Dictionnaire de théologie catholique/LE BOSSU Jacques

J. Baudot
Letouzey et Ané (Tome 9.1 : LAUBRUSSEL - LYREp. 56-57).

LE BOSSU Jacques. — Jacques Le Bossu (Bossulus) naquit à Paris, vers 1546, se fit bénédictin à l’abbaye de Saint-Denis, étudia en Sorbonne où il fut reçu docteur en théologie l’an 1574. Précepteur du cardinal de Guise, qui fui massacré au États de de Blois, l’an 1588, attaché à la maison de Lorraine, Le Bossu devint un des plus fougueux ligueurs et exerça son zèle surtout à Nantes. La Ligue une fois vaincue, il dut l’expatrier, se retira à Rome, s’attacha au cardinal Alexandrini, dominicain, se lia avec François Pegna, auditeur de Rote, qui le fit nommer consulteur de la Congrégation De Auxiliis. A part ses travers de ligueur, Jacques Le Bossu fut un édifiant religieux. Il voulut avoir les pauvres pour légataires et mourut à Rome le 7 juin 1626, sans avoir revu sa patrie.

A Nantes en 1589-1590, Jacques Le Bossu, comme ligueur, publia d’abord : Deux devis d’un catholique et d’un politique sur l’Exhortation faicte au peuple de Nantes… pour jurer l’union des catholiques, puis un Troisième devis… sur la mort de Henry de Valois. Dans ce dernier écrit surtout, il soutenait les plus étranges théories théologico-politiques contre la personne du roi Henri III. Il alla jusqu’à conclure qu’il était permis à tout homme de le tuer. — Sermon funèbre pour l’anniversaire des princes feuz Messeigneurs Henry et Loys de Lorraine… in-8°, Nantes, 1590… Il y rendait hommage aux victimes de l’attentat de Blois en 1588. — Le Sermon funèbre pour la mémoire de dévote et religieuse personne Edmond Bourgoin, martyrisé à Tours… in-8°, Nantes, 1690, était la glorification d’un autre martyr de la Ligue.

A Rome, Jacques Le Bossu publia un Traité contre l’adhésion aux hérétiques, s. d. Il y avançait que l’hérésie était pire que le paganisme, qui lui-même était un véritable athéisme ; conséquemment l’hérésie était athéisme et le plus énorme des péchés. Il avait commencé un travail sur l’accord du libre arbitre et de la grâce, et se proposait de rédiger des remarques sur vingt-cinq propositions de Molina : il s’arrêta à la xvi{{e}. L’œuvre fut adjointe à celle de Réginald, O. P., De mente concilii Tridentini circa gratiam per se efficacem, avec ce titre : Animadversiones in XXV propositiones P. L. Molinæ ; elle fut publiée comme œuvre posthume par les soins du P. Quesnel, in-fol., Anvers, 1706.

On s’est demandé si Le Bossu avait rédigé une sorte de Journal sur les Actes de la Congrégation de Auxiliis, pendant le temps qu’il y siégea. D’après Moréri, il est plus probable que son travail se borna à des Mémoires fournis à l’auditeur de Rote Pegna, dont l’histoire des Actes de cette congrégation demeura inédite.

Moréri, Dictionnaire historique, article Bossu (Jacques Le) ; Bayle, Dictionnaire, article Bossu ; (J.-Fr. Bouillon), Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de saint Benoit… par un religieux de la congrégation de saint Vanne, 2 in-4°, 1777-1778, t. i, p. 139 ; P. Féret, La Faculté de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Époque moderne, 6 in-8°, Paris, 1907, t. v, p. 283-288 ; Bulletin d’histoire bénédictine, supplément à la Revue bénédictine, n. 677.

J. Baudot.