Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/541-550

Fascicules du tome 1
pages 531 à 540

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 541 à 550

pages 551 à 560



y avoit dans cette armée 500 chevaux d’artillerie pour mener tout l’attirail de guerre, des outils, des pionniers, ponts de bateaux, échelles, & autres machines nécessaires pour les campemens & les siéges. Le parc de l’artillerie est le lieu du camp destiné à la garde des munitions de guerre. Il y avoit tant d’officiers, de commissaires de l’artillerie. Quand le mot d’artillerie se prend seulement pour le canon d’une armée, ou d’une place, on dit ; dresser l’artillerie, décharger l’artillerie, faire jouer l’artillerie, servir l’artillerie. On tira plus de deux mille coups de canon en moins d’une heure, tant l’artillerie étoit bien servie par les soins du Général, On trouva dans la ville de Malaca jusqu’à huit mille pièces d’artillerie, après qu’Alphonse Albuquerque s’en fut rendu le maître, à ce que dit l’Histoire d’Emmanuel de Faria. L’artillerie a été inventée vers l’an 1380, par Constantin Anchtzen de Fribourg, ou Bertholde Swartz, Cordelier Chimiste, selon Pasquier & Vossius en l’an 1354. Casimir Simierrowicz, Polonois, a écrit un excellent livre de l’artillerie, & de tous les feux d’artifice, tant pour la guerre que pour la paix. Joachim Brechtelius en a aussi fort bien écrit. On y trouve une remarque singulière, qui est, que les anciens Allemands faisoient faire ferment à tous ceux qui s’adonnoient à l’art pyrotechnique, qu’ils ne construiroient aucuns globes empoisonnés qu’ils ne cacheroient point de feux clandestins en aucuns lieux secrets ; qu’ils ne tireroient point de canon de nuit ; qu’ils ne prépareroient jamais aucuns feux artificiels, sautans & voltigeans, & qu’ils ne s’en serviroient point pour la ruine & destruction des hommes. Les Persans (en 1518) ne vouloient avoir ni infanterie ni artillerie dans leurs armées, parce que cela les empêchoit de charger l’ennemi & de faire retraite avec agilité, en quoi ils faisoient consister toute la science de la guerre. Wicq. Amb. de Figu. M. Catharinot a fait un petit Traité d’artillerie rempli de quantité de choses agréables & curieuses, & de plusieurs noms d’anciennes pièces de canon ; comme l’Indien de Lisbonne, la Diablesse de Rotouc, le Trictrac de Rome, &ç. Il y apprend à qui les différentes pièces d’artillerie doivent leur nom & leur invention ; nous en parlerons en leur lieu. C’est dans le XVe siècle, pendant la guerre que les Vénitiens eurent avec les Florentins, sous Laurent de Médicis, fils de Pierre, que l’invention de faire rouler l’artillerie en pleine campagne, fut trouvée par le Général Vénitien.

Ménage dérive ce mot du vieux françois artiller, qui signifie, rendre fort par art, & garnir d’outils & d’instrumens de guerre. Le mot d’artiller vient de art, ou invention, parce que ars chez les Latins signifioit une machine.

On appeloit aussi, artillerie, les machines de guerre anciennes, comme catapultes, béliers, dards, mangonnaux, &c. comme on voit dans Froissart & autres vieux Historiens. Du Cange cite le Roman de Guillaume Guyart de l’an 1304, où l’on voit que l’artillerie étoit le charroi chargé de carreaux d’arbalètes, de dards, de lances, de targes, de harnois, pour en donner à ceux qui n’en avoient point ; & alors artiller signifioit, armer un soldat, lui fournir des armes.

Artillerie, se prend aussi pour ce qu’on appelle autrement Pyrotechnie, ou l’art des feux d’artifices, avec tous les instrumens & l’appareil qui lui sont propres. Encyc.

Le P. Papebrock, Act. Sanct. April. T.I. p.159.B. croit que ce mot vient du nom que les François donnoient à la baliste, qui étoit une des principales machines de guerre, & qu’ils appeloient arc-à-tirer, arcus tractilis, parce qu’elle se conduisoit sur une espèce de chariot. Il veut que de-là se soit fait arctiverie, que l’usage a adouci, & dont il a fait artellerie, ou plutôt artillerie.

Le Grand-Maître de l’artillerie, est le premier & le chef des Officiers de l’artillerie. On dit, Officier d’artillerie, Commissaire d’artillerie, Lieutenant d’artillerie, sans l’article ; mais on ne dit point Grand-Maître d’artillerie ; il faut toujours dire, Grand-Maître de l’artillerie ; parce que le génitif indéfini, ou sans article, marque partage & division ; & le génitif défini, ou avec l’article, marque généralité, totalité ; & le Grand-Maître de l’artillerie a la Surintendance généralement dans tous les Arsenaux, dans toutes les places & armées du royaume, sur tous les Officiers d’artillerie. Le Grand-Maître de l’artillerie n’a pris ce nom que depuis l’usage des armes à feu. Il se nommoit autrefois le Grand-Maître des Arbalêtriers. Voyez Arbalêtrier. On le nommoit aussi, Grand-Maître des Machines, Magister machinarum & machinatorum exercituum, & il avoit sous lui des Officiers nommés Magistri ingeniorum, que nous pouvons appeler Ingénieurs. Voyez M, le Pref. Valbonnet, Hist. de Daup.p.55.

☞ La charge de Grand-Maître de l’artillerie fut supprimée en 1755, & réunie au bureau de la guerre.

Les Officiers de l’artillerie sous le Grand-Maître de l’artillerie, sont, 1°, les Lieutenans-Généraux de l’artillerie qui commandent en l’absence du Grand-Maître, & représentent sa personne dans tous les commandemens ; 2°, les Trésoriers d’artillerie, qui distribuent l’argent pour toute la dépense qui se fait, pour la paye des Officiers ; pour les frais des fontes, poudres & autres choses appartenant à l’artillerie ; 3°, les Commissaires d’artillerie qui ont le soin de la fonte des pièces, de les faire éprouver, & que tous les magasins soient garnis de tout ce qui est nécessaire pour la conduite des canons : souvent ils ont le soin de pointer les pièces, lorsqu’elles sont en batterie ; 4°, les Sergens-Majors d’artillerie, autrement Conducteurs, qui ont le soin de faire préparer les chemins, & d’avoir les choses nécessaires pour la conduite des pièces ; 5°, les Ingénieurs qui ont celui de faire faire les ponts sur les rivières, & de tracer les batteries & autres ouvrages que l’on fait d’ordinaire dans les siéges ; 6°, les Connétables qui ont l’ordre, au défaut des Ingénieurs, de tracer les batteries & fournir les canoniers de poudre, balles, lanternes, & généralement de tout ce qui est nécessaire pour charger l’artillerie ; 7°, les Capitaines ou gardes des magasins, qui tiennent registre de toutes les munitions qu’ils reçoivent & qu’ils tirent de leurs magasins ; 8°, les Gentils’hommes d’artillerie qui ont charge de garder les pièces, & d’empêcher qu’elles ne soient gâtées : ils hâtent les canoniers, pour faire tirer les coups suivant la diligence requise ; 9°, les Canoniers qui mettent le feu, & chargent l’artillerie ; 10°, les Valets d’artillerie, qui apportent & préparent tout ce qu’il faut pour charger l’artillerie & faire leur plate-forme ; 11°, les Mineurs, qui ont un Commandant qui s’appelle Capitaine des Mineurs, qui leur donne la façon de faire toutes sortes de fourneaux, & de bien conduire les mines ; 12°, les Ingénieurs qui chargent les bombes, grenades, pots à feu ; 13°, les Pétardiers, qui chargent les pétards, & qui les appliquent aux portes pour les rompre & donner passage ; 14°, les Pionniers, qui remplissent les chemins & fortifient les batteries d’un fossé. Quant au reste des Officiers d’artillerie, ce sont les Aumôniers, le Prévôt & le Chirurgien. De la Fontaine.

Artillerie, se prend quelquefois pour le corps des Officiers qui servent à l’artillerie. Toute l’artillerie se plaignoit. Être de l’artillerie, dans l’artillerie. Notre artillerie souffrit beaucoup dans telle occasion.

Artillerie. s. f. On appelle un canon une pièce d’artillerie. On battit la place avec cent pièces d’artillerie. Acad. Fr.

Artillerie. s. f. Royal-artillerie est le nom d’un régiment françois. C’est ce régiment à qui est confié l’artillerie : il est actuellement de cinq bataillons, composés de soldats tous fantassins, canoniers, bombardiers, travailleurs, ouvriers en fer, en pierre & en bois. Chaque bataillon est de huit compagnies de cent hommes chacune. C’est le premier régiment qu’on ait armé de bayonettes outre l’épée. Le régiment des Bombardiers lui a été incorporé.

ARTILLEUR, ou NETTOYEUR D’ARMES. s. m. Un seul particulier a le titre d’artilleur & de nettoyeur d’armes. Il a été établi dans le duché d’Orléans. Le Grand-Maître le nomme au Roi, qui lui donne des provisions. Il a quelques Sages, qui se paient par l’ordinaire d’Orléans ; & il jouit de quelques exemptions & priviléges, & d’un logement. Cette charge tombe dans le casuel du grand-Maître de l’artillerie.

Artilleur. s. m. Celui qui sert dans l’artillerie, à l’artillerie, dit l’Académie Françoise, Officier quelconque attaché au corps de l’artillerie. Ce mot, quoique nouveau, est suffisamment établi. On le dit aussi des Auteurs qui ont écrit sur l’artillerie.

ARTILLEUX, EUSE. adj. Vieux mot. Fin, rusé, artificieux.

Elle est hardie & artilleuse,
Et trop en ire studieuse.

ARTILLIER. s. m. Ouvrier qui travaille à l’artillerie ; comme fondeur, canonier. Il y a trois artilliers, qui manient le canon.

ARTIMON. s. m. Terme de Marine. C’est le mât d’un navire, qui est le plus près vers la poupe, & qui porte ordinairement une voile latine. Acatium, velum posterius. On l’appelle autrement mât de foule, ou le mât de l’arrière, ou de la poupe. La vergue d’artimon est toujours couchée de biais sur le mât, & ne le traverse point à angles droits, comme tous les autres. Le mât d’artimon n’a qu’une brisure, & ne porte point de perroquet.

Ce mot vient du grec ἀρτίμων, qui ne se prenoit pourtant pas en la même signification que nous le prenons aujourd’hui. C’est ce que l’on peut voir dans Javolenus, qui soutient après Labeon dans la loi Malum, Dig. de verborum significatione ; qu’artimon n’est point une partie intégrante du vaisseau ; ce qu’il n’eût pas dit s’il l’eût pris pour un mât. On n’entendoit donc autre chose par le mot d’artimon, qu’une machine ou poulie qui servoit à tirer dans le vaisseau, ou à décharger les gros fardeaux, ou à rouler le cable. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le Cabestan.

ARTISAN. s. m. Ouvrier qui travaille aux arts mécaniques, qui supposent moins d’intelligence, comme Cordonnier, Serrurier, Menuisier, Chapelier, en quoi il diffère d’artiste, &c. Artifex, Opifex. Artisan en ce sens n’a point de régime. On dit, un pauvre artisan, un vil artisan, un habile artisant. On le disoit aussi par extension d’un excellent ouvrier dans les arts libéraux. Les artisans aussi-bien que les marchands, ont leur part aux Sciences. Benoit Baudouin, natif d’Amiens, très-habile Théologien, fils de cordonnier, & cordonnier lui-même, dans la boutique de son père, a fait entre autres ouvrages un savant Traité, De calceo antiquo & mystico, pour faire honneur à son premier métier. Jean-Baptiste Gallo, cordonnier à Florence, nous a donné de beaux ouvrages en la langue, sur-tout des Dialogues à l’imitation de Lucien. Volfang Musculus faisoit le métier de tisseran pour vivre dans les études. M. le Févre, savant Astronôme de l’Observatoire de Paris, étoit un tisseran à Lisieux. Nicolas Bourdon, Poëte latin, étoit fils d’un forgeron, & avoit soufflé à la forge de son pere. De Vign. Mar.

Artisan, se dit figurément pour auteur d’une chose. Cet homme est l’artisan de sa fortune ; pour dire, qu’il se l’est procurée à lui-même, qu’il n’en a obligation à personne. Il y a quelque chose de plus doux à être l’artisan de sa propre grandeur, & à ne devoir rien qu’a soi-même. M. Scud. Il donne du courage à tous les artisans de sa gloire. Balz. C’est l’artisan de la volupté, Ablanc. On dit aussi, cet homme est un grand artisan de fourbes & de calomnies. On dit par excellence, que l’Auteur de la nature est un merveilleux artisan.

Artisan de ton supplice,
N’accuse que ta malice,
De l’excès de ton malheur. Anon. Ode sur l’Enf.

ARTISANNE. s. f. Ce mot n’est pas usité au propre, il faut dire, femme d’un artisan. On le dit, mais mal, en certains lieux. C’est une bonne artisanne ; pour dire, qui est à son aise.

Artisane, se dit au figuré, & signifie celle qui fait une chose, qui en est la cause. La sagesse est l’ouvrière & l’artisanne de toutes choses. Cost. Ce mot ne me plaît pas plus dans le sens figuré que dans le sens propre, & nos Ecrivains ne s’en servent point. Les Vocabulistes remarquent que ce mot ne se trouve point dans le Dict. de l’Acad. Fr. Pauvre raison ! Notre langue se trouveroit bien appauvrie, s’il en falloit bannir tous les mots qui ne se trouvent pas dans ce Dictionnaire.

ARTISCUS. s. m. Ce mot qui vient d’ἄρτος, pain, signifie un trochisque d’une matière ou d’une autre, parce que les trochisques ont ordinairement la forme d’un petit pain : mais dans un sens plus restreint, artisci signifie des trochisques faits de chair de vipère. Dict. de James.

ARTISIEN. s. m. Vieux mot. Artisan.

ARTISINO, ou ARTICINA. Montagne de Sicile. Articina. Elle est vers le milieu de l’île, dans la vallée de Noto, au voisinage de celles de Démona & de Mazara. Elle est extrêmement haute.

ARTISON, ou ARTUSON, ARTOISON, ARTE. s.m. Petit ver qui s’engendre dans le bois, & qui le perce avec son bec, comme avec un foret. Blatta, cossus.

ARTISONNÉ, ou ARTUSONNÉ. adj. On le dit du bois où il y a plusieurs petits trous de vers : en quelques endroits on dit, Artuisonné, parce qu’on appelle artuis les vers qui le rongent, ou les trous qu’ils y font.

☞ ARTISTE. s. m. Celui qui travaille dans un art où le génie & la main doivent concourir ; celui qui excelle dans les Arts mécaniques qui supposent de l’intelligence. On dit d’un bon Cordonnier que c’est un bon artisan ; & d’un habile Horloger, que c’est un grand artiste. Artificiosus. Les Peintres, les Sculpteurs, les Architectes, &c. sont des artistes. Voyez Arts libéraux.

☞ Quelques-uns de nos Dictionnaristes font du mot artiste un adjectif qu’ils appliquent également à l’ouvrier qui travaille avec art, & à la chose qui est bien travaillée. Cette montre vient d’un savant artiste. Cette montre est fort artiste. Je ne voudrois me servir de ce mot, comme adjectif, que d’après de bons Ecrivains : & je n’en connois point.

☞ Le P. le Moine fait du mot artiste un substantif féminin en appelant les abeilles, les artistes filles du ciel. Personne ne l’a dit après lui.

Artiste, se disoit autrefois plus particulièrement de ceux qui faisoient les opérations chimiques. Il faut être un grand artiste pour préparer les minéraux, afin qu’ils ne soient point nuisibles. Raymond Lulle, Paracelse, Arnaud de Villeneuve, ont été de savans artistes.

Artiste, se dit encore aujourd’hui de ceux qui entendent très-bien la partie pratique d’une science. On dit d’un Chimiste qui exécute adroitement les procédés que d’autres ont inventés, que c’est un bon artiste. Alors le mot artiste qui est toujours un éloge dans le premier cas, est presque un reproche de ne posséder que la partie subalterne de la profession. Encyc.

Artiste, se dit aussi dans les Universités de celui qui a étudié les Arts libéraux. On trouve dans la mauvaise latinité Artista, Artiste ; pour dire, Docteur ès-Arts, comme decretista, pour Docteur en Droit Canon.

☞ ARTISTEMENT. adv. Avec art & industrie. Artificiosè. Cet ouvrage est fait, travaillé artistement. Assabrè factus. Ce globe a été travaillé fort artistement. Pourquoi nier que les bêtes soient des machines, puisqu’on ne peut douter que Dieu n’ait pu fabriquer un ouvrage aussi artistement composé ? P. Dan.

ARTOIS. Atrebates. Pagus Atrebatensis. L’on trouve souvent Adartensis Pagus. Dans la division que Louis le Débonnaire fit de ses royaumes entre ses fils, il l’appelle Pagus Adertensis. On trouve Adertisus dans les Capitulaires de Charles le Chauve, & Territorium Adartense dans Usuard. Les Modernes l’appellent Artesia. Province des Pays-bas Catholiques, qui a au levant le Cambresis & le Hainaut, la Flandre au nord, la Picardie au couchant & au midi. L’Artois est fertile en blés & en pâturages. C’étoit autrefois le pays des anciens Atrebates, dont le nom a formé celui d’Artois. L’Artois fut séparé de la couronne par Charles le Chauve, qui le donna pour dot à sa fille Judith, mariée à Baudouin, Comte de Flandre. Il y fut réuni par le mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut, fille de Baudouin VI. Ce fut alors que l’Artois fut érigé en Comté, & le Roi en fit le Prince Louis son fils le premier Comte. P. Dan. Par la paix des Pyrénées, l’Artois fut cédé aux François, à la réserve des villes d’Aire & de S. Omer, que la France prit ensuite, & qui lui furent cédées par la paix de Nimégue.

ARTOLÂTRE. f. m. et f. Adorateur du pain. Si l’Orient avoit toujours cru que l’invocation postérieure aux paroles de Jésus-Christ est essentielle à la forme de l’Eucharistie, au jugement de cette grande Eglise, les Latins seroient des idôlatres ou des artolàtres y puisqu’ils adorent immédiatement après la prononciation des paroles de Jésus-Christ. Mém. de Trév. De ἄρτος, panis, & λατρεύω, religiosè colo.

ARTOLITHOS. s. m. Pierre creuse de la nature de l’éponge, imitant un pain rond, d’où lui vient son nom.

ARTOMAGAN. Île de l’Occan oriental, qu’on appelle aussi Oramagan. Artomagana, Oramagana. C’est une des îles des Larrons, par laquelle les Espagnols prennent leur route quand ils vont du Mexique aux Philippines. Elle est presque au milieu de toutes les autres îles des Larrons.

ARTOMELLI. s. m. Cataplasme fait avec du pain & du miel. D’ἄρτος, pain, & μέλι, miel.

ARTONE. Abbaye de France. Artona. Elle est dans le territoire de Duxo, au pays d’Auribat, en Gascogne.

ARTONGATE. s. f. Nom de femme, Eartongota, Eortongoda. Ertongote, que nous appelons vulgairement Sainte Artongate, étoit fille du pieux Ercombert Roi de Kent. Baill.

☞ ARTONNE. Petite ville de France, dans la basse Auvergne, sur la rivière de Morges.

ARTOTYRITE. s. m. & f. Artotyrite. Nom de secte. Les Artotyrites étoient une branche des Montanistes, qui parut au IIe siècle, & infecta sur-tout la Galatie. Les Artotyrites se servoirait pour l’Eucharistie de pain ou de fromage, ou peut-être de pain mêlé & pétri avec du fromage. Leur raison étoit, que les premiers hommes avoient offert à Dieu, non seulement des fruits de la terre, mais aussi de ceux de leurs brebis. C’est de là, selon la remarque de S. Augustin, que leur vint leur nom, qui est grec, & composé d’ἄρτος, pain, & de τυρός, fromage. Voyez S. Epiphane, hér. 48, 59. S. Aug. hér. 79. Baron, à l’an 173.

☞ ARTRE. Oiseau. Voyez Martin-pêcheur.

ARTRODIE. s. f. Artrodia. Terme d’Anatomie. C’est une espèce d’articulation d’os dans laquelle une cavité superficielle reçoit une tête plate. L’articulation de la tête de l’os du bras avec la cavité de l’omoplate s’appelle artrodie.

ARTRON. s. m. Terme d’Anatomie. C’est une jonction naturelle d’os, dans laquelle les bouts des deux os s’entre-touchent. Il y en a deux espèces, la diarthrose & la synarthrose.

Ce mot & le précédent viennent du grec ἄρθρον, article ; ainsi il seroit mieux d’écrire Arthron & Arthrodie, mais l’usage prévaut. & nos Anatomistes l’écrivent comme on fait ici.

ARTROSE, ou plutôt ARTHROSE, s.f. Terme d’Anatomie, qui est grec, ἄρθρωσις, il signifie, articulation. Voyez ce mot.

ARTUS. s. m. Nom d’homme. Il y a eu un Roi Artus qui a régné en Angleterre. Il étoit brave & vaillant : il fut tué dans une bataille par les Saxons. C’est le Roi Artus qui a établi les Chevaliers de la table rende. Quelques-uns disent ARTUR, & d’autres ARTHUS, ou ARTHUR.

Artus. s. m. Nom d’une île. Arturii insula, Arturias. C’est une des Sorlingues, situées au midi de l’Irlande.

ARTZBOURG. Bourg de Bavière, en Allemagne. Artzburgum. Il est sur le Danube au-dessous d’Ingolstad, & il a une Abbaye.

ARTZIBURE. s. m. Nom que les Grecs donnent au premier carême des Arméniens, qui est de cinq jours, & que les Arméniens appellent Surpe fækisi-bax. Artziburus, Jejunum dierum quinque apud Armenios. Les Arméniens appellent ce carême le Jeûne de S.Sergius, ou des Ninivites, ou de Jonas. Le nom d’Artzibure est une pure calomnie, que les Grecs qui sont ennemis irréconciliables des Arméniens, ont inventée. Il n’y a que les Evêques, les Prêtres & les Religieux qui sachent la signification de ce mot d’Artzibure ; le peuple ne sauroit ce qu’on lui voudroit dire, si en lui parloit du carême d’Artzibure. Ce mot d’Artzibure signifie Précurseur, ou Avant-coureur, qui annonce une chose prête a arriver. Les Grecs prétendent que c’étoit le nom du chien de l’hérésiarque Sergius, dont les Arméniens ont été les disciples, & que ce chien fut ainsi nommé, parce qu’il avoit accoutumé de courir devant cet hérésiarque, & avertissoit par ce moyen que son maître étoit proche, afin qu’on le vint recevoir. Ce chien se perdit un jour dans un bois, & Sergius s’étant mis en chemin le lendemain à son ordinaire pour aller au lieu où il l’avoit envoyé, il fut surpris de ce que personne ne venoit au-devant de lui ; mais sâchant qu’Artzibure n’étoit point venu, il se douta que quelque loup l’avoit mangé dans le bois, ce qui se trouva vrai. L’affliction qu’il en eut fut si grande, à ce que prétendent les Grecs, qu’il ordonna un jeûne général, qui se devoit renouveler tous les ans durant toute une semaine. Les Arméniens ne regardent cette fable que comme une imposture inventée par les Grecs, à cause qu’ils observent ce jeûne en mémoire de Saint Sergius martyr, qui étoit Grec, & que les Grecs ne veulent point reconnoitre pour tel, disant qu’un Grec qui s’étoit mis au service des Arméniens, ne pouvoit pas être saint, ni avoir remporté la couronne du martyre, & qu’ainsi ils n’ont inventé la fable du chien de l’hérésiarque Sergius, que pour rendre ce jeûne odieux. P. Hélyot, T. I. p. 100 & 101. Voyez le Typique des Grecs, le Glossaire de Meursius, J. Gasp. Suicer. dans son Trésor Ecclésiastique, & L. Allatius. De Dominicis & Hebdomadibus Græcorum, Sect. 8.

ARU.

ARU. Petite rivière du comté de Sussex, en Angleterre. Elle passe à Arundel, qui en a pris son nom, & va ensuite se jeter dans la mer de Bretagne.

Aru. Ville de l’île de Sumatra. Arus, Arum. Elle est sur le détroit de Malaca, vis-à-vis la ville de ce nom. Aru donne son nom à un royaume dont elle est capitale, & à quelques petites îles voisines.

Il y a encore une île d’Aru parmi les Moluques, dans l’Océan Indien. Elle est au midi de la Terre des Papous. Elle donne son nom aux îles d’Aru, qui sont de petites îles autour de celle-ci.

ARVA, ARAVA, ARWA, AROWA. Petite ville de la haute Hongrie. Arva, Arava. Elle est sur une montagne au pied du mont Krapacz. C’est la capitale du comté d’Arva, petite province qui a le comté de Transchin au couchant, celui de Lipesc au levant, au midi le Wan, qui la sépare du comte de Tutosc, comme les monts Krapacz la séparent de la Pologne du côté du nord. Il est presque tout dans les montagnes.

ARVALE. s. m. Arvalis. Celui qui faisoit autrefois à Rome les sacrifices Ambarvales qui s’offroient à Bacchus & à Cérès pour la prospérité des biens de la terre ; c’est-à-dire, des blés & des vignes. Les Arvales étoient douze, tous gens des plus distingués de Rome, & s’appeloient Frères Arvales, en latin Fratres Arvales, ou le Collège des Frères Arvales, en latin, Collegium Fratrum Arvalium. Ils furent institués par Romulus, qui se mit lui-même du nombre. La marque de leur dignité étoit une couronne d’épis, liée d’un ruban blanc. Ce fut là, selon Pline, Liv. 18, ch. 2, la première couronne en usage à Rome. On dit que les bornes des champs étoient aussi de leur ressort ; mais Turnébe n’en convient pas. Adv. L. XXI. C. 1. Le nom Arvale est latin, dérivé de Arvum, qui signifie un Champ. Pline les appelle Arvorum Sacerdotes, Prêtres des Champs. Fulgence, dans son Livre, De prisco Sermone, explique plus distinctement l’origine de ces Prêtres. Il dit qu’Acca Laurentia, nourrice de Romulus, avoit coutume de faire tous les ans un sacrifice pour les champs ; qu’elle avoit douze fils qu’elle faisoit marcher devant elle dans ce sacrifice ; que l’un des douze étant mort, Romulus en faveur de sa nourrice, promit de prendre la place & le nom de Frère. Il cite sur cela Rutilius Geminus dans ses livres Pontificaux. Pline indique la même chose, en disant que Romulus institua les Prêtres des Champs, à l’exemple d’Acca Laurentia sa nourrice. Il semble que l’analogie de la langue demanderoit que nous dissions Arvaux au pluriel ; mais dans ces mots latins, sur lesquels l’usage n’a rien prononcé, nos Auteurs retiennent la forme latine.

ARUBOTH. Contrée qui étoit du royaume de Salomon, & où il avoit un gouverneur. Aruboth. Ce gouvernement comprenoit encore Secho & la terre d’Epher ou d’Orpher. Ainsi il faut qu’Aruboth fût une contrée voisine de ces deux lieux. S. Jérôme dit que c’étoient les campagnes de Moab, dont la tribu de Ruben fut mise en possession. Ce mot est hébreu, & signifie embûches, ou cavernes, grottes. C’étoit donc sans doute une contrée pleine de grottes & d’antres, propre à tendre des embûches, & à être une retraite de voleurs.

ARVE. Rivière de Savoie. Arva. Elle sort de la montagne appelée Maudite, l’une des glaciales, qui sont toujours couvertes de neige. Elle arrose Cluse & Boncouville, & se décharge dans le Rhône, à un lieu appelé la Queue d’Arva, un peu au-dessous de Genève. On dit que l’on trouvoit autrefois de l’or dans l’Arve.

ARUERIS. s. m. Selon la tradition Egyptienne, étoit fils d’Isis & d’Ofiris, mais d’une façon fort singulière ; car son père & sa mère, qui avoient été conçus dans le même sein, s’étoient mariés dans le ventre de leur mère, & Isis, en naissant, étoit déjà grosse d’Arueris. Cet Arueris fut, dit Plutarque, le modèle de l’Apollon des Grecs.

ARVERNE, ou ARVERNIEN, ENNE. Voyez Auvergne & Auvergnat.

ARVERT. Bourg de Saintonge, en France. Arverta. Il est près de la côte vis-à-vis de l’île d’Oléron, dans la forêt d’Arvert, qui est une petite presqu’île, formée par la rivière de Savion ou de Seudre, & la Gironne.

ARVICITO. Bourg de la Calabre ultérieure, au royaume de Naples. Arvicitum. Il est sur la côte orientale, entre le cap de Stilo & la ville de Castel Vetere.

ARUM. s. m. Plante. Sa tige s’élève peu. Ses feuilles ressemblent à la serpentine, dont elle a les propriétés. Sa graine est aussi jaune que le safran. Le R. P. Plumier, dans ses Plantes de l’Amérique, p. 40 & suiv. distingue six espèces d’arum.

L’Arum montant, à grandes feuilles percées. Arum hederaceum amplis foliis perforatis, s’attache contre le tronc des arbres, de la même façon que nos lierres. Sa tige, qui monte en serpentant, a un peu plus d’un pouce de grosseur, & paroit comme écaillée, à cause des marques des feuilles qui en sont tombées : elle est un peu ridée ; son fond est de couleur de cendre, & les marques des feuilles sont vertes & picotées de quantité de petits points plus foncés : elle jette de part & d’autre quantité de racines, qui s’attachent aux troncs des arbres. La plupart de ces racines sont fort menues & courtes : quelques autres sont fort longues, & un peu plus épaisses qu’une plume à écrire : elles sont rousses, fort souples, & fort adhérentes aux troncs des arbres. La substance intérieure de cette tige est fort blanche, charnue, & mêlée de fibres. Elle pousse des feuilles alternativement fort proches les unes des autres, sur-tout vers le haut, d’environ un pied & demi de longueur, & de neuf à dix pouces de largeur ; elles sont presque pointues au bout, & arrondies vers le pédicule, qui a environ un pied de long, & qui est gros comme le petit doigt, cannelé depuis le milieu jusqu’au bas, mais arrondi dans le reste, & un peu tuméfié dans l’endroit où il s’insère dans la feuille. Ces feuilles sont lisses & membraneuses, tendres, d’un vert fort agréable, plus clair par-dessus que par-dessous. Dans le dessous de la feuille on remarque plusieurs côtes obliques & élevées. Il y a une grande fente dans l’espace compris entre deux de ces côtes, qui ressemble en quelque façon à une plaie ouverte, & rebordée en dedans ; & toute la feuille a quelque apparence d’un masque assez grotesque. Il sort du sein des feuilles supérieures une espèce d’enveloppe, qui est une feuille un peu plus épaisse que les autres, & semblable à celle qui renferme le fruit du pied de veau commun, ou Arum vulgare. Elle a plus de demi pied de long : sa substance est membraneuse, verte par dehors, jaune, luisante, & fort unie en dedans : quand elle s’ouvre, on découvre un fruit fait à peu-près comme un épi de blé de turquie, de forme cylindrique, mais arrondi par le bout : il a environ cinq pouces de long sur un pouce de diamètre ; il est fort tendre, fort poli, de couleur d’or, & comme buriné par carreaux à six pans de la grandeur d’une lentille, disposés comme les cellules d’une ruche de mouches à miel : au milieu de chaque carreau, il y a une petite bossette un peu plus longue que large, de couleur d’azur, de façon qu’il semble que ce soit un saphir, enchâssé dans un chaton doré. Quelques Auteurs ont remarqué que cette plante est un remède souverain contre la morsure des bêtes venimeuses. On en trouve en plusieurs endroits de l’Amérique. C’est le bois des couleuvres du Père du Tertre, Histoire des Antilles, Tr. III. C. 4. §. 13, le Clematis Malabarensis foliis latis colore dracunculi de G. B. le lignum colubrinum primum Acosta Lugd. Lib. XVIII. c. 140. P. Plum.

Arum montant en trèfle, & à oreillons. Arum hederaceum, triphylum & auritum. Cette plante diffère de la précédente, en ce que sa tige est d’un vert cendré, lisse, & qu’elle a plusieurs nœuds annulaires fort près les uns des autres, de chacun desquels il sort une racine fort longue, d’environ une ligne d’épaisseur. Le pédicule des feuilles a presque deux pieds de long ; il est fort large au commencement, & embrasse la tige ; il est creusé en canal jusqu’environ le tiers, puis long d’environ deux lignes d’épaisseur. La feuille qui est lisse, a presque la figure d’un fer de pique, neuf à dix pouces de long, & près d’un demi-pied de large. Elle est accompagnée de chaque côté d’une feuille encore plus petite, & chacune de ces feuilles a une oreillette placée du côté du pédicule. Les fruits naissent parmi les pédicules de ces feuilles, semblables à ceux de nos pieds de veau. Leur enveloppe, qui a neuf ou dix pouces de long, est étranglée vers le tiers de la hauteur, lisse en dedans & en dehors, d’un vert tout-à-fait beau ; mais la moitié d’en-bas du dedans est d’une couleur de feu très-agréable ; le reste vert-pâle. Elle enferme comme deux pilons joints ensemble par un col fort étroit de couleur vermeille, cylindriques & longs de sept à huit pouces, sur plus d’un demi pouce d’épaisseur ; celui d’en-haut est une fois plus long que celui d’en bas. Il est comme doré, & tout buriné par deux lignes spirales, qui montant l’une à droite, & l’autre à gauche, composent un ruisseau, dont les carreaux sont comme joints par une espèce de suture. Ils ont chacun en leur milieu un petit trou fort enfoncé. La partie d’en bas est divisée en carreaux hexagones barlongs de couleur vert gai, dont les extrémités s’emboîtent l’une dans l’autre. Il y a dans le fond de chacun une petite demi-boule blanche, de sorte qu’il semble qu’on ait enfoncé une perle dans une émeraude. P. Plum.

Arum montant, à feuilles fermes, froncées & fendues. Arum hederaceum, soliis bisectis & fulcatis. Outre ses différences marquées dans son nom, parmi les pédicules des feuilles qu’il porte vers le bout, au nombre de sept ou huit, il sort quelques fruits qui penchent en bas, attachés à des pédicules de plus d’un demi-pied de long, sur trois ou quatre lignes d’épaisseur, articulés en deux ou trois endroits, & garnis en chaque articulation d’une feuille creuse, longue, étroite, & grisatre. Ces feuilles enveloppent le fruit dans sa naissance ; il est cylindrique, long d’environ quatre pouces, sur un de diamètre, émoussé par le bout, tout couvert, lorsqu’il sort de ces enveloppes, de quantité de filamens longs & menus comme des cheveux, d’un tanné fort obscur, & entortillés presque comme ceux d’une perruque. Le cylindre est entaillé par des carreaux disposés en réseau de trois à quatre lignes de large. Leur fond est vert ; les angles intérieurs ont chacun une entaillure dentelée, relevée, & qui en occupe tout le fond. Il y a dans le milieu quatre bossettes brunes, disposées en croix de saint André, avec une petite éminence dans chaque coin, semblable à une caroncule. P. Plum.

Les autres espèces sont l’Arum, arbre à feuilles de sagittaire, Arum arborescens, Sagittaria foliis. Son fruit & ses feuilles échauffent & piquent la langue ; mais la racine est douceâtre & d’un assez bon goût. C’est l’Arum Brasilianum arborescens, folio Sagittariæ, Paradisi Batavi, in Predromo. C’est encore l’Aninga Iba de Pison, selon le P. Plumier. L’Arum à tige & à feuilles de la canne d’Inde, Arum caulescens, canæ, Indicæ foliis. L’Arum à feuilles fermes, étroites & pointues, arum foliis rigidis angustis & acuminatis. Quelques-uns le nomment perroquet. Ces espèces différent comme les précédentes par la forme & la grosseur de leurs racines, la figure de leurs feuilles, les couleurs de leurs fruits, & la diversité de leurs carreaux & du raiseau qu’ils forment, &c.

l’Arum, arbre, naît dans les lieux marécageux & humides. Sa racine est presque aussi grosse que le bras, & longue de deux pieds, il ne pousse ordinairement qu’une tige, épaisse d’environ deux pouces, & haute de cinq à six pieds, assez ferme, ronde & noueuse, & presque comme nos roseaux.

l’Arum à tige, a sa racine grosse, presque comme la moitié du bras, & d’une longueur indéterminée. Sa tige, qui est fort droite, s’élève de trois ou quatre pieds de haut, & est épaisse d’environ deux pouces. Au bout de cette tige, il y a sept à huit feuilles fort tendres, d’un pied de long sur demi pied de large. Du creux de leurs pédicules sortent les fruits.

l’Arum à feuilles fermes, a plusieurs racines de différente grosseur. Il pousse plusieurs feuilles dès la racine, pointues & dressées en haut, parmi lesquelles il y a quelques pédicules assez longs, portant chacun un fruit, qui, quand il est mûr, a près de neuf à dix pouces de long sur un pouce d’épais. Le fruit & les feuilles piquent la langue quelque temps après qu’on les a mâchés. Cette plante se voit dans les forêts humides, sur les troncs des vieux arbres, Voyez le P. Plumier, Description des Plantes de l’Amérique, p. 44 & suiv.

ARUN. Nom de rivière. Voyez Aru.

ARUNARD-FIORD. Golfe sur la côte occidentale d’Islande. Arunarius sinus.

ARUNCULA MAJOR. Terme de l’Art hermétique. C’est la matière de la Pierre des Sages.

ARUNDEL. Voyez Arondel.

ARUNER. Voyez Arrumer.

ARURE. s. f. Nom d’une ancienne mesure de terre. Arura. L’arure est un peu moins d’un demi-arpent. Fleury. S. Antoine distribua à ses voisins tous les héritages qu’il avois de son patrimoine, qui étoient trois cens arures de terre très-fertile & très-agréable. Id. L’arure étoit une mesure propre de l’Égypte, comme il paroît par Strabon au commencement de son XVIIe Livre, où il dit que l’Égypte se divisoit en nomes, en toparchies, & les toparchies en d’autres portions, dont les plus petites étoient les arures. L’arure étoit une portion de champ de cent coudées, disent Rosweyde dans son Onomasticon, & Bollandus sur la vie de S. Antoine par S. Athanase.

Ce mot est grec : ἄρουρα, une terre labourable. On dit aussi aroure. Voyez ce mot.

ARUSPICE. s. m. Sacrificateur Romain, qui prédisoit l’avenir, en examinant la qualité & le mouvement des entrailles des bêtes sacrifiées. Aruspex. La superstition des Païens a été jusqu’au point d’ajouter foi aux Augures & aux Aruspices. Annibal reprochoit au Roi Prusias, qu’on consultoit plutôt les entrailles d’un veau pour donner une bataille, que les plus expérimentés capitaines. L’Empereur Claude travailla à conserver la vaine science des Aruspices, de peur qu’elle ne s’abolît tout-à-fait, parce que, disoit-il, les superstitions étrangères le fortifioient tous les jours. C’est ce que lui faisoit peut-être dire le progrès de la Religion chrétionne » que S. Pierre étoit venu pour prêcher dès l’an 42 de Jésus-Christ, selon Eusèbe. Tillem.

Ce mot vient d’haruga, qui signifioit les entrailles des victimes, &, aspicere, regarder, considérer. D’autres soutiennent que ce mot vient de ce que les Aruspices examinoient les entrailles des victimes, pour en tirer leurs prédictions, ad aras, près des autels. Le P. Pezron, Ant. des Celt. prétend que ce mot vient des Celtes ; qui disent, Au, ou Asu, pour signifier jecur, ou hepar ; c’est-à-dire, le foie des animaux. Or, de au, dit-il, & de spicio, qui signifie regarder, on a formé d’abord auspex, pour marquer celui qui regarde & consulte les lobes du foie ; & comme ce mot étoit trop dur à prononcer, on a enfin dit Aruspex ; mais ce qui confirme cela, c’est que la plus célèbre & plus ancienne divination des Augures se faisoit par l’inspection du foie des animaux.

ARUSPICINE. s.f. Aruspicina. C’est l’art de connoître l’avenir par l’inspection des entrailles des bêtes. On avoit réduit en art l’Aruspicine, Jules César, au rapport de Macrobe, fit lui-même plus de seize livres de l’Aruspicine.

ARUVACQUE. Voyez Arovaque.

☞ ARWA. Voyez Arva.

ARWANGEN. Ville de Suisse. Arvanga. Elle est dans le canton de Berne, sur l’Aar, entre Araw & Soleure.

☞ Le Bailliage d’Arwangen est une petite contrée de Suisse, aux frontières du canton de Soleure, & à l’orient du Bailliage de Wangen.

ARWEILLER, ou ARVEYLER. Bourg du diocèse de Cologne, en Allemagne. Arvillera. Il est à quelques lieues au midi de Bonn.

ARY.

ARYE, ou AYMURE, ou GAYMURE. s. m. & f. Nom de peuple. Arus, a. Aymurus, Gaymurus, a. Les Aryes, ou Aymures, sont un peuple du Brésil, qui habite un pays voisin du gouvernement de Porto Seguro.

ARYTÆNOÏDE. adj. Terme d’Anatomie. C’est une épithète que donnent les Médecins à un des cartilages du larynx, qui forme une espèce d’anche, comme celle des flûtes & des orgues. Elle sert a rendre la voix plus aiguë ou plus grave. Scarytænoides, cartilago scaritana.

Ce mot vient à d’arytana, qui signifie le bec d’une éguière, parce que ce cartilage lui ressemble.

ARYTÆNOÏDIEN. adj. Terme d’Anatomie, qui se dit de deux petits muscles qu’on nomme Aritenoïdiens, parce qu’ils prennent leur origine de la partie postérieure du cartilage arytenoïde, & s’insèrent obliquement au même cartilage pour le resserrer. Scaritenoides.

☞ On l’emploie aussi substantivement. Les Arytenoïdiens.

ARYTÆNOËPIGLOTTIQUE. adj. m. & f. Terme d’Anatomie, qui se dit de quelques muscles du larynx. Arytænoepiglotticus, a, um. Ce sont des petits faisseaux charnus, qui sont chacun attachés par une extrémité à la tête d’un des cartilages aritœnoides, & par l’autre extrémité au bord voisin de l’épiglotte. Winslow.

☞ Ce mot est aussi employé comme substantif. m. pl.

☞ ARYTHMES. s. m. Terme de Médecine. Quelques-uns font usage de ce mot pour marquer une défaillance de pouls telle qu’il n’est plus sensible. Il signifie proprement une irrégularité, ou un défaut de règle & de mouvement convenable dans le pouls. Il est formé d’α privatif, & de ἀρυθμός, Modulus. Module, mesure. Encyc. Arytmus, qui n’a point de règle, qui ne garde point de mesure.

ARZ.

ARZÊGAGE. s. m. Bâton ferré par les deux bouts, que portoient les Estradiots, cavaliers albanois, qui servoient en France sous Charles VIII, & Louis XII.

ARZEL. adj. m. Terme de manége, qui se dit d’un cheval qui a une balzane, ou marque blanche au pied de derrière du côté droit, ou au pied hors du montoir de derrière. On remarque cela à cause que les superstitieux croient que ces sortes de chevaux sont malheureux dans les combats.

ARZEN. Ville nommée autrement Arzeo, ou Arzer & Arser. Arsenaria. Elle est dans le royaume d’Alger, sur la côte de la province de Teleusin, à l’orient d’Oran.

ARZENARA. Voyez Argentara.

☞ ARZENGAN, ou ARZINGIAN. Ville d’Asie, dans la province de Roum, en Syrie. Plusieurs la placent dans l’Arménie.

ARZENZA. Rivière de l’Albanie. Genusus, & selon quelques Géographes, Panyasus ; selon d’autres, Spinarza. Après avoir arrosé l’Albanie, elle se jette dans le golfe de Venise, entre Durazzo & Pirgo. On l’appelle aussi Cherveste.

ARZERUM. C’est l’Assyrie propre. Voyez Assyrie.

ARZE5, ARCES. Bourg de l’île de Chypre. Arzus, autrefois Arsinoë, ville Episcopale. Il est dans les terres.

ARZILLE. Ville du royaume de Fez, en Afrique. Arzilla, Zilia, Zelia. Elle est dans la province d’Hazbat, sur la côte de l’Océan Atlantique, plus au midi que Tanger.

ARZUA. Bourg de Portugal. Arzua. Il est dans la province d’entre Duro & Minho. Quelques Auteurs veulent que ce soit l’ancienne Aruduca des Bracares, que d’autres placent à Guilmaranez, dans la même province.

AS.

AS. Nom purement latin, dont nos Antiquaires se servent souvent. As, assis. Ce nom a deux sens. 1°. Il signifie un poids, & en ce sens l’as romain est la même chose que la livre romaine ; & il étoit composé de douze onces. On le divisoit encore en beaucoup d’autres parties, que l’on peut voir dans la loi Servum, de hæredib. infiit. Lib. XIII. Pandect. Les principales étoient l’once, qui étoit la douzième partie de l’as, Uncia ; δωδέκατον, Sextans ; ἕκτον, la sixième de l’as, qui étoit de deux onces ; Quadrans, τέταρτον, la quatrième partie, le quart de l’as, qui contenoit trois onces ; Triens, le tiers ou la troisième partie de l’as, c’étoit quatre onces ; Quincunx, τρίτον δωδέκατον, c’étoit cinq onces ; le tiers de l’as, plus une douzième, ou plus une once. Semis, ἥμισυ, le demi-as, c’est-à-dire, six onces ; Septunx, que les Grecs appeloient ἥμισυ δωδέκατον, c’est-à-dire, la moitié de l’as, plus la douzième partie, qui est une once, c’étoit sept onces, comme le mot latin le signifie ; Bes, δίμοιρον, les deux tiers de l’as, ou huit onces ; Dodrans, δίμοιρον δωδέκατον, les deux tiers, & une douzième, qui sont les trois quarts de l’as, ou neuf onces ; Dextans, que les Grecs appeloient δίμοιρον ἕκτω ; c’est à-dire, les deux tiers & une sixième de l’as : ce qui faisoit dix onces ; Deunx, en grec, δίμοιρον τέταρτον, les deux tiers & un quart de l’as, qui font trois onces : ce qui fait huit onces plus trois onces ; c’est-à-dire, onze onces, & ce que le mot latin signifie ; car Deunx est la même chose que un as moins une once. Les Grecs appeloient l’as entier, λίτρα, Libra, Livre.

2°. De ce sens propre & primitif de l’as, on en avoit fait un autre ; car transportant ce mot à quelque autre chose que ce fût, as signifioit le tout, la chose entière, la totalité d’une chose : Solidum quid. Ce sens avoit lieu principalement dans les successions ; & as signifioit la succession, l’hérédité entière. Ainsi Hériter de quelqu’un ex asse, c’est hériter de tout son bien, être son légataire universel, son unique héritier. Et de même des parties de l’as, hériter ex triente, ex semisse, ex besse, ex deunce, &c. c’est hériter du tiers, de la moitié, des deux tiers, de tout, excepté une douzième, &c.

3°. L’as, & c’est en ce sens sur tout que nous le disons en françois, l’as étoit une monnoie. Eusèbe rapporte dans sa Chronique à l’an 306, que sous Numa Pompilius les as étoient de bois, de cuir & de coquilles. S. Jérôme, dans sa Traduction d’Eusèbe, omet cette dernière espèce. Sous Tullus Hostilius on les fit de cuivre, & on les appela as, libra, pondo : 420 ans après, la première guerre Punique ayant épuisé l’état & les finances, on en retrancha un Sextans, ou deux onces, & on ne les fit plus que du poids du Dextans, c’est à-dire, de dix onces. Dans la suite on ôta encore une once, & on les réduisit au Dodrans, c’est aux trois quarts du premier & véritable as, ou à neuf onces. Enfin, par la loi Papirienne, on en retrancha encore une once & demie, & on les réduisit à sept onces & demie, ce qui s’appelait septunx & semuncia ; & l’on croit communément que l’as resta à ce point tout le temps de la République, & jusqu’à Jésus-Christ. Ce dernier as, s’appelle l’as Papirien, parce que ce fut C. Papirius Carbo, qui, l’an de Rcme 563, sous le consulat de L. Cornélius Scipion, & de C. Lælius Népos, étant Tribun du peuple, fit la loi dont nous avons parlé. Lex Papiria. Ainsi il y a eu quatre as différens pendant le temps de la République. La marque de l’as étoit d’un côté une tête de Janus à deux visages, & de l’autre un bec de navire ; rostrum navis, c’est-à-dire, une proue de navire, l’avant d’un vaisseau. C’est ce que nous voyons encore sur plusieurs as qui nous restent, & qui se conservent dans plusieurs cabinets d’Antiquaires ; & ce qu’Ovide dit être Janus, le navire qui amena Saturne en Italie, Fasior. Lib. I, v. 231.

Noscere me duplici posses in imagine, dixit.

C’est Janus qui parle, & v. 239 & 240, après avoir dit que Saturne chassé de ses états par Jupiter, vint dans la partie de l’Italie, qui de son nom fut appelée Saturnia, & Latium, parce qu’il s’y cacha. Latente Deo. Il ajoute :

At bona posteritas puppim signavit in are,
Hospitis adventum teslificata Dei.

As. C’est à Amsterdam une des divisions de la livre, poids de marc ; 32 as font un engel ; 10 engels font un loot, & 32 loots font la livre.

Quoique ce nom as soit latin, il est d’usage dans notre langue, & l’on ne peut guère s’en passer. Ce mot n’a point de pluriel dans notre langue ; il est indéclinable, comme on peut le voir ci-dessus. Il vient de αἳς, mot grec du dialecte dorien, que ce peuple disoit pour εἷς, un. L’as, comme nous l’avons dit, signifioit une chose toute entière ; c’est le sentiment de Gronovius, De Pecun. vet. Lib. IV, c. 17. Budé a écrit cinq livres de l’as & de ses parties. Voyez encore Pline, Hist. nat. Lib. XXXIII, cap. 3. Cenalis, Evêque d’Avranches. De Pond, ac Mens. rat. Hotman. Antiq. Roman. Liv. IV, c. 1, 8, 9. Alex, ab Alex. Dier. Genial. L. I. c. 1. Thom. Godwin, Anthologia Hist. Rom. Lib. III. sect. 4, c. 15. Le grand as, c’est à dire, le premier qui fut fait d’une livre romaine, ou de douze onces, vaut, selon Pitiscus, 4 deniers & demi, une demi-obole, & la quatrième partie d’une pite.

As. s. m. Terme de Jeu. Il faut prononcer le s. Au jeu de dez, il se dit d’un seul point marqué sur une des faces du dez que l’on joue. Au jeu des cartes, on le dit de celles qui n’ont qu’une seule figure marquée au milieu. Monas tesseræ. Monas solii lusorii. Amener rafle d’as, ambesas, C’est un as de pique. On s’en sert figurément pour marquer le mépris qu’on a pour quelqu’un.

AS, ou ASH. Nom fameux dans les Histoires fabuleuses du Nord. As, ou Asa. Selon l’opinion commune, c’étoit un Dieu des peuples septentrionaux ; mais selon M. Sperlingius, les Asiaiques chassés par Pompée de leurs pays, se retirèrent dans le Septentrion. Comme ils étoient extrêmement polis & délicats, ils méprisoient les mœurs barbares des septentrionaux, qui les regardoient avec admiration, & comme des espèces de Divinités : & pour marquer quelque chose de grand, d’excellent, de magnifique, ils se servirent du nom ase, & aeser, & le donnèrent même à leurs Dieux. Cette Dissertation de M. Sperlingius se trouve dans les Nouvelles littéraires de la mer Baltique, l’an 1699, au mois de Juin, p. 174.

ASA.

☞ ASAD-ABAD. Ville, ou gros bourg de Perse, dans l’Irac-Agemi, aux frontières du Curdistan, à six ou sept lieues de chemin de Hamadan.

ASAN. Ville de la Terre-Sainte. Asan. Elle fut d’abord attribuée à la tribu de Juda, ensuite elle fut donnée à celle de Siméon, & aux Lévites. Il y avoit proche de cette ville un lac qui prenoit son nom, & s’appeloit le lac à d’Asan.

ASAPHAT. s. m. C’est une espèce de serpigo, ou d’impetigo, ou gratelle entre cuir & chair, qui engendre dans les pores des espèces de vers, qui sortent de la peau, lorsqu’on la presse, en forme de longs filets avec une tête noire. Asaphatum. Dict. de James.

ASAPPE, ou comme écrivent M. d’Herbelot & D. C. AZAPE. s. m. C’est un nom turc. Asappi. Les Turcs appellent Asappes, les troupes auxiliaires qu’ils lèvent parmi les Chrétiens de leur domination, & qu’ils exposent au premier choc des ennemis ; afin que les janissaires & les spahis fondent ensuite tout frais sur l’ennemi déjà fatigué. Voyez Hornius Orbis Politici, pag. 32. M. d’Herbelot, au mot Azabistan, dit, Azabistan, les Azappes, les recrues, les nouvelles troupes, dans lesquelles on n’enrôle que des gens libres & non mariés. C’est un mot arabe habillé à la persienne. Les Azappes sont comme aventuriers, qui sont si peu estimés, qu’ils servent quelquefois de pont à la cavalerie pour passer dans les mauvais chemins, & de fascines pour remplir les fossés des places qu’on assiège. La plûpart sont encore Turcs naturels. Ils vont tous à pied, & n’ont que ce qu’ils peuvent prendre sur l’ennemi. Voyage du Levant par D. C.

Ce nom vient du verbe turc, Saph, qui signifie, rang, file, ordre de bataille, d’où se forme asphaph, ranger en bataille.

ASARATH. Terme de Botanique. C’est une plante des Indes presque semblable au chanvre. Ses feuilles ressemblent parfaitement à celles du chanvre. On pile les feuilles & les semences de cette plante, & l’on en fait une espèce de confection avec le musc, & quelques aromates, dont les Persans & les Indiens se servent pour s’échauffer le sang, & pour se donner de l’appétit. Quand ils veulent oublier leurs chagrins, & même leurs maux, ils mêlent dans cette confection de l’aréca, qui n’est point encore mûr, & même de l’opium ; & cela les fait dormir sans inquiétude. Cette composition est fort estimée dans toutes les parties de l’Asie. Lémery.

ASARINE. s. f. Asarina. Plante ainsi appelée par je ne fais quelle ressemblance avec le cabaret, ou Asurum ; autre plante d’un caractère bien différent. L’Asarine croit sur les rochers dans les Cévennes, en Languedoc ; ses racines qui sont assez menues, cependant vivaces, jettent quelques tiges deçà & de-là, couchées par terre, rampantes, longues d’un demi-pied environ, velues, & garnies de feuilles alternes semblables à celles du lierre terrestre, mais plus charnues, & couvertes d’un poil blanchâtre. Ses fleurs, qui naissent des aisselles des feuilles, ressemblent à celles du mufle de veau : elles sont jaunâtres ou pâles. Son fruit approche de celui de la linaire, en sorte que l’Asarine ne se distingue du mufle de veau que par son fruit, & de la linaire par sa fleur, qui n’a point d’éperon. Cette plante n’est pas usitée en Médecine, quoique Lobel lui attribue plusieurs propriétés. On dit qu’elle est apéritive & abstersive.

ASARUM. s. m. Asarum. Plante. Ses tiges sont très-courtes. Ses fleurs sont en forme de clochettes & odorantes. L’asarum est toujours vert. Les Médecins s’en servent pour atténuer, pour résoudre, pour guérir les duretés du foie & de la rate. Voyez Assara Baccara.

ASB.

ASBAMÉEN. Jupiter avoit un temple dans la Cappadoce, auprès de la ville de Tyane, où il étoit adoré sous le nom de Jupiter. Asbaméen. Voyez Am. Marcellin.

☞ Il y avoit aussi une fontaine de ce nom, consacrée à Jupiter, dont les eaux étoient fatales aux mechans & aux parjures. Voyez Philostrate. Vit. Apollo.

☞ ASBANIQUET. Ville d’Asie, dans la province de la Transoxane. Longitude 90°. 30’, latitude septentrionale 40°.

ASBESTE. Asbestinum. Matière incombustible. On prétend que c’est une espèce de lin fort délié, & aussi fin que la soie, lequel croit sur les Pyrénées. Les Anciens parlent de certains linceuls dans lesquels ils brûloient les morts, & que le feu ne consumoit point. On peut voir une expérience de l’asbeste dans les Transactions Philosophiques d’Angleterre, de Juin 1685. C’est une pierre noirâtre qu’on appelle aussi Amiante. Elle se divise en filamens blancs, qui ont servi à faire les linceuls dont les Anciens ont parlé. Quelque temps qu’on la laisse dans le feu, elle ne se consume pas, quoiqu’elle soit en feu comme un charbon allumé. On en trouve dans l’île de Négrepont ; & c’est celle qui est appelée Carystius lapis par les Naturalistes.

ASBIN. Royaume d’Afrique. Regnum asbinum. Il est dans la côte d’Or, en Guinée, & est très-petit.

ASBOURG. Village d’Allemagne. Asciburgium. Il est dans le comté de Meurs, au levant de la ville de ce nom.

ASC.

☞ ASCAGNE. Nom propre. Ascanius, fils d’Enée & de Creuse. Il passa dans le Latium avec son père, après la ruine de Troie, où il fonda la ville d’Albe.

ASCALAPHE. s. m. Etoit fils de l’Achéron, selon la fable.

ASCALON. Ascalon, Ascalo ; en hébreu, אשקלון Ville qui signifie appensio, statera, l’action de peser, ou balance ; ou bien ignis prophanus, feu prophane, ou infâme, selon qu’on le dérive de שקל, peser ou de אש et קלה, d’où se forme קלון, ignominie, infamie. Ascalon étoit une des Satrapies des Philistins, & par conséquent elle étoit de Palestine. Cependant Josephe, Ant. Liv. V, Ch. 3, la met dans l’Idumée supérieure. Le Géographe Etienne dit qu’elle fut bâtie par Ascalus, fils d’Hymenée. C’est apparemment une fable. L’Ecriture ne nous apprend rien de son fondateur. Hégésippe l’éloigne de 720 stades de Jérusalem. Azot, Gaza, Ascalon, Geth & Accaron, étoit les cinq villes capitales des cinq provinces des PhiListins. Saci. Ascalon a eu un évêché suffragant de Jérusalem. On l’appelle aujourd’hui Scalona. Maty.

Ascalon, est représentée sur les médailles, sous la figure d’une femme couronnée de tours, appuyée de la main droite sur une haste, & tenant de la gauche le bec ou l’éperon d’un navire, & ayant à droite un autel, & à gauche un pigeon. Voyez Tristan, pag. 304 ; Patin, pag. 151 & le Cardinal Noris, pag. 431. Diodore de Sicile dit que Derceto, Déesse des Philistins, ayant mis au monde une fille, en eut tant de honte, qu’elle l’exposa dans un lieu désert ; mais que des pigeons la nourrirent de lait d’abord, puis de fromage qu’ils alloient prendre dans les maisons des paysans, & qu’ils lui apportoient dans leur bec, & lui mettoient dans la bouche. C’est, selon le Cardinal Noris, la rasion pourquoi Ascalon a des pigeons dans ses médailles. Hérode orna fort Ascalon, parce que c’étoit sa patrie.

ASCALONITE. f m. & f. Qui est d’Ascalon, natif originaire, habitant d’Ascalon. Ascalonita, Ascalonites. Le premier Hérode, surnommé le Grand, sous le règne duquel Jésus-Christ vint au monde, étoit Ascalonite.

Ascalonite. s. & adj. C’est le nom ou épithète que l’on donne aux échalottes. On les appelle ainsi à cause qu’elles viennent de la ville d’Ascalon, en Judée.

ASCANIE. Petite ville d’Allemagne. Ascania. Elle est dans la principauté d’Anhalt, sur le Wipper, près d’Ascherichen. Ascanie est fort ancienne, & a titre de comté. Les Comtes d’Ascanie sont la tige des Princes d’Anhalt.

ASCARIDE. s. m. Ver. C’est un nom que les Médecins donnent à un petit vers qui s’attache au fondement, & qui tourmente beaucoup Les Ascarides sont des vers ronds & courts, qui se produisent dans le rectum, qui est le dernier des gros intestins ; & ils s’appellent Ascarides, d’un terme grec qui signifie agile & remuant, parce que ces petits vers sont dans un mouvement continuel. Les ascarides font de la grosseur & de la figure d’une grosse aiguille à coudre.

Ce mot vient du grec ἀσκαρίζω, qui signifie sauter. Cette sorte de ver ne fait que remuer.

Ascarides, est aussi une espèce de petits vers qui s’attachent aux plantes, & plutôt à celles qui sont dans des pots qu’aux autres. Pour purger les plantes d’ascarides, il faut mettre le pot dans un sceau, au lond duquel il y aura de l’eau, en sorte que le pot trempe dans l’eau à la hauteur de 5 ou 6 doigts. Il n’y aura pas été l’espace d’un quart-d’heure, que ces petits insectes chasses par l’humidité sortiront. Chom.

A SÇAVOIR. Sorte d’adverbe, ou particule. Nempè, scilicet. Ce mot a trop vieilli pour s’en servit encore. A sa place on dit, savoir. Voyez Savoir.

ASCENDANT, ANTE. adj. Terme de Généalogie, & de Jurisprudence. ☞ Qui va en montant. Il se dit en ce sens de ceux dont on est né. Ligne ascendante. Il n’a guère d’usage que dans cette phrase. Il étoit éloigné de trois degrés en ligne ascendante.

Ascendant, en termes d’Astrologie, se dit des astres qui montent sur l’horizon. Astra ascendentia. Les Astrologues observent avec attention les signes ascendans. Ils prétendent que le point ascendant a beaucoup d’influence sur la naissance & sur les événemens de la vie.

Ascendant, se dit aussi en Astronomie, en parlant des astres qui montent sur l’horizon. Le nœud ascendant est le point où une planète coupe l’Ecliptique en allant du midi au nord. La latitude ascendante, est la latitude d’une planète qui va vers les pôles. Signes ascendans sont ceux qui s’avancent vers le pôle boréal, & qui sont compris entre le Nadir & le Zenith.

Ascendant, ante, en termes d’Anatomie, se dit des vaisseaux qui portent le sang en haut, ou des parties inférieures dans les supérieures. Le tronc supérieur de l’aorte, que l’on appelle artère ascendante, se divise bientôt en deux autres troncs, qui sont nommés souclaviers. Dionis. Les deux veines iliaques d’un côté, avec les deux iliaques de l’autre, commencent à former à l’endroit de l’os sacrum une très-grosse veine, que l’on nomme la veine cave ascendante. Dionis. Plusieurs Auteurs ont nommé cette veine descendante ; parce qu’ils croient que le sang descendoit du foie par cette veine, pour nourrir les parties qui sont au-dessous du diaphragme ; mais parce qu’on est assuré qu’elle a un usage tout contraire, qui est de porter le sang des parties inférieures au cœur, on la nomme ascendante. Id.

Ascendant, se prend aussi substantivement en matière de généalogie, & désigne ceux dont on est descendu. Le mariage est défendu entre les ascendans & les descendans en ligne directe. Les ascendans sont les pere, mere, aëul, bisaïeul, &c.

☞ En termes d’Astrologie, il signifie le point du ciel, ou le degré du signe qui monte sur l’horizon au moment de la naissance de quelqu’un. On l’appelle aussi dans le thème céleste, la première maison, l’angle oriental & le significateur de la vie. Natalitia astra, sydera natalia. Une telle planète dominoit à son ascendant. Il avoit Mars à l’ascendant.

☞ On le dit aussi sans aucun rapport à la nativité des persones. Une telle planète étoit à l’ascendant, ou à son ascendant, quand il s’éleva une furieuse tempête.

Ascendant, se dit en Morale, de l’humeur, de la pente, de l’inclination naturelle qui nous porte à faire quelque chose. Indoles, innata voluntatis inclinatio. On a de la peine à vaincre son ascendant. L’ascendant est plus fort que tout. Mol.

On ne peut réprimer

Cet ascendant malin qui vous porte à rimer. Boil.

Et d’ailleurs l’affreuse indigence,
Astre fatal, dont le triste ascendant

Sur les Muses toujours répand son influence.

Ascendant, se dit aussi figurément d’une supériorité qu’un homme a sur l’esprit d’un autre, par laquelle il le domine & le gouverne, sans qu’on puisse quelquefois en apporter rasion. Auctoritas. Pour gagner votre rapporteur employez un tel de ses amis ; il a un grand ascendant sur son esprit. Un ministre doit être froid, & taciturne, pour parler avec plus d’ascendant & avec plus de poids. La Bruy. Ce n’est guère pour corriger les gens qu’on les censure ; c’est pour prendre un ascendant sur eux, & montrer une supériorité de génie. Il y a des gens qui naissent avec un certain ascendant qui leur donne la supériorité sur tout le monde. Amel.

Ascendant, se prend encore pour je ne sais quel secret avantage que de certaines gens ont sur d’autres, soit dans la guerre, soit dans le jeu. Un tel étoit grand Capitaine, mais un tel avoit pourtant de l’ascendant sur lui. Je ne veux plus jouer avec vous, vous avez trop d’ascendant sur moi. ☞ M. Corneille dans Rodogune, a dit l’ascendant d’un premier mouvement. L’expression est impropre. Ascendant vient de la supériorité. Un mouvement n’a point d’ascendant. Volt.

Ascendant, se dit aussi de cette manière impérieuse dont on déclare son avis, & dont on a coutume de décider les questions. Il parle avec un ascendant qu’on ne peut supporter. Il n’y a personne qui ne soit choqué de cet ascendant, parce qu’il représente l’image d’une ame fière & hautaine. Nic. Avoir un ascendant incommode & plein de fierté. Id.

ASCENDRE. v. n. Vieux mot. Monter, du latin ascendere.

ASCENSION. s. f. Élévation. Ascensus. ☞ On le dit au propre, en Physique, de l’action, du mouvement par lequel un fluide monte dans les pompes, dans les tuyaux capillaires. Il y a dans les mémoires de l’Académie des Sciences 1724, p.94, une nouvelle hypothèse sur l’élévation des liqueurs dans les tuyaux capillaires. Elle est de M. Petit, Médecin, qui dit, élévation. Mais M. Fontenelle, dans l’Hist. p. 1, parlant de cette hypothèse, dit, ascension des liqueurs dans les tuyaux capillaires. Ce mot paroît consacré par l’usage. Les fibres des racines les plus exposées à l’ascension des vapeurs de la terre. Dodart. Acad. 1700. Mém. pag. 53, 55.

Ascension, se dit encore au propre de l’élévation miraculeuse du Sauveur, quand il monta au ciel en corps & en ame, en présence de ses Apôtres. Christi in cælum ascensus. Il signifie aussi la fête qu’on célèbre en son honneur quarante jours après Pâques. Anniversarius dies Christi in cælum ascendentis. Le jour de l’Ascension. On appelle aussi Ascension, une estampe qui représente le mystère de l’Ascension. Imago Christi in cœlum ascendentis. J’ai une belle Ascension.

Ascension. Terme d’Astronomie. L’Ascension droite d’une étoile ou d’un point du ciel, quel qu’il soit, n’est autre chose que l’arc de l’équateur, compris entre le commencement du bélier, & le point où coupe l’équateur le cercle secondaire, compris entre cette étoile & l’équateur ou cercle équinoxial : la déclinaison est septentrionale ou méridionale, suivant que l’étoile se trouve écartée de l’équateur vers l’un ou l’autre pôle. De-là vient que les cercles secondaires de l’équateur sont aussi appelés Cercles de déclinaisons. Institut. Astronom. p. 359. L’Ascension oblique d’une étoile est l’arc de l’équateur compris entre le premier point du bélier & le point de l’équateur, qui dans la sphère oblique se leve en même temps que l’étoile : elle doit donc toujours être comptée du même sens, mais elle sera différente selon les diverses obliquités de la sphère, p.370. On calcule de même l’ascension oblique d’un certain point de l’écliptique, & de tout autre point du ciel. Il y a des tables des différences ascensionnelles pour toutes les élévations du pôle, chez Magin, Argolus, & chez les Auteurs qui ont traité de la Sphère.

☞ Dès qu’on connoît le cercle de déclinaison d’une étoile, n’en de plus facile que de connoître son ascension droite. Car tous les cercles de déclinaison coupent l’équateur en quelque point. L’arc de l’équateur intercepté entre le cercle de déclinaison d’une étoile quelconque, & le point où l’équateur concourt avec l’écliptique, qui est le premier degré du signe du bélier, marque l’ascension droite de cette étoile. Supposons, par exemple, que le cercle de déclinaison de l’étoile B coupe l’équateur vis-à-vis le premier degré du signe du cancer, l’étoile B aura 90 degrés d’ascension droite, parce que l’arc de l’équateur compris entre le cercle de déclinaison de l’étoile B, & le point où l’équateur concourt avec l’écliptique, sera précisément un quart de cercle.

☞ Ainsi les étoiles qui se trouvent au premier degré du signe du bélier, & toutes celles dont le cercle de déclinaison qui passe par le point où l’équateur concourt avec l’écliptique, n’ont point d’ascension droite.

Ascension, se dit proverbialement en ces phrases : à l’ascension, blanche nappe & gras mouton ; pour dire, qu’en ce temps-là on quitte le veau pour manger du mouton. On dit aussi d’une chose qui est toujours en même état, qu’elle ne va, ni ne vient, qu’elle est comme l’Ascension, qui n’avance ni ne recule.

L’île de l’AscenJion, ou Acemçaon, est une ile de l’Océan éthiopien, au midi de la Guinée, sous le dixième degré de longitude, & le huitième quelques minutes de latitude. Les Portugais la nommèrent ainsi, parce qu’ils la découvrirent le jour de l’Ascension. Maty. Ils en ont encore une autre de même nom dans l’Amérique méridionale, près du Brésil.

Ascension, petite ville de l’Amérique méridionale, dans l’île Marguerite, près de la côte de la nouvelle Andalousie.

ASCENSIONEL, ELLE. adj. En termes d’Astronomie, on a nommé différences ascensionelles, les différences des ascensions droites & obliques.

ASCÉRADE. Bourg de Livonie, en Suède. Ascerada. Il est sur la Dwine, entre Riga & le bourg de Kakenhaus.

ASCÈTE. S. de t. g. Asceta, Ascetes. Ce nom qui est grec, & qui signifie proprement celui, ou celle qui s’exerce, a été appliqué en particulier, & dès les premiers temps de l’Eglise, à ceux qui s’occupent aux exercices de la vertu dans une vie retirée, & sur-tout à ceux de l’oraison & de la mortification. Ensuite on l’a donné en général aux Moines, sur-tout à ceux qui vivoient en solitude. On l’a dit aussi des Religieuses. Ce mot peut avoir tous ces sens en notre langue ; mais il est un peu usité. Origène marque les différens états des Chrétiens, les uns attachés uniquement au service de Dieu, dégagés des affaires temporelles & combattans pour les foibles par les prières, les jeûnes, &c. C’étoit les Ascètes, dont peu de temps après vinrent les Moines. Fleury.

Ce mot vient du grec ἀσκηταὶ, qui est formé d’ἀσκέω, exercer, j’exerce.

ASCÉTÈRE. Asceterium. Ce mot, qui dans son origine veut dire un lieu d’exercices, se prend pour Monastère, parce que les Monastères sont les lieux où l’on s’exerce dans la pratique de la vertu.

ASCÉTIQUE. adj. Asceticus. Qui concerne les ascétes. Ce mot a servi de titre à plusieurs livres d’exercices spirituels & méditations pour la vie religieuse, comme les Ascétiques, ou Traités spirituels de S. Basile le Grand, Archevêque de Césarée, en Cappadoce. Le Père Don Luc d’Achéri a fait une bibliothèque Ascétique. On appelle la vie ascétique, la pratique & l’usage de l’oraison & de la mortification, ou la vie passée dans ces exercices. C’est un terme de spiritualité & de Théologie mystique.

Ce mot vient du grec ἀσκεῖν, se exercere, d’où vient ἄσκησις, parce que l’ame s’exerce & s’occupe dans la méditation des grandeurs de Dieu.

Ascétique, se dit aussi des personnes qui s’exercent dans la vie ascétique, comme les Solitaires.

Tel que l’Hermite Paul, ou l’Ascétique Antoine,
J’étois dans un désert affreux,
Le disputant au plus austère Moine,
Fût-il Camaldule, ou Chartreux,

l’Ab. Genest.

ASCHAFFENBOURG. Ville de Franconie, en Allemagne. Aschafenburgum. Elle est dans l’électorat de Mayence, sur le Mein.

☞ ASCHARIOUNS, ou ASCHARIENS, distiples d’Aschari, célèbre Docteur parmi les Musulmans. Dieu étant, disent-ils, un agent général & universel, il est aussi véritablement le créateur & l’auteur de toutes les actions des hommes ; mais les hommes étant libres, ils ne laissent pas d’acquérir un mérite on un démérite, selon qu’ils se portent volontairement vers les choses qui leur sont commandées ou défendues par la loi. Ils passent, dit d’Herbelot pour très-orthodoxes : ils soutiennent la prédestination absolue & gratuite, & la prédéterminatiun physique, & sont parmi les Mululmans ce que sont les Thomistes les plus rigoureux parmi les Chrétiens.

ASCHAW. Village de la haute Autriche, en Allemagne. Il est au confluent de l’Ascha & du Danube. Quelques Géographes prennent Aschaw pour l’ancienne Joviacum du Norique, que d’autres soutiennent être Stamberg, & d’autres Franckennark, villages de la haute Autriche.

☞ ASCHBARAT. Ville d’Asie, dans le Turquestan, au-delà de Sihon ou Jasartes, à trente journées de chemin de Samarcand.

☞ ASCHBOUKKAN. Ville d’Asie, dans la province de Korafan, à 100 degrés de long. & à 36 degrés, 45’de lat. sept.

ASCHENEZ. s. m. Ce nom est pris dans l’Ecriture pour les peuples d’Arménie, & de Médie par quelques Auteurs. D’autres le prennent pour un peuple du Nord. Les Rabbins appellent les Allemands Aschénez. D’autres veulent que ce soit l’Asie mineure, & ils y placent l’Ascanie, qui est une partie de la Phrygie & de la Mysie. Onkelos, dans ss Paraphrase chaldaïque sur la Genèse, entend par ce mot la Caramanie, autre grande contrée de l’Asie mineure, si l’on en croit Grotius ; & selon lui, c’est ce qui a donné occasion à l’erreur des Rabbins, qui ont pris ce nom pour la Germanie. Il est certain que l’endroit où Jérémie en parle, G. LI. v. 27, ne peut s’entendre ni de la Germanie, comme font les Rabbins, ni de la Gothie. Car soit que le Prophète parle là de l’armée que Darius opposa à Alexandre, ou de celle des Babyloniens contre les Médes, ces Princes ne tirèrent point de troupes ni de la Germanie ni de la Gothie, qui n’étoient point sous leur puissance. Pour Onkelos, je ne sais où Grotius a pris qu’il interprète ce mot Caramanie. Car certainement Aschenez ne se trouve dans tout le Pentateuque qu’une seule fois, Gen. X, 3, & là, comme par-tout ailleurs, Onkelos ne met purement que le mot hébreu Aschenez. Tout ce que l’on peut inférer de ceci, c’est qu’Aschenez étoit un peuple de l’empire d’Assyrie.

ASCHERLEBEN. Ville de la haute Saxe. Aschaleba. Elle est du cercle de haute Saxe, & située sur la Weppre, près d’un lac auquel elle donne son nom, dans la principauté d’Anhalt, à cinq lieues à l’ouest de Bembourg.

ASCHIA. s. f. Ombre. Aschia. Poisson qui se trouve dans les fleuves rapides peu profonds & pleins de cailloux ; il passe pour un excellent manger. Ce qu’on en emploie en Médecine est la graisse, qui, dit-on, emporte les taches & les taies des yeux ; fondue au soleil & mêlée avec du miel, elle efface les taches de rousseur, & les marques que la petite vérole a laissées. Dict. de James. Voyez Ombre.

ASCHOLIES. s. m. & pt. Terme de Mythologie, Voyez Ascolies.

☞ ASCHTIKAN. Ville d’Asie, dans la Tartarie, au-delà de l’Oxus, à seize lieues de Samarcand, & à dix de Kuschania.

ASCI. Plante des îles de l’Amérique. Elle vient ordinairement de la hauteur de 5 ou 6 palmes, quelquefois de la hauteur d’un homme, quand elle est dans un bon fonds. Elle jette beaucoup de branches. Sa fleur, qui est blanche & petite, ne sent rien. Son truit est de différentes sortes, mais il a le goût du poivre ; les Américains en assaisonnent leurs mets, & les Européens en usent aussi. Il pousse des espèces de gaines rouges, & creuses, qui sont longues comme le doigt, dans lesquelles sont enfermées les semences. On en éleve en France. Il y en a encore d’autres sortes dont parle Gonzalve d’Oviédo dans son Histoire des Indes, Liv. VII, ch. 7.

ASCIEN. s. m. Terme de Géographie & d’Astronomie. Nom que les Astronomes donnent à ceux qui habitent la zone torride, & qui n’ont point d’ombre à midi, parce que le soleil est a leur zénith. Il vient du grec α & σκιὰ, qui signifie sans ombre.

ASCITE. s. m. Ascita. Nom d’une secte Montaniste, qui parut au IIe siècle. Ce nom vient du grec ἀσκός, qui signifie un outre, une peau de bouc. Les Ascites furent ainsi nommés, parce qu’ils introduisoient des espèces de bacchanales dans leurs assemblées, dansant autour d’un outre enflé, disant qu’ils étoient ces outres neufs pleins de vin nouveau, dont parle Jésus-Christ en S. Matth. IX. ch. 17, &c. S. Aug. hér. 62. Il ne faut pas dire Ascile, comme quelques Dictionnaires, qui ne font que copier celui d’Hoffman & toutes ses fautes.

Ascite. s. f. Terme de Médecine, qui se dit d’une des espèces d’hydropisie. Ascites. C’est l’hydropisie dans laquelle l’eau est renfermée dans le ventre, en sorte que quand le malade remue le corps, l’eau se meut aussi, & que l’on peut remarquer son mouvement & sa fluctuation. C’est la définition que Celse en donne dans son IIIe Livre, C. 21. Intus in uterum aqua contrahitur, & moto corpore, ita movetur, ut impetus ejus conspici possit. Nos Médecins se servent de ce mot en notre langue. Elle étoit morte d’une espèce d’hydropisie ascite, qui avoit duré cinq ans. Littre, Mém. de l’Acad. des Sc. 1703, p. 90. Un enfant de 14 à 15 ans, après avoir beaucoup souffert, étant dans une grande nécessité, & attaqué d’une fièvre lente, qui le jeta dans une ascite, fut rétabli & guéri par la ponction, aidée d’une méthode particulière que M. Duverney le fils décrit. Acad. des Sc. 701. Mém. p. 191. Voyez encore Hydropisie. Ce mot est grec, ἀσκίτης, & vient de ἀσκός, uter, utris, outre.

ASCITIQUE. adj. m. &. Terme de Médecine. Malade d’une hydropisie ascite. Asciticus, a, um. Une femme devint ascitique par une suppression de vidanges, arrivée quelques jours après être accouchée, & causée par un grand chagrin. Duverney, fils, Acad. 1702. Mém. p. 214. Une fille ascitique fut guérie après une seule ponction, par l’usage d’une tisane faite avec la racine d’iris, d’orties piquantes, & d’oseille ronde. Id. p. 132, 133. Il se rencontre quelquefois des ascitiques où la fluctuation & le contre-coup ne sont pas sensibles en frappant sur les côtés opposés, soit à cause d’une tension extraordinaire, soit par l’épaisseur des tégumens. Alors, pour s’en assurer, il faut mettre la main sur l’ombilic, & avec l’autre frapper de bas en haut. Id. p. 162.

ASCLÉPIADE. adj. Terme de Poësie latine & grecque. Asclepiadæus. Le vers asclépiade est composé de quatre pieds, dont le premier est un spondée, le second un coriambe, & les deux derniers deux dactyles :

Mœcenas atavis edite Regibus.

Ou bien de quatre pieds & une césure, le premier spondée, le second dactyle, après lequel vient la césure, puis deux dactyles. Il tire son nom d’Asclépiade, Poëte grec, qui en fut l’inventeur.

ASCLÉPIAS. s. m. Plante qui croît dans les montagnes. Ses branches sont longues, & ses racines menues & odorantes. Ses feuilles ressemblent à celles du lierre. Elle a tiré son nom d’un fameux Médecin qui la mit en usage. On la nomme aussi vincetoxicum, du mot latin vincere, vaincre, & du grec τοξικὰ, les venins auxquels elle résiste. Ses feuilles sont plus longues & plus étroites que celles du lierre : on les emploie entre les vulnéraires.

ASCLÉPIES. s. f. pl. Fêtes qu’on célébroit en l’honneur de Bacchus dans toute la Grèce, sur-tout à Epidaure où se faisoient les grandes Asclépiades, Megalosclepia.

ASCODROGITE, & non pas ASCRODROGILE, comme disent quelques Dictionnaires, après celui d’Hoffman. Ascodrogita. Philastrius appelle Ascodrogites, les hérétiques que S. Augustin appelle Ascites. Voyez ce mot.

Ascodrogite vient d’ἀσκός, outre, pour drogite : je ne fais pas trop où Philastrius l’a pris, ni d’où il l’a tiré.

ASCODROUTE, ou ASCODROUPITE. s. m. & f. Nom de secte. Les Ascodroutes, hérétiques du IIe siècle, rejetoient les Sacremens, disant que les choses incorporelles ne pouvoient être communiquées par des choses visibles & corporelles. Ils faisoient consister la rédemption parfaite dans la connoissance de l’univers, & ne baptisoient point. Voyez Théodoret, Lib. I. hæret. Fab. cap. 10.

ASCOLI. Ville d’Italie. Asculum Picenum, ou Anconitanum. Elle est dans la Marche d’Ancone, au confluent du Castellano & du Tronto. Ascoli est une ancienne ville.

ASCOLIES. s. f. pl. Ascolia, orum. C’est le nom d’une fête que les paysans de l’Attique célébroient en l’honneur de Bacchus. Ils lui sacrifioitnt un bouc, de la peau duquel ils faisoient un balon, qu’ils enfloient, & qu’ils flotoient de matière onctueuse. Les jeunes gens en jouoient en se tenant dessus d’un pied, & l’autre en l’air, & par leur chute divertissoient les spectateurs. C’est de-la que cette fête prit son nom. Car ἀσκός, signifie un outre, ou peau de bouc.

☞ ASCOLOTL. s. m. Nom d’un poisson sans écaille, qui se nourrit dans le lac, au milieu duquel est située la ville du Mexique. Il a la figure d’un lézard, & ses pieds lui servent de nageoires. Il est bon a manger, & son goût est le même que celui de l’anguille. Mais ce qui singularise cet animal, disent les Vocabulistes, c’est qu’il a une matrice semblable à celle d’une femme. Nous ne mettons ceci que pour faire remarquer la singularité de l’expression. Singulariser un animal.

ASCYRUM. s. m. Espèce de millepertuis, qui n’en diffère que par la grandeur, parce qu’il produit plus de rejetons. Ces rejetons sont de couleur rouge, & plus grands & plus branchus que ceux d’hypericcum, &c. Cette plante prise en breuvage en un setier d’eau mêlée, est bonne pour les sciatiques, à cause qu’elle évacue abondamment les superfluités bilieuses : mais il faut continuer d’en boire jusqu’à ce qu’on soit tout-à-fait guéri. Voyez Androsemum.

ASE.

ASECA. Voyez Apheca.

ASÉDOTH. Ville de la terre de Chanaan. Asedoth. Elle avoit son Roi sous les Chananéens. Elle étoit en-deçà du Jourdain. Josué la détruisit.

Il y avoit encore une autre Asédoth qui étoit aussi en-deçà du Jourdain. Il n’est pourtant pas certain qu’il faille distinguer ces deux villes, comme fait le P. Lubin. Je penche beaucoup plus à croire que c’est la même chose. Jos. X. 40, & Id. XII. 8, & plutôt un nom de contrée, qu’un nom de ville. Car ce mot en hébreu signifie les penchans des montagnes.

Et delà dans Josué, XII, 3. Asedoth Phasga, dont on fait encore une ville, n’est, à mon sens, que les croupes, les penchans de la montagne Phasga, qui étoit dans le pays des Moabites, & ensuite dans la tribu de Ruben, à l’orient du Jourdain, près de la mer Morte.

ASÉITÉ. s. f. Terme de Scholastique, dont on se sert pour exprimer l’indépendance de Dieu qui existe de lui-même à se, ou par lui-même per se ; ce qui fait qu’on dit encore dans le même sens perséité. Les Peres étoient persuadés que l’aséité étoit essentielle au bien moral ; de sorte que ne pouvant être dans nous par une aséité de nature, il faut qu’il y soit par une aséité de choix. Journ. de Trév. Mai 1736.

☞ Ces mots ne peuvent être employés que dans le langage barbare de l’école.

☞ ASELLE. s. m. Oniscus. Cloporte aquatique, qui ne diffère du cloporte ordinaire, que parce qu’il a, deux