Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Angelet

Éditions Édouard Champion (Ip. 212).
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Angelet. Diminutif du mot ange. — Par dehors se gettoient quatre angeletz bien empressez. Lemaire de Belges, Pompe funeralle de Phelipes de Castille (IV, 247). — Pour eulx mourut cest oysel deifique, Car du hault boys plein de sainctz Angeletz Vola ça bas par charité pudique, Où il trouva corbeaux trèsordz et laydz. Marot, Ballades, 13. — Ces mesmes poëtes… ont composé deux diminutifs Angelet et Angelette. M. de la Porte, Epithetes, 24 ro.

(En parlant de l’Amour). — Le caut archer Amour, l’angelet Cupidon. Buttet, l’Amalthee, 51. — Quand nous ne pouvons plus endurer la sajecte Que l’aveugle angelet contre nostre ame jecte. P. Matthieu, Vasthi, V, p. 101.

Angelette. — On oit aux cieux des voix clairettes, Des trompettes et des clairons D’Anges, d’Archanges, d’Angelettes, Qui vont chantants aux environs. Vauquelin de la Fresnaye, Idillies, II, 65. — Pourquoy, Malherbe, dolent Pere, Regrettes tu ta fille chere, Puisque la belle Infantelette Est ore aux cieux une Angelette ? id., Epitaphe de damoiselle J. de Malherbe. — Non comme fille, ains comme une Angelette, Qui va du monde au hautain Firmament. id., Sonnets sur la mort Madeleine de Bailleul, 15.

(Fig.) — J’iray tousjours et resvant et songeant En ceste prée où je vy l’angelette, Qui d’esperance et de crainte m’allaitte. Ronsard, Amours de Cassandre (I, 68). — Voicy le bois, que ma sainte Angelette Sur le printemps resjouit de son chant. id., ib. (I, 80). — Bien qu’un Appelle, ou un autre Eufranor, Zeuze, Parrhase, ou un Timante encor Peussent revivre et voyr mon Angelette, Si ne pourroit leur blandissant pinceau Representer au vif, dans un tableau, De son beau corps la moindre veinelette. Tahureau, Sonnet 12. — Comme tout seul je plaignoy mes douleurs Dans un jardin, voicy mon Angelette Qui près de moy secrettement seulette Se vint baisser pour y cueillir des fleurs. id., Sonnet 17. — Et suis marri de mon lasche gouvert. Quand retenir telle proye au besoing Plus ferme et fort je ne sceuz ou n’euz soing Contre l’assault d’une seule Angelette. Vasquin Philieul, trad. de Petrarque, L. I, S. 76. — Une angelete ay veu un jour matin, Qui des hautz cieux en terre descendit. id., ib., L. I, Pose 3. — Ma maistresse est toute angelette, Ma toute rose nouvellette. Ronsard, Amours de Marie, Chanson (I, 145). J’ay quelque-fois tenté d’œillader les merveilles De ma fiere Angelette et sa rare beauté. Grevin, Olimpe, p. 60. — Ne vous enfuyez plus, ô ma douce Angelette. id., ib., p. 68. — Lesquelles ils appellent deesses, angelettes, divines. M. de la Porte, Epithetes, 21 ro. — Le Peintre qui desirera Peindre une celeste Nymphete, Amour luymesme, une Angelette Que tout le monde admirera. Vauquelin de la Fresnaye, Idillies, II, 21. — Tant ell’ est angelette, humeine et desirable. L. Papon, Discours à Mlle Panfile (I, 20). — Voicy le coudre où ma saincte Angelette Se vint asseoir pour y prendre le fraiz. Guy de Tours, Souspirs Amoureux, L. I (I, 5). — Le voicy ce joly pré… Où ma folastre Angelette, Où ma belle Nymphelette Reçoit tant de passetemps. id., ib., L. III (I, 77). — Ha ! que tu te moquerois… De moy, petite Angellette. id., Mignardises Amoureuses (II, 45).