Dictionnaire de théologie catholique/ABSOLUTION DES MORTS

F. Cabrol
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 134).

3. ABSOLUTION DES MORTS. Il arriva parfois dans l’antiquité ecclésiastique que les pénitents moururent inopinément sans qu’on eut pu les réconcilier. Quelle était la conduite de l’Église dans ces cas ? Allait-elle traiter ces morts, connue les fidèles qui mouraient dans la communion et la paix de l’Église ? ou au contraire comme ceux qui mouraient dans l’impénitence ? Même question se posait pour ceux qui avaient été injustement condamnés et qui mouraient sans avoir été réconciliés. A vrai dire il y eut des divergences dans la pratique des Églises, les unes se prononçant pour la sévérité, d’autres au contraire pour l’indulgence au ve siècle. L’uniformité s’établit à peu près. Dans le Ve concile œcuménique (IIe de Constantinople), on étudia déplus près une autre question, celle de savoir si l’on pouvait condamner, excommunier et anathématiser les morts (surtout à la conférence ve), Mansi, Collec. conc., Florence, 1763, t. ix, col. 230 sq. On répondit par l’affirmative et depuis ce temps, malgré quelques hésitations en Occident, à peu près toutes les Églises adoptèrent cette conduite. Du même coup était résolue la première question ; car si l’on peut condamner les morts, on peut les absoudre. Mais par ces mots condamner, ou absoudre les morts, il ne faut pas entendre un jugement qui affecterait l’état d’une âme après la mort ; condamner un mort, c’était lui refuser la sépulture ecclésiastique et les suffrages de l’Église, effacer son nom des diptyques de l’église, n’offrir pour lui, ni prières, ni sacrifices. L’absoudre, c’était au contraire lui accorder la sépulture ecclésiastique et les suffrages de l’Église, le traiter en un mot comme s’il était mort dans la communion de l’Église. C’est ce qu’on trouvera expliqué dans le rituel romain, qui contient encore le rite pour absoudre un excommunié après sa mort. Tit. iii, De sacramento pænitentiæ, c. iv.

Morin, Commentarius historicus de disciplina in administratione sacramenti pænitentiæ, l. X, c. ix, Anvers, 1682, p. 737 ; dom Chardon, Histoire des sacrements, l. I, sect. iv, c. x, dans Migne, Cursus completus theolognæ, Paris, 1840, t. xx, p. 685 ; Bingham, The antiquities of the Christian Church, t. vii, p. 210.

F. Cabrol.