Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/521-530

Fascicules du tome 1
pages 511 à 520

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 521 à 530

pages 531 à 540



vivre. Ægrè vitam laborando sustentare. C’est un homme qui en arrache par-tout où il peut. Il arrachera pied ou aile de cette affaire. Il est du discours familier.

Arracher le jarre. Terme de Chapelier. Voyez Arracheuse.

Arracher, se dit proverbialement & figurément en ces phrases. Il vaut mieux laisser son enfant morveux, que de lui arracher le nez ; pour dire, souffrir un petit mal pour en éviter un plus grand. On dit aussi, lorsqu’on a emprunté, ou qu’on attrape de l’argent à un avare, qu’on lui a arraché une dent.

ARRACHÉ, ÉE. part. Avulsus, revulsus. On dit en termes de Blason, que la tête, ou quelque autre membre d’un animal, ou d’un oiseau, sont arrachés, quand ils ne sont pas coupés net, & quand il y a du poil, ou des lambeaux & filamens sanglans, ou non, qui font juger que ces pièces ont été arrachées. On dit aussi, que des arbres sont arrachés quand ils montrent leurs racines.

ARRACHEUR. s. m. Qui ne se dit guère que de ceux qui arrachent les dents, ou les cors des pieds. Avulsor. Un arracheur de dents ne s’occupe pas seulement à arracher les dents, mais aussi à nettoyer, & à buriner celles qui sont mal-propres & cariées ; & même à en remettre d’autres en place de celles qu’on s’est fait arracher, ou qui sont tombées d’elles-mêmes. Il a pour toutes ces diverses opérations plusieurs sortes d’instrumens qu’on nomme le déchaussoir, le burin, la feuille de sauge, la langue de serpent, la rugine aiguë, la rugine plate, le triangle, la sonde, &c.

On dit proverbialement, il est menteur comme un arracheur de dents, parce que ces sortes de gens vantent avec une confiance extrême leurs remèdes, & leur adresse.

ARRACHEUSES, ou ÉPLUCHEUSES. s. f. pl. Nom que les Chapeliers donnent à certaines femmes qu’ils ont chez eux, dont l’emploi est d’éplucher ou arracher le jarre qui se trouve dans les peaux de castors.

ARRACHIS. s. m. Terme des Eaux & Forets, qui se dit de l’enlèvement du plant des arbres. Tenerarum plantarum evulsio. Les arrachis sont défendus par l’ordonnance.

☞ ARRACIFES. En latin, insula rupium. C’est, dit Baudrand, une des îles de Salomon, ou des Larrons, dans la mer pacifique, vers les terres australes & les îles Philippines.

ARRADES. s. m. Petite ville ou bourg de Barbarie, en Afrique. Arradium, Quina. Elle est dans le royaume de Tunis, entre la ville Hamametha & les ruines de l’ancienne Carthage.

ARRAGEOIS. Voyez Arras,

☞ ARRAGIAN. Voyez Argian.

ARRAGON. Voyez Aragon.

ARRAJOLAS. Village de Portugal. Calantica. Il est dans l’Alentéjo, à deux ou trois lieues au nord d’Evora.

ARRAISONNER. Entretenir, parler avec quelqu’un. Colloqui, confabulari. Vieux mot qui n’est plus d’usage, & qui n’étoit pas même fort commun dans nos anciens livres. Arraisonner, c’est comme si l’on disoit, raisonner d’une chose avec quelqu’un, la discuter ; entretenir par un discours raisonné. C’est dans ce sens qu’il se trouve dans Villon.

Daignant toujours que trop l’arraisonner
De ce propos, plus d’ennui ne m’apporte.

Villon.


Je l’arraisonne, elle plaint & regrette. Marot.

On voit que ce verbe gouverne le nom de la personne à l’accusatif, & le nom de la chose à l’ablatif, ou avec la préposition de.

Arraisonner, v. n. qui ne se dit qu’avec le pronom personnel. Esther en propos avec quelqu’un, lui vouloir faire entendre raison. Alloqui aliquem, cum aliquo habere sermonem. Il est souvent inutile de s’arraisonner avec un paysan, un stupide, qui ne conçoit pas ce qu’on lui dit. Il faut commander aux valets, & non pas s’arraisonner avec eux, ni leur dire les raisons qu’on a de leur faire faire quelque chose.

Ce mot vient du latin ratiocinari, qui signifie raisonner. Mézerai s’en est servi, & personne après lui.

ARRAMBER. v. a. Terme de Marine, qui signifie, s’accrocher à un vaisseau avec le grappin, ou autrement. Ferream manum in navim injicere.

ARRAMER. v. a. Terme de manufacture de lainage. Mettre une pièce de drap, ou de serge sur un rouleau, pour la tirer & l’alonger de force ; d’où il arrive qu’elle raccourcit ou étrécit dans la suite ; ce qui est défendu par les statuts à tous les drapiers, façonniers & foulons.

ARRAMIR. v. a. Vieux mot. Promettre.

☞ ARRAN. Province de Perse, entre la Géorgie, l’Azer-bejan & le Schirwan.

ARRANG. s. m. Terme d’Imprimeurs, qui se dit ironiquement d’un compagnon qui fait peu d’ouvrage.

ARRANGEMENT. s. m. Disposition des parties d’un tout dans un certain ordre, compositio, dispositio, ordinatio. La philosophie moderne fait voir que la diversité des couleurs ne dépend que de la situation, & arrangement des parties, qui réfléchissent diversement la lumière. La diversité des saveurs & des odeurs vient de divers arrangemens des pores qui les rend diversement sensibles. C’est le différent arrangement & la diverse situation des parties, qui met de la différence entre les corps. Maleb. Dieu n’a-t-il pas pu construire une machine, qui par l’arrangement de la matière, imite les effets de la pensée & du raisonnement ? P. Dan. ☞ Ce mot désigne aussi l’état des choses qui sont arrangées. Arrangement de livres, de vases. Il y a beaucoup d’arrangement dans cette bibliothèque.

Arrangement, se dit aussi de la disposition, de l’ordre que l’on met dans un discours, en mettant chaque terme à la place qui lui convient. L’arrangement des paroles est un des principaux ornemens du discours. De-là résulte cette espèce d’harmonie qui flatte l’oreille & produit dans l’âme un sentiment agréable. Le contraire arrive si les mots sont mal arrangés, ne sont pas à leur place. Les Anciens ne se sont pas mis fort en peine de l’ordre & de l’arrangement. Perr. Nous devons à M. de Balzac le bel arrangement de nos mots, & la belle cadence de nos périodes. Bouh. Euripide est plus heureux dans l’arrangement de ses paroles, que dans le sens de ses pensées. Boil. L’élégance qui ne vient que de l’arrangement des mots, & de la cadence des périodes, n’éblouit que les esprits superficiels. S. Evr.

Arrangement, se dit aussi des mesures que l’on, prend pour finir une affaire. Prendre des arrangemens pour payer ses dettes.

ARRANGER. v. a. Mettre les choses en ordre, les placer dans un lieu qui leur est propre & convenable ; leur donner une situation naturelle & agréable ; les disposer d’une manière ingénieuse & capable de produire un bel effet. Componere, disponere, collocare, ordinare. Les livres de cette bibliothèque sont arrangés selon l’ordre des matières. Il faut arranger ingénieusement les mots dans les discours. Vaug. Ce que nous prenons pour des vertus, n’est souvent qu’un assemblage de divers intérêts que la fortune ou notre industrie savent arranger. Rochef. Comme j’aime l’ordre, vous me faites plaisir d’arranger mes idées. Fonten.

Arranger, signifie aussi mettre en bon ordre. Arranger ses affaires.

On le dit aussi au réciproque. S’arranger chez soi, pour dire, mettre ses meubles en ordre, rendre sa maison propre. Acad. Fr.

☞ On dit aussi s’arranger, pour dire, prendre des arrangemens, des mesures pour finir une affaire. Il s’est arrangé avec ses créanciers.

ARRANGÉ, ÉE. part. Compositus, ordinatus, collocatus, dispositus. Il avoit ses desseins toujours arrangés, & trouvoit en soi des ressources toujours prêtes pour les événemens les plus subits. Le P. de la Rue. Les personnes trop arrangées ne plaisent point, parce qu’elles sont toujours droites & contraintes. Bouh.

☞ On dit d’un homme qu’il est arrangé, pour signifier qu’il a de l’ordre dans sa maison, dans ses affaires, dans sa conduite, en quoi que ce soit, disent les Vocabulistes. En parlant des affaires & des occupations, rangé est le vrai mot ; & réglé, en parlant des mœurs & de la conduite. Voyez ces mots.

ARRAS. Cri d’arme des Flamands.

Flamans crie, arras, & Angevin, rallie.

Vace, surnommé le Clerc de Caen, dans son Roman de Normandie.

Arras. s. m. Espèce de perroquet qui se trouve à la Guadeloupe. Psittacus. Il a la tête, le cou, le ventre, & le dessus du dos de couleur de feu, & les ailes mêlées de plumes jaunes, d’azur, & de cramoisi. Sa queue est longue d’un pied & demi. Il est beaucoup plus grand que les perroquets ordinaires, & a la grosseur d’un faisan. Il a la tête assez grosse, les yeux vifs, le bec crochu. On en voit qui ont la tête, le dessus du cou, le dos, de bleu céleste tabizé, le ventre, & le dessous du cou & des ailes de jaune pâle, & la queue entièrement rouge. Il s’en trouve qui ont tout le plumage mêlé de rouge, de blanc, de bleu, de vert, & de noir. Ils volent ordinairement par troupes. Le son de leur voix est perçant. On apprivoise facilement les arras, & on leur apprend à prononcer quelques paroles ; mais ils ont la langue trop épaisse pour se pouvoir faire entendre aussi-bien que les Canides & les plus petits perroquets. Ils font si ennemis du froid, qu’on a bien de la peine à leur faire passer la mer. Voyez Lonvillers, Hist. des Antill. ch. 15, art. 9, & le P. du Tertre, Traité V, ch. 1, §. 1.

Arras. Atrebatum. Ville des Pays-Bas, capitale de l’Artois, sur la Scarpe. Arras est très bien fortifié, & défendu par une citadelle. Cette ville est fort ancienne. Quelques Géographes prétendent que c’est le Nemetocerna ou Nemetum des Anciens. D’autres la prennent pour l’Origiacum, ou Rigiacum de Ptolomée, que Cluvier & d’autres placent à Orchies. Les Allemand, l’appellent Atrecht. Arras a un évêque suffragant de Cambrai. La Chronique de Cambrai & d’Arras a été composée par Balderic, & imprimée par Georges Colvenerius à Douai en 1615. Balderic avoue qu’on ne sait ni les fondateurs de ces deux villes, ni le temps auquel elles ont été fondées. Ce nom Arras paroît formé par corruption du latin Atrebas. Louis XI ayant pris Arras en 1477, & relégué un assez grand nombre des habitans bien avant dans le royaume, mit des François à leur place : il voulut même changer le nom de cette ville, en lui donnant celui de Franchise, ou de Francie ; & on la voit en effet ainsi nommée alors dans l’Histoire & dans les Actes publics ; mais les Rois, qui sont maîtres de tout, ne le sont point de l’usage en matière de langue : car le nom d’Arras est toujours demeuré depuis à cette ville, malgré les Ordonnances de ce Prince. P. Dan. Arras pris par Louis XIII, en 1640, fut cédé à la France par la paix des Pyrénées. Arras a 20°, 17′, 45″ de longitude, & 50°, 17′, 45″ de latitude. Cassini. M. de la Hire lui donne 20°, 16′, 33″ de long. & 50°, 18′, 25″, dans ses Tabl. Astronom. Arras fut érigé en évêché en 1092, par Urbain II, qui sacra lui-même Lambert, premier évêque de cette ville.

ARRAGEOIS, OISE. s. m. Atrebas. Qui est d’Arras, natif d’Arras, habitant d’Arras. Les Arrageais se rendirent à la France en 1640, après un siège de deux mois.

☞ ARRASE. Voyez Arase.

☞ ARRASEMENT. Voyez Arasement.

☞ ARRASER. Voyez Araser.

☞ ARRASÉ, part. Voyez Arasé.

ARRÂTEL. s. m. Nom d’un poids de Portugal. Le Roi de Portugal a fait publier, touchant les droits d’entrée & de sortie, une nouvelle Ordonnance portant révocation du Tarif du 16 Novembre 1720, suivant lequel on ne payoit aucun droit de sortie du sucre qu’on transportoit dans les pays étrangers, mais seulement deux testons par arratel pour droit de poids, & 150 reis aussi par arratel de tout le sucre qui se consommoit dans le royaume & dans les îles, excepté de Madère. Gaz. 1725. p. 537. Arratel est donc un mot Portugais, qui, selon Duarte Nunnez de Léon, vient de l’Arabe reth, ratal, & selon d’autres, de rablaid, qui, chez les Arabes, est un poids de deux livres. Anciennement ce que l’on appelle en Portugal arratel, étoit chez les Romains un poids de douze onces, c’est-à-dire, la livre romaine. Libra, pundo. Aujourd’hui l’arratel en Portugal est de 16 onces. Libra. Un demi-arratel, une demi livre, semi-libra, libræ semis, libræ dimidium. Un arratel & demi, sesqui libra, libra & semis. Ce qui pese un arratel, libralis, e, librarius, a, um. P. Bulteau. Dict. Portug.

☞ ARRATS. (l’) Rivière de France, dans l’Estarac & l’Armagnac. Elle a sa source au mont Astarac ou Estarac, aux confins du bas Comminge, & se perd dans la Garonne, presque vis-à-vis de Valence.

ARRAYÉ, ÉE. adj. Instructus. Ce mot n’est plus d’usage, il vouloit dire autrefois équipé, fourni des choses qui conviennent, qui sont nécessaires : il se ditoit des gens de guerre.

☞ ARREAU ou ARREOU. Bourg de France, près des Pyrénées, dans la vallée d’Aure.

ARRÉCIFES. Le cap. des Arrécifes, ou plutôt Arracifes, c’est-à-dire, des rochers. Rupum promontorium, promontorium scopulorum. Cap de la cote des Cafres en Afrique, environ à 160 lieues du cap de Bonne Espérance, du côté du levant. Il est tout environné de rochers, d’où lui vient son nom.

ARRÉGIAN. s. m. Voyez Arcian.

ARREN. île d’Ecosse. Arania insula. Elle est dans le golfe de Cluyd, qui est une partie de la mer d’Irlande, entre les côtes d’Argile & de Cuningham, & la presqu’île de Cantyr. Le château d’Arren, situé sur la côte occidentale, lui a donné son nom. Autrefois elle s’appeluit Glota, & elle communiquoit ce nom au golfe de Cluyd, qu’on nommoit Glotæ æstuarium.

ARRENTEMENT. s. m. Bail d’héritages qu’on donne à rente. Locatio. Il a fait aujourd’hui deux arrentemens.

Arrentement, signifie aussi, prise à rente. Conductio. Ce mot vient, ou de redditus, de reddo ; ou de reditus, de redeo.

Arrentement, se dit aussi de la chose même qu’on donne à rente. Cette métairie n’est pas un membre d’une telle terre, c’est un arrentement d’une telle abbaye.

ARRENTER. v. a. Donner ou prendre à rente. Locare, ou conducere. Les Ecclésiastiques arrentent leurs domaines. ☞ Un tel fermier a arrenté toutes les terres de cette abbaye.

ARRENTÉ, ÉE. part. pass. Locatus, conductus.

☞ ARREPHORIES. Voyez Arrhephories.

ARREQUE. Voyez Siamois.

ARRÉRAGER. v. n. qui ne se dit qu’en cette phrase : Il ne faut pas se laisser arrérager, pour dire, laisser courir sur soi plusieurs années d’arrérages. Locationis, conductionis, pensionis, solvendum reditum retro linquere, mittere.

ARRÉRAGES. s. m. pl. ☞ Payement d’une rente ou redevance annuelle pour raison desquelles le débiteur est en retard. Ce qui est dû d’une rente annuelle & constituée, ou d’une pension, de cens & droits seigneuriaux, ou de loyers, de terres & de maisons. On ne peut pas demander plus de 29 années d’une rente foncière, ni plus de cinq d’une rente constituée, & dix des rentes de pensions viagères. Locationis, conductionis, pensionis, solvendi reditus retro relicti, missi. Il a laissé courir tant d’années d’arrérages. Les arrérages monteront plus que le principal. L’intérêt ne se dit que des obligations ; arrérages se dit quelquefois des vieilles dettes. Voyez les Ordonnances de Louis XII, de 1510, de Henri IV. Tronçon sur la Coutume de Paris, Louet, Charondas sur la Coût, de Paris.

Ce mot vient par contraction d’arriérages, comme on prononçoit anciennement, qui a été fait de arrière, & arrière, de retro. Ménag.

Arrérages, se dit figurément quand il s’agit de galanterie. Il signifie redoublement de plaisirs, & de soins amoureux en dédommagement de ceux qu’on n’a pu rendre. Les arrérages sont personnels, & si un mari s’absente, il les doit payer à son retour.

On dit proverbialement d’un homme galant & vigoureux, que c’est un bon payeur d’arrérages.

ARRESTOGRAPHE. s. m. Terme de Palais. C’est un Auteur qui a fait un Recueil de plusieurs Arrêts pour servir de lois, de règlemens, ou d’autorités, comme Papon, le West, Montholon, Bouguier, Louet, & Brodeau son Commentateur, Tournet pour les matières bénéficiales. Il y a un Recueil ou Journal des Audiences, divisé en plusieurs tomes, qui contient un grand nombre d’Arrêts. Decretorum codex.

Ce mot vient d’Arrêt, &. de γράφω, J’écris.

ARRÊT. s. m. Jugement d’une Compagnie souveraine, contre lequel il n’y a nul appel. Decretum, consultum, placitum, arestum dans la basse latinité. ☞ On le dit de même de ce qui est décidé, arrêté par une puissance souveraine, ou Cour. Jusqu’au règne de François I, on a rendu les arrêts en latin ; ce Prince changea cet usage. Rendre, prononcer, lever un arrêt. Un arrêt du Ciel, de la Providence. Les arrêts de la destinée sont immuables. Ablanc. Il vaut mieux se soumettre aveuglément aux ordres du Ciel, que de vouloir changer les arrêts du destin selon notre caprice. M. Scud.

C’est un Arrêt du ciel ; il faut que l’homme meure ;
Tel est son partage & son sort. l’Abbé Têtu.

Autrefois on appelait arrêt un jugement rendu après que les Avocats des parties avoient plaidé : la formule était conçue en ces termes : Quibus rationibus utriusque partis hinc unde auditis, dictum fuit per arestum Curiæ, &c. Dans ce temps là arrêt & jugement étoient deux espèces différentes ; car on n’appeloit jugement que la décision des procès par écrit, & sur les enquêtes. Du Cange. Lorsque la justice se rendoit sans frais, l’arrêt même ne coûtoit rien. Le Greffier en étoit payé sur un fonds que faisoit le Roi. Un malheureux Commis qui venoit de toucher ce fonds, s’étant enfui sous Charles VIII, ce Prince, qui étoit en guerre avec les voisins, & qui avoit fort peu d’argent, se laissa aisément convaincre par ses Ministres, qu’il n’y avoit nulle injustice à faire payer aux parties l’expédition de leurs arrêts. Le Gendre.

Arrêt du Conseil d’en haut, d’un Parlement, d’une Cour Supérieure. Arrêt contradictoire. Un arrêt sur requête. Un arrêt par forclusion. Un arrêt par appointé rendu du consentement des parties. Un arrêt sous la cheminée, c’est un arrêt donné sans qu’on ait vu le procès, par la cabale d’un petit nombre de Conseillers qui l’ont résolu en se chauffant & hors du siége. On appelle des arrêts en robes rouges, des arrêts qui se prononçoient autrefois avec cérémonie, & avec certaines solennités sur des questions dépouillées de circonstances, pour servir de règle & de maxime à l’avenir, pour fixer la Jurisprudence sur ces questions. Il y a aussi des arrêts qui ne servent que d’instruction au procès. Un arrêt de conclusion. Un arrêt à contredire. Un arrêt interlocutoire, ou provisoire. Un arrêt de rétention, de renvoi, &c. Ils sont opposés à l’arrêt définitif, & sont expliqués à leur ordre. On appelle aussi des arrêts de règlement, ceux qui sont rendus entre les Officiers contestant sur l’exercice de leurs charges, ou lorsqu’ils établissent quelque maxime, ou procédure qui regarde le public. On dit aussi un arrêt en forme, lorsqu’il porte sa commission, & son sceau. Un arrêt par extrait, lorsque sa commission est à part. Un arrêt de mort, est celui qui condamne un criminel à la mort. Tibère fit semblant d’être fâché de la mort de Drusus, & cela donna occasion à un célébre décret du Sénat, par lequel il fut ordonné que les arrêts de mort rendus par la compagnie ne seroient, ni exécutés, ni enregistrés qu’au bout de dix jours. Tillem.

Arrêt du Conseil du Roi, est un arrêt que le Roi séant en son Conseil, prononce sur les requêtes qui lui sont présentées, ou sur les remontrances qui lui sont faites par ses sujets, pour faire quelqu’établissement, ou pour réformer quelqu’abus que l’on veut introduire.

Arrêt de défenses, est un arrêt qui reçoit appelant d’une sentence celui qui l’obtient, & fait défenses de mettre la sentence à exécution ; ce qu’un simple appel ou relief d’appel obtenu en Chancellerie ne pourroit opérer, quand la sentence est exécutoire nonobstant l’appel.

Par une Ordonnance de 1559, François I ordonne, art. III, que dorénavant tous arrêts… soient prononcés, enregistrés & délivrés aux parties en langage maternel françois, & non autrement. La raison qu’il en apporte, est, qu’il naissoit souvent des difficultés sur l’intelligence des mots latins, qui donnoient lieu à de nouveaux procès. Cela suppose visiblement qu’autrefois les arrêts de la Cour se mettoient en latin. Ce n’est pas à dire que le Président les prononçât en cette langue ; il les prononçoit en françois : le Greflier les couchoit de même sur son plumitif : mais quand il étoit question de leur donner leur forme, pour les délivrer aux parties, on les mettoit en latin. Je ne crois pas non plus que cet usage fût encore général, ou même fréquent du temps de François I, mais il n’étoit pas encore aboli, & il le fut par cette Ordonnance, qui statua la même chose pour les testamens, les contrats & les autres actes juridiques, P. Dan. T. III, p. 441, 442.

Budée, Henri Estienne, Caseneuve, Chassanée & Vostius, dérivent ce mot du grec ἀρεστὸν, qui signifie, placitum,. Ménage veut qu’il vienne de arestare, mot latin qui a été fait de stare ; pour dire, arrêter, rendre une chose stable & fixe. On dit aussi, les arrêts de Louet, de le Prêtre, de Papon, de Montholon, en parlant des livres & recueils d’arrêts qui ont été faits par ces Auteurs.

☞ Quoique le respect dû aux jugemens des Cours souveraines empêche qu’on ne le puisse pourvoir contre eux par la voie d’appel ; on peut cependant les faire réformer par requête civile, par la voie de cassation d’arrêt, & d’opposition, & pour raison de contrariété.

Arrêt, signifie aussi saisie, soit de la personne, soit des biens. On a fait arrêt sur sa personne & sur ses biens. Mettre quelqu’un aux arrêts, le mettre prisonnier, le garder jusqu’à ce qu’il ait fait ou payé quelque chose.

Arrêt et Brandon. C’est une saisie des fruits pendans par les racines.

☞ On dit, en termes de guerre, mettre un Officier ou soldat aux arrêts, lui défendre de sortir du lieu où il a reçu ordre de rester. Tout soldat ou Officier ne peut rompre ses arrêts. Un militaire, quel qu’il soit, s’il ne gardoit ses arrêts, seroit puni de sa désobéissance, par la prison, ou autrement.

Arrêt, se dit au figuré, des jugemens & des décisions que l’on prononce sur les diverses choses qui se présensent. Evitez ces esprits décisifs, qui veulent prononcer des arrêts définitifs sur toutes choses S. Evr.

Arrêt, se prend encore pour la résolution que nous avons prise touchant une chose. Je viens d’apprendre l’arrêt de ma mort, que votre belle bouche a prononcé.

Non, ne révoquons point l’Arrêt de mon courroux:
Qu’il périsse; aussi-bien il ne vit plus pour nous.

Racine.

Arrêt. Bemora. Instrument de Chirurgie, ainsi appelé, parce qu’il arrête & assujettit les parties. Il y en a de deux sortes, l’un qui est une plaque de cuivre ovale ou arrondie, fendue jusqu’au milieu, dont on se servoit autrefois dans la castration, pour empêcher les intestins de sortir par les anneaux de l’abdomen. On passoit dans la fente de cet instrument le cordon des vaisseaux spermatiques, séparés des autres parties, & on l’assujettissoit sur le ventre, pendant qu’on faisoit l’opération. Il n’est plus en usage.

L’autre instrument est appelé Arrêt d’Hildanus, du nom de son Auteur, qui le recommande peur les fractures & les dislocations des extrémités. On ne se sert plus de cet instrument. Col de Villars.

On appelle aussi arrêt dans les armes à feu, un petit morceau de fer qui empêche qu’elles ne se lâchent, qu’elles ne se débandent. Retinaculum. Ce pistolet est en arrêt.

Arrêt, en termes d’Horlogerie, se dit d’une petite pièce de fer qui empêche que le mouvement d’une horloge n’aille trop vite. Mettre un arrêt à une horloge.

☞ On le dit de même en Serrurerie de la pièce qui sert à arrêter un pêne, un ressort. Mettre un arrêt à un ressort.

☞ On dit figurément d’un homme léger, évaporé, sur les paroles duquel on ne peut compter, qu’il n’a point d’arrêt, que c’est un esprit sans arrêt.

Mais l’homme sans arrêt dans sa course insensée,
Voltige incessamment de pensée en pensée. Boil.

Arrêt, se dit aussi de la pièce du harnois où un Gendarme appuie & arrête sa lance pour rompre en lice ou autrement. Mettre la lance en arrêt.

☞ On appeloit aussi arrêt, le petit fourreau de cuir qui servoit autrefois à arrêter les lances.

Arrêt, sur les rivières, se dit d’une file de pieux traversée de pièces de bois nommées chanlattes, pour arrêter le bois qu’on met à flot, ensuite le tirer, le triquer & en faire des piles. Encyc.

Arrêt, en fait de Couture ou de Lingerie, se dit de certaines ganses ou fils redoublés, qu’on met aux fentes ou extrémités des habits, ou du linge, pour empêcher qu’ils ne le décousent, ou ne se déchirent.

Arrêt, en termes de Jardinage, c’est un obstacle que l’on met aux eaux pour les détourner, & les faire écouler. Je veux que d’espace en espace on fasse dans les allées de petits arrêts, qui détournent les eaux des grandes pluies dans les carrés voisins. Ces arrêts se font avec des ais mis en terre au travers des allées, & n’excédant que de deux ou trois pouces la superficie de ces allées. La Quint. On en fait aussi de gazon dans les allées qui sont en pente, de crainte que l’eau n’entraîne les terres, & n’y fasse des ravines.

En termes de Chasse, on appelle arrêt, l’action du chien couchant, qui s’arrête quand il sent la perdrix, ou le gibier. Mora. Le chien est en arrêt.

En termes de Manège, arrêt est la pause que fait le cheval en cheminant. Former l’arrêt du cheval, c’est l’arrêter sur les hanches. Demi-arrêt, c’est un arrêt qui n’est pas achevé, quand le cheval reprend & continue son galop, sans faire ni pesades, ni courbette. Les chevaux qui n’ont qu’autant de forces qu’il leur en faut pour bien endurer l’arrêt, sont les plus propres pour le manège & pour la guerre. Newcast.

ARRÊTÉ. s. m. Résolution prise par une compagnie sur quelque délibération. Decretum, consultum. On dit, c’est un arrêté de la Cour, lorsqu’elle a jugé quelque article d’une affaire, ou qu’elle a résolu quelque chose qui n’est pas encore rendue publique par un arrêt.

Arrêté de compte. Règlement de compte. Ratio accepti, & expensi. Le Contrôleur général du Bureau du Roi, garde les arrêtés de toutes les dépenses extraordinaires. Etat de Fr.

Arrêté d’un compte en commerce, c’est l’acte, ou écrit qu’on met au bas d’un compte, par lequel comparant ensemble le produit de la recette & de la dépense, on déclare laquelle des deux excède l’autre. On l’appelle aussi finito de compte.

ARRÊTE. s. f. C’est ce qu’en termes de Marine on appelle Basse, un lieu où il n’y a pas assez d’eau pour voguer, qui arrête les vaisseaux. Brevia, syrtis. Ils se laisserent aller au gré du vent, & échouèrent sur une arrête où la proue demeura enfoncée, tandis que la mer emportoit la poupe. Fleury. Nous n’avons point trouvé ce mot dans le Dictionnaire de Marine.

Arrête. Voyez Arête.

ARRÊTE-BŒUF. s. m. Anonis spinosa, flore purpureo C. B. autrefois Ononis. Aresta bovis. Plante dont il y a deux espèces principales. Voyez le Diction. Économ. On appelle cette plante Arrête-bœuf, parce que les bœufs sont quelquefois arrêtés en labourant dans des terres où cette herbe est commune, soit parce que les piquans dont ses tiges sont hérissées blessent les bœufs, soit parce que les racines sont si profondes & si difficiles à rompre, qu’il faut, pour dégager la charrue, les couper. Elles sont longues, traçantes, plongées assez avant en terre, très-souples, & poussent de leurs collets plusieurs tiges, le plus souvent couchées par terre, longues d’un pied & demi environ, branchues & garnies par intervalles d’assez fréquens piquans, quelquefois uniques sur-tout vers le sommet des tiges, longs & minces, à la base desquels sont attachées des feuilles au nombre de trois, portées sur une même queue. Ces feuilles sont petites, crénelées sur leurs bords, arrondies quelquefois, un peu oblongues, d’un vert obscur, velues, visqueuses au toucher, & d’une odeur urineuse assez désagréable. Les fleurs sont purpurines, légumineuses, & sortent des aisselles des feuilles. A ces fleurs succèdent des gousses courtes, qui contiennent quelques semences rondes, & un peu plus grosses que celles de la moutarde. Cette plante est fort apéritive ; mais on se désabuse de la compter parmi les diurétiques, car rien ne tourmente tant ceux qui ont la pierre, que son usage. La décoction de l’arrête-bœuf est fort détersive, & l’on s’en sert aussi utilement dans le scorbut pour rincer la bouche & nettoyer les ulcères. On se sert sur-tout de ses racines. On les met dans les tisanes, & les aposèmes apéritifs.

Les Anciens l’appellent Anonis, ou plutôt Ononis, du mot grec ὄνος, âne, parce que les ânes aiment à manger l’Arrête-bœuf ordinaire ; d’autres Remora aratri, acutella, aresta bovis, Burgane eu Bugronde.

Il y a plusieurs espèces d’Arrête-bœuf. L’Arrête-bœuf ordinaire varie par la couleur de ses fleurs, qui sont tantôt rayées de lignes purpurines, & qui sont quelquefois toutes blanches. Ses tiges aussi manquent de piquans, ou bien sont très-foibles.

Dans le nombre des espèces d’Arrête-bœuf connues, il y en a dont les fleurs sont jaunes ; quelques espèces qui ont leurs tiges & branches ligneuses.

Il y a un Arrête-bœuf qui croît en Provence & en Dauphiné, qui est un arbrisseau haut de deux à trois pieds, dont la racine est grosse, blanche, tendre & acre, les branches tortues & faciles à ployer, les feuilles presque semblables à celles du fenu-grec, les fleurs odorantes, & d’un pourpre rouge, fort vif, le dedans lavé & rayé de blanc. Elles ont au milieu un style qui forme une gousse pendante, qui enferme plusieurs graines brunes, de la figure d’un rein. Dorat en fait une plus ample description dans ses Mémoires. On l’appelle aussi arrête charrue.

☞ ARRÊTER. v. a. Qui, dans une acception générale, présente l’idée d’un obstacle, d’un empêchement. Ainsi arrêter, c’est empêcher la continuation d’un mouvement, le cours, le progrès d’une chose, d’aller plus loin. Morari, retinere, cohibere, comprimere. Arrêter un carrosse. Arrêter un courier. Arrêter le débordement d’une rivière. Les vents contraires arrêtoient notre flotte. Arrêter l’armée dans sa marche. Josué arrêta le soleil dans sa course. On a arrêté l’horloge. Il faut arrêter l’eau dans ce réservoir, en empêcher l’écoulement. La rose arrête le crachement de sang. Il arrêtoit les blés qui venoient de la ville. Vaug. Ne voulez-vous jamais arrêter vos larmes ? Il ne se présente dans cette matière aucun sujet de douter, ni qui suspendre & arrête mon esprit. Font.

Mais qui peut dans sa course arrêter ce torrent ?
Achille va combattre & triomphe en courant. Racin.

Ce mot vient du latin, restare, rester, demeurer derrière. Icquez le dérive de restan, mot de la langue des Francs & des langues septentrionales, qui veut dire, retenir, arrêter, sistere, morari, retinere : on a ensuite ajouté la préposition ad, dont on a adouci la prononciation en changeant le d en r. On trouve dans la plus basse latinité arrestare dans le même sens que nous disons arrêter en François. Voyez Act. Sant. Mart. T. I, p. 558.

☞ On dit dans le figuré arrêter ses yeux, ses regards sur une chose, les fixer, figere, defigere. Arrêter sa pensée sur une chose, s’en occuper, y réfléchir avec attention. Attendere aliquid, ad aliquid, de re aliquâ

☞ On le dit encore au figuré des choses morales & physiques pour retenir, réprimer, faire cesser. Reprimere, comprimere, arrêter le cours du libertinage, de la calomnie. Il n’y a que la crainte des peines éternelles qui puisse arrêter le torrent de la cupidité. Arrêter le cours de la cruauté. Vaug. Avec deux mots que vous daignâtes écrire, vous sûtes arrêter pour jamais mes peines. Voit. Arrêter le caquet de quelqu’un. Arrêter l’insolence & la sévérité des séditieux.

Quel frein pourrait d’un peuple arrêter la licence.
Racin.

Arrêter, signifie aussi, convenir des conditions, conclure quelque délibération, soit en soi-même, soit en compagnie. Constituere, vacisci, convenire, statuere. L’assemblée, après plusieurs contestations, a enfin arrêté que, &c. Il avoit déjà arrêté dans son esprit qu’il feroit telle chose. Nous avons arrêté ensemble que, &c. Arrêter une marche.

Arrêter, signifie saisir, tant les biens que la personne. Tradere in custodiam bona, aliquem, facta per Principem protestate. On a arrêté les deniers que doivent les locataires. On a saisi & arrêté les gages. On l’a arrêté prisonnier ; ou absolument, on l’a arrêté. Philippe le Bel fit arrêter par tout son royaume les Templiers. Mézeray.

Arrêter un compte, c’est après l’avoir examiné & vérifié sur les pièces justificatives, & avoir calculé les chapitres de recette & de dépense, déclarer au pied par un écrit signé, laquelle des deux sommes est la plus forte.

Arrêter un mémoire, c’est régler le prix des marchandises qui y sont contenues, mettre au bas le total, avec promesse de le payer dans un temps convenu. De perscriptis nominibus decidere.

Arrêter, engager quelqu’un, le retenir. Detinere. Les charmes, ni les engagemens de Paris, ne vous arrêteront pas. Voit. Elle employoit tous ses charmes pour l’arrêter. Vaug. Les délices de l’Italie l’y arrêterent long-temps.

Arrêter, terme de Peinture, se dit d’une esquisse, d’un dessein fini, pour les distinguer des croquis ou esquisses légères. Un dessein arrêté, une esquisse arrêtée. Encyc.

Arrêter, terme de Metteur en Œuvre, c’est fixer la pierre en rabattant les sertissures d’espace en espace, afin d’achever de la sortir plus commodément & avec moins de risque.

Arrêter l’artillerie, terme de Marine, attacher un coin avec des clous derrière l’affût des grands canons, pour les tenir fermement attachés aux côtés du vaisseau, afin qu’ils ne vacillent pas quand le vaisseau balance.

Arrêter, s’assurer de quelque chose pour son service, pour son usage, pour sa commodité

Arrêter une maison, un laquais. Conducere. Arrêter une place au coche.

Arrêter, dans les Arts, synonyme de fixer, attacher. Arrêter une planche, une poutre avec des clous, des crampons. Figere.

Arrêter une pierre, en Maçonnerie, c’est après l’avoir mise aplomb & de niveau, y mettre du mortier pour l’assurer à demeure. Positum ad perpendiculum ac libellam lapidem arenato vincire, firmare. C’est aussi sceller en plâtre, en ciment, en plomb.

Arrêter, en termes de Couture, c’est faire plusieurs points, ou mettre des ganses à des boutonnières ou aux extrémités du linge & des habits pour fixer les coutures, pour empêcher que le linge ou les habits ne s’effilent ou ne se dechirent. Repetitis fili ductibus consuere.

Arrêter, en termes de Chasse, se dit du chien qui interrompt sa course quand il est près du gibier, & avertit par là le chasseur où il est. Ce chien arrête les cailles, les perdrix. Il arrête ferme poil & plume. On dit aussi absolument qu’un chien arrête.

Arrêter, en termes de Jardinage, c’est empêcher de monter trop haut, couper à une certaine hauteur. Il se dit particulièrement des melons & des concombres, quand ils ont trop de branches, ou bien qu’ils les ont trop longues. Putare, amputare, refcindere. Il faut arrêter ces melons. Ces concombres ont besoin d’être arrêtés. On dit aussi arrêter un arbuste, une palissade ; pour dire, la tailler a une certaine hauteur. Arrêtez vos arbres, ils s’échappent trop. Cet arbre a besoin d’être arrêté. Liger.

Arrêter, est aussi neutre, & signifie cesser de marcher, & demeurer en quelqu’endroit pour quelque-temps. Après quelques jours de marche nous arrêtâmes en tel endroit pour nous reposer.

Arrêter, se dit très souvent aussi avec le pronom personnel, & devient par-là verbe récip. Il signifie, demeurer, cesser de marcher, n’aller pas plus loin. Stare, consistere. Il fut obligé de s’arrêter dans sa marche. Le soleil s’arrêta au commandement de Josué. Ils ne pouvoient ni marcher, ni s’arrêter. Vaug. Il se dit aussi de tout ce qui se meut par ressorts. Ma montre, ma pendule s’arrête a tout mpment. ☞ On le dit de même des choses fluides qui cessent de couler. Consistere, stare. Les eaux s’arrêtent en cet endroit, & y croupissent. On diroit que le temps s’arrête, tant il coule doucement. Bouh.

s’Arrêter, se prend aussi pour se contenir, cesser de faire une chose ; & alors il s’emploie absolument, & ne se dit guère qu’en parlant de ce qui n’est pas bien. Desistere, quiescere. Arrêtez-vous. Si vous ne vous arrêtez. S’il ne se fût arrêté, on lui auroit donné mille coups. Scar.

s’Arrêter, signifie encore au propre la même chose que s’amuser. Il seroit arrivé, s’il ne s’étoit pas arrêté en chemin.

s’Arrêter, est aussi employé au figuré dans les acceptions suivantes.

s’Arrêter, avoir des égards, être retenu par quelque considération. Rationem habere rei alicujus, moveri re aliquâ. Vous arrêtez-vous à ce qu’il vous dit ? Peu de gens s’arrêteront à cela, & sur-tout dans la colère. Pasc. La Cour a prononcé sans s’arrêter à son appel, à sa requête. Il ne faut jamais s’arrêter aux apparences.

s’Arrêter, s’amuser, employer tout son temps à une chose, y donner toute son attention. Immorari, insistere. Il ne faut point s’arrêter à des bagatelles. Cet homme s’arrête toujours au solide. L’orgueil philosophique s’arrête trop aux causes secondes, & ne s’élève pas assez au premier moteur de toutes choses. Maleb.

s’Arrêter, demeurer long-temps sur un sujet, y insister. Il n’y a rien où je me fois arrêté plus longtemps que sur l’amitié. Quand on s’arrête aux circonstances surperflues dans une narration, cela gâte tout, & énerve le discours. Boil.

s’Arrêter, se fixer, se déterminer, Stare, consistere. Il ne s’arrête jamais à ses premiers sentimens. Il faut s’arrêter à ce qu’on a déjà jugé. Il s’arrête à la justice, & à l’honnêteté.

s’Arrêter, demeurer court, par défaut de mémoire. Hærere. Cet homme ne devroit jamais parler en public ; il s’arrête toujours au luilieu de son discours.

s’Arrêter, mollir dans ses entreprises, ne pas poursuivre sa pointe, abandonner son projet, lorsqu’il est plus aisé à exécuter. A quoi pensez-vous, de vous arrêter en si beau chemin ?

ARRÊTÉ, ÉE part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois. On dit d’un extravagant, qu’il n’a pas l’esprit arrêté ; d’un bigle, qu’il n’a pas la vue arrêtée ; d’un homme irrésolu, qu’il n’y jamais rien d’arrêté avec lui. On dit, qu’une chose est arrêtée ; pour dire, qu’elle est conclue, déterminée.

☞ On dit en Peinture, qu’un dessein est arrêté, lorsqu’il est fini, & que les contours en sont déterminés avec justesse & sans indécision. Voyez Arrêter, terme de Peinture.

En termes de Blason, On dit qu’un annimal est arrêté, quand il est debout sur ses quatre pieds, sans que l’un avance devant l’autre, comme sont les animaux qu’on appelle Passans. Insistens, inhærens pedibus.

ARRÊTISTE. s. m. Auteur qui a fait un Recueil d’Arrêts. Compilateur d’Arrêts. Decretorum Collector, Compilator. C’est le même qu’Arrestographe. Montholon, Bouguier, Louet, font des Arrêtistes.

ARRHABONAIRE. s. m. & f. Nom de secte. Les Arrhabonaires sont des Sacramentaires, qui disent que l’Eucharistie n’est pas réellement le corps & le sang de Jésus-Christ, mais seulement le gage du corps & du sang de Jésus-Christ. Ἀῤῤαϐών, & Arrhabo, signifie gages, arrhes ; c’est de-là qu’ils ont été appelés Arrhabonaires. Ἀῤῤαϐών, & arrhaho, sont deux mots faits de l’hébreu ערבון. Voyez Arrhes.

ARRHE. s. m. Il s’est dit autrefois au singulier.

L’Echarpe sur ces mots décolère s’étant,
Va, faux gage, dit-il, loin de soi la jetant,
Dépôt d’une trompeuse, arrhe d’une infidelle,
Tu ne me feras rien désormais, non plus qu’elle.

P LE M.

☞ On ne le dit plus, Voyez Arrhes.

ARRHEMENT, ou ENHARREMENT. s. m. Terme d’Ordonnance & de Palais, & de Marchand de blé. Achat de grains en vert ou sur pied avant la récolte. Convention que l’on fait pour l’achat de quelque marchandise sur le prix de laquelle on paye quelque chose d’avance. Une Ordonnance de Henri III, de 1577, porte que les Marchands ne pourront faire achat de blés, ni arrhement d’iceux, à deux lieues près des villes auxquelles ils habitent.

ARRHEPHORIES. s. f. pl. Terme de Mythologie. Arrhephoria. Nom d’une fête chez les Athéniens. Elle avoit été instituée à l’honneur de Minerve, & elle se célébroit dans le mois appelé Scuirrophorion. C’étoit de jeunes enfans, ou, selon d’autres, de jeunes filles, depuis l’âge de sept ans jusqu’à onze, qui en étoient les ministres.

Ce mot est grec ἀῤῤηφόρια, & est dit par syncope pour ἀῤῥητοφορία, composé de ἄῤῥητον, mystère, secret, & φέρω. Je porte. On la nommoit aussi Hersiphories, Ἑρσιφόρια, de Hersé, fille de Cecrops, pour qui on faisoit cette fête

ARRHER. v. a. Donner des arrhes. Arrham dare. Il a peu d’usage. Les Ordonnances de Police défendent à tous marchands & regrattiers d’aller au-devant des laboureurs, & marchands forains pour arrher les grains & les marchandises, & de les acheter avant que d’être arrivées sur les ports. L’auteur du Traité de la Police écrit arrer. Arrer des grains, dit il, c’est acheter des grains en vert, ou sur pied, & avant la récolte. Segetem ad’huc slantem emere. ☞ Arrher des marchandises, c’est s’en assurer en donnant des arrhes.

Une Ordonnance de Henri III, de 1577, défend aux marchands d’acheter des grains en vert, ni iceux arrer avant la cueillette. Une Ordonnance de Louis le Grand de 1699, dit enarrher, & enarrhement, ou enarrer, enarrement. Racheter en argent, ou permuter en autres espèces la dixme de blé, ou en composer pour les années futures, se nommoit à Rome adærari ; d’où le mot d’arrer, dont nous nous servons à peu près dans la même signification, a pu tirer son orihine. De la Mar.

ARRHÉ, ÉE. part.

☞ ARRHES. s. f. pl. Arrha, arrhabo. Gage en argent, que l’acheteur donne au vendeur, pour Sureté du marché qu’il fait avec lui. Quelques-uns prononcent, & même écrivent arres. Dans le Diclionnaire de Droit, la prononciation du mot arrhes est ainsi marquée. On dit toujours, j’ai donné des airs. Il falloit au moins écrire des aires. Quoiqu’il en soit, on doit écrire & prononcer arrhes.

Les arrhes font un gage qu’on donne pour assurance de l’exécution de quelque marché qu’on a fait verbalement, & qui est ordinairement une avance d’une partie du prix convenu. Pignus, vas. En droit, qui rompt un marché, perd les arrhes qu’il a données ; ou si c’est celui qui les a reçues, il rend les arrhes doubles.

Les arrhes sont comme un gage que l’acheteur donne au vendeur en argent ou autre chose, soit pour marquer plus surement que la vente est faite, ou pour tenir lieu de payement de partie du prix, ou pour les dommages & intérêts contre celui qui manquera d’exécuter la vente. Ainsi les arrhes ont leur effet selon qu’il en a été convenu. Les Lois Civiles. T. I.

Arrhes, se dit figurément de ce qui marque assurance d’une chose, qui en est le gage. Recevez ce petit présent pour arrhes de ma bonne volonté. Tant de grâces spirituelles & temporelles sont comme les arrhes & les prémices des biens à venir. Port. R.

Donner des arrhes au coche, dans le sens propre, c’est s’assurer d’une place, en payant d’avance une partie de ce qui est dû pour la place. Au figuré, c’est s’engager dans une affaire, dans une société. Il ne peut plus reculer, il a donné des arrhes. Expression familière.

Ce mot est dérivé du latin arrha, qui est en usage dans cette langue, principalement chez les Jurisconsultes. Ceux-ci l’ont pris du grec ἀῤραϐών, & les Grecs de l’hébreu Arabon, qui signifie gage, & qui vient de ערב, arab, qui veut dire, trafiquer, promettre, donner des assurances, fide jubere.

Saint Paul s’est servi de ce mot arrhabon dans son épitre aux Ephésiens, chap. i, v. 14, où il est dit, que le Saint-Esprit est l’arrhe de notre héritage. Messieurs de Port-Royal ont traduit, est le gage & les arrhes de notre héritage. Il y a dans la Vulgate, pignus, c’est-à-dire, gage. Monsieur Simon, qui a conservé le mot de gage dans sla version, a ajouté cette notte : il y a dans le grec arrhe, comme si le Saint-Esprit avoit été donné par avance aux Fidèles en attendant qu’ils jouissent de l’héritage qui leur a été promis.

ARRIA GORRIAGA. Village de Biscaie, en Espagne, C’est l’ancienne Padura, ville de l’Espagne Tarragonoise.

ARRIANA, ou ARRIANE. Bourg de Barbarie, en Afrique. Arriana, abditana. Il est près de Tunis. C’étoit autrefois une ville épiscopale de la Métropole de Carthage.

ARRIÈRE. s. m. Terme de Marine. C’est la poupe d’un vaisseau, la partie qui en fait la queue ou le derrière, & qui est opposé à l’avant : c’est tout l’espace compris entre l’artimon & le gouvernail, tant dans les hauts que dans les bas du bâtiment. Puppis, pars navis posterior.

On dit, passer à l’arrière d’un vaisseau, lorsqu’on se met à la suite d’un autre vaisseau qu’on laisse passer devant. Navem præeuntem unsequi. ☞ Mettre un vaisseau de l’arrière, c’est le dépasser & le laisser derrière foi. On dit, avoir vent arrière ; pour dire, prendre le vent par poupe ; & alors arrière est une manière d’adjectif. Secundo uti vento. Le vaisseau qui porte vent arrière ne va pas si vite, que lorsqu’il est porté d’un vent de quartier, ou qu’il fait vent largue.

Arrière. adv. Qui se joint avec la particule en, & signifie, en reculant, à reculons. Aller en arrière. Demeurer en arrière. Ponè, retrorsùm, retro. C’est l’opposé d’en avant.

En Arrière, signifie encore en retard, en demeure. On dit qu’un fermier est en arrière, lorsqu’il n’a pas payé au terme où il devoit payer. Il est en arrière d’une année, d’un, de deux termes.

☞ On dit figurément & familièrement d’une affaire, qu’elle ne va ni en avant, ni en arrière ; pour dire, qu’elle est toujours dans le même état.

☞ Et mettre une chose en arrière, l’oublier, ne plus s’en occuper.

Arrière, est quelquefois une préposition oui régit le génitif, & qui sert à témoigner l’aversion qu’on a de, quelque chose. Apage. Comme, arrière de moi, prophanes ; pour dire, éloignez-vous, prophanes. Il signifie aussi quelquefois, en cachette. Il a fait cela en arrière de moi ; mais tout cela est vieux.

Arrière, gouverne aussi assez souvent l’accusatif, & on l’emploie pour marquer l’indignation qu’on a pour une chose, & pour faire connoître qu’on n’en veut pas entendre parler. Arrière toutes ces vaines & impertinentes pensées. Arrière désormais tous ces conseils timides. Gomb. Dans ce sens il s’est dit autrefois pour rejeter quelque chose, la blâmer, l’interdire, & signifioit ce que nous exprimons aujourd’hui par loin, loin d’ici, point de trêve de, ou à. Longè, procul, apage. Arrière la raillerie ; c’est à-dire, point de raillerie, loin d’ici la raillerie, trêve à la raillerie, ou trêve de raillerie.

Arrière mots, qui sonnent follement. Marot.

Arrière, s’emploie aussi par les chartiers, quand ils parlent à leurs chevaux, & qu’ils les veulent faire reculer. Arrière, c’est-à-dire, recule.

☞ Arrière, est aussi une préposition inséparable, qui se joint à un autre mot, pour faire signifier à ce mot quelque chose de postérieur, qui est derrière, comme on le verra dans les mots suivans.

ARRIÈRE-BAN. s. m. En tant que ce mot diffère de ban, il signifie la convocation des arrières vassaux du Roi, ou des vassaux médiats. Edictum principis ad bellica munera Nobilitatem clientelarem, vel translatitios clientes, convocantis. On a mandé le ban & l’arrière-ban. Voyez Ban.

Ce mot signifie aussi la Noblesse même que le Roi mande pour servir en corps dans les armées ; on dit, convoquer l’arrière-ban. Depuis Fiançois I, il n’est resté au Prévôt de Paris du commandement des armes, que la convocation & la conduite de l’arrière-ban. De la Marre. Il y a 150 ans, qu’on disoit aussi rière-ban, pour arrière-ban.

Le mot d’arrière-ban, signifie, selon quelques-uns, un ban réitéré, c’est-à dire une nouvelle semonce ou convocation que le Roi avoit droit de faire de ses vassaux, qui avoient déjà accompli le temps de leur service, mais qu’un besoin pressant de l’état obligeoit à y retourner. P. Daniel.

Ménage dit qu’on dérive ordinairement ce mot de haribonnum, ou heribannum, qui vient de l’allemand hare, ou here, qui signifioit armée, dans la première & seconde race de nos Rois ; & ban, appel, convocation, ou semonce, d’où on a fait d’abord Hereban, & par corruption arrière-ban, qui étoit un appel des vassaux pour aller à l’armée. M. de Caseneuve prétend qu’il est composé de ces deux mots, arrière & ban. Le ban est la convocation des vassaux qui tiennent des fiefs relevans immédiatement du Roi, & l’arrière est la convocation des vassaux qui ne relèvent que médiatement du Roi. M. Ménage approuve cette étymologie. Pasquier dit qu’il en est fait mention fréquente dans la loi Salique, lorsque les Rois convioient leurs sujets de les suivre à la guerre. De Hauteserre dit que ce mot d’heribannum, qu’il dérive de l’Allemand, comme Ménage, est le plus ancien, & que ce n’est que dans la suite qu’on a appelé l’arrière-ban, bannum & retrobannum ; & il le définit, la levée ou la convocation de ceux qui tiennent des fiefs libres ou francs, & exempts d’un service particulier ; ou la convocation des roturiers qui tiennent de petits fiefs à condition de certaine redevance. Voyez les Orig. Feud. C. 9. ☞ Quelques-uns le font venir de heribannum, proclamation du maître ou souverain pour appeler ses sujets au service militaire, fous les peines portées par les lois.

☞ ARRIÈRE-BEC d’une pile. s. m. Terme de Rivière. C’est la partie de la pile qui est sous le pont du côté d’Aval.

ARRIÈRE-BOUTIQUE. s. f. Magasin, ou boutique de derrière d’un marchand, où se mettent d’ordinaire les meilleures marchandises. Officina interior, postico.

ARRIÈRE-CHANGE. s. m. C’est l’intérêt des intérêts. Fœnus à fœnore.

ARRIÈRE-CORPS. s. m. En termes d’Architecture, se dit de la partie d’un bâtiment qui est derrière un autre. S. Pierre de Rome & les églises bâties à son imitation, ne sont pas les plus beaux morceaux d’architecture qui soient au monde, parce que ce ne sont qu’un composé d’une grande quantité d’arcades fort massives, dont les pié-droits aussi massifs servent d’arrière-corps à des pilastres. Mém. de Tr.

Arrière-corps, en Serrurerie. Ce sont les morceaux ajoutés au nu d’un ouvrage, de manière qu’ils en soient excédés. Encyc.

ARRIÈRE-COUR. s. f. Petite cour, qui dans un corps de bâtiment sert à éclairer les appartemens de derrière, les escaliers de dégagement, &c. Area postica.

☞ ARRIÈRE-DEMI-FILE. Terme de l’Art Militaire. Ce sont les trois rangs d’un bataillon qui est rangé sur six hommes de profondeur. Voyez File, terme de guerre.

ARRIÈRE-FAIX. s. m. Terme d’Anatomie. Membrane ou tunique dans laquelle étoit envelopé l’enfant dans l’utérus. Secundæ. Quelques-uns appellent l’arrière-faix le lit, parce que l’enfant y demeure couché. Les sages-femmes le nomment le délivre, parce que quand il est dehors, la femme est entièrement délivrée. On l’appelle aussi secondine, parce qu’il ne sort qu’en second lieu, c’est-à-dire, après l’enfant. Quelques uns l’appellent placenta ; mais ce sont seulement les accoucheurs, & les chirurgiens qui le nomment ainsi. L’arrière-faix est le nom qu’on lui donne ordinairement, parce qu’il est considéré comme un second faix dont lafemme se décharge. L’arrière-faix est une masse ronde, plate & spongieuse, pour recevoir & purifier le sang de la mère, destiné à la nourriture de l’enfant. Il ne faut pas que l’arrière-faix demeure dans la matrice ; c’est un corps étranger qui feroit mourir la mère : il seroit même dangereux qu’il en restât quelque chose. L’arrière-faix est commun à plusieurs enfans, & quand la mère seroit grosse de deux enfans, elle n’auroit qu’un arrière-faix. Mauriceau.

ARRIÈRE-FEMME. s. f. Concubine. Sébastien Castalion, dans sa traduction de la bible, appelle arrière-femme, comme on dit arrière-boutique, celle que le mari entretient avec sa femme, que les Latins ont appelée Pellex… H. Étienne, Apolog. pour Hérodote, édit. de la Haye, 1735, to. i, ch. 14, p. 191, 192. Bayle prétend que Castalion ne s’est point servi de ce terme, ni de quelques autres qu’on lui impute. Voyez son Dictionnaire, art. de Castalion, à la fin de la rem. C.

ARRIÈRE-FERMIER. s. m. C’est un sous-fermier. Publicanus secundarius.

ARRIÈRE-FEUDAL. adj. On dit Seigneur arrière-feudal, à raison de l’arrière-fief.

ARRIÈRE-FIEF. s. m. C’est un fief servant, qui dépend d’un autre fief dominant, qu’on appelle, Plein fief. Prædium translatitium. Quand les Ducs & les Comtes eurent rendu leurs Gouvernemens héréditaires dans leurs familles, ces nouveaux Souverains en userent comme les Rois : afin d’intéresser des gens à les maintenir, ils donnèrent à leurs Officiers, pour eux & leurs descendans, une partie de biens royaux qui se trouvèrent dans les provinces dont ils venoient de se rendre maîtres, & permirent à ces Officiers de gratifier à même titre d’une portion de ces mêmes biens les soldats qui seroient sous eux. C’est là l’origine des arrières fiefs. Hugues Capet confirma ces aliénations. Le Gendre.

ARRIÈRE-FLEUR. s. f. Terme de Chamoiseur. Reste de fleur que l’on a omis d’ôter & d’enlever de dessus les peaux, en les effleurant.

☞ ARRIÈRE-GARANT. s. m. Garant qui certifie la solvabilité d’un premier garant. Garant du garant. Voy. Garant.

ARRIÈRE-GARDE. s. m. Terme de Guerre. C’est la partie de l’armée qui marche la dernière en bataillon. C’est l’oppose d’avant-garde. Postrema acies, novissimum agmen. Conduire l’arrière-garde. Commdander l’arrière-garde. Renforcer l’arrière-garde. Charger l’arrière-garde. Défaire l’arrière-garde. Tailler en pièces l’arrière-garde. Quand on fait la troisième signe d’une armée égale aux deux autres, on la nomme arrière-garde ; quand on la fait plus foible, elle s’appelle Corps de réserve. De la Fontaine.

Arrière-garde. Terme de Marine. C’est la division qui fait la queue de l’armée.

Arrière-garde. Terme de Coutume. Dans les Coutumes où la garde-noble a lieu au profit des seigneurs, ou du Roi, si celui qui tient un fief relevant du mineur, lequel est en la garde de son Seigneur, tombe aussi en garde, alors la garde de ce fief appartient aussi au Seigneur qui a la garde-noble du mineur ; & cela s’appelle arrière-garde ; parce que cette féconde garde-noble ne lui appartient qu’indirectement, & seulement à cause du mineur qui est déjà en sa garde. Clientela secundaria.

ARRIÈRE-LIGNE. s. f. Terme de Guerre. C’est la seconde ligne d’une armée campée. On dit seconde ligne, plutôt qu’arrière-ligne.

☞ ARRIÈRE-MAIN. s. m. Est un coup qu’on donne du revers de la main. Aversa manus, ou exterior. Impactus aversâ manu ictus. C’est particulièrement un terme de jeu de paume. Voilà un bel arrière-main. J’ai gagné la partie par un arrière-main.

☞ On dit au même jeu, mais au féminin, en parlant d’un homme qui joue bien du revers de la raquette ou du battoir, qu’il a l’arrière-main belle.

☞ Les Grands Vocabulistes veulent qu’on fasse aussi ce mot masculin, quand il est question de la manière de jouer, & qu’on dise, ce joueur a un bel arrière-main. N’en croyez rien.

Quelquefois il se dit d’un soufflet donné du revers de la main. Tout ce qu’ont pu faire vos amis, c’est de demeurer en doute, s’il a reçu le soufflet de l’avant ou de l’arrière-main.

Arrière-main. Terme de Manège. C’est tout le train de derrière du cheval.

ARRIÈRE-NEVEU. s. m. C’est le fils d’un neveu. Filii fratris sororisve filius, abnepes.

On dit dans le style foutenu, nos arrière-neveux ; pour dire, la postérité la plus reculée.

ARRIÈRE-PANAGE. s. m. Terme des Eaux & Forêts. C’est le temps qu’on laisse les bestiaux dans la forêt après le temps du panage expiré. Pastus secundariu, pascua secundaria. Voyez Panage.

ARRIÈRE-PETITE-FILLE. s. f. C’est la fille du petit-fils, ou de la petite-fille. Ex filio filiave neptis, abneptis.

ARRIÈRE-PETIT-FILS. s. m. C’est le fils du petit-fils, ou de la petite-fille, par rapport au bisaïeul, ou à la bisaïeule. Ex filio filiave nepos, abnepos.

☞ ARRIÈRE-PETIT-NEVEU. s. m. Fils de l’arrière-neveu.

☞ ARRIÉRER (s’), v.récip. Demeurer derrière. L’infanterie s’arriéra.

☞ Au figuré, en parlant du payement des redevances, on dit qu’un fermier s’arrière, qu’il s’est arriéré ; pour dire, qu’il laisse les arrérages s’accumuler.

☞ On fait quelquefois ce verbe actif dans la conversation. Ce procès m’a arriéré. Mauvaise façon de parler.

☞ ARRIÉRÉ, ÉE. part. On le dit dans le commerce d’un homme qui ne paye pas exactement ses billets, ses lettres de change, qui les laisse, pour ainsi dire, en arrière. On le dit de même d’un fermier qui paye mal ses redevances.

☞ ARRIÈRE-RANG. s. m. Terme de Guerre. Dernier rang d’un escadron ou d’un bataillon campé.

ARRIÈRE-POINT. s. m. Terme de Couturière en linge. C’est une ligne continue de points d’aiguille, qui se forme, quand après avoir fait un point par-dessous, on fiche l’aiguille en arrière pour en faire un autre point par-dessus, qui rende les points continus : ce qui ne se fait que sur le poignet & sur le cou des chemises, pour leur servir d’ornement. Repetitus trahente acu fili ductus.

ARRIÈRE-POINTEUSE. s. f. Mot que le petit peuple de Paris emploie, pour signifier, la Couturière qui fait les arrière-points. Il faut dire, une ouvrière en linge.

ARRIÈRE-SAISON. s. f. Est une saison éloignée d’une autre. Sera tempestas. Ce vin sera bon sur l’arrière-saison, c’est-à-dire, au mois d’Août, en la saison la plus éloignée de la dernière vendange, & qui précède la vendange suivante. Le blé se vend mieux sur l’arrière-saison, c’est-à-dire, au mois de Juin le plus éloigné de la dernière moisson.

On appelle ainsi l’autonne, & plus ordinairement la fin de l’automne. Les fruits de l’arrière-saison, c’est-à-dire, qui ne font bons que quand il n’y a plus d’autres fruits.

On dit aussi d’un homme, qu’il est sur l’arrière-saison, quand il est vieux, & au temps le plus éloigné de sa jeunesse. Ultimum tempus.

ARRIÈRE-VASSAL. s. m. Qui est vassal d’un autre vassal, ou celui qui tient un arrière-fief. Translatitius cliens. On dit aussi un arrière-censif, une rente arrière-foncière, &c.

ARRIÈRE-VOUSSURE. s. f. Terme d’Architecture. C’est une sorte de petite voûte, dont le nom exprime la position, parce qu’elle ne se met que derrière l’ouverture d’une baie de porte ou de fenêtre, dans l’épaisseur du mur, au-dedans de la feuillure du tableau des pieds-droits. Sinus fornicis posticus. Son usage est de former une fermeture en plate-bande, ou en plein cintre, ou seulement bombée. Frezier.

Arrière-voussure de Saint Antoine. C’est une arrière-voussure en plate-bande, à feuillure du linteau & en demi-cercle par derrière. Id ☞ Elle est exécutée à la porte Saint Antoine à Paris.

Arrière-voussure DE Montpellier. C’est une arrière-vousure en plein cintre à la feuillure, & en plate-bande par derrière. Id.

Arrière-voussure réglée et bombée. C’est une arrière-voussure de la première espèce, mais dont l’arc intérieur est beaucoup moindre que le demi-cercle. Id. Dans le même cas, pour la seconde espèce, il n’y a pas de nom particulier, on peut l’appeler arrière-voussure bombée en avant, & réglée en arrière par l’inverse de la précédente. Id.

Arrière-voussure de Marseille. C’est une arrière-voussure en plein cintre sur le devant, & seulement bombée en arrière. Id.

ARRIMAGE, ou ARRUMAGE. s. m. Terme de Marine. C’est la disposition, l’ordre ou l’arrangement de la cargaison du vaisseau. Oneris ordo, series, dispositio.

Arrimage, signifie en général, l’arrangement & la distribution des munitions de toute espèce, ou des marchandises qui se placent dans différentes parties de la capacité d’un vaisseau. On dit : telles ou telles choses sont d’un bon arrimage, pour exprimer qu’elles feront faciles à charger, & qu’elles contribueront à procurer de bonnes qualités au navire sous voile.

ARRIMER, ou ARRUMER. v. a. Voyez Arrumer.

☞ ARRIMEUR. Voyez Arrumeur.

ARRIPHÉ. s. f. Une des compagnes de Diane, Nymphe d’une grande beauté ; elle fut violée dans le temple de Diane, par Tmolus, Roi de Lydie.

ARRISER. v. a. Terme de Marine. C’est abaisser, amener les vergues pour les attacher sur les bords du navire. Velaria juga demittere.

☞ ARRISÉ, ÉE. part.

ARRIVAGE. s. m. Terme de Police. Abord des marchandises dans un port. Appulsus. L’ordonnance de la ville veut qu’il y ait un Échevin commis pour recevoir les déclarations des arrivages des marchandises sur les ports.

ARRIVE. s. f. Terme de Marine de Levant. C’est le côté du vaisseau qui regarde la rive ou la terre. Latus ad ripam appositus.

Arrive. Seconde pers. de l’impérat. du v. arriver. C’est le terme de commandement qu’un Officier de vaisseau prononce, pour obliger le Timonier à pousser la barre sous le vent, comme s’il vouloir faire vent arrière.

☞ C’est aussi le commandement fait à un petit bâtiment, sur lequel on a assez d’autorité pour l’obliger à passer sous le vent.

ARRIVÉE. s f. Le temps où une personne arrive. Adventus, accessus. Il a été régalé à son arrivée par ses amis. On l’est allé attendre à l’arrivée, à la descente du coche. On date à Rome les provisions du jour de l’arrivée du courier qui retient la date.

Arrivée, signifie aussi le temps où les marchandises sont apportées en quelque endroit. Les marchandises paient des douannes, tant à leur sortie, qu’à leur arrivée dans le royaume.

On dit proverbialement, il n’est chère que d’arrivée ; pour dire, qu’on fait bien de l’accueil aux nouveaux venus, ou à ceux qu’il y avoit longtemps qu’on n’avoit Vus, mais que cela ne durera pas longtemps.

Arrivée. Terme de Marine. Mouvement du vaisseau qui obéit au vent pour un instant. On dit : il fait, ou il a fait une arrivée. Le Manœuvrier.

d’Arrivée. Sorte d’adverbe, qui signifie, d’abord, en arrivant, sitôt qu’on est arrivé. Primo aditu, statim. Il a vieilli. D’arrivée il le met en fuite. Mezer. Il vieillit.

☞ ARRIVER. v. n. Aborder, approcher de la rive. La tempête nous obligea de relâcher, & nous arrivâmes à une plage déserte. Arriver au port. Ad ripam appellere.

Arriver, signifie plus ordinairement, parvenir au lieu où on avoit dessein de se rendre. Advenire, devenire, pervenire. Vous voila heureusement arrivé de votre voyage. Le courier de Hollande arrive les lundis & vendredis. ☞ Nous arrivâmes pour dîner. On le dit aussi des marchandises qui sont voiturées par terre, ou qui abordent par eau. Il est arrivé tant de balles de café à l’Orient.

Arriver à bon port. Au propre, c’est parvenir heureusement au lieu où l’on vouloit aller. Au figuré, c’est réussir dans ce qu’on s’étoit proposé.

Arriver, synonyme de survenir. A l’heure même du dîner, il arriva des gens sur lesquels nous ne comptions pas.

Ce mot vient de adripare, comme qui diroit, ad ripam appellere. Menag.

Arriver, se dit aussi figurément pour parvenir. Il est difficile d’arriver à la perfection. Peu d’Orateurs sont arrivés au sublime. Boil. Cet homme est arrivé à un haut point de fortune. Assequi, consequi, adipisci.

Arriver, se dit aussi en parlant ☞ des accidens, des événemens, & généralement de tout ce qui se fait dans le monde, soit par hasard, soit par le cours ordinaire de la nature. Contigere, accidere, evenire. Un bon Astronome prédit toutes les éclipses qui arriveront dans cent ans. Un habile homme doit prévoir tous les inconvéniens qui peuvent arriver dans l’affaire qu’il entreprend. La prudence pense à ce qui s’est passé, pour prévoir ce qui arrivera. Le Ch. de M. ☞ Il vient d’arriver un grand malheur. On dit, une chose peut arriver à tout le monde ; pour dire, que tout le monde y est exposé. Et qu’une chose n’arrivera, jamais, pour dire, qu’elle ne fera jamais, qu’elle ne se fera pas.

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement.
Et les mots, pour le dire, arrivent aisément. Boil.

☞ C’est-à-dire se présentent sans peine comme d’eux-mêmes.

Arriver. Ce mot entre dans plusieurs façons de parler, par élégance seulement. S’il vous arrive jamais de tomber en cette faute, vous serez bien châtié. Il ne lui est jamais arrivé de dire un bon mot. Comme j’étois à la chasse, il lui arriva de faire une insolence. Vaug. Alors il est pris impersonnellement.

Arriver, se dit aussi pour être apporté. Afferri, deferri, supervenire. Il arriva mets sur mets. Ablanc. Pour dire, qu’on apporta plats sur plats.

Arriver, en termes de Marine, signifie ; pousser la barre du gouvernail sous le vent, & manœuvrer, ou pour obéir au vent, ou pour le prendre en poupe. Clavum agitare ad ventorum opportunitatem. Ce qui se fait, quand on veut venir à bord de quelqu’autre vaisseau, ou éviter quelque banc, ou quelque écueil.

Arriver sur un vaisseau, c’est aller à lui en obéissant au vent, ou en mettant vent en poupe. Laissez arriver. Avertissement qu’on donne à un vaisseau qui gêne le passage pour prendre poste, lorsqu’il n’est point au sien. Arriver par la contre-marche. Mouvement successif des vaisseaux d’une même ligne au même point, dans les eaux les uns des autres. Ce mouvement doit commencer par le vaisseau de la tête de la ligne. Arriver tout plat, se dit d’un vaisseau qui a vivement obéi au vent dans un cas pressé. Arriver beaucoup, c’est-à-dire, obéir beaucoup au vent, quand on est au plus près, sans cependant gouverner tour-à-fait vent arrière.

On dit proverbialement, qu’un malheur n’arrive guère sans l’autre ; qu’il arrive bien des choses entre le verre & la bouche.

ARRIVÉ, ÉE. part.

ARROBE. s. m. Terme de Marine, qui se dit du poids de trente-une, ou trente-deux livres. Ce mot est venu d’Arroba espagnol, qui signifie la même chose. L’arrobe de laine à Ségovie pese seulement vingt-cinq livres. L’arrobe est un poids portugais. Notre Gazette écrit arrouba, mais le P. Bulteau, dans son Dictionnaire portugais, écrit arroba, & dit que c’est le poids de 32 arratels ou arrateis, comme on parle en Portugais, c’est-à-dire, de 32 livres. Libræ duæ & trigenta. Un proverbe portugais dit que dans cette vie les plaisirs sont par onces, & les chagrins par arrobes. Nestra vida os prezares saon por onças, & os pesares por arrobas.

ARROCHE. s. f. Plante potagère, ainsi appelée, selon quelques-uns, parce qu’elle ne demeure que huit jours en terre. On l’appelle autrement Bonne-Dame. Atriplex. Sa racine est longue de trois à quatre pouces, droite, fibreuse & annuelle. Elle pousse des feuilles arrondies, chargées d’une poussière blanche, aussi-bien que ses jeunes tiges qui s’élèvent à la hauteur de cinq à six pieds, garnies de feuilles alternes, un peu charnues, anguleuses, ondées, & un peu frisées sur leurs bords, tantôt vertes, le plus souvent d’un vert pâle tirant sur le jaune, & quelquefois lavées de pourpre. Ses tiges & ses branches sont terminées par des épis de fleurs composées de plusieurs étamines jaunes ou verdâtres. A ces fleurs succèdent des fruits composés de deux feuilles, arrondis, de la figure d’une lentille, minces, membraneux, & qui renferment une seule petite semence. Les feuilles d’arroche sont rafraîchissantes, émollientes, & donnent au bouillon une belle couleur d’or : étant prises en plus grande quantité elles lâchent le ventre ; on les met, pour cette raison dans les décoctions pour les lavemens. Ses semences purgent par haut & par bas. L’arroche est ennemie de l’estomac. Sa graine est bonne contre l’épanchement de bile, l’opilation du foie : comme elle provoque à vomir, il ne faut la donner qu’aux gens robustes. L’herbe, autant cuite que crue, appliquée, guérit les furoncles & toutes les duretés, & fait tomber les ongles gâtés, &c.

L’arroche rouge est de la même grandeur & de la même figure que la précédente ; mais ses tiges, ses feuilles & ses fleurs sont d’un rouge brun.

ARRŒ ou ARREN. petite île de Dannemarck. Aroa, Aria. Elle est sur la côte méridionale de l’île de Fionie, dans la Mer Baltique. Elle est petite, mais fertile, surtout en anis, dont les habitans assaisonnent tout jusqu’à leur pain.

ARROGAMMENT. adv. Arroganter. Avec arrogance. Parler arrogamment.

☞ ARROGANCE. s. f. Présomption qui fait qu’on s’attribue une autorité, qu’on n’a pas. Elle s’annonce par les airs de hauteur. Arrogantia. Souvent l’arrogance a tenu lieu de grandeur, & l’inhumanité de fermeté. La Bruy.

☞ L’orgueil fait que nous nous estimons. La vanité fait que nous voulons être estimés. La fierté fondée sur l’estime qu’on a de soi-même, nous empêche de nous familiariser avec ceux que nous croyons au-dessous de nous. La présomption fait que nous nous flattons d’un vain pouvoir. L’arrogance ajoute à cela le ton insolent.

ARROGANT, ANTE. adj. Insolent dans les airs, dans ses manières. Arrogans. Il l’a reçu avec une mine arrogante. Il lui a répondu en termes arrogans. Le Sage dit qu’il n’y a rien de plus insupportable qu’un gueux arrogant.

Pour éblouir les yeux, la fortune arrogante
Affecta d’étaler une pompe insolente.

Arrogant, ante, sont aussi quelquefois substantifs. Ce n’est qu’un arrogant ; qu’une arrogante.

ARROGER. v. recip. Qui ne se dit jamais sans le pronom personnel. Vindicare, arrogare sibi aliquid. S’arroger un droit, une autorité ; pour dire, s’attribuer une chose qui n’est pas dûe. Ils sont assez insolens pour s’arroger les premiers honneurs. Ablanc. Henri VIII s’étoit arrogé la qualité de Souverain Chef de l’Eglise anglicane. Maucroix.

☞ ARROGÉ, EE. part.

ARROI. s. m. Vieux mot qui signifioit, train, équipage. Apparatus, pompa. Ce Seigneur vient à la cour en magnifique arroi. Il est peu en usage. On appelle aussi arroi, l’équipage d’un Fauconnier, comme gans, longes, &c. Aucupis supellex.

Du Cange dit que le mot d’arroi vient des mots arredare, arraïatus, & arraïamentum, qui ont été dits dans la basse latinité, pour signifier, orner, équiper, équipage.

Qui fut jadis si prudent & loyal,
Qu’après sa mort son vrai Seigneur & Roi
Lui a donné ce beau funèbre arroi. Marot.

ARROIS. Bourg. Arroium. C’est le lieu principal de l’ile de Mol, l’une des Westernes, qui sont des îles situées au couchant de l’Ecosse.

☞ ARRON, ou ARON. Petite rivière de France, dans le Nivernois. Elle a sa source dans le village de Pouilly, & se rend dans la Loire au nord-ouest de Decize.

ARRONDIR. v. a. Rendre rond, ou de figure circulaire, sphérique, cylindrique. Rotundare. Arrondir un bassin de fontaine avec un cordeau. Arrondir une jupe, un manteau. On dit figurément, qu’un Prince a arrondi sa Couronne, quand il s’est rendu maître de tous les petits états qui étoient enclavés dans ses limites. ☞ On dit de même, qu’un particulier s’est arrondi ; pour dire qu’il a augmenté sa terre par l’acquisition de quelques héritages qui étoient à sa bienséance.

Arrondir, se dit aussi figurément en Rhétorique des périodes qu’on rend nombreufes, & auxquelles on donne une cadence agréable à l’oreille. Tornare periodum.

Arrondir, en termes de Manège, signifie, dresser un cheval à manier en rond, soit au trot, ou au galop, soit dans un grand, soit dans un petit rond, sans qu’il se traverse & se jette de côté.

Arrondir une figure. En Peinture, c’est faire sentir la rondeur des objets, leurs saillies & leur tournans, par l’intelligence du clair obscur.

Arrondir, en Horlogerie, c’est en général mettre en rond les extrémités d’une roue ou d’un pignon : mais il signifie plus particulièrement leur donner la courbure qu’elles doivent avoir.

Arrondir, chez les Chapeliers, c’est couper avec des ciseaux l’arrête du bord d’un chapeau.

Arrondir, est aussi récip. & signifie, devenir rond. Rotundari. Les colonnes & les globes s’arrondissent sur le tour.

ARRONDI, IE. part. Rotundatus.

Arrondi. Terme de Botanique. On dit, une feuille arrondie, d’une feuille dont le contour approche du circulaire. Il se dit aussi d’un fruit qui n’est pas exactement sphérique.

Arrondi, en termes de Blason, se dit des pièces de l’Ecu qui étant rondes, ou naturellement, ou par artifice, ont certains traits qui font paroître cet arrondissement. On le dit aussi de ce qui paroît de relief par le moyen des ombres ; comme une boule arrondie. Un tronc d’arbre arrondi.

ARRONDISSEMENT. s. m. Action par laquelle on arrondit. Rotundatio. ☞ L’arrondissement de ce globe a coûté beaucoup de temps. Acad. Fr. Il est plus en usage au figuré. Pour l’arrondissement de votre Seigneurie, il faudroit acheter cet héritage qui y est enclavé.

Arrondissement, se dit aussi de l’état d’une chose arrondie. L’arrondissement de ces figures est parfait.

☞ Ce mot est encore fort usité au figuré en parlant d’une période nombreuse & harmonieuse. Apta periodi compositio. Sa plus forte application est pour l’arrondissement de ses périodes, afin qu’elles aient toute la justesse & toute l’harmonie possible.

ARRONDISSEUR. s. m. Celui qui arrondit. Mais ce mot ne peut palier que dans quelque ouvrage comique & burlesque.

Arrondisseur. Terme de Tablettier. C’est une espèce de couteau dont la lame se termine carrément, ayant un petit biseau au bout, & au tranchant qui est immédiatement au-dessous. Il sert à arrondir les dents. Encyc.

ARROSAGE. s. m. Terme d’Hydraulique. Irrigatio. c’est le nom qu’on donne aux canaux que l’on pratique pour tirer l’eau d’une rivière. & la conduire & répandre sur des terres trop sèches & trop arides. M. Gaultier, Architecte, Ingénieur & Inspecteur des grands chemins, ponts & chaussées du royaume, a fait une Dissertation sur les projets des canaux de navigation, sur ceux d’arrosage, & sur les conduits des eaux des fontaines. Je ne sais si ce mot se trouve ailleurs que dans cet ouvrage. Un Auteur puriste eût dit arrosement, & n’eût point fait un mot nouveau. Quand on détourna la rivière d’Aigues sur les terres incultes de Rochegade, cet arrosage, qui portoit avec soi une terre blanchâtre comme de la craie, se répandant sur les terrains qu’elle arrosoit, non-seulement rien ne croissoit où l’eau se répandoit ; mais même elle faisoit mourir les plantes qu’elle arrosoit. Gaultier. Canaux faits soit pour le commerce, soit pour les arrosages. Id.

Arrosage. Terme de fabrique de poudre à canon. On nomme ainsi dans les moulins à poudre à canon, l’eau que l’on met de temps en temps dans les mortiers pour y faire le liage du salpêtre, du soufre & du charbon qui entrent dans la composition de cette poudre, tandis que les pilons les broient & les mêlent.

ARROSEMENT. s. m. Action d’arroser. Rigatio, irrigatio. L’arrosement est nécessaire, lorsqu’on plante ou qu’on transplante quelque arbre, ou quelque fleur, &c. Le fumier des feuilles pourries est propre à répandre sur les semences nouvellement faites, pour empêcher que les pluies ou les arrosemens ne battent trop la superficie, ensorte que les graines auroient peine à lever. La Quint.

☞ Les arrosemens font nécessaires dans les grandes chaleurs de l’été, & dans les grands hâles du printemps. On les fait le matin & le soir ; jamais durant le jour. Les arrosemens servent à dissoudre les sels de la terre ; ils mêlent l’eau avec l’air, & procurent une nourriture convenable aux jeunes plantes.

Arrosement, se prend au figuré pour une grâce intérieure, qui pénétre jusqu’au fond de l’âme. Craignez Dieu, & retirez-vous du mal ; ainsi votre chair sera saine, & l’arrosement pénétrera. Port-R. Je ne sais si en ce sens ce mot se trouveroit ailleurs. Il est au moins peu usité.

ARROSER. v. a. ☞ Mouiller, humecter une chose en versant de l’eau dessus, ou une autre liqueur. Irrigare, aspergere, conspergere. On arrose les plantes, quand on les met en terre, ou quand la terre est trop séche. Les Sacrificateurs Païens arrosoient les victimes avec de l’huile, du vin, &c. Ils arrosoient le peuple avec des eaux lustrales ; les Chrétiens arrosent avec de l’eau bénite. Il a fait une bonne pluie qui a bien arrosé la terre. Les Cuisiniers arrosent les viandes qu’ils rôtissent, quand elles ne sont pas lardées, du suc que le feu en a fait sortir, de beurre, ou de lard fondu.

Nicod dérive ce mot de ros, ou rosée.

Arroser, se dit aussi des fleuves & des rivières qui passent à travers une Province, qui y entretiennent