Dictionnaire de théologie catholique/AUGUSTIN (Règle de saint)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.2 : APOLINAIRE - AZZONIp. 490-496).

2. AUGUSTIN (Règle de saint). -
I. Monachat et règle de saint Augustin.
II. Chanoines réguliers et prémontrés.
II. Ermites de Saint-Augustin.
IV. Congrégations d’hommes.
V. Congrégations de femmes suivant la règle de saint Augustin.

I. Monachat et règle de saint Augustin.

Saint Augustin fut l’introducteur du monachisme dans l’Afrique romaine. Il l’avait vu fonctionner à Milan et à Rome. Il transforma sa maison patrimoniale de Tagaste (338) en un monastère où Alypius, Évodius et plusieurs de ses amis vécurent sous sa direction. Il en fonda un deuxième à Hippone après son ordination sacerdotale (391). Lorsque les habitants de cette ville l’eurent choisi pour évêque, il fit de sa demeure épiscopale un monastère ou tout le clergé mena avec le pontife une véritable vie religieuse. Voir col. 2275, 2276. L’exemple d’Augustin fut contagieux, des monastères furent fondés dans plusieurs diocèses. Les disciples du saint évêque d’Hippone, appelés au gouvernement des Églises, imposèrent à leur clergé, avec la vie commune, les obligations de la vie monastique. On peut citer Alypius, évêque de Tagaste, Proluturus, de Cirta, Severus, de Milève, Évodius, d’Uzala. Le monastère d’Hadrumète est célèbre dans l’histoire des controverses sur la grâce. C’est pour ses habitants qu’Augustin écrivit son traité De correptione et gratia.

Des vierges et des veuves s’étaient déjà réunies pour suivre ensemble les exercices de la vie religieuse, lorsque saint Augustin fonda le monastère de Tagaste. Son influence contribua beaucoup à augmenter leur nombre. Il y avait à Hippone une de ces communautés de femmes, que gouvernait sa propre sœur. Elles étaient de sa part l’objet d’une constante sollicitude. C’est pour elles qu’il écrivit, en 123, sa fameuse lettre, considérée depuis lors comme une règle. Epist., ccxxi, P. L. t. xxxiii, col. 960-965. Son intention n’était pas de légi férer pour l’ordre monastique, encore moins de fonder un ordre. Il trace simplement à une maison religieuse de son diocèse une ligne de conduite générale, que distinguent une admirable discrétion et une largeur de vue, vraiment dignes de son génie. Cette règle, bien que destinée à des femmes, s’adapte très facilement aux besoins d’un monastère d’hommes. Il n’y a qu’à substituer le genre masculin au genre féminin et à faire un petit nombre de suppressions. Cette adaptation s’est faite à une époque reculée. On la trouve dans la Regula ad servos Dei, que saint Benoît d’Aniane († 821) a publiée dans son Codex regularum, P. L., t. xxxii, col. 1377-1384.

La règle de saint Augustin a exercé une grande influence sur le développement de la discipline monastique en Occident. Saint Césaire d’Arles l’a lue et s’en est servi. L’auteur de la Regula Tarnatensis (vie siècle), P. L., t. lxvi, col. 977-986, lui a emprunté une dizaine de chapitres. Elle figure parmi les sources dans lesquelles saint Benoît a puisé la doctrine de sa règle.

Suivait-on dans les monastères d’hommes, fondés par saint Augustin et par ses disciples, la règle contenue dans son épître ccxxi ? Rien ne permet de l’affirmer. En tous cas, cette lettre, prise isolément, ne donne pas une idée suffisante de l’observance des monastères africains. On ne saurait la considérer comme la règle suivie par eux, dans le sens que ce mot comporte de nos jours. La vie de saint Augustin, écrite par son disciple Possidius, P. L., t. xxxii, col. 33-66, et plusieurs de ses discours, de ses lettres et de ses ouvrages fournissent, sur ce sujet, les renseignements les plus précis. Les sermons ccclv, ccclvi, P. L., t. xxxix, col. 1570-1581, prononcés à l’occasion d’un désordre survenu dans le monastère de sa maison épiscopale, sont du plus haut intérêt pour l’intelligence de la pauvreté monastique et des obligations qu’elle imposait. On y voit que l’évêque d’Hippone exigeait de ses moines une désappropriation complète et définitive. Quelques mauvais moines s’efforçaient d’ériger la paresse en vertu; la loi du travail ne pouvait, d’après eux, se concilier avec l’esprit de prière et de confiance en Dieu. Ces insanités jetaient le trouble dans les monastères. Saint Augustin leur opposa son remarquable traité De opere monachorum, P. L., t. xi, col. 547-582, où son bon sens a facilement raison des sophismes dont ces faux mystiques enveloppaient leurs théories. Il y met dans toute sa lumière la loi du travail pour gagner sa vie qui pèse sur le moine. Voir col. 2301, 2305.

Le monachat de l’évoque d’Hippone a été l’objet de longues et fastidieuses contestations entre les ermites de Saint-Augustin et les chanoines réguliers. Les premiers se prononçaient pour l’affirmative ; les seconds soutenaient l’opinion contraire. Ceux-ci voulaient faire du saint docteur un chanoine régulier, en attendant que certains clercs du xviie siècle le transformassent en supérieur de séminaire ou d’oratoire. Les nombreux ouvrages, écrits au cours de cette polémique (on en peut trouver la liste dans Hélyot, Hist. des ordres monastiques, 1792, t. i, préf., p. xlv, et dans Ulysse Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, Topo-bibliographie, Paris. 1877, art. Augustins, col. 257, et Chanoines, col. 650), pourront fournir à l’histoire littéraire des pages fort curieuses, mais ils ne sont d’aucune utilité pour éclaircir ce point d’histoire. On s’évertuait de part et d’autre de transporter en plein ive siècle des institutions qui ne franchissent pas les limites du moyen age.

Tillemont, Mém. pour servir à l’hist. ecclés. des six premiers siècles de l’Église, 1702, t. xiii ; Hélyot, Hist. des ordres religieux, 1792, t. ii, p. 1-15 : t. iii, p. 1-7 ; Bulteau, Hist. de l’ordre de saint Benoit, t. i. Introd. : Acta sanctorum, 1868, t. vi, p. 245-256 ; dom Besse, Le monachisme africain, 1990.

II. Chanoines réguliers, Prémontrés. Voir Prémontrés

III. Ermites de Saint-Augustin.

1° Constitution et développement de l’ordre.

Plusieurs congrégations érémitiques avaient embrassé, dans le cours des xiie et xiiie siècles, la règle de saint Augustin. Voir Anachorètes, col. 1137. La diversité de leurs observances engendrait de la confusion. Pour y remédier, le pape Alexandre IV entreprit de les réunir dans un seul ordre (1254), qui prit le nom d’Ermites de Saint-Augustin. Le cardinal Richard de Saint-Ange convoqua tous les supérieurs de ces congrégations à Rorne, où ils tinrent, sous sa présidence, un chapitre général (1256). Ils élurent un supérieur général et distribuèrent leurs couvents en quatre provinces. Le pape les exempta l’année suivante de la juridiction épiscopale. Rome leur a donné de nombreux privilèges. Pie V les mit au nombre des ordres mendiants à la suite des carmes (1567). Alexandre VI les confirma dans la possession de la charge de sacristains de la chapelle pontificale (1497) qu’ils avaient depuis la fin du xiiie siècle.

La règle de saint Augustin, où sont posés les principes fondamentaux de la vie religieuse, ne permettait guère d’organiser les couvents et encore moins l’ordre. Il fallut la compléter par des constitutions, qui furent approuvées par les chapitres généraux de Florence (1287) et de Ratisbonne (1290).

Cet ordre prit en Europe une grande extension. Il compta, à l’apogée de son développement, environ 30000 religieux, répandus dans 2000 couvents, groupés en 42 provinces. Le xive siècle, qui fut le témoin de tant de décadences, vit le relâchement de la discipline s’introduire dans ce vaste corps. Sur plusieurs points et à diverses époques surgirent des hommes de Dieu qui voulurent y porter remède en établissant des réformes. Elles ne se firent pas sous la même impulsion. De là des divergences importantes. Les maisons qui acceptèrent les statuts de chacune de ces réformes se groupèrent en congrégations, ayant à leur tête un vicaire général qui les gouvernait sous l’autorité du supérieur général. L’ensemble de ces congrégations porta le nom commun d’observance régulière. Voici la liste des plus connues : celle d’Illiceto, fondée par le P. Ptolémée de Venise, supérieur général (élu en 1385), dans le voisinage de Sienne, compta 12 couvents ; celle de Carbonnière, dans le royaume de Naples (vers 1400), avec 14 couvents ; celle de Pérouse, fondée par le général Augustin de Rome (4419), eut 11 maisons ; celle de Lombardie, de beaucoup la plus nombreuse (1430), eut 56 couvents, le plus connu était celui de Notre-Dame de Brou, diocèse de Belley ; celle de Monte-Ortino, fondée par Simon de Camerino (1436), eut au moins 6 maisons ; celles de Notre-Dame-de-Consolation de Gênes (1470) avec 31 couvents, de la Pouille (1592) avec 11, de Calabre (1507) avec 40, de Dalmatie (1510) avec 11, de Colonto en Calabre (1530) avec 11, de Centorbi ou des Réformés de Sicile (1590) avec 17. La Congrégation sicilienne del Bosco, qui ne compte que 3 maisons, a été fondée en 1818 par Salvator Cacumus, confesseur du roi Ferdinand IV et évêque de Larisse.

Réformes.

La réforme fut introduite en Espagne par le P. Jean d’Alarcon, qui fonda un couvent à cet effet dans la Vieille-Castille (1430), Elle lut adoptée, en 1505, par tous les couvents du royaume de Castille, qui furent distribués en quatre provinces : Tolède, Salamanque, Burgos et Séville. A la demande du roi de Portugal, Jean III, Louis de Montoya (y 1532) entreprit la réforme des couvents de ce pays. Un de ses disciples, Thomas de Jésus († 1578), compléta son œuvre en introduisant une observance plus austère que celle pratiquée jusque-là dans son ordre. Ceux qui l’embrassaient allaient pieds nus, ce qui leur fit donner le nom d’Augustins déchaussés. On leur a encore donné celui de recollets. Cette réforme fut introduite en Espagne (1588) avec l’autorisation de Philippe II, dans le couvent de Talavera. Le P. Louis de Léon écrivit les constitutions que membres devraient suivre (1589); elles furent confirmées par Clément VIII (1598). Cette congrégation prit, à partir de 1601, un rapide développement en Espagne, dans les Indes occidentales et aux Philippines ; elle pénétra jusqu’au Japon (1603). Introduite à Naples, en 1592, elle se répandit tellement en Italie qu’Urbain VIII put distribuer ses couvents en quatre provinces. Elle passa en Allemagne (1626). D’Italie, cette réforme fut portée en France par les pères François Amet et Mathieu de Sainte-Françoise, ancien prieur du couvent de Verdun (1596). Les maisons qui l’embrassèrent, furent distribuées en trois provinces. L’observant augustins déchaussés espagnols était plus rigoureuse que celle de leurs frères de France et d’Italie.

En 1493, Simon Lindmer et André Prolès réunirent les principaux couvents de l’Allemagne et douze couvents bavarois dans une congrégation réformée, qui prit le nom de congrégation de Saxe. Le chapitre général de Nuremberg rédigea ses constitutions ; Jules II l’exempta de la juridiction du supérieur général (1503).

Les pères Etienne Rabache et Roger Girard ramenèrent le couvent de Bourges a la pratique littérale des premières constitutions de l’ordre (1593). Une vingtaine de couvents suivirent cet exemple. Ils formèrent la province réformée de Saint-Guillaume de Rourges. On les connaissait sous le nom plus populaire de petits-augustins.

Etat actuel.

La Révolution française et la sécularisation, qui en a été la suite, ont supprimé les couvents de cet ordre en France, dans une grande partie de l’Allemagne et de l’Italie. Ceux d’Espagne ont eu le même sort à l’époque de l’exclaustration (1835). Il en fut de même au Portugal. Ceux du Mexique (1860), de la Pologne (1864) et du Hanovre (1875) ont également disparu. L’ordre a pu se rétablir en Espagne où ses belles missions des Philippines ont été pour lui la cause d’une grande prospérité. Sa situation est bien compromise depuis que l’Espagne a perdu cette colonie. Les augustins existent encore en Italie, à Malte, en Angleterre, en Irlande, en Belgique, en Hollande, dans l’Allemagne du nord et du sud, en Amérique. Ils ont 100 maisons distribuées en 27 provinces. La congrégation fondée en France par le P. d’Alzon, sous le nom d’augustins de l’Assomption, et qui avait sa maison mère à Paris, 8, rue François-Ier, se rattache à l’ordre des ermites de Saint-Augustin.

Saints. Activité apostolique et intellectuelle. Personnages célèbres.

Cette famille religieuse a fourni à l’Église un certain nombre de saints, entre autres saint Nicolas de Florentino (1306), saint Jean de Saint-Facundo (1479), et saint Thomas de Villeneuve (1555), et de martyrs. Maigret a publié le Martyrologium augustinianum, Anvers, 1525. De nombreux évêques sont sortis de son sein. Pius Keller a donné la liste de ceux qui sont originaires d’Allemagne, Index episcoporum ord. erem. S. Aug. Germanorum, 1870.

Depuis le xvie siècle, les augustins ont déployé une grande activité apostolique. Les augustins déchaussés ont évangélisé les Philipines, le Japon, les Indes Occidentales et Orientales ; les ermites de Saint-Augustin, le Mexique et le Venezuela ; ils ont rivalisé de zèle avec les jésuites et les franciscains en Chine et en Australie. De nos jours, ils ont des missions aux Philippines, au Mexique, au Pérou, au Japon, en Chine, dans l’Hindoustan et en Australie. Le collège romain des augustins irlandais envoie des apôtres en Irlande, en Angleterre et en Australie. Les missions des augustins de l’Assomption en Bulgarie, à Constantinople et Jérusalem sont prospères.

L’activité intellectuelle des augustins s’est exercée dans les diverses branches des sciences divines et humaines. Pendant que les uns donnaient un enseignement oral dans des universités on dans les écoles de l’ordre, d’autres servaient l’Église par leur écrits. Ils ont eu en théologie une école dite de Saint-Augustin, dont les membres étaient connu sous le nom de jurante in verba S. Augustini. Ses principaux représentants sont, après son fondateur, le général Gilles Colonna, qui avait été disciple de saint Thomas d’Aquin, Thomas de Strasbourg († 1357), Grégoire de Rimini († 1358), Augustin Gibbon († 1676), Noris (1701) et Berti (1766), Italiens pour la plupart. Voir Augustinianisme.

Voici les noms de quelques-uns des augustins les plus célèbres en Italie. Jacques de Viterbi surnomme doctor speculativus ; Gilles Colonna († 1316) doctor fundatissimus ; Albert de Padoue († 1323 ou 1328); Alexandre de Saint-Elpideo (+ 1325), évêque d’Amalfi, qui appuya fortement Jean XXII dans sa lutte contre Louis de Bavière; Grégoire de Rimini (1358); Barthélémy d Urbino († 1350), qui défendit l’autorité pontificale contre les témérités de Marsile de Padoue et de Guillaume Occam ; le cardinal Alexandre Oliva († 1463), légat du pape au concile de Constance ; le cardinal Seripando († 1563), qui remplit les mêmes fonctions au concile de Trente ; Louis Alberti († 1628), célèbre professeur de l’université de Padoue; Panvini († 1568), trés versé dans la connaissance de l’histoire de son ordre et l’un des premiers qui aient attaqué les centuriateurs de Magdebourg ; Lancillot († 1643), écrivain ascétique distingué ; Lupus († 1681), dont les travaux sur l’histoire des conciles font autorité ; le cardinal Noris († 1704), rangé parmi les meilleurs érudits de son époque; Cavalieri de Bergami († 1757), liturgiste distingué; Berti († 1766), professeur à l’université de Pise et auteur d’une excellente théologie dogmatique.

En Espagne et Portugal : Gaspar Casai († 1587) et François du Christ († 1587), professeurs l’un et l’autre à l’université de Coïmbre, le premier se fit remarquer au concile de Trente ; Gonzalès de Mendoza († 1591), professeur à l’université de Salamanque, ainsi que Pierre d’Aragon († 1595) et Jean Marquez († 1621); saint Thomas de Villeneuve, orateur, écrivain ascétique et bon exégète; Thomas de Jésus († 1588) Louis de Léon († 1591), écrivains mystiques des plus estimés ; Florez († 1773), dont la Spaña sagrada fait autorité parmi les érudits.

En France : Augustin Trionfo († 1328). célèbre professeur de l’université de Paris, et Aymeric Augier, de Bourges (xive siècle); Simon Baringue († 1373); Lubin († 1695) et de Commanville qui rendirent ensemble de grands services à la géographie ecclésiastique.

En Allemagne : Henri de Weimar (vers 1340) ; Thomas de Strasbourg († 1357), qui a commenté le Maitre des Sentences ; Jean Klenkoch († 1481), qui a laissé aussi des commentaires de Pierre Lombard, de saint Matthieu et des Actes des Apôtres ; Jean Zaccharia († 1374) professeur éminent de l’université d’Erfurt, qui combattit avec grand succès, au concile de Constance, erreurs de Jean Huss; Jordan de Quedlinbourg (vers 1380), Jean de Dorsten († 1481) et Barthélémy Arnoldi († 1532), professeurs eux aussi à l’université d’Erfurt ; Gélase Hieber († 1731), dont les prédications firent à Munich de nombreuses conversions parmi les protestants ; Abraham de Sainte-Claire († 1709), dont l’éloquence édifia profondément la cour impériale de Vienne ; Klupfel († 1811), professeur estimé de l’université de Fribourg. Un augustin allemand fit à son ordre une triste réputation, pendant la première moitié du xvie siècle ; ce fut l’hérésiarque Martin Luther. Son exemple provoqua parmi ses confrères de nombreuses apostasies, entre autres celles de Wolfang Cappelmair († 1531), prieur de Munich, de Conrad Treyer († 1542), qui avait rempli les fonctions de provincial, d’André Siegfried († 1562), prieur de Wurzbourg, qui se firent tous les propagateurs de la nouvelle hérésie. A la fin du xixe siècle, l’ordre des augustins continue ses traditions littéraires et scientifiques. On peut citer les noms de l’orientaliste cardinal Augustin Ciasca († 1902), qui a publié : Sacrorum Bibliorum fragmenta coptosahidica musei Borgiani, Rome, 1885, 1889, et une version arabe du Diatessaron de Tatien, 1888 ; le P. Fernandez, auteur d’un cours de théologie ; Mgr Camara, évêque de Salamanque, l’un des orateurs les plus goûtés de l’Espagne, le P. Lopez, le P. Guillaume Rugamer, qui a publié une monographie de Léonce de Byzance. les PP. Tardy, Giorgi, Keller, etc. En Espagne, les augustins, chargés de la direction du collège royal de l’Escorial, exercent une réelle influence sur le développement des études ; ils publient une revue mensuelle La Ciudad de Dios. Quelques-uns de leurs confrères, qui évangélisent les Philippines, ont beaucoup contribué aux progrès de l’histoire naturelle dans ces îles. Les augustins de l’Assomption en France s’occupaient plus particulièrement de la bonne presse ; ils publiaient le journal La croix ; ils continuent à publier le Pèlerin, le Cosmos, les Échos d’Orient, les Questions actuelles, le Mois pittoresque et littéraire, avec l’aide de nombreux collaborateurs. Réfugiés à Louvain, ils ont fondé, en 1902, la Revue augustinienne. Les PP. Bouvy et Germer Durand s’occupent de l’histoire des Eglises orientales ; le P. Drochon dirigeait une publication de monographies contemporaines qui est continuée depuis sa mort. Plusieurs religieux des maisons de Constantinople sont nos collaborateurs. Le pèlerinage national annuel de Lourdes et le pèlerinage de pénitence à Jérusalem sont dus à l’initiative de ces religieux.

Les augustins ont, à l’imitation des franciscains, établi un tiers-ordre, que Boniface IX a approuvé pour les femmes (1400) et Paul II pour les hommes (1470).

Panvinius, Chronica S. Augustini ordinis per seriem digesta, Rome, 1510 ; Pamphilius, Chronica ordinis fratrum eremitarum S. Augustini, Rome, 1681 ; Curtius, Elogia virorum illustrium ex ordine eremitarum S. Augustini, Anvers, 1658 ; Gandulfus, Dissertatio historica de ducentis augustiniania scriptoribus, Rome, 1740 ; Hélyot, Hist. des ordres religieux, 1722, t. iii, p. 7-60 ; Th. Kolde, Die deutsche Augustinen Kongregation und J. v. Staupitz, Gotha, 1879 ; Heimbucher, Die Orden und Kongregationen…, 1896, t. i, p. 443-463.

IV. Congrégations d’hommes.

Depuis la fin du xiiie siècle, un grand nombre de familles religieuses, ayant à choisir entre les quatre grandes règles approuvées par Rome, ont adopté celle de saint Augustin. Plusieurs ordres militaires l’avaient déjà prise pour base de leur législation. Les chevaliers de Saint-Jean, de Jérusalem ou de Malte, d’Aubrac, les chevaliers de l’ordre Teutonique, et après eux, ceux de la Foi de Jésus-Christ, de la Croix de Jésus-Christ, de Notre-Dame de la Victoire. Voir Militaires (Ordres). Il en est de même des Frères prêcheurs ou dominicains. Voir Frères prêcheurs.

I. TRINITAIRES.

Cet ordre fut fondé par saint Jean de Matha et saint Félix de Valois à Cerfroi dans le diocèse de Meaux (1198) sous le nom d’ordre de la Trinité ou de la Rédemption des captifs. Innocent III lui donna son approbation. Le but principal de ses membres était de se consacrer au rachat des chrétiens que les Maures avaient réduits en esclavage. Ils ont ajouté à la règle de saint Augustin des constitutions très sévéres, qu’il a fallu mitiger dans la suite (1207). ordre eut une rapide extension. La maison de Paris placée sous le vocable de saint Mathurin, valut membres le surnom de Mathurins. Ils eurent bientôt des couvents nombreux en France, à Rome, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Irlande, en Espagne où ils devinrent florissants et d’où ils passèrent en Amérique. Les Trinitaires ont eu jusqu’à 250 couvents distribués en 17 provinces, Julien de Nantonville et Claude Aleph entreprirent en France une réforme de cet ordre à la fin du xie siècle. Le P. Jean-Baptiste de la Conception établit en Espagne une réforme plus austère que l’observance primitive (1594), celle des Trinitaires déchaussés, qui s’étendit hors de la péninsule et compta quatre provinces. L’ordre de la Trinité n’a jamais pu réparer les pertes que lui ont fait subir la Révolution française et les persécutions qu’elle provoqua en Europe. Il lui reste encore quelques maisons peu nombreuses en Italie, en Espagne et dans l’Amérique du Sud. Son général s’est offert au souverain pontife pour se vouer avec ses frères à l’œuvre anti-esclavagiste (1894). Les services rendus à l’humanité par les trinitaires leur ont valu les éloges les plus mérités, même de la part de Voltaire. En 1200, c’est-à-dire deux années après leur fondation, ils avaient délivré 186 captifs. Le nombre des esclaves rendus par eux à la liberté s’élève à 900000.

Emelin, Die Litteratur zur Gesehichte der Orden SS. Trinitatis und B. Marix de mercede redemptionis captivorum, Karlsruhe, 1890 ; Bonaventura Baro, Annales ord. SS. Trinitatis, Rome, 1684 ; Antonio dell’Assumptione, Arbor chronologica ordinis excalceatorum SS. Trin., Rome, 1894.

II. ORDRE DE NOTRE-DAME DE LA MERCI OU DES MERCÉDAIRES.

Cet ordre poursuivait le même but que celui de la Sainte-Trinité. Il eut pour fondateur saint Pierre Nolasque (1223) ; Grégoire IX le confirma en 1235. Saint Raymond de Pennafort rédigea ses constitutions. Les membres de cet ordre faisaient le vœu de se donner eux-mêmes en captivité pour délivrer un esclave, dont le salut était en péril. A l’œuvre du rachat des esclaves, ils ont ajouté le service spirituel des galères et l’évangélisation des païens, spécialement dans l’Amérique du Sud. Au début, cet ordre, qui était surtout militaire, se recrutait principalement dans la noblesse ; il se composait de chevaliers, de prêtres et de frères. Les sept premiers généraux furent chevaliers. Lorsque Jean XXII (1317) voulut que cette charge fût remplie par un prêtre, les chevaliers quittèrent l’ordre pour s’unir aux chevaliers de Montesa. Les religieux de la Merci se sont répandus en Espagne (3 provinces) et en France (1 province). Christophe Colomb les emmena en Amérique, où ils se développèrent beaucoup plus qu’en Europe. Ils y forment, en ce moment, 4 provinces avec plus de 400 religieux. Le P. Jean du Saint-Sacrement établit la réforme des mercédaires déchaussés, confirmée par Clément VIII (1603), qui eut une province en Espagne et une en Sicile. L’ordre de la Merci avait des tertiaires. Il a fourni à l’Église quelques cardinaux : saint Raymond Nonnat († 1210) est le plus connu ; plusieurs évêques, parmi lesquels saint Pierre Paschal, évêque de Jaen († 1300), mérite d’être cité, et un certain nombre d’écrivains : François Salazar, Bernard de Vergas, Mérino, Salmeron, etc. Quelques-uns de ses membres ont été martyrisés par les musulmans ; 315 ont péri pendant les guerres de religion.

Bern. de Vargas, Chronica sacri et militaris ord. B. M. de mercede. Palerme, 1619 ; Gari y Siumell, Bibliotheca mercedaria, Barcelone, 1875.

III. SERVITES.

L’ordre des servîtes fut fondé, en 1233, sur le mont Senario près de Florence par les saints Bonfiglio Monaldi, Bonagiunta Munetti, Amideo Amidei, Munetto dell’Antella, Uguccione, Sostegni et Alexis Falconieri, canonisés par Léon XIII (1888). Alexandre IV l’a confirmé (1255). Le cinquième général, saint Philippe Beniti († 1285), lui donna des constitutions ; ce fut sous son gouvernement que l’ordre se développa. Il comptait 10000 religieux en 1310. Martin V leur a donné les privilèges des ordres mendiants. Antoine de Sienne établit la réforme des servîtes de l’observance (1411) et Bernardin de Ricciolini celle des ermites du même ordre (1543). Les servîtes ont eu parmi eux un certain nombre d’écrivains : Sarpi († 1623), l’historien si connu du concile de Trente ; le mathématicien Ferrari († 1626), qui enseigna longtemps à l’université de Padoue ; les deux frères Maracci († 1675 et 1700); un autre Maracci († 1732), orientaliste distingué; Canali auteur d’un traité Des sacramentis, Venise, 1734 ; le numismate Tomini († 1884). Les servites ont aujourd’hui trente couvents en Italie, en Allemagne et en Hongrie. Ils envoient des missionnaires en Arabie.

Les ermites de l’ordre de Saint-Paul. Voir Anachorètes. col. 1137.

Arch. Glanli, Annales sacri ord. servorum B. M. V., Lucques, 1719-1723 ; Hist. de l’ordre des servites de Marie et des bienh. fondateurs, 2 vol., Paris, 1886 ; Maria Merkel, Speculum virtutis et scientiæ sive viri illustres ordinis servorum, Nuremberg, 1748.

IV. RELIGEUX HOSPITALIERS. En cours

Les innombrables hôpitaux et maisons-Dieu, fondés en Europe dans le cours du moyen âge, étaient desservis par des religieux hospitaliers, qui, pour la plupart, se rattachaient à la règle de saint Augustin. Quelques-unes de ces familles religieuses étaient réunies en congrégations ; les autres étaient isolées. Léon le Grand, Les maisons-Dieu, dans la Revue des questions hist., 1896, t. i.x, p. 95-134 ; 1898, t. LXIII, p. 99-147. Les hospitaliers de l’ordre du Saint-Esprit desservaient l’hôpital fondé par Cuv de Montpellier dans cette trille, à la fin du xiie siècle ; innocent 1Il leur donna l’hôpital romain du Saint-Esprit (1204) ; ils en acquirent plusieurs autres ; il y avait parmi eux des prêtres et des laïcs. — Les religieux, qui desservaient l’hôpital siennois de N.-D. délia Scala, fondé par le 1 !. Soror (f898), virent leurs règlements approuvés par Célestinlll (1194) ; on les appela dans plusieurs hôpitaux d’Italie. — Les alexiens ou cellites, fondés en Flandre, vers le milieu du xiv » siècle, pendant la peste noire, soignaient les malades dans les hôpitaux et à domicile ; ils furent assez nombreux pour former quatre provinces ; il leur reste encore quelques maisons. — Les frères de la charité, fondés par saint Jean de Dieu à Grenade (1540), confirmés par Pie V (1572) et par Paul V (1617) et admis par Urbain VIII (1624) à participer aux privilèges des ordres mendiants, se répandirent en Espagne, en Italie, en France et en Allemagne. — Les frères de la charité de Saint-Hippolyte, fondés auprès de Mexico par Bernardin Aloares, vers 1585, s’unirent à eux. Cette Camille religieuse possède aujourd’hui 120 maisons, distribuées en Il provinces, soumises à l’autorité d’un supérieur général, qui réside à Rome. — Pierre de Bethencourt (fl667) établit à Guatemala (Amérique centrale ) un hospice et une congrégation voués aux soins des infirmes et à l’instruction des enfants du peuple. Ses membres portent le nom de Bethléltémites. Chinent les a approuvés (1672), et Innocent XI leur a donné la règle de saint Augustin. Ils avaient des maisons au Mexique, au Pérou et dans les il, .s Canaries. — Les clercs réguliers pour / « service des infirmes, fondés par saint Camille de Lellis en 1584, suivent la règle de saint Augustin.

V. ADTRBS CONGRÉGATIONS.

Voici les noms de

quelques autres congrégations d’hommes soumises a la même règle. Les frères pontifes, fondés au misiècle dans le midi de la France, par saint Bénézet, avaient des hôpitaux près des endroits où les voyageurs traversaient les fleuves, Ils organisaient des hacs ; ils construisaient (hponts, on |, ur doit ceux d’Avignon et du Saint-Esprit sur le Rhône, et de Bompas sur la Hiirance. Cnie congrégation disparut au xrv » siècle. — Les religieux de la Pénitence de Jésus-Christ ou sachets, appelés encore bonshommes (xme siècle). — L’ordre de VArtige,

fondé dans |, . diocèse de Limoges au XIIe siècle, et qui

disparut au commencement du xv. — Les hiéronymites, qui comprenaient quatre congrégations distinctes : I" Les ermites espagnols de Saint-Jérôme, fondés i n 1367, par Pierre Fernand Pochade Guadalajara ; i I qui s’occupèrent beaucoup d’études et d’apostolal et fan m employés avec succès parXiménès a l’évangélisation des

Indiens. 11^ ont joué < n Espagne un rôle important. ut. qui mourut dans un couvent deleur ordre a SainWuat (1556 ! Philippe II. qui leur fit : I Escurial, furent pour eux det protecfa urs puis* Cite congrégation a complètement disparu -n i--’Le* hiéronymites jrégation du bienfu Pierre < ! < Pise, fondés en 1372, eurent 2 | rinces 'i ti> couvents en Italie. Il > eut parmi eux des hommes de doctrine et de vertu. 3° Le* nymitet de l’observance ou de Lomba fut

d’abord une réforme espagnole de l’ordre introduite par

de Olmédo en 1424. Les sept couvents, qu’ils avaient en Espagne, se réunirent aux anciens hiéronymites en 1595. Ils m. ni I n Italie dix-s.-pl maisons, qui formèrent une congrégation indépendante. 4 Lesvitfronymites de la congrégati Fiesole, fondés par

Charles de Montgramlli y 1117. comptèrent jusqu’à

40 couvents. Le nombre des religieux avant considérablement diminué, Clément IX supprima leur congrégation et les soumit à celle du H. Pierre de Pi* a clercs apostoliques de SaisUnJér eurent pour fondateur hH..ban Colombini (1360). Ils menaient une vie très pénitente, soignaient hmais spécialement les pestifén -.. t ensevelissaient les n Leur congrégation, assez répandue en Italie, fonda un couvent à Toulouse (1425). Comme elle était en pleine décadence, dénient IX la supprima 1668). — Les frères de Saint-Ambroise réunis en congrégation ; de Milan sous Eugène IV liil disparurent dancourant du xviie siècle. — Les frères des apôtres furent soumis à la règle de saint Augustin par Innocent VIII en 1484 ; ils s’unirent aux barnabites en 1Ô89. — En Allemagne pendant le XIV » siècle, un grand nombre de pieux laïcs embrassèrent. auguslinienne. la

vie commune et prirent le nom de pauvres volontaires. Leurs diverses maisons se réunirent en une ( tion, qui disparut à l’époque de la Réforme. — Les ], iaristes, fondés par saint Joseph Calasanz (1597) pour instruire les enfants pauvres [Clerici régulâtes paup matris Dei tcholarum piarum. se r. pandirent surtout en Espagne, en Italie et en Autriche ou ils s’occupèrent aussi d’enseignement supérieur. Ils ont eu quelques bons théologiens et des professeurs émérites. Cette congrégation se compose aujourd’hui de i provim Espagne-Italie. Hongrie. Bohême et Autriche ; c’est dans cette dernière contrée qu’elle a le plus grand nombre de religieux et qu’elle exerce le plus d’influence.

V. Congrégations de femmes.

1° Congrégat

de femmes répondant aux congrégations d’/ioio indiquées plus haut. — La plupart des congrégations d’hommes énumérées plus haut avaient ou ont encore des religieuses dans leur sein. Les sirurs ermites de Saint-Augustin n’étaient pas soumises a l’autorité du général de l’ordre ; leurs couvents étaient placés sous la juridiction de l’ordinaire. Voici le nom de quelq uns d, s plus connus : Liège, ou vécut sainte Julienne y 1258) ; Montefalco, en Italie, où se sanctifia sainte Claire de la Croix (fl308) ; Venise, qui remonte à la fin du xii’siècle ; Dordrecht, en Hollande, fondé en lo’Jti ; lournai, fondé par Pierre de Champeau (1424 ; Saint-André

mbrai (1249), Naples, H. mie. Quelques-unes di religieuses soignaient les malades dans les hôpitaux-Catherine Emmerich y 1824) appartenait au couvent de Dulmen. — Les augustines déchaussées et les récoU icttes en Espagne (xviie siècle). — Les trinita chaussées, fondées par Françoise de Romero (1612). — Antoine Velasco fonda a Séville les religieuses de la merci, qui furent approuvées par saint 1 S). —

ues services, qui remontent a saint Philippe l.r niii. se sont surtout répandues en Italie, en Flandre et en Allemagne ; il ne faut pas i, -s confondre avec les sœurs du I’0. des servîtes ou mantellates, fondées par sainte Julienne Falconieri ({ loil et organisées par le même saint Philippe. Elles ont en Autriche 18 couvents et plus de 300 religieuses. — Les alexiennes ou cellitines, répandues en Belgique et en Allemagne, soignent les malades dans les hôpitaux et à domicile. — Les hiéronimitines turent établies à Tolède par Marie Garcias († 1426). — Les sœurs jésuates, fondées par Catherine Colombini de Sienne († 1387), subsistaient en Italie à l’état de congrégation en 1872. Citons encore les sœurs hospitalières du Saint-Esprit, les petites sœurs et les oblates de l’Assomption. Les sœurs de la Compassion, dont la maison-mère est à Saint-Firmin (Meurtheet-Moselle), suivent la règle des servites.

Religieuses hospitalières.

Les religieuses hospitalières,

soumises à la règle de saint Augustin, et attachées au service des hôpitaux furent très nombreuses pendant tout le moyen âge dans l’Europe occidentale. Les frères hospitaliers disparurent assez vite, tandis qu’elles se sont conservées beaucoup plus longtemps. Les religieuses de l’Hôtel-Dicu de Paris, qui remontent aux premières années du xiiie siècle, sont les plus connues. — Etienne Haudry, secrétaire de saint Louis, fonda les sœurs haudryettes ou filles de l’assomplion de N. D. — Il s’est établi dans le courant du xviie et du xviiie siècle des congrégations de femmes, vouées au soin des malades, qui se rattachent à la règle de saint Augustin : les sœurs de la charité chrétienne, fondées, à Paris, par Françoise de Sainte-Croix (1621) ; les hospitalières de Saint-Joseph, de la charité chrétienne de Grenoble (1079), de Besançon (1685), de Pontarlier (1687), d’Ernemont (1729), de Loches, fondées par Susanne Dubois (1621) ; les filles du Verbe incarné, fondées à Lyon (1625) par Jeanne Chezard de Matel ; les hospitalières de la miséricorde de Jésus, fondées à Dieppe ( 1630) et rétablies au commencement du xixe siècle. Les hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche, fondées en 16î2 par Marie de La Fare, transplantées à Montréal (1659), ont 8 maisons dans l’Amérique du Nord. Les dames de Saint-Thomas de Villeneuve, fondées par le P. Le Proust (augustin) et Louis Chaboisseau à Lamballe (Côtes-du-Nord) en 1660, sont encore répandues en France. Les sœurs de Saint-Paul furent fondées par M rae du Parc de Lezerdot (1699). Les so’urs maristes lurent fondées à Lyon (1823). Les sœurs de l’union des Sacrés-Cœurs furent fondées en 1828 par le P. Debrabant. Les sœurs du Pauvre Enfant Jésus furent fonfondées à Aix-la-Chapelle (1813). Les servantes du T. S. Cœur de Jésus, fondées à Paris, par un prêtre lorrain (1866), sont répandues en France, en Autriche et en Angleterre. Les sœurs de Saint-Jean de Dieu ont été fondées en Irlande par l’évêque Furlong (1871), etc. Plusieurs de ces congrégations s’occupent encore de l’éducation des jeunes lilles.

Drigillaines.

D’autres congrégations à but très

varié ont adopté la même règle. Les brigi Haines, fondées par sainte Brigitte de Suède († 1373). Chacune de leurs maisons se composait de 60 religieuses, gouvernées par une abbesse, qui avait sous ses ordres dans un monastère séparé de celui des femmes 13 prêtres, 4 diacres et 8 frères lais. Leurs constitutions furent approuvées par Urbain V (1370) et Urbain VI (1375). Cette famille religieuse, connue encore sous le nom d’ordre du Sau, n’avait que des monastères doubles. Elle se répandu en Suéde, en Norvège, en Flandre, en Prusse, en Pologne et en Russie. Klle compta 10 couvents en Alleie, 1 en Angleterre ; il y en eut quelques-uns en France et en Italie. Au moment de toute sa splendeur,

cet ordre compta 79 maison’- ; celui de Wadstën, fondé par sainte Brigitte, resta le plus célèbre. Le protestantisme l’anéanlil presque complètement, Il j avail i n< un monastère double à Altmunster (Bavière), qui disparut en 1803. Il subsiste 12 maisons de brigittaines. r 1 Ursulines. — Les ursulines furent fondées à Brescia (1535 ; par sainte Angèle de Mérici iy 1340) dans le but

de donner aux jeunes filles une éducation chrétienne. Rome les approuva en 1544. Cette famille religieuse, qui observe la clôture, se développa rapidement en Italie grâce à la protection de saint Charles Borromée. A la mort du saint archevêque, elle comptait dans le seul diocèse de Milan 18 maisons et 600 religieuses. Le premier couvent d’ursulines françaises fut établi, en 1591, dans le Comtat Venaissin, d’où elles se répandirent dans tout le royaume. Elles y formèrent plusieurs congrégations dont quelques-unes devinrent tort importantes ; celle de Paris eut 80 maisons ; celle de Lyon, 100 ; celle de Bordeaux, 89 ; celle de Toulouse en avait 26 en 1677. Il y eut encore celles de Dijon, de Tulle, d’Arles. La congrégation des ursulines de Jésus, dite de Chavagne, a été fondée dans le diocèse du Luçon en 1805. Celle de Troyes est encore une tondation du xixe siècle. Les ursulines eurent de bonne heure des couvents en Allemagne. Elles pénétrèrent aux États-Unis en 1727. A l’époque de leur plus grande prospérité, leur nombre s’élevait à plus de 15 000 ; elles formaient 20 congrégations, composées de 330 maisons. Très répandue de nos jours, surtout en France (1 10 couvents), cette famille religieuse, si l’on tient compte des tertiaires italiennes et suisses de Sainte-Ursule, possède 240 couvents ou pensionnats, où vivent 4500 sœurs.

Postel, Hist. de sainte Anrjèle de Mérici et de tout l’ordre des ursulines, 2 vol., Paris, 1878.

5° Angéliques, annonciades, visitandines. — Les angéliques ou guaslallines, qui existent encore de nos jours, furent établies en 1536 par Louise Torclli (fl559), comtesse de Guastallo, près Parme, pour s’occuper de l’éducation des jeunes filles. Les annonciades françaises, qui eurent pour fondatrice (1500) sainte Jeanne de Valois († 1505), se répandirent en France et dans les Payslias, où elles possédèrent 40 couvents. Elles n’ont plus que 2 maisons à Malines et à Bruges ; les autres ont disparu pendant la Révolution française. Elles élèvent des jeunes filles pauvres. La B. Marie Victoire Fornari († 1617) a fondé à Cènes une congrégation du même nom, qui a compté 50 couvents en Italie, en France et en Danemark. Il lui en reste deux en France et un petit nombre en Italie. Les visitandines, fondées en 1610 à Annecy par saint François de Sales et sainte Jeanne-Françoise de Chantai, adoptèrent la règle de saint Augustin en 1618. La plupart de leurs maisons élèvent des jeunes filles. A la mort de leur fondatrice, elles avaient 87 couvents répandus en France et en Savoie. Leur nombre était de 200 avant la Révolution française. Il est aujourd’hui de 120. C’est en France qu’elles sont le plus nombreuses. Bien que soumises à une règle commune, leurs maisons ne forment pas une congrégation unie. La B. Marguerite-Marie Alacoque (fl690) qui reçut à Paray-le-Monial les révélations du Sacré-Cœur ; et les mères Anne-Magdeleine Rémusat et Marie de Sales Chappnis, dans ce siècle, sont les visitandines les plus connues.

6° Congrégations vouées à l’éducation des jeunes filles. — Plusieurs autres congrégations, vouées à l’éducation des jeunes lilles, ont adopté la règle de saint Augustin. Les sœurs de la Présentation, fondées dans le diocèse de Senlis (1627) par Catherine Dreux et Marie de la Croix, répandues en France et dans les Pays-Bas, qui ont disparu pendant la Révolution. Les sieurs de N. D. de lu miséricorde, fondées à Aix-en-Provence (1633),

pour l’éducation des jeunes filles pauvres de la noblesse par l’oratorien Antoine Y van et la mère Mirie-Magdcleine de la Trinité. Les hospitalières de Saint-Joseph de Bordeaux, fondées en 1638 pour recueillir les jeunes orphelines. La congrégation de Saint-Joseph de La Rochelle (1672). Les sieurs de Saint-Louis, établie i Saint-Cyr par M, in de Maintenon (1684). Les soeurs du Très-Saint-Sacrement (1715). Les sœurs irlandaises de la Présentation (1756 i de la Compassion de A D., fondées h Toulouse par la unir Gaborit (1790), répandues en i rance et en Italie. Les sœurs <ie Sainte-Croix, fondées à Liège par le curé llabets (1833), Les victime » du Sacré-Coeur de Jésus, fondées a Toui le chanoine Pasquier 1 1834, tnènent la de contemplative. Ajoutons les sœurs de N.-D. de Sion, fondées en (843 par le P. Ratisbonne, el les dames de l’Assomption, dont la maison-mère est a Paris-Àuteuil, fondées par la mère Eugénie.

Congrégations vouées à la conversion et à la "création des filles repenties.

Plusieurs congrégations religieuses, placées sous la règle de saint Augustin, travaillent à la conversion et à la préservation des filles repenties. Des communautés de femmes, connues sous le nom d’ordre de la Magdeleine, se dévouaient à cri apostolat, en Allemagne, dès le xiii 1 siècle. Elles étaient soumises à des religieux du même ordre. <>n les h plus tanl en Belgique, en France, en Italie, en Espagne < t en Portugal, in certain Bertrand fonda une maison de cegenre à Marseille en 1-277 ; il v en eut aussi à Napli s (1324), à Paris (1492). Le P. Athanase Mole, capucin. frère du procureur général du parlement, fonda à Paris. en 1618, le monastère des Madelonettes, ou l’on préparai ! à la vie religieuse les femmes de mauvaise vie, qui se convertissaient. Rouen et Bordeaux eurent des couvents destinés à la même fin. Il y en avait déjà un à Home (1520) et un autre à Séville (1550). Le carme Dominique de Jésus-Marie fonda dans le même but, a Rome i 1615), la congrégation des sœurs du Bon-Pasteur ou du Conservaloriodi S. Cruce délia penitenza. Le V. P. Eudes établit, en 1644, à Cæn, les (Mes du Bon-Pasteur, connues encore -mis le nom de religieuses de l’ordre de N.-D. de la Charité ou de dm, tes de Saint-Michel ; elles se répandirent dans plusieurs villes de France. Elles ont 24 maisons disséminées en France, Espagne, Italie, Angleterre, Autriche et Amérique. La mère Elisabeth de la Croix-de-Jésus († 1649) fonda à Nancy (1631) les sœurs de N.-D. du Refuge, répandues actuellement dans dix diocèses de France. Les sœurs du Bon-Pasteur, fondées à Paris par M" » - de Combé († 1692), ont disparu pendant la Révolution. La maison qu’elles avaient a Angers, est devenue, à partir de 1828, sous le gouvernement de la R. M..Marie de Sainte-Euphrasie Pelletier, le centre d’une congrégation nombreuse et florissante, répandue dans le monde entier.

Hélyot, op. cit., t. ii, iii, iv ; Heimbucher, op. cit., 1. 1.

lil SSI’