Dictionnaire de théologie catholique/CIRCONCELLIONS

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.2 : CAJETAN - CISTERCIENSp. 602-604).

1. CIRCONCELLIONS. C’est le nom donné en Afrique, à cause de leurs habitudes de vagabond travers les campagnes, circum cellas rusticorum vacantes, s. Augustin, lu Ps. i ii, 3, P. L., t. xxxvii, col. 1738 ; Cont. Gaud., I. xxviii, 32, P. L., t. xi. iii, col. 7T>, à un ramassis de paysans appartenant i la vieille race punique, dont ilparlaient uniquement la langue ; le peuple les appelait Circelliones. Sans feu m lieu, ces perturbateurs avaient abandonné la culture des champs pour vivre il expédients et de pillages. Aux débuts, -uns la conduite de deux chefs, Axidus et Fasir, nu ils appelaient les capitaines des saints, s. Optât, De schism. donat., ni. i. P. L., t. xi. col. Iix » 7. ils avaient t’ait entendre certaines revendications Bociales, niant contre les maîtres la liberté des esclaves it contre les créanciers l’abolition des dettes ; ils créèrent ainsi une agitation d’ordre économique, que favorisait 1 1 rendait plus aiguë l’antagonisme des races punique et romaine. C’est ce qu’a démontré Thummel, Zur Pteilung des Donatismus, Halle. 1893 ; dom Leclercq, L’Afrique chrétienne, Paris, 1904, t, i, p. 345-346. Martroye, P» < tentative de révolution sociale, dans la Revue des questii ru histoi iques, octobie 1904, janvier 1905.

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cri de révolte, Il se trouva quelqui

qui demandèrent au c te Taurinus la répression de

pan ils exd s, S. < mut. /L. m ;. I. L. t

t. xi, col. 1006, Maibii [u’ils comprirent le

parti qu ils pouvait ni tin r de tels nom ti-tes favorisèn ni sons main leur mouvement révolutionnaire, en prirent la direction et trou dociles auxiliaires. Affiliés des lors au donalismi circoncellions, toujours prêts à prendn courir sus aux catholiques, fuient pendant plus d’un siècle, de 330 environ à 130, une cause in<troubles et de dangi rs dans les provinces d’Afriqu* Numidie et de Mauritanie, qu’ils ensanglantèrent à plusieurs reprises. < : - ! ainsi que, lorsque Constance envoya Paul et Macairi distribuer -Afrique, Donat de Bagaî, en Numidie. refusa de les recevoir et lit appel aux circoncellion-. S. Optât, De schism. donat., iii, i. P. L., t. ii, col. 1003. Cf. Pallu de Lessert, Vastes des provinces africain » 1901, t. ii, p. 210-246. La i a fut sanglant* : Don Marculus j laissèrent la vie. Mais les circoncellions. un moment dispersés, n’en restèrent pas moins des champions dangereux, faisant peser partout une i terreur et n’attendant pour recommencer leurs méfaits qu’un signal ou qu’une occasion favorable. Sous Julien, qui avait permis aux exilés de retourner dans leur patrie. Us bandes organisées d* s circoncellions prêtèrent main forte aux donatistes pour s’emparer des la des églises des catholiques. C’est en ain que Valenlinien, en 373, Gratien, en 377, tirent des lois i contre le donatisme, Codex theod., XVI. i. 1, 2 ; en vain qu’en 3 ! r2 Théodose en promulgua une contre les hérétiques, et Ronorius une autre, en ; ^98. contre ceux qui envahissent lex theod., XVI. ii, 31, donatistes et circoncellions éludèrent tout sarmèrent pas.

Une première fois, en effet, sous Yalentinien. ils profitèrent îles troubles qui agitaient la Mauritanie faire cause commune avec les partisans de l’irmus, qui, grâce à la faiblesse, peut-être à la connivence du comte Romanus, cherchaient a secouer le joug de Rome. Mais

le comte Théodose, père du futur empereur du lie nom, réduisit la révolte des Maures et dis circoncellions.

Une seconde fois, on parti puissant de donatitoujours secondé par les circoncellions. reprit les armes et tint la campagne di 6 bous la con duite de Gildon. Il fut réprimé d’une manière sanglante. L’empire ne pouvait pas tolérer ce foyer de révolution permanente et seconda par intérêt politique autant que religieux l’effort des catholiques.

Cependant les conciles de f.arthage de 397 et de 401 se montraient coulants a l’égard des donatistes, puisqu’ils consentaient à admettre leur clergé avec toutes Bes prérogatives et dignités. Celui qui se tint en I

usa même des conférences pour faire cesser tout malentendu et travailler efficacement à l’unité sociale’i religieuse. C’était trop présumer. Les donati firent intervenir les circonci liions, et les iol commencèrent. Plus de sécuril pour les catholiques, chargés d alli r souli nir la cause de la paix

et de l’union ; partout des embûches, des luttes à main armée de la part des circoncellions. Possidius, évoque de Calame, et Maximien de llagaï furent odieusement frappés. Il importait de se défendre ou de se faire protéger efficacement ; un seul moyen semblait possible, celui de recourir à l’autorité publique. Et c’est pourquoi le concile de Carthage de 404- fit appel au bras séculier. Sur sa demande, Honorius publia une série de lois formant l’édit d’unité. Codex theod., XVI, il, 2 ; v, 38 ; VI, 4, 5. Ces lois procurèrent un moment de répit et d’accalmie dans l’Afrique proconsulaire, si bien que le concile de 403 envoya des remerciments à l’empereur.

Mais il fut loin d’en être de même dans les provinces voisines de la Numidie et de la Mauritanie. Le centre de résistance et le principal foyer de l’agitation donatiste était en Numidie. Saint Augustin était entré en scène dès 398 pour réduire ces obstinés par la persuasion et la douceur. Mais ses avances, ses propositions, ses lettres, ses traités, ses conférences, ne produisaient pas tout ce qu’il en espérait. A part quelques succès, il ne parvint pas à réduire le schisme et à pacifier sa patrie. Les sectaires veillaient et poursuivaient quiconque, dans leur parti, se convertissait ou manifestait l’intention de retourner au catholicisme : Cogilis matière in errore aut ire in errorcm. Epist., cv, c. ii, 5, P. L., t. xxxiii, col. 398. Saint Augustin, qui jusque-là avait réprouvé l’emploi de la force, ad fidem nitllus est cogendus invilus, Cont. liU. Petit., II, lxxxiii, 181, P. L., l. xliii, col. 315, changea d’avis. En présence d’adversaires aussi violents et aussi peu scrupuleux que les donatisles, toujours aidés par les circoncellions, il se vit obligé de constater que seul le bras séculier pouvait réduire ces fanatiques pour mettre un terme à leurs déprédations et à leurs brigandages, ainsi que pour protéger efficacement la vie et les biens des catholiques. Cf. Hefele, Histoire des conciles, trad. franc., t. ii, p. 276 sq. Et il chercha à justifier l’emploi de la force par le compelle intrare, modo id fiât animo corrigendi, non studio vindicandi, Epist., xem, c. ii, 5 ; CLXXXV, c. vi, 24, P. L., t. xxxiii, col. 321, 323, 801, et il protesta contre l’effusion du sang. Voir t. i, col. 2-278-2-279. « On avait accule 1 le donatisme à l’illogisme au moyen de la théologie, à la déloyauté au moyen de l’histoire, à la révolte au moyen de la répression. Aucune de ces positions n’était knable. On avait pu craindre que l’édit de tolérance de 109 rendît quelque vigueur à ce corps dont on redoutait, pour les avoir tant de fois éprouvés, lis convulsifs emportements, mais sur les remontrances du concile de Carthage, liaoût 110, Honorius rendit le 25 août un nouvel édit qui consacrait l’ancienne législation répressive. > Dom Leclercq, L’Afrique chrétienne, t. H, p. 107. Par ordre impérial, le tribun Marcellinus dut convoquer catholiques el donatisles à une conférence contradictoire et prendre les mesures jugées nécessaires, d’après le résultat. Cette célèbre conférence se tint a Carthage du 1 er au 20 juin 411. La sentence fut qu’on ne tolérerait plus nulle part des ri unions donatisles. que les évêques devaient abandonner les églises qu’ils détenaient, à moins de rentier dans l’Église catholique, où ils seraient reçus ' > leur dignité épiscopale, el que ceux qui refuseraient ci - conditions seraient passibles des châtiments prévus par les lois. Une loi d’Honorius, de 412, Codex theod. De hæreticis, i. 52, prescrivait une amende pour toul donatiste, l’exil pour toul membre du clergé donatiste insoumis, el le transfert des U itholiques.

emblail devoir être définitivement

conjurée, En toul as, le dernier coup était frappé. En général li donatii tes se soumirent. mais il resta ici el là quelqui ncore dix

ans après. Les circoncellions fur< ni les derniers à dé poser les armes. Et ce ne furent pas les lois nouvelles portées, en 428, par Valentinien III et Théodose II qui réduisirent ces révoltés, mais bien l’invasion des Vandales, qui, en ruinant l’Afrique, mit fin à toutes les discordes civiles et religieuses.

Malgré tant de lois et de représailles sanglantes, les circoncellions n’avaient jamais cessé de se recruter. Cela tenait surtout à la facilité de leurs mœurs, à l’exaltation de leur fanatisme religieux, à leur soif maladive du martyre et aux encouragements du clergé donatiste. Ils s’entouraient, en effet, de femmes et de jeunes filles, passaient les nuits dans l’ivresse et la débauche et mêlaient la cruauté à la luxure. S. Augustin, Epist., xxxv, 2, P. L., t. xxxiii, col. 135 ; Cont. epist. Parmen. , II, iii, 6 ; ix, 18, P. L., t. xliii, col. 53, 62. A la matraque primitive, aux isracles, In Ps. x, 5, P. L., t. xxxvi, col. 134, ils ajoutèrent bientôt la fronde, la lance, l’épée, Cont. epist. Partuen., 1, xi, 17 ; II, iii, 6 ; ix, 19 ; III, iii, 18 ; Cont. Miter. Petit., I, xxiv, 26 ; II, lxxxvhi. 195 ; XCVI, 222, P. L., t. XLIII, col. 46, 53, 62, 96, 257, 320. 333 ; Epist., i.xxxviii, S, P. P., t. xxxiii, col. 307, et s’élançaient au combat en poussant pour cri de guerre : Deo laudes ! Epist., cviii, c. v, li, P. L., t. xxxiii, col. 414 ; Cont. lilter. Petit., II, lxv, 146, P. L., t. xliii, col. 306, cri beaucoup plus redouté que le rugissement des fauves, In Ps. c.x.xxii, 6, P. L., t. xxxvii, col. 1730, et mot d’ordre qu’ils opposaient au Deo grattas des catholiques. Ils aveuglaient les uns avec de la chaux vive et du vinaigre, Epist., lxxxviii, 1 ; exi, 1, P. L., t. xxxiii, col. 302, 422 ; Erevic. collât, ami thoi.it.. xi, 22, P. L., t. xliii, col. 630, tuaient impitoyablement les autres et multipliaient leurs forfaits. Cont. Gaud., I, xxviii, 32, P. L., t. xi. iii, col. 725. Ils s’imaginaient faire œuvre utile et sainte ; car ils étaient appelés par les donatistes adversaires du diable, bons soldats du Christ, agonistici. S. Optât, De schisni. donat., iii, i, P. L., t. xi, col. 1007 ; S. Augustin, In Ps. CXXXll, 6, P. L., t. XXXVII, col. 1732. De plus, ambitionnant la gloire du martyre, ils cherchaient à l’obtenir en obligeant sous menace de mort ceux qu’ils rencontraient a leur arracher la vie, S. Optât, loc. cit., iii, i, P. L., t. xi, col. 1010 ; Philastrius, User., 85, P. L., t. xii, col. 1198 ; S. Augustin, Hær., 69, P. L., t. XLII, col. ili ; Théodoret, H aère t. jabul., iv, 6, P. G., t. lxxxiii, col. 421 ; en provoquant les païens, en attaquant leurs temples, en luisant leurs idoles ou en troublant leur culte, S. Augustin, Epist., ci. xxxv, c. iii, 12, P. L., t. xxxiii, col. 798 ; Serm., i.xii. c. xi, 17, P. L., t. xxxv iii, col. 422 ; Cont. epist. l’armen., I, x, 16 ; Cont. Gaud., I, xxviii, 32, P. L., t. xi. iii, col. 45, 725 ; ou encore en recourant au suicide, se précipitant eux-mêmes au fond des précipices, se jetant dans l’eau ou le feu, parfois par troupes entières, S. Optât, loc. cit., iii, i, P. L., t. xi, col. 1010 ; S. Augustin, Epist., ci xxxv, c.in, 12 ; iv, 15 ; cciv, 5, P.L., t. xxxiii, col. 798, 799, 940 ; lu Crescon., III, m i, 54 ; Cont. Gaud., I, xxviii, 32 ; Cont. epist. Parmen., III. vi. 29. P. L., t. xi. iii, col. 526, 725. parfois aussi séides femmes et des jeunes tilles, dont la moi i révélait l’adultère. Cont. Gaud., I. xxxvi, 46, P. L., t. xi. m. col. 735. (’.mu vivait s ut latrones, mori vos >actalisul martyres. Cont. Utter. Petit., Il, xxiii, 184, P. L., t. xi.n, col. 315. Les donatistes les désavouèrent parfois et prétendirent qu’ils n’avaient rien de commun avec eux. que leurs crimes ne le-, gard’il pas. s. Augustin, Epist., cciv, 5. P. /…t. xxxiii, col. 940 ; < : <>ui. epist. Parmen. , I, xi, 17 ; Cont. litt. Petit., I. xxiv, 26 ; II. lxiv, I il ; Cont < l, III, xi i. 54, P. L., t. m iii, col tô,

257, 306, 526. Mai. d’une pari, saint Augustin accuse leur clergé île liions, Epist.,

xliv.c. iv, 9 ; lxxxviii, c i, 6 ; c c. ii, 3, P. !.. t. xxxiii, coi. 178, P. /-.. t. wwi,

col. 134 ; i IV, li, 61, P. /… t. xliii,

col. 581 ; et, d’autre p. h t. il lui reproche de rendre aux TAS

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P. L., i. m m. col. 106, ’i de les honorer commi

mai : i - / LL., i. xxxiii, col.’G l. xxviii, 32, P. /… i. i.in. col.

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i." I., t. xxxiii, col. 940, □

faveur desquels on invoquait bien à torl l’exemple de

ibées. Il Mach., xiv, il. Epis t.,

P. /… i. xxxiii, col. 941 ; Cont. Gaud., I.

ii, 32 ; xxxi 36-40, P. L., t. xlhj, col. 725, 728-731.

lin) Augustin peignent li s circoncell

bus inquielum ab us otiosum, crudelis iii sms…, uniamosissimum .1// icani et opprobriumf Cont. datai., I, xxviii, 32, P. L., I. xi.m. col. 725.

<’u voit par ces quelques détails combien pou les Hrconcellions étaient fondés à se vanler d’être les G observateurs de la continence el < ! < l’ascétisme. Aussi a-t-on eu tort de prétendre qu’ils furent les fondateurs de la vie cénobitique dans l’Afrique proconsulaire et les provinces voisines ou, du moins, qu’ils servirent d’intermédiaires entre les ermites primitifs et les moines. Car si, d’une part, on ne peut affirmer avec Voliei. Der Ursprung des Mônchtums, Tubingue, 1900, qu’ils n’eurent aucune tendance religieuse, qu’ils ne furent que des paysans aigris, désespérés, ondes brigands tempérés par des idées chrétiennes, on ne peut pas accorder, d’autre part, qu’ils soient nés d’une réaction contre le monachisme. Vers 350, la vie monastique ne semble pas s’être déjà implantée dans l’Afrique proconsulaire, en Numidie ou en Mauritanie.

Tout porte à croire, au contraire, que l’introduction du monachisme dans l’Afrique proconsulaire et d. ailles provinces voisines est due au converti de Milan, à saint Augustin, qui, à son retour à Thagaste, s’installa avec quelques amis pour pratiquer en commun ce qu’ils ut vu à Milan et à Rome, et qui, une fois devenu ne il Hippone, propagea autour de lui la vie monastique. Cf. dom Leclercq, L’Afrique chrétienne, t. ii, p. 70 sq. Voir t. i, col. 2-27"). Ce que l’on peut affirmer, c’est que les donalistes n’hésitèrent pas à vanter les circoncellions et à les placer bien au-dessus des moines catholiques : étrange manière, en vérité, de faire la concurrence à l’Église, et prétention ridicule d’opposer de tels brigands aux véritables ascètes de la vie monastique. Saint Augustin se contenta d’en sourire. J, i Ps. cxxxii, 3, P. L., t. xxxvii, col. 1730. Ce qu’il a de i es ! que les circoncellions ne sont pas nés

d’une réaction contre le monachisme, car ils ont précédé son apparition en Afrique, et que, luin d’être les modèles de la vie monastique, ils n’en lurent qu’une triste parodie. Voir la Revue d’hisi Louvain, 1902, p. 85-86.

S I m.’i. 9, P. /… t. xi,

col 1003 sq. ; S. u ustin, Hmr., 69, P. /… i. mu.

a l’article ; Valois, D. uni,

dans sod édition de l’Histoit

. 1690 ; Tillemi m. Mémi 1701-1709, I VI, p. 88-98, 187-192 ; Noria, /L

storiu dit. Ballerini, Vérone, 1729 ; Hefele, Hisl.

les divei

tndvugusi fi d, 1857, p M 1-166 ; i l hevalii r, / ;, .

p.917 ; ThummeI, Zur Beurteilung de* Donatit Halle, 1893 ; Von Nathuslus, Zur Charakteriêtih derC

ld, 1900 ; Vôlter, Der Ursprung des itimchtums,

— afr11. t. u. p.’Jin sq. d m Lei ereq, / i 12, i’.u.s, 19’i. Uartn ye, I