Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/231-240

Fascicules du tome 2
pages 221 à 230

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 231 à 240

pages 241 à 250


Milanois dans le XVe siècle, donna occasion à l’établissement de cette Congrégation. Les Supérieurs de la province de Milan, qui s’étendoit sur les terres de la République de Venise, traitoient avec beaucoup de hauteur & de dureté les Vénitiens, qui étoient dans leur province ; de sorte que ceux-ci pensèrent à secouer un joug qui leur devenoit insupportable. Les Supérieurs en eurent avis ; ils firent sortir de la province les principaux Auteurs de ce complot. Pierre Caperole, Matthieu de Tarville, Gabriel Maluezzi & Bonaventure de Brescia. On les rapela, mais on n’en usa pas mieux à leur égard. Caperole trouva moyen de faire séparer les Couvens de Brescia, de Bergame, de Crémone, & d’autres de la province de Milan, pour les mettre sous l’obéissance des Conventuels. On en fit une Vicairie, & Caperole obtint du Pape qu’elle fût érigée en Congrégation, qui fut appelée des Caperolans, & soumise aux Conventuels. P. Heliot, T. VII, c. 14.

☞ CAPES. Ville d’Afrique, au Royaume de Tripoli, sur la Méditerranée.

Capes. Peuples d’Afrique, sur la côte de l’Océan, près de la montagne de Sierra-Lione.

☞ CAPESTAN. Petite ville de France, au bas Languedoc, diocèse de Narbonne, à deux lieues de cette ville, sur le canal royal.

CAPET. s. m. Surnom de Hugues, Comte de Paris, & Duc de France, fils de Hugues le Grand. Capetus. Hugues Capet fut le XXXVe Roi de France, & le premier de la troisième race, dont l’auguste postérité règne encore aujourd’hui en France, en Espagne, à Naples & à Parme.

On le trouve appelé en latin Capetus, & capucius, & l’on prétend que ce nom vient de capucium, un capuce, ou capuchon ; & qu’il lui fut donné parce qu’étant jeune son plaisir étoit d’ôter aux autres le capuchon que l’on portoit alors, & que l’on appeloit cappe & capet. On ajoute qu’encore aujourd’hui on appelle est Auvergne chapets ceux qui tourmentent les autres par jeu & en badinant. Pasquier, Rech. L. VIII, c. 45. Du Cange.

Quelques-uns prétendent que ce nom fut donné à Hugues Capet, simplement parce qu’il portoit un capuchon, ou une cape, capam ; que c’est pour cela que dans une ancienne charte de l’Eglise de S. Médard de Soissons, il est appelé capatus : & ils traitent la raison de Pasquier & de Du Cange de puérile. Mais ne leur en déplaise, qu’elle raison y auroit-il eu de donner ce nom en particulier à Hugues, puisque tout le monde alors portoit des capes ? c’est ce que ces critiques ignorent. D’autres, ajoutent-ils, disent que ce nom vient de caput, tête, & qu’il fut donné à Hugues, parce qu’il avoir la tête grosse, ou parce qu’il l’avoit bonne, c’est-à-dire, le sens & le jugement bon.

CAPÈTES. s. m. pl. C’est le nom des Boursiers du Collège de Montaigu : ils furent fondés en 1480 par Jean Standonck, de la ville de Malines, Docteur de Sorbonne, & Seigneur de la Villette. On les nomma ainsi, parce qu’outre une espèce de froc, ils portoient de petits manteaux, que l’on nommoit anciennement des capes ou des capètes. Remarq. sur la Satv. Menipée.

CAPÉTIEN. s. m. Qui est descendant de Hugues Capet, Prince de la postérité de Hugues Capet, qui fait la troisième race de nos Rois. Capetingus. Ce mot ne se dit que des Rois & non des branches des familles royales qui n’ont point monté sur le trône, quoiqu’ils soient aussi Capétiens, c’est à-dire, descendans de Hugues Capet. Il y a plus de sept siècles que les Capétiens regnent en France, car aujourd’hui (en 1769) il y a 782 ans. Les Capétiens sont incontestablement la famille la plus ancienne & la plus noble qui soit au monde. Nulle généalogie ne remonte si haut que celle de Jésus-Christ, dit un Auteur Allemand, pas même celle des Capétiens, la plus longue & la mieux prouvée que l’on connoisse au monde.

Ce nom vient de Hugues Capet, premier Roi de cette race, dont Louis XVe du nom, qui règne à présent est le XXXe Roi. Hugues Capet étoit fils de Hugues surnomme l’Abbé, le Grand & le Blanc, & petit-fils de Robert le Fort, fait Comte d’Anjou, Marquis de France & Duc des François. Du Tillet, dans sa Chronique des Rois de France dit que Hugues Capet est le premier Gaulois Roi des Gaulois. Les deux autres races étoient des Francs. Quelques Auteurs font descendre Hugues Capet de Pépin par le Comte Childebrand, & même de Clovis par les femmes. Robert, selon quelques-uns, descendoit de Charlemagne, &, selon l’opinion la plus probable, étoit Saxon, fils d’un Vitikind Saxon. Il épousa une fille de Hugues, Duc de Bourgogne, fils de Charlemagne. Ainsi les Capétiens viennent de Charlemagne par les femmes, Voyez Mezeray, T. I, p. 350 & suiv.

CAPÉTIEN, IENNE. adj. M. Gilbert, Charles le Gendre, M. de Saint-Aubin, ci-devant Maître des Requêtes, dans un excellent ouvrage des Antiquités de la Maison de France, ouvrage plein de sagacité & de critique, s’efforce de prouver que la race Capétienne, actuellement régnante en France, tire son origine des Rois de Lombardie, & remonte Jusqu’à l’an 712, & même 703, par les ancêtres de Robert le Fort, que voici :

ANSPRAND
Tuteur de Luitprand en 703, & Roi de Lombardie en 712, eut de sa femme Theuderade.
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Sigibrand.

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Luitprand,
Roi de Lombardie, a régné 31 ans & 7 mois, de Guntrude il n’a laissé qu’une fille.
Childebrand,
Associé au trône de Lombardie, & couronné en 736, a régné seul après la mort de son oncle, en 744, pendant sept mois seulement. Il a eu de la sœur de Charles Martel :

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Nébelon,
Comte de Madrie :

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Théodebert,
Comte de Madrie :

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Robert,
Frère de la Reine Ingeltrude, a eu d’Agane, fille de Wicfrid, Comte de Berry,

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Robert le Fort,
a eu d’Adélaïde, veuve de Conrad, Comte d’Altorf:
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Eudes,
Roi de France
Robert I.
Roi de France.


Ensorte que la Maison aujourd’hui régnante en France, comptoit en l’année 1739 mille trente-six, ou, à ne prendre que du commencement du règne d’Ansprand, mille 27 ans de la plus haute & la plus illustre noblesse ; & huit cents cinquante-deux ans depuis qu’elle a commencé de régir la première & la plus puissante Monarchie de l’univers, & par conséquent dans la possession incontestable d’une noblesse, qui n’a point eu d’égale dans aucune nation, ni dans aucun siècle. Le même Auteur montre que la couronne des Lombards étoit héréditaire & successive dès le temps de Justinien.

☞ CAPEYER. Terme de Marine. C’est mettre un vaisseau à la cape, en attendant que le vent contraire devienne’favorable.

CAPAHAR. s. m. Droit que les Turcs font payer aux Marchands Chrétiens, qui conduisent ou envoient des marchandises d’Alep à Jérusalem, & autres lieux de la Syrie.

CAPHARNAUM. Nom d’une ville de la Terre-Sainte. Capharnaum. Capharnaum étoit une ville de la tribu de Nephtali, dans la Décapole, dont elle étoit capitale. Elle étoit située sur la mer de Tibériade, ou de Galilée, à l’endroit où elle reçoit le Jourdain. Jésus-Christ après son baptême fit son séjour ordinaire à Capharnaum. Et quittant le séjour de la ville de Nazareth, il vint demeurer à Capharnaum, qui est proche de la mer sur les confins de Zabulon & de Nephtali. Port-R. en saint Matth. IV, 13. Il descendit ensuite à Capharnaum, ville de Galilée, & il y enseignoit le peuple les jours de Sabbat. Bouh.

☞ CAPHENG. Ville de l’Inde au de-là du Gange, au Royaume de Siam, avec une province de même nom.

CAPHTORIM. s. m. & plur. Caphtorim, Caphtoræi. Peuples anciens dont il est parlé dans l’Ecriture, Gen. X, 14. Mitsraïm fut pere des Ludim, des Ananim, des Laabim, des Nephtim, des Phétrusim, & des Chasluim, desquels sortirent les Philistins, & les Caphtorim. Quelques Auteurs disent que les Caphtorim & les Philistins sont les mêmes peuples ; mais on voit par les paroles que je viens de rapporter que Moïse les distingue. Zieglerus, dans son Arabie, au mot Hauvim, réfute ceux qui prétendent que ce sont les peuples de Cappadoce ; & il les place dans l’Arabie heureuse, entre le détroit arabique & le détroit persique. Bochard les met dans la partie de la Cappadoce qui confinoit la Colchide, & leur donne les Casluim pour voisins. Sa raison est que tous les anciens ont dit que les Caphtorim sont les peuples de Cappadoce. Pour le confirmer, il ajoute que caphtor en hébreu signifie malum punicum, une grenade, & que σίδη side, signifie la même chose en grec ; & qu’il y avoit en ces quartiers-là une ville de ce nom d’où toute la contrée étoit appelée Sidene. C’est au c. 32 du IVe Livre de son Phaleg que Bochard traite de ces peuples.

D’autres Savans ne jugent pas que ce sentiment soit soutenable, parce que la Cappadoce, comme les autres Provinces septentrionales de l’Asie, fut d’abord occupée par les enfans de Japhet, & nullement par ceux de Cham, qui habitoient les pays méridionaux ; & que d’ailleurs l’Ecriture appelle leur pays une Île. Amos IX, 6, Jer. XLVII, 47, ce qui a fait dire à quelques Interprètes qu’ils habitoient l’Île de Chypre, & à d’autres, celle de Crète. Mais quelle apparence que du temps d’Abraham, Deut II, 23, que les Provinces voisines de la Mésopotamie commençoient à peine à se peupler, il y eût déjà dans l’Île de Crète, ou même dans celle de Chypre, des Colonies nombreuses d’Egyptiens. Quelques autres donc disent que les Caphtorim, peuple originairement Egyptien, descendant de Mitsraïm, comme il paroît par la Genèfe X, 14, habitoient premierement la côte occidentale de la mer Rouge ; qu’ils quitterent ensuite ce lieu pour aller se loger ailleurs ; que, selon les plus doctes Commentateurs, le mot hébreu אי, qu’on a traduit en grec par Νῆσος, & en latin par Insula, signifie non seulement une Ile, mais toute sorte de pays situé le long de la mer, soit qu’il fut tout environné d’eau, soit qu’il ne fût arrosé de la mer que d’un côté ; qu’ainsi la côte de la mer Méditerranée, qu’habitoient les Philistins, est appelée אי, Ile, Isaïe XX, 6, & qu’il a encore le même sens. Gen. X, 5 Is. XLI, 1 & XLIX, 1.

CAPI-AGA ou CAPI-AGASSI. s. m. Nom d’un Officier Turc. Præfectus palatii apud Turcas. Quatre principaux Eunuques, qui portent tous la qualité d’Aga, sont toujours auprès du Grand Seigneur. Le premier d’entr’eux est nommé Capi-Aga, qui a l’intendance générale du Serrail, & il faut qu’il ait vieilli dedans, pour avoir toute la confiance & la pratique nécessaire à sa charge. Le Grand Seigneur n’a point d’affaires importantes, qu’il ne lui communique, & nous dirions en France proprement qu’il a le secret du cabinet. Il commande les cinq chambres des Pages qui font dans le Serrail. Il a soin de leur faire apprendre l’exercice des Lettres & des armes. Tous les Eunuques du Serrail, soit les Blancs, soit les Nègres, sont sous sa charge. Ceux même de la Sultane favorite, qu’ils appellent Hha Seki Sultan, c’est-à-dire, Sultane privée, ne font rien sans son ordre ; & quand cette femme Reine & Esclave tout ensemble désire quelque chose d’eux, ils en donent avis au Capi-Aga, & elle ne le peut avoir que par son moyen. Du Loir, p. 89, & 90. Le Capi-Aga est le Gouverneur des portes du Serrail, ou le Grand Maître du Serrail. C’est la première dignité des Eunuques blancs. Le Capi-Aga est toujours auprès du Grand Seigneur. Il introduit les Ambassadeurs à l’audience. Personne n’entre ou ne sort de l’appartement du Grand Seigneur sans son ministere. Le Grand Visir lui-même, doit être présenté par le Capi-Aga, quand il veut parler au Prince. Sa charge lui donne le privilège de porter le Turban dans le Serrail, & d’aller par-tout à cheval. Il accompagne le Grand Seigneur jusqu’au quartier des Sultanes, mais il demeure à la porte, & n’y entre point : ses appointemens sont fort modiques ; le Grand Seigneur fait les frais de sa table, & lui donne dix sultanins par jour. Chaque sultanin vaut six francs de notre monnoie, ce qui ne fait que 60 livres par jour, & 21900 livres par an ; mais sa charge lui attire un très-grand nombre de présens, parce que tout le monde a besoin de lui, & qu’aucune affaire de conséquence ne vient à la connoissance de l’Empereur, qu’elle n’ait passé par ses mains. Le Capi-Agassi ne peut être Bâcha quand il quitte sa charge. On peut voir sur cet Officier la Relation du Serrail de M. Tavernier, & l’Etat de l’Empire Ottoman par M. de la Croix. Voyez aussi ci-dessus Aga.

CAPIBARA. s. m. Poisson qui se trouve dans le Parana, rivière de l’Amérique méridionale. Capibara. Le Capibara ressemble assez à un porc. Hist. Parag. v. 3.

☞ CAPI-CAG-TINGA. Espèce d’Acorus qui croît aux Indes orientales, assez semblable au nôtre, mais plus petit.

CAPIER. s. m. Plante qui s’étend en rond, qui a des épines crochues, & des feuilles rondes : son fruit s’appelle cape. Capparis, cappar folio minore rotundo. On l’appelle autrement caprier, & c’en est le véritable nom.

☞ CAPIER. v. a. Dans les manufactures en soie, fil, laine, &c. c’est arrêter le bout par lequel un écheveau a commencé, & celui par lequel il a fini, de façon qu’au dévidage on puisse toujours trouver & prendre le dernier. Ce qui facilite le dévidage & empêche l’écheveau de se mêler. Encyc.

CAPIGI. s. m. Du Loir écrit Capidgi. Terme de relation, Portier du Serrail. Janitor palatii Turcici. Il y a dans le Serrail, ou Maison du Grand Seigneur, quatre à cinq cens Capigis, ou Portiers partagés en deux troupes ; l’une de trois cens sous un Chef appelé Capigibassi, qui a de provision deux à trois ducats par jour ; & l’autre de deux cens appelés Cucciapigi, & leur Chef Cucciapibassi, qui en a deux. Les Capigis ont depuis sept jusqu’à quinze aspres, l’un plus, l’autre moins. Vigenere, Illust. sur l’Hist. de Chalcondyle, p. 239. Les Capigis assistent avec les janissaires à la garde de la première & de la seconde porte du Serrail ; quelquefois tous ensemble, comme quand le Turc tient conseil général, qu’il reçoit un Ambassadeur, ou qu’il va à la Mosquée ; & quelquefois une partie seulement. Ils se rangent des deux côtés pour empêcher que personne n’entre avec des armes, ou ne fasse du tumulte. Id.

La grande porte du Serrail est du côté du septentrion ; elle n’est gardée que par des Capigis, c’est-à-dire, Portiers, qui n’ont point d’autres armes qu’une petite canne à la main. Du Loir, p. 44. Ce mot turc vient de קפוי, fores, porte.

CAPIGI-BASSI, ou CAPIDGI-BACHI. s. m. Terme de relation. Capitaine, Chef, Commandant des Portiers du Grand Seigneur. Voyez Capigi. Le Capigibassi est un des trois Eunuques de plus grande autorité à la Cour du Grand-Seigneur. Il veille la nuit avec ses Eunuques en l’une des salles ou antichambres. Vigenere.

Quand on est au Divan, les deux Capitaines de la porte appelés Capigi-Bachi, & le Tchiaousch-Bachi en gardent l’entrée. Du Loir, p. 79. C’est le Capigi-Bachi & le Tchiaousch-Bachi qui, avec un bâton doré de la hauteur d’une canne, & vêtus d’un brocard d’or, conduisent les Officiers du Divan au Serrail toutes les fois qu’il se tient. Id. p. 79 & 90. Voyez Capi-aga.

Le Capigi-Bachi est pris de l’un des trois premiers Pages du Kha Oda, ou de la Chambre privée. Id. Il y a quatre Capitaines de la porte du Grand-Seigneur, qu’on appelle Capidgis-Bachis, qui sont de garde les uns après les autres chaque jour de Divan, à la porte de l’appartement du Grand Seigneur avec un Tchiaousch-Bachi, qui fait la fonction d’un Maître de cérémonies. Les Capidgis-Bachis ont 400 Capidgis sous leur charge. Id, p. 95. Cinquante de ces Portiers commandés par un de leurs Capitaines sont tous les jours de garde à la première & à la seconde porte du Serrail, ayant une petite canne à la main, & l’habit pareil à celui des Janissaires, excepté que leur bonnet n’a point d’Usquf, qui est une corne droite mise par-devant. Du Loir, p. 95. Les Capidgis ont 15 aspres de paye par jour, qui valent environ dix sols de notre monnoie. Id.

CAPILLAIRE. s. m. Capillus veneris, ou Adiantum. Plante qui a pris son nom, ou par rapport à la couleur noire & lisse de ses tiges, ou parce qu’on se servoit autrefois du Capillaire pour empêcher la chute des cheveux. Le Capillaire qu’on nomme Capillaire de Montpellier, à cause qu’on en trouve beaucoup dans les environs de cette ville, a ses racines rampantes comme celles du polypode, chargées de quelques fibres noirâtres, couvertes de plusieurs membranes fines & roussatres. Ses tiges sont droites, menues, arrondies, hautes de six à sept pouces, brunes, noirâtres, luisantes, & branchues à leurs extrémités. Chaque branche est chargée de petites feuilles ou pinnules alternes, comme triangulaires, sêches, vertes, soutenues par une petite queue du côté de la pointe de son angle, & garnies sous les replis de leurs marges d’un sillon, qui dans sa maturité donne une poussière fort fine. Le Capillaire de Canada se distingue de celui de Montpellier par la grandeur de toutes ses parties. Ses tiges sont brunes, & longues de plus d’un pied. On apporte de Canada une grande quantité d’un Capillaire commun. On se sert du Capillaire de Canada au défaut de celui de Montpellier ; & dans les Provinces qui ont des ports sur l’Océan, on n’emploie pas d’autre Capillaire que celui de Canada. Le Capillaire s’appeloit anciennement les cheveux de Vénus, On en fait un syrop pectoral, & Montpellier autrefois fournissoit presque toute l’Europe de syrop de Capillaire. On prend le Capillaire en guise de thé, pour plusieurs maladies du foie & du poumon. On met le Capillaire dans les bouillons & les tisanes rafraîchissantes, apéritives & pectorales.

Capillaire se prend encore pour toutes les plantes qui ont quelque affinité avec l’adiantum. On est a fait un ordre particulier. Plantæ capillares. On appelle plantes capillaires la fougère, le polypode, la langue de cerf, l’osmonde, le politric, &c. Le politric, le cétérac, le sauvevie, ou ruta muraria, le Capillaire ordinaire, ou adiantum nigrum, & le Capillaire de Montpellier, sont les cinq plantes capillaires usitées dans les boutiques. Il y a deux espèces de filicula qu’on nomme l’une adiantum album, l’autre adiantum nigrum, ou Capillaire ordinaire. Voyez Fougère. L’Amérique est féconde en plantes capillaires. Le P. Plumier Minime, en a fait une Histoire, qu’il a intitulée Traité des Fougères. On appelle aussi Capillaris pappus, aigrette capillaire, celles qui sont longues & déliées. Voyez Chevelu, Racine.

CAPILLAIRE. adj. Qui est fait de capillaire. Syrop capillaire.

Capillaire. adj. ☞ Vaisseaux capillaires ; en Anatomie, ce sont les dernières & les plus petites ramifications des veines & des artères, qu’on appelle quelquefois pour cette raison vaisseaux évanouissans, & qui rendent peu de sang, quand on les coupe ou qu’on les rompt. Capillaris. On les doit concevoir d’une finesse plus grande vingt fois que les cheveux.

☞ On appelle aussi en Chirurgie, fracture capillaire, une fracture qui est si petite qu’on n’a pas moins de peine à l’appercevoir, qu’on en a à voir un cheveu.

Capillaire. Terme de Physique. On appelle tubes ou tuyaux capillaires, ceux dont le cou ou le canal est le plus étroit qu’il est possible, & non pas ceux dont le canal n’a de diamètre que la grosseur d’un cheveu, car on n’en peut pas faire de si petits. Le diamètre des tubes capillaires est de la moitié, du tiers, du quart d’une ligne, ou environ. Si un tube capillaire communique avec un autre, dont le diamètre est beaucoup plus grand, & qu’on verse de l’eau ou du vif-argent dans le grand tube ; ni l’eau, ni le vif-argent ne seront au niveau dans ces deux tubes ; mais l’eau montera plus haut dans le tube capillaire que dans l’autre, & le vif-argent sera moins élevé dans le tuyau capillaire que dans l’autre. La raison de cette expérience est que les parties de l’air qui sont embarrassées & entrelacées les unes dans les autres s’arrêtent à l’ouverture du tuyau capillaire, & ne pressent pas la surface de l’eau qui y est contenue, aussi librement qu’elles pressent la surface de l’eau du grand tuyau ; ainsi par la pesanteur de l’air, l’eau doit s’élever plus haut dans le tuyau capillaire que dans l’autre : à quoi contribue aussi la disposition des parties de l’eau, & la facilité qu’elle a à s’insinuer. Au contraire, les parties du vif-argent ayant une disposition, & une figure différente de celles de l’eau, ne s’insinuent pas aisément, & ne s’élèvent que peu dans le tuyau capillaire. Au reste, on ne doit point être surpris que le vif-argent, qui paroît plus fluide que l’eau, coule moins librement que l’eau dans un si petit tuyau, puisque l’expérience fait voir tous les jours que l’huile, qui paroît plus grossière en ses parties, & moins fluide que l’eau, s’insinue cependant plus aisément que l’eau, car une goutte d’huile s’étend plus qu’une goutte d’eau sur un linge, ou sur une étoffe, & l’huile enfermée dans des tonneaux pénètre même l’enduit de plâtre dont on couvre les fonds ; & le vin & l’eau se conservent dans les tonneaux sans couler, quoiqu’il n’y ait point d’enduit de plâtre.

La branche capillaire d’un tuyau recourbé. Un siphon qui a une branche capillaire.

☞ CAPILLAMENT. s. m. Voyez Capillature.

CAPILLATURE. s. f. Terme dont les Anatomistes & les Botanistes se servent en parlant des plantes qui ont des feuilles, ou des racines déliées, & qui sont comme des espèces de cheveux. Capillamentum. Ils se servent aussi du mot Capillament, qui est même le plus usité.

CAPILLUS VENERIS. s. m. C’est l’Adiantum nigrum. Ses feuilles ressemblent à celles de la coriandre. Il ne jette ni tige, ni fleur, ni graine.

CAPILOTADE. s. f. Ragoût qu’on fait des restes de volailles, & de pièces de rôt dépecées. Minutum miscellaneum. Il faut faire une capilotade de ces têtes, cuisses & carcasses de chapons, perdrix, levrauts, &c.

On dit figurément & proverbialement, qu’on a mis quelqu’un en capilotade, quand on l’a déchiré & mis en pièces sans aucun ménagement.

Capilotade signifie aussi un recueil de chansons qu’on appelle autrement Alphabet de chansons. Ce recueil contient autant de différentes chansons qu’il y a de lettres dans l’Alphabet : ces chansons sont courtes & galantes, ou bachiques ; la première commence par un mot dont la première lettre est un A, la seconde commence par un mot dont la première lettre est un B, & ainsi des autres.

CAPIOGLAN. s. f. Terme de relation. Espèce de valet qui a soin dans le Serrail des jeunes Azamoglans, ou enfans de tribut que le Grand Seigneur y appelle pour servir auprès de la personne. Vigenere.

CAPION. s. m. Terme de Marine. On appelle sur la Méditerranée l’étrave, le capion de proue ; & l’étambord, le capion de poupe. On dit capion à capion, pour signifier la distance de l’extrémité de la poupe à celle de la proue.

CAPISCOL. s. m. Dignité de Chef, ou de Doyen, en plusieurs Chapitres & Eglises Cathédrales ou Collégiales, particulièrement en Provence & en Languedoc. La dignité de Capiscol est comme celle de Chantre dans d’autres Eglises. Il n’est le premier que dans le chœur.

Le P. Hélyot dans son HiHoire des Ordres Religieux, T. VIII. C. 13, dit que dans l’Abbaye de S. Victor de Marseille c’est la même chose que Préchantre, Præcentor : car parlant de M. d’Authier de Sisgau, Evêque de Bethléem, & Fondateur de la Congrégation des Missionnaires du Clergé, & qui étoit Capiscol de cette Abbaye, il dit : il se démit de l’Office de Capiscol ou Préchantre, qu’il permuta contre un bénéfice à simple tonsure. Le Capiscol de l’Abbaye de S. Victor à Paris, avoit quatre Prieurés. P. Héliot, T. V, p. 165. Ce mot selon Ménage, vient de caput Scholœ. D’autres, mais sans vraisemblance, veulent que de caput Chori, on ait fait Capiscol, & disent que ce nom marque ce que nous disons ci-dessus, qu’il est le premier dans le chœur.

Le Capiscol a été aussi une charge militaire, selon Du Cange.


CAPITAINAGE. s. m. Dans le pays de forêts est un droit qu’on appelle taille baptisée ; c’est un droit porté par les terriers du Roi, au par-dessus du cens. Pour la perception de ce droit, on fait des rôles.

CAPITAINE. s. m. Chef, Général d’armée. Dux, Imperator. Homme de guerre, qui entend la guerre, & qui fait bien la guerre, grand guerrier. Pompée croit un sage & vaillant Capitaine. Philippe fut déclaré le Capitaine des Macédoniens & des Grecs, Ferdinand Gonzalve de Cordoue, a été surnommé le Grand Capitaine. M. de Rohan a écrit un livre intitulé, Le parfait Capitaine. Il y a de grands Capitaines, qui hors de-là sont de fort petits génies. P. Bourd.

Capitaine se dit encore par rapport aux qualités nécessaires pour le commandement. Ce Roi étoit un grand Capitaine. Ce Général étoit plus soldat que Capitaine. Acad. Fr.

Capitaine se dit aussi d’un moindre Officier d’armée, qui commande une Compagnie de soldats, soit à pied, soit à cheval. Ordinis ductor, Centurio. Un Capitaine de Dragons. Un Capitaine dans un vieux corps, &c. Ce mot & tous les suivans viennent de caput. On a dit autrefois Chevetaine comme il paroît dans l’Histoire de Joinville, qui parle d’un Secedum Chevetaine des Soudans. On a dit aussi Capet pour Chef ; ce qui a donné lieu au surnom de Hugues Capet, suivant l’opinion de Cénalis.

Capitaine-Lieutenant, est celui qui commande une Compagnie d’ordonnance de Gendarmes, de Chevaux-légers, de Mousquetaires, tant du Roi que de Monseigneur le Dauphin, de la Reine, de Monsieur, lesquels par honneur portent eux-mêmes le nom de Capitaines de ces Compagnies. Expeditæ leviter armatorum equitum turmœ Præfectus.

☞ On donne aussi le nom de Capitaine-Lieutenant à tous les Lieutenans de la Compagnie colonelle d’un Régiment d’Infanterie.

Capitaine des Gardes est l’Officier qui commande une des quatre Compagnies des Gardes à cheval, qui servent auprès de la personne du Roi. Custodum corporis cohortis Præfectus, ou Prœtorii Præfectus.

Capitaine aux Gardes est un Officier qui commande une des trente Compagnies d’Infanterie qui composent le Régiment des Gardes Françoises. Prætorianus Centurio.

Capitaine en second est l’Officier qui commande une partie d’une Compagnie, quand elle est trop forte d’hommes. Centurionis vel Præfecti in eadem turma vel cohorte adjutor. C’est une place qu’on a donnée à plusieurs Capitaines réformés, pour avoir quelque espèce de commandement.

Capitaine en Pied est un Officier dont la charge ou la Compagnie ont été conservées, lorsqu’on a réformées les troupes. Ductor ordinis servati, cæteris exauctoratis ac dimissis.

Cavitaine Réformé est l’Officier dont la place & la charge ont été supprimées, & qui est quelquefois conservé dans le même corps sous le nom de Capitaine en second ou de Lieutenant. Ductor ordinis exauctorati, Ductor exaucloratus.

Capitaine Réformé en pied. C’est un Mestre de Camp dont le Régiment a été cassé & réduit en une compagnie franche, qu’il commande encore en qualité de Capitaine réformé en pied. Tribunus exauctorata legione suâ cohortis Præfectus.

Capitaine d’Armes, est un Officier établi dans les compagnies de Suisses & dans les vaisseaux, pour veiller sur les armes de la compagnie, & avoir soin qu’elles soient toujours en bon ordre. Armorum custos ac præfectus. On le dit aussi des Capitaines du charroi ; Commeatuum Præfectus ; des Capitaines des guides. Dux viarum.

Capitaine, est aussi un Officier de mer qui commande dans un vaisseau, dans une galère, un brûlot, ou autre bâtiment. Navis Præfectus. Le Pilote commande aux matelots, & le Capitaine aux soldats. Les vaisseaux-pavillons ont deux Capitaines qui ont soin de faire le détail du service. Il y a aussi des Capitaines en second, aussi-bien que des Lieutenans, qui servent à soulager les Capitaines en pied.

Capitaine de Port, est un Officier de Marine établi dans les ports où il y a un arsenal, qui a soin de garder le port & les vaisseaux qui y sont ancrés, comme sont ceux de Brest, Toulon, Rochefort, &c. Prœfectus, custos portuum. Il y a aussi des Capitaines Gardecotes, dont il est fait mention dans l’Ordonnance de la Marine, qui commandent la Milice établie pour garder les côtes, & empêcher les descentes. Orarum maritimarum Præfectus.

Capitaine, se dit aussi de celui qui commande dans quelques Maisons Royales. Regiarum Ædium Præfectus. Le Capitaine de S. Germain, de Versailles, du Château du Louvre.

Capitaine se dit encore de ceux qui commandent les Gardes des Chasses, dans une certaine étendue de pays qu’on appelle Capitainerie. Venationis Prœfectus.

☞ Les Capitaines des Chasses sont des Juges qui ne connoissent point des Eaux & forêts, mais seulement des faits de Chasse. Quand il y a appel des Jugemens des Capitaines, les appellations se relèvent aux sièges des tables de marbre, & de là au Parlement.

Capitaine, se dit aussi de ceux qui commandent les Milices des bourgeois dans les villes, qui sont distribuées par compagnies. Ductor copiarum urbanarum. Les Capitaines de la ville ont eu ordre de mener leurs compagnies au-devant du Roi à son entrée.

Capitaine se dit aussi en mauvaise part, de ceux qui se mettent à la tête d’une troupe de vagabonds pour piller & pour voler. Latronum Dux. Un Capitaine de bandits, de voleurs, de Bohémiens, de filous, de coupeurs de bourse.

☞ Dans les Fermes du Roi, on appelle Capitaine Général, celui qui commande un certain nombre de gardes pour veiller aux intérêts des Fermiers, empêcher la fraude, saisir les marchandises prohibées, &c.

☞ Dans l’Artillerie, le Capitaine conducteur Général est un Officier qui a sous lui des Capitaines conducteurs pour faire exécuter les ordres du général relativement aux équipages de l’Artillerie.

☞ Le Capitaine Général des charrois, est un homme préposé pour le transport de l’Artillerie.

☞ Dans les vivres, le Capitaine Général est celui qui est placé à la tête des Equipages pour les entretenir en bon état & veiller au bon ordre dans une partie. Il a sous ses ordres les Capitaines particuliers, chargés chacun de 50 chevaux ; & qui ont sous eux un Lieutenant & un Conducteur.

Capitaine des Guides. Celui qui est chargé du détail des chemins de l’armée.

☞ Dans les Villes de Guerre, le Capitaine des portes est celui qui est chargé d’aller prendre le matin les clefs chez le Gouverneur pour les ouvrir, & de les lui porter le soir quand elles sont fermées.

Capitaine. Sorte de poisson qui se pêche le long des côtes de l’Amérique. On l’appelle ainsi, parce qu’il a autour du cou cinq rangs d’écailles dorées, disposées à peu-près comme un haussé-col. Il est armé de grandes pointes piquantes comme des aiguilles, & il a deux ailerons, ou nageoires de même forme dont il se sert pour se battre contre les autres poissons. Il a du raport avec la carpe ; mais il est plus grand, & plus gros. Sa chair est de bon goût.

CAPITAINERIE. s. f. Gouvernement d’une Maison Royale, & des terres qui en dépendent. Præfectura.

On le dit aussi des charges des Capitaines de Chasses, & de l’étendue de leur ressort. La Capitainerie de Fontainebleau, du Bois de Boulogne. La Capitainerie de Livri s’étend jusqu’à la Varenne du Louvre. On a aussi retenu le même nom pour la Juridiction des Chasses Royales, qui ont leurs Capitaineries assez souvent jointes aux Maisons Royales voisines. Ce qui fait voir que ces anciennes Capitaineries étoient des Gardes Royales, auxquelles ce n’est qu’improprement qu’on donne le nom de gouvernement. Menestrier, Hist. de Lyon, p. 525.

Capitainerie se dit aussi en particulier de la Juridiction pour les enrôlés de la Comté de Roussisson. Patru.

Capitainerie, en quelques Maisons Royales, se dit du lieu affecté au logement des Capitaines du Château & des Chasses. Loger à la capitainerie.

Capitainerie. Garde côte marine. On donne ce nom à une étendue de pays le long des côtes de la mer, qui renferme un certain nombre de paroisses sujettes à la garde des côtes. Chaque capitainerie est commandée par un Capitaine général, un Major général & un Lieutenant général, qui en forment l’Etat Major.

CAPITAINESSE. adj. f. On appelle Galère capitainesse, celle que monte le Commandant. Voyez Capitanate.

☞ CAPITAINIES ou CAPITAINERIES. Nom des quatorze petits gouvernemens dans le Bresil, selon la division que les Portugais ont faite de ce pays, dont ils sont les maîtres. La Capitainie ou Capitainerie de Para, de Maragnan, &c.

CAPITAL. s. m. Le fonds d’une rente, indépendamment des intérêts ; le sort principal, qui engendre & qui produit des intérêts. Caput, sors. En matière d’arrérages, il les faut payer avant que de rien imputer sur le capital. On en use au contraire pour les intérêts d’une obligation.

Capital se dit aussi du fonds d’un Marchand qu’il apporte en société ; & en ce cas il est opposé à gain, & au profit qui y survient.

On appelle aussi capital, le fonds du chepteil ; & en ce cas il est opposé à croît ; qui est le profit du bétail qu’on a donné à nourrir.

Capital, dans le sens figuré, signifie ce qu’il y a de principal dans une chose, dans une affaire ; ce qu’il y a de plus important, d’essentiel. On dit en ce sens, faire son capital d’une chose ; pour dire, en faire sa principale affaire, sa principale occupation, son principal objet. In rem aliquam potissimùm incumberee. Præcipuam alicui rei operam dare. C’est le capital, ou le point principal du procès. La plupart des femmes font leur capital de plaire, d’aimer, & d’être aimées. Comber. On laisse là le capital du Christianisme pour les apparences, dont les hommes se laissent trop aisément éblouir, De Vill. Comme S. Athanase s’opposa seul à l’hérésie d’Arius, les Ariens se firent un capital de sa ruine. Herman. Socrate faisoit son capital de la Morale.

CAPITAL, ALE. adj. C’est un épithète par laquelle on désigne ce qui a quelque prééminence, qui est comme le chef & la source de quelque chose, & il signifie grand, confidérable, principal, essentiel. L’abondance des preuves n’est supportable que quand il s’agit d’un dogme capital, qui peut trouver de la résistance dans les esprits. Le point capital de l’affaire, c’est, &c. Le Mait. Dessein capital. Pasc. Défaut capital. Id. Les vérités capitales de la foi. Arn.

☞ Crime capital est un crime qui mérite la mort. Crimen capitale. L’assassinat est un crime capital. Peine capitale, le dernier supplice. Ennemi capital, capitalis adversarius, ennemi juré, mortel, irréconciliable.

☞ Les sept péchés capitaux, les sept péchés mortels.

Capitale du Bastion, en termes de Fortification, est la ligne tirée depuis le centre du bastion, jusqu’à la pointe, ou depuis l’angle du polygone, qui est l’angle de la figure, jusqu’à l’angle flanqué, qui est la pointe du bastion. Les capitales ont 35 à 40 toises, c’est-à-dire, depuis la pointe du bastion jusqu’à l’endroit où se rencontrent les deux demi-gorges. Ici ce mot est pris substantivement.

Capital. Terme de Peinture, est aussi un terme qui se dit en parlant d’un dessein, ou d’un tableau, ou de quelque autre ouvrage d’un grand maître. Un dessein capital est un dessein qui renferme une composition de quelque importance, & qui mérite une attention particulière, & par l’excellence de l’exécution, & par la beauté de la pensée. C’est aussi ce qu’un Artiste a fait de plus parfait dans le genre de travail auquel il s’étoit consacré ; mais il est vrai que ce terme est en quelque façon consacré aux Desseins. L’étude d’un pied, d’un bras, d’une tête, d’une figure même, ne peut être appelé un dessein capital. Les curieux font grand cas des desseins capitaux.

☞ On appelle aussi couleurs capitales, en peinture, les couleurs naturelles dont on forme les autres en les rompant.

☞ Médecines capitales, en Pharmacie, sont certaines préparations remarquables par leurs propriétés, telles que le Mitridate, la Thériaque &c.

☞ Ville capitale, en Géographie, ou simplement Capitale. s. f. On appelle ainsi la principale ville d’une Province, d’un Royaume, d’un Etat. Urbs Provinciœ, Regni caput ; urbs princeps Provinciæ, Regni, Orbis. Paris est la capitale ou la Ville capitale de la France. Londres est la capitale d’Angleterre Rouen la capitale de la Normandie. Moscou la capitale de Moscovie. Constantinople la capitale de l’Empire Ottoman. Rome est la capitale du Christianisme. Maimb. Genève est la capitale du Calvinisme.

☞ Les Grecs se servoient du mot Métropole pour exprimer la même chose. Quelquefois la Capitale est la résidence du Prince ; quelquefois aussi le Prince réside ailleurs. En France la capitale est Paris, la résidence du Souverain est Versailles. Cologne est la capitale de l’Electorat de même nom ; Bonne est la résidence de l’Electeur. Vienne est capitale & résidence en même temps.

☞ Lettres capitales, en terme d’Imprimerie, sont les Grandes lettres qu’on met ordinairement au commencement des livres, des chapitres, au commencement de chaque période, ou de chaque vers. Littera majores, majusculæ. Tous les noms d’hommes, d’arts, de sciences, de dignités, de Provinces, de Royaume, &c. doivent commencer par une lettre capitale. Elles ne sont pas seulement différentes par la grosseur ; mais la plupart le sont aussi par leur figure. On les appelle aussi majuscules.

CAPITAN. s. m. Fanfaron qui se vante d’actions de bravoure incroyables, d’une bravoure qu’il n’a pas. Thraso, miles gloriosus. Les Capitans sont des personnages ridicules, qu’on introduit souvent dans la Comédie, particulièrement dans l’Italienne.

Ce mot est purement espagnol, un Capitan, Capitaine.

CAPITANATE, une des douze Provinces du Royaume de Naples. C’est l’Apulia Daunia des Anciens. Les Italiens l’appellent aujourd’hui Puglia piana, c’est-à-dire, la Pouille plaine, parce qu’en effet cette Province n’a presque que des plaines. Elle est bornée au nord par le golfe de Venise, au levant par la terre de Barri, au midi par la Basilicate, & la Principauté citérieure, au couchant enfin par le Comté de Molice, & une partie de l’Abruzze citérieure. Elle a environ 21 lieues de longueur, & autant dans sa plus grande largeur.

Elle a le nom de Capitanate, depuis l’Empereur Basile qui y envoya un Gouverneur, auquel il donna le titre de Capitan, ou Capitaine. Ceux qui en parlent sont Léandre, Descript. Ital. p. 149. Scipion Mazella, Reg. Neap. Merula dans sa Cosmog. &c.

CAPITAN-BACHA. s. m. Amiral Turc, Bâcha de la mer. Thalassiarchus Turcarum. Quelques Dictionnaires mettent aussi Capoutan-Bacha : on dit toujours Capitan-Bacha, de l’Italien Capitano, qui a beaucoup de cours depuis long-temps dans la Grèce & les Etats qu’occupe le Grand-Seigneur, & qui en avoit avant même qu’il en fût maître. Voyez d’Herbelot au mot Capudan. Pour les Empereurs Grecs de Constantinople, ce nom se donnoit aux Gouverneurs de Provinces qu’ils envoyoient en Italie, de l’Italien Capitano, Capitaine. Les Turcs disent Capudan Bacha. Ce mot ne vient point de capi ou capu, qui en turc signifie porte ; mais de l’Italien, comme on l’a dit.

Les Turcs appellent aussi Capudan Reis, ou Reis Bachi, celui que nous appelons Pilote Royal.

CAPITANE. s. f. Terme de Marine. La galère Capitane est la galère principale que monte le Commandant. Navis prœtoria, navis princeps. En France, depuis la suppression de la charge de Capitaine Général des galères, faite en 1669, il n’y a plus de galère Capitane. La première s’appelle Réale, & la seconde Patrone. On disoit autrefois Capitainesse.

☞ CAPITANES. Nom des Gouverneurs de Province sous les Empereurs Grecs, en Italie. C’est delà qu’à pris son nom la Province du Royaume de Naples appelée Capitanate.

CAPITANIE. s. f. C’est la même chose que Capitainie & Capitainerie.

CAPITATION. s. f. Imposition, droit qui se leve sur chaque personne à raison de son travail, de son industrie, de sa charge, de son rang, &c. Tributum uniuscujusque capiti impofitum, census capitum, census in capita, capitatio. Cette espèce de tribut est ancienne. Théophylacte, sur l’Epitre de S. Paul aux Romains, c. 18, & Œcuménius sur la même Epitre, c. 18, en parlent, & l’appellent en grec κεφαλιτιων, capitation. Les tailles s’imposent par capitation sur chaque personne. Elles répondent au tributum des Latins ; au lieu que l’imposition sur les marchandises, s’appeloit vectigal, quia vehebantur. Les premières capitations en France s’appelèrent fouages, & ne duroient qu’un an. Depuis, on les appela tailles, lorsque sous Charles VII, elles furent rendues perpétuelles. En Dauphiné, la capitation s’appelle capage. On appelle encore capitation, une certaine taxe qu’on impose par tête dans les besoins de l’Etat. La capitation a été établie en France par une Déclaration du Roi du 18 Janvier 1695. ☞ On lève sur les habitans de la campagne, un droit à peu-près semblable qu’on appelle taille. Personne en France n’est exempt de la capitation, pas même les Princes. Les Ecclésiastiques ne payent point de capitation ; mais ils donnent l’équivalent sous d’autres noms. La connoissance des affaires qui regardent la capitation, est attribuée aux Intendans des Provinces ; & à l’égard de la ville de Paris, aux Prévôt des Marchands & Echevins, à la charge de l’appel au Conseil du Roi.

CAPITAUX. s. m. pl. Terme de Coutume. On appelle capitaux en quelques Provinces, ceux qui relèvent immédiatement du Chef ou du Roi. Qui à rege tenent in capite.

CAPITE. Terme de Marine. Lit de vaisseaux. Voyez Cajutes.

CAPITEL. s. m. On appelle ainsi l’extrait d’une lessive composée de cendre, d’eau & de chaux vive. Lixiviæ pars liquidior. Le Capitel entre dans la composition du savon, tant blanc que noir.

CAPITEUX, EUSE. adj. Qui fait mal à la tête, ou qui porte à la tête. Il ne se dit que du vin & autres liqueurs. Les grands défauts des vins secs, sont d’être verts, ou liquoreux, ou terrestres ou capiteux. Spect. de la Nat. C’est la fleur du houblon qui rend la bière capiteuse, & capable d’enivrer.

CAPITOLE. s. m. Forteresse fameuse de Rome sur le mont Tarpéien, où il y avoit un temple de Jupiter, qui, à cause de cela, s’appeloit Capitolin. Capitolium. C’étoit là que s’assembloit le Sénat ; c’étoit là que l’on contraignoit les Chrétiens de sacrifier aux faux Dieux. Les premiers fondemens du Capitole, furent jetés l’an 139 de Rome par Tarquin l’Ancien. Servius son successeur éleva l’édifice, & ce fut Tarquin le Superbe qui le fit achever l’an 221 ; mais il ne fut consacré que trois ans après que les Rois eurent été chassés, & le Consulat établi. Ce fut le Consul Horace qui fit la cérémonie de la dédicace l’an de Rome 246. On appela cette forteresse Capitole du mot latin caput, à cause d’une tête qu’on y trouva en creusant les fondemens de ce bâtiment. Le plus fâmeux temple du Capitole étoit celui de Jupiter Capitolin. On dit qu’il avoit 800 pieds de tour. Ce temple consistoit en trois parties : en une nef dédiée à Jupiter ; & en deux ailes, dont l’une étoit consacrée à Junon, & l’autre à Minerve. On y montoit par dégrés. Lipse en compte jusqu’à cent, parce que Tacite en donne autant au rocher sur lequel le Capitole étoit bâti ; mais il y en avoit, ou il pouvoit du moins y en avoir un plus grand nombre au rocher qu’au temple. Le portail & les côtés étoient entourés de galeries, dans lesquelles ceux qui avoient eu l’honneur du triomphe, donnoient un magnifique repas au Sénat, après avoir offert des sacrifices aux Dieux. Les dedans & les dehors brilloient d’une infinité d’ornemens. La statue de Jupiter, son foudre d’or, son sceptre & sa couronne étoient les principaux. Il y avoit encore dans le Capitole un temple de Jupiter Gardien, un de Junon, l’Hôtel de la Monnoie, & sur la pente le temple de la Concorde, Voyez la Roma Vetus du P. Alexandre Donat Jésuite, de l’édit. d’Amfterdam de 1695. Il y décrit le Capitole très-exactement. Le Capitole fut brûlé sous Vitellius, & Vespasien le fit rebâtir dans le temps de la destruction du Temple de Jérusalem. Le feu du Ciel l’ayant encore brûlé sous l’Empire de Tite, Domitien le fit rebâtir avec plus de pompe, & ordonna des jeux que l’on célébroit tous les cinq ans. Les Chrétiens ont bâti dans le même endroit une Eglise appelée Ara Cæli en l’honneur de la sainte Vierge. Vigenere traite du Capitole dans ses Annot. sur Tite-Live, T.I.p. 674 & suiv.

On appelle de même Capitoles, les principaux temples des Colonies des Romains. Il y en avoit à Constantinople, à Jérusalem, à Carthage, à Ravenne, à Milan, à Capoue, à Vérone, à Cologne, à Treves, à Narbonne, à Autun, à Pamiers, à Nîmes, à Besançon, à Saintes, à Clermont, à Reims, à Rhodès & à Toulouse, où on le voit encore, & dont Grégoire de Tours a parlé, Hist. Franc. L. I C. 28 & De Glor. Mart. L. I. c. 48.

☞ C’est du Capitole qui étoit à Toulouse que les Echevins de cette Ville ont pris le nom de Capitouls.

On a aussi donné ce nom à des forteresses, à des lieux où l’on rendoit la Justice, & à quelques Chapitres de Religieux.

CAPITOLIN. adj. Qui n’est en usage qu’au masculin, en latin Capitolinus, d’où le mot de Capitolin a été formé. Il signifie, qui a rapport au Capitole, qui appartient au Capitole ; c’est une épithète & un surnom qui a été donné à direrses choses.

Le Mont Capitolin, Mons Capitolinus, étoit une des sept montagnes de Rome, à laquelle on donna ce nom, parce qu’en y fouillant pour fêter les fondemens d’un temple de Jupiter, on y trouva un crâne, ou une tête d’homme, caput, d’où se fit Capitolinus ; ou, selon d’autres, à Capite Toli, de la tête de Tolus, qui y fut trouvée. Cette montagne avoit été nommée jusques-là montagne de Saturne, Mons Saturnius, parce que c’étoit le lieu du Latium où Saturne avoit demeuré. Elle porta aussi le nom de montagne de Tarpeïa, parce que Tarpeïa Vestale y fut assommée sous les boucliers des Sabins, auxquels elle avoit livré la citadelle de Rome, & à qui elle demandoit pour récompense les bracelets d’or ornés de pierreries qu’ils portoient au bras gauche. Il y avoit jusqu’à trente temples sur le mont Capitolin. Le plus magnifique & le plus célèbre étoit celui de Jupiter. Voyez Rofin, Antiq. L.I. c. 5. & Dempsterus dans ses Antiq. Rom.

Jupiter Capitolin, surnom qui fut donné à Jupiter, à cause du temple qu’il avoit sur le mont Capitolin. Tarquin, fils de Démaratus, & surnommé le Vieux, fit vœu de bâtir ce temple, & le commença ; Tarquin le Superbe le bâtit, & Horatius Pulvillus le dédia. Ce temple fut brûlé dans la guerre civile de Marius & de Sylla, & réparé ensuite par Q. Catulus, & dédié une seconde fois. Pline, L. III, c. 5, L. VII, c. 28, L. X, c. 22, L. XXXIII, c. 1, 3 & 12, L. XXXIV, c. 7. Suétone, in Jul. Cæs. c. 1 5. Il fut encore brûlé sous Vitellius, & réparé sous Vespasien. Dion. L. LXV. Suet. in Vesp. ch. 8. C’étoit dans ce temple de Jupiter Capitolin qu’on prêtoit le serment de fidélité aux Empereurs. Pline, L. II. c. 7, & qu’on faisoit les vœux publics. C’étoit là que ceux à qui l’honneur du triomphe étoit décerné, étoient portés dans un char, & avec tout l’appareil du triomphe & de leurs victoires ; après quoi ils faisoient un festin dans le temple de Jupiter Capitolin, ou, selon d’autres, sous les portiques du Capitole.

Les Jeux Capitolins étoient des combats institués par Camille à l’honneur de Jupiter Capitolin, en mémoire de ce que le Capitole n’avoit point été pris par les Gaulois, Tite-Live, L. V, c. 30. Plutarque, dans ses Questions Romaines, quest. 53, dit qu’une partie de la cérémonie étoit que le Crieur public mît les Sardois, c’est-à-dire, les Etruriens à l’enchère. On prenoit aussi un vieillard, à qui l’on pendoit au cou une bulle, telle qu’en portoient les enfans, & on l’exposoit à la risée publique. Festus dit qu’on l’habilloit d’une robe prétexte, & qu’on lui pendoit au cou une bulle d’or, non pas comme à un enfant, mais parce que c’étoit l’ornement des Rois d’Etrurie.

L’Empereur Domitien institua aussi des Jeux Capitolins qui se célébroient à Rome, non pas tous les ans comme ceux de Camille, mais tous les cinq ans, dans lesquels on distribuoit aux Poëtes des prix & des couronnes que l’Empereur lui-même leur mettoit sur la tête. Ces jeux Capitolins de Domitien furent si célèbres, que l’on changea dans l’Empire la coutume de compter par lustres ; & l’on compta par les jeux Capitolins, comme en Grèce par les Olympiades. Cet usage duroit encore au temps qu’écrivoit Censorinus, c’est-à-dire, vers 230, sous Gordien. La fête n’étoit pas pour les seuls Poëtes ; il y avoit aussi des combats, & des récompenses pour les Orateurs, les Comédiens, les Histrions, & les Joueurs de toutes sortes d’instrumens. On peut voir sur ces jeux & les précédens, Rosinus, Antiq. Rom. L. V. c. 18, & Godwin, Antholog. Rom. L. II. sect. 3. c. 7.

Capitolin. s. m. est aussi un surnom d’homme. Capitolinus. M. Manlius fut surnommé Capitolin, parce que pour avoir voulu se rendre maître de Rome, il fut précipité du haut du Capitole. Julius Capitolin ou Capitolinus, est un Historien qui vivoit sous Dioclétion, & qui a écrit les vies d’Antonin Pie, de Luce Vere, d’Albin, de Macrin, des deux Maximins, des trois Gordiens, de Maxime & de Balbin.

CAPITON. s. m. Ce qui reste quand on a dévidé toute la soie de la coque d’un ver, ce qu’on en peut encore tirer avec le peigne pour le filer. Bombycinum insectum, vellus bombycinum tortilis fusi expers. C’est la bourre, la partie la plus grossièère, qu’on sépare avec des cardaffes. On s’en sert à faire des lacis, les étoiles les plus comunes & de bas prix.

CAPITOUL. s. m. est le nom des premiers Magistrats de Police de Toulouse, qui ont la même fonction qu’ailleurs les Consuls ou Echevins. Consul. On dit à Toulouse.

Cil de noblesse à grand titoul,
Qui de Toulouse est Capitoul.

Ce nom a été donné à ces Officiers à cause du lieu où ils s’assembloient, qui s’appeloit le Capitole, & qui avoit le même nom & le même usage que celui de Rome.

Autrefois les Capitouls étoient pris en nombre égal du Bourg & de la Cité de Toulouse, six de l’un & six de l’autre. En 1336, la ville se trouvant plus peuplée que le Bourg, des douze Capitouls on en choisit huit de la ville, & quatre seulement du Bourg. En 1389 ou 1390, Charles VI les réduisit à quatre. En 1392, il augmenta le nombre de deux, & ils furent six ; & la même année il les augmenta encore de deux, de sorte qu’ils étoient huit. En 1400 ou 1401, il ordonna qu’ils seroient douze. Enfin en 1438, (la Faille dit en 1401) ils furent réduits à huit, comme ils sont encore à présent. Cette Charge ne dure qu’un an, & elle anoblit ; & dans plusieurs anciens Actes ils sont appelés Capitulum Nobilium Tolosæ. Ceux qui l’ont été, se qualifient aussi de Bourgeois, sont appelés à tous les conseils généraux, & ont droit d’image, c’est-à-dire, que l’année de leur administration étant faite, ils sont peints dans la Maison de Ville ; coutume qu’ils ont retenue des anciens Romains, comme on le peut voir dans Sigonius, de Antiquo Jure Civium Romanorum, L. II.

Les Capitouls sont si jaloux de ce nom, que les Consuls de Muret l’ayant pris, ils leur firent faire défense de le porter, par Sentence du Sénéchal de Toulouse, du 15e Juin 1518. Ils sont appelés dans les anciens Actes Consules Capitularii, ou Capito-lini, & leur compagnie Capitulum. C’est de-là que vient le nom de Capitularii, & de Capitoul. Celui de Capitolini vient de ce qu’ils ont la garde de la Maison de Ville, qui s’appelle Capitole, Capitolium. Voyez Catel dans son IIe L. de l’Hist. de Languedoc, & la Faille dans ses Annales de la ville de Toulouse où il donne des listes des Capitouls, dont les plus anciens ne sont que de 1271.

Ménage dérive aussi ce mot de Capitolini. On les appelle Capitulares, & en quelques autres lieux de France Capiloliers.

CAPITOULAT. s. m. On appelle ainsi les différens quartiers ou régions de la ville de Toulouse, dont chacun est régi par un Capitoul. Toulouse est aujourd’hui divisé on huit Capitoulats ; & ces Capitoulats ou régions, sont divisées en Moulans, qui ont chacun un Dixainier, lequel a charge d’avertir le Capitoul de ce qui se passe en sa dizaine, & de faire savoir aux habitans de sa dixaine ce que le Capitoul du quartier lui commande de faire savoir. Le Capitoulat de la Daurade est le premier Capitoutat de Toulouse. Catel, Hist. de Lang. L. II, p. 145. Les autres sont le Capitoulat de Saint Etienne, qui prend son nom de l’Eglise Cathédrale qui y est renfermée ; le Capitoulat du Pont vieil ; le Capitoulat de la Pierre ; le Capitoulat de la Dalbade ; le Capitoulat de Saint Pierre de Cuismes ; le Capitoulat de Saint Barthèlemi ; le Capitoulat de Saint Sernin en Toulouse. Id. p. 144. Catel écrit Capitoulat & Capitolat.

☞ CAPITOULAT. se dit aussi de la charge des Capitouls, & du temps qu’ils l’exercent. Le Capitoulat est une charge honorable ; il est défendu aux Capitouls de Toulouse de quitter pendant l’année de leur Capitoulat, & il leur est enjoint d’y faire une résidence continuelle.

☞ CAPITULAIRE. adj. de t. g. Qui s’applique a ce qui concerne une assemblée de Chanoines ou de Religieux. Acte qui se passe dans un Chapitre, soit de Chevaliers, soit de Chanoines, soit de Religieux. Equitum, Canonicorum, Monachorum simul congrégatorum decretum. Il a été fait plusieurs délibérations & actes capitulaires pour régler la discipline de cette Maison, de cet Ordre.

Capitulaire. s. m. Ordonnance, Règlement, Constitution de nos Rois des deux premières races. On a appelé les Capitulaires de Charlemagne, Capitularia Caroli Magni, de Louis le Débonnaire, & de Charles le Chauve, les Ordonnances &c les Loix, tant Ecclésiastiques que Civiles, qui ont été faites par ces Empereurs. Caroli Magni aliorumque Franciœ Regum leges ad res tum Ecclesiasticas, tum Civiles pertinentes. Elles étoient faites dans les Etats Généraux & dans l’assemblée de la Nation, ou dans des Conciles, par l’autorité des Princes, & du consentement des peuples. C’étoit dans cette assemblée que nos Rois faisoient pour l’ordinaire leurs Constitutions. On en faisoit ensuite la lecture tout haut, & après que toute l’assemblée y avoit donné son consentement, chacun y souscrivoit en particulier. On obligeoit chaque Evêque & chaque Comte d’en prendre copie des mains du Chancelier, pour les envoyer ensuite aux Officiers qui dépendoient d’eux, afin que par ce moyen elles pussent venir à la connoissance des peuples. Quelques-uns les distinguent des Loix, & disent que ce n’étoit que leurs supplémens. On leur a donné ce nom, parce qu’ils étoient distingués par Sections, ou par Chapitres. L’ancien Droit François consistoit en ces Capitulaires ; & c’étoit un nom général qui s’étendoit à toutes sortes de Constitutions, soit Civiles, soit Ecclésiastiques ; & on a appelé ainsi celles qui ont été faites par nos Rois pendant 500 ans. La principale charge des Intendans des Provinces, qu’on appeloit Missi Dominici, étoit de faire exécuter ces Capitulaires, qui ont été en vigueur en France & en Allemagne jusqu’au règne de Philippe Le Bel. L’Abbé Ansegise en ramassa quatre livres l’an 827. Benoît, Diacre de Maïence, en compila trois autres livres ; puis on en retrouva quatre autres de l’Empereur Louis, qui y ont été joints par addition. M. Baluze en a ramassé plusieurs autres des Rois précédens, & les a donnés au Public avec une curieuse Préface : il faut voir l’édition de 1677. Il y a ajouté les Formules de Marculfe, celle du P. Sirmond, & de M. Bignon, & plusieurs autres tirées d’anciens Manuscrits. Jean Lydius, dans ses Gloses du Latin barbare, dit que Capitulare, Capitulaire, est la même chose que ce que les Anciens appeloient Decret, Senatusconsulte, Loi, & qu’on appelle aujourd’hui Ordonnance ; & Recès, Recessus : en effet le Droit François, qui consistoit sous les Rois de la première race dans les Loix Saliques, outre ces Loix, comprenoit tous les Rois de la seconde race, les Ordonnances des Rois de cette race ; auxquelles on donna le nom de Capitulaires. Sous les Rois de la troisième race on a appelé Ordonnance, ce que l’on appeloit autrefois Capitulaire. Les Capitulaires ont été faits avec la même autorité, mais non pas de la même manière que les Loix se font aujourd’hui.

On peut distinguer trois sortes de Capitulaires suivant les matières. Ceux qui traitent des matières Ecclésiastiques sont de véritables Canons tirés, selon la remarque d’Antoine Augustin, Archevêque de Tarragone, des Conciles légitimement assemblés. Ceux qui traitent des matières séculières, mais générales, sont de véritables loix ; ceux qui ne regardent que de certaines personnes, ou de certaines occasions, ne doivent être considérés que comme des réglemens particuliers.

M l’Abbé Fleury appelle Capitulaires d’interrogations, deux Mémoires qui contiennent des questions que Charlemagne proposa aux Evêques, aux Abbés & aux Comtes de son Royaume, en 811.

CAPITULAIREMENT. adv. En Chapitre, Canonicorum, &c. in consessu. Ils ont été assemblés capitulairement au son de la cloche.

☞ CAPITULANT. adj. Qui a voix délibérative dans un Chapitre. Cui jus est suffragii. Chanoine, Religieux Capitulant.

☞ Il est aussi employé substantivement. Presque tous les Capitulans arrêtèrent que, &c.

☞ CAPITULATION. s. f. Traité fait pour la reddition d’une place, d’une Ville. Compositio ; dedendæ urbis, arcis conditiones, leges. Les articles de la Capitulation, portés par la Capitulation. Envoyer les articles de la Capitulation. Deditionem mittere. Recevoir à Capitulation. In deditionem accipere. Signer la Capitulation. Tenir, violer la Capitulation.

☞ On appelle particulièrement Capitulation, Capitulation Germanique, une loi fondamentale imposée à l’Empereur par le Corps Germanique ; des pacta conventa, une espèce de contrat ou de concordat que les Electeurs font avant l’Election de l’Empereur, & que celui qui est élu ratifie, signe & promet d’observer avant que d’être reconnu. Les points principaux auxquels le nouvel Empereur s’oblige par cette Capitulation sont la défense de l’Eglise & de l’Empire, le maintien des loix fondamentales, la conservation des droits, prérogatives & privileges des Electeurs, des Princes, des Villes & de tous les Etats qui composent le Corps Germanique. Les Capitulations de l’Empire ne sont en usage que depuis Charles V. La crainte que les Princes & les villes d’Allemagne eurent de la trop grande puissance de cet Empereur, les introduisit. Avant cet Empereur, il n’y a aucun exemple de Capitulation. Si l’on en produit quelqu’une, elle est supposée. Quand l’Empereur est élu, s’il est présent, les Electeurs le conduisent à l’Eglise, & l’ayant fait asseoir sur le grand Autel, l’Archevêque de Mayence, comme Archichancelier de l’Empire en Allemagne, lui présente la Capitulation pour la signer. Il le fait, & promet, en même temps de confirmer immédiatement après son couronnement les privilèges dont jouissent les Electeurs, Princes & Etats de l’Empire. À cet effet l’Empereur fait expédier à chaque Electeur des lettres patentes. Ce sont les Electeurs qui dressent & présentent les Capitulations, les autres Membres de l’Empire n’y ont point part, malgré les plaintes qu’ils en font quelquefois. Lors de la paix de Vestphalie on proposa de délibérer dans la prochaine Diète sur la manière de dresser une Capitulation perpétuelle, c’est à-dire, suivant la Coutume d’Allemagne, de délibérer sur une chose que l’on ne conclura jamais. Dès le commencement de la Capitulation l’Empereur reconnoît qu’il a reçu l’Empire à ces conditions, & qu’il en est convenu avec les Electeurs, tant pour eux que pour les autres Etats de l’Empire. Monsamb. Plusieurs Auteurs Allemands en parlant de la Capitulation, tombent darts une honteuse flaterie, & font voir une extrême ignorance dans la Politique. Il y en a qui ont osé soutenir que la Capitulation ne donnoit point de bornes à la puissance de l’Empereur, mais qu’elle empêchoit seulement les aliénations & les engagemens, qui auroient pu affoiblir les forces de l’Empire. Idem. La Capitulation Léopoldine contient quarante-sept articles. Voyez Séverin de Monsambano, Etat présent de l’Empire, c. 5. Heiff. Hist. de l’Empire.

Frederic Duc de Saxe, surnommé le Sage, passe pour être l’Auteur des Capitulations Impériales, parce qu’après la mort de Maximilien I l’Empire lui ayant été offert, il le refusa, & conseilla aux Electeurs de choisir Charles V ; mais à certaines conditions, pour mettre la liberté de l’Allemagne en sureté. Voyez Schutfleisch, Dissert. de El. Frid. III, § 10 ; & Imhorff. Not. Imp. Lib. IV cap. z, 1, § 5.

CAPITULE. s. m. Terme de Bréviaire. Capitulum. M. Nivers s’est servi de ce mot Voyez Chapitre. Les Capitules se doivent plutôt lire, ou prononcer, que chanter. Nivers. C’est une espèce de petite leçon qui se dit à la fin de certains Offices.

CAPITULER. v. n. Composer, traiter de la reddition d’une place sous certaines conditions. De arce, urbe dedenda transigere, pacisci.

Capituler se dit aussi des propositions d’accommodement qu’on fait pour sortir de quelque affaire, ou de quelque embarras. Pacisci, convenire de re aliqua. Il y a apparence que le procès de cet homme-là ne vaut rien, puisqu’il veut capituler. On peut bien capituler avec la vertu ; & pourvu qu’on soit exact dans le solide, il n’est pas nécessaire de se gêner si fort à l’égard des bienséances. S. Evr. Il ne faut, ni capituler avec son Roi, ni s’approcher de lui, quand il est en colère.

On dit proverbialement, Ville qui capitule est à demi rendue ; pour dire, que quand on écoute des propositions on est prêt de les accepter.

CAPITZI KIHEIA. s. m. Grand Chambellan du Grand Seigneur. Magnus Imperatoris Turcici Camerarius. Artus Thomas, Contin. de l’Hist. des Turcs, Liv. VI. Le Capitzi Kiheia arriva, comme nous dirions le Grand Chambellan, avec quinze Capitschilar, &c. Id.

CAPIVARD. s. m. Cochon d’eau. C’est un animal quadrupède amphibie, qui a le corps d’un cochon & la têre d’un lièvre, sans queue. Il se tient presque toujours sur son derrière, comme un singe. Il naît dans le Brésil : il se tient tout le jour dans la mer, mais il vient à terre la nuit, où il ravage les jardins & déracine les arbres. Il est bon à manger. Dict. de James.

CAPLAN. s. m. Sorte de petit poisson qui se trouve en grande quantité vers les endroits où se pêche la morue : il y en a sur-tout un grand nombre sur les côtes de Plaisance. Il sert à amorcer les hameçons des lignes à prendre la morue.

CAPLANIER. s. m. On nomme ainsi sur les vaisseaux bretons ceux qui vont à la pêche de la morue séche, & les matelots qui aident a cette pêche. Ils ont rang entre les décoleurs & les saleurs, & ont le même pot de vin. On dit aussi Capalanier,

CAPNOMANCIE. s. f. Terme de divination. Ce mot signifie divination par la fumée. Les Anciens tiroient un bon augure quand la fumée qui s’élevoit de l’autel où l’on faisoit un sacrifice, étoit légère, peu épaisse, quand elle s’élevoit droit en haut sans se répandre tout au tour de l’autel ; si le contraire arrivoit, ils le prenoient pour un mauvais présage. Capnomantia.

Ce mot vient du Grec. Il est formé de καπνὸς, & de μαντεία, divination. Il y a un autre forte de capnomancie, qui consiste à observer la fumée qui s’élève lorsqu’on a jeté la graine de pavot ou de sésame sur des charbons allumés. Voyez Peucer dans son Traité des Divinations.

CAPO. s. m. Mot purement italien, qui signifie cap, de capo, tête. Nos Géographes s’en servent quelquefois, & le retiennent dans les noms de lieu, qui sont sur les côtes d’Italie ; en un mot, dans les noms que les Italiens ont donnés à différens lieux où la langue italionne a cours. Capo coco, cap de Sicile le plus occidental de cette île. Capo della Greca dans l’île de Chypre. Capo delle Colonne dans la Calabre. Capo d’Istria, ville d’Istrie sur un rocher. Le Capo Greco, est à la pointe de la presqu’Île de Romanie. Capo Ferrato, en françois Cap de Fer, sur la côte d’Alger, &c.

CAPOC, ou CAPUK. s. m. Espèce d’ouate qu’on tire d’un arbre qu’on appelle capoquier. Elle est fort fine, & si courte qu’on ne sauroit la filer. Les Siamois s’en servent au lieu de duvet.

CAPOLIN. s. m. Arbre de moyenne grandeur qui croît dans le Mexique. Ses feuilles sont semblables à celles de nos amandiers, ou de nos cerisiers. Ses fleurs pendent par grappes ; & il en naît des fruits qui ressemblent à nos cerises, tant par la figure, la grosseur, la couleur, que par les noyaux. Ces fruits avant leur maturité sont aigres & astringens ; mais quand ils sont mûrs, ils deviennent doux & fort agréables. Cet arbre fleurit au printemps, & donne du fruit pendant tout l’été.

☞ CAPON. s. m. Terme populaire, usité parmi les écoliers pour désigner un joueur rusé, attentif à prendre toutes sortes d’avantage au jeu.

Capon est aussi un terme de Marine, & signifie une machine composée d’une corde & d’une grosse poulie, à quoi l’on joint un gros croc de fer qui sert à lever l’ancre, quand on a coupé le cable ; parce qu’il saisit l’orin, ou le cable qui est attaché à une bouée ou tonneau vuide, qui marque le lieu où l’ancre a été laissée.

CAPONNE. Terme de Marine. Commandement qu’on fait à l’équipage pour le faire hâler sur le capon.

CAPONNER. Terme de Collége, qui se dit d’un écolier rusé qui attrape les autres, & qui les escroque. subripere, fraudare, decipere.

Caponner l’ancre. Terme de Marine. C’est accrocher l’arganneau de l’ancre avec le croc du capon, pour le hisser ou tirer au bossoir. Dans cette acception, ce verbe est actif.

CAPONIERE, ou CAPONNIERE. s. f. Terme de Fortification. Logement, petit corps-de-garde avancé & creusé quatre ou cinq pieds en terre, pour y mettre quinze ou vingt mousquetaires. Insidiæ. Il est couvert de planches à demi enfoncées dans le rez-de-chaussée, & couvertes de terre. Il ne s’éleve qu’environ deux pieds sur le rez-de-chaussée. On les fait dans les fossés secs, ou sur le glacis de la contrescarpe. On fait de petites embrasures dans le parapet de la caponnière qu’on appelle meurtrières, par où l’on tire jusqu’à rez-de-chaussée, sans être vu.

☞ CAPOQUIER. Voyez Capuk, c’est la même chose.

CAPORAL. s. m. Terme de guerre. C’est un bas Officier dans une Compagnie d’Infanterie, qui commande une escouade. Optio, onis. Il y a trois Caporaux en chaque Compagnie. Le Caporal pose & leve les sentinelles, reçoit le mot du guet, & fait observer la discipline dans le Corps-de-garde. Ces Offiers sont qualifiés Hautes-payes.

Caporal de consigne. C’est le Caporal qui reçoit la consigne de la garde qui descend, & la donne à celle qui monte. Le Caporal de consigne est toujours celui du plus ancien Régiment, ou de là plus ancienne Compagnie. Il doit s’informer de celui de la garde descendante de ce qu’il y aura à faire dans le poste. Bombelles. Les Caporaux doivent partager entre eux le temps de leur garde, en sorte qu’ils soient en faction autant d’heures de jour & de nuit les uns que les autres. Pendant le temps que chaque Caporal est en faction, on le nomme Caporal de pose. Celui de consigne a droit de choisir, & prend ordinairement la première pose. Quoiqu’il en soit, celui qui en sera chargé, doit prendre la consigne de celui qui aura fait la dernière pose. Bombelles. Le Caporal de consigne doit avoir soin d’envoyer chercher le bois, ou la tourbe, la chandelle & les autres choses que l’on donne pour le Corps-de-garde. Idem. chaque Caporal de consigne des Postes en dedans du corps de la Place, doit aller à l’ordre au grand cercle avec le Sergent du plus ancien Régiment de son poste. Le Caporal de pose ne sauroit être trop attentif à écouter les appels des sentinelles, pour y répondre. Id. Caporal d’ordonnance. Voy. Sergent d’ordonnance.

Ce mot vient de l’italien Caporale, qui signifie la même chose. Caporal vient de caput, tête, chef. Le Caporal est le chef, celui qui est à la tête d’une bande, qui est le premier. On dit aussi en italien caporale. On trouve Caporalis dans la basse latinité, pour un berger. Opilio, Acta SS. Mati, T. VII. p. 375. A.

CAPORIONS. s. m. pl. Mot corrompu qui se dit pour quatorze Rions, c’est-à-dire, quatorze quartiers de la ville de Rome. Car Rione en italien se dit pour Regio. Quatuordecim urbis regiones. Le Prieur des Caporions, ou pour mieux dire, Chef ou Colonel des quatorze rions ou quartiers de la ville de Rome, charge considérable qui est exercée bien souvent par la principale noblesse de Rome, qui tire tous les ans de la Chambre Apostolique cinq cens-cinquante écus pour les appointemens ordinaires, & qui tient le quatrième lieu d’honneur dans les cérémonies principales. Celui qui l’exerce, marche immédiatement après le Sénateur, les Conservateurs & le Gonfalonnier ou Enseigne du Peuple Romain, comme il est expressement remarqué dans l’état qui fut imprimé à Rome l’an 1604, de la recette & dépense que fait annuellement le Peuple Romain. Mascur, p. 134, 135.

CAPOSER. Terme de Marine, peu usité, qui signifie, mettre le navire à la cape ; c’est-à-dire, amarrer le gouvernail bien ferme pour suivre l’abandon du vent. Gubernaculum fune nautico alligare.

☞ CAPOSWAR. Voyez Kaposwar.

CAPOT. s. m. Habillement que mettent les Chevaliers, lorsqu’ils sont reçus dans l’Ordre du Saint-Esprit. C’est une espèce de cape ancienne, & qui aboutit par-devant en forme d’un scapulaire arrondi. Chlamys brevior cucullata. On l’appelle communément Capote.

Capot est aussi une espèce de capuchon que les gens de mer mettent par-dessus leur habit ordinaire. Brevior cucullus. Quand les soldats sont en sentinelle ils ont ordinairement des Capots pour se garantir du froid.

Capot. Selon Du Chesne, dans ses Antiq. & Recherches des villes de France, L. II. c. 24. Les Capots ou Gahets, sont en Bigorre, en Béarn, & en plusieurs endroits de Gascogne, une sorte d’hommes que chacun fuit & déteste comme ladres, qui ont l’haleine fort puante, que quelques-uns tiennent être une race des Hérétiques Albigeois, tous Charpentiers ou Tonneliers, séparés du commun & de domicile pendant leur vie, & de cimetière après leur mort. M. de Marca en traite fort exactement dans son Histoire de Béarn, Liv. I. c. 16. Il dit qu’on les appelle Capots ou Cagots ; que l’opinion vulgaire, qui a prévalu dans les esprits de plusieurs & qui même a été publiée par Belleforest, est qu’ils sont descendus des Visigoths ; qu’ils sont censés persones ladres & infectées, auxquelles, par articles exprès de la Coutume de Béarn, & par l’usage des Provinces voisines, la conversation familière avec le reste du peuple est sévèrement interdite, de manière que dans les Eglises ils ont une porte réparée pour y entrer, & leur siége pour toute la famille ; qu’ils sont logés à l’écart des villes & villages ; qu’ils font d’ordinaire le métier de Charpentiers, & ne peuvent porter d’autres armes, ni ferremens que ceux qui sont propres à leur travail. Aujourd’hui ils sont ouis en témoignage ; mais suivant le For ancien de Béarn le nombre de sept Capots étoit nécessaire pour valoir la déposition d’un autre homme ordinaire.

On croit que le nom de Cagots leur a été donné de caas Goths ; c’est-à-dire, Chiens Goths en haine de l’Arianisme, & des cruautés qu’ils avoient exercées dans le Pays, où l’on se persuade qu’ensuite, pour une peine de leur servitude, on leur imposa la nécessité de couper les bois, comme l’on fit aux Gabaonites. M. de Marca ne sauroit goûter cette pensée, qu’il ne croit fondée que sur la ressemblance du nom Cagot avec l’origine qu’on lui donne, & parce que ce nom n’est pas si propre à ces pauvres gens que quelques autres qu’on leur donne, & ne se trouve écrit que dans la nouvelle Coutume de Béarn, réformée l’an 1551. Au lieu que les anciens Fors écrits à la main, d’où cet article a été transcrit, portent formellement le nom Chrestiaas, ou de Chrétiens ; & le quartier des Paroisses où ils habitent se nomme par le vulgaire le quartier des Chrétiens. On leur donne plus ordinairement dans le discours familier le nom de Chrétiens, que celui de Cagots. Dans le Cahier des Etats tenus à Pau l’an 1560, ils sont nommés Chrétiens & Gezitains. En Basse-Navarre, Bigorre, Armagnac, Marsan & Chalosse, ils sont appelés Capots, Gahets, Gézitains & Chrétiens. Ces Etats entr’autres choses demandèrent à Gaston de Béarn, Prince de Navarre, que ces Capots portassent sur leurs habits l’ancienne marque de pied d’oie, ou de canard, qu’ils avoient quittée depuis quelque temps.

Tout cela ne pouvant s’accorder à l’origine des Goths, qui étoient ilustres d’extraction, éloignés d’infection, & Chrètiens, quoiqu’Ariens. M. de Marca croit que les Capots sont descendus des Sarrazins qui restèrent en Gascogne après que Charles Martel eut défait Abdirama. On leur donna la vie en considération de leur conversion à la Religion Chrétienne, d’où ils tirèrent le nom de Chrétiens ; mais on conserva pour eux toute la haine de la nation Sarrasine, d’où vient, si l’on en croit cet Auteur, le nom de Gezitains, la persuasion qu’ils sont ladres, & la marque du pied d’oie. Voyez Gezitain. Quant au mot de Capot, M. de Marca conjecture qu’il s’est dit pour Cagot, & que Cagot vient à la vérité de Caas goth, comme on a dit ci-dessus ; qu’il leur fut donné parce qu’ils se vantoient d’avoir chassé les Goths, que Cagots signifie chiens de Goths, c’est-à-dire, Chasseurs Goths ; ou bien que ce nom vient de Coucagatus, terme de mépris & d’injure, dont il est fait mention dans la Loi Salique. En la haute Navarre au lieu de Capots ou Cagots, on dit Agotes ou Cagotes.

De Bosquet dans ses Notes sur les Epîtres d’Innocent III soupçonne que ces Capots sont de race Juive, & qu’ils ont pris leur nom du mot Latin Capus, qui signifie dans les Auteurs du moyen âge, comme dans Théodulphe d’Orléans, un épervier, à capiendo ; d’où il estime que les Capitulaires de Charles le Chauve ont donné le nom de Capi aux Juifs, à cause de leurs usures & rapines ; que le nom de Gahets que l’on donne en Gascogne aux Capots, se rapporte à cette signification. Cette pensée est ingénieuse ; mais M. Marca dit que bien loin que les Capi puissent être pris dans les Capitulaires pour les Juifs, il croit au contraire que toutes les paroles du texte montrent que c’étoit, non pas des personnes d’une secte particulière, mais plutôt un espèce de Marchands de certaines denrées, quels qu’ils fussent, Chrétiens ou Juifs. Il y a une sorte de gens en Bretagne tous semblables