Dictionnaire de la Bible/Hadad

Letouzey et Ané (Volume IIIp. 391-392-393-394).
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HADAD

1. HADAD (Ḥǎdad), huitième fils d’Ismaël, I Par., i, 30, appelé Hadar dans la Genèse, xxv, 25. Voir Hadar.

2. hadad (hébreu : Ḥǎdad ; Septante : Ἁδάδ), dieu syrien qui n’est pas mentionné individuellement dans l’Écriture, d’après l’opinion générale, mais qui entre comme élément composant dans plusieurs noms propres iduméens et araméens (Voir Bénadad, t. i, col. 1572 ; Adarézer ; Adadremmon, t. i, col. 168-169), dont quelques-uns se lisent déjà dans les lettres cunéiformes trouvées à Tell el-Amarna et remontant au xve siècle avant notre ère. Voir t. i, col. 1573. On en retrouve aussi dans les inscriptions ninivites. Cf. Schrader, Die Keilinschriften und das alte Testament, 2e édit., 1883, p. 200-203 ; Die Namen Hadad, Hadadezer, dans la Zeitschrift für Keilinschriftforschung, t. ii, 1885, p. 365-384. De même sur les monnaies d’Hiérapolis (Bambyce), fig. 342, t. i, col. 1200, où l’on voit au revers le prêtre Abd-Hadad, c’est-à-dire « serviteur d’Hadad », debout dans un temple figuré par deux colonnes supportant un toit triangulaire et tenant une pomme de pin au-dessus d’un petit autel. E. Babelon, Les Perses Achéménides, 1893, p. liii, 45. Le nom du dieu lui-même nous est connu par les auteurs anciens et par les monuments figurés. Il est mentionné dans Philon de Byblos (Eusèbe, Præp. ev., t. xxi, col. 84) ; dans Macrobe, Saturn., i, 23, et dans Pline, H. N., xxxvii, 71, édit. Teubner, t. v, 1897, p. 467. Celui-ci énumère trois pierres précieuses qu’on appelait « les reins, l’œil et le doigt d’Hadad ». Adadu nephros sive renes, ejusdem oculus, digitus. Cf. V. De-Vit, Totius Latinitatis Onomasticon, t. i, Prado, 1859-1868, p. 51. De précieux monuments de son culte ont été découverts ces dernières années. Une statue du dieu Hadad avec une inscription votive a été trouvée en 1888 pendant les fouilles de Sendjirli, à Gerdjin, près de cette dernière localité. Voir Ausgrabungen in Sendschirli, in-fo, Berlin, 1893, p. 49-52. Nous avons reproduit cette statue, t. i, fig. 481, col. 1572. Quelques années auparavant, en 1868, M. de Vogüé avait publié un cylindre où est aussi représenté, mais naturellement en petites dimensions, le même dieu Hadad. Voir t. i, fig. 482, col. 1573. Il résulte des inscriptions qu’on lit sur la statue du dieu et sur le cylindre que son nom véritable était bien Hadad et non Hadar ou Adar, comme l’ont cru certains exégètes, parce qu’il est quelquefois altéré sous cette dernière forme dans les noms propres scripturaires, Hadarézer au lieu de Hadadézer, voir Adarézer ; Ἄδερ, au lieu d’Adad, voir Adad, etc. Du reste, l’origine et l’étymologie du nom restent jusqu’à présent une énigme. Frd. Baethgen, Beiträge zur semitischen Religionsgeschichte, in-8o, Berlin, 1888, p. 68.

1o On sait peu de chose sur le dieu Hadad et sur ses attributs. Philon de Byblos, dans Eusèbe, Præp. ev., i, 10, t. xxi, col. 84, l’appelle « roi des dieux », Ἄδωδος βασιλεὺς θεῶν. Macrobe, Saturn., i, 23, est celui qui nous fournit le plus de renseignements. « Voici, dit-il, l’idée que se font les Assyriens de la puissance du soleil. Ils ont donné au dieu qu’ils vénèrent comme le plus élevé et le plus grand le nom d’Adad, ce qui signifie unique (unus). » Et il ajoute : « À ce dieu qu’ils adorent comme le plus puissant, ils unissent une déesse, appelée Adargatis. (Voir Atargatis, t. i, col. 1199.) Ils attribuent le souverain pouvoir sur l’universalité des choses à ces deux divinités, par lesquelles ils entendent le soleil et la terre ; et, au lieu de désigner par des termes particuliers les diverses manifestations de leur puissance, ils expriment leur prééminence multiple par les attributs dont ils les décorent. Or tous ces attributs se rapportent au soleil : la statue d’Adad est, en effet, entourée de rayons inclinés pour montrer que la force du ciel réside dans les rayons que le soleil lance sur la terre ; tandis que la statue d’Adargatis se distingue par des rayons dirigés obliquement de bas en haut, ce qui montre que tous les fruits de la terre sont le produit des rayons envoyés d’en haut. » — Ce que dit Macrobe est exact, non dans tous les détails, mais dans l’ensemble. Hadad ne se confondait pas cependant complètement avec le soleil. L’inscription gravée par le roi Panammou sur la statue d’Hadad le place en tête de tous les dieux, mais elle en nomme quatre autres après lui, entre autres Šéméš, « le soleil » (lignes 2, 11, 18), de même que l’inscription de Bar-Rekoub, fils de Panammou (ligne 22). Dav. H. Müller, Die altsemitischen Inschriften von Sendschirli, in-8o, Vienne, 1893, p. 19-20, 8. Hadad et le Soleil étaient donc deux divinités distinctes. On peut supposer, d’après certains documents cunéiformes, que Hadad était le dieu de l’atmosphère, appelé en assyrien Ramman, ce qui pourrait être confirmé par le nom d’Hadadrimmon (Vulgate : Adadremmon) qu’on lit dans Zacharie, xii, 10, et qu’on peut expliquer étymologiquement comme signifiant que Hadad est le même que Rimmon ou Ramman. Quelques traits de ce dieu expliquent néanmoins pourquoi on l’assimila au soleil. Ce que dit Macrobe de la manière de le représenter, ainsi qu’Atergatis, paraît exact. — Les Romains ayant emprunté le culte d’Hadad à Héliopolis (Baalbek), d’où le nom de Jupiter Heliopolitanus, qu’ils lui donnèrent, le confondirent, avec Hélios ou le Soleil qu’on adorait dans cette ville d’Asie. L. Preller, Römische Mythologie, 2 in-8o, Berlin, 1881-1883, t. ii, p. 402. Cf. Lucien, De dea Syria, 31, édit. Didot, p. 742, où Hadad, sans être nommé, est assimilé à Jupiter. Baethgen, Beiträge, p. 72. La distinction entre les divers dieux était, d’ailleurs, souvent assez difficile à établir, et l’on pouvait aisément, et quelquefois avec raison, les confondre les uns avec les autres. — Movers a rapproché Hadad d’Adonis, qui est aussi une personnification du soleil. Die Phönizier, t. i, 1881, p. 196 ; t. ii, p. i, 1849, p. 513. Il s’appuie sur ce que Zacharie, xii, 10, parle de la « lamentation d’Hadadrimmon », et il y voit une allusion aux lamentations des femmes de Byblos sur la perte d’Adonis. L’allusion est fort douteuse. Voir Die Klage über Hadad-Rimmon, dans W. von Baudissin, Studien zur Religionsgeschichte, t. i, in-8o, Leipzig, 1876, p. 295-325.

2o Quelques commentateurs tels que Grotius, Bochart, Vitringa, Lowth, Rosenmüller, Scholia in Vetus Testamentum, Jesaias, t. iii, 1791, p. 963, ont cru trouver la mention du dieu Hadad dans un passage obscur et peut-être altéré d’Isaïe, lxvi, 17. Cf. Cornélius à Lapide, In Is., édit. Vivès, t. xi, p. 763. Le prophète annonce les châtiments qui frapperont ceux qui pratiquent les rites païens, « qui se sanctifient et se purifient au milieu des jardins, » ’aḥar ’aḥad (Vulgate : post januam). D’après certains exégètes, ’aḥad ne serait autre que le dieu Hadad et ce serait contre les adorateurs du faux dieu qu’Isaïe ferait entendre ses menaces. Cette hypothèse n’est pas généralement admise. Voir W. Gesenius, Commentar über den Jesaja, t. i, part. ii, 1821, p. 307. Sur les mots ’aḥar ’aḥad, qui ont un sens si douteux, voir J. Knabenbauer, Comm. in Isaiam, t. ii, 1887, p. 512-513.