Dictionnaire de théologie catholique/ABELIENS, ABELOITES ou ABELONIENS

L. Guilloreau
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 34).

ABELIENS, ABELOITES ou ABELONIENS. Secte hérétique née dans un coin du diocèse d’Hippone, et qui a peut-être des attaches avec quelqu’une des nombreuses ramifications de la gnose manichéenne. Elle ne nous est connue que par saint Augustin, De hæresibus, lxxxvii, P. L., t. xlii, col. 47, qui fournit sur son organisation les détails suivants. Les abéliens admettaient le mariage et, loin de s’y soustraire, l’envisageaient même comme obligatoire ; mais dans cet état ils pratiquaient une continence absolue. Pour parer à l’absence de descendance, les conjoints, d’un mutuel accord, adoptaient deux enfants : un garçon et une fille, qui grandissaient à leur foyer, devenaient les soutiens de leurs vieux ans et, après décès, entraient en jouissance de leurs biens à la condition de se comporter eux-mêmes de semblable manière. Il paraît que ces prétendus imitateurs d’Abel arrivèrent à se perpétuer de la sorte sans trop de difficultés, car les pauvres gens du voisinage, étrangers à d’aussi singulières pratiques, consentaient sans peine à leur céder leurs enfants, sûrs de les voir richement établis. Malgré tant de bonnes volontés la secte dut pourtant se résigner à disparaître, et à l’époque où saint Augustin écrivait son Traité des hérésies, les quelques familles de paysans indigènes qui la composaient encore étaient rentrées dans le giron de l’Église. L’auteur du Prædestinatus, P. L., t. liii, a reproduit presque textuellement la notice de l’évêque d’Hippone, c. lxxxvii. On ne voit pas bien les raisons qui font supposer à G. W. Walch, Ketzergeschichte, t. i, p. 608, que ces hérétiques pourraient bien n’avoir jamais existé.

L. Guilloreau.