Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Abayer 2

Éditions Édouard Champion (Ip. 8).
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Abayer, Aboyer 2 (Intransitif.) Abayer à qqch, après qqch. Aspirer à qqch, le désirer ardemment. — [Les Venitiens] ne taschoient fors à nourrir la guerre, et l’inimitié entre les dicts Princes, pour s’agrandir sur eulx, apres qu’ils seroient travaillez et affoiblis, et mesmes en son Duché et Estat de Milan, auquel ils ont tousjours abbayé, sur toutes choses. Seyssels, Hist. de Louys XII, Vict. sur les Venitiens {p. 272. — Ceux cy aiment pour le gain, et ceux la pour Io vertu : et l’un des amans abbaye à l’utile, et l’autre est tout fondé en l’honnesteté. Pontus de Thyard, trad. de l’Amour de Léon Hebrieu, Dial. 2 (p. 282). — Ha, c’est peu d’estre grand, j’en sers icy d’exemple… C’est peu d’abboyer tant à ces honneurs si courts. Jean de la Taille, Epitaphe de Henry II. — Mais quand ces presens ils m’envoyent, C’est qu’apres mes biens ils aboyent. Baïf, le Brave, III, 1. — [Caton d’Utique] dict à ses amys qu’il voyolt abbayer après ses présents… que de leur donner ou permettre prendre soubs sa faveur du bien d’aultruy, ce ne seroit ny son honneur ny la justice. L’Hospital, Reform. de la Justice, 2e part., IV, 101). Entachez d’ung gain sordide et illiberal, après lequel ilz abayent incessamment. id., ib., 4e part. (IV, 327). Feraulez… se delibera de contenter un jeune homme pauvre, son fidele amy, abboyant apres les richesses ; et luy feit present de toutes les siennes. Montaigne, I, 40 (I, 348). — Pythée, Roy des Bithyniens, abbayoit tellement aprés l’or qu’il occupait tous ses sujets à fouir et deterrer tes minieres d’or. Cholières, 1re Matinée (I, 45). — Ma basse fortune, Qui n’abaye [l’aspire ainsi que la commune Apres l’or du Perou. Regnier, Sat. 3. — Ou toutes ces grondeurs apres qui l’on abbaye. id., Œuv. posth., Satyre (p. 200). — Tesmoin le pauvre Cahier, qui a abbayé aprés l’Abbaye promise, et n’en void que l’image. Aubigné, Sancy, I, 9.

Abboyer aux nues. Aspirer à ce que l’on ne peut atteindre. — Je l’ay tousjours aymée, encor que mon frère m’en ait voulu empescher ; le cueur me disoit bien que je n’abboyois pas aux nues. Il me faisoit vieil et cassé ; mais je voy bien ce qui en est, puis que je luy agrée. Larivey, la Vesve, III, 2.

(Transitif, Désirer ardemment, chercher à obtenir. — Estant le Royaume abbayé par plusieurs grands Princes… chaque Duc,.. commença de se faire grand par la ruine du Roy. E. Pasquier, Recherches, 13. — Pour servir à l’ambition insatiable de Lily, qui abayois la papauté, et ton Frère affectant la couronne de Naples et de Sicile. Regnier de la Planche, Hist. de l’Estat de France, I, 319.