Dictionnaire de la Bible/Gazelle
GAZELLE (hébreu : ṣebî, féminin : ṣebiyâh ; Septante : δορκάς, δορκάδιον ; Vulgate : caprea), quadrupède
ruminant, appartenant au genre antilope, voir Antilope, caractérisé par ses cornes annelées et recourbées
en forme de lyre, son œil noir, vif et doux, ses
membres très fins, sa queue courte terminée par une
touffe noire, son pelage fauve sur le dos et blanc sous le
ventre, avec une bande plus foncée séparant les deux
teintes. La gazelle (fig. 21) a la taille un peu plus petite
que le chamois. Elle est remarquable par sa douceur,
21. — Gazelle.
sa timidité qui la rend très difficile à approcher, la
rapidité de son allure et son port si gracieux que les
Hébreux lui ont donné le nom de ṣebî, qui veut dire en
même temps « beauté ». Prise jeune, elle s’apprivoise
aisément et ne cherche pas à reconquérir sa liberté. —
1o La gazella dorcas, appelée ghazâl par les Arabes, est
le gros gibier le plus abondant de la Palestine, le seul
même que les voyageurs aient chance de rencontrer. On
en voit parfois jusque sur le mont des Oliviers. Dans le
sud, où elles abondent, on aperçoit les gazelles par centaines
à la fois. En Galaad se trouve communément la
gazella arabica ou cora, plus belle encore que la gazelle
ordinaire, dont elle ne constitue qu’une simple variété.
Sa couleur s’harmonise si parfaitement avec celle du
désert qu’il est malaisé de la distinguer à quelque distance.
La chair de la gazelle est très estimée, bien que
moins succulente que celle de la chèvre sauvage. Dans
les grandes chasses, on se sert du lévrier pour atteindre
la gazelle ; on y joint aussi le faucon. Les Arabes se
contentent de se mettre en embuscade pour attendre le
passage de l’animal dans les défilés ou sur les sentiers
qui mènent aux mares. Dans le Hauran, on attire les
gazelles, au moyen d’appâts, dans des enceintes fermées
où on les prend dans des pièges. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 127-131 ; Wood,
Bible animals, Londres, 1884, p. 133-140 ; Socin-Benzinger,
Palästina und Syrien, Leipzig, 1891, p. lxi. La
gazelle était bien connue et fort estimée sur les bords
du Nil. L’un des nomes de la Moyenne-Égypte portait
son nom. Au milieu des tombes royales de Deir el-Bahari,
on a trouvé la momie d’une gazelle favorite d’Isimkhobiou.
Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris,
t. ii, 1897, p. 523. Le gracieux
animal charmait donc les Égyptiens aussi bien que les
Hébreux. — 2o La Sainte Écriture parle plusieurs fois
de la gazelle. C’est le type de l’agilité. On lui compare
les guerriers rapides à la course, II Reg., ii, 18 ;
I Par., xii, 8, et sa vitesse est l’image de l’empressement
avec lequel il faut fuir le mal. Eccli., xxvii, 22. Car la
gazelle est en éveil à la moindre alerte, Is., xiii, 14, et
elle sait même s’échapper de la main du chasseur qui
croit la tenir. Prov., vi, 5. Elle est aussi le type de la
beauté. Le bien-aimé et l’épouse du Cantique, ii, 9 ; iv, 5,
sont représentés avec les qualités de la gazelle, et c’est
par les gazelles et les biches, c’est-à-dire par la portion
la plus aimable et la plus séduisante de son troupeau,
que l’épouse fait ses adjurations. Cant., ii, 7 ; iii, 5.
Enfin la chair de la gazelle sert d’aliment, et c’est même
une nourriture qui peut servir à désigner ce qu’il y a de
meilleur. Deut, xii, 15, 22 ; xiv, 5 ; xv, 22. Elle figurait
avec honneur sur les tables de Salomon. III Reg., iv, 23.
— 3o Le nom de la gazelle a été donné à des personnes,
Sebia, ṣibyâ’, I Par., viii, 9 ; Sebia, ṣibyâh, IV Reg., xii, 1 ;
II Par., xxiv, 1, et à une ville, Seboim, ṣebo’îm,
Gen., x, 19 ; xiv, 2 ; Deut., xxix, 23 ; Os., xi, 8. Sous sa
forme araméenne, tabyâ’, il devient celui d’une femme
de Joppé, Tabîtâ’, Tabitha, ressuscitée par saint Pierre,
Act., ix, 36.