Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/551-560

Fascicules du tome 1
pages 541 à 550

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 551 à 560

pages 561 à 570



antennes de plus, & parce que les filets de sa queue sont fourchus.

ASEM, ASOM, ou ÉSEM. Ville de la Terre-Promise. Asem, Asom. Elle étoit de la tribu de Juda ; elle en fut ensuite détachée, pour être donnée à la tribu de Siméon.

Asem. Royaume de la presqu’île de l’Inde, de-là le Gange. Asenum regnum. Il est dans la partie septentrionale de cette partie de l’Inde, vers le lac de Chiamay.

ASÉMONA. Ville de la Terre-Sainte. Asemona, ou Atsemona. Elle étoit dans la tribu de Juda, au midi, du côté de la Méditerranée, & dans le passage qui conduisoit en Egypte.

ASÉNA. Ville de la tribu de Juda, dans la Terre-Sainte. Asena. Elle confinoit avec les tribus de Dan & de Siméon.

☞ ASENI. Peuples de l’Inde, qui habitoient trois villes. La capitale portoit le nom de Bucéphale, cheval d’Aléxandre, que ce fou fit enterrer dans ce lieu là, après de magnifiques funérailles.

ASEPH. s. m. Terme de Relation. C’estle nom que l’on donne en Perse à des gouverneurs que le Roi a mis en certaines provinces à la place des kans, parce que ceux-ci, par le grand nombre de leurs Officiers, consumoient la plus grande partie du revenu de ces provinces. Voyez Tavern. Voyage de Perse. Rector Provinciæ, Gubernator.

ASER. s. m. Aser. Ce mot, dans l’Ecriture, signifie trois choses. 1°. Un des douze enfans de Jacob. Il eut celui-ci de Zelpha, servante de Lia. Zelpha, servante de Lia, enfanta un fils à Jacob, & elle dit : c’est pour me faire bienheureuse, car les filles me diront bienheureuse ; & elle le nomma Aser, ou comme d’autres écrivent, Ascher. Gen. XXX, 12 & 13.Ce nom signifie en effet en hébreu, heureux. 2°. Il se prend pour la tribu d’Aser, c’est-à-dire, les descendans d’Aser. Ruben, Gad, Aser, Zabulon, Dan & Nephtali, se tiendront de l’autre côté sur le mont Hébal, pour le maudire. Saci. Deut. XXVII, 13. 3°. Il se prend pour le pays qu’occupoit dans la Terre-Sainte la tribu d’Aser, & qui s’appelle aussi la tribu d’Aser. Or la frontière de Manassé fut du côté d’Aser venant en Miemethah. Desmar. Jos. XVII.

ASER-GADDA. Ville de la Palestine. Asergadda. Elle étoit dans la tribu de Juda. Jos. XV 27.

ASG.

ASGAR. Province du royaume de Fez, en Afrique. Asgara. Elle est entre celle de Fez, celle d’Habat & l’Océan atlantique, & renferme les villes de Larache & d’Alcaçarquivir.

ASI

☞ ASIARCAT. s. m. Magistrarure annuelle jointe au Sacerdoce, & qui donnoit le droit de présidence aux jeux sacrés célébrés en commun par les villes d’Asie. Voyez l’article suivant.

☞ Les Vocabulistes prétendent que ceux qui étoient revêtus de cette dignité, l’exerçoient pendant cinq ans. C’est une erreur de plus. Ils n’ont pa suivi leur guide, le Dict. de l’Acad. F. qui dit formellement que cette Magistrature étoit annuelle.

ASIARQUE. s. m. Titre d’un Magistrat qu’on élisoit chaque année dans l’Asie mineure sous les Empereurs Romains, pour présider aux jeux sacrés, que la province célébroit en commun à l’honneur des Dieux, ou des Empereurs. C’étoit une charge très-onéreuse, parce que l’Asiarque étoit obligé de faire la dépense de ces jeux : c’est pour cela qu’on élisoit les riches, les plus capables de la supporter. En récompense elle étoit très-honorable, & elle acquéroit le premier rang dans les provinces, pendant & après son exercice.

Ce Magistrat est appelé Asiarcha par les Auteurs latins. Il vient du mot grec, Ἀσιάρχης d’Ἀσία, Asie, & d’ἄρχειν, commander & avoir le premier rang.

De dix pontifes qui étoient dans l’Asie Proconsulaire, sous les Païens, le Proconsul en choisissoit un chaque année qu’on nommoit Asiarque. On ne laissoit pas de donner le nom d’Asiarques à tous ceux qui l’avoient été, comme on le voit par le 19 chap. des Actes des Apôtres, où des Asiarques empêchent S. Paul d’aller à l’amphithéâtre d’Ephèse. La Vulgate a traduit Princes d’Asie. La Syrie avoit de même ses Syriarques, la Phénicie ses Phéniciarques. Saumaise sur Solin, p. 85 de la première édition.

ASIATIQUE. Nom de peuple. Habitant de l’Asie. Asiaticus. Les Asiatiques étoient des peuples mous & efféminés. C’étoit faire une injure à un homme, & lui dire qu’il étoit débauché, que de dire qu’il avoit été, ou demeuré en Asie. Voyez Cicéron, pro Muren. n. 12. Pour vaincre des Asiatiques, il ne falloit qu’oser les combattre. Et que n’osoit pas Alexandre ? Aussi le frère d’Olympias Roi d’Epire, disoit-il dans son expédition d’Italie : Je combats ici des hommes, tandis qu’ailleurs mon neveu combat des femmes.

Asiatique. adj. m. & f. qui appartient à l’Asie. On le dit particulièrement des mœurs, du luxe, du style. Mœurs asiatiques, mœurs efféminées. Luxe asiatique, luxe excessif. Style asiatique, style mou, diffus, chargé d’ornemens inutiles.

Asiatique, est encore un surnom honorable donné à quelques grands hommes. Pompée déposséda Antiochus surnommé l’Asiatique dernier Roi de Syrie. Bossuet. L. Cornélius Scipion, frère de Scipion l’Africain, avant été choisi l’an de Rome 564 pendant son consulat, pour aller faire la guerre à Antiochus Roi de Syrie, & ayant taillé en pièces l’armée de ce Prince proche de Sardes, fut surnommé l’Asiatique. Voyez Tite-Live, liv. XXXIX. ch. 44. On trouve aussi dans des manuscrits Asiagenes, & des médailles portent. L. Scip. Asiag.

Asiatique. s. f. Terme de Fleuriste. Anémone dont les grandes feuilles sont blanches, mêlées d’incarnadin : sa peluche est de couleur de grenade mêlée de blanc. Mor.

ASIE. Asia. C’est une des quatre parties du monde & la plus considérable des trois de notre continent. Ses bornes sont du côté du midi & du levant, l’Océan oriental, ou l’Océan indien, oriental & scythique. La mer de Tartarie la baigne au nord. Vers le couchant, les Anciens l’étendoient jusqu’au Nil, & y renfermoient l’Egypte. Dans des siècles postérieurs on en a retranché l’Egypte. Elle est séparée de l’Afrique par la mer-Rouge, & le détroit de Suez ; de l’Europe par la Méditerranée, l’Archipel, la mer de Marmora, la mer-Noire & celle de Zabache, la rivière de Don, le Volga, jusqu’à l’endroit où il commence à couler du nord au sud, d’où l’on tire une ligne jusqu’à l’embouchure de l’Oby. L’Asie est non-seulement la plus grande partie de l’ancien monde, mais encore la première & la plus considérable du monde entier. C’est en Asie que le premier homme a été créé ; c’est en Asie que Noé sortit de l’Arche, & que le monde a commencé à se peupler. C’est de l’Asie que les hommes se sont répandus dans toutes les autres parties du monde. C’est en Asie que les Arts & les Sciences ont eu leur berceau. C’est dans l’Asie que les premiers, les plus grands & les plus florissans empires se sont fondés. C’est dans l’Asie que le fils de Dieu s’est fait homme, & qu’il a opéré les mystères de la rédemption du genre humain.

ASIE MINEURE. Asia minor. Nom ancien de la grande contrée, ou péninsule, que nous nommons aujourd’hui Anatolie, ou Natolie. Elle s’étend depuis l’Euphrate & le mont Amanus, jusqu’à la mer de Marmora & à l’Archipel, ayant au Nord le Pont-Euxin, ou la mer-Noire, & au sud la Méditerranée. Voyez Anatolie, ou Natolie.

La petite Asie. Asia parva. C’étoit anciennement le nom d’une petite contrée de l’Asie mineure, qui s’allongeoit le long de la côte de l’Archipel au midi de la Phrygrie, & comprenoit l’Ionie, la Doride, la Carie, & quelques autres petits pays. C’est de cette petite Asie que l’Asie mineure & la grande Asie ont pris leur nom : car c’est la coutume des Voyageurs, & de ceux qui découvrent un pays, de donner le nom de la première contrée qu’ils découvrent, à toutes celles qui sont derrière ou au-delà, quelques grandes souvent & quelque vastes qu’elles soient. Ainsi les Européens qui passoient en Orient, ayant trouvé d’abord la petite Asie, dont je viens de parler, qui dans ces temps-là se nommoit simplement Asie, ils donnèrent ce nom à tout le pays qui étoit derrière ; c’est-à-dire, à toute l’Anatolie, & ensuite généralement à toute la grande Asie. De cette remarque très-simple, mais très-vraie, il s’ensuit que c’est à la petite Asie qu’il faut attribuer & ajuster tout ce qu’on dit de l’origine du nom Asie, & que tout ce qui ne peut lui convenir, est faux.

Isidore, Etym. Liv. XIV. dit que ce nom vient originairement d’Asia, fille de l’Océan, & de Thétis, femme de Japhet. Si cela est vrai, comme il pourroit bien l’être, parce que les anciens noms de lieux sont presque tous des noms d’hommes, il faut dire que la femme de Japhet fut appelée fille de l’Océan & de Thétis par une figure ou phrase ordinaire dans la langue hébraïque, où בתים, fille de la mer, signifie, qui demeure sur la mer ; ou plutôt que la terre à laquelle la femme de Japhet donna son nom pour quelque raison que nous ne savons pas, peut-être parce qu’elle y mourut, & y fut inhumée ; peut-être parce qu’elle y demeura, & ne voulut point s’exposer à la mer, en un mot, pour quelque raison qui n’est pas venue jusqu’à nous ; que cette terre, dis-je, fut appelée ; par un hébraïsme ordinaire, & élégant, fille de la mer, parce qu’elle étoit sur la mer, maritime, que c’est une côte de mer ; ensuite soit par erreur, soit par ignorance, on a transporté cette épithète à Asie même, femme de Japhet ; on a cru qu’elle étoit fille de la mer, c’est-à-dire, de l’Océan & de Thétis, & que c’étoit une épithète de celle qui avoit donné son nom à cette terre ; ce qui paroissoit très-naturel, & non pas de la terre même, qui ne pouvoit être la fille d’une Divinité : en un mot, on a pris, comme en bien d’autres occasions, dans le propre, ce qui n’avoit été dit que dans le figuré, grande source de l’Idolâtrie, & des fables. D’autres disent que c’est un certain Asius, fils de Cotys, & petit-fils de Manée, Lydien, dont parle Hérodote, Liv. IV.

Nos Savans modernes ont pris une autre route. Becmon prétend que Asia est composée de אש, es, ignis, feu ; & יה, Ja, nom propre de Dieu, abrégé ; de sorte que אשיה, Asia, signifie, feu de Dieu, feu divin ; & ce nom fut donné à la vaste contrée que nous appelons Asia, parce que dans la Perse & dans plusieurs autres endroits de ce vaste pays, on adoroit le feu. Mais, comme on l’a remarqué ci-dessus, ce mot ne fut donné premièrement qu’à une partie de la côte de l’Anatolie, qui est sur l’Archipel, où l’on ne sait point que le feu fût adoré, sur-tout dans les premiers temps, & qui est bien éloignée de la Perse. Bochart, dans son Phaleg, Liv. IV. ch. 33, p.337. dérive ce nom d’un autre mot hébreu חצי, Hhtsi, qui signifie moitié, mais qui veut dire aussi, ce qui est au milieu. Jos. X.13. Jud. XVI. 2. & il conjecture que ce nom fut donné à l’Asie (il entend l’Asie mineure, ou Anatolie) parce qu’elle est entre l’Afrique & l’Europe, & qu’elle s’avance au milieu des deux. Mais outre qu’il n’est pas sûr qu’on ait donné ce nom d’Asie qu’après qu’on eut fait la distinction des parties du monde, & regardé l’Europe & l’Afrique comme deux parties différentes ; qu’il n’est pas sûr quelles étoient les bornes de l’Europe dans les temps qu’on a mis le nom d’Asie en usage, & si elle s’étendoit au-dessus de l’Asie mineure ; c’est ce que ce nom de milieu ne convient nullement à la petite contrée qui l’a porté d’abord & proprement, puisqu’elle n’est point au milieu, mais au contraire tout à l’extrémité de l’Asie.

ASILE. s. m. Lieu de franchise, & de refuge, où l’on n’ose prendre un criminel qui s’y est réfugié. Asylum, ou asylus. Les églises en Espagne sont des asiles inviolables. Les assassins sont indignes de jouir de l’asile des églises. Pasc. Les maisons royales sont des asiles pour ceux qui craignent la prison.

Nous vous voyons enfin : c’étoit là tous nos vœux ;
Mais hélas, quelque beau que puisse être un asile,
Un asile toujours nous marque un malheureux. Buff.

Ce mot vient de asilum, mot latin, que Servius dérive du grec ἄσυλον, composé de la particule privative & du verbe συλάω, qui signifie, je tire ; parce qu’on en pouvoit tirer personne sans sacrilège. On trouve dans la basse latinité asyle pour asylus & asylum. Voyez les Acta SS. Feb. Tom. III, p. 558 & 559.

Les premiers asiles furent établis à Athènes par les descendans d’Hercule, pour se défendre de la violence de ses ennemis. Les autels, les tombeaux & les statues des héros, étoient dans l’antiquité la retraite la plus ordinaire de ceux qui étoient pressés par la rigueur des lois, ou opprimés par la violence des tyrans. Les temples étoient les asiles les plus inviolables. On disoit que les Dieux se chargeoient de punir le coupable, lequel imploroit leur miséricorde ; & les hommes ne doivent point être plus implacables qu’eux. Dieu avoit établit lui-même six villes de refuge parmi les Israélites ; & les coupables s’alloient mettre en sureté dans ces places privilégiées, lorsqu’ils n’avoient pas commis un crime de propos délibéré. Pour les Païens, ils accordoient une retraite, & l’impunité aux plus scélérats, afin de peupler les villes. Thèbes, Athènes & Rome, ne furent d’abord peuplées que du rebut des autres nations. On dit qu’autrefois à Lyon & à Vienne dans les Gaules, il y avoit des autels d’où l’on n’osoit arracher les criminels ; & il y a encore des villes en Allemagne qui ont conservé ce droit d’asile. Les Empereurs Honorius & Théodose avoient accordé ces immunités dans l’enceinte des églises; ensuite les Evêques & les Moines s’emparèrent d’un certain territoire, au-delà duquel ils plantoient des bornes à la Juridiction séculière. Ils furent étendre si loin leurs exemptions, que les couvens s’érigeoient en forteresses, où le crime étoit à l’abri, & bravoit la puissance du Magistrat. Depuis, l’on a supprimé la plupart de ces priviléges, qui ne servoient qu’à rendre la licence plus hardie. La sûreté des asiles ne devoit être dans leur véritable institution que pour les infortunés, & pour ceux que le hasard ou la nécessité exposoit à la rigueur de la loi. Alors la Justice elle-même semble demander qu’on lui arrache les armes des mains : c’est pour cela que Dieu avoit ordonné aux Israélites qu’ils eussent six villes pour servir d’asile aux malheureux. (Deut. 19 Numer. 35). Trois de ces villes devoient être dans la terre de Chanaan, & trois au-delà du Jourdain. Mais dans la suite des temps on a fait un usage odieux des asiles, en les faisant servir à protéger indifféremment, & les coupables malheureux, & les scélérats de dessein formé.

Le Chambellan de l’Empereur Arcadius fut le premier qui abolit le droit des asiles, aussi fut-il le premier qui en eut du repentir. de Roch. Car un an après il fut contraint d’y venir chercher l’asile qu’il avoit voulu fermer aux autres. God. C’étoit Eutrope favori d’Arcadius en 398. En 399 Arcadius, après la mort d’Eutrope, rétablit l’immunité des églises. Id. Voyez aussi Tillemont, Hist. des Emp. Tom. V, p. 437.

Sous la première race de nos Rois ce droit d’asile dans les églises étoit un droit très-sacré, dont les conciles des Gaules recommandoient fort l’observation. Il s’étendoit jusqu’au parvis des églises, & aux maisons des Evêques, & à tous les lieux renfermés dans leurs enceintes. Cette extension s’étoit faite pour ne pas obliger les réfugiés à demeurer toujours dans l’église, où plusieurs choses nécessaires à la vie, comme de dormir & de manger, n’eussent pas pu se faire avec bienséance. Ils avoient la permission de faire venir des vivres, & ç’auroit été violer l’immunité ecclésiastique que de l’empêcher. On ne pouvoit les tirer, ou les obliger à sortir de-là sans assurance juridique de la vie, & de la rémission entière du crime qu’ils avoient commis, & sans qu’ils fussent sujets à aucune peine. L’asile le plus respecté de tout l’Empire François étoit l’église de S. Martin aux portes de Tours, & on n’auroit osé le forcer, sans se rendre coupable d’un sacrilège très-scandameux. P. Dan.

Plusieurs anciennes villes, sur-tout en Syrie, portent sur leurs médailles le titre d’ΑΣΙΛΟΙ, avec celui de sacrées, ΙΕΡΑΙ. Par exemple, ΤΥΡΟΥ ΙΕΡΑΣ ΚΑΙ ΑΣΥΛΟΥ, ΣΙΛΩΝΟΣ ΙΕΡΑΣ ΚΑΙ ΑΣΥΛΟΥ. Ces villes sont Antioche, proche de Daphné, Antioche sur l’Hyppus montagne de la Cœlesyrie, Aradus, Arethuse, Byblis, Cæsarée de Philippe, ou la Panéade, la Capitoliade, Damas, Dor, Ephèse, Laodicée, Lappa ville de Crète, Moca en Arabie, Nicopolis, Perge, Ptolémaïde, Samosate, Séleucie, Sidon, Tyr, & dans Goltzius Gabale, & Thaplaque, &c. Cette qualité d’asile leur avoit été donnée, dit M. Spanheim, à cause des temples qu’elles avoient, & en faveur des Dieux qui y étoient honorés, dont on ne vouloit pas que la religion fut violée. Ce titre étoit une sauvegarde, & empêchoit que ces villes ne fussent pillées, vexées, qu’on n’y fit aucune exaction, &c. Il a été aussi donné à des Divinités. La Diane d’Ephèse est appelée Ἄσυλος. Le camp que formèrent Romulus & Remus, & qui dans la suite devint une ville, fut d’abord appelé asile, & ils y bâtirent un temple au Dieu Asylée, Θεὸς Ἄσυλος.

Asile, se dit aussi de tous les lieux où on est en sureté. Cette forêt, cette caverne lui a servi d’asile. Ils firent emmener leurs femmes & leurs enfans à Carthage, comme dans un asile assuré. Vaug. Il prétendoit trouver un asile contre la persécution de ses ennemis. Ablanc. La solitude est un asile contre les passions. M. Scud.

Asile, se dit figurément de tout ce qui donne secours, ou protection. Tous les pauvres venoient chez lui comme à leur asile, pour implorer son assistance. Les peuples vivent sous l’asile des lois & de la Justice. Il n’y a point d’asile contre la colère de Dieu pour les méchans, Faut-il que les cloîtres les plus reculés ne soient pas des asiles contre vos calomnies ? Pasc. Le Seigneur est mon asile. Port-Royal. La mort est l’asile de la vieillesse. Le savoir sert d’ornement dans la bonne fortune, & d’asile dans la mauvaise. Ablanc.

☞ ASILLE. s. m. asilus, insecte approchant du taon qui tourmente beaucoup & pique vivement les bœufs. C’est pourquoi on appelle ces infectes muscæ boariæ ou buculariæ.

ASIMA. s. m. Asima. Nom d’un Dieu des Samaritains. On ne sait guère quel Dieu c’étoit ; on sait seulement que c’étoit le Dieu des habitans d’Emath. La plupart des Rabbins veulent que ce fût un bouc, & le P. Kirker suit ce sentiment dans Ædip. Ægypt. T. I. Synt. IV. c. 20. C’est-a-dire, qu’on le représentoit sous la figure d’un bouc. R. Elias Levita est d’un autre sentiment ; il veut que ce fût un singe. Voyez le P. Kirker cité, & Selden, de Diis Syr. Synt. II. c. 9. Abenezra, dans sa préface sur Ezra, dit que les Samaritains avoient corrompu le commencement de la Genèse, & qu’ils avoient mis le nom d’Asima au lieu de אלהים Dieu : au commencement Asima créa. C’est une calomnie, comme Drusius, Seldenus, & d’autres l’ont remarqué.

ASINAIRE. Asinarius. Fleuve de Sicile qu’on appelle aujourd’hui Falconara.

ASINAIRES. s. m. pl. ou adj. pris substantivement. Asinaria, orum. Fêtes des Syracusiens, instituées en mémoire de la victoire qu’ils remportèrent sur Nicias & Démosthène, généraux des Athéniens, proche du fleuve Asinaire, d’où cette fête prit son nom.

ASINARIA. Île qu’on nomme par corruption Zanara. Asinari. Major Herculis insula. Elle est sur la côte occidentale de l’île de Sardaigne, entre Castel Arragonèse & Sassari.

ASINE. adj. f. qui ne se dit qu’en cette phrase, bête asine, pour signifier un âne ou une ânesse. On se sert de ce mot au Palais, & dans toutes les procédures de Justice, pour éviter le mot d’âne, qui a quelque chose qui excite la risée quand on le prononce en public.

ASJOGAM. s. m. Arbre d’une grosseur médiocre, de quinze pieds de haut, qui croit dans le royaume de Malabar, aux Indes Orientales. Le jus de ses feuilles mclé avec de la graine de cumin pulvérisée, est, à ce qu’on prétend, un bon remède pour la colique ; & ces mêmes feuilles pulvérisées & prises avec du sucre & du sandal jaune, purifient le sang. Ray, cité par James.

ASIONGABER. Lieu de l’Idumée. Asiongaber. Ce fut, un des campemens des Israélites. Ce lieu étoit sur le bord de la mer-Rouge, sur la côte du golfe Elanique, & près du bourg d’Elana. Soit qu’il fût déjà construit du temps de Moyse, soit qu’on le construisit dans la suite, ce fut un port considérable. Un des Ptolcmées lui donna le nom de Bérénice, qu’il portoit encore du temps de Josephe. Au siècle de S. Jérôme il se nommoit Essia, peut-être par corruption de son premier nom.

ASK

☞ ASKEATON ou ASCHERNE. Petite ville d’Irlande, dans la province de Munster, au comté de Limervick, près du Shannon.

ASKÉPE. s. m. On appeloit à la cour des Empereurs Grecs Asképes, ceux que nous appelerions aujourd’hui Pages de la chambre. Les Asképes étoient de jeunes enfans, qui se tenoient toujours tête nue au palais. Cet usage fut aboli sous Andronique Paléologue le jeune, qui l’avoit établi. Voyez Nicéphore Grégoras, Liv. II.

Asképe, est un mot grec, qui vient de l’α privatif, & de σκέπω, tego, velo.

☞ ASKER-MOKREM. Ville d’Asie, dans la Perse, au pays d’Ahouaz, dans la Chaldée.

☞ ASKERSUND. Petire ville de Suède, dans la province de Néricie, sur le lac Veter.

ASL

ASLANI. s. m. qu’on nomme aussi, mais un peu improprement, Asselani. C’est le daller ou piastre de Hollande, qui a grand cours dans toutes les échelles du Levant. Les Turcs qui nomment un lion Aslani, lui ont donné ce nom à cause ☞ que cette pièce porte pour empreinte la figure d’un lion de chaque côté.

ASLARD. Nom propre d’homme. Voyez Alard.

ASM

ASMÈRE. Ville du Mogolistan, en Asie. Asmera. Elle est dans la province de Bando, près de la source du Padder, & au midi de Bando. Asmère est célèbre par le tombeau d’un Mahométan nommé Hoghe Moudée, que les Mahométans de l’Inde visitent fort.

ASMODÉE, ou ASMEDÉE. s. m. Asmodæus, Afmedæus. Nom que les Juifs donnent au Prince des Démons, ou au Roi des Démons, comme parle la paraphrase chaldaïque sur le ch. A. de l’Ecclésiaste. Rabi Elias Levita, dans son Thisbi, dit que les Rabbins enseignent qu’Asmodée étoit fils de Naama, sœur de Tubalcain, & femme de Sehimron, & qu’elle fut encore mere de plusieurs autres Démons. Il croit aussi qu’Asmodée est le même que Samaël.

Quelques-uns, & entre autres Buxtorf le pere, rapportent ce nom à אשם, ce qui signifie pécher, être ou devenir coupable. Il paroît plus naturel de le tirer de שמד, samad, qui signifie, perdre, ravager, détruire, ד, daleth, à la fin du mot n’est point lettre servile, même en chaldéen, & א l’est au commencement & à la fin. S’il vient d’אשם, Ascham, il faut dire qu’il est composé de ce verbe, & de די, satis, assatim, pour marquer un grand pécheur.

☞ ASMODÉE, est le principal personnage de l’ingénieux roman intitulé le Diable Boiteux.

ASMOÉEN, ÉENNE. s. m. & f. Assamoneus, Asmonæus. C’est un nom que Josephe donne aux Machabées. Ce nom est originairement hébreu, & vient de חשמן, hhschman, qui signifie un Grand, un Prince, un Seigneur. La mere de sept enfans dont le martyre est rapporté au II Livre des Machabées, ch. 7. selon la tradition des Orientaux rapportée par Abulfarage, se nommoit Aschmuna, ou Schamunah. Mais comme je ne sais sur quoi cette tradition est fondée, je m’en tiens à l’étymologie que j’ai rapportée ; ajoutez à cela que ce sont les Princes qui gouvernoient, enfans de Mathathias, & non pas les fils de cette généreuse mère, que Joséphe appelle Asmonéens. Jonathas Machabée, le premier Grand-Pontife de la race des Asmonéens. Tillem. Antigone, le dernier Prince de la race des Asmonéens, ou Machabées. Id. Le règne des Asmonéens, à le prendre depuis la retraite de Mathathias jusqu’à la mort d’Antigone, dura 126 ans selon Josephe ; mais il y a de l’erreur dans le nombre, il faut dire 129 ans, & 105 à le prendre depuis Simon. Là (142 années avant Jésus-Christ) commence le nouveau royaume du Peuple de Dieu, & la principauté des Asmonéens, toujours jointe au nouveau sacerdoce. Boss.

☞ ASMOUG. Nom d’un Démon, qui, selon la tradition des Mages ou de Zoroastriens, est un des principaux émissaires d’Ahermen qui est leur Prince, & l’auteur de tout le mal qui est au monde. d’Herbelot. Bibl. Orient.

ASN

ASNA. Ville d’Egypte. Asna. C’est l’ancienne Syène. Elle est dans le gouvernement de Girgio, sur le bord occidental du Nil.

ASNE. Voyez Âne.

ASNÉE. Voyez Ânée.

ASNERIE. Voyez Ânerie.

ASNESSE. Voyez Ânesse.

ASNIER. Voyez Ânier.

ASNIÈRE. Voyez Ânière.

ASNON. Voyez Ânon.

ASNONER. Voyez Ânonner.

ASO.

ASODES, ou selon quelques-uns, Assodes. s. f. ou adj. pris substantivement. Terme de Médecine. Espèce de fièvre continue, dont le symptôme essentiel est une inquiétude si grande autour du cœur & de l’estomac, qu’on ne peut demeurer dans une même place. Le malade a des nausées, quelquefois un vomissement assez considérable, &c. Ces symptômes font appeler cette fièvre en latin, Febris anxiosa, implacida & fastidiosa. Asodes est un mot grec ἀσώδης, fastidiosus, dégoûtant, inquiétant. Il vient de ἄση, fastidium, anxietas, dégoût, anxiété. On prononce Assodès, parce que le σ en grec, quoiqu’entre deux voyelles, n’a point la prononciation de notre z. Col. de Vilars.

ASOLA. Ville de l’Etat de Venise. Asola. Elle est dans le Bressan, sur la rivière de Chièse, près du Mantouan, dont elle faisoit autrefois partie.

ASOLO. Autre ville de l’Etat Vénitien. Asulum, Acelum. Elle est dans le territoire de Trevigny, sur une montagne, près de la source du Muson, entre Padoue & Feltri.

ASOM. Voyez Asem.

☞ ASONE, selon Corneille ASONO. Rivière d’Italie dans la Marche d’Ancone, où elle a sa source dans l’Apennin. Elle se perd dans la mer Adriatique.

ASOPA. Bourg de Grèce. Asopa. Il est dans le duché d’Athènes, à l’entrée septentrionale du golfe d’Egine. On la prend pour l’ancienne ville des Grecs, nommée Anaplystus, ou Anaphlystus.

ASOPH. Nom de ville. Voyez Azach. En France nous disons Asoph.

ASOPO. Rivière de Grèce. Asopus. Elle coule dans la Livadie, & se décharge dans le golfe de Négrepont.

ASOPUS. Fleuve. Asopus. Il y en avoit plusieurs de ce nom. Un entre autres en Béotie, dont parle du Loir dans son Voyage du Levant. Il le met sur le chemin d’Aulide, à Athènes, sur lequel il trouve un ruisseau, qui est un bras de l’Asopus, puis l’Asopus lui-même qui arrose une vallée. Voyez p. 306. Cet Asopus de Béotie n’étoit qu’un bras du Céphise. C’étoit sur le bord de cet Asopus, que l’on célébroit les fêtes de Bacchus. Les Ppëtes faisoient cet Asopus fils de Jupiter.

Un autre Asopus étoit en Thessalie, & se jettoit dans le golfe d’Œta, près des Thermopyles.

Un troisième Asopus étoit en Macédoine, & baignoit Héraclée.

Le quatrième Asopus étoit un fleuve du Péloponèse, & arrosoit le territoire de Sicyone. Il venoit du mont Cœloste, & se déchargeoit dans le golfe de Corinthe. C’est celui qu’on nomme aujourd’hui Arhon.

Le cinquième Asopus étoit dans l’Asie mineure, & baignoit Laodicée avec le Lycus.

ASOR, ou HHATSOR. s. m. Nom qui se donne à plusieurs Villes dans l’Ecriture. Il signifie proprement. Atrium, Villa.

Asor. Ville royale des Chananéens, & leur métropole, ou le siège du plus puissant de leurs Rois. Elle étoit très-forte. Josué cependant la prit, & elle fut consumée par le feu, & ensuite attribuée à la tribu de Nephthali. Elle n’étoit pas éloignée des frontières de la tribu d’Aser. C’étoit au temps de Jésus-Christ, une des villes de la Décapole. On l’appelle Assor, Hasor, Hazor, Eser & Heser. On prétend que c’est l’Antiopia de nos jours.

Il y avoit encore un Asor dans la tribu de Juda. Josué, XV, 25. Un autre dans la tribu de Benjamin, qu’Adrichomius place mal-à-propos dans celle d’Ephraïm. Un autre nommé autrement Hesron.

ASP.

ASPAIS. s. m. & nom d’homme. Aspasius. La mémoire de S. Aspais est marquée dans un très-ancien Martyrologe de l’église collégiale de Notre Dame de Melun. La principale paroisse de cette ville s’appelle S. Aspais. Ce mot s’est formé par corruption du latin Aspasius, qui signifie, gracieux, aimable, & vient d’ἀσπάζομαι, qui veut dire, aimer, embrasser, faire des caresses. Au reste, cette corruption est très-ancienne. On voit, par un titre gardé dans l’Abbaye de S. Pierre de Melun, que la partie de cette ville qui est au septentrion de la Seine, & à laquelle cette paroisse donne son nom, s’appeloit le Bourg S. Aspais, dès le temps de Hugues Capet. Lisez les Notes de M. Chastelain, 1er de Janvier.

ASPALATHE, ou ASPALATH. s. m. Terme de Pharmacie. C’est le bois d’un petit arbre épineux, pesant & massif, oléagineux, un peu acre & amer au goût, de couleur purpurine & marquetée, assez odorant. Il approche des qualités, du goût, de l’odeur, de la pesanteur & de la figure du bois d’aloès. On les substitue l’un à l’autre, quand on en a besoin dans les médicamens. Les Parfumeurs en usent pour donner du corps à leurs parfums. Quelques Botanistes décrivent quatre sortes d’Aspalathe. Le premier est de couleur de buis, dur, solide, pelant, & de l’odeur des roses, d’où vient qu’on l’appelle aussi bois de rose. Le second est rouge de la même couleur que l’if, & d’une odeur très-agréable. Le troisième est dur, tortu, noueux, de couleur brune au milieu, & ailleurs cendrée. Il a une odeur forte, semblable à celle d’un bouc, & un goût désagréable. Le quatrième a son écorce cendrée, & le bois est de couleur de pourpre. Il a une odeur forte, qui frappe l’odorat aussi vite & aussi fortement que fait le castor. Il jette des branches en forme de sarmens, & il est un peu épineux. Voyez Bois d’Aloès.

Il y a d’autres plantes a qui on donne ce même nom, & qui sont des espèces d’une plante, qu’on appelle genista spartium.

ASPARAGE. s. f. Vieux mot. Asperge. Il vient du latin asparagus. On a dit aussi aspérague.

ASPASIE. s. f. C’est le nom d’un médicament astringent dont on se sert dans les maladies des parties naturelles des femmes, Asposia. Il ne consiste qu’à prendre de la laine trempée dans une infusion de noix de galle verte, & à l’appliquer sur la partie. Castelli cité par James.

ASPE. Nom de lieu. La ville d’Aspe, Aspe vicio, est une ville du royaume de Valence, en Espagne. Aspis. Elle est sur la rivière d’Elerda, à l’orient d’Origuella. Le bourg d’Aspe au même royaume, s’est formé des ruines de l’ancienne ville d’Aspe, qui étoit à deux lieues de-là, de l’autre côté de l’Elerda.

La vallée d’Aspe, est une vallée de France, dans le Béarn. Vallis Aspensis. Elle est à l’occident de la vallée d’Osseau, le long de la rivière appelée le Gave d’Aspe. Elle s’étend depuis le port de Pyrenègre, passage des Pyrénées, jusqu’à Oléron.

☞ ASPECT. s. m. Aspectus, conspectus. Ce mot signifie la même chose que vue d’un objet. Aspect fâcheux, désagréable. A l’aspect d’une personne, on juge souvent de ce qu’elle a dans l’ame, c’est-à-dire, en la voyant. A l’aspect du supplice la confiance s’évanouit. Je le vis ; son aspect n’avoit rien de farouche. Racine. A l’aspect agréable de tout ce qui m’environne, je ne puis m’empêcher, malgré Virgile, de donner la préférence à l’autonne sur le printemps. L’Abbé Genest, dans les divertissemens de Seaux.

La discorde, à l’aspect d’un calme qui l’offense,

Fait siffler ses serpens, s’excite à la vengeance.
Boil.

Aspect, se dit aussi d’un objet de vue. Ainsi l’on dit qu’une maison présente un bel aspect, que l’aspect d’une maison est très-agréable, qu’une chose fait un bel aspect ; pour dire, qu’une chose paraît d’une belle ordonnance.

Aspect, signifie quelquefois la même chose qu’exposition.

Aspect, se dit aussi de la description qu’on fait dans des cartes marines, des côtes, & des terres qui sont sur un parage, telles qu’elles se présentent à la vue. Il y a de ces cartes dans les Routiers, où sont dépeints tous les aspects & vue de terres qui servent à la navigation, & qui aident à la connoissance des côtes & rivages.

Aspect. Terme d’Astronomie. C’est la situation qu’ont les étoiles & les planètes, les unes à l’égard des autres en diverses parties du Zodiaque. Il y quatre aspects. C’est ainsi que M. Perrault, dans ses Remarques sur Vitruve, croit qu’il faut lire, quoique dans le texte de Vitruve il y ait ad quintum. Le Sextil, quand les astres sfont éloignés de soixante degrés l’un de l’autre. Hexagonum. Le Quadrat de nonante. Quadratum. Le Trin de 120. Trigonum, Triquetrum, Triangulum. L’opposition, ou diamétral quand ils sont à 180 degrés, diametrum. Kepler ajoute huit nouveaux aspects aux anciens ; savoir, le Demisextil, qui contient un éloignement de 30 degrés ; le Decil, qui est de 36 degrés ; l’Octil, de 45 : le Quintil, de 72 ; le Trédécil, de 108 ; le Sesquaré, de 135 ; le Biquintil, de 144 ; & le Quinqunx, de 150. Il y a des aspects favorables, & de malins aspects. Les bons aspects sont quand les planètes s’entrevoient d’un doux regard ; comme l’aspect Trine, & le Sextil. L’aspect opposé, & le Quadrat, menacent de quelque malheur, selon les Astrologues.

Aspect, ou Aspech. Bourg de France, dans le haut Comminge, avec justice royale. La Châtellenie d’Aspect comprend Alargeert, Ashix, Arbas, Aspect, Castel-Viague, Escaich, Eschen, Estaden, Ganties, Mauvesin, Montgault, Monstracut, Pintis-Inard, Portel, Rovede & Salaich.

☞ ASPER. Petit poisson de rivière, fort commun dans le Rhône, ainsi nommé de la rudesse de ses mâchoires & de ses écailles. Il n’a point de dents, mais ses mâchoires sont âpres au toucher. Il est rougeâtre & parsemé de taches noires. Encyc.

☞ ASPEREN. Petite ville des Provinces Unies, dans la Hollande, sur la rivière de Linge, aux confins de la Gueldre hollandoise.

ASPERGE. s. f. Asparagus. Plante qu’on cultive dans les jardins, quoiqu’on en trouve dans la campagne, où leurs pousses sont bien plus maigres & d’un goût sauvage. Ses racines sont composées de plusieurs filamens longs, gros comme de la ficelle, & ramassés ensemble en un collet considérable, fort dur, & d’où naissent plusieurs tiges, que nous appelons asperges, & que l’on mange avant qu’elles poussent leurs feuilles. Ces tiges deviennent ensuite branchues, hautes de trois pieds, & garnies de petites feuilles courtes, très-étroites, & comme capillaires, longues d’un demi-pouce. Ses fleurs naissent çà & là le long des branches. Elles sont blanchâtres, à six pétales. A ces fleurs succédent des baies rondes, rouges, grosses comme des pois, & qui renferment quelques semences dures comme de la corne. On croyoit que l’asperge sauvage & l’asperge du bord de la mer, étoient de simples variétés de l’asperge cultivée ; mais leur culture a fait voir qu’elles étoient des espèces différentes, qui ne dégénèrent jamais en l’une ou en l’autre.

On mange les asperges différemment apprêtées, tantôt à la sausse blanche, tantôt à la vinaigrette ou bien en guise de petits pois. Cette dernière manière se pratique, sur tout pour les asperges menues. On emploie en Médecine les racines & les baies de l’asperge. Ses racines sont très apéritives, diurétiques ; mais à la longue elles deviennent dégoûtantes dans les bouillons & dans les tisannes, à cause de leur odeur & de leur goût, outre que l’urine en devient préssqe toujours puante. Ses baies sont très-adoucissantes, & provoquent doucement les urines. L’industrie du jardinier peut faire venir des asperges en hiver, par le moyen des rechauffemens du fumier de cheval nouveau fait. La Quint. Les asperges, pour être bonnes, doivent être vertes, grosses, tendres, & cultivées dans les jardins.

Le nom d’asperge, vient du latin asparagus, formé du mot grec ἀσπάραγος. Selon Galien, Liv. II des Alimens, les Grecs appeloient ἀσπάραγος, toute sorte de jet tendre. C’est de-là que les asperges, qui ne sont autre chose que des jets tendres, ont pris leur nom.

ASPERGER. v. a. Mot qui n’a guère d’usage que dans les choses de la Religion. Il signifie, arroser avec de l’eau, ou quelqu’autre liqueur, en la faisant tomber par petites gouttes avec une branche d’arbre, ou un goupillon, ou autre chose propre à cela. Aspergere, inspergere. En quelques sacrifices, on aspergeoit le peuple avec du sang de la victime. Dans l’église on asperge le peuple d’eau-bénite. Un Traducteur des Pseaumes a dit, aspergez-moi d’hyssope, & je serai mondé. Quel traducteur !

ASPERGÉ, ÉE. part. Aspersus.

ASPERGÈS. s. m. Goupillon avec lequel on jette de l’eau bénite. Aspergillum, aspersorium. Il faut prononcer le s final. On dit figurément & populairement, donner de l’aspergès à quelqu’un ; pour dire, le bien mouiller par plaisir. Ce mot n’est pas du bel usage. Il se dit aussi du temps où se fait la cérémonie de jetter de l’eau bénite. On en est à l’aspergès. Il y a sur les médailles des aspergès, ou aspersoirs, si l’on peut s’exprimer ainsi ; c’est-à-dire, des instrumens avec lesquels les Pontifes jetoient l’eau lustrale sur les assistans. On les voit avec les autres vases pontificaux sur des médailles de César, d’Auguste, &c. & les Antiquaires, entr’autres Fabretti, disent qu’ils étoient de branches d’arbres, de soies d’animaux, de laurier, ou d’olivier. Voyez Aspersoir.

☞ ASPERGILLUS. Genre de plante qui ne diffère du botrytis & du byssus, que par l’arrangement de ses semences qui sont arrondies ou ovales. Elles sont attachées à de longs filamens qui sont droits & noueux, & qui tiennent, dans de certaines plantes, à un placenta rond ou arrondi ; sur d’autres espèces, ils sont attachés au sommet de la tige, ou aux rameaux sans aucun placenta. Encyc.

ASPERGOUTE. s. f. Clusius, dans sa traduction françoise de l’Histoire des Plantes de Dodiens, ou Dodonée, appelle aspergoute menue, ou étoilée, l’Aster atticus, cæruleus, vulgaris C. B. autrement Inguinalis, à cause qu’on la crovoit bonne pour résoudre les tumeurs des aines. Cette plante est commune en plusieurs endroits du royaume. Ses racines sont fibreuses vivaces, & jettent quelques tiges ligneuses, rondes, un peu velues, hautes d’un pied, branchues vers leurs extrémités, & garnies de feuilles longues d’un pouce, larges d’un demi-pouce, arrondies, velues, & d’un vert-pâle cendré. Ses fleurs naissent à l’extrémité des tiges & des branches ; elles sont radiées, composées de fleurons jaunes qui occupent le disque ou le centre, & de démi-fleurons pourprés qui forment leur couronne. Ces fleurs sont suivies de semences menues, étroites, & chargées d’une aigrette. Ce mot aspergoute n’est pas usité : cependant M. le Clerc de Hollande, dit aussi que cette plante s’appelle en françois aspergoute.

ASPÉRITÉ. s. f. terme de Physique, synonyme à âpreté. Qualité de ce qui est rude, âpre, raboteux. Asperitas. L’inégalité & l’aspérité des parties du fer les empêchent de glisser facilement les unes sur les autres, comme font celles des autres métaux plus malléables. Journal des Sav. On lit dans les Mémoires de Trévoux, Juin 1726 : On fut surpris de voir que le cœur du P. Marquer, Jésuite, avoit des adhérences extraordinaires semblables à des inégalités très-dures & de différentes figures, & que ces inégalités étoient de petits os tous hérissés de pointes & d’aspérités.

☞ Ce mot présente la même idée au figuré. Aspérité de caractère

ASPÉROSA. Ville de la Turquie en Europe. Asperosa. C’est l’ancienne Abdera, qu’on nommoit Abdère la belle, & qui fut épiscopale, suffragante de Philippopoli. Les Abdérites ayant été frappés d’une maladie épidémique qui les rendoit furieux, on appela Abderitica mens, un homme furieux. Aspérosa est dans la Romanie, sur la côte de l’Archipel.

ASPERSER. v. a. Qui signifie la même chose qu’asperger. Vous asperserez le haut de la porte, & les poteaux. Port-R. Ce mot n’a pas fait fortune.

ASPERSION. s. f. L’action d’asperger, ☞ d’arroser, ou de jetter çà & là avec un goupillon ou une branche de quelque arbrisseau, de l’eau ou quelque autre fluide. Aspersio. On le dit particulièrement en parlant de l’eau bénite. Légère aspersion. A l’aspersion de l’eau-bénite. La loi mosaïque étoit une servitude, par le grand nombre d’aspersions & de cérémonies qu’elle ordonnoit. S. Evr.

Aspersion. On dit, baptiser par aspersion, à la différence du baptême par immersion. Voyez ces mots & Baptême.

Aspersion, se dit au figuré, quand dans les discours de piété on parle du cœur & de la conscience & alors il signifie, un saint épanchement, un saint arrosement de la grâce sur l’âme. Avoir le cœur purifié des souillures de la mauvaise conscience par une aspersion intérieure. Port-R.

ASPERSOIR. s. m. Goupillon à jetter de l’eau bénite. C’est un bâton de métal, ou de bois proprement tourné, long d’un pied & demi, au bout duquel on attache plusieurs brins de poil, pour prendre l’eau-bénite, & pour en faire aspersion. Aspersorium. On a aussi appelé l’aspersoir, Vulpilio, parce qu’autrefois on se servoit d’une queue de renard pour faire l’aspersion. Voyez Aspergès.

☞ Les anciens se servoient de pareils instrumens garnis de crins de cheval pour s’arroser d’eau lustrale.

ASPÉRULE. s. f. Asperula, asperugo. Plante qui pousse plusieurs petites tiges à la hauteur d’un pied. Ses feuilles sont semblables à celles du grateron, mais un peu plus larges & moins rudes, un peu velues, disposées au nombre de six ou sept autour de chaque nœud des tiges attachées à des pédicules. Elles forment un petit godet de couleur blanche, découpé ordinairement en quatre parties ; il leur succéde un fruit sec, qui contient deux petites semences presque rondes & collées ensemble. Sa racine est menue, filamenteuse, & rempante en terre. Cette plante rend une odeur douce & agréable. Elle vient dans des lieux montagneux & dans les bois. Elle fortifie le cœur, leve les obstructions, excite l’urine, & les mois aux femmes, hâte leur accouchement, étant prise en infusion ou en décoction, & est vulnéraire, si on l’applique extérieurement.

ASPHALION. s. m. Terme d’Astronomie. Nom de Neptune, à qui les Rhodiens bâtirent un temple dans une île nouvelle qui parut sur mer, & dont ils se mirent en possession. Ce nom signifie, ferme, stable, immobile, & répond au Stabilitor des Romains, pour marquer que ce Dieu avoit affermi cette île au-dessus de la mer. Il eut plusieurs autres temples dans la Grèce sous ce nom, parce que, comme on lui attribuoit le pouvoir d’ébranler la terre, on lui donnoit aussi celui de l’affermir & de la rendre stable.

ASPHALITE. s. f. Asphalites. Terme d’Anatomie. C’est le nom qu’on donne à la cinquième des vertèbres des lombes, parce qu’elle est considérée comme l’appui & le soutien de toute l’épine des lombes.

Ce nom vient de l’α privatif, & de σφάλλω, supplanter.

ASPHALTE. s. m. Bitume, ciment naturel. Asphaltus, Bitumen. ☞ On avoit donné ce nom au bitume de Judée, parce qu’on le tire du lac Asphaltite. On le trouve nageant sur la surface des eaux de ce lac.

☞ En général on appelle Asphalte tout bitume solide, tel que celui qu’on a trouvé en Suisse au commencement de ce siècle. L’Asphalte des Grecs est le bitume des Latins. La tour de Babel fut bâtie par les enfans de Noé avec des briques & de l’asphalte qui leur servoit de ciment. L’arche de Noé fut aussi enduite d’asphalte, selon les Septante. Car le texte hébreu appelle différemment la matière dont cet arche fut goudronnée, & celle qui servit de mortier pour bâtir la tour de Babel ; l’une est חמר, Hhomar, & l’autre כפר, Chaphar. Il y a près de Babylone une mine ou carrière de pierre d’asphalte, dans la vallée de Siddin. La difficulté qu’il y a d’avoir de cette pierre pure, & qui ne soit point mélangée, est cause qu’on ne la recherche point aujourd’hui. Les Asiatiques n’en laissent sortir de leur pays, qu’après l’avoir fondue avec de la poix. La mer-Morte en Judée donne de l’asphalte.

Un Professeur grec, & Docteur en Médecine, nommé Erini d’Heyrinys, prétend avoir découvert de l’asphalte au Val Travers, dans le comté de Neufchâtel, & il a fait sur cela une Dissertation imprimée à Paris en 1721, dans laquelle il enseigne la manière d’employer cet asphalte, tant sur la pierre que sur le bois, & les utilités d’une huile que l’on en tire, & rapporte plusieurs expériences qui en ont été faites. Cette huile est bonne contre les angelures & contre la galle. Elle guérit aussi le claveau des moutons.

Au reste, il faut dire Asphalte, & non pas Alphalte, car ce mot ne peut venir que du grec, or en grec, c’est ἄσφαλτος, & non point ἄλφαλτος ; & les Latins, comme Pline, appellent la mer-Morte en Judée, Lacus Asphaltites, & non pas Alphaltites.

Nous ne parlons point du verbe alphalter, (asphalter) que M. d’Heyrinys a forgé, & dont il faut bien se donner de garde de se servir.

ASPHALTITE, ou ASPHALTIDE. s. m. Asphaltites. Le lac Asphaltite, Lacus Asphaltites, c’est le nom d’un lac de Judée que l’Ecriture appelle mer-Morte, mare Mortuum. Voyez ce mot à sa place. Quelques Auteurs disent aussi en latin, Asphaltus, Asphaltis. Je doute que ces noms se trouvent dans de bons Auteurs. Celui qui a traduit la vie de S. Théodose, Abbé, rapportée par Bollandus, T. I. p. 285, dit Asphaltidis lacus. Je voudrois un autre garant. Asphaltite est un mot grec, qui vient de ἄσφαλτος, qui signifie bitume ; & ce lac a été nommé Asphaltite, c’est-à-dire, bitumineux, parce qu’il est plein de bitume, qui se détache de son fond, & s’élève sur la surface de ses eaux. Les habitans l’appellent Sorban, dit Junius. Les Arabes l’appellent Rahheret Lut, lac de Lot. Voici ce que le P. Nau dit dans son Voyage de la Terre Sainte : Je m’informai aussi de lui (d’un Abbé Grec du Monastère de S. Saba) du bitume que les Auteurs disent que l’on y recueille… Il me répondit que l’on ne l’y trouvoit point en tout temps ; mais qu’en certaines années ce bitume sembloit sortir comme de dessous l’eau, (c’est probablement des endroits où l’Ecriture dit qu’étoient les puits de bitume, Gen. XIX,) qu’il s’élevoit à la surface du lac, & s’y assembloit quelquefois de la grosseur d’un navire ; qu’il flottoit au gré du vent, qui enfin le portoit à quelque côte où il s’arrêtoit, & où quelquefois il se rompoit en diverses pièces ; que les Arabes le ramassoient avec soin, & que le Bassa de Jérusalem en avoit sa part, & leur en laissoit prendre la leur ; qu’il s’en formoit de cette sorte diverses masses de différentes grosseurs en divers endroits. Voyez Joséphe, Lib. V ; de bello Jud. c. 5. Tacite, Liv. V. Hist. ç. 6 & 7. Solin, ch. XXXIII. Justin, Liv. XXXVI, c. 36 ; c. 3. Pausanias, Liv. V. Hésychius explique ἀσφάλτιτος, Asphaltite, par ἐρυθρὰ θάλασσα, mer-Rouge. Bochart, Phaleg, Lib. I, c. 2, croit que c’est à cause de la couleur du bitume. Peut-être aussi qu’Hésychius s’est trompé, & qu’il a confondu ces deux mots à cause de leur proximité ; ou plutôt parce qu’on appeloit mer-Rouge toutes les mers du côté de l’Arabie, l’Océan, le détroit Arabique, le détroit Persique, comme nous l’avons dit au mot Détroit Arabique : il a appelé du même nom ce grand lac de l’Arabie, qu’il a regardé comme une partie de la mer-Rouge, & peut-être comme y ayant sa source & en sortant. Nos Dictionnaires disent Asphaltide. S’il étoit reçu, nous le dirions aussi, mais n’y ayant point d’usage sur ce mot, itous croyons qu’il faut suivre le grec & le latin, & dire Asphaltite.

ASPHAR. Lac de la Terre-Sainte. Asphar. Il étoit dans la tribu de Juda, entre Gabaa & Janoé, près du désert de Thecua ; ☞ c’est apparemment la même chose que le lac Asphaltite. Il est dit dans le premier Livre des Machabées, que Jonathas & Simon se retirèrent dans le désert de Thecua, près du lac d’Asphar. Or on ne connoit point d’autre lac aux environs de Thecua que celui qui est nommé Asphaltite. Les Vocabulistes prononcent hardiment que c’est le même lac. Leurs décisions sont quelquefois hasardées.

ASPHODÉLE, ou ASFODÉLE. s. f. Asphodelus. On disoit autrefois asfrodille. Plante dont les racines sont en bottes, c’est-à-dire, composées de plusieurs navets ramassés à leur collet en une botte, d’où partent plusieurs feuilles vertes, longues, étroites, pointues, & pliées en une goutière, triangulaires, & d’entre lesquelles s’élève une tige ronde, lisse, nue, quelquefois branchue, haute de quatre à cinq pieds, & terminée par un épi de fleurs blanches, rayées extérieurement par des lignes purpurines, découpées en six parties ; le pistil, qui occupe le milieu de la fleur, devient un fruit vert, arrondi, gros comme une moyenne noisette, divisé en trois loges, qui renferment chacune plusieurs semences triangulaires. Elle croît communément en Languedoc ; on la trouve aussi dans d’autres provinces du royaume. Ses racines, quoique désagréables & âcres, ont cependant servi de nourriture à des peuples entiers ; & dans des années de disette on en a fait du pain ; on les mangeoit aussi du côté de Bordeaux comme des navets. On plantoit anciennement l’asfodéle auprès des tombeaux, afin que les manes du cadavre pussent trouver de quoi se nourrir. Porphyre dit dans une de ses épigrammes pour inscription sur un tombeau : Au dehors je suis muni de mauve & d’asfodéle, & au dedans de moi je ne renferme qu’un cadavre. Il y a une espèce d’asfodéle qu’on cultive dans les jardins à cause de sa fleur. Asphodelus luteus. ☞ C’est un genre de plante à fleur en lis, composée d’une seule pièce, découpée en six parties, qu’on appelle Lis asphodèle.

ASPHYXIE. s. f. Terme de Médecine. C’est une privation subite du pouls, de la rezpiration, du sentiment, & du mouvement, ou un abattement considérable & subit de toutes les forces du corps & de l’esprit, en sorte qu’on reste comme si on étoit mort. L’asphyxie est le dernier degré de la syncope. Ce mot est grec, ἀσφυξία, privation de pouls dans toutes les artères. Il vient d’α privatif, & de σφύξις, pouls, pulsation. Col de Villars.

ASPIC. s. m. Petit serpent fort venimeux. Aspis. La morsure d’un aspic ne se guérit point : c’est un aphorisme d’Hippocrate, qui se trouve aussi dans l’Ecriture au chap. 32, du Deuteron. v. 33, sur-tout quand il mord après avoir mangé une grenouille, comme dit Bochart en sa Zoographie. Ils ont, dit l’Ecriture, le poison de l’aspic sur leurs lèvres. Ab. de la Tr. Les Egyptiens adoroient l’aspic. Voyez le P. Kirker, Œd. Æg. Tom. III. p. 187.

Quelques-uns font venir ce mot du grec σπίζω, sibilo : d’autres de sa figure ronde, qui s’appelle en grec ἀσπίς, un bouclier, parce que ce serpent se met ordinairement en rond, principalement quand on l’attaque ; ce qui représente la figure circulaire du bouclier. Sa tête, qu’il élève du milieu de ce cercle, représente ce que les Romains appeloient ombo dans leur bouclier. ☞ Quelques-uns prétendent qu’il est ainsi nommé, à cause que sa peau est rude. Aspis ab asperitate cutis.

Matthiole distingue trois espèces d’aspics, dont l’un est nommé Ptyas, parce qu’il jette son venin au loin comme s’il crachoit : le second Cherséen, qui a pris son nom de ce qu’il se nourrit loin de la mer : le troisième Chélidonien, parce qu’il est noir sur le dos, & blanc sous le ventre, comme les hirondelles. Les plus grands aspics sont ceux qui se nourrissent sur la terre. Il y en a quelquefois de cinq coudées de long, & surtout les Ptyas, qui ont une couleur cendrée, verte & jaune. Nicander dit qu’un homme piqué d’un aspic devient vert & pâle, perd la vue, paroit endormi, & meurt sans sentir aucune douleur. Il ne peut vivre que huit heures, & souvent meurt au bout de trois. Ceux qui sont piqués des aspics Chélidoniens meurent sur le champ. L’aspic fait une piqûre fort déliée, comme la pointe d’une aiguille. Le mâle fait deux piqûres, & la femelle quatre, comme les vipères ; & son venin fait congeler le sang dans les veines & les artères. Il y a aussi un aspic sourd qui a des taches jaunes sur une peau grise, qui est le plus dangereux de tous.

☞ Tout ce que l’on dit de ce reptile paroît fort incertain, & en partie fabuleux.

☞ On a donné le nom d’aspic à un serpent de ce pays-ci, assez commun aux environs de Paris, plus effilé & un peu plus court que la vipère. Il a la tête moins aplatie ; il n’a point les dents mobiles comme la vipère. Son cou est assez mince. Ce serpent est marqué de taches noirâtres sur un fonds de couleur roussâtre, & dans certain temps les taches disparoissent. Notre aspic mord & déchire la peau par sa morsure : mais on a éprouvé qu’elle n’est point venimeuse, au moins on n’a ressenti aucun symptôme de venin, après s’être fait mordre par un de ces serpens, au point de rendre du sang par la plaie. Encyc.

☞ On indique plusieurs remèdes contre la piqûre de l’aspic. Le meilleur est de n’avoir point de peur.

Aspic, se dit figurément d’un médisant, & d’une médisante. Maledicus. C’est une langue d’aspic, c’est un Aspic.

Aspic, est aussi une ancienne pièce d’artillerie ; qui est une demie couleuvrine bâtarde du calibre de douze livres.

Aspic, est aussi une plante, qui est une espèce de lavande, qui a une fleur bleue, & une odeur & un goût fort. Pseudonardus. L’aspic a quantité de branches dures comme du bois, & comme celles du romarin : les feuilles sont longuettes, étroites, épaisses, & en grand nombre, plus fortes, plus larges, & plus blanches que celles de la lavande. À la cime des branches naissent les fleurs en épis de couleur rouge, avec un long pied carré & mince. L’aspic naît de lui même sur des collines sèches & pierreuses, & exposées au soleil, particulièrement en Languedoc. Il fleurit au mois de Juin & de Juillet. Il est apéritif & digestif. Ses fleurs fortifient l’estomac, désopilent la rate, &c. Chom. On en fait une huile qu’on nomme l’huile d’aspic, qui prend feu aisément, & qu’il est impossible d’éteindre, dont les Peintres se servent.

L’huile d’aspic est une huile essentielle de la lavande. Lorsque la plante est en fleur, & que les épis sont presque secs, on les met dans un grand alambic avec beaucoup d’eau. Après quelques jours de macération, on distille le tout. Il sort avec l’huile une eau qui est de couleur jaunâtre ambrée. Voilà la bonne huile d’aspic telle qu’elle doit être sans altération. On choisit l’épi de cette plante préférablement à toute autre partie, parce que c’est celle qui contient le plus d’huile essentielle. On sophistique & on mélange, on gâte l’huile d’aspic par le mélange de l’esprit de vin & d’autres ingrédiens qui l’altèrent. Voyez M. Geoffroy, Mém. de l’Acad. des Sc. 1715, p. 236 & suiv. où il enseigne les moyens d’avoir de bonne huile d’aspic. L’huile d’aspic sert au vernis & à l’émail.

Tout cela n’est point exact. Aspic est un terme impropre de Botanique, qui se dit par corruption pour Spic. On appelle ainsi la lavande à feuilles larges. Lavandula latifolia, ou spica . Voyez Lavande. On dit encore très-improprement huile d’aspic ; pour parler correctement, on doit écrire & dire l’huile de spic, oleum spicæ. On crie à Montpellier en certains temps sous le nom de spic, les sommités fleuries & desséchées de la lavande à feuilles larges, ou grande lavande.

Aspic d’outremer. Ce n’est pas un épi qui naisse à la cime du nard, mais c’est la racine qui a la figure d’un épi. Cet épi est de couleur de fer, d’un goût amer, & d’une odeur qui n’est pas désagréable. Il croît dans les montagnes de l’Inde. Il est astringent, abstersif, apéritif & fortifiant. Chom.

ASPIDISQUE. s. m. Aspidiscus. Signifie proprement un petit bouclier, ou ses ornemens extérieurs : mais on donne ce nom par métaphore au sphincter de l’anus, auquel il sert en quelque sorte d’anneau, comme nous l’apprend Cœlius Aurelianus, cité par James.

ASPIDO. s. m. Rivière de la Marche d’Ancone, dans l’Etat de l’Eglise, en Italie. Aspis. Elle se joint au Musone vis-à-vis de Lauréte, & se décharge avec cette rivière dans le golfe de Venise.

ASPIRANT, ANTE. ad. Qui aspire à quelque chose, qui veut y parvenir. Aspirans, contendens ad. Il n’est guère d’usage au propre.

Aspirant, se dit aussi au substantif, de tous ceux qui poursuivent leur réception en quelques degrés ou maîtrises. Candidatus. C’est un aspirant au doctorat ; un aspirant à la maîtrise. L’Ordonnance veut que les aspirans à la maîtrife des Corps des Marchands, soient interrogés sur les parties doubles & simples. Aspirant Apothicaire. Voyez Apothicaire.

Aspirant, ante. adj. Vocalis spiritu aspero elata. Terme de Grammaire, qui se dit de certaines lettres qu’on aspire, & dont la prononciation est plus forte que celle des autres. Si on ne faisoit point l’h aspirante dans le mot de Héros, on feroit une fâcheuse équivoque. Vaug. Rem.

Aspirante. s. f. Quæ aspirat, contendit. C’est parmi les Religieuses, une fille qui ayant fait son noviciat, aspire à être reçue, & à faire solennellement les vœux que son Ordre exige.

C’est aussi une fimme qui après avoir achevé son apprentissage, aspire à être reçue maîtresse, & se présente pour cet effet aux Jurées de son métier, pour faire le chef-d’œuvre qu’elles lui donneront, selon leurs statuts.

En termes de Méchanique, on appelle une Pompe aspirante, celle qui élève l’eau jusqu’à 32 pieds, sans autre compression que celle qui se fait parla pesanteur d « l’air extérieur, & dont on attribuoit autrefois l’effet à la crainte du vide. Anthlia.

☞ On l’appelle aspirante, parce qu’elle élève l’eau en la tirant, à la différence de celle qui l’élève en la poussant. Dans les pompes aspirantes, dont le méchanisme n’est pas différent de celui des seringues ordinaires, l’eau doit s’élever jusqu’à 32 pieds. En effet une colonne d’eau de 32 pieds de hauteur doit être en équilibre avec une colonne d’air de la hauteur de l’atmosphère terrestre, parce qu’une colonne d’eau de 32 pieds de hauteur est en équilibre avec une colonne de mercure de 29 pouces.

ASPIRATION. s. f. Action de celui qui respire, & qui tire son haleine, ou l’air extérieur en dedans pour rafraîchir ses poumons. Adspiratio. Il n’est d’usage que dans le dogmatique. Les Médecins disent aussi inspiration, & l’opposent à expiration, qui est l’action par laquelle on repousse ce même air au-dehors.

☞ Aspiration, se dit aussi en Physique & en Hydraulique, en parlant des pompes qui servent à l’élévation des eaux. Ce mot n’est point synonyme d’ascension, comme le disentles Vocabulistes. Il est absolument relatif à la manière dont les eaux sont élevées. Une pompe qui agit par aspiration, par opposition à celle qui agit par compression. Pompe aspirante, pompe foulante.

Aspiration, est aussi un terme de Grammaire. Vocalis elatio fortior, asperior. Il signifie une prononciation forte qui se fait en aspirant, & qui se tire du gosier : ce qui se pratique à l’égard de l’h dans un grand nombre de mots où cette h est aspirée. Ainsi on ne doit point prononcer sans aspiration ces mots, Harangue, Hache, Hameau, Héros, Hollande, &c. Et par conséquent la voyelle, quand il s’en trouve une devant, ne se perd point.

l’Aspiration, que les Grecs appellent Esprit, & qu’ils marquent sur les voyelles d’une manière différente des lettres, est cependant une vraie lettre, comme toutes les autres, & une véritable consonne. C’est un paradoxe de Grammaire, mais qui pour être paradoxe n’en est pas moins indubitable. Pour le montrer, il faut supposer d’abord que quand nous parlons ici de lettres, nous n’entendons pas les caractères de l’alphabet, qui sont arbitraires, & qui varient souvent selon les langues & dans les peuples, & dans le même peuple selon le l’usage, & même quelquefois selon la fantaisie des particuliers ; les uns, par exemple, écrivent des aspirations, ou lettres aspirées, où les autres n’en mettent point, quoique tous prononcent de la même manière ; comme dans huomo, huomini, mot italien, qu’on écrit aussi uome, uomini. Il en est de même en d’autres, comme beste, que nous écrivons avec un s, ou bête avec un accent circonflexe, & cent autres semblables. Mais nous parlons des sons naturels que peuvent former dans l’homme les organes de la parole, c’est-à dire, le gosier, la bouche, la langue, le palais, les dents, les lèvres, le nez. Ces sons sont de deux sortes ; les uns simples, les autres composés ou modifiés. Les sons simples sont ceux qui se prononcent par un seul mouvement de l’organe, comme a, e, i, o, u, &c. Les sons composés sont ces mêmes sons simples modifiés par un mouvement de l’organe surajouté au mouvement nécessaire pour prononcer le son simple. Par exemple, pour prononcer ap, il faut que la bouche fasse deux mouvemens, l’un qu’elle feroit pour prononcer l’a tout seul, & l’autre nécessaire peur exprimer le p. De même dans ir & oc, &c. ou dans ba, be, bi, &c. Tout son, ou tout effet du mouvement articulé de l’organe de la parole, est donc ou un son simple, ou une modification de son simple, qui jointe au son simple fait un son composé. Les sons simples sont ce que nous appelons voyelles ; les modifications, ou modificatifs, sont ce que nous appelons consonnes.

l’Aspiration, est une suite, un effet d’un mouvement que fait quelqu’un des organes de la voix ; c’est donc nécessairement ou un son simple, ou une modification des sons simples, c’est-à-dire, ou une voyelle, ou une consonne. Ce n’est point une voyelle ; car ce n’est point un son simple, qui puisse se prononcer seul, c’est-à-dire, qui résulte d’un mouvement de l’organe, qui seul & par lui-même fasse un son. C’est donc un modificatif ; & en effet il en a toutes les qualités. Car 1°, il résulte d’un mouvement de l’organe, qui de soi ne produit aucun son ; l’esprit doux, ou l’esprit âpre des Grecs, notre h aspirée, aussi-bien que l’h des Allemans, des Anglois, & des autres peuples, ne fait pas plus de son par elle —même que le b, le c, le d, &c. Il en est de même de l’aleph, du hheth, du caph, du ain des Hébreux, des Chaldéens, des Syriens, des Arabes, & de presque de toutes les langues orientales. 2°. Au contraire notre h, les esprits des Grecs, & les autres aspirées dont je viens de parler, se prononcent avec toutes les voyelles, comme ce que nous appelons consonnes ; ces aspirations modifient les voyelles, ce sont des suites, des effets d’un mouvement de l’organe surajouté au mouvement nécessaire pour énoncer la voyelle. Pour prononcer ha, il faut que l’organe fasse deux mouvemens, aussi-bien que pour ba, ou ca, &c. l’un pour a qui de soi est un son, & l’autre qui de soi ne produit aucun son, non plus que b ; mais qui ajoute cependant quelque chose à a, qui le modifie de même que b, c, d, &c. & qui fait que ha n’est pas simplement a, ni ba, ni ca, &c. ni aucun autre son simple ou modifié. Cela sera donc encore plus vrai, ou du moins se fera plus sentir dans les aspirations plus fortes, telles que sont celles des langues orientales, ה, ח, חי, חו, ב, בי, בו, ע, עי, עו. Car par tout là il y a dans la prononciation deux mouvemens, l’un pour la voyelle, & l’autre surajouté, qui de soi n’a aucun son, & qui n’étant qu’un mode, ne peut être seul, & sans sujet, mais se peut joindre à tous les sons simples &, les modifier les modifier également tous. Puis donc que c’est là la notion, la nature, l’essence, l’emploi des consonnes, il s’ensuit que toutes les aspirées sont de véritables consonnes. Qu’on les exprime comme l’on voudra, ou bien comme nous l’h, ainsi que font les Orientaux toutes leurs aspirations, c’est-à-dire, par des caractères qui entrent dans le corps du mot écrit, ou bien comme les Grecs font quelques-unes, par un signe d’aspiration, que l’on mette sur la voyelle ; il n’importe, & cela ne change rien à la nature & au fond de la chose. L’aspiration n’est pas moins une consonne dans αἱρῶ, que dans χαίρω, dans ἑῷ que dans χέω, dans ὅλη, que dans χολή &c. ainsi des autres.

3°. Une seconde raison pour prouver que ce sont des consonnes, c’est que les langues orientales qui n’exprimoient point les voyelles, ont cependant toujours exprimé les aspirations. L’aspiration s’est changée souvent en consonne, & s’est exprimée par une consonne. Ainsi de ἕξ on en fait sex, de ἑπτά, septem, d’ἕϐδομος, septimus, de ἕσπερος, vesperus, d’ὑπερ, super, d’ἅλς, sal, d’ἅρπη, serpe, d’ἁϐις, ἁϐιν, sapin, d’ὡπος, seve, de ἑρω, sero, d’ἑστης, vestis, de l’hébreu יין οἶνος, & puis vin, d’ἑμω, vomo, & ainsi d’une infinité d’autres. 4°. Mais sans sortir de la même langue, Hésiode dans le bouclier d’Hercule, v. 302 a dit Ἡρσυν, pour Θήρσυν, ne mettant point de différence entre un Θ ou un esprit âpre. Tout cela montre évidemment que les aspirations sont de vraies consonnes, & que l’on a tort de prendre dans les langues orientales les lettres א, ה, ח, ע, pour des voyelles, ou de dire que la nôtre l’h n’est point une lettre.

Aspiration, se dit figurément en Morale, & signifie, desir de parvenir à quelque fin, mais il n’est d’usage que dans les matières de dévotion & de piété. Il signifie l’élévation, l’élancement de l’ame fidèle à Dieu ; un mouvement intérieur poussé au ciel avec véhémence, une courte & fervente prière qui part du fond du cœur. Brèves & ardentes ad Deum precès. L’aspiration au ciel est un commencement de béatitude. Tout le temps de l’étude se passoit en aspirations dévotes. Bouch.

ASPIRER. v. a. Attirer l’air par la bouche. Respirare. Ce mot, qui n’est d’usage que dans la Physique, est opposé à expirer.

Aspirer, se dit aussi en Grammaire, pour marquer une forte prononciation. Vocalem spiritu aspero esserre. L’h françoise se doit prononcer en aspirant en certains mots seulement, & alors elle tient lieu de conlonne. Les Grecs marquoient les voyelles qui se doivent aspirer par des esprits âpres.

Aspirer, se dit aussi en Morale, & signifie, prétendre à quelque charge, dignité, ou autre chose qu’on regarde comme bonne & souhaitable. Aspirare, contendere ad, &c. ☞ Aspirer à la béatitude éternelle. Aspirer aux honneurs, aux richesses, à un emploi. Je n’aspire qu’à vous plaire.

C’est au repos d’esprit qu’il nous faut aspirer. Boil.

☞ P. Corneille en parlant d’Auguste qui veut renoncer à l’Empire, dit :

Et monté sur le faîte, il aspire à descendre.

☞ Racine admiroit ce vers, & le faisoit admirer à ses enfans. En effet ce mot aspirer qui d’ordinaire s’emploie avec s’élever, devient une beauté frappante quand on le joint à descendre. Volt.

Aspirer. Ce verbe est aussi actif en termes de Doreur. On dit, que l’or-couleur aspire l’or ; pour dire, qu’il l’attire, ou plutôt qu’il le retient. Il se dit pareillement de ce qu’on appelle l’assiette dans la dorure en détrempe.

On dit en Maçonnerie, qu’il y a des pierres dures, comme le grais, qui ne sont pas propres à bien prendre & aspirer le mortier ; pour dire, que le mortier n’en peut pas faire une forte liaison.

☞ C’est dans ce sens que le P. le Comte en parlant de la porcelaine de la Chine, dit qu’il n’a vu aucun vase de porcelaine dont le rouge fût bien vif. Ce n’est pas, dit-il, que les Chinois n’en aient de beau ; mais peut-être que cette couleur se ternit sur la matière, qui en aspire les parties les plus subtiles & les plus colorées ; pour dire qu’elle les attire & qu’elle s’en pénètre.

ASPIRÉ, ÉE. part.

☞ ASPLE. s. m. Dans les Manufactures en soie on donne ce nom à un tambour semblable à celui d’un dévidoir, sur lequel le fil ou la soie forment des échevaux, en se dévidant de dessus les bobines sur ce tambour. Encyc.

ASPRA. Ville de l’Etat de l’Eglise, en Italie. Aspra, anciennement Cusperia, ou Cusperula, ville des Sabins. Aspra est dans la Terre Sabine, sur l’Aja, entre Tivoli & Terni.

ASPRE. Voyez Âpre.

ASPRE. s. m. C’est une petite monnoie de Turquie ; dont on paye les Janissaires. Il en faut 50 pour en faire un écu de France. Busbek, & Leunclavius, dans les Pandectes de Turquie, en ont parlé amplement. Voyez aussi Ricaud, de l’Empire Ottoman. La plupart des revenus du Grand-Seigneur se reçoivent en aspres, qui sont de petites pièces d’argent, qui valent environ 8 deniers, & qui n’ont d’autre empreinte que le nom du Prince qui les a fait battre ; & parce qu’il s’en trouve grand nombre de faux, il y a de grandes poëles, dans lesquelles on les remue long temps sur le feu pour les éprouver. Voyage du Lev. par D. C. Sultan Osman vit un jour un arbre qui lui sembla avoir la forme de l’un de leurs Dervis ; il lui assigna un aspre de paye tous les jours par aumône, & choisit un homme pour recevoir l’aspre, qui a le soin de l’arroser, & de le cultiver pour son argent. Id. La paye des Janissaires est de douze à quinze aspres par jour. Id. De la Boulaye le Gouz le nomme aspre, ou acchia, & dit qu’il vaut quatre mangoures. Nicolaï, dans ses Peregrinations Orientales, Liv. III. ch. 4, l’estime 10 deniers tournois.

Aspre a été aussi une monnoie du temps de Justinien. Les Anciens ont appellé aussi monnoie aspre, celle qui étoit nouvelle, & qui n’étoit pas encore usée par le frai, & maniment. Nummus asper. Les Grecs modernes ont appelé aspre, la monnoie blanche. Du Cange, & Scaliger, De Re nummaria, pag. 58.

ASPREMENT. Voyez Âprement.

☞ ASPRES. Petite ville de France, au haut Dauphiné, dans le Gapençois, à sept lieues de Sisteron.

ASPRESLE. Voyez Âprêle.

ASPRELLE. s. m. Asprella. On dit aussi, prêle ou queue de cheval. C’est le nom que Blancard donne à l’equisetum majus, à cause de sa rudesse, qui fait que l’on s’en sert pour polir les tables & les buffets.

ASPRESSE. s. f. Vieux mot. Âpreté.

ASPRETÉ. Voyez Âpreté.

ASPRI, ou ASPRO. Voyez Aspropotamo.

ASPROPITI. Ville de la Livadie, en Grèce — Chalcos. Elle est sur le golfe de Lépante, plus orientale que la ville de Lépante.

ASPROPOTAMO. Rivière qu’on nomme autrement Aspri, Aspro, Pachicolme, Géromlea & Carochi. Asper fluvius, anciennement archelaus. Elle est dans la Turquie en Europe. Elle a sa source vers les confins de la Thessalie, au pied du mont Pinde, l’un de ceux qu’on appelle aujourd’hui Mezzovo ; traverse une partie de l’Epire & de la Livadie, & se jette dans le golfe de Patras, à la ville de Dragumeftro.

ASS.

☞ ASSA. s. f. Il y a sous ce nom deux espèces de suc concret. L’assa ducis (les Vocabulistes disent assadulis) ou assa odorata. C’est le Benjoin, qu’on appelle aussi succens cyrenaicus. Voyez Benjoin : & l’assa fœtida, ainsi nommé à cause de sa puanteur. Voyez ce mot.

ASSABIN. s. m. Dieu des Ethiopiens. Assabinus. Pline dit, l. 12, c. 19 que selon quelques uns, c’étoit Jupiter. Le cinnamome lui étoit consacré ; & pour obtenir la permission de le couper, il falloit offrir au Dieu un sacrifice de quarante-quatre pièces de bétail, bœufs, chèvres & béliers. La coupe se faisoit durant le jour, & lorsqu’elle étoit faite, le prêtre qui y avoit assisté, mettoit à part ce qui en devoit revenir au Dieu, en se servant pour cela d’une pique. Solin qui en parle, c.33 dit que ce Dieu étoit le soleil, & il a raison. Théophraste l’avoit dit avant lui, Hist. Plant. 9, 5 ; mais comme c’étoit le Dieu suprême d’Ethiopie, les Auteurs Grecs ou romains que Pline avoit vus, lui donnèrent le nom de Jupiter, parce que telle étoit leur prévention pour leur Jupiter, qu’ils vouloient le trouver par-tout. Les trois Auteurs cités s’accordent à dire, que la part réservée pour le Dieu, ne manquoit pas de brûler d’elle-même ; & Théophraste ajoute que c’est un conte. Il sert à faire voir que les Prêtres de ce pays-là, aussi adroits que ceux de bien d’autres pays, savoient tromper les peuples, & faire entendre qu’il ne leur revenoit rien d’une offrande, dont ils faisoient secrétement leur profit. On coupoit le cinnamome pour en prendre l’écorce, qui est ce que nous appelons canelle.

ASSABLEMENT. s. m. Ce mot se trouve dans des Ordonnances & Arrêts du Conseil, & signifie un amas de sable qui forme quelquefois une île.

ASSABLER, ou ENSABLER. v. a. Remplir de sable. Arenâ cumulare. La mer avec le temps a assablé le port d’Aiguemortes, où S. Louis s’embarqua autrefois. Le plus grand soin que doit avoir un Ingénieur en bâtissant un port, c’est d’empêcher qu’il ne s’assable. La rivière de Loire assable souvent les prés qui sont sur les bords, les couvre de sable.

Ce mot vient de sable, ou sablin. Nicod, ou du latin sabulum.

Assabler, avec le pronom personnel, signifie, demeurer sur le sable, s’engraver, s’échouer. Allidere ad arenam, impingere in arenas. Quand on descend sur la Loire en été, ou sur le Volga, on s’assable à tout moment. Les grands vaisseaux qui s’assablent sur les bancs, y échouent.

ASSABLÉ, ÉE. part. pass. & adj. Rempli de sable ; arrêté sur le sable. Arenâ cumulatus, opertus, allisus in arena. Port assablé. Terres assablées. Vaisseau assablé.

☞ Ce mot assabler ne se dit point. On dit ordinairement ensabler ; encore n’est-il d’usage que sur les rivières.

ASSADOUX. s. m. C’est le Benjoin.

☞ ASSAFI, ou ASFI. Ville d’Afrique, dans la Mauritanie Tingitane, aujourd’hui nommée Safi. Voyez ce mot.

ASSA FŒTIDA, ou ASA FŒTIDA. s. f. Ce mot est latin. On l’appelle Merde du Diable, stercus Diaboli : apparemment à cause de son odeur d’ail, qui n’est pas agréable à tout le monde, quoique dans les Indes Orientales on l’emploie dans les ragoûts. Les Maréchaux l’ont mise en grande réputation pour les maladies des chevaux, principalement pour le farcin. Cette drogue est gommeuse & résineuse ; elle se fond sous les doigts comme la cire : son odeur est forte, & approche de celle de l’ail, elle est acre au goût, & sa couleur tire sur le roussâtre. On nous l’apporte des Indes Orientales. On en distingue deux espèces, l’une qui est en morceaux purs, & l’autre qui est en masse informe, moins pure & grumelée. Cette drogue s’emploie pour les maladies des femmes ; elle est résolutive, estimée contre la peste, & elle entre dans plusieurs compositions. On ne sait point de quelle plante elle sort ; & ce qu’en ont dit la plupart des Auteurs de Pharmacie, aussi-bien que les Botanistes, ne sont que des conjectures, auxquelles ont donné lieu différentes relations de voyageurs peu entendus & peu connoisseurs. Ceux qui croient, après quelques Anciens, qu’elle se tire du laser, ou laserpitium, seroient fort embarrassés s’ils étoient obligés d’éclaircir les questions & les disputes si souvent renouvellées parmi les Botanistes au sujet du vrai laser & de la gomme des Anciens, ou suc des Cyréniens, succus Cyrenaïcus. Il ne sera jamais possible de concilier les Commentateurs de Dioscoride & de Pline sur cela, tant qu’on n’aura que des conjectures à avancer. Quelques Modernes assurent qu’il y en a beaucoup en Perse, & qu’on la tire de deux sortes de plantes, dont l’une jette beaucoup de sarmens, comme le saule aquatique ; & l’autre a les feuilles semblables à celles du titimale. Théophraste dit que cette plante fuit les lieux cultivés, qu’elle s’y abâtardit, & que ses feuilles sont de couleur d’or. Cette gomme que les Apothicaires appellent laser, est ordinairement sophistiquée : & il étoit autrefois si difficile d’en recouvrer de la vraie qui venoit de la région Cyrénaïque, que Néron la gardoit en son trésor comme une chose précieuse : & Pline témoigne qu’elle étoit si recherchée de son temps, qu’on la vendoit au poids de l’argent. On appelle le Benjoin Assa dulcis.

ASSAGIR. v. a. Rendre sage. Erudire. L’âge assagit les hommes. Le temps, les afflictions l’ont assagi. Il est vieux, & ne peut trouver place que dans le discours familier, tout au plus.

ASSAHUAYE. s. m. Nom d’un fruit qui croît dans le royaume d’Issini. Assahuaya. Il est gros comme une médiocre prune, & de couleur rouge. Il y en a une autre espèce plus petite, & qui n’est pas plus grosse que le doigt. Ces fruits n’ont presque que la peau, & en les suçant, on n’y trouve qu’un goût douceâtre & insipide ; mais ils ont une telle qualité, qu’après en avoir seulement sucé un, l’on peut manger les oranges de les citrons les plus verts & les plus aigres, & boire le vinaigre le plus âpre, sans être incommodé. Ces choses ne paroissent plus au goût que des confitures très-délicates, tant est grande la force de cet alkali, qui sans doute auroit des propriétés merveilleuses dans la Médecine pour émousser la pointe des acides du corps humain, si on le séchoit & transportoit en Europe. P. Loyer, qui dit l’avoir éprouvé plusieurs fois. Description du royaume d’Issini.

ASSAILLANT, ANTE. subst. m. & f Qui attaque, qui donne brusquement sur un autre. Aggressor, Oppugnator. Dom Sanche dit dans le Cid : faites ouvrir le camp, vous voyez l’assaillant. Ce mot n’est plus guère en usage que dans les tournois & dans les carrousels, pour signifier celui qui combat contre le tenant, qui s’offre de soutenir le contraire de ce que le tenant avance dans un défi. L’assaillant & le tenant.

☞ Quand ce mot est synonyme d’assiégeant, il ne s’emploie qu’au pluriel. Les assaillans, pour dire ceux qui assiègent une place, qui y donnent un assaut. Redoubler l’ardeur des assaillans. Ablanc.

Assaillant se dit dans le figuré de celui qui attaque de paroles.

Je n’ai déjà que trop d’un si rude assaillant ;
Et si je me défends, ce n’est qu’en reculant. Mol.

ASSAILLIR. v. a. Aggredi, Adoriri, Oppugnare, Invadere. Ce mot est un peu vieux : mais comme de bons Auteurs l’emploient, on croit qu’on le peut employer aussi à leur imitation ; & principalement dans le figuré, dont on peut voir plus bas les exemples. Voici comme il se conjugue : J’assaille, tu assailles, il assaille ; nous assaillons, vous assaillez, ils assaillent. J’assaillois. J’assaillis. J’assaillirai. Que j’assaille. Que j’assaillisse. J’assaillirois. Il signifie, attaquer vigoureusement en se jettant dessus, & comme en sautant. Cette place fut assaillie & emportée en plein, jour : elle fut assaillie de nuit, & escaladée. On l’assaillit lorsqu’on s’y attendoit le moins. Mon ennemi m’assaillit en traître par derrière. Ce mot vient de adsalire, qui se trouve dans la Loi Salique, & ailleurs. Ménag. Nicod le dérive de afflare.

Assaillir, se dit aussi des armées & des particuliers. C’est un bon partisan, qui est allé assaillir les ennemis jusque dans leur camp, jusque dans leurs quartiers. J’ai vu commencer la querelle, c’est celui-là qui a assailli, qui a été l’aggresseur. On le dit aussi des bêtes. Les loups affamés viennent assaillir les hommes.

Assaillir, se dit aussi en Morale, en parlant de l’attaque des passions, des maladies, & des autres accidens de la fortune. Les esprits foibles se laissent