Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/151-160

Fascicules du tome 2
pages 141 à 150

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 151 à 160

pages 161 à 170


ces temps ne sont pas bien fixes & réguliers, de sorte que les Arabes ne reconnoissent de récolte proprement dite, que celle du mois de Mai, parce que c’est la plus grande de toute l’année. Quand ils veulent cueillir le café, ils étendent des pièces de toiles sous les arbres, que l’on secoue ensuite ; tout le café qui se trouve mûr, tombe avec facilité : on le met dans des sacs pour le transporter ailleurs, & le mettre en monceau sur des nattes, afin qu’il sèche au soleil pendant quelque temps, & que les gousses qui contiennent la féve, puissent ensuite s’ouvrir par le moyen de gros rouleaux de pierre ou de bois fort pesans, que l’on passe par-dessus. Lorsque par ce travail le café est sorti de ses écorces, & séparé en deux petites féves, ou plutôt en deux moitiés, qui ne faisoient auparavant qu’une féve, on le met de nouveau sécher au soleil, parce qu’il est encore assez vert, & que le café trop frais & qui n’est pas bien sec, court risque de se gâter sur la mer. On le vanne ensuite dans de grands vans pour le nettoyer, afin que le débit en soit meilleur ; car ceux qui ne prennent pas le soin de rendre leur café bien net & séché à propos, le vendent beaucoup moins.

Le seul royaume d’Iémen, à l’exclusion de toutes les autres régions de l’Arabie, produit l’arbre du café. Encore cet arbre ne se trouve-t-il en grande abondance que dans trois cantons principaux, qui sont ceux de Detelfagui, Senan ou Saana, & Galbany, du nom de trois villes qui sont dans les montagnes. Voyages de l’Arabie heureuse, I, 124.

Les Arabes croient que le café ne croît nulle part ailleurs que dans l’Iémen. On a cru cependant qu’il venoit originairement d’Ethiopie, d’où il a été transporté dans l’Arabie Heureuse. Cette opinion est en quelque sorte confirmée par la Relation d’un voyage qu’a fait Charles-Jacques Poncet en Ethiopie, dans les années 1698, 1699 & 1700 ; & insérée dans le IVe Recueil des Lettres écrites par les Missionnaires Jésuites, imprimé en 1704 à Paris. Ce Voyageur dit qu’on voit des Cafés en ce pays-là, mais qu’on ne les cultive que par curiosité. S’il est vrai que les Abissins soient venus d’Arabie en Ethiopie dès les premiers temps, comme l’écrit Ludolfe, ils auront pû y porter d’Arabie l’arbre du café, qui apparemment n’aura pas beaucoup réussi ; puisqu’il est même fort incertain qu’on en trouve aujourd’hui en Ethiopie. Du Poncet ne paroît pas en avoir vu, tant la description qu’il en fait, est peu ressemblante. D’ailleurs, ni le P. Tellez, Jésuite, dans sa Relation d’Ethiopie, la plus estimée que nous ayons, ni Ludolfe, dans son histoire d’Ethiopie si curieuse & si exacte, ne parlent en aucune manière du café. Voyage de l’Arabie Heureuse, p. 289, 290.

Outre l’Ethiopie, le café croît aussi dans l’Île Bourbon. La féve est un peu plus longue & plus pointue par les deux bouts que celle du café de l’Arabie. Un Jésuite qui partit le 7 Mars 1721, sur la Danaé pour la Chine, & qui passa par l’Île Bourbon, y remarqua cet arbre : & voici ce qu’il en a mandé de l’Île même le 7 Juillet 1721. J’ai remarqué avec soin le café venu de Moka, qu’on y cultive (à l’Île Bourbon), & le sauvage, qui y a été de tout temps, & qui y est très-bon. Ce café sauvage est de vrai café, d’une espèce, à la vérité, un peu différente du café d’Arabie, mais qui n’est ni moins bon, ni moins salutaire, & qui même a des qualités que l’autre n’a pas, ainsi que l’a éprouvé M. de Jussieu, à qui la Compagnie des Indes en envoya pour l’examiner. Voici à peu près le compte que cet habile Botaniste en rendit. Le café de l’Île de Bourbon est un arbre aussi-bien que celui de l’Arabie. Les branches de l’un & l’autre croissent le long de la partie supérieure du tronc, opposées l’une à l’autre, & rangées de manière qu’elles se croisent entre elles. Leurs feuilles suivent la même disposition, & approchent de la figure de celles du Laurier, ou du Citronier, avec cette différence, que celles du Cafier de l’Île Bourbon sont plus courtes & plus ventreuses que celles du café de Moka. La fleur qui dans tous les deux est de même structure, c’est-à-dire, semblable à celle du Jasmin, sort également dans l’un & dans l’autre de ces cafiers, de l’aisselle des feuilles, & ne diffère que très-peu en grandeur. Le fruit de l’un & de l’autre est une baie charnue de la grosseur d’une cerise, qui renferme deux semences enveloppées chacune dans une coque très-mince : & ces semences ont en tout la même figure, excepté que celle du cafier de l’Île Bourbon est beaucoup plus longue, d’une consistance plus compacte que celui d’Arabie, & que sa couleur tire plus sur le vert-brun ou sur le jaune, au lieu que celle de l’autre tire sur le gris.

Toutes ces différences n’établissent pas un nouveau genre d’arbre, mais seulement une espèce différence : ce qui fait voir qu’il pourroit encore se trouver d’autres espèces en différens pays, comme depuis peu nous en avons vu apporter de Bengale, dont l’espèce est plus petite que ces deux-ci : ce qui ne les rend les unes & les autres pas moins d’usage, que le sont chez nous les amandes, les cerises & les pêches, quoique les différences entre leurs espèces soient encore plus considérables.

Mais comme l’expérience & l’usage en doivent décider plus que les yeux, M. de Jussieu fit rotir en même temps parties égales de café de Moka & de celui de l’Île Bourbon, & il observa que l’odeur de celui-ci étoit pour le moins aussi agréable, & aussi pénétrante que celle du premier. Il vit sortir de l’un & de l’autre de ces cafés cette huile dont l’exhalaison produit cette odeur, avec cette différence à l’avantage du café de l’Île Bourbon, qu’il fournit une quantité plus abondante de cette huile, & qu’il conserve plus long-temps ses esprits, parce qu’il est d’une tissure plus ferme. Aussi M. Jussieu remarqua-t-il par la comparaison qu’il fit de quelques-unes de ces semences qu’il avoit fait rotir plus de cinq ans auparavant avec celles que les Directeurs de la Compagnie des Indes lui avoient envoyées tout récemment, que ces premières avoient peu perdu de leur goût dans cet espace de temps, au lieu que celui de Moka ne put soutenir cette épreuve, & qu’après une année de garde, depuis la torréfaction, il se trouve ou éventé ou rance. C’est encore à cette même cause qu’il faut attribuer la vertu qu’a le café de Bourbon par-dessus celui de Moka, de conserver plus long-temps ses esprits, même étant moulu, & d’être moins sujet à se réduire en charbon, quand on le laisse un peu de temps sur le feu.

Le goût de l’infusion de ces semences roties & grossièrement moulues, qui est la dernière marque qui peut mieux faire juger de leur bonté, n’a pas été moins favorable à celui de l’Ile Bourbon, que les autres épreuves que l’on en fit ; car ayant pris un poids égal de la poudre des semences de l’une & de l’autre, roties & pulvérisées en même temps, on le fit cuire dans deux cafetières différentes contenant égale quantité d’eau proportionnée à celle du café ; l’un & l’autre parurent avoir un goût à peu près semblable ; & si l’on y remarqua quelque différence, elle ne fut que de quelques degrés de vivacité que la boisson du café de l’Ile Bourbon parut avoir plus que l’autre. Ce que M. De Jussieu n’a pourtant pas voulu absolument assurer, parce que cela pourroit dépendre de la manière différente dont on pourroit le rotir ou le cuire.

Une dernière épreuve, fut de mêler une partie du café de l’Ile Bourbon avec deux parties de celui de Moka en poudre ; & la boisson que donna ce mêlange ne fut point différente de celle qui se fait ordinairement avec le café d’Arabie tout seul. Quand on mêla deux parties égales de l’une & de l’autre, la différence se fit un peu sentir à ceux qui savoient le mêlange, mais ceux qui ne furent point prévenus, ne s’en apperçurent point. Quelques personnes même ayant pris du café de l’Ile Bourbon, tout seul, sans le savoir, & sans être averties, ne s’apperçurent d’aucune différence.

Il est néanmoins certain que le café de l’Ile Bourbon a une légére amertume. & une petite pointe un peu plus vive que celui d’Arabie. Ce qui ne peut être qu’une bonne qualité plutôt qu’un défaut : puisqu’avec une moindre quantité de ce café long, on fait une infusion aussi colorée & aussi forte qu’avec une plus grande quantité de café ordinaire ; & si l’on veut en mettre infuser une pareille quantité, on la rend avec une dose de sucre proportionnée, tout-à-fait semblable à l’autre. M. De Jussieu a même observé que par le mêlange du lait, l’infusion de cette nouvelle espèce de café est aussi agréable que celle du café de Moka. Toutes ces observations montrent que cette nouvelle espèce peut être aussi agréable & aussi utile à la santé que l’ancienne.

Il croît aussi du café à l’Île de Java. Gaz. 1725, p. 47. On en a aussi porté à la Martinique, & en d’autre Îles de l’Amérique méridionale, où il vient fort bien.

☞ CAFETAN. s. m. Robe de distinction en usage chez les Turcs. Le Grand Seigneur envoie des Cafestans aux personnes qu’il veut honorer, sur-tout aux Ambassadeurs & à ceux qui paroissent à son audience. Acad. Fr.

CAFFA. s. f. Toiles de coton qui se fabriquent aux Indes Orientales, & qu’on achette au Bengale, l’Aunage en est inégal. Ces toiles sont peintes de diverses couleurs, & elles sont remarquables, & curieuses par une grande variété de desseins.

Caffa, ville de la petite Tartarie, sur le bord de la mer Noire, du côté de l’ancien Bosphore Cimmérien, aujourd’hui appelé le Détroit de Caffa, du nom de la ville. C’est la capitale de la Tartarie Crimée.

CAFFILA. s. f. La Caffila est proprement dans l’Empire du Roi de Perse, ce que le mot de caravane signifie dans l’Empire du Grand Seigneur. C’est une troupe de Marchands ou de Voyageurs, ou plutôt c’est une troupe composée de Voyageurs & de Marchands qui s’assemblent pour traverser avec plus de sûreté les Etats du Mogol, & autres endroits de la Terre-ferme des Indes. Il y a aussi de semblables caravanes ou Caffilas qui se forment & s’assemblent pour traverser les déserts d’Afrique, particulièrement ce qu’on appelle la mer de Sable, qui est entre Maroc & Tambouctou, capitale du Royaume de Gago. Ce voyage dest de 400 lieues, & dure deux mois pour aller, & autant pour le retour, la Caffila ne marchant que la nuit à cause des chaleurs excessives du pays.

Caffila se dit aussi des petites flottes marchandes qui partent des différens ports que les Portugais occupent encore sur les côtes du Royaume de Guzarate, & vont à Surate, ou qui reviennent de Surate aux mêmes ports ; ce qui se fait sous l’escorte d’un vaisseau de guerre que le Roi de Portugal y entretient à cet effet.

CAFFIS. s. m. Mesure dont on se sert pour les grains à Alicante. Le caffis revient à une charge & demie de Marseille, & contient six guillots de Constantinople ; ce qui revient à 364 liv. poids de marc.

CAFRE. Cafer, a. Nom de peuple qui habite une grande région de la basse Ethiopie, ou la côte Orientale & Occidentale de la pointe Méridionale de l’Afrique. Les Cafres sont les peuples de la terre que l’on connoisse les plus grossiers, & les moins hommes. Ils habitent dans des cavernes, ou sous des cabanes faites de branches d’arbres, & couvertes de nattes de jong. Ils vont nus, sont noirs, mal-faits, sales, bruteaux, sauvages presque comme des bêtes, & même quelques-uns, à ce que l’on dit, antropophages. Pour la religion, ils ont quelque vénération pour la Lune. Ils ont l’idée d’un être Souverain, qu’ils appellent Humma ; mais ils se mettent peu en peine de lui rendre aucun culte. Les Cafres sont divisés en un très-grand nombre de peuples, qui ont chacun leur Capitaine. Ils ont aussi quelques Royaumes. Leur langage n’est presque point articulé, & plus semblable aux voix des bêtes, qu’à celle des hommes.

CAFRERIE. Pays des Cafres. Grande contrée d’Afrique, qui s’étend en forme de demi-cercle autour du Royaume de Monomotapa, dont elle est séparée par une chaîne de montagnes qui sont une partie de celles de la Lune. Selon Sanut, la Cafrerie commence sous le Tropique du Capricorne au 23e degré & demi de latitude Méridionale, & descend jusqu’au Cap de Bonne-Espérance, d’où remontant vers le Nord jusqu’à la côte de Zanguebar, elle a pour bornes l’Océan Indien au levant, l’Ethiopie au couchant, le Méridional au sud, & au Nord les montagnes de la Lune qui la séparent du reste de la terre ferme. Selon Magin, & la plus commune opinion, elle s’étend seulement depuis le Couchant de Cabo-negro, jusqu’au Cap de Bonne-Espérance, & de-là jusqu’à la rivière de Magnice, ou du S. Esprit. Dans cette opinion la Cafrerie comprent environ mille lieues de côtes en longueur & depuis cinquante jusqu’à cent de largeur.

Tout ce pays est fort inculte, & particulièrement vers le Couchant & le Midi, où il est tout hérissé de montagnes. Il est plein de lions, de tigres, de rhinocéros, d’éléphans, d’ours, de cerfs, de sangliers, & d’autres bêtes sauvages. Il n’y a presque que des paturages où les habitans nourrissent une grande quantité de bétail, dont ils tirent la principale partie de leur entretien : la pêche & la chasse leur fournissent le reste, avec quelques racines & du riz qu’ils cultivent en certains endroits. L’air y est fort tempéré ; & quoiqu’un peu froid vers le Cap de Bonne-Espérance à cause des neges qui s’amassent sur les montagnes. Il est pourtant si sain par-tout, que les Cafres vivent ordinairement jusqu’à cent & cent vingt ans. On trouve sur-tout dans le Royaume de Sofola une grande quantité d’or dans les mines & le long des rivières.

☞ CAFSA. Ville d’Afrique, dans la partie du Bilagerid qui en porte particulièrement le nom, elle est ancienne & fondée par les Romains, à 40° de longitude, & à 27° 10’ de latitude.

☞ CAFTAN. s. m. Nom qu’on donne chez les Turcs & les Persans à une espèce de manteau.

CAG.

☞ CAGAYAN. Province de Luçon, l’une des Philippines, dans sa partie Septentrionale. La ville n’st point nommée Cagayan, comme quelques-uns l’ont écrit, mais la nouvelle Seville. Voyez au mot Seville.

☞ Il y a aussi dans cette province une rivière qui porte le nom de Cagayan.

CAGE. s. f. Petite loge fermée de petits bâtons d’osier ou de fils d’archal pour mettre des oiseaux. Cavea. Le perroquet est sorti de sa cage. Cet oiseau a rompu un des bâtons de sa cage.

Ce mot vient de cavia, qu’on a dit pour cavea. Men. A caveis theatralibus quibus includebantur feræ : on l’a transporté aux cages des oiseaux.

On dit figurément & burlesquement d’un homme qu’on a mis en prison, qu’on l’a mis en cage. On dit par menace à des insolens, qu’on les fera mettre en cage, pour leur apprendre à parler. En effet, il y a des prisons où il y a des cages de fer, comme dans le chateau d’Amboise. Bajazet, Empereur des Turcs, fut, dit-on, promené par Tamerlan, enfermé dans une cage. Ce Prince ne pouvant supporter cette ignominie, se brisa la tête contre les barreaux de sa cage.

☞ En parlant d’une grande maison où loge une personne peu considérable, on dit : voilà une grande cage pour un petit oiseau.

☞ On dit encore proverbialement qu’il avaut mieux être oiseau de campagne, qu’oiseau de cage ; pour dire, que la liberté est préférable à toutes choses. La belle cage ne nourrit par l’oiseau, pour dire, qu’il ne suffit pas d’être bien logé, mais qu’il faut d’autres biens à proportion pour vivre.

Cage, est aussi un treillis d’osier qu’on met devant les fenêtres en forme de jalousie, pour voir au dehors sans être vû au dedans. Transenna, fenestra cancellata. On le dit aussi des vaisseaux d’osier, ou garnis de toile, qui servent de garde-manger. Cavea penuaria ☞ On a transporté ce mot dans plusieurs arts méchaniques, aux parties antérieures qui servent de base à d’autres.

Cage se dit, en termes d’architecture, des quatre pans ou gros murs qui enferment un bâtiment, ou qui en font l’enceinte.

On appelle aussi cage, l’espace contenu entre les quatre murailles, ou entouré d’une muraille, ou de pans de bois en rond ou en ovale. La cage d’un escalier. La cage d’un moulin est le corps d’un moulin à vent, qui est fait de charpente & revêtu d’ais. On le fait tourner sur un pivot de charpente où il est posé, pour exposer les volans du moulin du côté du vent, par le moyen d’une grande pièce de bois qu’on appelle la queue.

Cage de croisée est le bâti de menuiserie qui porte en avance au dehors la fermeture d’une croisée. Et ce qu’on appelle cage de clocher, est une assemblage de charpente qu’on revêt ordinairement de plomb, & qui est compris depuis la chaise sur laquelle il pose, jusqu’au rouet ou la base de la flèche d’un clocher. Les Orfévres donnent aussi le nom de cage aux fils d’archal qui sont travaillés presque en forme de grande cage & où ils renferment leurs marchandises.

Cage ou Cagerotte, se dit encore des formes où on fait de petits fromage, dont le fond est d’osier, pour en laisser écouler le lait clair. Crates viminea.

Cage, en termes de mer, est une espèce d’échauguette faite en cage à la cime du mât d’un vaisseau, qu’on appelle gabie sur la Méditerranée, & hune sur l’Océan. Mali specula, ou corbita.

En termes d’Horloger, on appelle cage de montre, les deux platines de la montre jointes par les quatre piliers, qui enferment un espace disposé à recevoir les roues & les ressorts.

CAGÉE. s. f. Une pleine cage, tant qu’une cage contient, ou peut contenir d’oiseaux. Une cagée d’oiseaux. J’ai acheté toute la cagée. C’est un terme d’oiseleur.

CAGEOIS, OISE. adj. Vieux mot qui signifie Villageois, Paysan. Paganus. Nicot dit que Cageois s’est dit pour Cajois, du mot Latin casa, qui signifie une chaumine, à casarum incolatu.

CAGEOLER. Voyez CAJOLER.
CAGEOLERIE. CAJOLERIE.
CAGEOLEUR. Cajoleur.

CAGIER. s. m. Terme de Fauconnerie, qui se dit de ceux qui portent des faucons, des sacres, des laniers & autres oiseaux à vendre.

☞ CAGLI ou CAGLIO, CALE, CALLE ou CALLIUM. Ville d’Italie, dans le Duché d’Urbin dans l’Etat Ecclésiastique, avec un Evêché suffragant d’Urbin.

CAGLIARI. Ville Capitale de l’Ile de Sardaigne. Calaris. Prononcez gli comme deux ll mouillées, ou prononcez cagli, comme dans le mot caille. Cette ville est sur une petite montagne, d’où elle s’étend jusqu’à un grand golfe, auquel elle donne son nom. Elle a une Université, Archevêché, Citadelle & un fort bon port. Elle donne aussi son nom à la principale Province de l’Ile qui en occupe toute la partie méridionale. On l’appelle Cabo ou Indicado de Cagliari. Lucifer de Cagliari est fameux dans l’Histoire Ecclésiastique du IVe siècle.

CAGNARD. s. m. Vieux mot qui signifioit autrefois un lieu mal propre, tel que celui où logent les chiens. Sordidum tugurium, ou canile. Cette maison est un vrai cagnard.

Cagnard, arde, adj. Fainéant, paresseux, qui ne ☞ veut point quitter le coin du feu. Deses, ignavus, cafarius. Mener une vie cagnarde. Il se dit aussi substantivement. C’est un vrai cagnard. Ce mot n’est pas du style noble. Les Vocabulistes, d’après l’Académie, le disent du style familier : ils auroient pu dire populaire.

Pasquier dit que le cagnard étoit un lieu sous les ponts de Paris, où s’assembloient plusieurs gueux & fainéans, tant hommes que femmes ; & que ce lieu fut appelé cagnard, à cause qu’il étoit près de l’eau, la demeure ordinaire des cagnards. La Police défendit ces assemblées, & il y en eut plusieurs de fustigés, pour avoir contrevenu à ces défenses.

Cagnard. s. m. Terme de Cirier. C’est une sorte de fourneau sur lequel les Ciriers mettent la cuve où est la cire fondue, qui sert à faire des bougies & des cierges.

☞ CAGNARDER. v. n. Vivre dans la paresse, mener une vie obscure & fainéante. Otiari, cessare, desidere. Cet homme ne fait plus que cagnarder. Il auroit cagnardé. Il est populaire.

CAGNARDERIE. s. f. Paresse, fainéantise, gueuserie. Inertia, segnities.

CAGNARDIER, IÈRE, signifie la même chose que cagnard. S’il s’est dit, il ne se dit plus.

CAGNARDISE. s. f. C’est la même chose que cagnarderie. Ce dernier est plus usité. Ils sont l’un & l’autre du style populaire.

CAGNE. s. f. Vieux mot, qui signifioit autrefois chienne. Canis. Il ne se dit plus que par injure, à des femmes qu’on veut taxer d’infame prostitution. Il ne se dit que par la populace.

CAGNEUX, EUSE, adj. Qui a les jambes & les genoux tournés en dedans. Varus. Homme cagneaux. Femme cagneuse.

On le dit aussi des jambes même ou des pieds. Il a les jambes cagneuses. Il a les pieds cagneux. Ac. Fr. Sa ringrave étoit courte & ses genoux cagneux.

Ce mot vient apparemment de chien, parce qu’il n’a pas les jambes droites ; & ainsi il a été fait de cagnoso, ou de cagna, qui sont des mots Italiens.

CAGNOU. s. m. Nom d’homme. Chagnoaldus, Hagnoaldus, Chainoaldus, Agnoaldus, Chagnulphus, Chagnoald ou Chainoald, que nous appelons vulgairement S. Cagnou, étoit fils d’un Gentilhomme des plus qualifiés du pays de Brie, nommé Chagnerie, ou Agnery, & frere aîné de S. Faron, Evêque de Meaux, & de sainte Fare, Abbesse de Faremoutier. Baillet. 6e de Sep. Il fut Evêque de Laon au VIIe siècle.

CAGOSANGA. C’est la plante si souveraine pour la dyssenterie, qu’on nomme autrement Ipecacuanha. Voyez ce mot.

CAGOT, OTE. adj. Souvent employé substantivement. Faux dévot, hypocrite, qui affecte de montrer des apparences de dévotion pour tromper, & pour parvenir à ses fins. Simulator, pietatis simulatæ falsæque religionis affectator, hypocrita.

Quoi ! je souffrirai, moi, qu’un cagot de critique
Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique ? Mol.

Ce mot est injurieux, & vient de certaines personnes habituées en Bearn, & en quelque partie de la Gascogne, qu’on croit descendues des Visigots, qui sont tenus pour ladres. Voyez Capot. Ce nom leur a été donné, comme qui diroit caas Goths, ou chiens Goths, en haine de l’Arianisme, dont les Goths avoient fait profession, selon Ménage, M. de Marca, & plusieurs autres. Pasquier dit qu’il vient de Got, qui en langue Germanique signifioit Dieu ; d’où sont venus ces juremens déguisés morguoi, vertuguoi, sanguoi, &c. ☞ On les a aussi appelés Géziatins, comme descendans de Giézi, serviteur d’Elisée, qui fut frapé de la lèpre. Borel le dérive avec peu de vraisemblance de κἀγαθός, qui veut dire, & bonus, & bon, & homme de bien. On n’a jamais dit, κἀγαθός, mais καλοκἀγαθός.

Cagot & Bigot, synomymes. Dans l’usage ordinaire on confond ces mots, & nos Dictionnaires ne les distinguent pas assez. Ils prennent l’un & l’autre le masque de la vertu, & se montrent autres qu’ils ne sont ; mais la bigoterie paroît plus minutieuse : elle est scrupuleusement attachée aux petites pratiques de dévotion : elle convient particulièrement aux femmes. La cagoterie paroît dire quelque chose de plus ; elle s’étend aux actions, aux discours, à la conduite, à la manière de s’habiller, scrupuleusement attachée, comme la bigoterie, aux pratiques extérieures de la religion ; elle ne se fait aucun scrupule d’en violer secrétement les devoirs les plus essentiels. Le cagot est un homme détestable.

CAGOTERIE. s. f. Fausse dévotion, hypocrisie. Pietatis vanæ affectatio, ou affectata pietas, hypocrisis. Voyez Cagot. Il y a bien des gens qui font leur fortune par la cagoterie.

Oui, l’insolent orgueil de sa cagoterie
N’a triomphé que trop de mon juste courroux. Mol.

Cagoterie, secte, cabale de cagots. Hypocritarum turba, secta. Toute la cagoterie est pour lui, brigue pour lui.

CAGOTISME. s. m. Manière d’agir d’un cagot, caractère du cagot. Simulatæ religionis ambitiosior affectatio, pietatis simulatio. La profession du cagotisme efface la mémoire de tous les péchés qu’on a faits. S. Evr.

Dès que du cagotisme on fait profession,
De tout ce qu’on a fait la mémoire s’efface,
C’est sur la réputation
Un excellent vernis qu’on passe. Deshoul.

CAGOU. s. m. Mot du style bas, pour signifier un homme qui vit d’une manière obscure & mesquine, & qui fuit la bonne compagnie. Cet homme est un vrai cagou, il mene une vie de cagou.

CAGOUILLE. s. f. Revers d’éperon. Voluta helix. Quelques-uns appellent ainsi, en termes de Marine, une volute qui sert d’ornement au haut de l’éperon du vaisseau.

CAGUE. s. f. Terme de Marine. Sorte de bâtiment hollandois. Navis Batavica. La cague a quarante-sept pieds de long de l’étrave à l’étambord, douze pieds six pouces de dedans en dedans, & quatre pieds deux pouces de creux. L’étrave a neuf pieds de haut, un pied de large par le haut, & cinq pieds & demi de quête. L’étambord a sept pieds huit pouces de haut, & trois pieds de quête : il a sept pouces d’épais en dedans, & cinq pouces en dehors, & un pied de large par le haut. La sole a huit pieds cinq pouces & demi de large, & quatre pouces d’épais. Les varangues ont trois pouces & demi d’épais, & sont à un pied de distance l’une de l’autre ; les genoux sont à même distance, ayant quatre pouces d’épaisseur vers le haut, & cinq pouces de largeur. Le bordage a un pouce & demi d’épais, & la ceinte en a quatre & demi, & autant de largeur. Le bordage au-dessus de la ceinte a un pied de large. La serre-gouttière qui est au-dessus a un pied sept pouces de large, deux pouces d’épais, & cinq pouces de large en dedans. La couverte de l’avant a quinze pieds de long. La carlingue a un pied deux pouces de large, & trois pouces d’épais. Le cornet du mât s’élève d’un pied sept pouces au-dessus du tillac, & a quatre pouces d’épais : son étendue en dedans est de treize pouces d’épais & de quinze de large. L’écoutille qui est au devant a sept pieds sept pouces de long. La lisse a un pouce & demi d’épais. La couverte de l’arrière a quatre pieds huit pouces de long, & deux écoutilles. Le traversin d’écoutille a deux pouces d’épais, & quatre pouces de large. Les courbatons ont quatre pouces d’épais & cinq de large. La serre-gouttière a un pied neuf pouces de large. Derrèire le mât il y a un banc où les semelles sont attachées, & un autre au bout de la couverte de l’arrière. Les semelles ont onze pieds & demi de long, deux pieds de large par devant, quatre pieds & demi par derrière, & deux pouces & demi d’épaisseur. Le gouvernail a deux pieds & demi de large par le haut, quatre pieds cinq pouces & demi par le bas, & d’épaisseur par-devant autant que l’étambord ; mais il est un peu plus mince par derrière. La barre du gouvernail a huit pieds de long, quatre pouces d’épais, & cinq de large. Le mât a quarante-cinq pieds de long, & neuf palmes de circonférence. Le baleston a cinquante pieds de long. Il y a dans les courcives un taquet au-dessus de chaque courbaton. Les branches supérieures des genoux aboutissent sur la préceinte. On peut augmenter ou diminuer ces mesures de quelque chose, en gardant la même proportion entre les pièces ou les parties du bâtiment, pour faire une cague plus ou moins grande.

CAGUESANGUE. s. f. Terme populaire, flux de sang. Dysenteria. On ne le dit guère que par imprécation. La caguesangue lui puisse venir.

Ce mot vient du latin caco, & de sanguis. Voyez Dyssenterie.

CAH.

CAHAUCON. s. m. Drogue médecinale que les Chinois portent à Siam.

CAHIELLE. Voyez Cahiére.

CAHIER. Quelques-uns écrivent CAIER. s. m. Plusieurs feuillets attachés légèrement, qui ne sont point reliés ensemble, en sorte qu’on les peut ôter ou transposer comme on veut. Charta sæpius in se replicata, codex. Ce Marchand vend le cahier tant, le cahier de parchemin tant. Il faut prononcer caïé.

Ce mot vient de quaternus, qu’on a dit pour quaternio. Ménage.

Cahier se dit aussi des feuilles pliées ou détachées qui composent un livre relié. Folium. Ce volume est de tant de cahiers. Ils sont marqués par des lettres de l’alphabet, qu’on appelle signatures, & en italien registre. Cette relation est comprise en un cahier ; pour dire, n’a qu’une feuille pliée.

On appelle aussi cahiers, les délibérations de certaines assemblées, comme celles du Clergé de France, des Etats & autres, qui contiennent ou des remontrances, ou des propositions qu’elles font au Roi, & qui sont écrites sur du papier : le papier qui contient ces délibérations, s’appelle cahier. Acta. Les Etats de Bretagne, de Languedoc ont fait présenter leurs cahiers par leurs Députés.

Cahier, signifie encore des mémoires qu’on donne séparément. Libelli memoriales. Ces articles sont dans un cahier à part.

Cahier de frais, ou mémoire de frais. Ce terme est en usage parmi les comptables, & se dit d’un état qui contient en détail toutes les dépenses qu’un comptable a faites pendant l’année de son exercice. Le cahier de frai doit être signé du comptable qui le présente avec son compte pour le faire arrêter. Les comptables qui ont droit de cahier de frais payent ordinairement la dépense commune de leurs comptes. On lui a donné un cahier de frais.

Cahiers, sont aussi les écrits que les écoliers écrivent sous leurs Maîtres en Philosophie, Théologie, & en toute autre science qu’on enseigne dans les Ecoles. Codices. Un écolier doit représenter ses cahiers à son Maître, pour en obtenir une attestation de son temps d’étude.

On appelle Fesse-cahier, un écrivain qui écrit à la hâte des cahiers. Scriptor codicum festinus. Ce pauvre homme est obligé de fesser le cahier, pour vivre.

En termes de Librairie, on dit aussi fesser le cahier, pour signifier, assembler des feuilles imprimées pour les plier en cahiers.

CAHIEU. Voyez Caieu.

CAHIÈRE. s. f. Grande chaise à bras. Sella amplior. Ce mot est vieux & populaire. Au lieu de Cahière, le peuple dit quelquefois cahielle.

CAHIMITIER. s. m. Arbre fruitier de l’Amérique, qui est de la grosseur & grandeur des pommiers de Normandie. Il est beau, bien uni, & rempli de beaucoup de sève. Les feuilles en sont admirables ; le dessus est un vert vif & comme vernissé, le dessous est un composé de jaune doré de feuille morte de citron mêlé avec quelques petites taches de couleur de feu ; & lorsqu’on les rompt, elles rendent un peu de lait. Ses fleurs viennent par bouquets. Elles sont composées de plusieurs boutons attachés à de petites queues aurore. Chaque bouton, qui est le fruit de l’arbre, pousse à son sommet une fleur double ; chacune desquelles est composée de cinq feuilles. Les extérieures sont rouges avec des points dorés, & les cinq qu’elles renferment sont orangées, & forment une espèce de calice, plein de petites étamines dorées. Le bouton, en grossissant, forme le fruit, & cette double fleur qui y demeure attachée, lui sert de couronne. Le fruit est rond, environ de trois pouces de diamètre ; son écorce est lisse, & d’un beau vert mêlé de taches rouges & aurore. Sa chair est blanche, spongieuse, & pleine d’un suc doux & miellé, qui ne plaît pas d’abord aux Européens ; mais qu’ils trouvent excellent dès qu’ils y sont accoutumés. Cet fruit est très-rafraîchissant ; on en donne sans crainte aux malades, & le P. Labat assure qu’il est inoui qu’il ait jamais fait de mal, quelque quantité qu’on en mange.

CAHIN-CAHA. adv. Terme familier qui se dit des choses qu’on fait avec peine, de mauvaise grace, & à plusieurs reprise, ou tant bien que mal. Ægrè, frigidè, indiligenter ; levi, molli brachio. Cet homme a fait pour moi quelques sollicitations ; mais il les a faites cahin-caha. Ce pauvre homme gagnoit sa vie cahin-caha. Rabelais.

CAHOANNE. s. f. Sorte de tortue, qu’on appelle aussi Kaouanne.

CAHORS. Ville de France, capitale du Quercy, au 15° de longitude, & au 44e environ 25′ de latitude septentrionale. Divona Cadurcorum, Cadurcum. Cahors est sur le Lot, ad Lotium, qui en fait une péninsule. C’est une grande ville bien peuplée & fort ancienne. Ptolomée, L. II. Plin. L. IX, c. 19. L. II, c., 12, & L. IX, c. 20 de son histoire, en parlent. Jean XXII qui étoit de Cahors, y fonda une Université l’an 1331, ou 1332. Cahors a un Evêque suffragant, autrefois de Bourges, & maintenant d’Albi. On y voit un amphithéâtre, & quelques autres monumens de l’antiquité. Guillaume de la Croix & donné l’Hist. des Evêques de Cahors. Series & acta Episcoporum Cadurcensium, à Cahors, in-4° 1617. Voyez encore Du Chesne, Antiquités des villes de France, Liv. II, c. 12.

Il y a dans le Journ. des Sav. de 1698, p. 134 & suiv. Une dissertation de M. de la Mositre, dans laquelle il montre que Cahors n’est point l’ancien Uxellodunum de César, principalement pour deux raisons. 1°. Parce que Uxellodunum étoit escarpé de tous côtés, au lieu que Cahors ne l’est que de deux côtés au plus. 2°. L’isthme de Cahors est de 900 pieds de Roi, & l’isthme d’Uxellodunum n’étoit que de 30 pieds romains. De Serres dit, dans ses Annotations sur César, que, selon Marlian, & la plus commune opinion, c’est Cadenac en Quercy. Vigenère est du même sentiment. De Serres ajoute que toutefois on l’a averti qu’assez près de Martel sur la Dordogne il y a un lieu qui s’appelle encore aujourd’hui en langage du pays Lou peuch d’Euxollou, comme qui diroit, le puy ou terre d’Uxollou, que l’on y voit encore la fontaine que les Romains couperent aux habitans d’Uxellodunum assiégés, & les autres marques que décrit Oppius.

CAHORSIN, INE. s. m. & f. Qui est de Cahors, natif, ou habitant de Cahors. Cadurcinus, Cadurcensis. Valois, Not. Gall. p. 111, prétend que l’on appeloit autrefois Cahorsins tous les habitans du Quercy, qu’il faut maintenant appeler Quercinois.

Cahorsin. Cadurcinus pagus, ou ager. Le Cahorsin, étoit autrefois dit Valois, ce que nous nommons aujourd’hui Quercy.

CAHOS. Voyez Chaos.

☞ CAHOT. s. m. Saut que fait un carrosse ou une autre voiture en roulant dans un chemin raboteux & inégal. Rhedæ subsilientis succussus. On le dit de même de la secousse que recevoient ceux qui sont dans la voiture. Il y a dans ce chemin des creux, des ornières qui font faire bien des cahots. Nous avons eu un grand cahot. On dit aussi, nous avons trouvé bien des cahots en ce pays-là ; c’est-à-dire, nous avons trouvé des chemins qui font faire bien des cahots.

CAHOTAGE. s. m. Secousses fréquentes, mouvement fréquent causé par les cahots. Succussus durior. Ce cahotage me tue. Je ne puis souffrir le cahotage de ce coche.

CAHOTER. v. a. Donner des cahots. Agitare, succutere duriter. Il nous a cahoté durant tout le chemin. Les estomacs foibles souffrent beaucoup, quand ils sont cahotés.

Cahoter est aussi neutre, & signifie souffrir des cahots : être secoué par des cahots. Nous n’avont fait que cahoter pendant plus de deux heures. Nous avons bien cahoté dans ce maudit chemin. Subsultare duriter, duriore succussu ferri.

Cahoter se peut dire figurément d’un discours, d’un chant rompu, souvent interrompu, qui sautille. Subsultare. C’est un chant (celui des Italiens dans leur trio) c’est un chant rompu, estropié, & qui cahote incessamment, si je puis parler de cette manière. Entret. sur la Mus.

CAHOTÉ, ÉE, part.

CAHUÉ. s. m. Voyez Café. Il y a plus de cent ans qu’on disoit en France cahué. Après le délicieux breuvage (le cherbet) on apporte dans une tasse plus petite le cahué, qui est une eau rousse, qui prend son nom avec sa teinture d’une graine d’Egypte qu’on fait bouillir dedans, & qui est grosse comme un grain de froment. Cette liqueur n’est bonne que toute chaude, tellement qu’à-peine peut-on la sucer du bord des lèvres, & on ne la prend qu’en soufflant, & à plusieurs reprises. Elle est d’un gout qui sent un peu la fumée, mais d’un effet merveilleux pour l’estomac, & pour empêcher que les vapeurs ne montent au cerveau. Du Loir, p. 169 & 170, en 1634. Il nous fit boire du cahué & du cherbet. Dul. p. 315.

CAHUETTE. s. f. Petite maison ou cabane de paysan, de berger, de pauvre homme. Casa, turugrium, gurgustium. Ce mot ne se dit guère qu’en raillant & par mépris.

☞ CAHUSAC. Voyez Cajeusac.

CAHUTE. s. f. C’est la même chose que cahuette ; mais il est plus usité. Quelques-uns écrivent ce mot avec deux tt, parce qu’il vient de l’allemand Hutten, qui signifie une petite maison.

CAHYS. s. m. Mesure de grains dont on se sert en quelques endroits d’Espagne, particulièrement à Séville & à Cadix, 4 cahys font le fanega, & 50 fanegas font le last d’Amsterdam.

CAI.

☞ CAI. Royaume. Cajanum regnum. Province du Japon, dans l’Île de Niphon, & dans le pays de Quanto, avec une ville nommée Cai, ou Cria, ou Caav.

☞ CAJABO. Province de l’Amérique septentrionale, dans l’Île Espagnole, entre Cubao & la rivière de Jacqua.

CAJAHARA. s. f. Plante des Indes qui s’attache aux arbres comme le lierre. Les Indiens la broient & l’appliquent sur les fractures. Dict. de James.

☞ CAJAM ou CAJAON. Ville de l’Ile de Java, à cinq lieues de Tubaon. Elle a son Roi particulier.

☞ CAJAN. s. m. Arbre des Indes, d’une grandeur médiocre, dont les feuilles sont rondes, attachées trois à trois, comme les feuilles du tréfle : il est vert en tout temps : ses fleurs répandent une odeur agréable. Il porte degousses qui contiennent quatre pois rougeâtres, qui sont bons à manger. Ses feuilles en aposème arrêtent le flux immodéré des hémorroïdes. Broyées avec le poivre, elles nettoient les gencives & calment le mal de dents. Sa graine bouillie dans de l’eau de riz, & convertie en liniment avec du beurre, est un bon remède pour les lassitudes douloureuses aux jointures ; on en fait aussi une liqueur convenable dans la petite vérole. Dict. de James.

CAJAN ou CAIAN. Voyez Caianien.

☞ CAJANEBOURG. Ville forte de Suède, en Bothnie, dans la Cajanie, sur les frontières de la Laponie.

CAÏANIDES. s. m. C’est le nom de la seconde Dynastie des Rois de Perse. D’Herb. Les Caïanides sont proprement ceux que les Grecs ont reconnu pour Rois de Perse. Id. Le même Auteur di Caïanien, ou Caïanides. Dara, le dernier des Caïaniens ou Caïanides, fut défait par Etkander Roumi, c’est-à-dire, Alexandre le Grand. Id.

☞ CAJANIE. Partie de la Bothnie, dans la Finlande, c’est, à proprement parler, la partie orientale de la Bothnie.

CAIANIEN, ou CAINITE. Caianus. Quelques-uns disent aussi Caian & Caien. Noms d’anciens Hérétiques, qui ont été ainsi appelés de Caïn, qu’ils regardoient comme leur pere. C’étoit une branche de Gnostiques, qui soutenoient des erreurs monstrueuses. Ils prétendoient que Caïn, & même Esaii, Lot, & ceux de Sodome, étoient nés d’une vertu céleste très-puissante, & qu’Abel au contraire étoit né d’une vertu bien moins puissante. Ils associoient à Caïn, & aux autres du même ordre, Judas qui avoit eu, selon eux, une grande connoissance de toutes choses ; & ils avoient une si grande vénération pour lui, qu’ils avoient un ouvrage sous son nom, intitulé l’Evangile de Judas. Ils avoient plusieurs autres livres abominables, & qui leur servoient de prétexte pour se jeter dans toutes sortes de débauches & d’impuretés. Saint Epiphane a rapporté & réfuté en même temps leurs erreurs, hær. 38.

CAJANTE, qu’on nomme aussi Plumette. s. f. Sorte d’étoffe qui se fabrique à Lille & dans quelques autres endroits des Pays-bas.

☞ CAJAZZO, CAJATA ou CALATIA. Ville d’Italie, au Royaume de Naples, dans la province de Labour, avec un Evêché suffragant de Capoue.

CAIC, CAIQ, CAIQUE, & KAIC. s. m. Terme de Marine. Esquif destiné au service d’une Galère. Scapha, cymba. Caïc est aussi une petite barque, dont les Cosaques se servent pour naviger sur la mer Noire. Cosacorum cymba. Ils mettent sur les caïcs quarante ou cinquante hommes d’équipage, & ils vont ainsi en course : ces petits bâtimens sont tout couverts de peaux de bêtes.

CAIEN. Voyez CAIANIEN.

CAIENNE ou CAYENNE, & non pas CAJENE, & moins encore CAJANE, ni même CAYANE. Caianus. Fleuve de l’Amérique qui prend sa source dans les montagnes de la Guaïane, traverse toute la Caribane du midi au septentrion, & se décharge dans la mer du Nord.

Caienne. Caiena. Île qui est à l’embouchure du fleuve dont on vient de parler, & qui pour cela porte le même nom. La Caïenne a dix-huit lieues à peu près de circuit. Elle est aux François, qui s’y établirent en 1635, & y bâtirent le Fort Louis. En 1654, les François l’abandonnerent, & les Anglois s’y logerent. En 1664, de la Barre y rétablit les François, que les Hollandois obligerent encore d’en sortir en 1676, mais au commencement de l’année suivante M. d’Estrées la reprit. Voyez Biet, Voyage de la Terre Equinoxiale, Liv. I, ch. 17. & Liv. III, ch. 5, 13 & 14, & de la Barre, Descript. de la Guiane. La Caïenne est au 4e d. 45’ de latitude septentrionale.

CAJEPUT. s. m. Cajeputi oleum. Huile aromatique qu’on apporte des Indes Orientales dans quelques contrées de l’Europe. Hoffman en a fait mention dans ses Observations Physico-Chimiques, Lib. I, Obs. IV. mais il n’a point dit de quelle plante on la tiroit.

CAIER. Voyez CAHIER.

CAIETE. s. f. Nourrice d’Enée, suivit ce Prince dans ses voyages, & mourut en arrivant en Italie. Enée lui éleva un tombeau sur la côte de la grande Hespèrie, dans l’endroit où est aujourd’hui Gaeta, en Latin Caieta, qui a pris son nom de la nourrice.

CAIÈTE. Caieta. Ancien nom d’une ville du Royaume de Naples, qu’on nomme aujourd’hui Gaete. Voyez ce nom. Caiète n’est bon qu’en traduisant Virgile, qui en parle, ou quelque autre Ancien.

CAIES. Voyez Cayes.

CAÏEU, s. m. Terme de Botanique & de Fleuriste. On appelle Caïeu, ou Caïeux, les petits oignons qui naissent aux côtés des vieux oignons de la tulipe, de la jacinte, du narcisse, ☞ & autres oignons qui portent fleur. Ils sont comme les boutons des plantes bulbeuses. Bulbus minor adjacens majori, bulbulus, adnata, adnascentia. Chaque caïeu est comme un petit œuf que l’on d&tache de la maîtresse racine, & que l’on plante séparément, lorsqu’il a acquis une certaine grosseur. J’ai beaucoup de caïeux de tulipes. Les caïeux de tubéreuses ne réussissent point dans les pays tempérés. Ce mot Caïeu ne s’emploie que parmi les Fleuriste. Liger. Ce qu’on appelle une gousse d’ail, est proprement un caïeu de la racine de l’ail.

Les Caïeux d’Anémones s’appellent pattes, & ceux de Renoncules, griffes. Les Caïeux ne dégénerent point.

Caïeu se dit aussi de la fleur qui vient d’un Caïeu. Cette tulipe est un caïeu de deux ans.

☞ CAJEUSAC. Petite ville de France dans l’Albigeois, à trois lieues d’Albi.

☞ CAIFUNS. Ville d’Asie dans la Chine & dans la province de Honang dont elle est la capitale.

CAILLE, s. f. Oiseau de plumage grivelé, qui se tient dans les bleds. Cortunix. M. Huet prétend que cet oiseau a pris son som de ce que les couleurs de son plumage représentent des écailles. C’est un oiseau de passage assez petit, & bon à manger. Il est de chaude complexion, d’où l’on a fait le proverbe, chaud comme une caille. On dit que les cailles mangent de l’ellébore, & de la ciguë, sans en être empoisonnées. S. Basile en rapporte la raison, & dit que ces oiseaux ayant les conduits de la gorge fort étroits, les alimens qu’ils prennent ne peuvent descendre que lentement, & qu’ainsi ils se trouvent notablement altérés, avant qu’ils soient dans l’estomac. Willoughby dit que la chair des cailles, est bonne contre la jaunisse, & leur sang souverain contre la dyssenterie. Servius, III. Æneid dit qu’Astérie fut changée en caille. De Rochef. Les cailles d’Italie mangent une sorte de graine qui ôte la délicatesse du goût, & rend leur chair tilleuse. Id.

Ménage, après Scaliger, croit que ce nom lui a été donné à cause de son chant, qui semble en prononcer la première syllabe. Ce mot vient apparemment de l’Italien Quaglia, qui s’est formé, aussi-bien que celui-ci, de Quaquila ou Quisquila, qui se trouvent dans la basse Latinité pour exprimer cet oiseau, & qui sont des mots faits sur le chant des cailles.

Quoiqu’il soit étonnant, comme Pline l’a remarqué Liv. X, ch. 23, qu’un oiseau si pesant, & qui s’éleve à peine de terre, dans les lieux de séjour, puisse passer la mer, & que quelques-uns aient mieux aimé croire que les cailles ne changeoient point de pays, mais se retiroient en des lieux écartés, & à l’abri pendant l’hiver, & qu’elles y vivoient de leurs plumes, ou de leur propre graisse, & de leur propre substance, le fait est cependant certain. Belon, de la Nature des Ois. Liv. 5, ch. 20, assure qu’il s’est trouvé deux fois sur mer au temps que les cailles passent, une fois en Automne lorsqu’elles s’en retournent, & une fois au Printemps, quand elles reviennent ; & que toutes les deux fois il avoit vu plusieurs cailles se reposer sur le vaisseau. Pline dit Liv. X, ch. 23, qu’elles s’abaissent quelquefois en si grand nombre sur les voiles, que par leur poids, elle ont fait couler à fond des barques & d’autres petits bâtimens. L’on remarque aussi qu’elles se reposent dans les Îles qu’elles rencontrent en mer, sur leur route. Aldrob. Ornithol. Liv. XII, ch. 22. Voyez de la Mare, Traité de la Police, Liv. V, tom. XXIII, ch. 2.

Les cailles arrivent à la fin d’Avril & au commencement de Mai, & s’en retournent à la fin de l’Eté. Lorsqu’elles ont le vent contraire, on dit qu’elles se chargent de sable qu’elles avalent, & qu’elles prennent de petits cailloux à leurs pieds, afin de se rendre plus pesantes, de crainte que le vent ne les emporte. Elles font volontiers leur passage quand le vent de Nord souffle, & elles appréhendent le vent de Midi, qui est chargeant, & les fait périr en mer quand il les surprend, à cause de sa moiteur, qui mouille & appesantit leurs aîles. Belon dit qu’elles ne vont point en troupe quand elles font leur passage, mais qu’elles partent la nuit deux à deux, bien qu’en même temps. La mangeaille des cailles est le millet & le blé.

La caille se plait dans les blés verts : elle y fait aussi sa demeure lorsqu’ils sont murs ; & dans leurs chaumes, quand ils sont coupés. Elles deviennent quelquefois si grasses, qu’elles ne peuvent s’en retourner, & servent de pâture pour l’ordinaire aux oiseaux de proie.

Il n’y a point d’oiseau qui multiplie davantage. Elles font jusqu’à seize œufs au mois de mai. Les femelles qui viennent à éclore en ce temps, s’apparient au mois d’Août, & font jusqu’à dix œufs. Dans les pays où elles retournent, elles font aussi deux pontes ; tellement qu’elles couvent quatre fois par an. Elles conduisent leurs cailleteaux par la campagne, & les retirent sous leurs aîles à la manière des poules.

Les Arabes disent que l’Iémen, ou Arabie-heureuse, a une espèce de cailles que l’on ne voit point ailleurs ; ils les appellent salova, & ils croient que celles que Dieu envoya aux Israélites pour les nourrir dans le désert, furent poussées par un vent du Midi de l’Iémen jusqu’à leur camp. Ils écrivent que ces cailles n’ont point d’os, & qu’elles se mangent toutes entières. D’Herb. Le nom salova, est le même que l’Hébreu שלו, selav, & au pluriel שלוים, salvim, qui est celui que l’Ecriture donne aux oiseaux que Dieu envoya aux Israëlites. M. D’Herbelot, au mot Salva, dit que Houssain Vaez, Comm. de l’Alcoran, remarque la même chose : il ajoute que c’est un oiseau particulier de l’Iémen, qui est plus gros qu’un moineau, & plus petit qu’un pigeon, qui n’a ni nerfs, ni os, ni veines, & dont le chant est fort agréable. Cela ressemble fort à nos becfigues. Quant à ce que disent les Arabes, qu’il n’a ni os, ni nerfs, ni veines, c’est une de ces expressions & hyperboles qui leur sont si communes, aussi-bien qu’à tous les Orientaux, & qui signifie seulement que cet oiseau est fort gras, que ses os, nerfs, &c. sont petits & tendres, & qu’on mange l’oiseau tout entier, comme en effet le becfigue, l’ortolan, &c. se peuvent manger tout entiers. Voyez ce que l’Antiquité a dit des cailles dans Vossius, De Idolol. L. III, c. 86, 88, 93.

Les Phéniciens offroient à Hercule des Cailles en sacrifice, & disoient que cette coutume venoit de ce que ce héros ayant été tué par Typhon, Iolaüs lui rendit la vie avec l’odeur d’une Caille. Fable fondée sur ce que dit Bochard, qu’Hercule étoit sujet au mal caduc, & qu’on le faisoit revenir en lui faisant sentir une Caille, dont l’odeur, au rapport de Galien, est un remède utile à ce mal.

☞ On appelle roi des cailles, un oiseau que l’on prétend servir de guide aux cailles, quand elles passent d’une région dans une autre. Sa chair est très-délicate, & l’on dit proverbialement que c’est un morceau de roi. Son plumage est grivelé comme celui de la Caille.

☞ CAILLEBOT, pour CAILLOT, ne se dit qu’à la place Maubert. Voyez Caillot.

CAILLEBOTTE. s. f. C’est une masse de lait caillé, qui est ferme & épaissi. Concreti lactis grumus, massa. Nous n’avons mangé que des caillebottes.

CAILLEBOTTÉ, ÉE. adj. Réduit en caillots, coagulé. Coagulatus, a, um. L’oreille droite du cœur étoit remplie d’un sang noir, épais & caillebotté. Duverné. Acad. des Sc. 1703. Mém. p. 158.

CAILLEBOTTIS. s. m. Terme de Marine. Espèce de treillis, ou tillac à jour, fait de menu bois, & placé entre deux hiloires, ou bordures pour servir à évaporer la fumée du canon quand on le décharge, & pour donner du jour entre les ponts, quand les sabords sont fermés durant l’agitation de la mer. Tabulatum pervium, ou cacellatum. L’espace qui reste des ponts est couvert de bordages de pareil échantillon que celui qui est attaché sur les membres, ou côtes du navires.

CAILLELAIT. s. m. Terme de Botanique. Gallium. Plante dont les fleurs ou tiges nouvellement fleuries font cailler le lait ; d’où lui vient son nom. Sa racine est menue, noueuse, rampante & traçante, d’un jaune tirant sur le rouge, chargée de quantité de filamens. Ses racines portent plusieurs tiges carrées, menues, hautes d’un pied & demi au plus, noueuses, & un peu velues ; chaque nœud est entouré de six, huit, & jusqu’à neuf feuilles, longues de trois quarts de pouce sur moins d’une ligne de largeur, d’un vert foncé. De la plûpart de ces nœuds sort de chaque côté une branche noueuse, garnie de feuilles, & terminée aussi-bien que les tiges par des bouquets de petites fleurs jaunes d’une seule pièce fendue en quatre quartiers, soutenus par un embryon qui devient, après que la fleur est passée, un fruit menu, brun, sec, composé de deux semences arrondies & aplaties par l’endroit où elles se touchent.

Il y a une espèce de caillelait aussi commun que celui-ci ; mais qui en diffère 1°, par ses fleurs, qui sont tout-à-fait blanches, 2°, par ses feuilles qui sont un peu plus larges, & plus courtes, d’un vert gai, & par ses branches qu’elle répand çà & là ; enfin, par l’odeur de ses fleurs, qui est foible.

Ces deux plantes sont à présent recommandées pour l’épilepsie. On prend l’une & l’autre indifféremment ; on en tire le suc en ajoutant du vin blanc, lorsqu’on les pile, ou bien l’on en fait une décoction, ou on les prend infusées à froid. On joint à l’usage de cette plante des purgatifs plus ou moins forts, & qu’on réitère suivant l’état de la maladie & les forces du malade. La poudre de ses feuilles est astringente, & elle suspend les hémorragies. La première de ces espèces se nomme Gallium luteum, & la seconde Gallium vulgare album. Inst. R. herb.

CAILLEMENT. s. m. ☞ État du lait, du sang ou d’une autre liqueur qui se caille. Coagulatio, concretio. Caillement de lait dans les nouvelles accouchées, est une maladie qui leur vient, parce que leur lait s’est caillé, & s’est mis en petits grumeaux dans leurs mammelles. Le caillement cause de grandes douleurs, & un frisson au milieu du dos. Le caillement de lait vient de ce que la nouvelle accouchée n’a pas été assez tetée. Pour remédier au caillement de lait & pour l’empêcher, il faut le faire teter, & vider les mammelles. Mauriceau.

CAILLER. v. a. Coaguler, figer. Cogere, coagulare, conspissare. La morsure des serpens tue, parce qu’elle caille le sang, & empêche la circulation. A Florence on caille le lait pour faire des fromages avec des fleurs d’artichauts, au lieu de présure. Pausanias raconte qu’Aristée fils d’Apollon & de Cyrène, fille du fleuve Pénée, fut le premier qui trouva le secret de faire cailler le lait. De Rochef.

Cailler, avec le pronom personnel. Se cailler, v. récip. Cogi, concrescere. Le sang se caille si-tôt qu’il est hors des veines, ou privé de chaleur. Le lait se caille avec de la présure. L’huile de tartre, & l’esprit de vitriol mêlés ensemble, se caillent après quelque légère effervescence. On a trouvé en Irlande une sorte d’ardoise noire, excellente contre le flux de sang, & qui empêche qu’après les grandes chûtes le sang ne se caille dans le corps. Hist. Nat. d’Irl.

Cailler, est aussi un vieux mot qui signifie chasser aux cailles. Il signifie aussi se servir de l’appeau qui contrefait le chant de la caille.

Houseaulx fromis & larges bottes,
Qui ressemblent bourse à cailler. Rom. de la Rose.

Ce passage de Jean de Meun, expliqué en peu de mots, signifie que les Moines hypocrites dont parle Faulx- semblant, ont leurs bas qui font autant de plis qu’un appeau de cailles, que ce Poëte appelle bourse à cailler. Suppl. de Gloss. du Rom. de la Rose.

CAILLÉ, ÉE. Part, Lait caillé, sang caillé, Coactus, concretus.

On dit absolument du caillé ; pour dire, du lait figé & coagulé, dont la partie séreuse est sortie, qu’on appelle le lait clair, ou le petit lait. Coagulatum, lac pressum. Plusieurs Médecins appellent la présure, du caillé. Voyez Présure. Les Bisaltes, peuple de Macédoine, ne mangent presque que du caillé. Dans le haut pays d’Auvergne le peuple vit de caillé, & leur boisson n’est que du petit lait. De Rochef.

CAILLETEAU. s. m. diminutif. Jeune caille. On sert les cailleteaux sur les tables comme un mets friand. Pullus coturnicis.

CAILLETOT. s. m. Espèce de petit turbot fort délicat, ainsi nommé dans la basse Normandie.

CAILLETTE. s. f. Le quatrième ventricule du veau, du chevreau, de l’agneau, &c. Abomasum. C’est le lieu où se fait le chyle, & d’où tous les alimens tombent dans les intestins. Omasum. La caillette se vend avec les tripes. C’est dans la caillette des veaux ou agneaux que se forme la présure qui caille le lait : ce qui lui a fait donner le nom de caillette. Ce quatrième ventricule est rempli de feuillets comme le troisième : mais ces feuillets ont cela de particulier, qu’ils enferment, outre les membranes dont ils sont composés, plusieurs glandes qui ne se trouvent point dans les trois autres ventricules.

Caillette se dit figurément, dans le style familier & badin, d’une femme frivole & babillarde. C’est la Caillette du quartier.

Il n’est Caillette en honnête maison
Qui ne se pâme à sa douce faconde.
En vérité Caillettes ont raison ;
C’est le pedant le plus joli du monde.

☞ On le dit aussi d’un homme de même catactère. C’est une franche Caillette. Gerro, loquaculus, garrulosus.

☞ Pris dans un sens obscène, pour désigner les parties naturelles de l’homme, ce terme n’est connu qu’aux halles.

Caillette s’est dit anciennement pour Cauchois. Voyez ce mot.

CAILLEUR. s. m. Vieux mot, qui veut dire celui qui chasse aux cailles.

☞ CAILLIQUE. Poisson de mer, Voyez Harengade.

CAILLOT. s. m. On le dit du sang. C’est un grumeau de sang, ou une petite masse de sang caillé. Un caillot de sang. Grumus sanguinis.

Caillot s’est dit anciennement pour Cauchois. Voyez ce mot.

CAILLOT ROSAT est une espèce de poire aujourd’hui peu estimée. Pirum callionium. On l’appelle ainsi à cause qu’elle est pierreuse, & qu’elle a le goût de rose. Quelques-uns l’appellent poire d’eau rose. Ménage écrit caillorosat.

CAILLOTIS. s. m. Sorte de Soude, dont les pierres sont de médiocre grosseur, & fort semblables à des cailloux, d’où elle a pris son nom.

CAILLOU. s. m. Petite pierre dure, & quelquefois polie & luisante. Silex, scrupus. On l’emploie avec le ciment à paver les aqueducs, les grottes & les bassins de fontaine. On s’en sert aussi pour les ouvrages de mosaïque ; & pour cela on la scie, & on la polit.

☞ On peut diviser les cailloux en quatre articles, les cristallisés, les transparens, les opaques & les communs. Les cailloux cristallisés, formés d’une matière vitrée, sont fusibles, & forment avec la soude la matière des glaces. Il y en a de deux espèces. La première est des Cailloux cristallisés, incorporés l’un dans l’autre ; dont l’un qui sert de noyau à l’autre, paroît d’une nature bien différente, étant seul cristallisé. La seconde espèce est creuse en dedans, & n’offre qu’une caverne congelée & brillante par la cristallisation. C’est ce qu’on appelle cristal de cailloux. Cette cavité est d’une matière plus fine & plus serrée que la croute de dessus. On en tire de différens endroits.

☞ Les cailloux transparens sont pleins partout de la même matière. Ils imitent le diamant, & surpassent souvent le cristal de roche en blancheur, en netteté & par le feu qu’ils jettent comme ceux du Rhin & quantité d’autres.

☞ Les cailloux opaques sont formés d’une matière sablonneuse. Il y en a qui peuvent se polir & d’autres qui ne le peuvent pas. Les cailloux d’Orient, quoique pleins & opaques, sont d’une nature très-fine ; leurs couleurs, leurs veines & leurs marbrures les font rechercher : on les polit parfaitement, ainsi que ceux d’Angleterre & autres.

☞ Les cailloux opaques de la seconde espèce sont ceux dont le grain trop gros ne permet pas qu’on les polisse facilement, quoiqu’ils soient composés d’une matière très-dure. Ces cailloux sont pleins en dedans & unis en dehors, sans aucuns pans ni angles, le plus souvent ronds.

☞ Les cailloux communs se divisent en ceux qui, frapés les uns contre les autres, ou contre le fer, font du feu, & ceux qui n’en font point. Les premiers sont les galets, les pierres à fusil & les cailloux des vignes.

☞ Les galets sont des cailloux ronds qu’on trouve au fond des rivières, sur la greve des mers & des fleuves. On les casse pour en tirer du feu.

☞ Les pierres à fusil, ou silex, sont aussi dures que les autres cailloux. Elles sont de couleur blanche, grise ou rousse, avec une croute raboteuse par-dessus. Il y en a qui étant cassées, représentent des figures informes, des têtes & des parties d’animaux.

☞ Le Silex qui est blanc & transparent, & de la nature de la corne, se nomme pyrimachus. S’il n’est propre qu’à faire du feu, c’est un pyrite. Quand il noircit en formant des veines argentées, il prend le nom d’argiromelanos.

☞ Les cailloux des vignes, ainsi que ceux qui frottés les uns contre les autres, ne font point de feu, ne sont presque d’aucune usage.

Il est rapporté dans les nouvelles Littéraires de la mer Baltique qu’il y avoit à Helmstad un homme qui avoit le secret d’amollir les cailloux les plus durs, & d’y imprimer comme sur la cire les figures qu’il vouloit ; qu’il s’étoit souvent servi de son secret en temps de guerre, pour enfermer son argent dans des pierres, auxquelles il rendoit ensuite leur première dureté.

Eau de Caillou. On appelle eau de Caillou, une certaine eau forte préparée, dont il est parié dans le Journal des Savans de 1677, & sur laquelle on voit végéter les métaux, comme un arbre qui croît à vue d’œeil,& s’étend en plusieurs branches dans toute la hauteur de l’eau. Rhodes Canasse, Chymiste Grec, est l’inventeur de ce secret.

CAILLOUTAGE. s. m. Scruporum acervus. Ouvrage de cailloux ramassés. Faire une grotte de cailloutage.

CAIAIACAM ou CAINACAN. s. m. Nom de dignité dans l’Empire Ottoman. Il y a deux Caimacans ; l’un qui est toujours proche la personne du grand Visir, & l’autre qui réside toujours à Constantinople, & qui en est comme le Gouverneur. Il n’y a d’ordinaire que trois Caimacans dans l’Empire ; il y en a quelquefois moins. Celui qui n’abandonne jamais Constantinople, examine toutes les affaires de Police, & les règle en partie. Il y en a un autre qui ne quitte jamais le Grand Seigneur, & si le Visir est éloigné, il y en a aussi un auprès de lui ; mais la fonction du dernier demeure suspendue quand le Visir est auprès du Sultan. Le Caimacam du Visir est comme son Secrétaire d’Etat, & le premier Ministre de son Conseil. La Guill.

Le Caïmacam fait la charge de premier Visir à Constantinople, durant l’absence du Grand Seigneur. Du Loir, p. 201. Il écrit Caymacan. Il faudroit écrire Caimmacam, selon l’étymologie ; car ce mot est composé de deux mots Arabes, qui sont Caim-macam ; celui qui tient la place d’un autre, qui s’acquitte de la fonction d’un autre.

CAIMACANIS. s. m. Sorte de toiles fines, dont il se fait un grand commerce à Smyrne : elles sont du nombre des Cambrasines de Bengale.

CAIMAN espèce de Crocodile. C’est aussi le nom d’une pierre qui se trouve dans l’estomac de ces animaux, que les Indiens & les Espagnols regardent comme un remède assuré contre la fièvre quarte, en l’appliquant à chaque tempe.

CAIMAND, ANDE. s. m. & f. Mendiant qui gueuse par fainéantise. Mendicus. Il est peu usité, si ce n’est parmi le peuple.

CAIMANDER. v. n. Gueuser, mendier. Mendicare. Cet homme n’a d’autre métier que de caimander. Ménage. Il se dit aussi en parlant de toutes les choses qu’on va demander de porte en porte, comme des sollicitations, des emplois, des repas, &c. Et alors il est actif. Caimander des recommandations, les suffrages ; dans cette acception il est figuré. Quelques-uns dérivent ce mot par métathèse de mendicare, signifiant la même chose. Il est du style familier, même bas.

CAIMANDEUR, EUSE. s. m. & f. signifie la même chose, que Caimand, & n’est pas plus noble.

CAIN-CAHA. Voyez Cahin-caha.

CAINITE. s. m. & f. Nom de secte. Cainita. Prononcez Caïnite en quatre syllabes. Voyez Caianien.

CAJOLER. Vieux v. n. qui signifioit proprement babiller, causer. Garrire. Il s’est dit originairement au propre des enfans qui apprennent à parler. Les peres prennent plaisir à entendre leurs enfans quand ils cajolent.

Ce mot vient apparemment de cage, qui est le lieu où on apprend a parler aux oiseaux.

Cajoler, v. a. Signifie maintenant, dire des douceurs, des paroles honnêtes & obligeantes, flater, louer, entretenir quelqu’un de choses qui lui plaisent & qui le touchent. Blandiri alicui, blando sermone delinire, lenociniis aliquem permulcere. Cajoler quelqu’un sur la science, sur le bel esprit, sur sa bravoure, sur ses belles actions. Elle aime qu’on la cajole sur sa beauté, sur ses ajustemens, sur sa bonne grace en tout ce qu’elle fait. Aimer à être cajolé par les louanges. Ablanc. Les hommes se cajolent mutuellement pour se faire rendre leurs éloges avec usure. Id.

Cajoler signifie aussi, caresser quelqu’un, afin d’attraper de lui quelque chose à force de flateries. Palpare ou palpari. Il a si bien cajolé ce vieillard, qu’il est devenu son héritier. On a beau cajoler un avare, on n’en peut rien arracher. Il faut beaucoup d’art & d’adresse d’esprit pour cajoler un riche, & pour gagner ses bonnes grâces. Ablanc. Ah ! que celui-là avoit d’esprit, qui a comparé le flateur à un Renard, qui cajole le corbeau, pour avoir son fromage ! Royaumont.

Cajoler se dit plus particulièrement à l’égard des femmes & des filles, qu’on tâche de séduire par de belles paroles ; & à force de leur dire des douceurs & des flateries. Procari. Le foible des femmes, c’est d’aimer qu’on les cajole.

Voir cajoler sa femme, & n’en témoigner rien
Se pratique aujourd’hui par force gens de bien. Mol.

Ce verbe dans toutes ces acceptions n’est que du style de conversation.

Cajoler un vaisseau, c’est en termes de Marine, le mener contre le vent dans le courant d’une rivière. Adverso vento prostuentem decurrere. On se sert aussi de ce terme pour dire faire de petites bordées, ou attendre sans voile, en faisant peu de route.

Cajoler, v. n. Terme de Fauconnerie, qui se dit du cri des geais. Faultrier. Quelques-uns écrivent Cageoler, mais cajoler vaut mieux.

CAJOLÉ, ÉE. part.

CAJOLERIE. s. f. Flateries pour gagner l’amitié de quelqu’un, & en obtenir ce qu’on désire. Blanditiæ. Il se dit particulièrement du langage flateur dont on se sert pour tâcher de séduire une femme ou une fille. Une fille doit craindre toutes les cajoleries des hommes.

☞ CAJOLEUR, EUSE. s. m. & f. Celui ou celle qui cajole ; celui qui donne des louanges où il y a quelque affectation, & qui sentent la flaterie, ou qui cherche à séduire une femme ou une fille par de belles paroles. Blandidicus, blandiloquus, blandulus. Vous n’êtes qu’un cajoleur.

Cajoler, Cajolerie. Cajoleur ne peuvent entrer que dans la conversation familière.

CAIOU. s. m. Espèce de noix qui vient du Brésil. On dit Acajou, & non pas cajou. Voyez Acajou.

☞ CAIPHE, ou CAIPHAS, surnommé Joseph, grand sacrificateur des Juifs qui condamna le Sauveur à mort. Lorsque les Juifs tinrent conseil pour faire mourir Jesus-Christ, Caiphe prophétisa qu’il étoit expédient qu’un homme mourût pour conserver la nation. Quelque temps après, sous l’empire de Tibère, Vitellius lui ôta sa dignité qu’il avoit conservée près de neuf ans. On prétend qu’il en mourut de chagrin.

CAIQUE. s. m. Terme de relation & de Marine. Esquif, petit bâtiment chez les Turcs. Cymba. C’est le Bostangi-Bachi qui gouverne le timon du Caïque du Grand Seigneur, quand il va sur mer. Du Loir. p. 96. 97. Voyez Caic.

CAIRE. s. f. Vieux mot, qui signifioit Visage. Quand un homme est mince de caire. Borel le fait venir du Latin caro, chair. Les Espagnols disent cara, pour dire, visage.

CAIRE. Cairus. Le Caire, ou le Grand Caire, est la Ville capitale d’Egypte, située sur le bord oriental du Nil, trois lieues environ au-dessus de l’endroit où ce fleuve commence à se diviser, & à former ce qu’on appeloit autrefois le Delta, & qu’on nomme aujourd’hui l’Etrif. Le Caire est une des plus grandes Villes du monde. Il est divisé en trois, le Bulac, le vieux Caire & le nouveau Caire. Vis-à-vis du Caire, au couchant du Nil, on voit les restes de l’ancienne Memphis : c’est pour cela que nos Poëtes appellent souvent le Caire, Memphis.

On voit aussi du côté même du Caire, & assez proche, les ruines de l’ancienne Babylone d’Egypte. On prétend que le Caire étoit autrefois trois fois aussi grand que Paris ; mais il a beaucoup diminué depuis qu’on s’est ouvert une route aux Indes par le Cap de Bonne-Espérance. Aujourd’hui on dit que le nouveau Caire est encore aussi grand que Paris : le vieux & le Bulac, sont deux gros bourgs que l’on compare à Rennes en Bretagne, ou à la Haye en Hollande. On dit que cette ville a été bêtie l’an 908 des ruines de la Babylone d’Egypte par Elmendinalla, petit-fils d’Abdalla Calife d’Afrique, qui se rendit maître de l’Egypte.

Le Caire a de latitude 30° 2’ 30”, & son méridien diffère de celui de Paris de 29° 35’ 0”, c’est-à-dire, que sa longitude est de 49° 26’ 30”. Cassini.

La Caire fut bâti auprès de l’ancienne Capitale d’Egypte que l’on nommoit pour lors Mesr, ou Forsthath. Saladin fit enfermer ces deux Villes d’une muraille. Mesr s’appelle aujourd’hui le vieux Caire. On a bâti une troisième ville entre le vieux & le nouveau Caire. Macrisi a fait une exacte description de cette Ville, dans laquelle on peut voir tout ce qui y a été ajouté depuis sa fondation. D’Herbelot.

Le nom de Caire, que nous donnons à cette Ville, vient du nom arabe Cahera, קהרה, qui lui fut donné, parce que son fondateur Giavar, Général de l’armée de Moez Ledinillah premier Calife de la race des Fatimites, voulut qu’on jetât les fondemens de cette Ville sous l’horoscope ou l’ascendant de Mars, à qui les Astronomes Arabes donnent l’épithète de Caher, qui signifie vainqueur, conquérant, du verbe קהר, Kahara, vaincre ; de sorte que cette ville fut nommée Alcahera, c’est-à-dire, la victorieuse. D’Herb.

CAISSE. s. f. Coffre, boîte, vaisseau fait de menues planches de sapin, ou d’autre bois léger, pour transporter des marchandises. Capsa. On appelle des raisons de caisse, les raisins secs & un peu gras qui viennent dans des caisses. Ce mot se prononce comme s’il étoit écrit Kesse, il faut dire la même chose de ses dérivés.

Caisse, terme de Jardinier. C’est un coffre carré de bois soutenu de quatre petits pilliers carrés, ou tournés, qui servent aussi à en tenir les quatre côtés assemblés ; il est ouvert par le haut, & ordinairement peint par dehors pour le conserver & pour l’orner : on remplit les caisses de terre préparée, & l’on y plante des orangers, des grenadiers, &c.

Caisse est aussi un renfoncement carré qui est dans chaque intervalle des modillons du plafond de la cornice Corinthienne, & qui renferme une rose. Lacunaria. On appelle aussi panneaux, ces mêmes renfoncemens, & ils sont de différentes figures dans les compartimens des voûtes & des plafonds.

On appelle aussi caisse de poulie dans un navire, un moufle de poulie. Rechamus.

Caisse, chez les Tourneurs, est ce qui sert à contenir le registre ou clavier. La caisse est de fer ou de laiton. Capsula.

Caisse signifie aussi un coffre fort de Banquier, de Marchand. Capsa. Cette caisse a de bonnes bandes de fer, & une ferrure à trois pênes. C’est un tel Commis qui tient la caisse chez ce Trésorier. Argent de caisse, ou monnoie de caisse, c’est l’argent que les Négocians ou Marchands ont pour faire des payemens de la main à la main.

Caisse, se dit aussi de tout l’argent qu’un Financier a chez lui & qu’il négocie. La caisse de cet homme-là est de cent mille écus.

On nomme aussi caisse, le lieu où est le coffre fort, & où le Caissier fait ses payemens. On dit que je vais à la caisse. Livre de caisse, c’est un registre dont les Caissiers se servent pour y coucher toutes les parties de recette & de dépense qu’ils font en derniers comptans.

Caisse de crédit. C’est une caisse établie en faveur des Marchands forains qui amenent à Paris des vins ou autres boissons. Ces Marchands peuvent aller à cette caisse prendre le crédit dont ils ont besoin, pourvu qu’il n’excède pas la valeur de moitié de leur marchandise.

Caisse des Emprunts, étoit une caisse Royale, qui fut établie sous le regne précédent à l’Hôtel des Fermes, pour y recevoir les deniers des particuliers qui vouloient prêter leur argent à intérêt. Les Fermiers donnoient des promesses qui étoient des billets au porteur, pour valeur reçue comptant, & qui avoient cours sur la place, sous le nom de promesses des Gabelles. A la mort de Louis XIV, ces promesses ont été converties en billets de l’Etat, & acquittées en entier sous Louis XV.

Caisse, signifie aussi un gros tambour qui sert à la guerre. Tympanum. Et on dit, battre la caisse ; pour dire, assembler des Soldats. Tympanum pulsare. On le dit aussi pour signifier, lever des Soldats.

On dit proverbialement, bander la caisse ; pour dire, s’en aller, parce qu’il faut en effet bander les peaux de la caisse pour battre la retraite ou le décampement.

Caisse du Tambour. Terme d’Anatomie. C’est ainsi qu’on appelle la cavité demi-sphérique qui se remarque au fond du trou auditif-externe de l’oreille. Voyez Oreille & Tambour.

Caisse de Fusées. C’est un coffre de planches, long & étroit en carré sur sa longueur, posé verticalement, où l’on enferme une grande quantité de fusées volantes, lorsqu’on veut faire partie en même temps & former en l’air une figure de feu, comparable à une gerbe de blé d’une vaste étendue, qu’on appelle aussi par cette raison gerbe de feu.

Caisse Aérienne, est une sorte de ballon qui renferme beaucoup d’artifices & de petites fusées.

CAISSETIN. s. m. Petite caisse de sapin, plus longue que large, dans laquelle on envoie de Provence cette sorte de raisins en grappes, séchés au soleil, qu’on appelle raisins aux jubis.

☞ On appelle aussi caissetin dans les manufactures d’ouvrages en soie, une petite armoire à plusieurs étages, dans lesquels l’ouvrier range les dorures & les soies qu’il emloie.

CAISSIER. s. m. Celui qui tient la caisse d’un Trésorier, d’un Banquier, qui est chargé de recevoir & de payer. Capsis præfectus, capsarum custos, administer. Le Caissier des gabelles. Il faut qu’un Marchand ait un Caissier fort fidèle.

CAISSON. s. m. Grande caisse couverte en dos d’âne, qu’on porte sur un charriot pour y mettre le pain de munition, & autres choses dont on a besoin à l’armée. Annonarius currus. Il y a aussi des caissons de l’artillerie.

Caisson de bombes, est un fourneau superficiel fait de bombes enfermées dans une caisse de bois. On en fait quelquefois qui ne sont pleines que de poudre. On le couvre d’un peu de terre, & on y met le feu, par le moyen d’un saucisson qui répond au fond du caisson, lorsque l’ennemi fait ses approches, & vient se loger dessus. Ollis ignariis referta capsa. Les fougaces font plus d’effet que les caissons.