Dictionnaire de théologie catholique/AME. Écrits sur l'âme considérée au point de vue théologique
opificio hominis, P. L., t. VI, col. 761 ; édition critique dans le Corpus de Vienne, t. xxvii, 1893. — S. Ambroise, De Isaac et anima, P. L., t. xiv, col. 501 ; dans le Corpus de Vienne, t. xxxii, p. 641 ; plutôt mystique que philosophique. — Publié par Caspari dans Kirchenhistorische Anerdola, t. i, Christiania, 1883, p. 225-247, cf. p. xi-xiii : AUercatio S. Ambrosii contra eos qui animant non conjitentur esse facturam aut ex traduce esse dicunt : n’est pas de saint Ambroise. — Parmi les œuvres de saint Jérôme, P. L., t. xxx, col. 262-271, une lettre De origine animaram, extraite, en grande partie, des Pères, et surtout de saint Jérôme et de saint Augustin, que le compilateur fait dialoguer ensemble. L’auteur a vécu dans la familiarité de saint Gaudiose, martyr, n. 8, loc. cit., p. 263 ; il sait le grec et il se donne comme insulaire, n. 1, loc. cit., col. 261. — S. Augustin (voir toujours le chapitre correspondant des Rétractations), De imnwrtalitate animée, P. L., t. xxxii, col. 1021-1034, continuation aux Soliloquia ; De quantilate animée, ibid., col. 1035-1080 ; De libero arbitrio, ibid., col. 1221-1310 ; De duabus animabus contra Manicheeos, P. L., t. xi.n, col. 93-112 ; Ad Orosium contra Priscillianistas et Origenistas, ibid., col. 669-678 ; De anima et ejus origine, P. L., t. xliv, col. 475-518. Il faut joindre l’intéressante correspondance avec saint Jérôme sur l’origine de l’âme. — Parmi les œuvres de saint Augustin, un traité De spirilu et anima, P. L., t. xl, col. 779. C’est une œuvre du XIIe siècle. Saint Thomas dit quelle est d’un moine cistercien, et qu’elle a peu d’autorité, Q. disp. de anima, a. 12, ad 2 un > ; Sum. t/ieol., l a, q. lxxvii, a. 8, ad l um. Cf. Schwane, Dogmengeschichte, t. iii, p. 337. Stockl, Geschichte, t. I, p. 389, l’attribue à Alcher (ou Augier) de Clairvaux. — Julianus Pomerius, De natura animée et qitalitate ejus, 8 livres (perdu). — Claudien Mamert, De statu animée, P. L., t. lui, col. 697-780. Édition critique dans le Corpus de Vienne, t. xi, 1885. — Cassiodore, De anima, P. L., t. LXX, col. 1280.
III. Du VIIIe au XIIIe siècle.
Alcuin, De animée ratione, P. L., t. Ci, col. 639. Cf. coI.llCO. — Raban Maur, Tractatus de anima, P. L., t. ex, col. 1110. — Hincmar, De dieersa et multiplici animée ralione, P. L., t. cxxv, col. 931. — Guillaume de Champeaux, .Œ origine animée, fragments dans P. L., t. clxxiii, col. 1043. Hauréau ne regarde pas l’attribution comme certaine. Hist. de laphil. scol., Ire part., p. 322. Mais cf. Michaud, Guillaume de Cliampeaux, Paris, 1867, p. 106. — Arnauld deBonneval, Paradisus animée, cf. Hauréau, Hist. de la phil. scol., I re part., p. 486. — Parmi les œuvres de Hugues de Saint-Victor un traité en 4 livres, De anima, P. L., t. clxxviii, col. 166. Le second livre n’est autre que le traité De spirituet anima souvent attribué à saint Augustin. Voir ci-dessus. Schwane le trouve digne de Hugues, mais non pas les trois autres, loc. cit., p. 337. Aussi un De unione corporis et spiritus, ibid., col. 285. M. Mignon le croit de Hugues. — Guillaume de Saint-Thierry, De natura corporis et animée, P. L., t. clxxx, col. 695. — Isaac de Stella, cistercien, Epistola de anima, P. L., t. cxciv, col. 1689-1896.
On peut regarder comme une introduction aux traités scolastiques du xiiie siècle plusieurs œuvres écrites dans la seconde moitié du xue siècle ou dans la première du xiiie, soit traductions de l’arabe, soit essais pour adapter aux temps nouveaux Aristote ou les Arabes :
Liber de causis, qui a eu tant d’influence sur la scolastique, et fait grande part à l’âme, édité par Bardenhewer, Fribourg-en-Brisgau, 1892. Cf. Zeitschrift fur kathol. Theol., 1883, p. 384-388 ; Hauréau, Phil. scol, IIe part., t. i, Paris, 1880, p. 46-53. — Domin. Gundissalinus, De anima, cf. Revue thomiste, 1897, p. 726, n. 1 ; De animée immortalilate, publié par G. Bulow dans les Beilràge de Bâumker, Munster, 1897. Semble être autre chose qu’une traduction de l’arabe. — Joan. Hispalensis (Jean de Séville), De differentia animée et spiritus, publié dans la Ribliotheca philosophorum mediæ eetatis, t. ii, Inspruck, 1878. Simple traduction du médecin philosophe Costa ben-Luca, nestorien. — Les deux traités De motu cordis, l’un d’Alexandre Neckam, l’autre d’Alfred l’Anglais (Alfred de Sereshel). Cf. Hauréau, loc. cit., p. 63, 65. — Guillaume d’Auvergne (évêque de Paris), De anima, édition Bl. Leféron, Orléans, 1674, t. il. Du même, De animée imnwrtalitate. Ce n’est guère que le traité même de Gundissalinus. Voir ci-dessus. — Robert Grosse-tète (évêque de Lincoln), Disputatio animée et corporis (en vers), publié par Ed. du Méril ; De Deo, angelis et anima.
IV. Du XIIIe siècle au concile de Trente.
Jean de la Rochelle, vers 1240, Summa de anima, publié à Prato en 1882. Cf. Hauréau, Philos, scol., IIe part., t. i, p. 195 sq. — Traité De multiplici definitione potentiarum animée. Cf. Hauréau, Notices et extraits, t. v, p. 4548. — Albert le Grand, De homine ; De natura et origine animée ; De unitate intellectus contra Averroistas, et passim. — S. Thomas, Queest. disp., De anima, De spiritualibus creaturis ; Opusc. De unitate intellectus contra Averroistas, et passim. — Siger de Brabant, De anima intellectiva. Cf. Hauréau, Philos, scol., t. ii, p. 132 sq. (sauf l’erreur qui fait de Siger un disciple et comme un continuateur de saint Thomas) ; Mandonnet, Siger de Rrabant et Vaverroïsme latin au XIIIe siècle, Fribourg (Suisse), 1899, ou dans Revue thomiste, 1895 sq., dans les Beitrâge de Bâumker, t. il, fasc. 6, Munster, 1898 ; l’étude de Bâumker sur la vie et les écrits de Siger. — Raoul Le Breton, De anima, cf. Hauréau, IIe part., t. il, p. 273. — Henri de Langenstein (llenricus de Hassia), Colloquium de animée condicionibus, Strasbourg, 1507. — Barthélémy Sibylla, Spéculum peregrinarum queestionum, se. de animabus rationalibus in conjuncto et separatis, Rome, 1493. — Jacques Campharo, De immortalitate animée, Cosenza, 1478. — Guillaume Houpelande, De immortalilate animée et statu post morlem, Paris, 1491. — Louis de Hilsberg, Trilogium animée, Nuremberg, 1498. — Jacques Brutus, Aurea corona (sur l’âme, immortalité, facultés, spiritualité), Venise, 1496. — Jean Pic de la Mirandole, De hominis dignitate. — Marsile Ficin, Theologiee platonicee de animée immortalitate libri XVIII, Florence, 1488. — Melchior Frizzoli, Dialogi de anima, Milan, 1494. — Christophorus Marcellus, Universalis de anima tradilionis opus, Venise, 1508. — Antoine Trombetta, Tractatus de animarum plurificatione contra Averroistas, Venise, 1498. — Augustinus Triumphus, Tractatus de cognitione animée, Bologne, 1503. — Wimpina (= Conrad Koch), De nobilitate animarum (en vers).
Mentionnons aussi les commentateurs du De anima d’Aristote. Sans prétendre les indiquer tous, on peut citer : Albert le Grand, saint Thomas, Scot, Jean Buridan, Jean de Jandun, Gilles de Borne, Humbert de Prulli, Gratiadei d’Ascoli, Grégoire de Rimini, Pierre d’Ailly, l’augustin Alphonse, Dominique de Flandre, Gérard Hardervvyck, Javelle.
V. Du concile de Trente au milieu du XVIIe siècle.
Nous trouvons encore à cette époque de nombreux commentateurs du De anima d’Aristote : François de Silvestris, dit Ferrariensis, Banez, Tolet, Molina (inédit), Jacques Zabarella, Zanardi, Barth. Amico, .1. Martinez de Prado, Fr. M. del Monaco, les professeurs d’Alcala (Complutenses), Silv. Maurus. Ajoutons les commentateurs de la somme de saint Thomas. — Parmi les traités scolastiques, citons Suarez, De anima, Lyon, 1620, dernière entreprise interrompue par la mort (au xiie chapitre). L’œuvre entière est pourtant de Suarez (sauf, semble-t-il, quelques titres) par l’adaptation au plan nouveau d’un cours de jeunesse complètement rédigé par l’auteur. — Fromondus, De anima, Louvain, 1649. — Duhamel, De mente humana, Paris, 1672 ; De corpore animato, Paris, 1673. — Qu’est-ce qu’Alipius Reylof (ou Roylof), De anima ad menteni sancti Augustini, cité par Norris, Vindiciæ Augustin., c. iv, § 3, dans P. L., t. xi.vii, col. 699 ?
En bien des cas, il est impossible de faire une différence précise entre les commentaires du De anima, et les traités indépendants sur le même sujet. Ainsi dans les Quæsliones super libros Arislotelis de anima ; ainsi encore, chez les jésuites, par exemple, Aristote étant « l’auteur » philosophique, les cours de philosophie présentent le De anima (ou De corjjore animato) comme dépendant d’Aristote, quitte à prendre d’ailleurs des allures très libres et personnelles. Voir, par exemple, la philosophie des Conimbricenses, Coimbre, 1598 ; le Cursus pliilosophicus d’Arriaga, Lyon, 1644 ; celui de Suarez le Portugais, Coimbre, 1651 ; celui de G. de Rhodes, Lyon, 1671 ; le De corpore animato de Jérôme Dandini, Paris, 1611. Au contraire le commentaire de Tolet, Venise, 1575, et plus encore celui de Silv.Mauro, Rome, 1668, réédité à Paris en 1885, sont des commentaires au sens strict du mot.
Sans parler ici des traités spéciaux soit contre les protestants sur l’origine de l’âme, soit contre les matérialistes sur son immatérialité ou son immortalité, on peut signaler : — Comme œuvres de penseurs chrétiens, mais de philosophes indépendants : Rossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même ; Gratry, La connaissance de l’âme, Paris, 1857 ; K. Werner, Ueber Begriff und Wesen der Menschenseele, 3e édit., Schaffhouse, 1868 ; Id., Spéculative Anthropologie vont Christlisch-philosophischen Standpunkte, Munich, 1870. — Comme essais de vulgarisation scolastique : Mu 1’de la Rouillerie, L’homme, sa nature, son âme, ses facultés, sa fin, Paris, 1880 ; Mercier, Psychologie, Louvain, 1892 ; Mat. Schneid, Psychologie im Geiste des hl. Thomas, Paderborn, 1892. — Comme essais à la fois scolastiques et scientifiques : Gutberlet, Psychologie, 3e édit., Munster, 1896 ; A. Farges, Le cerveau, l’âme et les facultés, Paris, 1890 ; Castelein, Psychologie. La science de l’âme dans ses rapports avec l’anatomie, la physiologie et l’hypnotisme, Namur, 1890 ; Vallet, La vie et l’hérédité, Paris, 1891 ; Saint-Georges Mivart, L’homme (trad. de l’anglais), Paris, 1895.
On peut citer encore les cours de philosophie scolastique de Sanseverino, Zigliara, Schiflini, etc. — Kleulgen, La philosophie scolastique, traduit de l’allemand, t. iv, VIII » -’dissertation ; Liberatore, Dell’anima umana, Rome, 1875 ; Id., Le composé humain, traduit de l’italien, Lyon, 1865 ; Coconnier, L’âme humaine. Existence et nature, Paris, 1890 ; Maher, Psychology, Londres, 1891. — Les cours de théologie, comme Chr. Pesch, l’rœlectiones dogmaticse, t. iii, De Deo créante, prop. 13-17, n. 100-152, Fribourg-en-Rrisgau, 1895 ; Le liachelet, De Deo créante, Jersey, 1892 et 1896 (cours autographié). J’y joindrais Palmieri, De Deo créante, Rome, 1878, excellent, sauf les traces de dynamisme.
VII. Histoire de la psychologie chrétienne.
Elle a été faite, sous son aspect doctrinal, dans les histoires du dogme. Citons Schwane, Dogmengeschichte, 4 vol., 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1892-1894 (voir les tables à l’article Seele et les chapitres intitulés Anthropologische Dogruen) ; Klee, Manuel de l’histoire des dogmes chrétiens, traduit de l’allemand par l’abbé Mabire, Paris, 1848, t. i, p. 379-409, moins riche et moins sûr que Schwane, mais commode pour le groupement ; A. Ilarnack, Lehrbuch der Dogmengeschichle, Fribourg-en-Brisgau, t. i et ii, 3e édit., 1894 ; t. iii, Inédit., 1890 (peu de détails. Voir la table aux mots : Anthropologie, Crcalianismus, Traducianisnnis, Psychologie, Seele, Trichotomie, etc., en particulier, t. i, p. 492, 631 ; t, ii, p. 129 ; t. iii, p. 94). Elle est aussi exposée dans des ouvrages plus philosophiques : A. Stôckl, Die spéculative Lehre vom Menschen und ihre Geschichte^ vol., Wurzbourg. 1858-1859 (c’est l’ouvrage qui répond de plus près à l’objet de cet article) ; les histoires de la psychologie, comme Siebeck, Geschichte der Psychologie, Ire part., t. ii, Gotha, 1884 (du même, articles dans les Arch. fur Gesch. der Phil., t. i-iii, 1888-1890) ; Z. Gonzalez, Histoire de la philosophie, traduite de l’espagnol par le P. de Pascal, t. ii et iii, Paris, 1880 et 1891 ; Ritter, Histoire de la philosophie chrétienne, traduite de l’allemand par J.Trullard, 2 vol., Paris, 1844 ; Ueberweg-Heinze, Geschichte der Pliilosophie, surtout t. ii, Rerlin, 1898 (riche bibliographie et bonne table) ; Iluber, Die Philosophie der Kirchenvâter, Munich, 1859 (à l’index) ; A. Stockl, Geschichte der christol. Pliilosophie zur Zeit der K. Vûter, Mayence, 1891, et Geschichte der Philosophie des Mittelalters, 3 vol., Mayence, 1804-1866 ; Hauréau, Histoire de la philosophie scolastique, Paris, 1872 et 1880, et Notices et extraits des manuscrits, Paris, 1890 sq. ; de VVulf, Histoire de la philosophie médiévale, Louvain, 1900 ; les ouvrages particuliers sur les Pères de l’Église et les théologiens antérieurs aux iiie siècle qui seront indiqués à la bibliographie des deux articles suivants. Ajoutons, pour l’époque qui va du xiiie siècle aux temps modernes : Jos. Ant. Endres, Des Alexander von Haies Leben und psychologische Lchre, dans Philos. Jahrb. de Gutberlet et Pohle, t. i, Fulda, 1883 ; Luguet, Essai d’analyse et de critique sur le texte (alors inédit) du Traité de l’âme de Jean de la Rochelle, Paris, 1875 ; K. Werner, Die Psychologie und Erkenntnisslehre des Joli. Bonaventura, Vienne, 1876 ; J. Krause, Die Lehre des Id. Bonav. i’iber die Natur der kôrperlichen und geisligen Wesen, Paderborn, 1888 ; Karl Werner, Der hl. Thomas von Aquino, 3 vol., Ratisbonne, 1854 sq. (ensemble de sa doctrine sur l’âme, t. ii, p. 434-450) ; Z. Gonzalez, Esludios sobre la filosofia de santo Tomâs, 3 vol., Manille, 1864, traduit en allemand par C. J. Nolte, 3 vol., Ratisbonne, 1885 ; Perch, Seele und Leib als zwei Bestandtheile der einen Menschensubstanz gemàss der Lehre des hl. Thomas von Aquino, dans Philos. Jahrb., t. ix, p. 1-29 ; Maumus, Saint Thomas d’Aquin et la philosophie cartésienne, Paris, 1890, 2 vol. ; H. E. Plasmann, Die Schule des hl. Thomas von Aquino, Soest, 1857 sq., 5 vol. ; K. Werner, Die Psychologie und Erkenntnisslehre des J. D. Scotus, dans Denkschr. Akad. Wissensch., Vienne, 1877 ; Pluzanski, Essai sur la philos, de Duns Scol, Paris, 1887 ; Prosper de Martigné, La scolastique et les traditions franciscaines, Paris, 1888 ; Vacant, Etudes comparées sur la philosophie de saint Thomas d’Aquin et sur celle de Duns Seul, Paris, 1890 ; Siebeck, Zur Psychologie der Scholastik, dans Arch. für Gesch. der Philos., 1. 1, 1888, p. 375 sq. ; Mausbach, Thomismus und Scotismus, dans le Kirchenlexikon, 1899, t. xi, p. 1700-1710 ; K. Werner, Psychologie, Erkenntniss-und Wissenschafllehre des B. Bacon, Vienne, 1879 ; Emile Charles, Boger Bacon, Bordeaux, 1861 ; K. Werner, Die nominalisirende Psychologie der Scholastik des spàter. Mittelalters, sur Durand, Occarn, Pierre d’Ailly comme psychologues ; Nourrisson, La philosophie de Bossuet et autres études sur les philosophes modernes. Pour les théories de l’âme au xvine siècle et les différents ouvrages sur la question, beaucoup de renseignements dans les Mémoires de Trévoux. Voir Sommer* vogel, Tables des Mém. de Trévoux, l™ part., n. 218, 228-237, p. 26-28, Paris, 1864 ; 11 1’part., t. i, n. 22952372, p. 210-224, Paris, 1865. — Mercier, Les origines </< la psychologie contemporaine ; Miellé, L’ancienne et la nouvelle psychologie, dans Science cathol., 1899, t. xiii, p. 514, 673.
ouvrages énumérés ci-dessus (sans parler des textes mêmes) :
Pour les premiers siècles : Ad. Harnacket Erw. Preuschen,
Gescluchte der altchristlichen Lileratur bis Eusebius, ersterLa littérature grecque, Paris, 1897 (en attendant l’abbé Lejay pour la littérature latine) ;
Pour l’époque patristique jusqu’à saint Isidore et saint Jean Damascène) : O. Bardenhewer, Patrologie, Fribourg-en-Brisgau, 1894 (trad. franc., Paris, 1899), mieux au point que même la dernière édition de Fessler, Inslitutiones patrologiæ, Inspruck, 1890 sq.
Pour les Pères latins : Ebert, Histoire générale de la littérature du moyen âge en Occident, trad. de l’allemand, Paris, 1883 sq. ; dom Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclés., Paris, 1729-1763. Voir la Table générale, par Rondet, Paris, 1782, au mot Ame.
Pour les Pères et les scolastiques : Ueberweg-Heinze, Geschichte der Philosophie, t. ii, Berlin, 1898 ; Hauréau, Histoire de la philosophie scolastique, Paris, 1872 et 1880 ; Id., Notices et Extraits des manuscrits, Paris, 1890 sq. ; de Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, Louvain, 1900.
Pour les temps modernes (1109-1894) : Hurter, Nomenclator literarius recentioris theologiæ, Inspruck, t. iv, 1899, de 1109 à 1563 ; t. i-iii, 2e édit., 1892-1895, de 1564 à 1894 (ne s’occupe
directement que des traités théologiques).
III. AME. Doctrines des trois premiers siècles.
I. Comment se posait la question.
II. Saint Justin.
III.
Talien.
IV. Athénagore.
V. Saint Irénée.
VI. Tertullien.
VII. Clément d’Alexandrie.
VIII. Origéne.
IX. Vue rétrospective :
Origène et Tertullien.
X. Arnobe.
XI. Lactance.
XII. Résumé. La question de l’âme au début du
IVe siècle.
Il court tant d’erreurs, il règne tant d’incertitude et de confusion sur la doctrine de l’âme chez les Pères anténicéens, qu’il est nécessaire d’insister et de mettre les textes sous les yeux du lecteur. Tous ceux qui s’intéressent aux origines et à l’histoire des idées comprendront qu’on fasse la part très grande à ces premiers essais tentés pour exprimer ou pour expliquer les croyances chrétiennes.
I. Comment se posait la question.
1o La question parmi les philosophes païens.
Quand parut le christianisme, une grande incertitude régnait dans les questions de l’âme. A la base, absence de toute idée claire sur la création, et partant sur l’origine de l’âme : on est dualiste, matérialiste, panthéiste ; la vraie explication reste inconnue. Privée de cette lumière, la science de l’âme ne pouvait se constituer. La notion du spirituel s’était obscurcie de nouveau après Aristote et Platon ; les doctrines les plus diverses se mêlaient dans un amalgame confus. Ψυχή, âme, principe de vie, et πνεῦμα, esprit, ne présentaient rien de net à la pensée. Tandis que les épicuriens restent grossièrement matérialistes, les stoïciens font du monde un animal immense animé par Dieu même ; chaque âme est une parcelle de cette âme divine ; par une curieuse confusion entre l’image et l’idée, on lui attribue par l’imagination les propriétés du souffle matériel, mais, par la pensée, on spiritualise ce souffle, et ainsi, sans paraitre s’en douter, on donne à une même substance les propriétés incompatibles de la matière et de l’esprit. Les platoniciens — dans la mesure où il y en avait — mêlaient également âme et corps en niant qu’il y eût âme sans corps, ni corps sans âme ; ils regardaient l’âme comme immortelle, mais aussi comme incréée ; ils en faisaient une parcelle de Dieu. Sur la distinction entre l’âme de l’homme et celle des bêtes, sur l’unité d’âme en l’homme, sur le rapport du πνεῦμα à la ψυχή dans chaque homme et sur celui de l’âme individuelle à l’âme du monde, sur la nature et l’origine du composé humain, rien que des notions confuses et indécises. Un chaos d’où sortiront bientôt les systèmes gnostiques et le néo-platonisme. Les premiers Pères n’arriveront pas tous à se débarrasser de ces vues incohérentes : Tatien se brouillera dans la théorie de son πνεῦμα ; Tertullien continuera de dire que l’âme est corps, ce qui n’est pas corps n’étant rien ; Clément se perdra à distinguer les diverses âmes ou parties de l’âme. Ils affirmeront le dogme en ses points essentiels ; ils ne sauront le philosopher qu’avec leurs idées confuses de philosophes.
Il suffit de rappeler les expositions de Lucrèce, de Virgile, de Sénéque, d’Epictète. Les Pères eux-mêmes nous renseignent très bien à ce sujet. Voir notamment Justin, Clément, Tertullien, Origène, Nemesios. On peut consulter aussi, outre les histoires de la philosophie : J. Simon, L’école d’Alexandrie, Paris, 1845 ; H. Siebeck, Gescliichte der Psychologie, Gotha, 1884 sq. ; Chaignet, La psychologie des Grecs, t. m-v, Paris, 1890,’1893.
2o La question pour les premiers chrétiens.
Épitre à Diognète.
En face des incertitudes et des erreurs païennes sur les questions de l’âme, l’Écriture et, à défaut d’enseignement exprès sur ce point, les exigences logiques de la doctrine révélée offraient aux premiers chrétiens une lumière sûre pour guider, à l’occasion, leurs recherches ultérieures. D’autre part, quelques-uns des dogmes chrétiens, celui du péché originel surtout et de la prédestination, l’insistance de saint Paul sur la servitude du péché, sur la lutte intime entre la chair et l’esprit, sur la distinction entre les charnels et les spirituels, sur notre vie supérieure par l’Esprit-Saint, tout cela soulevait des problèmes difficiles sur la liberté humaine, sur l’origine de l’âme, sur son unité dans chaque homme ; tout cela remettait les chercheurs en face des questions agitées dans les écoles philosophiques et devait suggérer sur plus d’un point à des esprits imbus des opinions platoniciennes des solutions analogues à celles de Platon et de ses disciples. Tant qu’on se contentait d’affirmer les vérités pratiques, tant qu’on catéchisait sans philosopher, l’enseignement était sûr et net ; la difficulté commençait avec l’explication philosophique. Un passage célèbre de l’épître à Diognète est instructif à cet égard. Que cette pièce mystérieuse soit ou non des tout premiers siècles, peu importe ici : elle reflète certainement les idées depuis longtemps courantes, car ces idées sont ici supposées. L’auteur, pour montrer ce que sont les chrétiens pour le monde, part de ce qu’est l’âme pour le corps. Je cite les premiers termes du parallèle : « L’âme est répandue par tous les membres du corps… L’âme demeure dan6 le corps, mais elle n’est pas du corps… L’âme est contenue invisible dans le corps visible… La chair poursuit l’âme, la hait, lui fait la guerre, sans en être injustement traitée, mais étant seulement empêchée de satisfaire ses convoitises… L’âme au contraire aime le corps et les membres, quoique haïe elle-même… L’âme est, il est vrai, enfermée dans le corps, mais c’est elle qui donne au corps son unité consistante… L’âme immortelle habite dans une tente mortelle… L’âme, mal traitée à l’égard du boire et du manger, s’en trouve d’autant mieux… » P. G., t. ii, col. 1176. Cf. Funk, Opera Patrum apostolicorum, 1. 1, p. 319, Tubingue, 1887.
II. Saint Justin.
Ni l’inquiétude philosophique, ni les exigences de la lutte contre les gnostiques ne pouvaient se contenter de cette simple affirmation de la vérité. Justin ouvre la voie. Lui-même a mis en face, en rapportant son entretien avec le mystérieux vieillard qu’il rencontra au bord de la mer, ses doctrines de platonicien, avec leurs incertitudes, et « la vérité » que le christianisme lui apporte. Le philosophe admet nettement une âme spirituelle, capable, selon lui, de voir la divinité, l’immatériel. Dial., iv, P. G., t. VI, col. 481-482 S’il la croit de même nature que celle « du cheval et celle de l’âne », c’est qu’il regarde celles-ci comme spirituelles aussi ; c’est le corps qui les rend pour le moment incapables de toute opération spirituelle, ibid. ; celui de l’homme est bien un embarras aussi, pas au point cependant de rendre impossible toute vision de Dieu. Ibid., col. 485. Cette âme a une certaine parenté avec la divinité, et non pas purement morale, car « elle est divine et immortelle, partie de cet esprit royal », ibid., col. 484, dont Platon avait parlé et dont pariaient aussi les gnostiques. Sur l’origine de cette âme et sur son