Dictionnaire de théologie catholique/JUDAÏSME II. Histoire politique

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 8.2 : JOACHIM DE FLORE - LATRIEp. 93-98).

II. Histoire politique. —

L’histoire de l’ancien Israël s’ouvre par une migration qui, vers 2000, mène Abraham des bords de l’Euphrate en Palestine, et se termine par la destruction de la ville sainte en 586 avant Jésus-Christ et par la dispersion de ses habitants. Par un curieux parallélisme, l’histoire du judaïsme débute par le retour des exilés, qui des fleuves de la Babylonie retournent en la Terre sainte et se clôture avec la prise et la ruine de Jérusalem par Titus en 70 après Jésus-Christ, ou mieux encore par l’anéantissement de la nation après l’insurrection de Barkokéba en l’an 135.

Si, avant l’exil, l’histoire des Israélites était déjà intimement liée à celle de leur religion, elle le fut encore davantage après le retour, lorsque l’État monarchique eut fait place à une communauté ecclésiastique, de sorte que l’histoire politique du judaïsme est en grande partie son histoire religieuse.

Cette seconde époque se divise en trois périodes, correspondant à la domination que les trois empires perse, grec et romain exercèrent l’un après l’autre sur la Palestine comme sur toute l’Asie antérieure.

Période perse.

1. Retour et première restauration.

— Peu après son entrée triomphale à Babylone (539 avant J.-C), Cyrus permit aux Juifs de retourner dans leur pays et d’y reconstruire le temple. Conformément à ses principes religieux et politiques, non seulement il les y autorisa par un firman, mais il les y aida aussi par de fortes sommes et leur livra les vases sacrés el les trésors que Nabuchodonosor avait emportés.

Après les préparatifs nécessaires, quarante-deux mille trois cent soixante exilés, parmi lesquels beaucoup de prêt ics. se mirent en route, sans doute en plusieurs caravanes, conduits par Scheschbassar, prince de la famille de David. Esdr.. ii, 64. Celui-ci est selon toute probabilité identique à Zorobabel, premier gouverneur du nouvel État. Voir Van Hoonacker, Xoles sur l’histoire de la restauration juive après l’exil île Babylone, dans Revue biblique. 1901, p. 7 sq.

Bien des Juifs, surtout ceux qui s’étaient créé en Chaldéc une situation et ceux qui étaient le moins animés d’esprit religieux, ne quittèrent pas la.Mésopotamie et devinrent le noyau de la Diaspora babylonienne. Cependant ils restaient attachés à la Terre sainte et au Jahvisme et subventionnèrent les caravanes des partants ainsi que plus tard les rapatriés.

Ceux qui retournèrent s’installèrent tant bien que mal à Jérusalem surtout et dans sa banlieue ; sept mois après leur arrivée, ils construisirent l’autel des holocaustes et dans la seconde année (530), ils jetèrent les fondements du temple. Les rapatriés qui s’appelaient a communauté de la Gola n’étaient pas dans une

situation brillante ; leur pallie n’élail plus le pays où cou le ni le lait et le miel. Ils Irouvèrent leurs maisons en ruines et leurs champs incultes. Les voisins qui en avaient pris possession ne virent pas de bon (cil les nouveaux arrivés et leur devinrent franchement

hostiles, lorsque leur demande d’aider à la reconstruction du temple, faite surtout par les Samaritains, ne leur fut pas accordée. Les membres de la Gola préférèrent se passer de leur concours parce qu’ils les jugeaient indignes de prendre part au culte et se séparèrent strictement des occupants du pays. Pour se venger, ceux-ci empêchèrent la Gola de continuer la reconstruction du temple. Cet incident ainsi que la misère qui s’augmentait par suite des mauvaises moissons causa un grand découragement dans les rangs des rapatriés. Leur espoir qu’avec le retour le temps messianique allait se réaliser fut déçu. Pendant les dernières années de Cyrus et tout le règne de Cambyse (529-522) on ne reprit pas les travaux du temple. On s’en désintéressait à tel point que les riches, au lieu de fournir les moyens pour continuer l’oeuvre se faisaient construire des maisons de luxe. Ag., i, 4.

La seconde année du règne de Darius I er (520), la situation changea tout à coup. Dieu suscita deux prophètes, Aggée et Zacharie, pour encourager le peuple à reprendre la construction. Par suite des brillantes promesses qu’ils rattachaient à l’achèvement du temple, les Israélites se mirent avec ardeur à l’ouvrage sous la direction de Zorobabel et du grand prêtre Josué, et après quatre ans, en dépit des démarches que Thathanaï, gouverneur perse de la Cisjordane, poussé par les ennemis de la jeune communauté, avait faites pour entraver l’entreprise, le temple fut achevé (515). 2. Œuvre de Néhémie et d’Esdras. — Cette première restauration fut suivie, après un intervalle de près d’un demi-siècle, d’une seconde qui fut marquée par l’œuvre de Néhémie et d’Esdras..Malgré les renseignements, contenus dans les livres qui portent les noms de ces deux personnages, une grande incertitude i plane sur la manière dont fut conduite cette entreprise, et sur la chronologie des événements. D’après le texte actuel de ces deux livres, Esdras obtint la viie année d’Artaxerxès (458) la permission de rentrer en Palestine avec une nouvelle caravane d’environ dix-sept cents personnes, Arrivé en Palestine, il s’effraya de voir le grand nombre d’abus qui avaient pris naissance dans la colonie installée depuis le règne de Cyrus ; il s’étonna particulièrement des nombreux mariages entre les Juifs et les femmes païennes de la région. 11 intervint avec une extrême sévérité conformément aux larges pouvoirs qui lui avaient été donnés par le gouvernement perse dans le but formel d’introduire la Thora de Moïse. Mais il n’eut de succès que treize ans plus tard (445), lorsqu’il reçut une aide puissante en la personne de Néhémie, une des personnalités les plus sympathiques de l’histoire juive. Celui-ci, quoique Juif, était devenu l’échanson et le favori du même roi Artaxerxès. Il avait appris que ses coreligionnaires vivaient dans une extrême pénurie et qu’ils n’avaient pas même encore réussi à bâtir les murs et les portes de Jérusalem. Deux fois, sous Xerxès I er (485-105) et sous Artaxerxès I er, Esdr., vi, 6-23, on avait vainement entrepris leur relèvement. Sur sa demande, le roi l’envoya comme gouverneur en Judée. En cinquante-deux jours, malgré les attaques et les intrigues des ennemis, surtout du prince samaritain Sanaballat et de l’Ammonite Tobie, il lit achever les murs, les tours et les portes. Neh., vi, 1-15.

Tout de suite après, Néhémie se mil à la rénovation morale du peuple, Neh., viii sq. ; car prêtres et laïques manquaient à leurs obligations élémentaires, Mal., i-n : à la fête du nouvel an le peuple fut convoqué et Ksdras lut publiquement la Loi, alors presque oubliée. A la tète des Tabernacles, qui survenait au même mois, les Juifs furent encore pendant huit jours instruits dans la Thora. Ensuite Néhémie renouvela l’alliance d’Israël avec Jahvé et il eut soin de repeupler la ville.

Aiuès avoir exerce les fonctions de gouverneur peu

dant treize ans, il retourna en Perse. Il revint cinq ans après et constata de nouveau de grands abus : le sabbat n’était pas sanctifié, les revenus des prêtres ne se payaient pas, et des mariages mixtes avaient encore lieu en grand nombre. Néhémie agit avec rigueur et chassa même du pays un petitfils du grand prêtre Éliaschib, Manassé, parce qu’il avait épousé la fille de l’ennemi mortel des Juifs, Sanaballat. C’est làdessus, d’après Josèphe, Ant., XI, vii, 2 ; viii, 2, que Sanaballat construisit à Garizim un temple et y institua comme grand prêtre Manassé. D’autres prêtres encore et des laïques, mécontents des mesures de Néhémie, suivirent Manassé. Ainsi devint définitif le schisme des Juifs et des Samaritains.

Tel est l’enchaînement des faits communément admis, à s’en tenir au texte actuel des deux livres canoniques. Néanmoins à y regarder de près, cette restitution des événements offre de fort sérieuses difficultés. Aussi plusieurs critiques sont-ils d’avis que l’activité de Néhémie est à placer avant celle d’Esdras. Voir surtout A. Van Hoonacker, Nouvelles études sur la restauration juive après l’exil de Babylone, Louvain, 1890. La vii c année d’Artaxerxès, donnée comme date de l’arrivée d’Esdras, ne serait pas le viie année du premier, mais du second roi de ce nom, qui régna de 405 à 358 ; elle correspondrait donc à l’an 398. Dès lors il faudrait placer les événements rapportés Esdr., vn-x, après ceux que raconte le livre de Néhémie. En effet l’ordre donné par Artaxerxès I er à Néhémie et les premières mesures prises par celui-ci ne tiennent aucun compte de l’œuvre de réforme accomplie par Esdras, et seraient incompréhensibles venant après l’action de celui-ci. Pour une foule d’autres raisons, - voir Esdras et Néhémie, t. v, col. 517, sq.. l’ordre de succession Néhémie-Esdras semble s’imposer. Dans ce cas, Esdras aurait coopéré à l’œuvre de Néhémie comme simple prêtre, non comme délégué du grand roi et son retour avec la caravane de dix-sept cents Juifs serait un second voyage de rapatriement, qui prit place après un séjour de quelques années que ce prêtre dut aller faire en Babylonie.

Récemment cette hypothèse a été attaquée par le P. Kugler, op. cit., p. 201 sq., lequel a prétendu la réfuter définitivement par des arguments, tirés de calculs astronomiques et de données du calendrier juif : en 398, le départ de la caravane d’Esdras aurait eu lieu un vendredi, la veille du sabbat et l’arrivée à Jérusalem un sabbat ; en 458, le départ tomberait un mercredi et l’arrivée un vendredi. Dans le premier cas, le repos du sabbat aurait été deux fois violé ; il faudrait donc maintenir l’année 458 pour le retour d’Esdras. A. Van Hoonacker, Revue biblique, 1923, p. 481-494 et 1924, p. 33-64 après avoir soumis cette argumentation à un examen minutieux aboutit à prouver que les bases en sont précaires. Nous sommes donc autorisés à maintenir avec lui la suite Néhémie-Esdras.

3. Destinées ultérieures des Juifs sous la domination perse. — Pendant que dans leur patrie les Israélites se trouvaient dans une extrême détresse, ils obtenaient à Suse sous le règne de Xerxès I er (485-465), par l’élévation d’Esther à la dignité de reine la gloire et la puissance.

Sur la vie des Juifs en Palestine à la fin du ve et au ive siècle, nous avons peu de renseignements. Par Josèphe, Ant., XI, vii, 1, nous savons que le grand prêtre Jochanan, petit-fils d’Eliaschib et frère de Manassé, tua dans le temple pendant l’office son autre frère Josué parce que celui-ci voulait, avec l’aide du gouverneur perse Bagosès. s’emparer du souverain pontificat et dans la chronique d’Eusèbe, nous lisons que sous Artaxerxès III Ochus (358-337) beaucoup de Juifs furent déportés en Hyrkanie, près de la mer Caspienne. Eusèbe, Chron., édit. Schœne, t. ii, p. 112.

Parmi les papyrus d’Éléphantine se trouve une lettre, adressée en 408-7 par les membres d’une colonie militaire juive au gouverneur Bagoas (= Bagosèsi et aux fils de Sanaballat. Les requérants se plaignent de ce que le temple que leurs ancêtres avaient construit dans la forteresse de Jeb en l’honneur de Jahvé, ail été détruit en 411-10, par des prêtres païens. Ils se sont déjà adressés, il y a trois ans, au grand prêtre Jochanan de Jérusalem et à Bagoas, sans avoir eu de réponse. Ils viennent de nouveau solliciter la faveur du gouverneur ainsi que des fils des grands ennemis des Juifs pour reconstruire le temple. Bagoas, d’après un autre texte très fragmentaire, leur accorda l’objet de leur demande.

Il résulte de ces textes qu’au vie siècle déjà il y avait en Egypte une importante colonie juive qui, ne pouvant pas prendre part au culte de Jérusalem, avait pris l’initiative de construire un temple à son usage.

Période grecque.

1. D’Alexandre le Grand jusqu’à

Anliochus Épiphane (333-175). — Lorsque, en 333, Alexandre le Grand, par la bataille d’Issus, eut mis fin à l’empire perse, une nouvelle période commença pour l’Orient, qui allait désormais subir avec le règne de ses nouveaux maîtres, l’influence de la civilisation hellénique.

D’après Josèphe, Ant., XI, viii, 4, la Palestine aurait été conquise par Alexandre lui-même qui serait entré solennellement à Jérusalem pour rendre hommage à Jahvé ; mais en réalité la Terre sainte fut soumise au joug grec par ses deux généraux Parménion et Perfliccas.

Pendant les guerres des diadoques, elle eut beaucoup à souffrir parce qu’elle se trouvait entre le royaume égyptien des Lagides et le royaume syro-babylonien des Séleucides. Elle était la pomme de discorde entre eux comme autrefois entre les pharaons et les rois assyriens. Après la bataille d’Ipsus (301) qui termina ces guerres, elle fut attribuée à Séleucus. Mais lorsque celui-ci voulut en prendre possession, il la trouva déjà occupée par Ptolémée, fils de Lagus, et ne voulant pas entrer en guePre avec son ancien compagnon d’armes, il la lui abandonna. Les nouveaux roiî d’Egypte, les Lagides, firent l’impossible pour gagnet les faveurs des Juifs. Alexandre déjà leur avait accordé pleine liberté pour leurs pratiques religieuses et les avait, d’après Josèphe, attirés en grand nombre vers l’Egypte, en leur donnant, à Alexandrie les mêmes privilèges qu’aux Grecs. Les Lagides continuèrent cette politique d’Alexandre. Ptolémée I er donna même de préférence des postes de confiance aux Juifs. Alexandrie devint ainsi presque une ville juive et bientôt les Juifs habitèrent l’Egypte par milliers. En Palestine, ils jouissaient d’une grande liberté ; sans les impôts à payer et les garnisons égyptiennes à entretenir, ils eussent à peine senti la domination étrangère. L’administration intérieure était tout entière entre leurs mains.

De temps à autre ils souffrirent des expéditions entreprises par les successeurs de Séleucus pour revendiquer leurs droits. C’est seulement après un siècle parla bataille de Paneïon (198) que ceux-ci parvinrent à s’emparer définitivement de la Palestine.

Pendant les dernières luttes, les habitants de la Terre sainte avaient eu beaucoup à endurer de la part des troupes égyptiennes, de sorte qu’ils reçurent avec enthousiasme le vainqueur Antiochus III le Grand. Celui-ci les dédommagea par de grands privilèges ; il leur accorda pleine liberté pour le culte et exempta de tout impôt les prêtres ainsi que les anciens et tous ceux qui s’établiraient dans les trois années suivantes à Jérusalem.

La fortune qui avait souri à Antiochus 1 II dans ies démêlés avec les Lagides, ne lui resta pas fidèle dans 1599

    1. JUDAÏSME##


JUDAÏSME, histoire politique

IGOn

sa guerre avec les Romains. Par la bataille de Magnésia, il perdit l’Asie -Mineure jusqu’au Taurus et il lui fallut payer pendant douze ans un impôt très lourd. A cause de cette dette, il voulut s’emparer des trésors des temples païens et fut tué à une telle entreprise en Elymaïde. Son fils Séleucus Philopator, fut d’abord comme son père très favorable aux Juifs : il leur payait même les frais du culte. Cependant la dette que son père lui avait laissée le rendit avide des trésors du sanctuaire de Jérusalem. Pour les obtenir, il envoya son chancelier Héliodore ; mais celui-ci fut miraculeusement empêché de pénétrer dans le temple, II Macch., m. De retour à Antioche, Héliodore tua son suzerain, envoya son fils Démet rius comme otage à Rome et s’empara du trône. Le frère de Séleucus, Antiochus, accourut et chassa l’usurpateur. A cause du succès qu’il eut dès son apparition il s’appela Épiphanc. C’est Antiochus IV Epiphanc qui devait, par ses imprudences et par ses vexations, causer le soulèvement macchabéen.

2. Les guerres macchabéennes (175-135). — Depuis l’expédition d’Alexandre le Grand, il y avait en Judée un groupe d’hellénophiles qui étaient devenus de plus en plus nombreux. Ils se recrutaient parmi les nobles et les riches, en premier lieu parmi l’aristocratie sacerdotale. A l’avènement d’Antiochus, ce parti se crut assez fort pour accélérer avec l’aide du gouvernement antiochien l’hellénisation de la nation. Soutenu par lui, Jason, frère du grand prêtre Onias, offrit une forte somme à Antiochus pour obtenir le poste du souverain pontificat et l’autorisation de construire un gymnase grec à Jérusalem. Le roi ne céda que trop volontiers aux désirs de Jason. Onias fut donc destitué et le nouveau grand prêtre transforma la vie de la capitale à la grecque. Bientôt des jeux olympiques avaient lieu dans la palestre, auxquels des Juifs prenaient part tout nus, honteux seulement de porter en leur chair le signe d’alliance et auxquels les prêtres mêmes assistaient avec un tel zèle qu’ils en oubliaient leur service au temple. Trois ans après, Ménélas, membre de la puissante et riche famille des Tobiades, offrit à Antiochus pour le souverain pontificat une somme encore plus grande que Jason et supplanta celui-ci. Arrivé au pouvoir, Ménélas osa faire tuer Onias et faire main basse sur les vases précieux du temple ; en outre son frère qui le remplaça pendant son absence, commit des exactions à Jérusalem pour se procurer l’argent promis à Antiochus. Sur ces entrefaites, le bruit s’étant répandu qu’Antiochus était mort au cours d’une expédition en Egypte, les Hiérosolymites se soulevèrent contre Ménélas et Jason revint pour reprendre le poste perdu. Cependant Antiochus rentrait victorieusement d’Egypte ; il profita de son passage par la Terre sainte pour châtier la ville rebelle (17(1). Il mit à mort beaucoup d’habitants, pilla le temple et emporta surtout tous les objets de valeur du Saint des Saints.

Deux ans plus tard, à l’occasion d’une seconde expédition en Egypte, le roi se montra encore plus cruel envers les Juifs. Vaincu par les Romains, il voulut s’en dédommager sur les Juifs : Jérusalem connut à nouveau de terribles massacres et les morts furent remplacés par des étrangers. Pour empêcher toute résistance, les murs de la ville furent détruits et sur le mont Sion une forte acropole fut construite dans laquelle campa dorénavant une garnison syriaque. Allant plus loin, Antiochus défendit sous peine de mort l’exercice de la religion juive, en particulier l’observation du sabbat et la circoncision, et prescrivit des sacrifices en l’honneur des divinités païennes. Le 15 kislev (décembre » 168 eut lieu i I abomination de la désolation, » dont parle Daniel. XI, ’M : sur l’autel des holocaustes, un sacrifice fut offert à Zens Olympique. Le second livre des Macchabées raconte l’héroïsme

avec lequel les Juifs s’opposèrent à cette violation de leurs droits les plus sacrés : avec beaucoup d’autres, le nonagénaire Ëléazare, les sept frères Macchabées moururent martyrs.

De passive la résistance allait bientôt devenir active et une des luttes les plus héroïques de l’histoire religieuse s’engagea. Elle commença dans la petite ville de Modeïn. Un fonctionnaire syrien ayant ordonné un sacrifice païen, le prêtre Mathathias s’y refusa et lorsqu’un Juif apostat voulut sacrifier, il le tua ainsi que le fonctionnaire royal. Il s’enfuit alors avec ses cinq fils dans les montagnes. D’autres se réfugièrent dans le désert. Ces derniers furent découverts et attaqués un jour de sabbat. Pour ne pas violer la loi divine ils se laissèrent massacrer avec toutes leurs familles.

Mathathias réunit autour de lui tous les hommes qui étaient prêts à défendre leur religion, surtout un cercle de zélés, nommés hasidim = pieux. Ils parcoururent le pays, détruisant les autels païens et mettant à mort les Juifs infidèles.

Mathathias mourut bientôt (167-G6), Son fils aîné. Judas, se mit à la tête des insurgés. A cause de ses succès foudroyants on le surnomma Macchabée = Martel. Il remporta immédiatement deux brillantes victoires ; Antiochus envoya une très grande armée : Judas, dont les troupes s’étaient bien accrues, l’attaqua près d’Emmaiis et la battit complètement (16564). L’année suivante, une armée encore plus forte envahit la Terre sainte, elle fut également mise en déroute. Après ce succès. Judas put s’emparer de Jérusalem à l’exception de l’acropole ; il purifia le temple et érigea un nouvel autel des holocaustes. Le 15 kislev 165, le même jour où trois ans auparavant le premier sacrifice païen avait souillé le sanctuaire, celui-ci fut solennellement rendu au culte de Jahvé.

Judas entreprit ensuite plusieurs expéditions dans les pays voisins qui s’étaient montrés hostiles aux Juifs. Pour mieux protéger les coreligionnaires qui y demeuraient, surtout ceux de la Galilée et de la Transjordane, il les transplanta en Judée.

Les opérations contre les Juifs n’avaient pas été dirigées par Antiochus en personne, mais principalement par le régent Lysias. Le roi lui-même avait entrepris une campagne dans les paysjaude la de l’Euphrate : pendant le retour, il mourut dans une ville perse (164-63). Judas assiège lit alors la garnison de l’acropole. Celle-ci ainsi que le parti helléniste de Jérusalem demanda du secours à Antioche. Lysias qui était devenu le tuteur du jeune roi, Antiochus V Eupator, se mit à la tête d’une armée qui remporta cette fois une importante victoire sur les insurgés et mit le siège devant Jérusalem. Mais, à cause des troubles survenus en Syrie. Lysias dut retourner à Antioche. Avant son départ, il accorda aux Juifs le libre exercice de leur religion et fil encore tuer le grand prêtre Ménélas qui avait été la cause de tous ces troubles.

Le but de l’insurrection niacchabéenne était donc atteint. Cependant la paix ne se réalisa pas. Elle fut empêchée par le parti hellénophile de Jérusalem qui voulait s’emparer de nouveau du pouvoir que détenait Judas.

Entre temps, à Antioche, un changement de règne avait lieu. Démélrius revint de Rome et fit exécuter Antiochus Y et Lysias. Le Juif Alcinius de la famille aaronite pria le nouveau souverain de lui accorder le poste vacant de grand prêtre et demanda sa protection pour les hellénistes. Nommé pontife, il sévit aussitôt, avec le secours de troupes syriennes, contre les Juifs pieux, de sorte que Judas dut recommencer la lutte. Encouragé par deux victoires, remportées sur l’armée que le roi avait envoyée pour soutenir Alcinius. il résolut d’obtenir l’indépendance de

son peuple comme garantie de la liberté religieuse. 11 s’adressa même aux Romains et conclut une alliance avec eux. Mais, avant que ceux-ci pussent lui venir en aide, une nouvelle armée plus puissante était dirigée contre les Juifs. Devant la supériorité des forces ennemies, huit cents homm’es seulement restèrent fidèles à Judas qui succomba dans une bataille désespérée (161).

Jonathan prit la place de son frère : mais en attendant il ne pouvait pas oser de grandes entreprises. Peu à peu cependant sa situation se fortifia et dans les luttes qui éclatèrent bientôt après (153) en Syrie entre Démétrius I er et un prétendant, nommé Balas, les deux rivaux renchérirent de promesses pour s’assurer Jonathan comme allié. Celui-ci prit parti pour Balas qui lui offrit la dignité de grand prêtre et lui envoya la pourpre et un diadème d’or. Dorénavant les deux dignités de prince et de grand prêtre étaient liées à la maison des Macchabées. Dans la suite Jonathan sut encore davantage exploiter la faiblesse de l'État syrien au profit de son pays. Lorsque, en 145, Démétrius II réussit à monter sur le trône de son père, il obtint de lui de grandes franchises en matière d’impôt et agrandit le territoire juif de trois districts samaritains.

Dans les troubles, causés bientôt après par le général Tryphon qui s’empara de la couronne pour le fils de Balas, Jonathan consolida encore davantage son pouvoir et élargit son domaine à tel point qu’il devint suspect à l’usurpateur qui le fit saisir par ruse et massacrer (143-142).

Simon, le dernier survivant des fils de Mathathias, acheva l'œuvre de ses frères ; il rendit le peuple juif complètement libre en conquérant l’acropole de Jérusalem et en obtenant l’exonération totale de tout impôt à payer aux rois de Syrie.

Le peuple, pour se montrer reconnaissant, lui donna dans une grande assemblée le titre héréditaire de prince et grand prêtre. Simon inaugura ainsi une nouvelle dynastie que les historiens, à cause d’un des ancêtres de Mathathias, nomment la dynastie des Asmonéens. Une ère de tranquillité commença sous Simon. Malheureusement le premier des Asmonéens dut comme tous ses frères mourir de mort violente ; en 135, il fut assassiné par son gendre avec deux de ses fils.

3. La dynastie asmonéenne (135-63). — Le seul fils survivant de Simon, Jean Hyrcan (135-104), obtint le pouvoir. La politique extérieure de son long règne ne fut d’abord pas heureuse. Antiochus VII subjugua la Palestine et Jean devint son vassal. A sa mort, Jean redevint indépendant et profitant de la faiblesse des successeurs d' Antiochus, il déploya une grande activité guerrière surtout contre les Samaritains : il détruisit les villes de Sichem et de Samarie ainsi que le temple de Garizim ; il étendit son territoire à l’Est et au Sud.

L'événement le plus important de la politique intérieure fut la rupture de Jean Hyrcan avec le parti des pieux (hasidim) qui s'était cristallisé dans la secte des pharisiens. Pour eux, l’observation de la Loi était l’essentiel ; tout le reste, surtout la politique, chose accessoire. Dès lors que Jean Hyrcan agissait comme prince mondain et guerrier et négligeait ses devoirs de grand prêtre, ils se séparèrent de lui après avoir soutenu jusqu’ici les Macchabées. C’est pourquoi Jean Hyrcan se rapprocha du parti opposé, celui des sadducéens, qui se préoccupait surtout du pouvoir extérieur de l'État, même au détriment de la religion.

Après la mort de Jean Hyrcan, un de ses fils, Aristobule (104-103), après s'être débarrassé de ses frères, prit pour la première fois le titre de roi des Juifs. 11 conquit la Galilée et donna ainsi à son royaume l'éten due de celui de David. Après un an, il mourut. Sa veuve épousa l’aîné de ses beaux-frères, Alexandre Jannée (103-76), qui devint ainsi roi.

Ce personnage est le plus triste représentant de la dynastie asmonéenne. Les vingt-six années de son règne sont remplies de guerres, de conquêtes à Texte rieur et de faits et gestes honteux à l’intérieur. Au Sud, il soumit les Iduméens ; au Nord, il pénétra jusqu’au lac Méron ; à l’Ouest, il conquit toutes les villes, non encore soumises, à l’exception d’Ascalon, et à l’Est presque toute la Transjordane. Malgré ces succès, Alexandre fut détesté par ses sujets à cause de son immoralité. Insulté, pendant qu’il pontifiait à la fête des Tabernacles, il fit massacrer six mille hommes. Bientôt après, les pharisiens soulevèrent le peuple contre lui et pendant six ans la guerre civile sévit. Les pharisiens appelèrent finalement le roi syrien, Démétrius III. à leur secours. Alexandre Jannée fut battu près de Sichem. Bien des Juifs cependant, craignant le joug syrien, se mirent finalement de son côté, de sorte qu’il reprit le dessus et entra en triomphe à Jérusalem, où il fit crucifier huit cents pharisiens.

Il mourut à l’Age de quarante-huit ans, épuisé par ses débauches. Avant d’expirer, il donna à sa veuve Alexandra le conseil de se réconcilier avec les pharisiens.

Alexandra suivit ce conseil et pendant tout son règne (76-67) les pharisiens tinrent les rênes du gouvernement. La tradition rabbinique célèbre pour ce motif le règne d’Alexandra comme l'âge d’or. Les plia risiens pourtant abusèrent de leur pouvoir et se vengèrent de leurs anciens adversaires, surtout des sadducéens.

A la mort d’Alexandra, le cadet de ses fils, l'énergique Aristobule, s’empara du trône à l’aide des sadducéens et força son frère aîné, le faible Hyrcan, à y renoncer. Cependant Antipater, qu’Alexandre Jannée avait institué comme gouverneur de l’Idumée, excita Hyrcan contre Aristobule et gagna à sa cause le roi arabe Arétas chez lequel le détrôné se réfugia. Arétas entra en guerre avec Aristobule qui dut se retirer à l’acropole de Jérusalem.

A cette époque, Pompée traversait victorieusement l’Asie ; en 65, il envoya son général Scaurus en Syrie. Les deux prétendants au trône lui envoyèrent des ambassades. Scaurus se décida pour Aristobule, de sorte qu’Arétas et Hyrcan levèrent le siège de l’acropole. En 63, Pompée arriva personnellement à Damas. Il ne se décida d’abord ni pour l’un ni pour l’autre. Mais, par suite de la tenue suspecte d’Aristobule qui était allé le trouver, il s’approcha de Jérusalem. Les partisans d’Hyrcan lui ouvrirent les portes, tandis que ceux d’Aristobule se retiraient dans le temple où ils se défendirent pendant trois mois. Finalement Pompée Surmonta la résistance et pénétra dans le sanctuaire pendant que les prêtres sacrifiaient ; il les fit massacrer ainsi que douze mille personnes.

Tous les territoires conquis par les derniers Asmonéens furent délivrés, la Judée fut soumise à l’impôt et incorporée à la nouvelle province de Syrie. Hyrcan fut institué grand prêtre, Aristobule avec ses fils emmené à Rome pour prendre part au cortège triomphal de Pompée.

Période romaine.

1. Hyrcan II (63-40), Antigone (40-37), Hérode le Grand (37-4). — Pendant les premières années du pontificat d’Hyrcan II,

Alexandre, un des fils d’Aristobule qui s'était évadé lors du voyage à Rome, et plus tard son père luimême essayèrent de reprendre le pouvoir. Pour empêcher de pareilles tentatives d’insurrection, le proconsul de Syrie, Gabinius, démembra la Judée en cinq districts. Son successeur Licinius Crassus pilla le temple.

Dans la guerre civile qui éclata entre Pompée H 1(303

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JUDAÏSME, histoire politique

1604

César. Antipater et Hyrcan prirent parti pour César, de sorte que celui-ci, en 47, lorsqu’il vint en Syrie après la liât aille de Pharsale. rendit à Hyrcan le plein pouvoir politique en annulant les mesures prises par Gabinius et en le nommant ethnarque. Cependant il plaça au-dessus de lui comme procurateur Antipater. Ce dernier profita immédiatement de sa position pour établir ses deux lils Pbasaëlet Hérode gouverneurs de Judée et de Galilée. Lorsque, en 41, par la bataille de Philippes, Antoine devint le maître de l’Asie, il continua dans leur poste les deux fils d’Antipater et leur donna le titre encore plus honorifique de tétrarque.

Une année après, les Parthes envahirent toute l’Asie antérieure. Grâce à leur aide, Antigone, le second fils d’Aristobule II qui déjà auparavant avait l’ait valoir ses droits sur le trône de Jérusalem, s’en empara. Hérode eut encore le temps de s’enfuir, tandis qu’Hyrcan et Phasaël étaient saisis par ruse. Phasaël se suicida et Hyrcan fut emmené par les Parthes. Hérode se rendit à Rome et réussit à se faire nommer par le Sénat roi de Judée. Après deux ans de luttes contre les Pari lies et les insurgés du pays, il put faire son entrée à Jérusalem. Antigone fut fait prisonnier et envoyé à Antioche, où il fut plus tard décapité. Ainsi finit la dynastie asinonéenne.

Pour gagner les faveurs des Juifs, Hérode s’était peu auparavant marié avec une pelite-fille d’Hyrcan If. Mariamne Bientôt après, sur les instances de sa belle-mère, il institua grand prêtre le frère de Mariamne, Aristobule : mais, la même année, il le fit tuer par jalousie.

Bien qu’Hérode fût le protégé d’Antoine, il sut après la défaite de celui-ci (31) gagner les faveurs d’Auguste qui supplanta l’amant de Cléopâtre. Le nouvel empereur lui laissa le diadème royal et lui confirma tous les pouvoirs, de sorte qu’il fut constamment un vassal soumis des Romains.

Le long règne d’Hérode (37-4 avant l’ère chrétienne), fut sous beaucoup de rapports brillant. Par sa diplomatie habile et par ses intrépides entreprises guerrières, le nouveau souverain consolida son trône et doubla presque son territoire, surtout au Nord et au delà du Jourdain. Il développa le commerce et l’agriculture, se fit le Mécène des arts et des sciences, en favorisant, 1a civilisation hellénique, entreprit de grandes constructions, surtout l’embellissement et l’agrandissement du temple. Si pour tout cela on a pu le nommer le Grand, il s’est d’autre part rendu odieux par sa cruauté comme peu de souverains l’ont su faire. A tour de rôle il fil massacrer fous les membres de la famille asinonéenne et beaucoup de membres de sa propre famille, même Mariamne et trois de ses fils. Il commit un grand nombre d’autres atrocités : une des dernières lut le meurtre des enfants de Bethléem. Il mourut l’an 4 avant l’ère chrétienne.

(On sait que le point de départ de l’ère chrétienne, par suite d’une erreur de chronologie est en retard de plusieurs années sur la date de la naissance de Jésus-Christ. Bien que Jésus soit né « aux jours du roi Hérode », celui-ci est mort l’an 4 avant l’ère chrétienne).

2. Les fils d’Hérode, les premiers gouverneurs de Judée. Agrippa /"’(lavant J.-C. -44 après).- -D’après le testament d’Hérode, son royaume fut partagé, du consenment des Romains, entre trois de ses fils : Archélaiis reçut l’Id innée, la Judée et la Sa marie, 1 lérode Anlipas la Galilée et la Pérée, Philippe les territoires du Nord : la Gaulanivide, la Trachonitide, etc. Le dernier seul put jouir d’un règne paisible et lui estimé par ses sujets jusqu’à sa mort (3 1). Les deux autres, s’ils héritaient des pouvoirs de. leur père héritaient aussi d’une bonne part de ses vices. Archélaiis. accusé par les Juifs auprès de l’empereur, fut bientôt (en 6) destitué et envoyé

en exil. Ses sujets, surtout les pharisiens, en lui faisant ce procès à Rome espéraient avoir sous le gouvernement direct des Romains, une plus grande liberté pour la pratique religieuse et une plus grande indépendance pour la gestion des affaires intérieures. Ils devaient bientôt s’apercevoir du contraire. Les procurateurs romains auxquels la Judée fut livrée dans les années 6-41 les opprimèrent et les exploitèrent d’une façon si cruelle et si honteuse qu’on s’étonne qu’ils aient été supportés si longtemps. Déjà, sous le premier d’entre eux, l’indignation se montra ouvertement et les plus fanatiques des pharisiens formèrent le parti des zélotes dans le but de soulever le peuple contre les tyrans romains. Le plus dur de tous fut celui qui par l’Évangile est le mieux connu. Ponce Pilate (26-36).

Hérode Antipas régna plus longtemps qu’Archélaus. C’est lui qui fit décapiter Jean-Baptiste et c’est devant son tribunal que Jésus-Christ dut comparaître. Son mariage incestueux avec la femme de son frère l’entraîna dans une guerre désastreuse avec le beau-père de sa première femme, Arétas, roi des Arabes, et causa indirectement sa destitution par Rome en 39.

Il fut remplacé par un petit-fils d’Hérode le Grand, Hérode Agrippa I er, auquel Caligula avait déjà donné le district de Philippe. L’année suivante, Agrippa reçut encore de l’empereur Claude celui qu’avait gouverné Archélaiis, de sorte que dans sa main tous les territoires du royaume d’Hérode le Grand furent encore une fois réunis. Agrippa employa tous les moyens pour gagner les sympathies des Juifs. Il favorisa leurs chefs spirituels, les pharisiens. Il déploya un grand zèle pour la Loi et le culte. Pour être agréable à la Synagogue il persécuta la jeune Église chrétienne, fit mettre à mort l’apôtre Jacques le majeur et jeta en prison saint Pierre. Son règne ne dura que trois ans ; en 11. il mourut subitement.

3. Agrippa II ; les procurateurs de la Palestine ; la guerre juive (44-73). — Les Romains ne confièrent à son jeune fils. Agrippa II, que quelques parcelles du royaume, très éloignées de Jérusalem. Ils joignirent la Palestine à la province de Syrie et la firent de nouveau administrer par des procurateurs.

Les sept procurateurs qui gouvernèrent le pays de l’an 44 jusqu’au commencement de la guerre juive firent, si l’on peut dire, l’impossible pour amener le peuple à l’exaspération et à l’émeute. Aussi, à partir du quatrième, Félix, y eut-il des soulèvements continuels. A côté des zélotes se groupèrent les sicaires, c’est-à-dire des assassins qui tuèrent traîtreusement les Romains et leurs amis. A ces fanatiques s’en associaient d’autres mus par des raisons religieuses : de faux prophètes et des pseudo-Messies qui trompaient le peuple. Après le gouvernement paisible de. Fcstus vinrent deux vrais monstres, Albinus et Gessius Florus.

Sous le dernier, la rage des Juifs outragés atteignit au paroxysme. Les zélotes, guidés par Éléazar, fils du grand prêtre Ananias. en profitèrent pour déclencher en 66 la guerre contre Rome. Ils dressèrent leur camp dans le temple même et s’emparèrent de l’importante forteresse de Masada située au sud du pays. En vain le parti de l’ordre auquel appartenaient les princes des prêtres et même les plus intelligents et les plus estimés des pharisiens, prévoyant la ruine certaine qui résulterait de la lutte, essaya-t il d’étouffer même par la force l’insurrection. Par une victoire remportée sur l’armée du gouverneur de Syrie, le parti de la guerre prit le dessus. On organisa systématiquement la résistance dans tout le pays. La défense de la ville fut confiée au grand prêtre Ananias, et à Joseph ben

Gorian, celle de l’Idumée à Éléazar et celle de la (ialilée qui fut la plus Importante, à Josèphe, le célèbre historien.

Au printemps de 67, Néron envoya Ycspasien et

Titus pour réduire l’insurrection. Venant du Nord, ils envahirent la Galilée et la conquirent en quelques mois. Josèphe lui-même fut fait prisonnier.

A la suite de ce premier échec, une guerre civile très sanglante éclata à Jérusalem. Les plus fanatiques des zélotes, conduits par Jean de Giscala vouèrent à la mort les principaux chefs, entre autre le grand prêtre, et des milliers de suspects. En même temps, ils se livrèrent aux plus infâmes débauches. Les hommes d’ordre se défendirent à l’aide des Iduméens qu’ils appelèrent au secours et du meneur juif Simon bar Giora avec sa bande.

Les Romains, profitant de la discorde des Juifs, s’emparèrent de plus en plus du pays et en 68 déjà ils commencèrent les préparatifs du siège de Jérusalem. La mort de Néron (9 juin 68) et la proclamation de Vespasien comme empereur, retardèrent les opérations d’un an. Titus les reprit dans l’été de 69. Entre temps à Jérusalem, les partis, qui, par suite d’une scission des zélotes, étaient au nombre de trois, se déchiraient de la façon la plus atroce. Titus leur laissa le temps de s’affaiblir par leurs luttes fratricides. Ce n’est que quelques jours avant la Pàque de 70, qu’il commença le siège. L’attaque des légions romaines mit enfin un terme à la discorde à l’intérieur de la ville et tous se réunirent pour la résistance la plus acharnée. Cependant les trois enceintes tombèrent vite l’une après l’autre. Malgré cette situation désespérée, malgré la famine qui sévissait, les assiégés, qui s’attendaient à une intervention du ciel, refusèrent de se rendre. Finalement, le 6 avril 70, le temple lui-même qui avait formé le dernier rempart, incendié par un soldat, s’écroula, écrasant sous ses ruines des milliers de réfugiés.

4. Les dernières insurrections sous Trajan et Hadrien (115-117, 132-135). — La destruction de Jérusalem marque la fin de l’État juif. Cependant le judaïsme gardait assez de force pour se soulever contre ses oppresseurs. Déjà sous Trajan, entre 115 et 117, de grandes révoltes de Juifs avaient eu lieu à différents endroits de l’empire, surtout en Egypte, en Cyrénaïque, dans l’île de Chypre et en Mésopotamie ; les victimes se comptèrent par centaines de mille, tant païens que juifs ; mais en Palestine même, l’insurrection ne fut pas aussi étendue ni aussi véhémente.

Par contre, sous Hadrien, une vraie guerre y éclata que le P. Lagrange nomme très justement la guerre messianique, op. cit., p. 309 ; car ce n’est pas seulement à la défense de la circoncision et à la fondation d’une colonie romaine à Jérusalem qu’il faut attribuer l’émeute, mais encore à la surexcitation des espérances messianiques, provoquée par les malheurs du temps. L’agitation commença en 132, au départ de l’empereur de la côte asiatique, et s’étendit vite dans tout le pays. Jérusalem fut prise et l’indépendance proclamée. Le chef de l’insurrection fut un certain Simon que les sources rabbiniques nomment Bar-Kozéba, les auteurs chrétiens Bar-Kokéba. Ce dernier nom provient du fait qu’on le regarda comme Messie et qu’on lui appliqua la prophétie de Balaam, Num., xxiv, 17, sur l’étoile (kokab). Même le plus célèbre rabbin du temps, Rabbi Akiba, le salua comme Messie.

Hadrien envoya un de ses meilleurs généraux, Julius Severus, pour réprimer la révolte. Il ne réussit qu’au bout de trois ans ; d’après Dion Cassius, il lui fallut conquérir cinquante forteresses et détruire beaucoup de villes ; plus d’un demi million de Juifs périrent et un plus grand nombre furent vendus comme esclaves. Bar-Kokéba fut tué lors de la prise de la dernière forteresse qui résista. Jérusalem fut alors transformée en ville païenne et interdite aux Juifs. Sur l’emplacement du temple, on construisit un sanctuaire en l’honneur de Jupiter Capitolin.

La nation juive était définitivement déracinée du sol palestinien. Le judaïsme biblique avait cessé d’exister

Éludes qui comprennent les trois périodes.

J. Vandervorst,

Israël et l’Ancien Orient, Bruxelles, 1915 ; J. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographie de la Palestine, d’après les Thalmuds et les autres sources rabbiniques, I™ partie : Histoire de la Palestine depuis Cyrus jusqu’à Adrien, Paris, 1867 ; Ledrain, Histoire d’Israël, 2 vol., Paris, 18791882 ; E. Renan, Histoire du peuple d’Israël, t. iv et v, Paris, 1893 ; Fr. X. Kugler, S. J., Von Moses bis Paulus, Forschungen -ur Geschichte Isræls nach biblischen und profangeschichilichen insbesondere neuen keilinschriftlichen Quellen, Munster-en-W., 1922 ; Fiebig, Judentum, I re partie : Vom babulonischen Exil bis Hadrian, dans le Dictionnaire de F. M. Schiele et L. Zscharnack, Die Religion in Geschichte und Gegenwart, Tubingue, 1912, t. iii, col. 805-815 ; J.Well hausen, Isrælilische und jùdische Gescliichle, 7e édit., Berlin, 1914 ; H. Meinhold, Geschichte des judischenVolkes von seinen Anfdngen bis gegen 600 nach Christus, Leipzig, 1916 ; C, F. Lehmann-Haupt, Der jùdische Kirchenstaat in persischer, griechischr und rômischer Zeit, Tubingue, 1911 C. H. Cornil !, Geschichte des Volkes Israël, Chicago, 1838 E. Meyer, Die Entstehung des Judentums, Halle, 1896.

Monographies sur la restauration après l’exil.

J. Tou

zard, Les Juifs au temps de la période persane, dans Revue biblique, 1915, p. 59-133 ; A. Van Hobnacker, Nouvelles éludes sur la restauration juive après l’exil de Babylone, Louvain, 1896 ; du même, La succession chronologique Néhémie-Esdras, dans Revue biblique, 1923, p. 481-494 1924, p. 33-64 ; Notes sur l’histoire de la restauration juive après l’exil de Babylone, dans Revue biblique, 1901, p. 5-26, 175-199 ; J. Nikel, Die Wiederherstellung des jiidischen Gemeinwesens nach dem babylonischen Exil, Fribourg-en-B. , 1900.

3° Monographies sur l’histoire juive à partir des guerres macchabéennes jusqu’au soulèvement de Bar-Kokéba. — L’ouvrage classique est celui de E. Schiirer, Geschichte…, 1901, t. i ; Felten, Neutestamentliche Zeitgeschichte, 1910, t. i, p. 19-285 ; E. Meyer, Ursprung und Anfànge des Christentums, t. n : Die Entwickelung des Judentums und Jésus von Nœzaret, Stuttgart et Berlin, 1921 ; A. Schlatter, Geschichte Isræls von Alexander dem Grossen bis Hadrian, 2e édit., Stuttgart, 1906 ; Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ d’après le Nouveau Testament, l’historien Flavius Josèphe et les Talmuds, Paris, 1885, 5e édit., 1892 ; de Saulcy, Histoires des Macchabées ou princes de la dynastie asmonéenne, Paris, 1880 ; Bost, L’époque des Macchabées, histoire du peuple juif depuis le retour de l’exil jusqu’à la destruction de Jérusalem, Strasbourg, 1862 ; de Saulcy, Histoire d’Hérode, roi des Juifs, Paris, 1867 ; A. Réville, Les Ilérodes et le rêve hérodien, dans Revue de l’histoire des religions, 1893, t. xxviii, p. 283-301 ; 1894, t. xxix, p. 1-24 ; de Saulcy, Les derniers jours de Jérusalem, Paris, 1866 ; Clermont-Ganneau, Barcochébas à Movoyev/-, ;, dans Revue biblique, 1920, p. 540-555.