Dictionnaire de la Bible/Gazer

Letouzey et Ané (Volume IIIp. 125-126-131-132).
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GAZER

GAZER (hébreu : Gézér ; Septante : Γαζέρ, Jos., x, 33, etc. ; Ἰάζην ou Ἰάζηρ, I Mach., v, 8), nom de deux villes, situées l’une à l’ouest, l’autre à l’est du Jourdain.

1. gazer (hébreu : Gézér, Jos., x, 33 ; xii, 12 ; xxi, 21 ; III Reg., ix, 16 ; I Par., vi, 52 ; vii, 28 ; xx, 4 ; à la pause, Gâzér, Jos., xvi, 3, 10 ; Jud., i, 29 ; II Reg., v, 25 ; III Reg., ix, 15, 17 ; avec local et à la pause, Gâzérâh, I Par., xiv, 16 ; Septante : Γαζέρ, Jos., x, 33 ; xvi, 10 ; Jud., i, 29 ; III Reg., ix, 17 ; I Par., vi, 67 (héb. 52) ; vii, 28 ; xx, 4 ; Γεζέρ, III Reg., ix, 15, 16 ; Γαδέρ, Jos., xii, 12 (Codex Ambrosianus, Γαζέρ) ; Γαζάρα, tant au singulier qu’au pluriel, I Mach., ix, 52 ; xiii, 53 ; xiv, 7, 34 ; xv, 28, 35 ; xvi, 1, 19 ; x, 32 ; Γαζήρα, II Reg., v, 25 ; I Par., xiv, 16 ; I Mach., vii, 45 ; Vulgate : Gazer, Jos., x, 33 ; xii, 12 ; xvi, 3, 10 ; xxi, 21 ; Jud., i, 29 ; III Reg., ix, 15, 16, 17 ; I Par., vi, 67 (hébreu, 52) ; vii, 28 ; xx, 4 ; Gézer, II Reg., v, 25 ; Gazara, au singulier, I Mach., vii, 45 ; ix, 52 ; xiv, 7, 34 ; xv, 28, 35 ; xvi, 19 ; II Mach., x, 32 ; au pluriel, I Mach., xiii, 53 ; xvi, 1 ; Gazera, I Par., xiv, 16 ; Gézéron, I Mach., iv, 15), antique cité chananéenne, dont le roi, Horam, fut pris par Josué, x, 33 ; xii, 12 ; ville de refuge et lévitique de la tribu d’Éphraïm, Jos., xxi, 21 ; I Par., vi, 67 (hébreu, 52) ; mentionnée sous David et Salomon, II Reg., v, 25 ; I Par., xiv, 16 ; xx, 4 ; III Reg., ix, 15, 17 ; plus célèbre sous les Machabées, I Mach., vii, 45, etc. Ce fut une place importante, et sa découverte de nos jours a été l’une des plus intéressantes dans le domaine de la géographie biblique.

I. Nom.

Le nom hébreu Gézér se rattache à la racine gâzar, « couper. » On peut, avec F. Mühlau et W. Volck, W. Gesenius’ Handwörterbuch, Leipzig, 1890, p. 154, lui donner le sens de « lieu coupé ou taillé à pic », qui convient bien à la colline ou tell dont nous parlons plus bas comme représentant l’ancienne ville. Quoi qu’il en soit de l’étymologie, c’est un fait remarquable que le nom a subsisté exactement sous la même forme depuis les origines les plus reculées jusqu’à nos jours. Il est écrit Gaz-ri, Ga-az-ri sur les tablettes de Tell el-Amarna, 163, 22 ; 177, 21 ; 180, 14 ; 183, 8 ; 204-206 ; 239, 43. Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amarna, Berlin, 1896, p. 288, 300, 306, 312, 328, 354. Sur la liste de Thotmès III, il occupe le no 104, avec la transcription : 𓈎𓄿𓏭𓆓𓂋, Qazir, 𓈎𓄿𓏭𓆓𓃭, Qa-zi-r. Cf. A. Mariette, Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 41 ; G. Maspero, Sur les noms géographiques de la liste de Thoutmos III qu’on peut rapporter à la Judée, extrait des Transactions of the Victoria Institute, or philosophical Society of Great Britain, Londres, 1888, p. 16 ; W. Max Müller, Asien und Europa nach altägyptischen Denkmälern, Leipzig, 1893, p. 160. On l’a retrouvé sur une stèle de Ménéphtah, découverte en 1896 par Flinders Petrie. Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 436. La forme Gazer est devenue Γαζάρα à l’époque des Machabées. C’est celle qu’on rencontre dans Josèphe, Ant. jud., VII, iv, 1 ; xii, 1 ; VIII, vi, 1 ; XIII, i, 3 ; ix, 2, bien qu’on lise Γαδάρα, Ant. jud., V, i, 22, comme Γαδαρίς dans Strabon, xvi, 759. Au temps d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 127, 244, le même nom de Gazara, Γαζάρα, existait encore. Sous les croisés, il fut transformé en Gisart, Mont Gisart, Mont Gissart, Mongisart, Mons Gisardus. Cf. Ch. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, 1888, t. i, p. 351-391. Enfin, depuis les anciens historiens musulmans jusqu’à nos jours, la dénomination arabe ثلّ جزر, tell (colline de) Djézer, a maintenu l’exacte reproduction de l’hébreu. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, Londres, 1890, p. 543, 600 ; G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palästina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 32.

II. Situation et description.

Voici les renseignements que nous fournissent la Bible et les autres documents historiques sur l’emplacement de Gazer. C’était une ville de la Palestine méridionale : dans l’énumération des cités royales prises par Josué, elle est mentionnée après Lachis et Églon, Jos., xii, 11, 12, de même que les tablettes de Tell el-Amarna en parlent avec Ascalon et Lachis. Cf. H. Winckler, Thontafeln von Tell el-Amarna, p. 307. Elle se trouvait, d’après Josèphe, Ant. jud., VII, iv, 1, à l’extrémité du pays philistin, et, d’après I Mach., xiv, 34, à la frontière du territoire d’Azot. Elle formait la pointe sud-ouest de la tribu d’Éphraïm, à l’ouest de Béthoron inférieur (Beit ‘Ur et-Tahta). Jos., xvi, 3. Voir Éphraïm 2, t. ii, col. 1874. Elle était à une journée de marche d’Adazer ou Adarsa (Khirbet Adaséh), localité située au nord de Jérusalem. I Mach., vii, 45. Enfin l’indication la plus précise nous est donnée par Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, p. 127, 244, qui nous disent que, de leur temps, Gazer était encore un bourg, κώμη, appelé Γαζάρα, à quatre milles (près de six kilomètres) au nord de Nicopolis (aujourd’hui ‘Amuâs). Malgré ces renseignements, dont le dernier est si net, malgré toutes les recherches des explorateurs, l’identification de cette ville resta un problème jusqu’en 1871. En désespoir de cause, la plupart des commentateurs, se raccrochant à une ressemblance superficielle des noms, placèrent Gazer à Yazur, village situé au sud-est et tout près de Jaffa. Cf. R. J. Schwarz, Das heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 58 ; K. von Raumer, Palästina, Leipzig, 1850, p. 172 ; d’autres le placèrent à El-Qubâb, qui se trouve dans la direction indiquée par Eusèbe et à peu près à la distance voulue d’Amouas. Cf. Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 315.

Il était réservé à un savant français, M. Clermont-Ganneau, de découvrir le véritable site de Gazer. En lisant certain chroniqueur arabe de Jérusalem, Moudjir-ed-Din, il remarqua la relation d’un incident qui eut lieu en Palestine en l’an 900 de l’hégire. Il s’agissait d’une escarmouche entre un parti de Bédouins pillards et un gouverneur de Jérusalem en tournée dans le district de Ramléh. Les cris des combattants, qui se pourfendaient au village bien connu de Khoulda ou Khouldéh, étaient distinctement perçus à un autre village appelé Tell el-Djézer, « la colline de Djézer. » Ce dernier nom était le correspondant exact de l’hébreu Gézér, surtout si l’on prononce l’arabe à l’égyptienne : Guézer. Bien que toutes les cartes fussent muettes sur cet endroit, l’existence n’en était pas moins démontrée de la façon la plus positive et corroborée par l’assertion d’un géographe arabe du xiiie siècle de notre ère, Yakoût, qui cite ce Tell el-Djézer comme une place forte du district de Falestin, c’est-à-dire de Ramléh. Étant à portée de voix de Khoulda, il ne pouvait en être bien éloigné. M. Clermont-Ganneau, suivant cette piste sur le terrain, découvrit Gazer à environ cinq kilomètres au nord de Khoulda, tout près d’un village figurant sur les cartes sous le nom d’Abou-Schouschéh. Il y constata l’emplacement d’une grande cité, présentant tous les caractères d’une ville forte et répondant à toutes les conditions requises. Cependant, le nom de ce Tell el-Djézer, conservé par tous les habitants d’Abou-Shouschéh, qui en fait partie, était inconnu aux gens de Khoulda, leurs voisins. Cf. Ch. Clermont-Ganneau, La Palestine inconnue, in-18, Paris, 1876, p. 14-23.

Cette découverte, déjà solidement appuyée, demandait le renfort de quelque bon argument épigraphique, par exemple d’une inscription in situ contenant le nom de la ville. Quelques années plus tard, le savant explorateur eut la bonne fortune de trouver, sur l’emplacement même qu’il avait assigné à Gazer, une série d’inscriptions décisives justifiant admirablement ses vues théoriques. En 1874, au cours d’une mission archéologique que lui avait confiée la société du Palestine Exploration Fund, il découvrit, gravée sur le rocher, à 800 mètres environ droit à l’est de Tell el-Djézer, une première inscription bilingue, en grands caractères grecs et hébreux, contenant ces simples mots, singulièrement significatifs dans leur laconisme : Ἀλκίου, תחם תזר, « limite de Gézer, de Alkios. » Ce nom judéo-grec, Alkios, au génitif, est vraisemblablement celui du magistrat, civil ou religieux, qui avait présidé à l’établissement de cette limite officielle, vers l’époque des Machabées, à en juger par la paléographie des caractères. L’identité de Gazer et de Tell el-Djézer était donc un fait bien acquis. Ce n’était pas tout cependant ; et les nouvelles découvertes de l’éminent professeur, fruit d’ingénieuses suppositions, jettent un jour trop singulier sur cette ville et les autres cités lévitiques pour ne pas les rapporter ici.

Frappé de ce fait que ce jalon épigraphique était normalement orienté par rapport au tell, M. Clermont-Ganneau en conclut que la limite dont il s’agissait devait être une limite enveloppant la ville, et non pas simplement une ligne de démarcation passant, par exemple, entre deux territoires contigus ; dans ce dernier cas, on s’attendrait, en effet, à avoir la mention du second territoire : « Limite de Gézer et de… » Comme il est ici question d’une ville lévitique, il supposa qu’on pourrait avoir affaire à la délimitation de la zone sacrée du migrasch, entourant ces sortes de villes, zone qui rappelle à plusieurs égards le πρόαστειον ou le pomœrium de l’antiquité classique, et qui, plus tard, semble avoir servi à fixer la distance légale du fameux « chemin sabbatique », σαββάτου ὁδός, תחום שׂבת, dont parlent les Actes des Apôtres et le Talmud. Il en arriva ainsi à conclure que ce jalon épigraphique ne devait pas être isolé et qu’il devait y en avoir une série d’autres à découvrir tout autour de l’emplacement de Gazer, à des distances sensiblement égales et sur des points répartis selon des lignes normalement orientées. L’événement ne tarda pas à justifier ce raisonnement. En cherchant le long d’une ligne dirigée du sud-est au nord-ouest, il découvrit, à 150 mètres environ de la première, une seconde inscription, également gravée sur le rocher, et d’une teneur absolument identique : « Limite de Gézer ; d’Alkios. »
22. — Inscription trouvée à Tell el-Djézer.
La seule différence c’est que les deux textes étaient disposés dos à dos, au lieu d’être mis bout à bout, comme dans le premier cas. De plus, entre les deux inscriptions, il en trouva une troisième, purement hébraïque, plus courte et d’une interprétation difficile.

Sept ans plus tard, en 1881, M. Clermont-Ganneau découvrit, toujours sur le même alignement sud-est-nord-ouest, un troisième exemplaire de l’inscription bilingue, dont les deux textes étaient superposés. Il ne put à ce moment explorer à fond les alentours de Tell el-Djézer pour y chercher les autres jalons épigraphiques similaires qui devaient, selon lui, exister sur les autres côtés du migrasch : nord, ouest, et sud. Mais le P. Lagrange, continuant ces investigations, a trouvé, en 1898, un quatrième exemplaire de l’inscription, conçu dans les mêmes termes et gravé sur le rocher. La disposition des deux textes est identique à celle du second exemplaire, c’est-à-dire que la ligne hébraïque et la ligne grecque sont adossées. Voir fig. 22. Mais ce qui est surtout important, c’est la position qu’occupe ce jalon par rapport au Tell el-Djézer et aux autres textes congénères. Il est, en effet, au droit sud du Tell, par conséquent dans une région toute différente du premier groupe situé à l’est ; ce qui tend à démontrer qu’il s’agit bien de lignes limitant une zone périphérique à la ville. L’aire ainsi limitée formait peut-être un carré orienté par ses angles. Cf. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, 1888-1899, t. iii, p. 116-123, 264-268 ; Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, septembre-octobre 1898, ive série, t. xxvi, p. 686-694 ; mars-avril 1899, t. xxvii, p. 247-251 ; Revue biblique, Paris, janvier 1899, t. viii, p. 109-115 ; juillet 1899, t. viii, p. 422-427.

Tell el-Djézer occupe une situation importante à l’entrée des montagnes qui bordent la plaine de Séphélah. Voir fig. 23. C’est une colline oblongue, orientée de l’ouest à l’est, au-dessus du village d’Abou-Schouschéh, au sud-est de Ramléh, à droite de la route qui va de Jaffa à Jérusalem, à gauche de la ligne du chemin de fer. On dirait un fort avancé, détaché du rempart montagneux qui s’élève peu à peu vers l’est, et dominant de 75 à 80 mètres les vallées environnantes, avec une altitude de 260 mètres environ au-dessus de la Méditerranée. À l’extrémité occidentale se trouve l’ouély de Scheikh Mohammed el-Djézary, et à l’extrémité orientale sont les restes d’une construction rectangulaire. On a, de l’édifice musulman, une magnifique vue sur la plaine maritime, avec Ramléh au nord-ouest entourée de ses jardins, de ses bois d’oliviers et de palmiers. La vallée qui suit le tell au sud tourne vers l’est et le sépare de Khirbet Yerdéh, où se trouve une belle source. Sur les flancs rocheux de la colline, principalement au nord et à l’est, on voit de nombreuses excavations, tombeaux et pressoirs ; on compte plus d’une vingtaine de ces derniers.
23. — Carte des environs de Tell el-Djézer.
Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1874, p. 5-6, 56 ; 1875, p. 74-77 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 428-440 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, in-8o, Londres, 1889, p. 6.

III. Histoire.

Gazer (fig. 24) est une des plus anciennes villes de la Palestine et a joué un rôle assez important. Elle existait déjà avant l’arrivée des Israélites dans le pays de Chanaan. Les monuments de l’histoire profane confirment sous ce rapport les données de la Bible. Un roi égyptien de la XVIIIe dynastie, Thothmès III, s’en empara, et le nom de la vieille cité est resté gravé sur les pylônes de Karnak. Elle eut alors des gouverneurs qui l’administraient sous l’autorité des pharaons. Les Tablettes de Tell el-Amarna nous apprennent que celui qui la gouvernait sous Aménophis III et Aménophis IV s’appelait Yapaḥi. Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amarna, p. 329, 331. Elle est mentionnée avec Ascalon et Israël (Isiraalu) sur la stèle de Ménéphtah, de la XIXe dynastie, mais l’orthographe du nom diffère un peu de celle des listes de Thothmès III. Cf. Revue biblique, avril 1899, p. 271, 273. Lors de l’entrée des hébreux dans la Terre Promise, elle avait pour roi Horam, ou Élam d’après les Septante. Ce prince, ayant voulu secourir Lachis, fut exterminé avec tout son peuple par Josué, x, 33 ; xii, 12. Dans le partage primitif du territoire conquis, elle formait la limite sud-ouest de la tribu d’Éphraïm. Jos., xvi, 3. Mais il est possible que, comme certaines villes frontières, elle ait été ensuite enclavée dans la tribu de Dan. Voir Éphraïm 2, t. ii, col. 1874. Néanmoins les habitants chananéens ne furent pas détruits et demeurèrent tributaires au milieu des enfants d’Israël. Jos., xvi, 10 ; Jud., i, 29. Ville de refuge, elle fut assignée aux Lévites fils de Caath. Jos., xxi, 21 ; I Par., vi, 67 (hébreu, 52). David, vainqueur des Philistins, les poursuivit depuis Gabaon (I Par., xiv, 16, et Septante, II Reg., v, 25), ou depuis Gabaa (hébreu : Géba‘, II Reg., v, 25), jusqu’à Gazer (Vulgate : Gézer, II Reg., v, 25 ; Gazéra, I Par., xiv, 16). Il fit également contre eux à Gazer (Gob, d’après II Reg., xxi, 18), une expédition dans laquelle se signala un de ses héros. I Par., xx, 4. Les Chananéens habitaient encore cette ville comme tributaires pendant le règne de Salomon. À cette époque, un pharaon d’Égypte, dont la Bible n’indique pas le nom, s’empara de cette place, la livra aux flammes et tua tous les Chananéens qui s’y trouvaient, puis il la donna en dot à sa fille, devenue l’épouse du monarque Israélite. III Reg., ix, 16. Celui-ci la rebâtit. III Reg., ix, 15, 17. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 266-270.
24. Vue de Tell el-Djézer. D’après une photographie.

À l’époque des Machabées, Gazer figure souvent dans les luttes soutenues par les Juifs contre les Séleucides, et elle devient un des principaux boulevards des princes asmonéens. Judas Machabée, ayant défait les troupes de Gorgias non loin d’Emmaüs, les harcela jusqu’à Gazer (Vulgate : Gézéron) et jusque du côté d’Azot et de Jamnia. I Mach., iv, 15. Plus tard, il remporta près d’Adarsa une brillante victoire sur Nicanor, qui périt dans le combat, et il poursuivit, l’espace d’un jour de marche, l’armée fugitive jusqu’à Gazara ou Gazer. I Mach., vii, 45. Après la mort de Judas, Bacchide se rendit maître de la place et la fortifia. I Mach., ix, 52. Elle retomba ensuite au pouvoir de Simon Machabée, qui y laissa une garnison juive. I Mach., xiv, 7, 34 ; xv, 28, 35. Le siège en est raconté d’une manière assez tragique I Mach., xiii, 43-48. Bien que tous les manuscrits grecs et les anciennes versions nomment ici Gaza, il est très probable qu’il faut plutôt, avec Josèphe, Ant. jud., XIII, vi, 6 ; Bell. jud., I, ii, 2, lire Gazara. « C’est à cette leçon que les critiques donnent assez généralement et à bon droit la préférence. En effet, la lointaine Gaza ne nuisait en rien à l’indépendance des Juifs. Il n’en était pas de même de Gazara, si rapprochée de Jérusalem, et qui était, avec l’Acra, le principal appui du parti helléniste. Cf. I Mach., ix, 52 ; x, 12 ; xiv, 7, 34. » Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1899, t. vi, p. 768. Les détails du récit dénotent un siège en règle. Simon investit la ville avec son armée, s’approcha des remparts avec des machines (d’après le grec : des ἐλεπόλεις, des « prend-villes »), attaqua une tour et s’en empara. Ceux qui étaient dans une de ces machines firent irruption dans la ville, où il y eut un grand tumulte. Les habitants, montant sur les murailles avec leurs femmes et leurs enfants, et ayant leurs tuniques déchirées en signe de deuil et de supplication, demandèrent grâce. Simon, apaisé, cessa de les combattre ; il les chassa cependant de la cité, purifia les maisons souillées par les idoles, fit son entrée au chant des hymnes et y établit sa demeure. Jean, son fils, s’y fixa également après avoir été nommé généralissime des troupes juives. I Mach., xiii, 54 ; xvi, 1. Ptolémée, son gendre, après l’avoir traîtreusement assassiné avec deux de ses fils, envoya des affidés à Gazara pour perdre Jean lui-même ; mais, prévenu à temps, celui-ci échappa au péril et mit à mort ceux qui étaient venus pour s’emparer de lui. I Mach., xvi, 19, 21. — La Gazara de II Mach., x, 32, place forte ou château fort (en grec : Γάζρα λεγόμενον ὀχύρωρα, εὖ μάλα φρούριον), où Timothée se réfugia, et où il fut assiégé, par Judas, puis vaincu et mis à mort, prête matière à difficultés. Parmi les ommentateurs, les uns l’assimilent à Jazer de Num., xxxii, 35, située dans la tribu de Gad, à l’est du Jourdain ; les autres y voient Gazer ou Tell el-Djézer ; d’autres enfin ne savent comment l’identifier. Cf. Fillion, La Sainte Bible, t. vi, p. 860 ; F. X. Patrizi, De consensu utriusque libri Machabæorum, in-4o, Rome, 1856, p. 259 ; C. F. Keil, Die Bücher der Makkabäer, in-8o, Leipzig, 1875, p. 386. Ce qu’il y a de certain, c’est que les détails donnés, II Mach., x, 32-38, sur le siège de cette place, siège qui dura quatre jours, conviennent bien à Tell el-Djézer. — Cf. Ch. Clermont-Ganneau, Archæological Researches in Palestine, Londres, 1896, t. ii, p. 224-265.

2. gazer (Codex Alexandrinus : Ἰάζην ; Codex Sinaiticus : Ἰάζηρ), ville située à l’est du Jourdain et prise par Judas Machabée. I Mach., v, 8. La leçon probable du grec est Ἰάζηρ. Aussi reconnaît-on ici Jazer de la tribu de Gad. Jos., xiii, 25. Voir Jazer.