premier et de ce qui suit », par allusion aux deux chœurs qui occupent la droite et la gauche de l’église. Les offices, qui servent pour chacune des semaines de l’année, sont dits qadmâyè « premiers » ou d’batar et ahrâyê « derniers », suivant qu’ils doivent être entonnés par le premier ou le second chœur, l’ordre des dimanches, qui est indiqué par le hudrâ, étant continué pendant toute la semaine. P. Martin, op. cit., p. xxi-xxiii.

13. Livres divers. — L’Abù Halim contient la collection des oraisons composées ou réunies par Élie ITI. Les hymnes de saint Éphrem pour le jeûne de Ninive forment parfois un livre spécial, qui est appelé Ba’utâ d’Ninwâyè. Le Kamis est le recueil des hymnes de Kamis bar Qardahê, comme le Wardâ est le recueil des hymnes de Georges Wardâ ; les livres liturgiques renvoient parfois à ces recueils. Le Qâlë d’oudrânë ou livre des suffrages comprend 28 qâlë et 43 sahlupe « variations », qui sont généralement copiés à la fin du kaSkul.

G. Diettrich, Die nestorianische Tauflilurgie ins dcutsclie iibersetzt unter Verwertung der neuesten handsehriftlichen

Funde historisch-kritiseh erforscht, Giessen, 1903 (recension de A. Baumstark dans Oriens ehristianus, t. iii, 1903, p. 219-226) ; texte des ordinations d’après le Vatican syriaque 45, et traduction latine dans J. Morin, Commentarius de sacris Ecclesiæ ordinationibus…, Paris, 1655, p. 442473, repris et complété à l’aide des manuscrits de Joseph I" par J. S. Assémani, Bibliotheca orienlalis…, t. m b, p. dcclxvh-dcccxliv (y compris d’abondants commentaires ) ; rites des sacrements traduits en latin dans Denzinger, Ritus orienialium.., , Wurzbourg, 1863 : baptême et confirmation, t. i, p. 346-383, cérémonie de la communion, p. 417-420, réconciliation des pécheurs, p. 467-471 ; ordinations et réconciliation du prêtre excommunié, t. ii, p. 226-274, mariage, p. 419-450, prières sur les malades, p. 517-519 (ces traductions sont celles des Assémani et de Renaudot ou dérivent des traductions anglaises de Badger op. cit., t. ii, p. 195-281, 322-359) ; traduction du rituel des funérailles dans Badger, op. cit., t. ii, p. 282-321. On trouvera des notions générales sur l’office nestorien dans A. J. Maclean et W. II. Browne, The catholicos o/ the East and /us people, p. 212-242, avec traduction de plusieurs morceaux et table de répartition des psaumes ; renseignements sur les sacrements et le rite des funérailles, ibid., p. 243249. L’office complet de l’Epiphanie a été traduit en anglais par A. J. Maclean, dans F. C. Conybeare, Rituale Armenorum, Oxford, 1905, p. 298-388, d’après le manuscrit du Gazza, Borgia syriaque 60. L’office des saints Pierre et Paul a été publié en syriaque et traduit en français par P. Martin, op. cit., p. 47-151 et 67 p. de texte syriaque. La partie commune de l’olfice férial, extraite du manuel et du ktaba daqdam wad’balar, a été traduite en anglais par A. J. Maclean, East syrian daily offices, Londres, 1904.

Éditions liturgiques des chaldéens catholiques.


Ce fut un des premiers soucis de la S. Congrégation de Propaganda Fide, dès les premiers temps de son existence, de créer une imprimerie où seraient préparés des livres liturgiques pour les Églises orientales. On pensa aux chaldéens, et les archives de la S. Congrégation en fourniront sans doute un jour la preuve, mais c’est seulement à la fin du xviie siècle que nous en avons la certitude, dans la traduction italienne d’une lettre du patriarche Joseph I er, en date du 22 mars 1684. S. Giam.il, Genuinæ relationes…, p. 312 sq. L patriarche prit soin d’envoyer à la S. Congrégation de Propaganda Fide les copies de plusieurs livres liturgiques, et lui-même en copia plusieurs autres pendant les années de sa retraite à Borne. Liste de ces volumes dans J. Al. Assémani, De catholicis seu patriarchis chaldœorum…, p. 242, n. 1. Toutefois, la Propagande qui avait imprimé pour les chaldéens une profession de foi en 1648 et un catéchisme en 1665, ne publia qu’en 1767 le Missale chaldaicum ex decreto Sacrée Congregationis de Propaganda Fide edilum. Ce volume contient : p. 1-268, le texte syriaque avec traduction arabe (écrite en caractères chaldéens) des leçons des épîtres de saint Paul ; p. 272-301, le texte syriaque de la liturgie des apôtres (Addaï et Mari) ; p. 302-603, les péricopes des évangiles en syriaque et arabe ; p. 604-613, la traduction en syriaque des prières dites par les prêtres romains lorsqu’ils revêtent les ornements sacrés, et trois prières d’action de grâces.

Le texte du missel chaldéen fut traduit avant d’être édité, par ordre de la Propagande, en vue d’un examen dogmatique, par J. Al. Assémani : quem nos jussu superiorum antea latine interpretati fueramus. (Op. cit., p. 247.) La S. Congrégation se proposait sans doute de publier ensuite un rituel, puisque le même orientaliste en traduisit les formules d’après deux manuscrits de la bibliothèque Yaticane, provenant de Joseph I er et deux de la Propagande, dont les cotes sont données par la copie officielle de la traduction (Borgia latins 159 et 160 ; copie faite pour l’usage du cardinal Mai, Vatic. lut. 9ô34). On choisit pour ce travail des manuscrits récents, laissant de côté pour les ordinations le manuscrit utilisé par

Morin, qui en avait eu copie par Abraham Echellensis.

Après le missel de 1767, on trouve trois volumes chaldéens imprimés en 1774 et 1775, un missel, un rituel et un bréviaire, mais il s’agit de textes pour les Chaldéens du Malabar. Voir art. Syro-malahaiæ (Église).

C’est seulement en 1842 que la Propagande imprima pour les Chaldéens de Mésopotamie un nouveau livre liturgique, le Psalterium clialdaicum in usum nalionis clialdaicæ editum. La préface est signée de Joseph Guriel, auquel on doit toute une série de publications faites alors aux frais de la Propagande. Le psautier est divisé en hulâlê et marmiyâtà, précédées de leurs oraisons. Après le vingt et unième hulâlâ, composé des deux cantiques de Moïse, celui du Deutéronome divisé en deux, se trouve le Magnificat. Ce volume devait avoir une suite, que nous connaissons seulement par l’exemplaire de la bibliothèque Vaticane (Raccolta générale, Liturgia, iv, 356), brochure sans titre, qui porte à l’intérieur de la couverture une étiquette en syriaque avec les mots klâbâ daqdam wad' batar. La pagination, 335-604, relie incontestablement cette impression au psautier de 1842 ; l’ensemble formait une réduction de bréviaire analogue au diurnal latin, contenant le psautier complet et la partie de l’office férial commun à toutes les semaines de l’année.

Nous ne savons pas si l’ouvrage complet fut distribué, mais nous en doutons, car il ne figure pas au catalogue de la bibliothèque Barberini, qui recevait de droit un exemplaire de toutes les publications imprimées par la typographie de la Propagande. En 1845, paraissait un Breviarium clialdaicum in usum nationis clialdaicæ a losepho Guriel secundo editum. Ce secundo indiquerait que la première tentative a été poussée jusqu’au bout ; toutefois, on a du mal de croire que la S. Congrégation aurait fait les frais de deux éditions à trois ans de distance. L'édition de 1845 est imprimée avec d’autres caractères, dans un format de 14 centimètres sur 10 ; elle est formée également par la réunion du psautier et du klâbâ daqdam wad’batar, mais on a ajouté au début l’Aperi et à la fin toute une série de morceaux traduits du latin en syriaque : actions de grâces après la messe, Te Deum, prières pour les malades, psaumes de la pénitence, litanies des saints avec leurs oraisons, litanies de la sainte Vierge, du saint Nom de Jésus, etc.

En 1858, toujours par les soins de Guriel, paraissait un Manuale sacerdotum… juxta ritum Ecclesise Chaldœorum. Mais ce manuel ne correspond pas à ce que l’on attendrait, car s’il commence bien par les prières que le prêtre doit dire aux offices du matin et du soir (p..14-143), commeles manuscrits nestoriens dumanuel sacerdotal, il ne contient plus ensuite que des formules de dévotion empruntées aux livres latins.

Nous sommes insuffisamment renseignés sur les livres liturgiques que missionnaires et Chaldéens commencèrent dès lors d’imprimer en Orient. Un psautier imprimé à l’imprimerie patriarcale de Mossoul, chez Raphaël Mazdji (bibliothèque Vaticane, Raccolta générale, Liturgia, v, 24), et un missel lithographie à Constantinople chez Zellitch vers 1870 (ne serait-ce pas au temps où le patriarche Audo s’y arrêtait, au retour du concile ?) (Raccolta générale, Liturgia, ii, 157), ne figurent pas dans le cataloguimprimé du British Muséum, qui indique par contra un bréviaire de 344 pages imprimé à Mossoul en 1866a A. Baumstark indique deux éditions du missel imprimées par les soins des lazaristes à Ourmiah enl876 et 1906 (Geschichte der sijrischen Literatur, p. 199, n.7), et, d’après les notes de H. Goussen —, un Nouveau

DICT. DE THÉOL. CATH.

Testament suivi du psautier imprimé par les dominicains à Mossoul en 1896-1898 (p. 357), un rituel imprimé en 1907 (ibid.), et un Psalterium juxta exemplar apud Chaldwos usurpatum, 1910.

L'œuvre la plus considérable comme édition liturgique chaldéenne est le Breviarium clialdaicum en trois volumes, imprimé à Leipzig, édité à Paris en 1886, par le P. Bedjan, dont le nom figure seulement comme censeur à côté de celui du futur patriarche Ébedjésus V Khayyatt, alors archevêque de Diarbékir. Les trois volumes du bréviaire étaient accompagnés d’un Liber psalmorum, horarum diurnarum, ordinis offlcti divini et homiliarum rogationum, qu’on s'étonne de voir qualifié ad usum scholarum. Cette addition au titre a tout l’air d’avoir été faite pour tranquilliser l’imprimeur de la Propagande, qui risquait de garder en magasin le bréviaire de Guriel, terriblement distancé par l'élégante présentation de l’imprimeur Drugulin. Les trois volumes du bréviaire et celui du psautier diurnal sont, comme toutes les éditions de Bedjan, très soignés et faits d’après les meilleurs manuscrits que ce consciencieux travailleur avait pu se procurer.

Le Missale juxta ritum Ecclesiæ Syrorum orientalium, id est Chaldœorum, imprimé en 1901 par les dominicains de Mossoul, a été composé suivant les mêmes principes : disposer dans un ordre pratique les morceaux authentiques de la liturgie nestorienne épars dans les manuscrits. Ce missel contient les trois liturgies en usage dans l'Église nestorienne, mais celles dites habituellement de Théodore et de Nestorius sont appelées tout simplement deuxième et troisième messes ; on sait que cette dernière est assez voisine de celle en usage à Byzance au temps de saint Jean Chrysostome et de Nestorius. A. Baumstark, Die Chrysostomosliturgie und die syrische Liturgie des Nestorios, dans XpuCTCCTTO(i.ixà, Stuclie ricerche intorno a S. Giovanni Crisostomo, Rome, 1908, p. 771-857. Suivent les parties propres aux messes des dimanches, fêtes et commémoraisons, à l’exclusion des leçons.

4° Éditions liturgiques des nestoriens. — La mission anglicane a imprimé à Ourmiah, en 1890, les trois liturgies et le rite du baptême sous un double titre syriaque et latin : Liturgia sanctorum apostolorum Adæi et Maris, cui accedunt duse aliæ in quibusdam festis et feriis dicendse, neenon ordo baptismi…, où les noms de Théodore et Nestorius sont omis dans le titre des liturgies qui leur sont attribuées, soit par scrupule scientifique, soit plutôt afin de ne pas compromettre la vente du volume aux prêtres chaldéens catholiques. Deux éditions du psautier ont la même origine, Ourmiah, 1891 et 1908.

En 1928, le prêtre Joseph de Kelaytâ, dont nous avons dit l’opposition au patriarche Simon XXI Isaïe, col. 258, a fait imprimer un manuel sacerdotal intitulé The lilurgy of the Church of the East, compared in détails with many ancient mss., which their name and date is given in the syriac introduction… (édition de 520 exemplaires numérotés), 16 et 488 pages. Le contenu de ce volume est le suivant : p. 1-58, liturgie des apôtres ; p. 69-75, liturgie de Théodore ; p. 76101, liturgie de Nestorius ; p. 101-106, canon d’haylat pour les différentes fêtes du Seigneur ; p. 107-160, rite du baptême ; p. 161-171, préparation de la matière du sacrifice ; p. 172-179, rite de la réconciliation ; p. 180192, renouvellement du /ermentum ou malkâ ; p. 182207, prières diverses, pour la pluie, sur les semences etc. ; p. 208-218, canons du catholicos Jean bar Abgârë sur le service de l’autel ; p. 219-224, formules d’exorcismes ; p. 225-242, diptyques ; p. 243, bénédiction du calice dans un temps de nécessité ; p. 244, confection du hënânâ ; p. 245-249, bénédiction de l’eau ; p. 250-292, huttâmê qui se font à la porte du

XI.

11 sanctuaire, par Ébedjésus ; p. 293-360, prières des piètres (olïice quotidien) ; p. 362-415, consécration d’un autel avec huile ; p. 416-426, consécration d’un autel sans huile ; p. 427-473, consécration d’un autel neuf, attribuée à Iso’yahb ; p. 474-482, lavage de l’autel.

E. TISSERA.NT.